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La compréhension nouvelle de l’histoire des autochtones inspire le personnel de la CSMC
Il y avait de l’électricité dans l’air tandis que vingt membres du personnel de la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC) s’assoyaient en cercle dans une petite pièce sans fenêtre. Certains d’entre eux avaient déjà eu l’occasion de travailler avec les communautés autochtones, alors que d’autres n’avaient qu’une vague idée de ce que cela impliquait. Toutefois, chacun d’entre eux savait que l’Exercice des couvertures de KAIROS pouvait être émotionnellement difficile.
Heureusement, l’aînée Reta Gordon et l’animatrice Julie Vachon ont rapidement dissipé la gêne ambiante.
« Nous ne sommes pas ici pour blâmer ou jeter la honte sur qui que ce soit », a affirmé Mme Vachon. « Nous sommes ici pour mettre fin au déni et pour faire éclater la vérité ».
L’exercice des couvertures est tout aussi viscéral que visuel. Des couvertures sont étalées sur le sol de manière à former une carte de l’Amérique du Nord. Les participants enlèvent leurs chaussures avant de prendre place sur les couvertures, dont chacune représente le territoire d’environ 20 millions d’autochtones qui ont vécu sur ces terres bien avant l’arrivée des Européens. Au fur et à mesure que les terres sont conquises, que les épidémies font rage, que les politiques gouvernementales axées sur l’assimilation gagnent du terrain, les participants sont forcés de quitter leur couverture et de retourner s’asseoir à leur place, jusqu’à ce qu’il ne reste que l’ombre d’une civilisation autrefois florissante et diversifiée sur le plan de la langue, de la culture et des traditions.
On pouvait presque entendre et sentir battre le pouls de l’histoire qui a traversé les siècles. Cet exercice est d’une grande efficacité parce que les participants ne font pas qu’y assister, ils en sont à la fois les spectateurs et les narrateurs. Ils deviennent la réincarnation d’un passé traumatisant : les morts de la rébellion des Métis, les autochtones morts de faim, les enfants arrachés à leur famille pour être envoyés dans les pensionnats ou enlevés lors de la rafle des années 1960 et les femmes et les filles autochtones disparues ou assassinées.
Le moment le plus intense de la journée a été celui où Mme Vachon a demandé aux participants d’observer une minute de silence à la mémoire de ceux qui ont subi ces épreuves. « Prenez un moment pour ressentir ce malaise », a-t-elle dit. « Ne cédez pas à l’habitude de vous déconnecter de ce qui vous rend mal à l’aise ».
Cet inconfort a permis à un discours plus positif d’émerger : la contemplation de ceux qui ont survécu à des épreuves inimaginables — qui ont subi des traumatismes intergénérationnels et qui ont fait l’expérience du racisme cautionné par l’État — et qui en sont ressortis habités d’une force, d’une résilience et d’une compassion exemplaires après s’être réapproprié leur culture et leurs origines envers et contre tous.
« Je réalise que j’ai à peine commencé à effleurer la surface de ce que les autres ont vécu », a dit Julia Armstrong, gestionnaire de programmes dans l’équipe de prévention et de promotion de la CSMC; comme bien d’autres participants, elle a exprimé sa frustration d’en connaître si peu sur l’histoire des peuples autochtones.
Elle considère ces nouveaux apprentissages comme une responsabilité. « J’ai la chance de travailler pour une organisation qui fait de la réconciliation une priorité afin que ses employés puissent grandir et apprendre en tant que personnes. J’ai envie de donner au suivant et de faire profiter ma famille, mes amis et mes collègues de la sagesse que j’ai pu acquérir ».
Et c’est exactement le genre de changements que les animateurs espèrent engendrer.
« Les gens demandent : que pouvons-nous faire? Ils nous disent : maintenant que nous en savons plus, comment pouvons-nous faire mieux? », dit Mme Gordon. « Voici ce que je leur réponds : », dit Mme Vachon, « Vous n’avez pas besoin de poser de grands gestes éloquents qui ne serviraient qu’à flatter votre égo. Sortez d’ici et posez de petits gestes simples. Parlez aux gens autour de vous. Si chacun d’entre vous sort d’ici et transmet cette nouvelle connaissance à une personne de plus, et que chacune de ces personnes fait la même chose, imaginez tout ce que nous pourrons accomplir. Nous pourrons dissiper les malentendus et les préjugés malsains pour éliminer toute forme de jugement et laisser toute la place à la compassion ».
« L’exercice des couvertures de KAIROS est un élément de la compétence culturelle que j’encourage tout un chacun à acquérir », a affirmé Mme Louise Bradley, présidente-directrice générale de la CSMC. « En tant qu’individus, nous avons la responsabilité d’approfondir notre compréhension de l’histoire et de progresser de manière significative sur la voie de la réconciliation. En tant qu’organisation, nous avons la chance de favoriser cette croissance chez nos employés. Je suis persuadée que cela se reflétera dans notre travail de nombreuses façons, petites et grandes ».
Si vous souhaitez participer à cette leçon d’histoire unique et immersive, vous pouvez en apprendre davantage ici.
Suzanne Westover
Une écrivaine d’Ottawa, ancienne rédactrice de discours et gestionnaire des communications à la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC). Casanière, toujours le nez dans un livre, elle prépare un excellent pain au citron (certains diraient qu’elle fait des merveilles en un seul mets) et aime regarder des films avec son époux et sa fille de 11 ans. Le temps que Suzanne a passé à la CSMC a renforcé son intérêt envers la santé mentale, et elle continue d’apprendre toute sa vie sur le sujet.
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