Si vous êtes en état de détresse, veuillez appeler ou texter le 988 n’importe quand. En cas d’urgence, appelez le 9-1-1 ou rendez-vous à votre service d’urgence local.

Le VecteurConversations sur la santé mentale

Il est minuit là où vous vous trouvez et vous avez besoin d’un soutien immédiat en santé mentale, mais aucun service n’est ouvert. Vous tombez sur une application qui propose des services adaptés sur le plan culturel et encadrés par des pairs formés en santé mentale, vous permettant ainsi d’obtenir le soutien dont vous avez besoin.

Vous êtes parent d’un jeune enfant, disposez de peu de temps et souhaitez obtenir des services psychologiques et du soutien en matière de santé mentale. Une fois votre enfant endormi, vous pouvez vous connecter à une séance de cybersanté mentale et bénéficier de l’aide nécessaire.

Vous venez d’arriver au Canada en provenance d’un pays où le soutien en matière de santé mentale est mal perçu, et la stigmatisation que vous ressentez vous empêche de faire appel à un soutien en personne. Vous constatez qu’il existe des services de cybersanté mentale qui vous permettent de préserver votre anonymat et d’obtenir le soutien qui vous est nécessaire.

Combler les lacunes

Maureen Abbott, à droite, en compagnie de sa collègue Sapna Wadhawan, gestionnaire de programme à la CSMC, lors d’une récente présentation du Cadre d’évaluation des applications de santé mentale de la CSMC.

Maureen Abbott, à droite, en compagnie de sa collègue Sapna Wadhawan, gestionnaire de programme à la CSMC, lors d’une récente présentation du Cadre d’évaluation des applications de santé mentale de la CSMC.

Ce ne sont là que quelques-uns des témoignages que j’entends en tant que responsable de la cybersanté mentale à la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC). Je dirige une équipe qui travaille en étroite collaboration avec des experts canadiens et internationaux, notamment des personnes ayant vécu ou vivant un problème de santé mentale. Ensemble, nous collaborons à l’élaboration de ressources, de cadres et de mécanismes de soutien fondés sur des pratiques exemplaires à l’intention des intervenants qui offrent des solutions de cybersanté mentale au Canada. Nous nous efforçons de démystifier la technologie et de mettre l’accent sur la façon dont des services de cybersanté mentale de qualité peuvent améliorer l’accès aux services de santé mentale pour l’ensemble de la population canadienne. L’amélioration de la qualité des services de cybersanté mentale peut également contribuer à accroître la confiance à leur égard. En d’autres termes, la population canadienne peut choisir des soins sûrs et efficaces au moment, à l’endroit et dans les conditions souhaitées.

Nous avons été témoins de nombreux cas où la technologie a permis de combler certaines des lacunes observées dans l’accès aux soins de santé.

Prenons l’exemple d’une personne qui cherche du soutien pour un trouble de l’alimentation, qui ne sait pas vers qui se tourner pour obtenir de l’aide, ou qui ne dispose peut-être pas de services en la matière dans sa région. Un service comme Anorexie et boulimie Québec (ANEB), une source en ligne gratuite destinée aux personnes cherchant de l’aide pour des troubles de l’alimentation, propose des ressources et du soutien.

Les robots débarquent

Les termes « intelligence artificielle » peuvent mettre certaines personnes mal à l’aise ou évoquer des images peu rassurantes de robots. L’hésitation et le scepticisme sont des positions valables. L’évolution rapide des technologies soulève d’importantes questions, mais entraîne aussi de grands changements susceptibles d’améliorer l’accès à des soins de qualité.

Nous utilisons l’intelligence artificielle de multiples façons pour bonifier les soins de santé mentale, notamment en améliorant l’expérience des utilisateurs qui consultent des services en ligne ou encore en faisant gagner du temps aux praticiens qui peuvent ainsi dégager des thèmes à partir de leurs notes et les relier à des dossiers de santé électroniques.

La CSMC a collaboré avec l’Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé en vue de produire des rapports sur les utilisations et les tendances en matière d’intelligence artificielle dans le domaine de la santé mentale. Dans le cadre du projet de loi C‑27 en instance, qui vise à renforcer la protection de la vie privée des consommateurs, à réglementer l’intelligence artificielle et à mettre à jour les lois sur la protection des données, toute personne qui s’intéresse à la sécurité de l’intelligence artificielle au regard de la santé mentale devrait tenir compte des préjugés potentiels dans les programmes. En ce sens, pensez au sous-diagnostic ou au surdiagnostic de certaines populations en fonction de la race ou du genre et à la façon dont le recours aux données existantes peut reproduire ces préjudices, ou encore à des outils inadaptés sur le plan culturel qui n’ont pas été élaborés de concert avec les utilisateurs finaux.

Il est essentiel d’inviter des cliniciens et des personnes ayant vécu ou vivant la maladie mentale à participer au processus de conception et d’essai, et d’adopter une approche centrée sur l’humain quant à la conception et aux essais par les utilisateurs, ce qui signifie qu’il faut veiller à ce que l’énoncé de confidentialité soit clair, informer l’utilisateur final qu’il interagit avec un robot plutôt qu’avec une personne réelle, préciser de quelle façon ses renseignements personnels sont utilisés et s’ils seront stockés et partagés, et, dans l’affirmative, lui fournir les modalités d’utilisation de ces données. La mise en œuvre de pratiques exemplaires en matière de données et de protection de la vie privée ainsi que leur promotion auprès du grand public contribueront à instaurer la confiance des utilisateurs et à susciter une adhésion accrue.

Ce souci de sécurité et les pratiques exemplaires encadrant l’utilisation de l’intelligence artificielle dans les soins de santé mentale figurent parmi les recommandations mises de l’avant dans la Stratégie sur la cybersanté mentale pour le Canada, laquelle sera lancée lors du Congrès international sur la cybersanté mentale du Collectif international eMHIC les 19 et 20 septembre 2024 à Ottawa. Élaborée en collaboration avec des personnes ayant vécu la maladie mentale, des décideurs politiques, des praticiens et des dirigeants du secteur de la santé, la stratégie mettra en relief 6 grandes priorités et 12 recommandations pour la cybersanté mentale au Canada.

L’importance des normes

Lorsqu’elle est intégrée judicieusement dans la prestation des soins de santé mentale, la cybersanté mentale est tout aussi efficace que les services en personne, et la technologie s’améliore de jour en jour. Cette approche permet non seulement à un plus grand nombre de personnes d’obtenir de l’aide dans de meilleurs délais, mais elle pourrait aussi permettre de réduire les coûts personnels inhérents à l’accès aux services tout comme les coûts que doivent assumer les organisations pour mettre en place ces services de santé mentale.

Certaines personnes se sentiront plus à l’aise de recevoir des services en personne, alors que d’autres opteront pour une application ou toute autre solution de cybersanté mentale (comme la thérapie en ligne) pour obtenir des services de santé mentale. L’important, c’est de donner à la population canadienne la liberté de choisir les types de services qui lui conviennent et de garantir que ces services de santé mentale sont de première qualité : sûrs, accessibles, efficaces et adaptés sur le plan culturel.

L’équipe responsable de la cybersanté mentale à la CSMC se consacre à la mise en place des pratiques exemplaires lors du déploiement des services de cybersanté mentale.

Comment? Le Cadre d’évaluation des applications de santé mentale de la CSMC en est un exemple. Ces normes nationales visent à améliorer la qualité des applications proposées à la population canadienne. Avant leur adoption, l’accès à des applications de santé mentale sûres, sécuritaires et efficaces n’était pas vraiment encadré au Canada. Le cadre a été élaboré en collaboration avec 200 parties prenantes au Canada et à l’étranger, notamment des personnes ayant vécu ou vivant la maladie mentale, des décideurs politiques, des responsables gouvernementaux, des concepteurs et des développeurs d’applications, des chercheurs universitaires et des fournisseurs de services de santé mentale.

La norme en matière de sécurité culturelle, de responsabilité sociale et d’équité figurant dans le cadre prévoit du contenu sur la confidentialité et la sécurité des données relatives aux autochtones, l’équité de genre et la représentation des communautés racialisées. À l’heure actuelle, ce cadre permet d’évaluer une série d’applications (nouvelles ou déjà répandues) de santé mentale dans différentes provinces canadiennes.

Al Raimundo, qui a fait partie de l’équipe principale d’élaboration du cadre, a vécu la maladie mentale et travaille à la conception d’applications. Al estime que le cadre fournit des pistes pour toute une gamme de produits, même ceux qui ne sont pas forcément attrayants d’emblée pour les cliniciens.

« Même si les professionnels n’aiment pas certaines fonctionnalités d’une application, si les gens l’aiment, nous devrions comprendre pourquoi, explique AI. Si plusieurs personnes l’utilisent, c’est qu’il y a quelque chose qui les attire. »

Pour mieux comprendre et étoffer les services de cybersanté mentale, la CSMC a élaboré les modules d’apprentissage pour la mise en œuvre de la cybersanté mentale en collaboration avec le Centre de toxicomanie et de santé mentale. Ces modules en ligne sont gratuits, autodirigés et conçus pour donner aux fournisseurs de soins de santé mentale, aux gestionnaires, aux dirigeants et aux étudiants les connaissances et les compétences dont ils ont besoin pour intégrer la cybersanté mentale à leur pratique quotidienne et favoriser une prestation de services de cybersanté mentale qui est efficace et centrée sur la personne.

Les options en matière de santé mentale se multiplient rapidement en ligne, parallèlement à l’élaboration de normes et de cadres pertinents conçus pour pallier les écarts entre la qualité, la demande et l’accès aux services.

L’évolution rapide des technologies de cybersanté mentale représente un formidable potentiel d’amélioration de l’accès aux soins. En priorisant la sécurité, la qualité et la sensibilité culturelle, nous serons en mesure de bâtir un système de soutien à la santé mentale à la fois fiable et rigoureux qui saura répondre aux besoins de la population canadienne.

Ressources : Découvrez toute une série de ressources en consultant la section sur la cybersanté mentale sur le site Web de la CSMC.

Guide : Un guide pour s’orienter dans les services publics et privés de santé mentale au Canada

Author:

Maureen Abbott, gestionnaire titulaire d’une maîtrise et cadre certifiée en santé (Collège canadien des leaders en santé), travaille au sein de l’équipe de l’innovation de la CSMC. Son travail porte sur la cybersanté mentale, notamment la normalisation des applications de cybersanté mentale au Canada, le déploiement de la cybersanté mentale, l’intelligence artificielle et la santé mentale, la stratégie de cybersanté mentale pour le Canada, les partenariats stratégiques et l’engagement des partenaires, ainsi que l’échange de connaissances. Maureen est présidente du collectif sur la cybersanté mentale de la CSMC et directrice générale à Digital Health Canada.

Les points de vue et les opinions exprimés dans cet article appartiennent uniquement à l’auteur(e) et ne représentent pas nécessairement les politiques officielles de la Commission de la santé mentale du Canada.

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