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Le VecteurConversations sur la santé mentale

La Commission de la santé mentale du Canada publie une nouvelle ressource pour les parents et les aidants

C’est dans la nature humaine d’éviter les conversations difficiles, surtout celles qui touchent des circonstances pénibles et des sujets délicats. Mais nous devons parfois nous attaquer à ces problèmes de plein fouet.

C’est certainement le cas pour plusieurs communautés qui participent à l’initiative de prévention du suicide Enraciner l’espoir de la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC).

« Une série tragique de suicides est survenue » dans l’une de ces communautés du nord, a affirmé Nitika Rewari, la directrice intérimaire des initiatives de prévention et de promotion de la CSMC. « Il peut être angoissant pour les parents, les grands-parents et les aidants d’aborder des sujets aussi douloureux. Alors, les gens nous incitaient souvent à créer une ressource pour de telles situations; une ressource qui ferait ressortir le besoin de soutenir les enfants de façon compatissante, sécuritaire et appropriée. »

Ceci dit, elle a ajouté qu’il est naturel qu’un aidant auprès d’un enfant affecté par le suicide se sente dépassé et ne sache pas comment agir.

Par où commencer
« Alors nous avons créé Parler aux enfants d’un suicide, un outil de conversation qui vise à aider les parents, les enseignants et autres à parler aux enfants, étape par étape. Puisqu’il s’agit d’une tâche difficile, nous avons voulu expliquer aux aidants comment se préparer mentalement, à quoi s’attendre (ou ne pas s’attendre), et comment répondre avec un langage approprié », a expliqué Mme Rewari.

Pour Michel Rodrigue, le nouveau président-directeur général de la CSMC, la nouvelle ressource touche une corde profondément sensible du point de vue personnel.

« Un proche de ma famille est décédé par suicidé, et cette perte tragique est survenue lorsque ses enfants étaient très jeunes. À l’époque, nous n’étions pas éclairés sur l’importance d’engager une conversation ouverte. Je sais maintenant que le meilleur chemin vers la guérison consiste à créer un espace pour le deuil, reconnaître ces émotions et permettre aux enfants de poser des questions délicates », a-t-il affirmé. 

La gestionnaire de programme Julie McKercher, qui a travaillé intensivement dans le cadre d’interventions d’urgence communautaires, a créé la ressource et a demandé à huit experts de réviser et de valider ses approches. Comme elle l’indique, l’élément clé de ce processus consiste à obtenir des informations précises. « Nous ne sommes pas nés en sachant comment soutenir un enfant en deuil, et nous avons peut-être peur qu’une conversation sur le suicide puisse implanter des idées dans la tête de l’enfant ou créer encore plus d’angoisse. Ce sont pourtant des mythes : ces idées sont simplement fausses. »

Toucher la corde sensible
L’outil Parler aux enfants d’un suicide sert non seulement à dissiper certains mythes, mais également à montrer aux aidants de simples techniques pour atténuer la pression qu’ils peuvent ressentir durant ces conversations délicates.

« Certaines petites choses sont tellement plus sensées, comme s’asseoir côte à côte avec la personne, mais on ne sait pas toujours automatiquement comment les faire », a affirmé M. Rodrigue, en faisait allusion à la technique de « conversation côte à côte » pour éliminer la pression du contact visuel qui peut permettre de parler de façon plus naturelle, soit en marchant ou en s’engageant dans une activité calme côte à côte. « Cette technique peut ouvrir l’espace permettant de dissiper la gêne. »

La ressource elle-même n’est pas si simple. « La première tâche est de vous préparer à agir en tant que soutien », a affirmé McKercher. « Et cette préparation vous demande de faire face aux sentiments que vous pourriez avoir, et de les mettre de côté pour offrir une écoute bienveillante et sans jugement. »

Chaque enfant vit le deuil de façon différente, a-t-elle ajouté, et la compréhension de la mort se développe à mesure que les enfants grandissent. Mais peu importe la réaction de l’enfant, il est très important que l’aidant puisse délicatement réaffirmer à l’enfant qu’il n’est pas responsable de ce suicide.

Une longue conversation
Non seulement les enfants se rendent-ils compte des humeurs, mais ils entendent des conversations et échangent des idées avec leurs pairs. « Alors nous devons outiller les enfants avec de l’information appropriée à leur âge et à leur niveau de développement, et nous devons nous laisser guider par leurs questions », a déclaré Mme Rewari. « Lorsqu’il s’agit de parler d’un suicide, il ne faut pas s’attendre à ce qu’une seule conversation suffise. »

Une ressource comme celle-ci est importante, a affirmé M. Rodrigue, car elle met en lumière l’évolution de la compréhension des enfants au fil du temps. Par exemple, un enfant qui, à un très jeune âge, a perdu un être cher par suite de suicide peut soudainement agir de façon plus mature et sembler mieux comprendre la finalité de la mort.

Mme Rewari a ajouté : « Qu’il s’agisse de colère, de frustration, de culpabilité, d’insomnie, de troubles de concentration ou même si aucun signe n’est visible, le deuil ne se conforme pas à un tableau et ne peut s’inscrire sur un graphique. Quand bien même personne ne peut prévoir la forme que prendra ce deuil, nous pouvons toutefois offrir aux aidants une feuille de route pour engager une conversation avec un enfant si le besoin se fait sentir. »

M. Rodrigue partage cet avis. « On n’oublie jamais un suicide. On apprend à vivre avec. Et si nous témoignons de l’empathie, de l’ouverture d’esprit et de la compréhension, nos enfants apprendront, au fil du temps, à agir de la même façon. Il s’agit d’un effet d’entraînement qui pourrait se traduire par des changements transformationnels liés à notre façon de parler du suicide et d’intervenir en cas de suicide au sein de notre communauté et de notre famille. »

Suzanne Westover

Une écrivaine d’Ottawa, ancienne rédactrice de discours et gestionnaire des communications à la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC). Casanière, toujours le nez dans un livre, elle prépare un excellent pain au citron (certains diraient qu’elle fait des merveilles en un seul mets) et aime regarder des films avec son époux et sa fille de 11 ans. Le temps que Suzanne a passé à la CSMC a renforcé son intérêt envers la santé mentale, et elle continue d’apprendre toute sa vie sur le sujet.

Les points de vue et les opinions exprimés dans cet article appartiennent uniquement à l’auteur(e) et ne représentent pas nécessairement les politiques officielles de la Commission de la santé mentale du Canada.

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