Le VecteurConversations sur la santé mentale
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PSSM m’a enseigné des compétences de vie dont j’avais besoin, mais sans le savoir
Les premiers pas
Dès ma première journée à la Commission de la santé mentale du Canada, tout le monde me faisait l’éloge de la formation sur les Premiers soins en santé mentale (PSSM). Que ce soit à la faveur d’une expérience personnelle ou d’un témoignage d’un ancien participant, il me semblait que chacun connaissait quelqu’un qui avait profité de ce cours.
Ma curiosité était grande lorsque mon tour est venu d’y prendre part. Mais je demeurais sceptique. Comme j’ai rarement le temps d’assister à des séminaires ou à des séances de perfectionnement professionnel, j’avais certaines réserves quant à ce que j’allais retirer de cette expérience. J’ai vite compris que mes doutes étaient infondés.
À l’instar des formations de premiers soins physiques, qui procurent aux apprenants les outils nécessaires pour porter secours à une personne vivant une crise jusqu’à ce qu’une aide professionnelle soit disponible, les PSSM enseignent aux participants à soutenir une personne vivant une crise de santé mentale. Fervent amateur de hockey, je connais l’importance de doter les arénas de défibrillateurs et d’apprendre à les utiliser. Mais les interventions en santé mentale m’étaient inconnues.
Jeter les bases
Le premier des trois modules, offert en apprentissage autodirigé, était accessible sur un portail en ligne. Le premier soir, j’ai ouvert une séance virtuelle et j’ai commencé à parcourir le contenu du cours afin d’acquérir les connaissances de base dont j’aurais besoin pour participer au deuxième module, qui serait donné le lendemain.
Très vite, je me suis rendu compte que j’avais surestimé mes connaissances sur les problèmes de santé mentale, même dans des domaines aussi simples que le langage à employer.
Je ne m’étais jamais arrêté pour réfléchir à la stigmatisation dont étaient empreints les termes que j’utilisais pour décrire le bien-être mental. La formulation « cette personne souffre de dépression », par exemple, me semblait inoffensive. Je n’avais pas compris qu’en les désignant de cette façon, je stigmatisais les personnes vivant avec une maladie mentale. Mais j’ai appris que dans la plupart des cas, un langage centré sur la personne est beaucoup plus respectueux. Au lieu de « cette personne est schizophrène », il est préférable de dire « cette personne vit avec la schizophrénie ». La distinction est fondamentale, car personne ne souhaite être défini par sa maladie.
Prenez une personne ayant des antécédents de consommation de substances. Si on désigne cette personne comme une « ex-toxicomane », nous la réduisons à sa maladie. Il est non seulement moins stigmatisant de dire qu’elle est en rétablissement, mais cela reconnaît également sa dignité.
La première partie du cours m’a permis de découvrir quelques changements simples que je peux apporter (et encourager ma famille et mes amis à apporter eux aussi), qui pourraient mener à une grande transformation des mentalités. Comme pour le hockey, cette transition exige un effort d’équipe, mais maintenant que je connais mon rôle, je suis en mesure de jouer avec confiance et détermination.
Toutefois, l’apprentissage d’un nouveau langage n’était qu’un échauffement.
Une séance en classe
Compte tenu de mes lectures éclairantes lors du volet autodirigé du cours, j’étais préparé à faire une foule de nouveaux apprentissages lors de la séance en classe.
Dès les présentations, j’ai constaté la diversité du petit groupe. Des participants venus d’un océan à l’autre, étudiants aux cycles supérieurs ou employés de sociétés Fortune 500, de tous les horizons, réunis dans un but commun : soutenir la santé mentale des personnes qui nous entourent (ou du moins, être préparé à le faire).
J’ai eu ma première révélation en visionnant un scénario montrant une personne ayant un problème de santé mentale. Nous étions invités à indiquer la réaction que nous aurions dans cette situation. Les propos de l’animateur au sujet de ce scénario ont changé ma façon de voir les choses.
Imaginez un simple spectateur assistant à une partie de hockey. Sa vision est totalement différente du regard affûté d’un entraîneur chevronné. Dans notre cas, notre « entraîneur animateur » a mis en lumière des nuances et des détails qui m’avaient complètement échappé, comme à plusieurs de mes collègues.
Lorsque la personne en détresse dans le scénario gémissait « à quoi bon essayer de continuer? », avec mon oreille de profane, je n’ai entendu qu’une exclamation spontanée. Mais pour un secouriste qualifié en santé mentale, il s’agissait d’un appel à l’aide.
J’étais sidéré.
J’ai commencé à penser à toutes les fois où j’avais entendu cette question sans jamais y prêter attention. Se pouvait-il que j’aie raté quelque chose? Ce genre de phrases (qui peuvent signaler le désespoir) apparaît rarement dans les conversations anodines. Nous avons appris à relever ces messages et à déterminer s’ils sont inoffensifs ou s’il y a matière à s’inquiéter.
J’ai toujours cru que les appels à l’aide de personnes vivant une crise de santé mentale prendraient la forme d’un cri. J’ai découvert qu’au contraire, ils peuvent être chuchotés.
Manifestement, un des moyens les plus efficaces d’aider quelqu’un dans cette situation est d’ouvrir les yeux, d’écouter attentivement et de faire preuve d’empathie.
Des discussions en toute confiance
Après une généreuse pause (et trois pointes de pizza maison), je suis retourné à mon pupitre pour le troisième et dernier module de PSSM.
Alors que les scénarios précédents nous avaient enseigné les signes à repérer et les questions à poser, ceux-ci visaient à nous insuffler la confiance nécessaire pour entamer les conversations difficiles qui s’ensuivent.
Nous avions reçu tout l’équipement requis pour nous rendre à la patinoire; le moment était venu de passer à l’action.
Le rôle d’un secouriste en santé mentale n’est pas de prodiguer des conseils professionnels aux personnes en crise. Il consiste plutôt à faire le lien avec l’aide appropriée. C’est là où la formation prend toute son importance. Comment s’y prend-on pour calmer et réconforter quelqu’un? Parfois, c’est en engageant une de ces conversations qui naissent avant qu’une personne soit prête à demander une aide professionnelle.
La première étape consiste à reconnaître si la personne traverse vraiment une crise et, le cas échéant, à déterminer les gestes à poser. Alors que tous les apprenants étaient en mesure de reconnaître les situations de crise, les solutions que nous avons proposées différaient considérablement de celles de notre encadreur.
Cette fois, la différence n’était pas attribuable à un manque de connaissances. C’est plutôt la confiance qui était en cause.
Je considère que je suis une personne confiante. En fait, tous les participants à la séance me paraissaient confiants à leur manière. Pourtant, aucun d’entre nous n’était préparé à se montrer aussi affirmé dans une situation de crise. L’ultime leçon que nous avons apprise ce jour-là est la distinction entre les situations où il faut faire preuve d’empathie et celles où il faut passer aux actes. Je peux maintenant affirmer sans réserve que je serais beaucoup plus susceptible d’agir de façon appropriée face à une crise, grâce à la confiance nouvellement gagnée et qui est ancrée dans les connaissances.
Veiller à sa propre santé mentale
Si j’ai pu avoir des réserves quant au cours, elles sont chose du passé. Aujourd’hui, je reconnais sa valeur aussi clairement que l’importance de munir les arénas de défibrillateurs.
Cela dit, je ne pourrais conclure sans mentionner un autre grand thème du cours : comment prendre soin de soi-même quand on aide une personne vivant un problème ou une crise de santé mentale. Un des éléments clés des PSSM est l’importance de garder l’œil sur son propre bien-être, de se fixer des limites saines et de veiller à ne pas fléchir sous le fardeau de l’autre personne.
Comme lorsqu’on s’entraîne à un sport, on ne peut pas fournir un effort maximal tous les jours sans prévoir de périodes de repos.
Devenir secouriste en santé mentale ne fera pas de vous un professionnel de la santé mentale, mais cela vous transmettra les connaissances et la confiance nécessaires pour aider une personne dans le besoin, écouter avec un esprit ouvert et intervenir avec empathie. Si cette perspective vous interpelle, vous trouverez de plus amples renseignements, notamment les dates et les heures des formations, ici.
Comme moi, vous découvrirez qu’il n’y a que des avantages à rejoindre cette équipe.
Eric Gronke
Diplômé de la Sprott School of Business de l’Université Carleton, Eric possède une vaste expérience du marketing et des communications dans le monde du sport et du divertissement. Eric est le cofondateur de mssn, une marque dédiée à la collecte de fonds et à la sensibilisation à la santé mentale au bénéfice des jeunes dans la région d’Ottawa.
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