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Déracinée – Je me dois d’aller au bout de mes rêves

Auteur:
A women in a life west pedals in kanoo across the lake

Par Aishah Khan

J’ai l’impression de souvent chercher à ressentir une appartenance à la communauté qui m’a vu grandir, perdue au milieu du fossé entre elle et moi. Je me sens profondément déconnectée de mes amis d’enfance et de mes pairs, de mes origines culturelles et de ma famille. Mon port d’attache.

Mes racines.

L’année dernière, j’avais un plan. J’allais retourner sur les bancs de l’école, trouver un travail et « me poser ». J’allais tout faire pour trouver ma place.

Il faut croire que la vie ne se plie pas à nos volontés soigneusement planifiées. Comme je n’ai pas réussi à me trouver du travail, j’ai décidé de me tourner vers la nature. J’ai retrouvé une partie de moi-même avec laquelle j’avais perdu le contact depuis fort longtemps.

Ma jeunesse a été une étape étrange de ma vie

Je ne me suis jamais sentie à l’aise en famille, surtout vis-à-vis ses règles intransigeantes en matière de travail et de moralité et face à la honte inhérente à la médiocrité. Mes parents ont souvent affirmé que je ne partageais pas leurs valeurs – et même si cela est vrai, le fait de l’entendre me faisait sentir comme une étrangère au sein de mon propre foyer. Mes parents ont travaillé plus dur que je n’ai jamais eu à le faire, cherchant la stabilité pour subvenir à leurs propres besoins, mais aussi à ceux de leurs parents, de leurs frères et sœurs et, finalement, de notre cellule familiale.

Je n’ai jamais eu à m’inquiéter de choses pécuniaires, car tout était fait pour moi, par dévouement de la part de parents qui ne me connaissaient pas encore. Alors, pourquoi suis-je si différente? Mes frères et sœurs nourrissent les mêmes ambitions que nos parents et l’ensemble de la communauté. Pourquoi suis-je ainsi malgré le fait que nous ayons le même ADN?

C’est que la génétique n’est pas la seule variable constitutive des liens qui unissent les gens. J’ai grandi dans le petit microcosme qu’est la communauté pakistanaise d’Ottawa, laquelle est emblématique des autres communautés pakistanaises à travers la diaspora. Nous aspirons à des professions dans des domaines stéréotypés comme les sciences et l’ingénierie. Même le droit était considéré comme à la limite de la facilité à cette époque (les années 70), si bien que ma mère a opté pour la médecine.

J’ai des réalisations scolaires dont je suis fière, mais ce n’est pas suffisant. Je suis allée à l’université, mais j’ai étudié les arts libéraux. Je blogue et je dessine comme activité secondaire. La photographie est mon gagne-pain.

Depuis toujours, il manque quelque chose en moi qui m’éloigne de ma communauté. Je n’ai aucune envie de « bûcher », de sacrifier mon temps et ma liberté pour une profession qui rapporte. Mes parents avaient eux aussi des aspirations personnelles, mais celles-ci ont été tuées dans l’œuf par leurs propres parents. Mon père a été envoyé au Canada à l’âge de 17 ans pour déserter l’armée de l’air pakistanaise, et ma mère est une écrivaine dans l’âme, mais ses rêves ont été relégués au second plan pendant des décennies, car elle a plutôt concrétisé les rêves de ses parents.

Pourquoi suis-je si égoïste?

Après avoir obtenu mon diplôme universitaire, j’ai décidé que j’en avais fini avec les études destinées à une quelconque carrière hypothétique. Très vite, la réalité de la vie s’est imposée à moi et je me suis mise à ressentir la pression. À un certain moment, je suis devenue obnubilée par l’idée de faire comme les gens de mon entourage, et je me sentais inadéquate parce que je n’avais pas aspiré à « plus ».

La lumière qui régnait autrefois sur ma vie est devenue blafarde, et rapidement, a été complètement éclipsée par le désir de devenir quelqu’un que je ne suis absolument pas. Je suis retournée aux études l’automne dernier avec l’objectif de trouver un travail qui me permettrait de faire ma place dans cette bulle où moi et mon monde étions enfermés.

En vérité, j’ai été élevée au milieu de personnes qui ne me ressemblaient pas, et j’ai toujours déployé des efforts pour me transformer en une version de moi-même qui leur correspondrait. En me forçant à vivre en harmonie à l’intérieur de cette bulle, j’ai réussi à enfouir ma honte et mon absence d’appartenance. Récemment, j’ai toutefois réalisé que ce comportement ne faisait que me piéger dans un cycle perpétuel de malheur et d’aliénation.

Des moments sacrés en nature

Alors, j’ai repris mes bonnes vieilles habitudes. Au chômage et désabusée, je suis partie à la découverte de l’Ontario au volant de ma voiture pendant quelques semaines. J’ai suivi la route du Groupe des sept de Toronto à Thunder Bay, retraçant les pas séculaires d’artistes canadiens légendaires qui ont parcouru ce chemin. Ils se sont intéressés aux ruisseaux, aux chutes d’eau et aux panoramas – lesquels ont inspiré les peintures qui tapissent les murs des galeries d’art canadiennes.

La nature a un effet puissant sur moi. Contempler les paysages qui m’entourent relève presque de la transcendance. Ces moments n’ont pourtant rien de sacré en soi, mais pour moi, ils constituent des pauses temporelles marquantes qui m’ancrent profondément dans ma réalité. Je suis captivée par l’eau tourbillonnant autour de mes pieds, lorsque je m’assois sur un rocher au milieu de la rivière. Je m’arrête brusquement lorsqu’une chouette passe en rase-mottes au-dessus de ma voiture, sur une route de campagne sinueuse, en plein jour. À mille kilomètres de chez moi, tandis que mon VUS chancelant gravit des collines aux confins de l’Ontario, je regarde fixement les tons de bleu qui s’entremêlent et se confondent entre le lac Supérieur et le ciel.

Mon regard s’éveille au fur et à mesure que je roule, le déploiement incessant des paysages comblant le vide qui s’était installé en moi depuis si longtemps que je n’avais même pas réalisé à quel point mon esprit étouffait. La clarté reprend ses droits.

Je sais bien qu’une grande partie de la honte que je ressens est auto-infligée. Se comparer aux autres est un comportement tout à fait humain, bien qu’insidieux. J’aimerais que mes proches pensent que je peux être comme eux, même si, en réalité, je n’en ai aucune envie. Or, renoncer au besoin de prouver quelque chose aux autres est plus difficile que je ne le pensais. Mais je refuse de continuer à me recroqueviller, accablée de honte et incapable d’échapper à la haine de soi. Je tiens à grandir et à devenir la personne que je suis censée être.

Maintenant, je sais que la seule personne à convaincre, c’est moi. Cela est difficile à réaliser dans la mesure où je reste attachée à un cadre qui ne me nourrit pas, et qui au contraire, me vide de ma substance lorsque je suis face à des manifestations de bonheur qui n’ont jamais trouvé d’écho en moi.

C’est donc cela que signifie l’expression « le bonheur, c’est un choix ». Déployez vos ailes. N’ayez pas peur du changement. Écoutez votre cœur. Tous ces clichés banals ne signifiaient pas grand-chose pour moi jusqu’à maintenant, alors que j’ai enfin assez de recul pour mieux les comprendre.

Peu importe les choix à faire, ils apporteront leur lot de difficultés et de joies – et en gardant cela en tête, je me dois d’aller au bout de mes rêves.

Aishah Khan

Aishah Khan est une nouvelle étudiante en rédaction et communications qui affirme de plus en plus son intérêt pour les domaines du féminisme, de la sensibilisation à la santé mentale et de la rédaction. Elle est une lectrice passionnée et une grande consommatrice de médias. L’un de ses livres préférés est A Tree Grows in Brooklyn. Aishah passe son temps libre à dessiner ou à peindre pendant l’hiver, et à faire du camping, du canoë et de la natation l’été.

Avertissement

Le contenu de nos blogues n’est pas destiné comme substitution à une opinion médicale, professionnelle, à un diagnostic ou à un traitement. Demandez toujours conseil à votre fournisseur de soins de santé si vous avez des questions concernant votre santé mentale. Si vous êtes en état de détresse, veuillez appeler ou texter le 988 n’importe quand. En cas d’urgence, appelez le 9-1-1 ou rendez-vous à votre service d’urgence local.

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