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The CatalystConversations on Mental Health

Redonner à la communauté ou recevoir à son tour

Bien qu’il ne possède aucun remède miracle pour la déprime du temps des Fêtes, Keith Dobson a une prescription pour nous remonter le moral : gérer nos attentes.

« Les vacances qui arrivent ne ressembleront à rien de ce que nous connaissions avant, donc nous devons ajuster notre vision de la période des Fêtes pour qu’elle se rapproche de la réalité, a déclaré M. Dobson lors d’un entretien téléphonique. Mais la plus grande inquiétude – et de loin – et le facteur de risque le plus accru sur le plan de la détresse mentale, c’est la solitude. »

Malheureusement, il n’a possiblement jamais été plus difficile de combattre l’isolement social. « La technologie nous est présentée comme un excellent moyen de contrer la solitude et même comme une véritable bouée de sauvetage pour certains. Mais je connais plusieurs personnes âgées, par exemple, qui n’ont aucune affinité avec FaceTime et Zoom et qui n’ont aucune envie de s’en servir. Nous devons enjamber ce profond fossé, que ce soit en écrivant des lettres ou en faisant les appels téléphoniques dont beaucoup de gens ont tant besoin. »

M. Dobson recommande souvent le bénévolat et l’engagement communautaire pour rompre l’isolement social, mais même à ce chapitre, la donne a considérablement changé cette année.

« Avec les événements caritatifs qui migrent en grand nombre vers un format virtuel, le volontariat ne procure pas le même degré d’interactions sociales, poursuit-il. En plus, certaines personnes peuvent se sentir dépassées à la seule idée d’être appelées à donner, tellement elles sont exténuées par le quotidien. »

M. Dobson explique que les psychologues s’entendent généralement sur trois grands facteurs influençant le risque de vivre une maladie mentale : les facteurs biologiques, génétiques et sociaux. Même si les facteurs biologiques et génétiques demeurent stables, les défis d’ordre social, en particulier les difficultés provoquées par la pandémie, ont fait pencher la balance vers un risque accru d’avoir des problèmes de santé mentale.

« Cela signifie que pour bien des gens en difficulté, la solution ne passera probablement pas par la prescription de médicaments ou de traitements (comme une thérapie cognitivo-comportementale) pour enrayer les schémas de pensées négatives. On cherchera plutôt à modifier les comportements. »

M. Dobson a donné plusieurs exemples d’interventions de ce type. Pour les personnes perfectionnistes et hypermotivées, la gestion du marathon de la pandémie pourrait nécessiter de renoncer à certaines obligations pouvant générer un stress accru. 

« Dire non est parfois la clé, même aux petites tâches que nous prenons habituellement plaisir à accomplir. Si vous adorez concocter des petits plats pour les Fêtes, mais que la seule perspective d’enfiler votre tablier vous accable, vous pourriez choisir d’encourager une boulangerie de votre quartier si votre portefeuille le permet. Si vous avez l’habitude d’organiser les rassemblements avec vos proches, mais que l’idée de célébrer Noël sur Zoom vous donne envie de vous cacher sous les draps, expliquez poliment que vous n’êtes pas la bonne personne pour accomplir cette mission cette année. »

À l’inverse, poursuit M. Dobson, il pourrait être efficace pour les personnes qui ont du mal à se motiver de se fixer de petits objectifs pour se remettre sur pied. « De petites habitudes, comme de se lever à la même heure tous les jours et de faire son lit, peuvent donner le ton pour une journée plus productive. »

Le conseil de M. Dobson pour cette période des Fêtes est simple. « Prenez le contrôle des choses que vous pouvez contrôler, et lâchez prise sur le reste. »

Il souligne que cette année, demander de l’aide pourrait apporter un certain soulagement. « Si vous êtes propriétaire d’une petite entreprise qui a toujours redonné à sa communauté, mais que vous avez du mal à joindre les deux bouts cette année, il n’y a pas de honte, absolument aucune honte, à recevoir au lieu de donner, pour une fois. »

Bien des gens, ajoute M. Dobson, approchent un point de bascule de la pandémie. « L’anxiété est une émotion orientée vers l’avenir. Nous craignons les événements à venir. Cela provoque une sécrétion de cortisol, qui peut susciter une réaction de combat, de fuite ou de gel. À l’inverse, la dépression relève plutôt d’un deuil à la suite d’une perte. Dans cet état, nous pouvons nous sentir fatigués ou chercher à combler le vide par des activités malsaines, comme de manger ou de boire avec excès. »

Avec la pandémie qui tire en longueur et notre migration collective d’un état d’anxiété vers un état dépressif, M. Dobson insiste sur l’importance de surveiller notre propre bien-être et d’évaluer notre santé au moyen d’outils comme le modèle du continuum en santé mentale.

Enfin, si le temps des Fêtes devient trop accablant, il peut être salutaire de chercher de l’aide auprès d’un professionnel.

« La solution qui fonctionne pour une personne en ce moment peut être à l’opposé de ce dont son voisin a besoin. Heureusement, des portails comme l’Espace Mieux-être Canada donnent aux gens la possibilité de recevoir gratuitement des conseils personnalisés de thérapeutes qualifiés. »

Le deuil, conclut M. Dobson, est une émotion difficile à gérer, particulièrement durant la période des Fêtes. Et nous avons tous un deuil à faire, qu’il soit petit ou grand. « Actuellement, le meilleur mécanisme d’adaptation dont nous disposons pour surmonter ce deuil est de faire preuve de bienveillance pour nos proches (et pour nous-même!). »


Keith Dobson est professeur de psychologie clinique à l’Université de Calgary et conseiller principal à la Commission de la santé mentale du Canada.

Suzanne Westover

Une écrivaine d’Ottawa, ancienne rédactrice de discours et gestionnaire des communications à la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC). Casanière, toujours le nez dans un livre, elle prépare un excellent pain au citron (certains diraient qu’elle fait des merveilles en un seul mets) et aime regarder des films avec son époux et sa fille de 11 ans. Le temps que Suzanne a passé à la CSMC a renforcé son intérêt envers la santé mentale, et elle continue d’apprendre toute sa vie sur le sujet.

The views and opinions expressed in this article are those of the author(s) and do not necessarily reflect the official policy of the Mental Health Commission of Canada.

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