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Le VecteurConversations sur la santé mentale

Quand vous pensez à la santé mentale, est-ce que vous cherchez à vous dilater la rate?   

L’humour est l’un des moyens les plus efficaces utilisés par les annonceurs pour capter l’attention et faire en sorte que les gens se rappellent des marques publicisées. Ce n’est pas simple, mais quand on réussit à trouver le juste équilibre entre le ton du message et le sens de l’humour du public, cela vaut de l’or.

Malheureusement, pour la plupart des marques associées à la santé, l’humour comporte des pièges. Elles craignent de faire preuve de mauvais goût ou de diminuer les sentiments des gens. Pour éviter cela, nous essayons plutôt de toucher les cordes sensibles des gens ou nous présentons les patients comme de braves soldats, courageux et déterminés. 

Il y a quelques années, l’hôpital SickKids a conjugué ces deux tactiques dans sa brillante campagne « VS Limits » : des enfants étaient montrés comme des guerriers intrépides combattant la maladie et les blessures. Malgré certaines critiques adressées à cette campagne, elle a dépassé son objectif de recueillir 1,5 milliard de dollars.

Lorsqu’on fait la promotion de la santé mentale, l’enjeu est grand. Il y a tant de stigmatisation entourant la santé mentale que tout élément risquant d’accroître la confusion peut être un piège s’il est véhiculé sur le mauvais ton. Pourtant, quand on vit avec la maladie mentale, on se passerait parfois de la représentation lugubre qui accompagne souvent les récits de détresse psychologique. Malheureusement, depuis longtemps, la maladie mentale est illustrée par des personnes recroquevillées se tenant la tête entre les mains.

Le masque du roi fou, un personnage de jeu vidéo à l'expression sinistre et aux détails complexes.

 

Nous abritons une multitude d’univers intérieurs

La réalité est tellement plus dynamique. Les discussions sur la santé mentale, même les plus difficiles, peuvent aussi porter sur l’optimisme, le changement et le rétablissement. Nous ne sommes pas obligés d’opter pour l’image du guerrier. Il est possible de récolter du succès avec le Saint-Graal en matière de promotion de la santé : l’humour.

Santé publique Ottawa épouse souvent cette approche. Selon Kevin Parent, porte-parole de l’organisation dans les médias sociaux, si celle-ci mise régulièrement sur l’effet comique, elle connaît du succès d’abord et avant tout parce que ses messages sont toujours authentiques. En effet, elle se fait l’écho d’une grande diversité de voix sur son fil d’actualité. Certaines publications visent à alléger l’ambiance par un effet comique, d’autres sont sérieuses, tristes, éducatives, informatives – de quoi couvrir tout le spectre des émotions humaines. 

Par exemple, durant la pandémie, les débats sur le port du masque avaient perdu tout potentiel humoristique à mes yeux, et pourtant l’amatrice de science-fiction en moi a été titillée par la citation « Voici la voie » reprise par la parodie The Maskalorian. On a su redonner du mordant à un sujet ennuyeux. 

« Nous faisons tout notre possible pour rester authentiques, explique M. Parent. Si on comprend l’auditoire, si on prend le temps d’apprendre à le connaître, on sait ce qu’il trouve drôle. On sait quand il a besoin de rire. Une démarche n’est jamais catégoriquement bonne ou mauvaise; il s’agit seulement de déterminer ce qui convient dans la situation présente. » 

Par exemple, durant la phase d’urgence de la pandémie, les blagues sur la mauvaise haleine sous le masque n’auraient pas provoqué l’hilarité; aujourd’hui, la plupart des gens sont familiers avec ce phénomène et comprendraient l’allusion. 

Ces dernières années, diverses contraintes ayant freiné le recours à l’humour dans le secteur de la santé se sont dissipées, avec la popularité des influenceurs sur les réseaux sociaux et la reconnaissance par les professionnels de la santé que les voix des personnes ayant un savoir expérientiel sont non seulement pertinentes, elles sont essentielles d’un bout à l’autre du spectre, de la recherche au rétablissement.

Ce changement de perspective a été judicieusement démontré lorsque l’Université Harvard, ce bastion de la rigueur académique, a réalisé des séances éducatives sur les pratiques exemplaires avec Rachel Havekost et Trey Tucker, influenceurs en santé mentale sur TikTok. Cette initiative diffusée par des comptes populaires a permis de transmettre une information de plus grande qualité en matière de santé. Toutefois, un partenariat n’offre pas de garantie de succès si les connaissances et le ton ne sont pas assortis. Toutes les bonnes intentions du monde et les recherches les plus approfondies ne feront pas en sorte qu’un contenu sera visionné s’il n’est pas divertissant. 

Certains experts conseillent aux spécialistes du marketing de la santé de jouer de prudence lorsqu’ils ont recours à l’humour. Ce conseil n’est pas mauvais, mais donne souvent lieu à du contenu fade. Lorsque la Commission de la santé mentale du Canada a entrepris de rafraîchir son image il y a quelques années, elle souhaitait mettre sa marque en lumière et manifester occasionnellement un esprit comique. Pour ce faire, elle a banni les images évoquant le malheur profond. Vous la connaissez, la représentation d’une personne triste, assise seule sur un lit, tournée vers un coin de la pièce, par une journée sombre. La photo est souvent en noir et blanc pour évoquer la morosité du sujet. Comme si ça ne suffisait pas, le ciel est couvert de nuages.

Voir les bons côtés

La transition vers une imagerie optimiste n’a pas été simple. Comme l’ont signalé de nombreux experts, le domaine de la santé mentale n’est pas toujours un long fleuve tranquille. Il faut comprendre ce que l’auditoire recherche afin de pouvoir lui fournir de l’information qu’il sera en mesure d’assimiler. 

Je ne suis pas la seule à trouver que les images mornes n’attirent en rien mon attention et ne me donnent pas envie d’en savoir plus. Si on veut me faire un exposé bourré de jargon technique, je passe mon tour. Ce n’est pas que le cheminement en santé mentale ne comporte aucun moment sombre, mais il me semble très peu innovant d’alimenter le défilement morbide. Ce n’est pas non plus que le public est fermé à l’information approfondie, mais quiconque a déjà vécu des problèmes de santé mentale sait que le processus n’est pas simple. Il y a de bons moments et des moments difficiles, parfois au cours d’une même journée. Où que vous soyez sur le continuum, une touche d’humour peut faire le plus grand bien. Rire un bon coup peut réduire le stress et la tension, soulager la douleur, améliorer l’humeur, en plus de nombreux autres bienfaits bien documentés. 

La clé est de trouver l’équilibre entre information et divertissement. L’infodivertissement – facile à dire, difficile à réussir. On a beau expliquer que le rire est le meilleur remède et citer une pléthore d’études scientifiques, insuffler de l’humour tout en transmettant des renseignements de façon responsable à un public qui comprend souvent des personnes à risque n’est pas chose aisée.   

Parler de santé mentale peut être amusant, mais ce sujet peut également être triste, épeurant et compliqué. Pour les promoteurs, les annonceurs et les publics, le juste équilibre est non seulement essentiel, il peut aussi changer des vies. 

Autres lectures : En finir avec la sinistrose : Comment nous utilisons la photographie pour susciter l’espoir

Ressource : Fiche d’information :Idées reçues et mythes courants sur la santé mentale

Auteure:

Debra Yearwood

Professionnelle des communications qui compte plus de 20 ans d’expérience en tant que cadre dans le secteur de la santé, est passée maître dans tous les domaines, du marketing social aux communications en période de crise. Lorsqu’elle ne siège pas au conseil d’administration de PartenaireSanté ou de Top Sixty Over Sixty, elle se consacre à l’écriture de son livre sur l’épanouissement des personnes âgées (pourquoi s’arrêter maintenant?). Cadre certifiée en santé le jour, militante de la diversité et collaboratrice de magazine la nuit, Debra est celle à qui l’on fait appel lorsque vient le temps d’expliquer ou de résoudre un problème.

Les points de vue et les opinions exprimés dans cet article appartiennent uniquement à l’auteur(e) et ne représentent pas nécessairement les politiques officielles de la Commission de la santé mentale du Canada.

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