Si vous êtes en état de détresse, veuillez appeler ou texter le 988 n’importe quand. En cas d’urgence, appelez le 9-1-1 ou rendez-vous à votre service d’urgence local.
Le suicide est une tragédie dont les conséquences sont lourdes. Les discussions ouvertes à propos du suicide peuvent aider à réduire la stigmatisation. Si le sujet est traité adéquatement, les personnes qui publient des billets ou des articles à propos du suicide peuvent améliorer les connaissances de la population en matière de santé mentale et changer le discours ambiant. Toutefois, les reportages peuvent également causer des préjudices s’ils sont réalisés de façon inappropriée, et ce, même si le contenu est produit avec de bonnes intentions. À l’intention des personnes qui rédigent, commentent ou diffusent des publications à propos du suicide, la Commission de la santé mentale du Canada a compilé cette liste de vérification pour aider les salles de nouvelles, les influenceurs et toute personne traitant du suicide à couvrir ce sujet de façon sécuritaire et responsable.
Pourquoi? Ces connaissances peuvent influencer votre couverture du suicide. La recherche montre que des augmentations du taux de suicide en pourcentage à deux chiffres peuvent survenir après le décès d’une personnalité connue. Les reportages médiatiques sur les décès par suicide en général sont aussi souvent suivis par une hausse des suicides. Ce phénomène est attribuable à l’imitation et à l’apprentissage social, par lesquels certaines personnes reproduisent le comportement d’individus auxquels elles se sentent liées. Il s’agit d’un problème de santé publique étayé par des preuves solides, (en anglais seulement) particulièrement lorsque le décès rapporté est celui d’une figure publique importante à laquelle d’autres personnes s’identifient et qu’elles admirent.
En savoir plus : En-tête : Reportage et santé mentale, chapitre 6.
Pourquoi? La plupart des suicides surviennent en lien avec des maladies mentales traitables, alors qu’un petit nombre se produit dans le contexte d’une crise émotionnelle, en l’absence de maladie mentale. Par conséquent, le suicide est évitable, et les personnes à risque doivent être dirigées vers des ressources de crise.
En savoir plus : 988 : Ligne d’aide en cas de crise de suicide.
Pourquoi? L’imitation de suicide peut se produire lorsque du contenu explicatif est involontairement dévoilé dans les reportages médiatiques. Pour cette raison, l’exposition des méthodes de suicide est fortement déconseillée; aucune description détaillée ne doit être présentée.
En savoir plus : En-tête : Reportage et santé mentale, chapitre 6.
Pourquoi? Les lettres de suicide renferment souvent du contenu contraire aux recommandations énoncées dans ce document, notamment la glorification de l’acte, la propagation de vues simplistes ou de mythes au sujet du suicide et la présentation du suicide comme une solution rationnelle ou acceptable aux problèmes. Les détails contenus dans les lettres de suicide peuvent également identifier la personne décédée, ce qui peut accroître le risque d’imitation.
En savoir plus : Organisation mondiale de la Santé : Preventing suicide: a resource for media professionals (en anglais)
Pourquoi? Même si cette pratique peut être inhabituelle pour les organes de presse, elle peut être bénéfique dans certains cas en raison du degré élevé de sensibilité des contenus et pour permettre aux professionnels des médias d’évaluer les effets potentiels de leurs publications sur les familles endeuillées.
En savoir plus : Partagez votre récit de façon sécuritaire.
Pourquoi? La glorification du suicide peut contribuer à l’effet de contagion ou présenter le suicide comme une solution rationnelle ou culturellement encouragée aux problèmes; dans les pires cas, elle peut élever l’individu décédé au rang de héros. Il est dangereux d’idéaliser le suicide, car cela pourrait rendre les personnes à risque plus susceptibles de faire une tentative de suicide.
En savoir plus :
Pourquoi? Les mots « commettre » et « commis » évoquent la notion ancienne (et erronée) selon laquelle le suicide serait immoral ou criminel, plutôt qu’un problème de santé publique. Ils peuvent provoquer des sentiments de honte et de stigmatisation chez les personnes traversant une crise suicidaire et chez leurs proches. Pire, ce langage peut dissuader les personnes en détresse de demander de l’aide. Au Canada, le suicide a été décriminalisé en 1972, et le langage que nous employons devrait refléter cette réalité.
Le saviez-vous? L’écrivaine torontoise Doris Sommer-Rotenberg est l’une des premières à avoir sonné l’alerte en ce qui concerne le rôle que joue le langage dans notre perception du suicide. En effet, dans un numéro de 1998 du Canadian Medical Association Journal, elle dénonçait l’utilisation de l’expression « commettre un suicide ». Poussée par le désir de « garder vivante la vitalité » de son fils, un médecin d’une trentaine d’années décédé par suicide, ainsi que par la volonté d’aider à prévenir de pareilles tragédies, elle a participé à lancer un mouvement visant à réformer le langage du suicide.
En savoir plus : Le choix des mots est important : une série.
Pourquoi? L’apprentissage social – à savoir l’apprentissage par l’observation des comportements des autres – s’applique autant aux décès qu’à la survie. La recherche révèle que les reportages médiatiques présentant des personnes surmontant une crise suicidaire sont souvent suivis d’une diminution du nombre de suicides. Les notions d’espoir, de résilience, de sens et de connexion en général peuvent aussi offrir des facteurs de protection et de prévention pour les personnes à risque de suicide. La diffusion de ces récits et de ces notions est importante en elle-même et pour étoffer le contexte dans les cas où un décès par suicide est jugé digne d’une couverture médiatique.
Exemple : La ressource de l’Association canadienne pour la prévention du suicide, Promoting Hope and Resiliency (en anglais), propose trois grands concepts à incorporer aux articles : l’espoir, le soutien et la guérison.
En savoir plus : Le Cadre du continuum du mieux-être mental des Premières Nations – mis au point par la Thunderbird Partnership Foundation avec des partenaires autochtones et non autochtones, dont Santé Canada – souligne que de nombreux modes de connaissance autochtones reposent sur l’espoir, le sens, le sentiment d’appartenance et la raison d’être.
Fateema Sayani, qui a dirigé des salles de nouvelles et des projets éditoriaux pendant plus de vingt ans, et a œuvré comme journaliste, rédactrice en chef, éditorialiste et vérificatrice de faits. Elle est rédactrice en chef du Vecteur, le magazine de la Commission de la santé mentale du Canada, qui met en avant les voix des personnes ayant une expérience vécue des problèmes de santé mentale. Elle a valu au magazine quatre prix aux Canadian Online Publishing Awards et est survivante d’une perte par suicide.
Christine Sismondo, Ph. D., est historienne et s’intéresse aux questions sociales. Son travail est régulièrement publié dans le Globe and Mail et le Toronto Star. Elle a remporté un Prix du magazine canadien et un prix aux Canadian Online Publishing Award, en plus d’avoir signé plusieurs livres.
Mark Sinyor, (en anglais seulement) professeur adjoint de psychiatrie à l’Université de Toronto, psychiatre traitant au Centre des sciences de la santé Sunnybrook et vice-président de l’Association internationale pour la prévention du suicide (IASP). M. Sinyor dirige l’initiative de « Partenariats pour la vie » de l’IASP, qui vise à promouvoir les stratégies nationales de prévention du suicide partout en Amérique. Ses recherches portent principalement sur la prévention du suicide au niveau de la santé publique et dans les milieux cliniques, et il s’intéresse particulièrement à la littératie en santé mentale ainsi qu’à la transmission d’habiletés de vie et de stratégies d’adaptation aux jeunes.
Jessica Ward-King, B. Sc., Ph. D., alias StigmaCrusher (ou pourfendeuse de préjugés), est une militante de la santé mentale et une conférencière qui possède un rare bagage d’expertise universitaire et d’expérience vécue. Détentrice d’un doctorat en psychologie expérimentale et dotée d’une connaissance de première main du trouble bipolaire, elle est à la fois fortement instruite et, comme elle aime à le dire, fortement médicamentée. D’une intelligence redoutable, elle s’attaque à la stigmatisation liée à la santé mentale depuis 2010 en publiant du contenu en ligne et des articles dans Le Vecteur, le magazine de la Commission de la santé mentale du Canada.