Tous les parents éprouvent du stress, de l’anxiété et se sentent parfois dépassés. Mais toutes ces difficultés sont pires quand on doit aussi composer avec une maladie mentale. J’ai reçu un diagnostic de trouble bipolaire avant la naissance de mes enfants. J’ai donc abordé la maternité en sachant que, pour moi, l’expérience serait un peu différente de celle de mes pairs.
Comprendre la maladie mentale et ses conséquences sur la parentalité
La maladie mentale peut avoir des répercussions sur tous les aspects de notre vie, y compris la parentalité. Des parents aux prises avec la dépression ou l’anxiété ont parfois de la difficulté à trouver l’énergie et la motivation d’interagir avec leurs enfants. L’anxiété sociale peut empêcher un parent d’assister à des activités scolaires ou à des excursions, ce qui aura un effet sur le développement social de l’enfant. Toutefois, on peut apprendre à composer avec la maladie mentale. Il est possible de faire un certain nombre de choses pour s’aider et réduire les conséquences de la maladie sur nos enfants.
La stigmatisation entourant la maladie mentale
Malheureusement, en raison de la stigmatisation qui entoure la maladie mentale, un parent peut se sentir honteux, embarrassé ou coupable de son état. Il peut se sentir isolé ou être réticent à demander une aide professionnelle.
Sachez que vous n’êtes pas le seul parent à souffrir d’une maladie mentale. Il est important d’en être conscient. Une personne sur cinq connaîtra un problème de santé mentale au cours de sa vie, et aucun parent n’est à l’abri. Il est avantageux de chercher un réseau de soutien composé d’autres parents ou de professionnels de la santé mentale qui peuvent vous écouter, vous comprendre et vous conseiller.
Stratégies d’adaptation pour les parents aux prises avec une maladie mentale
L’une des choses les plus salutaires qu’un parent puisse faire, c’est de trouver des stratégies d’adaptation qui lui conviennent. Il pourrait entreprendre une thérapie, pratiquer la pleine conscience ou trouver d’autres moyens sains de gérer le stress.
Il est également important qu’un parent s’avoue franchement quelles sont ses limites, et qu’il les communique à ses enfants et à son partenaire. Par exemple, en cas de sautes d’humeur intenses, un parent atteint de trouble bipolaire peut avoir besoin de prendre temporairement du recul par rapport à ses responsabilités parentales. Mon partenaire a souvent pris le relais pour que je puisse « décrocher » et prendre soin de moi.
Trouver un équilibre entre la nécessité de prendre soin de soi et les responsabilités parentales
Un parent peut facilement se négliger pour répondre aux besoins de ses enfants. La situation devient encore plus compliquée lorsque, en plus, vous devez gérer votre santé mentale. Mais rappelez-vous que pour être un bon parent, vous devez absolument prendre soin de vous-même.
Cela signifie, par exemple, de vous réserver du temps pour faire de l’exercice, de la méditation ou d’autres activités qui vous font du bien. Chaque personne a ses propres stratégies. Vous pouvez aussi demander à des amis, de la famille ou des aidants professionnels de vous donner un coup de main lorsque vous en avez besoin.
Parler de la maladie mentale aux enfants
En grandissant, les enfants peuvent s’intéresser à la santé mentale de leurs parents. Il est important que les parents aient des conversations ouvertes et honnêtes avec eux au sujet de la maladie mentale et qu’ils leur donnent des explications adaptées à leur âge. Mes propres enfants m’ont naturellement posé des questions sur les médicaments que je prenais tous les jours. Lorsqu’ils étaient plus jeunes, je leur expliquais que j’avais un « cerveau qui bourdonnait » et que j’avais besoin de médicaments. Plus ils avançaient en âge, et plus nos conversations sur mon trouble bipolaire et mon TDAH étaient approfondies.
Un enfant qui est sensibilisé à la santé mentale pourra éprouver de l’empathie pour les difficultés de ses parents et les comprendre. Il apprendra aussi à communiquer efficacement au sujet de sa propre santé mentale. Certaines maladies ont une composante génétique, il est donc utile d’aider vos enfants à reconnaître les symptômes qu’eux-mêmes pourraient un jour ressentir. Ainsi, ils pourront demander de l’aide, le cas échéant.
L’importance de trouver un soutien professionnel
Si vous vivez avec une maladie mentale, l’un des gestes les plus importants que vous pouvez poser est de trouver une aide professionnelle, que ce soit sous forme de thérapie, de médicaments ou de groupes de soutien pour parents aux prises avec une maladie mentale et leur partenaire.
Il est important de se rappeler que le fait de demander de l’aide est un signe de force, et non de faiblesse. Au début de ma maternité, j’étais mal à l’aise à l’idée de demander du soutien et des médicaments, mais mon partenaire m’a aidée à mettre les choses en perspective. Je n’hésiterais pas à prendre des médicaments si j’avais une maladie physique, n’est-ce pas? Alors, pourquoi ce raisonnement ne s’appliquerait-il pas à la maladie mentale? Si vous prenez soin de votre santé psychologique, vous donnez un exemple positif à vos enfants et vous contribuez à éliminer les préjugés qui entourent la maladie mentale.
Avancer la tête haute
Il peut être difficile d’être parent quand on vit avec un problème de santé mentale, mais c’est aussi une occasion de croissance et de résilience. Les parents qui ont une maladie mentale peuvent offrir un foyer aimant et stable à leurs enfants. Pour ce faire, il faut mettre au point des stratégies d’adaptation, rechercher du soutien et se donner la priorité à certains moments pour prendre soin de soi. Être parent et avoir une maladie mentale ne signifie pas forcément que nos enfants auront une vie familiale malheureuse ou instable.
N’oubliez pas que vous n’êtes pas seul dans cette situation. Des millions de personnes dans le monde sont dans le même bateau. Partagez votre expérience et cherchez de l’aide. Ainsi, vous pourrez surmonter les difficultés propres aux parents qui vivent avec un problème de santé mentale. Et vous profiterez pleinement des joies de la parentalité.
Samantha Bennett fait partie de l’équipe de marketing et de communication de la CSMC. Elle milite avec ferveur dans le domaine de la santé mentale et a vécu l’expérience de la maladie mentale.
En plus de ses activités d’artisanat et de couture, elle aime s’occuper de son chien et de ses chats et explorer Ottawa en compagnie de son conjoint et de ses deux enfants.