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Le VecteurConversations sur la santé mentale

Nouvel outil pour favoriser le bien-être mental après des démêlés avec la justice

Lorsque Mo Korchinski est sortie de prison, elle n’a reçu aucune trousse d’outils pour l’aider à reprendre sa vie en main. Il n’y avait pas de guide expliquant comment s’adapter à une autonomie retrouvée. Comme plusieurs personnes avant elle, on lui a simplement remis un sac de plastique contenant ses effets personnels et un billet pour retourner d’où elle venait.

« Beaucoup de gens qui vont en prison arrivent avec un peu plus que les vêtements qu’ils portent. Ils arrivent accompagnés des traumatismes du passé et, souvent, d’une maladie mentale, d’une dépendance à des substances, ou les deux », explique Mme Korshinski qui est maintenant directrice générale de la Unlocking the Gates Services Society. « Cela ne signifie pas que l’on doit considérer que nous ne valons pas la peine d’être aidés. Bon nombre d’entre nous ont connu des moments difficiles ou ont perdu pied. L’incarcération devrait permettre d’aider les gens à faire de meilleurs choix. On devrait leur apprendre à suivre une nouvelle voie, celle de la réinsertion. »

Malheureusement, le manque de ressources, de même qu’une coordination incohérente entre les soins de santé des milieux correctionnels, les soins de santé à l’extérieur du système carcéral et les services sociaux en général contribuent à ce que plusieurs se retrouvent sans soutien autant lorsqu’ils sont en prison que lorsqu’ils en sortent.

Un tel manque de soutien entraîne des conséquences réelles, surtout si l’on tient compte de l’usage de substances et des maladies mentales au sein des populations carcérales du pays. Une nouvelle recherche menée par la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC) étudie les vulnérabilités dans les établissements correctionnels du Canada et montre que 65 % à 70 % des personnes incarcérées vivent avec des problèmes d’usage de substances. Dans une précédente étude de la CSMC, on a démontré que 73 % des hommes détenus dans une prison fédérale et 79 % des femmes détenues dans une prison fédérale avaient au moins une maladie ou un problème de santé mentale.

Bien entendu, quand une personne est libérée, ces problèmes de santé mentale et d’usage de substances ne disparaissent pas; dans la majorité des cas, tout le soutien obtenu à l’intérieur des murs cesse brusquement.

Nouvelle orientation et nouveau répertoire
Afin de combler les lacunes, la CSMC vient de publier un répertoire détaillé contenant une liste des programmes en santé mentale et usage de substances dans chaque province et territoire pour les personnes qui sortent du système de justice pénale, leurs réseaux de soutien et les fournisseurs de soins de première ligne.

En plus des coordonnées des personnes-ressources et d’une brève description de chacun des services, ce répertoire interactif met en lumière les ressources mises à la disposition des populations prioritaires. Pour s’assurer que les personnes accèdent à la liste de services de soutien la plus appropriée et la plus complète possible, le répertoire sera mis à jour périodiquement.

Pour Emilie Coyle, directrice générale de l’Association canadienne des sociétés Elizabeth Fry, un tel répertoire devrait avoir un impact positif auprès des personnes en transition. « Cela peut être déconcertant d’essayer de rétablir des liens dans la communauté ou d’en créer de nouveaux », explique-t-elle. « Le fait de pouvoir chercher l’aide qui se trouve à proximité et qui est adaptée à vos besoins élimine une grande partie de l’incertitude dans cette expérience qui s’avère déjà assez déstabilisante. Les mesures de soutien peuvent réduire les sentiments de frustration, d’abandon et de solitude en les remplaçant par des sentiments de sécurité, d’espoir et de motivation. »

Se débrouiller en pleine pandémie
Pour ceux et celles qui retournent dans la collectivité pendant la pandémie, il peut être particulièrement difficile de trouver de l’aide pour réintégrer la société.

« Les mesures de santé publique en place, comme la distanciation sociale, la suspension ou la fermeture de programmes en présentiel (y compris les services de réduction des méfaits) ainsi que l’accès limité aux services d’aide au logement, peuvent contribuer à empirer les risques et les obstacles auxquels les personnes en transition doivent faire face en dehors du milieu correctionnel, » précise Sandra Koppert, directrice à la CSMC, Promotion de la santé mentale.

Grâce à ce nouvel outil, Mme Koppert et son équipe espèrent offrir aux personnes qui ont eu des démêlés avec la justice une solide base pour refaire leur vie.

« Essayer de cheminer dans les services de santé mentale et d’usage de substances existants peut s’avérer une lourde tâche et la pandémie rend les choses encore plus difficiles, » ajoute-t-elle. « Pour une personne qui sort d’un établissement correctionnel, cela ajoute plus d’obstacles pour tenter d’entreprendre un nouveau chapitre. L’objectif du répertoire consiste à faciliter un peu le processus permettant de passer à autre chose. »

Pour Mme Korchinski, le fait d’aider les gens à réintégrer la société n’est pas seulement important, c’est essentiel. « Les gens ont besoin de nourriture, de vêtements, d’un abri et de soutien le jour de leur libération et non d’être mis à la rue sans endroit où aller. En aidant les gens dans leur cheminement lorsqu’ils sortent du système de justice pénale en les mettant en contact avec des ressources, on leur offre une meilleure chance de prendre de saines décisions qui leur permettront de rester en vie. »

Suzanne Westover

Une écrivaine d’Ottawa, ancienne rédactrice de discours et gestionnaire des communications à la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC). Casanière, toujours le nez dans un livre, elle prépare un excellent pain au citron (certains diraient qu’elle fait des merveilles en un seul mets) et aime regarder des films avec son époux et sa fille de 11 ans. Le temps que Suzanne a passé à la CSMC a renforcé son intérêt envers la santé mentale, et elle continue d’apprendre toute sa vie sur le sujet.

Les points de vue et les opinions exprimés dans cet article appartiennent uniquement à l’auteur(e) et ne représentent pas nécessairement les politiques officielles de la Commission de la santé mentale du Canada.

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