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Comment prendre des décisions durables
Dans une récente entrevue avec le Dr Keith Dobson, psychologue et ancien président de l’Association canadienne des thérapies cognitives et comportementales, la CSMC lui a demandé pourquoi nous échouons presque toujours à respecter nos résolutions du Nouvel An et de quelle manière nous pouvons apporter des changements significatifs à nos habitudes de vie. Si nous n’en sommes qu’à la début février et que vos meilleurs plans ont déjà échoué, ne vous découragez pas. Nous avons des trucs et des astuces pour vous aider à revenir sur le droit chemin et apporter des changements significatifs à votre vie.
CSMC : Est-il vrai que la majorité des résolutions du Nouvel An se terminent par un échec?
Dr Dobson : J’ai entendu dire qu’environ 10 % seulement des résolutions du Nouvel An engendrent des résultats ne serait-ce que partiellement positifs. Cela signifie que 90 % d’entre nous manquent leur coup!
CSMC : Nous sommes donc loin d’être seuls si nos résolutions de faire plus d’exercice ou de s’adonner à la méditation prennent le bord. Mais existe-t-il des moyens d’apporter des changements durables à notre vie?
Dr Dobson : Il existe bien certains principes fondamentaux pour changer son comportement, ce qui n’est jamais facile à faire. La première chose à faire, c’est de vous assurer que le changement que vous souhaitez apporter cadre avec vos valeurs et vos principes. Par exemple, si vous n’avez jamais été quelqu’un d’ordonné, cet objectif n’est probablement pas prioritaire pour vous. Si vous prenez la résolution de devenir plus ordonné parce qu’une autre personne dit qu’il s’agit d’un objectif louable, vous avez peu de chances d’y parvenir puisque cette motivation ne vient pas de vous.
CSMC : Nous devons nous fixer un but qui est important pour nous. Case cochée! Que devons-nous faire d’autre pour parvenir à modifier notre comportement?
Dr Dobson : Il faut être réaliste quant au temps et aux ressources nécessaires pour induire ce changement. Si vous décidez de prendre une heure par jour pour méditer, cela peut signifier que vous devez mettre d’autres tâches de côté. Cette résolution peut aussi impliquer de devoir trouver quelqu’un pour s’occuper des enfants pendant qu’on médite ou de modifier notre horaire. Par conséquent, si vous voulez atteindre votre objectif, vous devez y réfléchir et vous assurer que votre but est réaliste. Vous avez aussi plus de chances de réussir si vous commencez par des séances de deux ou de cinq minutes, trois fois par semaine, et que vous augmentez graduellement la durée des séances jusqu’à une heure (ou la durée qui vous convient).
CSMC : Quels autres pièges devons-nous éviter pour réussir à modifier notre comportement?
Dr Dobson : Trop souvent, les gens prennent des résolutions à propos de choses sur lesquelles ils n’ont pas le contrôle. J’entends souvent, par exemple, « Je veux mieux communiquer dans ma relation amoureuse ». Le problème, c’est que la communication, c’est quelque chose qui se fait dans les deux sens. Donc à moins que la personne avec qui vous souhaitez communiquer soit aussi résolue à y parvenir que vous, vous êtes pratiquement sûr d’échouer.
CSMC : Vous nous avez parlé des choses à ne pas faire. Mais qu’en est-il de ce qu’il faut faire? Comment pouvons-nous briser le cycle des résolutions inutiles et faire de 2020 une année de réel changement?
Dr Dobson : L’une des approches que je préfère est tirée de la formation L’Esprit au travail de la CSMC. Elle est axée sur les objectifs « SMART » — c’est-à-dire des objectifs spécifiques, mesurables, atteignables, réalistes et temporels. Une autre excellente approche véhiculée par la CSMC, en particulier pour les personnes qui vivent de l’anxiété ou qui ont vécu des traumatismes, est celle de S’aider soi-même. Dans les deux cas, le principe de base consiste à éviter de se fixer des objectifs trop vastes, comme « Je veux tenir un journal pour venir à bout de mes pensées négatives ». Il vaut mieux diviser un objectif en plusieurs petites étapes : « Je veux consacrer cinq ou dix minutes par jour à l’écriture », par exemple, ou alors, « Je veux écrire cent ou deux cents mots par jour ». Pensez à ce que vous aurez accompli au bout d’une année si vous réussissez à atteindre ces plus petits objectifs. Ça prend vite des proportions impressionnantes!
CSMC : Pourquoi avoir de plus petits objectifs est-il plus efficace que d’en avoir un seul plus important?
Dr Dobson : En se fixant des objectifs plus faciles à atteindre, on peut célébrer chacune des étapes franchies pour parvenir à notre objectif ultime. On peut donc se féliciter soi-même plus souvent et demeurer motivé. Si votre objectif est d’apprendre à jouer d’un instrument, vous n’y parviendrez pas en un jour. Malcolm Gladwell l’expliquait à merveille dans son livre Outliers : « Ça prend 10 000 heures pour devenir un expert de quoi que ce soit que l’on entreprend ». Il vaut donc mieux commencer doucement et avancer en fonction de nos progrès.
CSMC : À quoi devrions-nous faire attention lorsque nous souhaitons modifier notre comportement?
Dr Dobson : Je répète souvent aux gens qu’une résolution, ce n’est pas la même chose qu’un souhait. Même si vous désirez quelque chose de toutes vos forces, si vous n’êtes pas déterminé à faire ce qu’il faut pour l’obtenir, ça n’arrivera pas comme par magie.
CSMC : Merci, Dr Dobson. Pouvez-vous nous faire un bref récapitulatif?
Dr Dobson : Prenez des résolutions qui correspondent à ce qui est le plus important pour vous. Assurez-vous que ce sont des choses sur lesquelles vous avez le contrôle, et que vous disposez du temps et des ressources nécessaires pour y arriver. Fixez-vous des objectifs plus réalistes et accordez-leur le temps nécessaire. Vous devez être déterminé à y parvenir, pas seulement le désirer.
CSMC : Si cette entrevue vous incite à vous fixer des objectifs réalistes, envoyez-nous un tweet et dites-nous comment vous comptez y parvenir! #2020smallsteps
Suzanne Westover
Une écrivaine d’Ottawa, ancienne rédactrice de discours et gestionnaire des communications à la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC). Casanière, toujours le nez dans un livre, elle prépare un excellent pain au citron (certains diraient qu’elle fait des merveilles en un seul mets) et aime regarder des films avec son époux et sa fille de 11 ans. Le temps que Suzanne a passé à la CSMC a renforcé son intérêt envers la santé mentale, et elle continue d’apprendre toute sa vie sur le sujet.
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