Moncton
Quel est l’enjeu ?
Moncton, la plus petite des villes participant au projet Chez Soi, présentait une occasion unique d’étudier le problème de la santé mentale et de l’itinérance dans en contexte urbain et rural.
Comparativement aux villes canadiennes de plus grande taille, Moncton souffre d’un manque de services en santé mentale ainsi que de longues listes d’attente pour les personnes cherchant de l’aide. Puisqu’il est difficile pour les professionnels des soins de santé de communiquer avec les personnes itinérantes, celles-ci sont retirées des listes d’attente. Elles passent à travers les mailles du système de santé mentale. Dans les régions rurales en périphérie de Moncton, la situation est plus problématique : certaines petites communautés n’offrent aucun service de santé mentale et peu nombreux sont ceux qui peuvent ou veulent se rendre en ville pour les recevoir. Par conséquent, plusieurs personnes itinérantes se retrouvent dans des foyers spécialisés conçus pour les aînés et non outillés pour aider les personnes ayant des troubles mentaux chroniques. Elles se retrouvent dans ces foyers simplement parce qu’il s’agit de la seule option disponible.
Travail de la Commission
Le projet de Moncton a recruté près de 250 participants au total à partir de listes d’attente pour des services de logement et de santé mentale et de recommandations d’amis et de familles. Seulement 50 participants ont été recrutés dans les communautés rurales en périphérie de Moncton.
Créer des partenariats communautaires
La mise en œuvre d’une approche accordant la priorité au logement (Housing First) en matière d’itinérance à Moncton a nécessité la collaboration des instances gouvernementales, des régies régionales de santé, d’organismes non gouvernementaux et des partenaires de la communauté. Ces partenariats ont dû être établis pour mettre en contact le personnel du projet et les spécialistes et pour naviguer dans les systèmes complexes et interreliés de la santé mentale, de l’aide au logement et des services sociaux.
Par exemple, en s’associant à des pharmacies en zone rurale, l’équipe a pu s’assurer que les médicaments étaient distribués aux participants n’ayant pas de moyen de transport. Centraide, autre collaborateur important de la région du Grand Moncton et du sud du Nouveau-Brunswick, a contribué à financer le projet, a agi comme personne-ressource auprès des propriétaires du marché locatif privé, a soutenu les équipes de suivi intensif dans le milieu du Réseau de Santé Horizon et du Réseau de Santé Vitalité et a même facilité l’achat d’un immeuble pour loger les participants ayant des besoins complexes. Pour mieux comprendre l’itinérance dans les petits centres urbains ou en zone rurale, les universités de Moncton et d’Ottawa ont côtoyé les 250 participants durant plus de deux ans pour en apprendre davantage à propos de l’utilisation de services par les participants.
Une solution durable à l’itinérance
Le recrutement d’un conseiller en économie domestique, qui a appris aux participants les bases de la cuisine, du nettoyage et des soins personnels requis pour vivre de façon autonome, est unique à l’étude de Moncton. À Moncton même, les participants ont entretenu activement un potager et, sous la direction d’un participant qui a une formation de chef, ils ont gagné un concours de la meilleure soupe à l’échelle de la ville. Ils ont aussi cuisiné un repas de Noël pour les participants et le personnel du projet. Les participants ruraux ont été jumelés à des fermes locales où ils ont appris à travailler la terre et préparer des repas à l’aide de la nourriture cultivée.
Aider à trouver un emploi
Le projet de Moncton a également mis l’accent sur l’atteinte d’objectifs d’employabilité en recrutant à temps plein un spécialiste de ce domaine. Celui-ci a aidé à déterminer les occasions d’emploi ou à en créer. Grâce au financement du Réseau de Santé Vitalité, le projet a mis sur pied les services Chez Soi qui a embauché des participants pour offrir des services de nettoyage, d’empaquetage et de déménagement. Bien que l’initiative ait d’abord visé à aider les participants à emménager dans leur nouvel appartement, les ententes avec les organismes de la communauté ont fourni du travail aux employés des services Chez Soi, par exemple l’entretien ménager de bureaux au centre-ville de Moncton.
Découvrez, par le témoignage d’un participant, comment le projet a suscité l’espoir.
Ce que nous avons appris
Fournir un toit aux personnes aux prises avec la maladie mentale qui sont sans-abri peut favoriser leur rétablissement et améliorer leur qualité de vie. Les conclusions finales du projet Chez Soi de Moncton indiquent que les participants du groupe d’intervention ont affiché une meilleure stabilité résidentielle et ont moins fréquenté les salles d’urgence, les centres de détention et les refuges que ceux qui n’ont pas été logés.
Le projet de Moncton a également prouvé que les petits centres urbains et les communautés rurales sont aptes à servir adéquatement les personnes itinérantes ayant une maladie mentale. Dans le cadre de sa stratégie en matière de santé mentale, le Nouveau-Brunswick poursuit maintenant activement la mise en œuvre à grande échelle de l’approche accordant la priorité au logement en fonction de l’expérience du projet Chez Soi.