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Le VecteurConversations sur la santé mentale

Si le courant ne passe pas, ne disparaissez pas subitement. Exprimez-vous.

Dans un célèbre épisode de la série télévisée Curb Your Enthusiasm (Cache ta joie), Larry David, le personnage principal bourru (qui serait une version caricaturale de David lui-même), décide de mettre fin à sa thérapie après avoir vu son psychiatre d’âge mûr à la plage, en string. Lorsqu’il annonce son intention de partir, le psychiatre semble surpris et insiste auprès de Larry pour qu’il lui dise pourquoi c’est terminé. Larry esquive les questions, puis s’en va sans explications.

En fait, les raisons pour mettre fin à une thérapie et la façon de « quitter » son thérapeute sont, pour la plupart des gens, plus compliquées que ce scénario ne le suggère. Dans l’idéal, la décision de passer à autre chose est mutuelle, anticipée et planifiée. Si votre thérapeute vous convient et que vous avez établi une relation de confiance, vous saurez probablement tous les deux quand il sera judicieux vous séparer. Il est également probable que vous puissiez en discuter ouvertement. Vous vous sentez mieux, vous avez travaillé ensemble pour mieux comprendre les difficultés qui vous ont amené à suivre une thérapie, vous avez fait un deuil, travaillé à améliorer ou à abandonner des relations toxiques, commencé à guérir d’un traumatisme, etc. Aujourd’hui, vous sentez tous deux que vous avez les outils et la compréhension nécessaires pour faire face aux situations qui déclenchent de l’anxiété ou d’autres problèmes. Vous avez grandi, votre thérapeute vous a vraiment aidé et, dans le respect et la bonne volonté des deux parties, le moment est venu de vous séparer.

Mais que se passe-t-il si votre thérapeute et vous ne faites pas bon ménage? Il ne semble tout simplement pas vous « comprendre » et il est peu probable que vous vous sentiez mieux de sitôt. Bien que le conseil le plus fréquent soit de « magasiner un thérapeute », en pratique, il peut être difficile de raconter son histoire, avec tous ses détails intimes et douloureux, plusieurs fois à différents inconnus. Ce genre de réticence peut vous inciter à rester fidèle au thérapeute qui vous accompagne, malgré vos réserves.

À ce stade, il est bien trop facile de justifier le fait de rester en terrain connu. Il est possible que vous utilisiez des ressources communautaires ou en milieu de travail, où les services sont plus abordables. Ou peut-être avez-vous du mal à vous affirmer. Peut-être ne voulez-vous pas dire quelque chose qui pourrait blesser votre thérapeute ou l’amener à vous juger. Bien que chacune de ces raisons puisse être valable, si vous continuez malgré tout sans être pleinement investi dans la thérapie, vous perdrez tous les deux un temps précieux.

Prenons l’exemple de « Jeanne », une femme d’une soixantaine d’années qui a consulté un thérapeute parce qu’elle ne parvenait pas à se remettre de la mort d’un animal domestique. Son thérapeute en ligne, une femme d’une trentaine d’années, traite Jeanne comme si elle était une mère qui souffre du syndrome du nid vide et qui devrait sortir davantage. « Pourtant, je ne me sens pas seule, affirme Jeanne, un esprit créatif, qui est heureuse en ménage, qui voit souvent ses enfants adultes et jouit d’un large cercle d’amis. Elle était très gentille, mais elle n’a pas du tout saisi qui j’étais. » Jeanne a eu l’impression d’être cantonnée dans un stéréotype, mais comme elle fuit les conflits, elle n’a pas su comment l’exprimer. Elle a fini par quitter sa thérapeute après plusieurs séances et n’en a pas cherché une autre. Finalement, elle a surmonté son chagrin toute seule, sans l’aide et la compréhension qu’elle espérait. Jeanne se demande encore si, avec le bon thérapeute, le processus aurait pu être plus court et moins douloureux.

Ainsi, même si ce n’est pas facile, si vous n’êtes pas satisfait pour quelque raison que ce soit, vous vous devez, à vous-même et à votre thérapeute, de communiquer vos sentiments et de mettre fin à la relation thérapeutique.

Bien commencer
Bien entendu, l’idéal est de trouver le bon thérapeute dès le départ. De nombreux thérapeutes énumèrent leurs spécialités et décrivent leur formation dans leur biographie en ligne, ce qui permet de réduire le champ de recherche et de choisir quelqu’un qui possède une expertise qui vous semble pertinente – quelqu’un qui a les atouts pour comprendre qui vous êtes et ce dont vous avez besoin.

Selon Lindsey Thomson, psychothérapeute à Kanata, en Ontario, et directrice des affaires publiques de l’Association canadienne de counseling et de psychothérapie, qui compte 13 000 membres dans tout le pays, il est important, au moment de choisir, « d’être très sincère quant à vos préférences. Disons que vous êtes une femme qui souhaite travailler sur un traumatisme passé, mais que vous êtes mal à l’aise d’en parler à un homme. Ou si vous faites partie d’une communauté marginalisée, vous pourriez vous sentir plus à l’aise avec quelqu’un qui a les mêmes origines culturelles que vous. Si vous avez de telles préférences, vous devez trouver quelqu’un qui y réponde », explique-t-elle. De nombreux thérapeutes, dont Mme Thomson, proposent une séance gratuite de 30 minutes pour aider les clients potentiels à tâter le terrain et à voir si la situation convient de part et d’autre.

En outre, il est essentiel de comprendre le type de thérapie proposé par le thérapeute et sa philosophie générale. Comme le souligne Mme Thomson, des études suggèrent que ce qui compte le plus est la dynamique entre le client et le thérapeute. « Il s’agit d’une relation de travail, souligne-t-elle, d’humain à humain. Si vous n’êtes pas d’accord avec quelque chose, ou si vous n’aimez pas la façon dont le thérapeute a formulé une question – ou si vous êtes acculé au mur et que vous n’étiez pas prêt pour cela – parlez-en. C’est très important. Oui, cela peut être inconfortable. Mais sachez que tous les thérapeutes veulent savoir ce que vous ressentez pendant ce processus. »

Il ne faut surtout pas disparaître subitement!
Comme l’explique Mme Thomson, bien que les situations thérapeutiques diffèrent, il faut compter environ 12 à 20 séances par client, en particulier lorsque l’approche est orientée vers un objectif, comme c’est le cas avec la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) .

« Disons que je vais consulter un psychologue parce que je souffre d’anxiété généralisée et que j’ai déjà suivi 10 séances. J’ai remarqué que je suis moins anxieuse, car j’ai réussi à modifier certains comportements. À ce stade, le thérapeute peut vérifier les progrès accomplis par rapport à mes objectifs de départ et voir comment j’ai réussi à mettre en pratique ces compétences – qu’il s’agisse de changements de comportement, de régulation des émotions ou de remise en question d’une pensée négative automatique afin de la laisser partir et de passer à autre chose. Je dois me demander si je suis certaine de pouvoir continuer à me débrouiller sans l’aide du thérapeute. » Du point de vue de Mme Thomson, au lieu de mettre fin à la thérapie, le thérapeute va proposer de modifier la fréquence des séances. « En général, je vois mes clients toutes les deux semaines. Pourquoi ne pas essayer de se voir une fois par mois pour ce que nous appelons une « thérapie d’entretien »? Si les compétences ne sont pas tout à fait bien intégrées, nous pourrons reprendre là où nous avions laissé.

À chaque étape du processus, la clé du succès est d’être à l’aise pour communiquer ses sentiments. Vous êtes là pour comprendre et acquérir les compétences qui vous permettront de grandir, de guérir et de faire face à la situation. Votre thérapeute doit être à vos côtés tout au long du processus.

S’il fait ou dit quelque chose de peu professionnel et que l’organisme auprès duquel il est inscrit est doté d’un code de déontologie et de mesures disciplinaires, vous pouvez  déposer une plainte. Consultez les lois et règlements de votre province ou territoire pour connaître la procédure à suivre dans ce genre de situation.

Ressource : Fiche d’information :Idées reçues et mythes courants sur la santé mentale.

Autres lectures : Tisser des liens malgré les difficultés :L’ABC des soins de santé mentale pour les personnes ACN

Auteure : est l’autrice de After Daniel: A Suicide Survivor’s Tale. Elle enseigne le journalisme au Collège Algonquin à Ottawa.
Les points de vue et les opinions exprimés dans cet article appartiennent uniquement à l’auteur(e) et ne représentent pas nécessairement les politiques officielles de la Commission de la santé mentale du Canada.

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