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Le VecteurConversations sur la santé mentale

La CSMC intervient en proposant une ressource pour aider les parents à soutenir le retour à l’école de leurs enfants.

Mon téléphone sonna. Puis, s’en suit un message texte. C’était un lundi matin et mon amie « Sarah » devait être au travail. C’est bizarre, ai-je pensé.

« Hé, tout va bien? », lui ai-je demandé quand je repris mes esprits.

Silence. Une toux. Puis, après d’interminables moments, « une attente » déstabilisante. Une autre toux grinçante, à gorge profonde. Suivie par un sanglot. « Julia a la COVID. » Une pause. « Je suis sûre que nous l’avons tous aussi. » À entendre sa voix, elle semblait tellement malade, étais-je surprise. Son mari et elle ont tous deux reçu leurs deux doses de vaccin. J’ai essayé d’imaginer à quel point ils pourraient se sentir mal s’ils n’étaient pas vaccinés.

Puis, voici dévoilée toute l’histoire, comme mise à nu par des dominos tombant les uns après les autres. Julia a eu de la fièvre un vendredi soir à la mi-septembre. Mais ses symptômes physiques ont au début été le dernier des soucis de Sarah.

Les retombées émotionnelles de la COVID
« Tu ne peux pas me faire un câlin maman », a dit Julia quand Sarah a commencé à la réconforter. « Les enfants de ma classe ne savent pas toujours garder leurs masques. J’ai oublié aujourd’hui et j’ai parlé pendant le dîner. Je pourrais te rendre malade. Tu dois rester loin de moi. »

Bien que Sarah travaille dans un domaine qui lui permet de reconnaître les signes et les symptômes de l’anxiété, elle a expliqué que le fait de connaître quelque chose au niveau clinique n’est pas toujours utile lorsqu’on est un parent qui s’enfonce dans le bourbier de la pandémie, et Sarah n’est pas la seule à penser ainsi.

Prenons l’exemple d’une recherche récente de la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC), en partenariat avec la Société canadienne de pédiatrie, qui a révélé que 61 % des parents sont très ou extrêmement préoccupés par la gestion du comportement, de l’anxiété, des émotions et du stress de leur enfant.

« Je dois soutenir mes enfants tout en gérant mes propres émotions. Je suis tellement frustrée et en colère. Nous avons fait tout ce qu’il fallait », a affirmé Sarah, évoquant les contacts sociaux limités de sa famille et l’achat de masques N95 pour ses deux filles, âgées de six et de neuf ans, afin qu’elles les apportent à l’école. « Je ne me sens pas honteuse que nous n’ayons pas échappé à ce monstre. Mais, je me préoccupe de la manière de gérer les séquelles à long terme, non seulement en termes de symptômes physiques potentiels persistants, mais aussi en ce qui concerne comment apprendre à mes enfants à naviguer dans cette réalité sans stress ni inquiétude excessifs. »

Miser sur un partenariat précieux
Le mois de septembre, dans un monde d’après vaccination, était censé porter la promesse d’un retour à la normale. Malgré l’euphorie au début du retour en classe, une nouvelle réalité s’est imposée, en l’occurrence, celle qui consiste à aider les enfants à gérer leurs émotions à mesure que la COVID continue de laisser son empreinte sur les communautés scolaires.

Le président-directeur général de la CSMC, Michel Rodrigue, a rappelé que les membres de la Commission savaient que les parents seraient confrontés à des difficultés cette année. « C’est pour cette raison que nous avons publié à l’automne une fiche de conseils sur comment soutenir les jeunes qui retournent à l’école. Cette fiche visait à aider les parents et les soignants dans ces moments difficiles, ces moments dans lesquels nous sommes tous, et où nous avons besoin de mots de soutien et de réconfort. »

Pour créer cette fiche de conseils, la CSMC s’est associée avec l’Institut des Familles Solides, un important prestataire de formations comportementales basées sur les compétences. Nous l’avons ensuite résumé en quelques conseils et astuces clés à coller sur un réfrigérateur ou à glisser dans le sac à dos d’un enfant en difficulté.

« Il est important que nous soyons prêts à faire participer les enfants à leur manière », a déclaré la Dre Patricia Lingley-Pottie, présidente-directrice générale de l’Institut des Familles Solides. « Il est maintenant temps de surveiller tout écart dans le comportement des enfants. S’ils semblent perturbés et inquiets ou s’ils montrent des changements d’humeur et de tendances sociales, cela pourrait représenter des signes de détérioration de leur santé mentale. »

Une perspective nouvelle
Dre Lingley-Pottie conseille aux parents et aux enseignants d’aborder le sujet avec les jeunes de manière informelle en engageant de préférence des conversations « côte-à-côte », en les écoutant sans émettre de jugements et en leur rappelant qu’il est normal de se sentir mal à l’aise et qu’ils ne sont pas seuls, puisque beaucoup de leurs amis et même d’adultes éprouvent les mêmes sentiments.

Ce sont des techniques que Sarah a commencé à utiliser avec ses filles. « Certains jours sont meilleurs que d’autres, mais nous essayons de maintenir la conversation, en gardant à l’esprit qu’il ne s’agit pas de questions qui se règlent en un seul jour. À certains moments, ma fille aînée veut parler longuement de ses sentiments, mais à d’autres moments, elle ne veut rien d’autre que se distraire, regarder un film ou jouer à un jeu. »

Dre Lingley-Pottie approuve une telle approche. « En plus d’être disponible pour écouter les jeunes, il est également important de leur parler de vos propres sentiments. » En montrant comment vous, en tant que parent, gérez efficacement le stress, explique-t-elle, vous donnez l’exemple du type de résilience que les enfants peuvent imiter.

En fin de compte, les techniques de la fiche de conseils qui sont en apparence simples renforcent l’importance d’aider les enfants et les jeunes à acquérir la confiance nécessaire pour faire face aux situations difficiles, ainsi que le vocabulaire pour en discuter ouvertement.

Pour la Dre Lingley-Pottie, « il est important de rester vigilant pour relever toute anxiété éventuelle qui perturbe de manière persistante la vie d’un enfant afin d’empêcher une anxiété ou une dépression plus grave de s’installer. Nous avons appris à l’institut des Familles Solides que les compétences qui favorisent une bonne santé mentale dès la petite enfance sont tout aussi importantes que le programme scolaire. »

Sarah abonde dans le même sens. « Mes enfants ont alterné entre l’école virtuelle et présentielle ces dernières semaines. Manquent-ils certains de leurs devoirs? Bien sûr que oui! Mais nous adoptons l’approche selon laquelle la priorité est de rester en bonne santé mentale. Bien que je ne souhaiterais à personne de contracter la COVID, cette période représente une occasion pour nous investir dans le bien-être mental de nos enfants ».

Les points de vue et les opinions exprimés dans cet article appartiennent uniquement à l’auteur(e) et ne représentent pas nécessairement les politiques officielles de la Commission de la santé mentale du Canada.

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