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Le VecteurConversations sur la santé mentale

Comment des soins de santé empreints de compassion peuvent modifier le parcours des personnes qui font usage de substances

Jes Besharah ne se souvient plus du temps qui s’est écoulé avant de se décider à demander des soins médicaux, après avoir vécu dans la rue et fait usage d’opioïdes, mais se rappelle avoir été très mal en point.

« J’étais malade et je pleurais, je souffrais beaucoup, car j’avais des abcès et des blessures partout sur mon corps. J’avais de nombreux soucis à régler », raconte Jes. Mais lorsque l’infirmière est entrée et a balayé Jes du regard, tout ce qu’elle a vu, c’est un problème de drogues.

« On ne s’est occupé de rien du tout. Elle m’a dit qu’elle prierait pour moi, et que c’était le mieux qu’elle pouvait faire. »

Pour Jes, cette réponse a été un véritable coup de massue. « Ce genre de réaction donne l’impression qu’il ne sert à rien de se battre. »

Malheureusement, le cas de Jes ne fait pas exception. Les personnes qui utilisent des opioïdes et d’autres substances se heurtent souvent à des attitudes stigmatisantes et à la discrimination, même de la part du personnel soignant vers lequel elles se tournent pour obtenir des soins.

La Commission de la santé mentale du Canada (CSMC) a invité Besharah à parler de son expérience de la stigmatisation et de ses conséquences dans une vidéo intitulée « Prendre la parole — Réduire la stigmatisation des personnes qui consomment des substances ».

« Pour les personnes qui font usage d’opioïdes et d’autres substances, la stigmatisation peut constituer un obstacle majeur qui les empêche de recevoir des soins de qualité, explique Julia Armstrong, gestionnaire de l’équipe de santé mentale et de santé liée à l’usage de substances de la CSMC. Nous avons réalisé cette vidéo (et un guide de discussion) afin de lancer un débat de fond sur la stigmatisation dans les établissements de soins de santé. Le genre de dialogues qui mènent à une meilleure compréhension et à des normes de soins plus élevées pour ces personnes. »

La vidéo présente également l’infirmière qui a contribué à changer la vie de Jes : Melinda Billett.

En tant qu’infirmière praticienne en soins primaires, Melinda compte de nombreuses années d’expérience auprès des personnes qui consomment des substances. Elle a également pu constater de visu que des choix en apparence anodins peuvent avoir un puissant effet d’entraînement.

« Dans le secteur des soins de santé, nous pouvons choisir de traiter les gens avec respect, dit-elle, notamment en ce qui concerne les notes que les fournisseurs inscrivent au dossier des patients. C’est mon point de vue que les autres liront. Je peux faire le choix de dire que cette personne est une toxicomane, ou de dire qu’il s’agit d’une personne qui consomme des substances. »

En effectuant ce simple changement, Melinda s’appuie sur le pouvoir du langage axé sur la personne d’abord, qui permet de faire la distinction entre l’identité d’un individu et les substances qu’il consomme ou la maladie mentale qui le touche.

Jes et Melinda évoquent une série de changements que les professionnels de la santé – et toute personne en relation avec des personnes qui utilisent des substances – peuvent adopter pour lutter contre la stigmatisation, mais tous les exemples renvoient à un message primordial : il faut traiter les individus qui font usage de substances comme des êtres humains, et non comme des problèmes.

La compassion dont ont fait preuve Mélinda et d’autres personnes est à l’origine de la vie que mène Jes, aujourd’hui navigatrice communautaire pour la réduction des méfaits et travailleuse de soutien par les pairs. « Je le fais en partie parce que, lorsque je vivais dans la rue, il y avait des gens qui faisaient de la sensibilisation, qui ne me jugeaient pas, qui se souciaient de moi, qui faisaient des pieds et des mains pour s’assurer que j’étais toujours là, explique Jes. Cela a fait une énorme différence dans mon envie de reprendre le contrôle de ma vie. »

Mélinda insiste sur le fait que les personnes qui utilisent des substances possèdent une grande capacité de résilience, et qu’il incombe aux fournisseurs de soins de santé à tous les échelons de la mettre en lumière. « Si nous pouvons exploiter leur force, être bienveillants à leur égard, prendre soin d’eux et les accompagner dans leur cheminement, […] alors nous contribuerons à changer le cours de leur vie. »

Auteure :
Les points de vue et les opinions exprimés dans cet article appartiennent uniquement à l’auteur(e) et ne représentent pas nécessairement les politiques officielles de la Commission de la santé mentale du Canada.

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