Si vous êtes en état de détresse, veuillez appeler ou texter le 988 n’importe quand. En cas d’urgence, appelez le 9-1-1 ou rendez-vous à votre service d’urgence local.

Le VecteurConversations sur la santé mentale

L’abandon de l’expression « commettre un suicide » va au-delà de la sémantique.

Cet article fait partie de la série intitulée Le choix des mots est important dans Le Vecteur.

Les vieilles expressions peuvent parfois nous prendre par surprise. Cela peut être évident, comme dans le cas d’une insulte raciale. Mais cela peut aussi être plus subtil, comme lorsqu’on réalise soudainement qu’on n’a pas entendu une expression depuis un certain temps. Pour de nombreuses personnes, les expressions entourant le suicide sont plutôt susceptibles d’appartenir à la deuxième catégorie.

Il y a quelques années encore, il était courant d’entendre dire qu’une personne avait « commis un suicide » après avoir mis fin à ses jours. L’expression était omniprésente dans toutes les formes de médias et dans les conversations quotidiennes. Puis, un changement de paradigme a commencé à se produire. De plus en plus de personnes, qu’il s’agisse de professionnels de la santé, de journalistes ou de personnes ayant un savoir expérientiel passé et présent de la maladie mentale, ont plutôt adopté l’expression « décès par suicide ».

Qu’est-ce qui distingue ces expressions?
La troisième édition du guide En-tête : reportage et santé mentale offre l’une des meilleures raisons justifiant ce changement : « Ne dites pas qu’une personne a “commis un suicide”. Cette expression dépassée, liant le suicide à un geste illégal ou à un échec moral, risque de blesser encore davantage les proches, et de rendre la tâche plus difficile à ceux qui auraient besoin d’aide. »

Talking Illustration

Le terme « commettre » est le plus souvent associé à une sorte de crime. Par exemple, nous utilisons encore régulièrement les expressions « une personne a commis un meurtre » après un homicide, ou « une personne a commis une fraude » après une escroquerie. Ces expressions laissent entendre un mépris des règles de droit et des normes morales ou éthiques tout en portant un jugement sur les actions entreprises.

Quand on parle de suicide, de telles insinuations n’ont pas leur place. Le suicide peut être évité grâce à des interventions appropriées. Mais, si admettre ses pensées suicidaires sous-entend avouer un crime, il n’est pas difficile d’imaginer pourquoi une personne pourrait hésiter à demander de l’aide. Si l’on tient compte des sentiments de dévalorisation et de désespoir qui se manifestent souvent de pair avec les pensées suicidaires, bien peser ses mots devient un enjeu encore plus important.

Ainsi, certaines personnes sont laissées pour compte. On estime le nombre de personnes touchées par un suicide à environ 135, dont 7 à 10 de manière très profonde. L’utilisation d’expressions dépassées peut donc compliquer davantage le processus de deuil en y ajoutant une stigmatisation inutile.

En revanche, dire ou écrire que quelqu’un est « décédé par suicide » permet de considérer le décès comme une perte plutôt qu’un crime. Il s’agit d’une occasion de remplacer la condamnation par la compassion, et de transformer la stigmatisation en soutien.

Pour une personne qui est aux prises avec ses propres pensées suicidaires ou le décès d’un être cher, garder le silence ou s’exprimer peut faire toute la différence.

Un nouvel espoir à l’horizon
D’ici la fin de l’année 2023, le Canada devrait lancer un numéro de téléphone à trois chiffres pour la prévention du suicide. Lorsqu’une personne composera le 988 ou enverra un texto à ce numéro à partir de n’importe quel endroit au Canada, elle sera mise en relation avec un service gratuit de prévention du suicide ou de crise de santé mentale. Selon les experts, ce numéro national permettra de réduire non seulement la stigmatisation associée à la demande d’aide, mais également le temps nécessaire à la mémorisation ou à la recherche d’un numéro d’urgence. Lorsqu’il s’agit de prévenir le suicide, chaque seconde compte.

Le saviez-vous?

  • Il n’est pas toujours facile de reconnaître une personne ayant des pensées suicidaires. Il peut être utile de connaître les signes précurseurs pour savoir comment et quand offrir un soutien approprié.
  • Demander à une personne si elle songe au suicide n’augmentera pas la probabilité du passage à l’acte. En fait, sur le coup, faire part de son inquiétude peut être un moyen utile d’établir un lien social et de promouvoir l’espoir.
  • Il suffit souvent de supprimer ou de restreindre l’accès à des éléments tels que les armes à feu et les médicaments sur ordonnance pour prévenir le suicide. Ce type de restriction de l’accès aux méthodes de suicide est efficace pour prévenir le suicide, car de nombreuses personnes ne chercheront pas d’autres solutions.

Ressources
Si vous ou une personne que vous connaissez êtes en situation de danger immédiat, appelez le 911.

Auteure: est rédactrice à la Commission de la santé mentale du Canada.

Amber St. Louis

Les points de vue et les opinions exprimés dans cet article appartiennent uniquement à l’auteur(e) et ne représentent pas nécessairement les politiques officielles de la Commission de la santé mentale du Canada.

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