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Le VecteurConversations sur la santé mentale

L’étudiant en médecine, soutien aux pairs et champion de la santé mentale Armaghan Alam relève un nouveau défi

Armaghan Alam (que l’on appelle Army) est honnête lorsqu’il raconte d’où vient sa passion pour la santé mentale. À 14 ans, il s’est retrouvé séparé de sa famille par un océan pour aller étudier dans un pensionnat en Ontario.

« Je suis né au Pakistan, mais nous avons déménagé de nombreuses fois », se rappelle Army, qui étudie actuellement la médecine à l’Université de la Colombie-Britannique. « Ma famille vivait alors en Arabie saoudite, mais j’ai choisi de poursuivre mes études ici. » Être aussi loin de sa famille faisait qu’Army se sentait isolé et à la dérive. Le soutien de ses pairs a été une véritable bouée de sauvetage pour lui.

« J’ai rapidement appris la valeur que peut prendre une oreille attentive et, à l’inverse, le fait de tendre la main aux autres », dit-il. Cette conviction l’a suivi à l’Université McGill, où il a contribué à améliorer les initiatives de soutien par les pairs; il est vite devenu un chef de file au sein  de son campus. 

Aujourd’hui, alors qu’il étudie à l’UBC, il se retrouve au sein d’une culture où il est plus difficile de convaincre les gens à ce sujet. « C’est vraiment ironique, parce que si des personnes ont besoin de décompresser avec des gens qui saisissent bien la profondeur des expériences qu’elles vivent, ce sont bien les étudiants en médecine. »

Or, le « curriculum caché » qui place le sacrifice de soi en haut des objectifs du programme les rend peu enclins à s’ouvrir aux autres.

« Je crois que les fournisseurs de soins de santé devraient ériger un mur entre eux et leurs patients pour pouvoir les soigner », dit-il. « Nous devons être capables de compartimenter ce que nous vivons pour bien faire notre travail. Mais lorsqu’il est question de gérer nos émotions, ce mur peut finir par causer notre perte. »

Tous s’entendent pour dire que depuis quelques années, le voile se lève tranquillement sur ce type de stigmatisation parmi les travailleurs de la santé.  Mais Army se demande si les minces incisions faites dans le voile de cette culture de stoïcisme fermement ancrée dans les mentalités ne seront pas recouvertes par le tissu cicatriciel laissé par la pandémie de COVID-19.

« Alors que nous commencions tout juste à parler du fait que les fournisseurs de soins de santé doivent prendre soin d’eux-mêmes, une pandémie mondiale nous est tombée dessus et, tout à coup, on s’est mis à célébrer leur dévouement dans le monde entier. Nous traitons les travailleurs de la santé comme les héros qu’ils ont toujours été, mais quand pourront-ils enlever leurs capes proverbiales et se reposer un peu? Qui prend soin d’eux? » 

Army compare la pandémie à une maladie chronique qui doit être gérée plutôt que comme un symptôme aigu que l’on peut soulager rapidement, et peu importe vers où il se tourne, il voit partout ses impacts sur la santé mentale.

« Pour s’occuper de la santé mentale des gens, il faut mettre en place de bonnes politiques sociales, une économie saine et un système de justice qui fonctionne », dit-il. « Cela signifie qu’il faut lutter contre le racisme, les traumatismes intergénérationnels et les obstacles culturels aux soins. » À titre de membre de la communauté immigrante, le point de vue d’Army jette un éclairage particulier sur les difficultés auxquelles sont confrontés les groupes ethnoculturels, au sein desquels la maladie mentale demeure grandement stigmatisée.

Army est un lecteur avide qui a toujours aimé apprendre, et le domaine de la santé mentale lui offre de nombreuses voies vers des études fascinantes. Et lorsqu’il pense à sa future carrière, Army est persuadé que peu importe la spécialisation qu’il choisira de poursuivre, sa passion ne sera jamais loin.

« Que je décide de me spécialiser en psychiatrie ou en chirurgie, le fait est que chaque patient est beaucoup plus que la simple somme de ses diagnostics.  Certaines des conversations les plus profondes et révélatrices dont j’ai été témoin se sont produites juste avant qu’un patient parte pour une chirurgie. Regarder sa propre mortalité en face est l’une des expériences les plus puissantes qu’une personne puisse vivre. D’être là, avec eux, à ce moment précis, ça rejoint beaucoup ce qui m’a fait tomber amoureux du soutien par les pairs. »

Histoire de boucler la boucle de ses compétences et de son expérience, Army est heureux de mettre son esprit curieux au service du comité de direction de la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC), où il est impatient d’apprendre auprès d’experts en économie, en justice et en affaires gouvernementales.

« À plusieurs reprises, j’ai eu le privilège de parler avec le Dr David Goldbloom (l’ancien président du conseil de la CSMC), une personne pour qui j’avais une grande admiration pendant mes années de formation. Obtenir une place à une table qu’il a déjà présidée…  c’est pour moi un honneur inestimable. »

Les points de vue et les opinions exprimés dans cet article appartiennent uniquement à l’auteur(e) et ne représentent pas nécessairement les politiques officielles de la Commission de la santé mentale du Canada.

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