Le VecteurConversations sur la santé mentale
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Inclusion, empathie et guérison
Bien avant le retrait de l’Afghanistan et avant la pandémie, le besoin de soutien en santé mentale des anciens combattants était déjà criant.
Avec l’ajout de ces pressions additionnelles à une poudrière déjà prête à sauter, il est évident que le besoin n’a fait que croître. Plus précisément, devant le rapatriement d’une mission qui durait depuis 13 ans, plusieurs se sont demandé à quoi leurs efforts avaient servi.
La vétérane Sherry Lachine puise un sentiment d’utilité et de valeur dans l’aide qu’elle prodigue à ses pairs et à leurs proches pour explorer leurs émotions et apprendre des stratégies très différentes de celles qu’ils appliquaient sur le champ de bataille.
Mme Lachine est maître formatrice du programme de Premiers soins en santé mentale (PSSM) pour la communauté des vétérans de la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC). Elle est également propriétaire de l’entreprise Broadmind, qui se spécialise dans les stratégies de santé mentale.
Bien que les vétérans forment une de ses principales clientèles, le soutien et les formations offerts à leurs amis et à leur famille sont également cruciaux.
« Si on élargit la perspective pour inclure l’entourage de chacun des anciens combattants, le nombre de personnes touchées par le bien-être mental des vétérans s’élève à des millions », souligne-t-elle.
La formation de PSSM pour la communauté des vétérans est conçue pour que ses participants puissent compatir aux expériences vécues par leurs pairs et former un réseau de soutien en ouvrant leurs oreilles et leurs cœurs aux autres. Depuis le lancement du programme, en 2016, grâce à un partenariat entre la CSMC et Anciens Combattants Canada, plus de 3 700 personnes ont suivi les cours en ligne et en personne.
Ce n’est pas pour moi
Chaque fois qu’elle parle du cours, Mme Lachine contredit la croyance selon laquelle la formation de PSSM n’a d’utilité que pour les personnes ayant pris les armes. « Les premiers soins en santé mentale s’adressent à tout le monde. En fait, la formation enseigne des compétences relationnelles, parentales et humaines. Des compétences dont nous avons tous besoin dans notre vie quotidienne. »
« Ce n’est pas pour moi », ce sont les mots que la mère de Mme Lachine a prononcés lorsqu’elle l’a invitée à assister à l’une des séances. « Ma mère a participé à la formation sous le couvert de le faire pour les autres, et non pour elle-même. Mais elle a rapidement compris que c’était faux, puis elle s’est mise à promouvoir ardemment le programme, presque au point d’imprimer des chandails pour le faire connaître. »
Bien que le programme soit offert en plusieurs versions adaptées à des populations précises comme les vétérans, il s’adresse aussi à toute personne souhaitant renforcer les compétences humaines énumérées par Mme Lachine.
Un espace sûr
L’humanité commune est au cœur des séances de formation PSSM réussies, affirme-t-elle. En se rappelant un cours particulièrement émouvant où un vétéran avait confié avoir honte du comportement qu’il avait eu face à ses proches par le passé, Mme Lachine raconte avoir instantanément perçu une étincelle de reconnaissance dans les yeux des autres participants.
« Quand j’ai vu le sentiment de guérison et de validation que ce vétéran a éprouvé lorsque ses pairs ont reconnu son cheminement et raconté leurs propres histoires, j’ai vécu un moment d’illumination », raconte-t-elle.
L’expérience du cours de PSSM pour la communauté des vétérans est particulièrement précieuse parce qu’elle se déroule dans un espace exempt de jugement. Souvent, les participants y rencontrent d’autres personnes ayant traversé les mêmes épreuves ou accompagné quelqu’un qui l’a fait. C’est particulièrement vrai pour les conjoints et conjointes de militaires.
Lors d’une formation donnée à Ottawa, Mme Lachine a diffusé une vidéo présentant un membre des forces armées posté au Rwanda et décrivant les difficultés qu’il a vécues lorsqu’il est rentré à la maison. Tout le monde avait la larme à l’œil en découvrant ce récit auquel tous les conjoints et conjointes s’identifiaient.
« On pouvait presque palper le soulagement des participants pendant qu’ils se laissaient gagner par le sentiment de validation, se rappelle-t-elle. L’union fait la force. Elle aide à briser l’isolement qui accompagne souvent ces difficultés. »
Un besoin de soutien continu
Dans les semaines qui ont suivi le retrait de l’Afghanistan, la communauté des vétérans a souffert.
« Il était tentant de verser dans la futilité. Les nerfs étaient à vif. Plus que jamais, au cours des derniers mois, l’accès à un espace où il est possible d’avoir du chagrin, d’exprimer sa frustration et de trouver un sens collectivement a été la planche de salut de plusieurs », soutient Mme Lachine.
En réaction à ces événements, elle a d’ailleurs modifié sa façon de faire afin de procurer aux participants l’espace dont ils ont besoin pour démêler une palette d’émotions que la plupart d’entre nous peuvent à peine imaginer.
Depuis un siècle, notre compréhension des cicatrices invisibles causées par la guerre s’est approfondie. Le diagnostic brutal de « traumatisme dû aux bombardements » à la suite de la Première Guerre mondiale a évolué vers une notion plus nuancée du spectre de blessures de stress opérationnel.
« Et avec cette connaissance, affirme Mme Lachine, vient la responsabilité de traiter ces blessures avec tous les outils qui sont à notre disposition. »
Alors que pour la plupart des gens, le jour du Souvenir représente une occasion de manifester de la gratitude pour les membres des forces armées canadiennes, il peut également susciter un trop-plein d’émotions.
Si vous connaissez un vétéran ou un membre de sa famille qui pourrait bénéficier d’une formation de PSSM, veuillez suivre ce lien pour en apprendre davantage. Anciens Combattants Canada offre des ressources additionnelles sur la santé mentale.
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