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Le VecteurConversations sur la santé mentale

Quand une taille unique ne convient pas à tous. Un regard sur l’approche de Waypoint en matière de psychothérapie structurée.

Sur les rives de la baie Georgienne, à Penetanguishene, un hôpital spécialisé dans les soins de santé mentale mène actuellement un travail particulièrement innovant. Outre ses 301 lits, le Centre de soins de santé mentale Waypoint abrite le seul programme de santé mentale médico-légale hautement sécurisé de l’Ontario pour les patients pris en charge par les systèmes de santé mentale et de justice. La gamme de services couvre les services de soins aigus de psychiatrie ainsi que ceux à plus long terme pour les patients hospitalisés et les patients en consultation externe de la région. Dernièrement, la prestation du programme de psychothérapie structurée de l’Ontario (PSO) a été reconnue pour son incidence majeure.

En juin, j’ai eu l’honneur de remettre à ce groupe, composé de Jessica Ariss, responsable du programme Waypoint, et de Jeannie Borg, directrice de l’innovation des systèmes au Centre Waypoint, le prix d’excellence 2023 pour l’amélioration de la qualité dans le domaine de la santé mentale et de la toxicomanie, décerné par le Collège canadien des leaders en santé (CCLS). J’ai interrogé l’équipe sur son approche de l’amélioration des résultats en matière de santé mentale.

Des soins transformateurs
La PSO offre un traitement financé par l’État aux personnes souffrant de dépression, d’anxiété et de troubles liés à l’anxiété en leur donnant accès à une thérapie cognitivo-comportementale (ou TCC) à court terme et fondée sur des données probantes, une forme de soins qui aide les personnes à examiner comment elles donnent un sens à ce qui se passe autour d’elles et comment ces perceptions influencent la façon dont elles se sentent.

Waypoint propose la TCC dans le cadre de partenariats établis avec plus de 20 organisations. Cela signifie que les personnes peuvent accéder aux soins dans leur communauté plutôt que de devoir se rendre dans un point central. Grâce à ce modèle, la thérapie est proposée gratuitement aux clients. Bien qu’il s’agisse d’un traitement très efficace qui améliore les symptômes et réduit la probabilité que les problèmes de santé mentale deviennent pressants, Waypoint est loin d’être le seul organisme à proposer la TCC.

Qu’est-ce qui rend son programme différent et digne d’obtenir un prix?

Une attention aux lacunes
Waypoint a remporté le prix en raison de sa ténacité à combler les lacunes en matière de soins. L’organisme s’est efforcé d’améliorer l’accès à la TCC pour les populations prioritaires, notamment les Autochtones, les francophones et les personnes 2SLGBTQI+, ce qui a permis d’augmenter le nombre d’aiguillages vers les programmes de l’organisme. Dans un cas, Waypoint a utilisé ses canaux de communication pour promouvoir en ligne les services destinés aux communautés prioritaires et suivre le processus des clics jusqu’aux aiguillages. Cette partie du projet a adopté une approche globale couvrant la formation, les stratégies de communication et la modification des services. Ces modifications ont été décidées par des cercles consultatifs composés de patients et d’autres personnes ayant un savoir expérientiel passé et présent au sein de diverses communautés.

Members of the OSP Program and the Indigenous Health Circle, who worked together to adapt and enhance services for Indigenous clients

Les membres du programme PSO et du Cercle de santé autochtone, qui ont travaillé ensemble à l’adaptation et à l’amélioration des services pour les clients autochtones : (de gauche à droite) Charity Fleming, David Thériault, Jessica Ariss, Germaine Elliott, Leah Lalonde, Melissa Petlichkov et Melissa Moreau.

Pour les populations autochtones, l’équipe de Waypoint a travaillé avec le Indigenous Health Circle B’Saanibamaadsiwin et le Barrie Area Native Advisory Circle pour développer des protocoles cliniques et à des plans de soins intégrés pour les services de TCC. Ces protocoles s’appuient sur les commentaires des clients, les résultats de la recherche et un cours de formation (offert par l’Université Wilfrid Laurier) intitulé Sacred Circle CBT – Mikwendaagwad, un mot Anishinaabemowin/ojibwé signifiant « On s’en souvient, on y pense ». Les voies de services aux Autochtones – appelées Minookmii ou « pistes sacrées sur la terre » – utilisent un processus adapté d’évaluation des admissions mené par un clinicien autochtone et des services qui incluent des guérisseurs spirituels. Ces pratiques autochtones de promotion de la santé garantissent que les perspectives et les besoins des populations prioritaires sont au cœur des processus de développement et d’évaluation des services de Waypoint.

Données et attitude
L’organisme suit ces processus à l’aide d’un système de tableau de bord qui prend en compte des mesures quantitatives et qualitatives. La rétroaction qualitative est intégrée aux examens cliniques dans le cadre d’une boucle d’amélioration continue. Mais Waypoint ne laisse jamais son engagement envers les tableaux de bord et les données entraver la touche personnelle. Le centre a su trouver l’équilibre entre l’analyse et l’empathie, en veillant à ce que les éléments humains et les modèles se complètent pour donner des soins significatifs.

Par exemple, un clinicien rencontrera un client pour déterminer le service qui répond le mieux à ses besoins. Qu’il s’agisse d’une suerie, d’une purification, d’un contact avec un aîné ou d’une autre approche autochtone des soins – ou d’autre chose comme la bibliothérapie assistée par un clinicien – c’est une prise en charge significative, participative et engagée. Comme l’a dit un participant : « Dès les premières minutes de notre rencontre, la thérapeute avec laquelle j’ai été jumelé a créé un espace où l’on se sentait en sécurité pour partager. Sa gentillesse, ses connaissances et son attitude chaleureuse m’ont encouragé à parler plus honnêtement et plus ouvertement de mon anxiété que je ne l’avais jamais fait auparavant. Elle a transmis des renseignements, des statistiques, des études, des données non scientifiques et des exemples qui m’ont aidé à voir mon anxiété liée à la santé sous un angle différent – et aussi à me sentir moins seul dans mes luttes ».

Ce sont ces différences qui distinguent le programme, ce que Heather Bullock, vice-présidente des partenariats et responsable de la stratégie de Waypoint, considère comme remarquable.

« Le programme est fidèle à sa vision », souligne-t-elle. En d’autres termes, ce ne sont pas que des éléments qu’il est bon d’avoir, mais plutôt des processus intégrés. « Il n’y a pas d’écart entre la vision et la réalité », dit-elle en mentionnant leur travail avec les collèges, les cliniques et les différents environnements culturels. « Nous avons réussi à rassembler les communautés et les différents types de fournisseurs autour d’un objectif commun. Nous construisons quelque chose de la manière dont nous voulons qu’il soit construit; c’est quelque chose qui s’harmonise non pas avec ce dont nous aurons besoin dans le futur, mais avec ce dont nous avons besoin aujourd’hui ».

Ressource : Webinaire sur la cybersanté mentale et les partenariats autochtones dans la prévention du suicide. Comment Jeunesse, J’écoute se sert des services de cybersanté mentale pour éliminer les obstacles à l’accès et fait usage des données pour étayer ses efforts de prévention du suicide.

Pour en savoir plus : Le Vecteur : Conversations sur la santé mentale. La TCC pour vous et pour moi.

Auteure: , CHE, est vice-présidente des affaires extérieures et du développement à la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC).
Photo : (de gauche à droite) Alain Doucet, président et chef de la direction du CCLS; Jessica Ariss; Karla Thorpe; Ed Mantler, premier vice-président et responsable en chef des programmes de la CSMC et Brenda Rebman, présidente du conseil d’administration du CCLS, assistent à la cérémonie de remise des prix du CCLS.
Les points de vue et les opinions exprimés dans cet article appartiennent uniquement à l’auteur(e) et ne représentent pas nécessairement les politiques officielles de la Commission de la santé mentale du Canada.

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