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Des personnes ayant vécu des problèmes de santé mentale ou des maladies mentales d’un peu partout au Canada ont contribué au projet Le soutien par les pairs : une nécessité en partageant leur expérience du soutien par les pairs durant leur parcours de rétablissement. Il s’agit notamment de francophones du Québec et du Nouveau-Brunswick; de jeunes se rétablissant d’un premier épisode psychotique à Halifax; de représentants des Premières Nations, des Métis et des Inuits du centre de Toronto et du nord de la ColombieBritannique; et de femmes schizophrènes hébergées dans des centres de crise dirigés par les pairs.
Plus de 600 personnes de partout au Canada ont participé aux groupes de discussion et aux entrevues, sans compter les 220 commentaires recueillis dans les questionnaires écrits et électroniques.
Toutes ces personnes ayant vécu des problèmes de santé mentale ou des maladies mentales ont travaillé ensemble pour produire ce rapport. Nous souhaitons partager avec la Commission de la santé mentale du Canada (la Commission) et tous les Canadiens – qui comptent sur le leadership de cette dernière – nos expériences du soutien par les pairs, afin de décrire cette approche, d’en promouvoir l’efficacité et de recommander à la Commission des façons de collaborer avec nous à son développement.
Nous avons également examiné des travaux de recherche canadiens et internationaux, des énoncés de politiques gouvernementales, des rapports d’évaluation et d’autres documents de la littérature grise. Ce rapport présente ce que nous avons entendu et appris de plusieurs personnes et sources d’information.
Le soutien par les pairs fonctionne et est efficace.
L’entraide entre personnes ayant un problème de santé mentale ou une maladie mentale comporte de nombreux avantages. Nous avons constaté que le développement de ressources personnelles et le renforcement de la confiance en soi – bases du soutien par les pairs – permettent non seulement d’améliorer la qualité de vie, mais également de réduire le recours au système officiel de santé mentale et aux services médicaux et sociaux. Par le fait même, le soutien par les pairs permet de réaliser des économies.
La recherche canadienne a contribué de manière significative à notre base de connaissances, et plusieurs études expérimentales et quasi expérimentales ont révélé les avantages du soutien par les pairs non seulement pour les personnes en cause, mais aussi pour le système de santé mentale et les communautés dans leur ensemble. Le soutien par les pairs permet d’économiser des millions de dollars pour les contribuables en réduisant l’utilisation des services les plus coûteux.
La clé du succès des programmes de soutien par les pairs, qu’ils soient indépendants ou intégrés à des organismes de santé mentale traditionnels, est de rester fidèle à ses valeurs et à ses caractéristiques uniques, tout en bénéficiant d’un financement et d’un soutien adéquats afin de gérer des programmes efficaces. La recherche démontre que le fonctionnement et les valeurs du soutien par les pairs—telles que le rétablissement, l’appropriation du pouvoir, l’espoir – aident les individus à acquérir les compétences nécessaires pour prendre leur vie en main et contribuent à améliorer les services de santé mentale afin de renforcer le processus de rétablissement.
Les organismes et les professionnels de la santé mentale sont d’importants partenaires de la croissance continue du soutien par les pairs au Canada. Son développement a été stimulé par les principes du rétablissement, que les décideurs et les pourvoyeurs de services ont intégrés aux politiques de santé mentale dans plusieurs régions du monde. Peu importe la forme de cette approche (p. ex. les groupes d’entraide, le soutien individuel, les activités sociales, la sensibilisation au rétablissement, les entreprises d’économie sociale ou la défense des droits), plusieurs parties prenantes ont intérêt à s’assurer que plus de personnes prennent conscience de l’existence du soutien par les pairs, qu’elles y soient aiguillées et en bénéficient.
Alors que le soutien par les pairs peut être mis en place à peu de frais – si ce n’est pour couvrir le coût des rafraîchissements servis—dans des groupes d’entraide de centres communautaires, des groupes religieux ou des services de santé mentale, le gouvernement doit continuer d’investir dans ces services. Même si ces montants sont de plus en plus petits, ils n’en demeurent pas moins essentiels. Le leadership du gouvernement et des champions de la santé mentale et d’autres secteurs peut considérablement accroître l’accessibilité de cette approche fondée sur des données probantes, que ce soit pour les spécialistes du soutien par les pairs qui soutiennent les patients quittant l’hôpital, pour les services gérés par les usagers ou pour les entreprises alternatives dotés de budgets de plusieurs millions de dollars.
La recherche et les expériences vécues par certains participants du soutien par les pairs révèlent des progrès remarquables dans la vie des gens, même avec des investissements relativement modestes. Cependant, il y a encore de nombreux défis à relever pour assurer la viabilité et la croissance du soutien par les pairs.
D’une province à l’autre, cette croissance est inégale sur le plan des lois, des politiques, du financement, du développement et de la prestation. L’Ontario, la Colombie-Britannique, le Nouveau-Brunswick et le Québec semblent être les plus avancés en la matière, mais ces provinces ont encore beaucoup de chemin à faire. Bien que la recherche montre que des personnes issues de divers milieux peuvent bénéficier du soutien par les pairs, il semble que les participants blancs d’âge moyen et citadins y soient majoritairement représentés. Les répondants autochtones ont mentionné qu’ils utilisaient leurs propres services d’aide, équivalents au soutien par les pairs, mais que ceux-ci n’étaient ni reconnus ni financés par le gouvernement et les organismes de services traditionnels.
Il faut investir davantage dans la formation offerte par les pairs et axée sur les valeurs de ce mouvement. Cela permettrait d’augmenter le nombre de personnes qui sont à l’aise de travailler en tant que pair aidant, en contrepartie d’un salaire décent, d’installations de travail adéquates et de régimes souples de prestations d’invalidité.
La plupart des répondants ont convenu que le soutien par les pairs doit continuer à se développer tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du système traditionnel de santé mentale. Les organismes indépendants opérés par des pairs ont besoin d’appui politique, financier et administratif pour créer et maintenir des infrastructures solides. Il faut également entretenir de bonnes relations professionnelles avec les pourvoyeurs de services traditionnels en favorisant une communication efficace et en collaborant ouvertement malgré les différences.
L’augmentation du nombre de travailleurs et de services de soutien par les pairs au sein du système de santé mentale traditionnel peut aider à établir des relations professionnelles positives entre des collègues issus des structures indépendante et traditionnelle. Les répondants ont toutefois indiqué que les défis inhérents à cette croissance ne devaient pas être ignorés. Dans les organisations traditionnelles des services de santé mentale, souvent très bureaucratisées, les pairs sont souvent considérés comme de simples « pièces rapportées » et où leurs valeurs peuvent se retrouver dissoutes. Certains pairs aidants peuvent se sentir en position d’infériorité par rapport aux professionnels, qui ne comprennent pas toujours la valeur de leur travail. Le véritable défi consiste en la transformation continue du système et en la formation des professionnels en vue d’acquérir des compétences pour travailler dans un esprit de partenariat au sein d’environnements non opprimants et fournir des services axés sur le rétablissement.
Les organismes et les fournisseurs de services de soutien par les pairs font également face à des changements à mesure que nos valeurs et programmes sont intégrés au système traditionnel. Nous devrons continuer de travailler pour créer nos propres groupes et services, reconnaître les pairs qui ont été exclus de notre mouvement et leur tendre la main pour travailler équitablement avec eux, et traiter avec les systèmes de services au sein desquels, beaucoup d’entre nous, ont vécu des expériences négatives ou coercitives. Des compétences en leadership, évaluation, recherche et défense des droits sont nécessaires afin de contribuer à ce processus, sans oublier la capacité de garder espoir à l’heure où la pression exercée sur le système de soins de santé augmente.
Une recherche solide et croissante basée sur des données probantes démontre que le soutien par les pairs est associé à :
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