Composer avec l’anxiété politique
L’actualité internationale peut nous accabler. Pour atténuer le stress, concentrez-vous sur ce qui est en votre pouvoir.
Publié : Mai 2025
Principaux points à retenir
- L’anxiété politique – oui, ça existe.
- Informez-vous, mais avec modération.
- Concentrez-vous sur ce qui est en votre pouvoir.
- Posez des gestes constructifs au lieu de vous arrêter aux événements stressants.
- Prenez soin de votre santé mentale et physique.
Vous n’êtes pas seul : l’incertitude économique, l’instabilité professionnelle et les discours politiques polarisants pèsent sur le moral des gens. Selon la spécialiste en psychologie politique, Amanda Friesen, et la travailleuse sociale, Stefanie Peachey, de nombreux Canadiens ont de la difficulté à s’adapter aux bouleversements qui secouent la société et présentent des symptômes allant de l’insomnie à l’épuisement émotionnel. Il y a une frontière à ne pas franchir pour rester sain d’esprit tout en s’intéressant à l’actualité. Voici quelques outils pratiques pour gérer l’anxiété politique et reprendre le contrôle de ses émotions.
Voyez les choses telles qu’elles sont
Est-ce que les choses deviennent étranges? Oui, nous avons probablement tous connu une époque où les choses semblaient différentes, ou peut-être subit-on les effets cumulés d’un grand nombre de changements subits. Vous n’êtes pas seul. Dans la foulée des changements subits des derniers mois, un grand nombre d’experts en psychologie et de conseillers en santé mentale au Canada ont signalé que leurs patients sont plus nombreux à exprimer de l’anxiété devant les effets que les changements politiques et sociétaux auront sur leur vie.
« Il y a beaucoup de colère et d’incrédulité générales, explique Stefanie Peachey, travailleuse sociale autorisée, médiatrice familiale accréditée et fondatrice de Peachey Counselling and Family Support, à Burlington et Oakville, en Ontario.
Gérez la surcharge d’information
Beaucoup d’informations circulent, et certaines ont une incidence sur notre vie, elles sont donc importantes. Cependant, on a à peine le temps d’assimiler une mauvaise nouvelle qu’une autre la suit. Alors, que peut-on faire? Mme Friesen suggère de consommer l’actualité selon une « stratégie réfléchie et formalisée ».
Adoptez une stratégie de consommation des nouvelles
- Abonnez-vous à quelques sources d’information fiables et fixez-vous une limite de temps pour éviter de passer des heures à faire défiler les manchettes.
- Inscrivez-vous à des résumés quotidiens ou hebdomadaires au lieu de suivre les mises à jour en continu.
- Compartimentez votre consommation de nouvelles en fixant des moments précis pour les lire, plutôt que de les laisser dominer votre journée.
- Pour ne pas perturber votre sommeil, évitez de consommer des nouvelles avant de vous coucher.
Évitez le « défilement morbide »
- Résistez à l’envie de passer obsessionnellement d’un article à l’autre.
- Essayez de ne pas trop vous exposer aux discours haineux et aux discussions polarisantes en ligne.
- Minutez votre utilisation des réseaux sociaux afin d’éviter une exposition excessive aux informations politiques négatives.
- Remarquez votre tendance à vous laisser happer par les propos négatifs. Privilégiez un régime médiatique qui intègre des nouvelles positives ou constructives.
Canalisez vos inquiétudes
La perte d’emploi, tous les produits – des denrées alimentaires aux matériaux de construction – qui coûtent plus cher, et la pénurie de logements abordables sont des problèmes réels qui touchent l’ensemble de la société. L’inquiétude se comprend, mais si elle va jusqu’à provoquer de la colère et un sentiment d’impuissance qui perturbent notre vie, il faut trouver des moyens de composer avec la réalité, sans pour autant la nier.
On peut gérer l’incertitude en se préparant en amont à différents scénarios possibles. « Imaginons que vous travaillez dans un secteur qui va être touché par l’une des mesures tarifaires. Contactez votre organisation professionnelle ou votre entreprise et posez des questions, par exemple : « Quelle sera notre réponse à cette situation? Existe-t-il un moyen de s’y préparer, de lever une partie de l’incertitude? », conseille Mme Friesen.
Concentrez-vous sur ce qui est en votre pouvoir
- Au lieu de vous sentir dépassé par toutes les questions politiques, concentrez-vous sur choses sur lesquelles vous pouvez exercer une influence.
- Participez à des projets locaux ou communautaires, là où vos efforts peuvent réellement améliorer les choses.
Agissez en amont au lieu de vous inquiéter
- Si des changements politiques ou économiques peuvent avoir des répercussions sur votre emploi ou vos finances, demandez conseil à des organisations professionnelles ou à votre employeur.
- Pour atténuer l’incertitude et la peur, cherchez de l’information concrète sur les scénarios possibles.
N’ignorez pas complètement l’actualité
S’engager dans des activités communautaires ou défendre une cause qui vous tient à cœur peut vraiment contribuer à apaiser le sentiment d’impuissance. Selon Mme Friesen, il vaut mieux consacrer son temps et son énergie à faire avancer une cause plutôt que de se laisser paralyser par un sentiment de surcharge émotionnelle.
Engagement politique constructif
- Engagez-vous dans des initiatives communautaires ou la défense de causes qui vous tiennent à cœur.
- Participez à la gouvernance locale en faisant part de vos préoccupations aux élus municipaux.
- Soyez attentif aux décisions municipales et provinciales, car elles ont souvent des effets considérables sur la vie quotidienne.
- Soutenez les entreprises et les actions qui correspondent à vos valeurs (par exemple, en achetant des produits locaux).
- Choisissez vos enjeux : Au lieu d’essayer d’être au courant de tout, choisissez deux ou trois des sujets qui vous tiennent le plus à cœur et suivez-les.
Thérapie et soins
« Lorsque nous détournons consciemment notre attention des éléments qui échappent à notre contrôle pour nous concentrer sur des questions sur lesquelles nous pouvons exercer une réelle influence, nous économisons non seulement une énergie mentale précieuse, mais nous acquérons également un sentiment d’autonomie », explique Mme Peachey. Il est également important de trouver un équilibre. « Cela ne sert à rien de se préoccuper de politique à chaque instant de la journée. Vivez votre vie », conseille Mme Friesen. Si vous avez besoin d’aide, contactez un thérapeute qui pourra vous aider à mettre en perspective vos peurs et vos angoisses et à trouver des moyens constructifs d’y faire face.
Mettez en perspective les pensées négatives
- Cernez les systèmes de soutien et les ressources qui pourront vous aider à remettre en question votre peur de ce qui pourrait se produire.
- Travaillez avec un thérapeute ou un conseiller pour transformer vos pensées anxieuses en actions constructives.
Prenez soin de vous et menez une vie équilibrée
- Donnez la priorité au sommeil, à l’exercice physique et à une alimentation saine.
- Pratiquez des activités qui vous procurent de la joie, que ce soit un passe-temps, des voyages ou passer du temps avec vos proches.
- Entourez-vous d’amis et de membres de la famille qui vous soutiennent et avec qui vous vous sentez bien.
Allez chercher un soutien professionnel en cas de besoin
- Si le stress politique affecte gravement votre bien-être, envisagez de consulter un thérapeute.
- Un thérapeute peut vous aider à mettre en perspective vos peurs et vous proposer des stratégies d’adaptation.

Experte ayant révisé cet article :
Amanda Friesen est professeure agrégée et titulaire d’une chaire de recherche du Canada en psychologie politique au département de sciences politiques de l’Université Western. Elle est directrice du Body Politics Lab.
Stefanie Peachey est travailleuse sociale autorisée et thérapeute familiale accréditée. Elle est fondatrice et directrice de Peachey Counselling and Family Support, qui a des bureaux à Oakville et à Burlington, en Ontario.