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Le VecteurConversations sur la santé mentale

La CSMC lance un cours virtuel — pour les premiers répondants, par des premiers répondants 

Pauline Meunier

Pauline Meunier

Pauline Meunier, ambulancière depuis 26 ans, a dû consulter un allergologue pour mettre un nom sur son anxiété.

« Ce que je croyais être des réactions allergiques était en fait des crises de panique », dit-elle. « Avant que l’on me parle d’anxiété, il ne m’était jamais venu à l’esprit que le problème venait de ma santé mentale. »

Cette difficulté que nous avons à reconnaître nos propres blessures psychologiques ou maladies mentales est répandue chez les premiers répondants, explique-t-elle, tout comme la crainte de la stigmatisation ou l’autostigmatisation, qui peuvent empêcher certaines personnes de demander l’aide dont elles ont besoin.

Aujourd’hui, à titre de spécialiste de la formation et de la prestation auprès de l’équipe L’esprit au travail de la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC) et d’animatrice de la toute nouvelle formation L’esprit au travail premiers intervenants (EATPI) virtuelle, Mme Meunier aide à briser ce cycle.

« Les premiers intervenants savent que prendre soin de leur santé physique est essentiel pour être à leur meilleure forme », dit-elle. « Par le biais de cette formation, nous voulons leur faire comprendre qu’il est tout aussi important de prendre soin de leur santé mentale. »

Cette formation fraîchement repensée est actuellement offerte en format virtuel (jusqu’à ce qu’il soit de nouveau sécuritaire de la dispenser en personne). Mettant à profit une approche fondée sur des données probantes, elle permet aux premiers répondants d’acquérir les connaissances nécessaires pour s’autoévaluer ainsi que pour parler de santé mentale, notamment en leur fournissant des stratégies pour les aider à faire face aux défis qu’ils rencontrent et des ressources vers lesquelles se tourner lorsqu’ils ont besoin de soutien. Afin d’optimiser la résonance du matériel de formation, les mises en situation et la terminologie utilisées sont spécifiquement conçues en fonction de chaque groupe pertinent (p. ex. ambulanciers, pompiers, policiers), et les animateurs de ces formations ont tous été premiers répondants eux-mêmes.

Prendre le pouls de la santé mentale
Pour ceux qui exercent une profession d’aide, et plus particulièrement dans les situations extrêmes vécues par les premiers répondants, il peut être plus facile de reconnaître la détresse des autres que de reconnaître la leur. Toutefois, le modèle de continuum de la santé mentale sur lequel la formation s’appuie est conçu pour les aider à le faire. Ce modèle leur permet d’associer une gamme de pensées, d’attitudes et de comportements à une échelle de couleurs : vert (en bonne santé), jaune (en état de réaction), orange (blessé), et rouge (malade).

Ce continuum — sous la forme d’une carte de format portefeuille — a été à l’origine du déblocage personnel de Mme Meunier.

« Pendant une présentation, je regardais le continuum de la santé mentale posé devant moi sur la table et cela m’a soudain frappée : j’étais littéralement dans l’orange et j’avais besoin d’aide », raconte-t-elle. « En tant qu’ambulanciers, nous avons de la difficulté à penser à nous en premier. Mais comme je l’ai moi-même découvert, le continuum peut être un outil efficace pour permettre aux premiers répondants de faire un bilan personnel et de reconnaître les moments où ils ont besoin davantage de soutien. »

Mettre le langage à profit
L’un des nouveaux éléments de la formation mise à jour est l’accent qui est mis sur le langage. En s’appuyant notamment sur le guide Le choix des mots est important de la CSMC, les participants apprennent qu’il est important de parler à la première personne (lorsque cela est approprié); il s’agit d’une excellente façon de réduire la stigmatisation qui entoure la maladie mentale et la consommation de substances.

Des recherches ayant montré que les étiquettes comme « fou » ou comme « accro » peuvent perpétuer la stigmatisation et empêcher les personnes de demander de l’aide, les participants sont encouragés à utiliser un langage qui illustre mieux la réalité en mettant la personne au premier plan et le problème en deuxième, comme dans la phrase : « Cette personne vit avec une maladie mentale ou une dépendance ».

« Dans notre domaine, nous utilisons souvent ce genre d’étiquettes comme raccourcis pour simplifier la communication », explique Mme Meunier. « Mais si nous faisons un effort pour utiliser un langage respectueux, nous pouvons aider à enrayer la stigmatisation plutôt que d’y contribuer ».

La voie à suivre
Bien que nous ayons encore beaucoup de pain sur la planche pour réduire la stigmatisation et établir la parité entre la santé mentale et la santé physique chez les premiers répondants, Mme Meunier a confiance en l’avenir.

« S’il y a un groupe qui a à cœur d’exceller au travail, c’est bien celui des premiers répondants », dit-elle, ajoutant que grâce aux formations comme l’EATPI virtuelle, l’idée selon laquelle le bien-être mental est un facteur de succès gagne du terrain.

« Ce que je trouve le plus gratifiant quand j’anime ces formations, c’est quand je reçois des messages de participants qui me disent des choses comme “Maintenant je comprends” ou “Ça explique tant de choses”. Ces moments de révélation peuvent changer notre vie. Ça a changé la mienne. »

Pour en apprendre davantage sur les avantages de l’EATPI virtuelle pour votre organisation, envoyez un courriel à l’adresse suivante : solutions@changerlesmentalites.org

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Les points de vue et les opinions exprimés dans cet article appartiennent uniquement à l’auteur(e) et ne représentent pas nécessairement les politiques officielles de la Commission de la santé mentale du Canada.

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