Le VecteurConversations sur la santé mentale
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L’incertitude de l’avenir financier pèse sur notre santé mentale. Dans cet article, nous nous pencherons sur le lien entre ces deux éléments qui marque le coup d’envoi d’une série portant sur le Mois de la littératie financière.
Nous avons tous un complexe lié à l’argent. Cet état d’esprit peut revêtir un caractère profondément imprévisible (en se manifestant soudainement pour éclipser tout le reste) ou un caractère délibéré qui instaure le calme comme s’il s’agissait d’un flux continu de points de données. Les psychologues d’aujourd’hui affirment que les croyances au sujet de l’argent apparaissent généralement à l’adolescence. Celles‑ci se forment en fonction des exemples donnés par les personnes qui nous ont élevés et ont une influence sur notre situation financière actuelle. En ces temps où le coût de la vie n’a jamais été aussi élevé, il convient de se poser la question suivante : votre conception de l’argent vous convient‑elle toujours?
Nombre d’entre nous ont une situation financière différente de celle de leur enfance, mais rien ne détermine nos rapports à l’argent comme la turbulence qu’apportent les nouvelles responsabilités et les changements imprévus. On ne peut évidemment pas se sortir de la crise de l’accessibilité financière dans un claquement de doigts. Le coût élevé de la vie vient ajouter un fardeau bien réel à nos dépenses en matière d’alimentation, de logement, de soins de santé et de santé mentale, surtout pour les communautés qui vivent des iniquités en santé et des inégalités sociales. Il s’agit notamment des communautés rurales et éloignées, les communautés de nouveaux arrivants, les communautés racisées, les communautés 2SLGBTQI+, les personnes aux prises avec une précarité d’emploi et de logement, les personnes en situation de handicap ou souffrant d’une maladie mentale grave, les chefs de familles monoparentales et les proches aidants non rémunérés. De surcroît, il existe un lien étroit entre l’insécurité financière et l’insécurité alimentaire, les logements inabordables ainsi que notre santé mentale et notre bien‑être.
Le lien
Lorsque le stress financier remplace la stabilité, il peut anéantir l’avenir que nous nous étions imaginé. Le sondage mené au cours de l’été par Recherche en santé mentale Canada (RSMC) révèle que les facteurs de stress financier ont des répercussions importantes sur la santé mentale et le bien‑être des Canadiens. Dans cette étude menée en ligne auprès de 3 819 adultes, 39 % des personnes ont déclaré que les problèmes économiques portent un dur coup à leur santé mentale et 41 % des répondants qui connaissent des difficultés financières déclarent avoir eu des pensées suicidaires.
Le nombre de répondants qui ont dû payer de leur poche des services de santé mentale en raison d’un régime d’avantages sociaux insuffisant est également passé de 23 % en mai à 30 % en août. De plus, 29 % des répondants ont mentionné que leur incapacité à payer était la raison pour laquelle ils n’ont pas accédé à des soins de santé mentale alors qu’ils en avaient besoin, ce qui représente une hausse de 11 % par rapport aux sondages précédents de RSMC.
Un enjeu électoral
Compte tenu de ces résultats, il n’est guère surprenant que l’accessibilité financière devienne un enjeu électoral majeur au Canada. Après tout, peu importe votre situation, elle aura sans doute une incidence sur votre vie. Afin d’en savoir plus sur ses répercussions sur la santé mentale, nous avons discuté avec Natasha Knox, conseillère financière à Alaphia Financial Wellness à Vancouver. Cette organisation fait partie de la Financial Therapy Association, qui regroupe des professionnels qui intègrent à leur pratique les dimensions cognitive, comportementale, relationnelle et financière du bien‑être.
Mme Knox utilise diverses stratégies pour aider ses clients à découvrir leur propre discours interne et les besoins qu’ils tentent de satisfaire. L’une des questions les plus efficaces est la suivante : « Si vous pouviez expliquer votre situation actuelle à une version plus jeune de vous‑même, comment lui décririez‑vous votre parcours pour arriver ici? »
Les réponses de ses clients font ressortir, de différentes manières, leurs rapports à l’argent. Les plus courants sont le statut socioéconomique (faire équivaloir la valeur personnelle à sa valeur nette), le culte de l’argent (considérer l’argent comme la véritable clé du bonheur par rapport à d’autres aspects de la vie), la vigilance face à l’argent (planifier en permanence pouvant entraîner de la sécurité ou de l’anxiété) et l’évitement de l’argent (croire que l’argent est une mauvaise chose et parfois confirmer cette idée par le sabotage de son avenir financier).
Que vous vous reconnaissiez dans l’un de ces rapports à l’argent ou dans plusieurs d’entre eux, ou que vous y reconnaissiez d’autres personnes, chacun de nous est touché par l’influence de l’argent et de la vie économique, et ce, peu importe la façon dont nous réagissons.
Margaret Landry s’en rend maintenant compte par elle‑même. Diplômée du programme d’études cinématographiques de l’Université Dalhousie, elle a connu des débuts prometteurs dans l’industrie cinématographique en plein essor de la côte est. Or, lorsque la grève des scénaristes de la télévision et du cinéma a poussé de nombreuses productions à se retirer de la province, elle s’est retrouvée avec peu de travail. C’est à la suite de changement qu’elle a commencé à réexaminer son enfance et ses expériences récentes. Elle a commencé à ressentir un manque et à éviter les questions d’argent.
« Je ne voulais pas regarder les chiffres. J’étais économe, mais je n’établissais pas de budget. Je ne voulais pas penser au coût de la vie. Toutefois, en tentant de la réprimer, j’ai constaté que l’anxiété s’infiltrer dans tout ce que je faisais ». Tout en faisant face à ces pensées, Mme Landry s’efforce d’adapter sa carrière à l’évolution des conditions de travail.
Les articles sur les finances personnelles portent souvent sur les petits sacrifices financiers que peuvent faire les gens. Il suffit de penser à tous les conseils reçus, comme se passer de lattés et de tartines d’avocat. Cependant, comme de nombreuses personnes le soulignent, cette vision aussi étroite passe sous silence les différents problèmes systémiques qui peuvent nuire aux finances des gens.
Pour ce qui est du suivi des dépenses et des stratégies budgétaires, que l’on peut trouver sur Internet et dans des applications, Mme Knox s’efforce de ne pas se montrer trop rigide puisque les choix des clients, quels qu’ils soient, doivent d’abord et avant tout être adaptés à leur situation. « On peut budgéter au sou près ou créer des catégories dont on fait le suivi chaque mois, dit‑elle. On doit essayer des choses pour voir ce que l’on peut maintenir puisque différentes choses fonctionnent pour différentes personnes ». Son conseil préféré est de dire aux clients de s’en tenir à leurs décisions : « Engagez‑vous à les respecter pendant un mois. Si ces choix ne vous plaisent pas, cela ne veut pas dire que vous êtes incapable de préparer un budget, mais plutôt que vous n’avez pas encore trouvé la méthode qui fonctionne pour vous. » Mme Knox mentionne que les bases de la littératie financière sont très variées, mais elle indique que le site Web GérezMieuxVotreArgent.ca et le cours de finances personnelles de l’Université McGill sont des ressources utiles et accessibles qui permettent d’accroître les connaissances pendant le Mois de la littératie financière ou à tout autre moment de l’année.
Apprendre et se tourner vers l’avenir
À la suite de la période d’urgence sanitaire de la pandémie, les Canadiens font face à des difficultés économiques sans précédent qui ont un effet négatif sur leur santé mentale. Actuellement, le coût élevé de la vie au pays a accentué l’insécurité financière, la pression sur l’accessibilité aux aliments et aux logements ainsi que l’inégalité des revenus. L’inflation et l’augmentation e coût des emprunts s’ajoutent également à la liste. En 2022, la dette non hypothécaire moyenne au Canada dépassait 21 000 $.
La sécurité financière et la santé mentale ont toujours été interreliées : non seulement les effets négatifs sur la santé mentale sont plus fréquents lorsque les revenus sont faibles, mais les problèmes de santé mentale et les maladies mentales peuvent entraîner de l’insécurité financière. Dans ce contexte, même si vous trouvez une méthode de budgétisation et de suivi des dépenses qui vous convient, vous pourriez tout de même vous sentir complètement dépassé et ressentir le besoin d’aller chercher de l’aide auprès d’un conseiller en crédit.
Notre série intitulée « L’argent et la santé mentale » aborde des thèmes liés au logement, au coût de l’accès à des prestations de santé mentale et à l’autonomisation financière, à raison d’un article par semaine en novembre. Vous pouvez consulter ces articles sur la page Web Le Vecteur : conversations sur la santé mentale, où vous pourrez également vous abonner à notre infolettre.
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