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Accueil › Ressources › Une main-d’oeuvre en quête d’emploi : Emploi et revenus pour les personnes atteintes de maladies mentales graves
Au Canada, un nombre disproportionné de personnes aux prises avec de graves maladies mentales sont sans emploi ou ne participent pas à la population active. Par ailleurs, le nombre de personnes ayant une maladie mentale qui se tournent vers les programmes de soutien du revenu est à la hausse. Beaucoup de nos modes actuels de réflexion sur la capacité de travail des personnes atteintes de maladies mentales s’avèrent inefficaces et il en va de même pour les solutions proposées à ce problème. Des forces systémiques contribuent à marginaliser des personnes qui auraient pourtant les compétences et l’expertise pour contribuer à l’économie et à la main-d’œuvre canadiennes. Il est urgent de développer un programme national d’action pour mettre fin à cette situation. Il existe des moyens efficaces d’accroître l’emploi. On peut donc trouver des solutions à ce problème. On ne doit cependant pas compter sur une recette miracle mais plutôt sur un ensemble de solutions pour s’y attaquer efficacement.
En septembre 2009, la Commission de la santé mentale du Canada a mandaté le Centre de toxicomanie et de santé mentale d’entreprendre le projet « Revenus durables et emploi pour personnes sans emploi », en collaboration avec des chercheurs de l’Université de Toronto et de l’Université Queen’s. Ce projet a pour but de cerner les pratiques existantes et novatrices pouvant aider les personnes atteintes de maladies mentales graves à trouver et conserver un emploi ou un revenu durable.
L’expression « personnes sans emploi » désigne celles qui n’ont pas été en mesure d’entrer sur le marché du travail à cause de la maladie mentale, qui font partie de la main-d’œuvre par intermittence en raison de d’épisodes de maladies ou qui souhaitent réintégrer la population active après une longue maladie. Tout comme le reste de la population canadienne, ces personnes ont une expérience et une identité propres. Elles viennent de toutes les régions du pays et sont issues de tous les groupes culturels et linguistiques. Et comme tous les autres Canadiens, elles aspirent à un emploi et à un revenu stable.
Le taux de chômage est élevé parmi les Canadiens ayant un trouble mental. Le projet « Revenus durables et emploi pour personnes sans emploi » est fondé sur le principe que l’accès au travail et au soutien du revenu sont étroitement liés du point de vue des personnes atteintes d’une grave maladie mentale. Les études démontrent que l’on peut élargir l’accès au travail grâce à des programmes de soutien à l’emploi. Souvent assuré par des professionnels de la santé mentale, le soutien à l’emploi vient en aide aux personnes qui souhaitent décrocher un emploi qui les intéresse. Ils continuent à profiter de cet appui une fois au travail.
Les prestations d’invalidité versées par divers gouvernements (fédéral, provinciaux et territoriaux) et par des sociétés privées ont aussi leur importance car de nombreuses personnes à la recherche d’un travail ne peuvent occuper un emploi à plein temps et, souvent, doivent avoir recours de façon répétée au soutien du revenu étant donné la nature épisodique de leurs troubles mentaux. Il importe de mettre au point des programmes souples et bien arrimés les uns aux autres pour faire en sorte que ces personnes puissent recevoir un revenu de subsistance sous une forme ou une autre, qu’il s’agisse de prestations d’invalidité, d’un salaire ou de ces deux sources en même temps.
L’intégration au marché du travail a souvent un effet en toile d’araignée sur le soutien financier et les autres formes de soutien. Lorsque les personnes commencent à travailler, leurs prestations du soutien du revenu peuvent être réduites et elles peuvent perdre leurs prestations pour soins de santé. Si elles participent à un programme du loyer indexé sur le revenu ou si elles reçoivent des subventions locatives, il se peut que leur loyer augmente. Si ces personnes doivent cesser de travailler, il leur faudra peut-être attendre longtemps avant que les changements entraînés par le travail ne soient annulés, ce qui accroît le risque d’itinérance ou d’autres situations précaires.
• Jusqu’à 90 % des Canadiens atteints de maladies mentales graves sont au chômage.
• Les compétences et les talents des personnes atteintes de maladies mentales graves ne sont souvent pas reconnus; leur contribution potentielle à la vie économique et sociale est donc mal exploitée.
• Les obstacles à l’emploi pour les personnes atteintes d’une grave maladie mentale comprennent la stigmatisation et la discrimination, les politiques de sécurité du revenu qui pénalisent (ou ne récompensent pas suffisamment) les personnes qui trouvent un emploi et l’insuffisance du soutien durable pour favoriser le retour et le maintien au travail.
• Des études expérimentales avec randomisation ont révélé que les personnes atteintes de maladie mentale qui ont un emploi utilisent beaucoup moins les services de santé que les personnes sans emploi.
• Les dépenses pour le soutien du revenu se chiffrent annuellement à 28,8 milliards de dollars.
• Favoriser l’emploi réduirait considérablement ces coûts.
• Le manque de travail a été associé à l’instabilité psychologique et au stress, à la faible estime de soi, aux conflits relationnels, à la toxicomanie et à d’autres troubles mentaux plus graves.
• Chez les chômeurs, le risque de décès par suicide pourrait être deux fois, voire trois fois, plus élevé que dans le reste de la population.
• Les usagers, les familles et les cliniciens en santé mentale peuvent témoigner de l’impact de l’emploi sur la santé et le bien-être.
Des formes appropriées de soutien à l’emploi – Les mesures ne se valent pas toutes. Les études montrent que les modèles qui privilégient le placement rapide en emploi suivi d’une aide à long terme pour assurer le maintien en emploi sont plus efficaces et plus économiques que la formation professionnelle. Le soutien à l’emploi est un nouveau modèle de placement rapide en emploi qui s’est avéré très efficace.
Solutions de rechange en matière d’emploi – Les entreprises à vocation sociale ont de solides antécédents de création d’emplois valorisants pour les personnes ayant une maladie mentale. Ces entreprises sont souvent détenues et exploitées par des usagers des services de santé mentale.
Des mesures incitatives appropriées – On peut promouvoir l’autonomie grâce à des programmes gouvernementaux bien conçus. Les prestataires de l’aide sociale et de soutien à l’invalidité ne devraient pas faire l’objet de mesures dissuasives qui les pénalisent si elles trouvent du travail. Il faut que le travail offre un avantage du point de vue économique.
Une information utile – Les personnes atteintes de maladie mentale qui veulent travailler ont une meilleure chance de réussir si elles connaissent leurs droits et si elles savent obtenir les appuis nécessaires dans leur milieu de travail.
Un changement radical pour éradiquer la stigmatisation à l’endroit des personnes ayant de graves maladies mentales
Nous devons redéfinir les caractéristiques de ce groupe et admettre que, lorsque les conditions voulues sont réunies, les personnes ayant de graves maladies mentales sont en mesure de travailler, ont la volonté de travailler et ont les compétences et les connaissances pour contribuer à la vie économique et au marché du travail.
Collaboration entre différents secteurs
Puisque la question à l’étude concerne plusieurs ministères et plusieurs partenaires et acteurs, l’importance des partenariats et de la coordination fait partie intégrante du processus visant à accroître la participation des personnes ayant une maladie mentale au marché du travail. Les gouvernements fédéral et provinciaux, les pourvoyeurs de services de santé mentale, les organismes des communautés, les employeurs de même que les personnes ayant une maladie mentale elles-mêmes doivent unir leurs efforts pour aller de l’avant.
Élimination des obstacles qui empêchent le retour au travail
Les systèmes actuels de soutien du revenu créent des obstacles qui nuisent au retour au travail. Les prestataires du soutien pour invalidité craignent d’abandonner cette forme d’aide. Lorsqu’une personne commence à travailler, sa situation financière peut devenir précaire, voire s’aggraver. Il faut mettre en œuvre des mesures adéquates pour favoriser le retour au travail en maintenant le soutien pour invalidité à titre de filet de sécurité. Il faut également rendre plus accessibles les renseignements sur les avantages postérieurs à l’emploi offerts par le biais des programmes de soutien du revenu en cas d’invalidité.
Utiliser les meilleures pratiques existantes tout en continuant à innover
Les pratiques exemplaires existent et nous devrions les utiliser. Nous savons que le soutien en emploi est efficace et que les entreprises à vocation sociale atteignent leur but mais ces mesures ne sont pas ouvertes à tous et elles ont besoin d’un financement accru et stable. Il faut prendre l’engagement d’investir dans l’élaboration et l’essai de nouvelles approches.
Intervention précoce
Plus l’arrêt de travail se prolonge, plus le retour est difficile. Il faut intervenir avant l’arrêt de travail ou au début de la maladie par des mesures de soutien appropriées afin d’éviter le prolongement des arrêts de travail et pour encourager le perfectionnement professionnel.
Augmenter la capacité du système
Par rapport aux autres pays de l’OCDE, le Canada se classe 27e parmi les 29 pays étudiés en matière de dépenses publiques pour les mesures relatives à l’invalidité et avantdernier en ce qui a trait à la rémunération et les prestations versées. Les réformes exigeront des ressources et un financement supplémentaires afin d’accroître efficacement la participation à la population active. Bien sûr, cela contribuera à la réussite et au bien-être des personnes ayant une maladie mentale. Mais l’affectation de ressources à diverses mesures de soutien à l’emploi est aussi un investissement rentable.
Usagers bien informés
L’étude du projet Revenus durables et emploi pour personnes sans emploi vise à informer les usagers pour qu’ils connaissent bien le contexte et qu’ils aient recours à des stratégies d’autogestion pour assurer leur réussite sur le marché du travail. Nous reconnaissons que cette réussite dépend de la participation de l’employé autant que de celle de l’employeur. Les interventions mises en lumière dans le cadre du projet tiennent compte des besoins de ces deux parties.
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