Si vous êtes en état de détresse, veuillez appeler ou texter le 988 n’importe quand. En cas d’urgence, appelez le 9-1-1 ou rendez-vous à votre service d’urgence local.

Le VecteurConversations sur la santé mentale

Au Canada, il est facile de supposer que les travailleurs de la santé ont accès à l’aide et aux soins dont ils ont besoin pour résoudre les problèmes de santé et de sécurité psychologiques rencontrés dans leur milieu de travail.

Or, ce n’est pas toujours le cas.

C’est ce décalage qui a mené à l’élaboration de la Trousse de santé et sécurité psychologiques pour les programmes de formation et les équipes de soins primaires, la Trousse SSP.

Cette vaste nouvelle collection d’outils personnalisables a été créée en partenariat par le Réseau canadien des personnels de santé, la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC) et l’Équipe de soins primaires (une initiative de la Fondation pour l’avancement de la médecine familiale, financée par Emploi et Développement social Canada).

Karina Urdaneta

Karina Urdaneta, gestionnaire de programme, Initiatives de prévention et de promotion à la CSMC.

« La trousse SSP est un site Web bilingue regroupant plus de 120 ressources destinées à aider les dirigeants du domaine de la santé, les représentants des RH, les travailleurs, les stagiaires et les formateurs à renforcer la santé et la sécurité psychologiques dans leurs environnements de travail et d’apprentissage, explique Karina Urdaneta, membre de l’équipe responsable de la Trousse et gestionnaire de programme, Initiatives de prévention et de promotion à la CSMC.

Les milieux de travail sains et sécuritaires sur le plan psychologique peuvent aider à améliorer le bien-être des professionnels de la santé, réduire l’absentéisme et le roulement de personnel, hausser la productivité, consolider la réputation de l’organisation, accroître la satisfaction des patients, réduire les erreurs médicales et abaisser les coûts liés aux soins de santé.

Renforcer la main-d’œuvre

Le Canada traverse une crise de la main-d’œuvre dans le secteur de la santé, en particulier dans les soins primaires. Avant même que la pandémie vienne intensifier la pression, les travailleurs de la santé étaient déjà aux prises avec le stress, la dépression, l’anxiété, l’épuisement et le risque de suicide.

La santé et la sécurité psychologiques, qui ciblent ces risques, sont définies dans la Trousse comme « le soutien systématique fourni au sein d’une organisation ou d’une équipe pour promouvoir la santé mentale et pour activement prévenir et minimiser les risques de préjudices psychologiques découlant de causes liées au travail. »

Les auteurs expliquent qu’en visant le fondement même des activités liées à santé, la Trousse « cible directement les interactions entre les gens ainsi que la structure des conditions de travail et de gestion au sein de l’organisation ou de l’équipe. »

La Trousse reconnaît que les soins de santé ne sont pas un système monolithique et que les obstacles et les facteurs de stress psychologique y varient d’un sous-secteur à l’autre. En effet, les difficultés vécues par les employés d’un établissement de soins de longue durée ne sont pas les mêmes que dans la salle d’urgence d’un hôpital, par exemple, et les considérations de santé et de sécurité psychologiques n’y sont pas les mêmes que dans un programme de recherche ou de formation.

Même au sein d’une même profession, les pressions ressenties peuvent varier de façon complexe. Par exemple, les équipes paramédicales sont témoins de blessures traumatiques et « voient des choses que les gens ne voient pas dans leur vie de tous les jours », soutient Peter, ambulancier à Halifax, qui a demandé à être identifié par son prénom seulement.

Il fait remarquer que ces travailleurs sont soumis à d’autres importantes sources de stress, comme l’abus chronique du système fait par des personnes qui appellent régulièrement l’ambulance sans pourtant avoir besoin de soins urgents, ou les inefficacités bureaucratiques qui causent des retards et des délais dans la prestation de soins.

« Ces situations sont pénibles, parce qu’il n’y a pas assez d’ambulances. Il n’y a pas suffisamment de ressources pour gérer ce problème, mais nous n’avons pas le choix de continuer, poursuit Peter. Ça devient épuisant. »

Des notions fondamentales pour soutenir le secteur

Ces problèmes dans le secteur de la santé sont quelques-uns des nombreux exemples qui illustrent pourquoi la Trousse SSP, disponible en ligne gratuitement, a été conçue pour être générale et adaptable.

Elle est structurée selon sept grands thèmes :

  • Culture organisationnelle et d’équipe
  • Gestion de la charge de travail et équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle
  • Leadership et attentes clairs
  • Protection psychologique
  • Protection de la sécurité physique
  • Protection contre la détresse psychologique
  • Promotion de l’autogestion de la santé psychologique

Les utilisateurs du site Web peuvent cliquer sur ces thèmes pour en obtenir la définition; par exemple, la « Protection contre la détresse psychologique » englobe l’accès à des consultations et à une formation en bioéthique et l’élaboration de politiques et de lignes directrices permettant de faire face aux événements qui causent de la détresse psychologique.

Un onglet consacré aux ressources mène à des menus déroulants dont les internautes peuvent se servir pour filtrer plus de 120 ressources en fonction des besoins précis de leur équipe et de leur organisation. Les utilisateurs peuvent ainsi trier les ressources par thème, format (sites Web, articles, ateliers), secteur, cadre, identité, public (RH, employés, gestionnaires), coût, pays et langue.

Les équipes dans les milieux de travail peuvent consulter les ressources directement à partir du site Web. Il peut par exemple s’agir d’un article sur la relation entre le mentor et la personne mentorée publié dans le Journal of the Pediatric Infectious Diseases Society ou d’un atelier de consolidation d’équipe contenant de la documentation et des outils pour créer, avec leur équipe, un plan d’action afin d’améliorer la santé et la sécurité psychologiques de tous. Les vidéos, articles, webinaires et autres ressources ont été compilés à partir de dizaines de sources afin d’assurer que la Trousse regorge d’outils de qualité fondés sur des données probantes.

Quelques exemples d’application

Des équipes dans des milieux de travail ont même incorporé des éléments de la Trousse dans leurs propres programmes de santé et de sécurité psychologiques.

« Nous avons mis au point un curriculum destiné au personnel infirmier praticien qui prodigue des soins primaires dans les établissements de soins de longue durée, et le volet de santé et de sécurité psychologiques a fait partie intégrante de notre dernier module, souligne Carrie Heer, infirmière praticienne en Ontario.

Ce sont des membres du groupe de santé et sécurité psychologiques qui ont préparé ce module pour nous. Ainsi, nous avons intégré cette composante à même la trame de notre formation. »

Le programme peut être utilisé par tous les infirmiers praticiens au Canada et à l’étranger et est également disponible pour les établissements d’enseignement.

De l’avis de Michelle Acorn, directrice générale de l’Association des infirmières et infirmiers praticiens de l’Ontario, en insistant sur la santé mentale dès le départ, on assure que les infirmières praticiennes possèdent non seulement les compétences pour venir en aide aux résidents, mais aussi les stratégies de soutien et d’autosoins dont elles ont besoin pour s’épanouir dans nos environnements rigoureux. En fin de compte, cela améliore à la fois notre rendement professionnel et notre satisfaction générale au travail.

« Ce faisant, nous améliorons l’état de santé des résidents des centres de soins de longue durée, poursuit Dre Acorn. Il s’agit d’une étape essentielle pour accroître la résilience et l’efficacité de la main-d’œuvre dans le domaine des soins de santé. »

Pour aider les formateurs à éviter de causer des préjudices en essayant de faire le bien, le laboratoire Equity in Health Systems de l’Institut de recherche Bruyère a créé un ensemble d’outils d’équité, diversité, inclusion et accessibilité qui sont bénéfiques dans ce travail.

Ces outils d’introduction concis soutiennent les formateurs, enseignants et animateurs dans la préparation et la réalisation d’activités éducatives. Les questions d’orientation qui sont fournies aident à atténuer les préjudices, indiquent les auteurs.

Elles portent sur les trois R – représentation, rôles et relations, responsabilités –, des principes fondamentaux en raison « du risque réel de perpétuer voire de causer des préjudices en propageant des stéréotypes, de la stigmatisation, des préjugés, des microagressions et plus encore. » Ceux-ci peuvent être transmis par inadvertance par l’entremise de cas, de récits, de vidéos et d’autres mises en situation dans les activités éducatives, si les ressources ne sont pas conçues dans une optique d’équité.

Ainsi, l’intégration de ces cadres aux activités d’apprentissage destinées aux professionnels de la santé constitue un grand pas vers la promotion de l’équité et la réduction des préjudices dans les environnements d’enseignement. Elle peut hausser la qualité du travail et de la vie des employés dans l’ensemble du secteur de la santé et améliorer le bilan de santé de leurs patients.

Ressources: Lecture complémentaire : Ce cours gratuit sur la lutte contre la stigmatisation structurelle dans les soins de santé a pour objectif de susciter des changements concrets pour les personnes confrontées à des problèmes de santé mentale et d’usage de substances.
Auteur: vit à Ottawa et écrit fréquemment sur les arts, la culture et la santé mentale pour des publications partout au Canada.
Les points de vue et les opinions exprimés dans cet article appartiennent uniquement à l’auteur(e) et ne représentent pas nécessairement les politiques officielles de la Commission de la santé mentale du Canada.

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