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Le VecteurConversations sur la santé mentale

Revue de If I Knew Then de Jann Arden

En parcourant seulement quelques pages du nouveau livre de Jann Arden, If I Knew Then : Finding Wisdom in Failure and Power in Aging (Si je l’avais su : Trouver la sagesse dans l’échec et la force dans le vieillissement), je suis persuadée qu’elle avait emprunté une petite partie de ma propre expérience du deuil et l’avait mise en page et déposée à ma place.

Dans la page de couverture, Mme Arden décrit sa tentative de débrancher la ligne téléphonique de son père décédé. Moi aussi, j’avais lutté contre un géant des télécommunications après la mort de mon père, et nos expériences étaient identiques. Mme Arden et moi avions toutes deux rencontré des agents de service récalcitrants qui ne voulaient pas nous aider, après avoir échoué à produire des numéros de compte impossibles à trouver, tout en étant soumis à l’indignité de la même musique d’attente impitoyable.

« Insensible », le chant de guerre de Mme Arden, aurait été un choix plus approprié, bien qu’ironique.

Même la douleur de la perte et l’enfer de la paperasserie qui s’en suit ne peuvent entacher la toile de fond d’humour macabre de Mme Arden. En tant qu’admiratrice passionnée, je m’attendais peut-être à un livre plus sérieux et plus angoissant. Mais naturellement, même les humoristes primés peuvent être de mauvaise humeur en dehors des projecteurs. Alors pourquoi une chanteuse au cœur brisé ne peut-elle pas être drôle?

J’ai lu « If I Knew Then » de bout en bout la veille de mon 42e anniversaire. Le moment était parfait! Je me sentais un peu mélancolique, et ce petit volume s’est avéré être le parfait antidote.

Deuxième réflexion sobre
Mme Arden, qui prononcera le mot d’ouverture du Congrès Questions de substance (virtuel) en novembre, organisé conjointement par le Centre canadien sur les dépendances et l’usage de substances et la Commission de la santé mentale du Canada, n’hésite pas à parler de la façon détournée dont elle s’est imposée.

Elle affiche sa sobriété comme un talisman.

C’est à travers ce regard lucide qu’elle est prête à raconter son parcours, y compris ses écueils. Son livre est un tremplin sur le pouvoir de l’échec à nous enseigner nos leçons les plus précieuses et une célébration de la perspicacité et de la force d’âme qui s’approfondissent au fur et à mesure qu’elles se développent.

Dans notre culture d’urgence, où la jeunesse est reine et où la course folle fait rêver à la place d’honneur, la prose pleine de délicatesse de Mme Arden constitue un rappel. Ralentissez. Le. Rythme.

En tant que femme qui a appris de la dure manière ce que signifie la santé, l’amitié et le travail, Mme Arden ne prend aucune de ces bénédictions pour acquise.

Elle écrit dans un langage à la fois intime et informel. Il ne s’agit pas d’une prescription d’autosoins, mais plutôt d’un genre d’invitation « sans pression ». On a l’impression que l’écriture de ce livre a été aussi cathartique pour Mme Arden que sa lecture le sera pour ses lecteurs.

Trouver le succès en acceptant l’échec
Nous avons souvent des idées sur ce à quoi ressemble le succès. Mme Arden épluche sa propre ascension vers la célébrité avec poigne et humour, tout en nous assurant que même les lauréats des prix Juno peuvent se regarder dans le miroir et critiquer ce qui se cache derrière.

Le plus intéressant pour moi est la perspective que Mme Arden offre à la prochaine génération.

« Jann, dirais-je à mon jeune moi, tu vas être très dure avec toi-même et tu vas avoir honte et être embarrassée. Tu vas remettre en question ta santé mentale, ta valeur et ta sexualité, et presque toutes les décisions que tu vas prendre seront difficiles… Tu vas passer des années à avoir désespérément la gueule de bois, et tu vas échouer de manière épique, mais tu vas y arriver — tu vas même prospérer. J’aimerais pouvoir t’épargner les moments difficiles, Jann, mais alors tu ne serais pas moi, et être moi, c’est super génial. »

À propos de sa dépendance à l’alcool, Mme Arden écrit : « Pour moi, le vieux dicton selon lequel il faut toucher le fond était vrai. » C’est en revendiquant son respect de soi et en devenant une personne de parole qu’elle a fini par faire taire les doutes qui l’avaient poussée à boire au tout début.

Comme pour beaucoup de personnes ayant le don de création, l’autre médicament de Mme Arden était la musique. Et ce mémoire constitue autant une lettre d’amour au pouvoir du chant et de l’écriture de chansons qu’à sa sobriété.

Lorsque je dis que ce livre était un choix parfait à la veille de mon 42e anniversaire, je fais référence à la préoccupation de la société pour les attributs de la jeunesse, surtout lorsqu’ils sont considérés comme synonymes de beauté et d’estime de soi. Mme Arden refuse d’adhérer à un récit dans lequel les femmes régressent avec l’âge, devenant presque invisibles dans une société qui, comme elle le dit, « semblait avoir peu de temps pour les femmes de plus de trente-cinq ans, les femmes qui avaient perdu leur attrait et leur utilité ».

Pas seulement au niveau de la peau
Au contraire, elle a découvert qu’avec l’âge vient la maturité nécessaire pour manier le type de pouvoir et de sagesse qui naît des déceptions, des échecs et des pertes, le type de pouvoir et de sagesse qui remodèle sans cesse une personne pour en faire un être humain plus empathique, plus attentif et plus sensible.

Au début de sa carrière, Mme Arden a envoyé des dizaines de bandes de démonstration à une époque où le grunge régnait en maître et où une femme auteure-compositrice et interprète mettant son âme à nu, guitare acoustique à la main, aurait facilement pu se noyer. Ou pire encore, elle aurait pu se voir exclue.

Le succès de Mme Arden ne lui est pas tombé dessus du jour au lendemain. Comme d’autres, elle s’est fait dire « non » d’innombrables fois. Mais, elle a aussi compris, au plus profond d’elle, qu’il ne lui fallait qu’un seul « oui ».

Sa grande entrée sur scène n’est ni un coup du sort ni un coup de chance. Il est vrai que le choix du moment a été déterminant lorsqu’un producteur ayant récemment eu le cœur brisé a détecté le potentiel plein d’âme de Mme Arden, mais c’est la persistance inébranlable et le refus de plier sous le poids du rejet qui ont assuré son succès futur.

« Le destin n’est qu’un autre mot pour désigner la détermination », écrit-elle.

Comprendre l’échec comme un enseignant et l’âge comme l’expression ultime de sa sagesse sont au cœur du livre de Mme Arden. Elle refuse de se prosterner devant l’autel de la jeunesse et embrasse plutôt les vertus de l’« âge mûr ».

« Atteindre l’âge mûr, conclut-elle, vous donne le sens, la stabilité et le pouvoir d’être qui vous êtes. »

Renversant l’image de la vieille femme effrayante et ratatinée, Mme Arden invite les lecteurs à contempler la valeur d’une beauté qui n’est pas superficielle.

Quel cadeau d’anniversaire parfait!

Suzanne Westover

Une écrivaine d’Ottawa, ancienne rédactrice de discours et gestionnaire des communications à la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC). Casanière, toujours le nez dans un livre, elle prépare un excellent pain au citron (certains diraient qu’elle fait des merveilles en un seul mets) et aime regarder des films avec son époux et sa fille de 11 ans. Le temps que Suzanne a passé à la CSMC a renforcé son intérêt envers la santé mentale, et elle continue d’apprendre toute sa vie sur le sujet.

Les points de vue et les opinions exprimés dans cet article appartiennent uniquement à l’auteur(e) et ne représentent pas nécessairement les politiques officielles de la Commission de la santé mentale du Canada.

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