Related Articles
Ce récit fait partie de la série consacrée à la santé mentale pendant les Fêtes. Notre recueil littéraire annuel traite de divers sujets liés à cette période de l’année. Nous nous intéressons aux bonnes nouvelles, aux séparations difficiles et aux nouvelles traditions, autant de choses qui naissent de l’éloignement, du changement et des grands bouleversements. Si les festivités de fin d’année riment généralement avec joie, elles peuvent aussi être source de stress et de deuil. Nous vous invitons à lire l’ensemble du recueil pour découvrir comment d’autres ont réussi à surmonter ces difficultés. Vous trouverez ici des articles publiés antérieurement sur la mélancolie, l’adaptation et l’espoir. Meilleurs vœux en cette saison des Fêtes.
Pour Rheostatics, la route a été longue. Nous nous sommes produits pour la première fois au club The Edge à Toronto en octobre 1980. Je me souviens aussi bien des larmes que des cris de joie. L’un ne va pas sans l’autre : les conflits, la détresse, quatre enfants qui vivent à fleur de peau, qui sont devenus quatre jeunes adultes, puis quatre adultes un peu moins jeunes. Les cicatrices guérissent et les blessures se referment, et les spectacles, les albums et les tournées couronnés de succès s’estompent et sombrent dans le passé, mais survivre, c’est essentiellement ce qui m’anime depuis plus de 40 ans. D’une manière ou d’une autre, nous y sommes parvenus.
Pour de nombreux musiciens et artistes d’autres disciplines, l’art sert de soupape émotionnelle. Le cœur s’ouvre, l’esprit dérive sur un océan d’idées et de rêves, et personne ne sait vraiment ce qui va en découler : extase, colère, éclats de rire ou cris de détresse. Faire partie d’un groupe de musique, c’est comme jouer sur un terrain qui s’étend à perte de vue : des mines, et des rivières invisibles de souffrance, s’y cachent parfois. Les moments difficiles peuvent sembler malsains, et pourtant, ils ne le sont pas. Les bons moments peuvent donner l’impression qu’ils dureront toujours, mais quiconque en a vécu pendant assez longtemps sait très bien qu’il n’en est rien.
Maître de son âme
Jouer de la musique avec d’autres personnes, c’est plonger dans les profondeurs de l’âme d’autrui, s’en inspirer et parfois s’en servir comme monnaie d’échange. Si l’art est de qualité, il doit faire un peu mal à l’arrivée, et cette vulnérabilité peut être éprouvante, même lorsqu’elle permet à une personne proche de nous de créer de belles mélodies. Au sein de Rheostatics, la tension nerveuse était toujours à son comble lorsque l’un d’entre nous présentait une nouvelle chanson. Quelques minutes plus tard, nous honorions et célébrions son existence en travaillant dur pour l’amener à pleine maturité, sans jamais perdre de vue ce qu’il avait fallu, de douce lutte, à son auteur pour la mettre au monde.
Image fixe d’une vidéo de Mark Sloggett.
« Les acclamations de la foule me faisaient penser à une magnifique nuée d’oiseaux chantant et pleurant. C’est un moment que je n’oublierai jamais. »
Essentiellement, nous vivons dans un monde qui nous enseigne à nous conformer et à réprimer tout élan artistique : les grandes forces de la société commerciale voudraient que nous nous comportions « normalement » plutôt que de crier à tue-tête dans un micro en compagnie d’une armée d’amis qui s’agitent derrière nous, mais la musique et l’art nous invitent à nous faire entendre. Cet exercice mental déclenche en nous des sentiments de bonheur et de liberté, mais sur le plan social, c’est assez déstabilisant. Récemment, j’ai regardé une vidéo de Yoko Ono dans laquelle elle hurle dans un micro alors que Chuck Berry interprète une chanson à l’émission de Mike Douglas. Son intrépidité m’a sidéré. Cette expression, cette voix et cette personnalité à l’état pur n’en avaient que faire de la réaction de l’animateur, de la foule ou du groupe. Ce geste musical exceptionnel était dépourvu de doute ou de volonté de bienséance, un moment où seule comptait l’effusion de la chanteuse.
Jouer dans un groupe a ses bons côtés. Mais c’est aussi beaucoup de travail. Il faut apprendre à bien s’entendre, mais aussi à honorer les sentiments des autres. Bien sûr, il y a un aspect technique et fonctionnel à la construction d’une chanson pour qu’elle ait plus ou moins de sens, mais les beaux moments sont ceux où nous surfons sur cette vague, sans savoir si la réussite nous attend. Le pire, c’est lorsque vos acolytes ne trouvent pas la vague, laissant l’auteur vaincu et éploré. Mais il est tout aussi important d’accueillir l’échec que le succès. Les chansons ne provoquent pas toutes une euphorie collective au sein du groupe, mais lorsque c’est le cas, ouf! Notre vulnérabilité s’empare des autres et, avec un peu de chance, elle attire des dizaines, des centaines, voire des milliers de personnes.
Une fois, lors d’une représentation au Massey Hall, c’est ce qui s’est produit, un moment de grâce, baigné de lumière et de joie, et après, une fois la chanson terminée, je me suis simplement arrêté et j’ai écouté. Les acclamations de la foule me faisaient penser à une magnifique nuée d’oiseaux chantant et pleurant. C’est un moment que je n’oublierai jamais.
L’obscurité, cette vieille amie
Les artistes portent toujours en eux une part d’obscurité dans la lumière. Dans les années 1990, je me souviens que cette obscurité était rarement reconnue, explorée et abordée de front. Si la prestation d’un artiste semblait inquiétante, ou son comportement préoccupant, la mythologie nous signalait un tempérament bouillant, un artiste torturé, portant son âme à travers le processus difficile de création d’œuvres de qualité. Mais récemment, des artistes comme Menno Versteeg du groupe Hollerado, Kendrick Lamar ou Big Boi du groupe OutKast ont fait preuve d’audace en reconnaissant l’environnement malsain dans lequel évoluent tant de musiciens : des heures de tournée interminables, de l’alcool tous les soirs dans les loges, des emplois du temps chaotiques, la pression pour livrer une œuvre meilleure que la précédente, une cicatrice qui a hanté Eddie Van Halen jusqu’à son dernier souffle.
Maintenant, les blessures sont plus évidentes que jamais : les musiciens sont davantage conscients de leurs démons et les admirateurs sont plus indulgents et n’exigent plus d’excès de la part de leur groupe préféré. Des artistes comme Miranda Mulholland ont plaidé pour que les salles de concert proposent davantage de produits sans alcool et, dans les locaux du journal West End Phoenix, où nous nous produisons, nous organisons des concerts « sobres », sans vente d’alcool. Il aura fallu des générations avant de comprendre les dangers et l’absurdité d’un métier où un plateau de Bud Ice vous attend dès que vous rentrez au travail. Nous avons eu, et continuons d’avoir, une grande carrière, mais je me demande si nous aurions pu traverser les moments difficiles sans ingérer tout cet alcool. Mais cette cicatrice s’est aussi refermée.
Nous avons survécu et pouvons maintenant contempler cette vie et cette carrière avec du recul, dans toute leur plénitude, ce qui ne signifie pas pour autant que les nouveaux musiciens doivent faire de même. Peut-être que les masques sont tombés et que le bandage a été arraché. Peut-être qu’il n’est plus nécessaire aujourd’hui de souffrir pour qu’une œuvre soit fluide et belle. Peut-être qu’il est possible d’aller jusqu’au bout sans avoir l’impression d’avoir payé trop cher.
Lecture complémentaire : Idées reçues et mythes courants sur la santé mentale
Ressource : Quel est le lien entre la consommation d’alcool et le suicide – Fiche d’information
Restez à l’affût!
Abonnez-vous au magazine Le Vecteur dès aujourd'hui!
Share This Catalyst
Related Articles
This story is part of the Mental Health for the Holidays series. Our annual literary collection delves into various seasonal subtopics. In 2024, we’re looking at good tidings, bad partings, and new traditions — things that emerge from estrangements. While end-of-year celebrations can be joyful, they can also trigger feelings of stress and loss. Read the collection to learn how others were able to meet those challenges. Here’s a past series on moping, coping, and hoping. Warm wishes for the holidays.
It was in May 2021 that my sister announced she would not be getting a COVID-19 vaccination, despite the fact that most of us over age 60 were relieved, if not joyous, that we could do so. I was stunned. It was difficult to believe that my older and only sibling, a vibrant, well-educated, well-travelled woman in her 70s, would make such a reckless and, to me, foolish decision.
It was also the moment when the wider meaning of it hit me full force: the emotional connection we’d had my entire life would never be the same again.
My tears watered the vegetable seedlings I’d planted in the garden boxes my partner built during the lockdown days when everyone was doing backyard improvements and baking bread. I thought about all the things my sister had meant to me throughout my life and about how much I had admired and loved her. Although we live in different countries, we always kept in close touch and routinely visited each other over the years. It was viscerally sad to me that somehow, propaganda machines had hooked her better angels and rerouted them onto a hellish path she did not see — one that looked strewn with hazards to me. I worried. I did not think it unreasonable that she could die a miserable, preventable death, with no vaccination against a virus that was killing millions of people in every part of the world, particularly in her age group.
Outrage machine
Yet I really shouldn’t have been surprised by my sister’s decision to refuse vaccination. For years, I had watched with increasing horror as her left-leaning politics gradually and then precipitously veered from a desire for social justice and a willingness to stand up for the underdog toward a vortex of far-right talking points that cast doubt on anything found in “the MSM” (that is, the mainstream media; the world of conspiracy theories is full of loaded jargon), preferring instead rants generated by blatant mis- and disinformation. I felt constantly sideswiped by her increasingly angry, irrational messages, coming via email, text, Facebook, Twitter (X), and WhatsApp. It pained me to think of someone spending their retirement years watching alarmist YouTube videos and sharing them with others (who most likely would not watch them) in a constant attempt to spread the outrage.
My sister, seeing herself as a committed peace activist, was causing a lot of conflict in her personal relationships. In her mind, it was those who did not believe as she did who were the problem. It was her job to relentlessly try to convert them to her way of seeing. Bombarded by this constantly, I began to feel like collateral damage, a casualty of what has come to be known as the culture wars.
I’m hardly alone in this experience. Many family relationships have been fractured in recent years by political polarization largely engendered by social media, which is used by those who seek wider audiences for political or financial gain and have discovered that extremism sells. Stories of people who have lost a family member or friend to conspiracy thinking now abound on the internet. Support groups also exist for those trying to come to terms with what has happened to a loved one. Therapists now see greater numbers of people who either believe in conspiracy theories or are dealing with someone close to them who does. Some psychologists suggest that, while belief in conspiracy theories is nothing new, it should now be treated as a public health issue.
I came to understand that the arrival of COVID-19, with its public health measures, mandates, and lockdowns, was more like a final straw for people like my sister, not a freshly discovered reason to hate governments and the evil cabals behind them. It was I who had been in denial about how monumental the shift was and how long it had been in the making. For a long time, I did what I thought was right. I tried to show her evidence that the information she was basing her views on was largely flawed, that reputable sources had thoroughly debunked the junk science and plain lies she now espoused, and that social media algorithms had perniciously infected the internet, planting falsehoods and manipulating opinion by exploiting people’s confirmation bias, placing them in filter bubbles that just keep reinforcing the worst, most extreme, usually wildly off-base beliefs. I even sent her academic papers by scholars who had studied the nature of contemporary propaganda coming from “news” sources my sister admired.
Persistence is futile
I am sure she did not read them, and I eventually understood that this “rational” approach was never going to work. Her views are based on belief and emotion, not fact or evidence. It was easy for her to dismiss all of my sources — and me along with them. She’d done her “research,” cherry-picking material that supported her pre-existing notions and rejecting as false anything that did not accord with these views. Others in her circle, lifelong friends, were as alarmed as I was and tried similarly to reason with her, again to no avail. It saddened me to see her alienate people she had known and loved for decades.
The barrage of falsehoods and rage intensified as the pandemic stretched on. She and a small number of brave, enlightened “dissidents” had “the truth” that others for some reason could not see, and she did not hesitate to tell us all this, over and over with monotonous, obsessive regularity. Nothing would change her mind. Arguing was pointless. When I asked her to stop sending anti-vax material, it offended her, serving only as proof of my closed mind and an unreasonable dismissiveness toward non-mainstream but perfectly valid ideas. While 30-second Google searches were enough to find ample evidence to debunk whatever or whoever she was defending, telling her this made no difference.
To be truthful, I was not always rational in my responses. I called nonsense many times, was dismissive of what I knew was insidious propaganda, and could not believe my sister did not see what was obvious to me. I regret some of my lashing out. So I changed tack at one point and told her simply that I loved her and was worried about her health while asking that she reconsider her sources of information. In response, she told me she was worried about my health (she believed vaccinations could damage DNA) and staunchly defended her sources. She stubbornly doubled down, no longer responding to friendly, non-political messages, which made me feel slighted and resentful. In her zeal, all that mattered was politics, and any other discussions were superficial and useless. One result was that we corresponded less often, but in the absence of communication, I continued to worry.
It affected my mental health — I lost sleep ruminating on how it was possible that this had happened and what I could or should do about it. I regaled my partner and friends with endless rants of my own whenever a new message arrived filled with wild untruths. I could not accept the reality and felt helpless to change the trajectory it seemed my sister was on — I didn’t know toward what, but in my mind, it was something bad. And it sometimes felt like boundaries were being crossed, as one person felt free to express themselves while the other knew they could not respond without having an argument. I got a lot of pounding headaches keeping my thoughts to myself.
At times, I wondered if my sister could continue this way. But I have learned that it is possible to believe in what seems preposterous, even damaging things, and still be able to function in the world. I have also learned, through therapy and time, that it is possible to have a relationship with my sister despite our differences, even if it is strained, even if she doesn’t always respond as I would want. It certainly makes for clumsy communications during the holiday season, as we swerve away from testy topics, but that will have to be the new normal if I want any sort of relationship with her.
It’s not possible to unpack every complexity of a family relationship in a short article. I am a kid sister, probably forever a hapless teenager in my sister’s mind. Why would she take seriously any criticism or concern I might have toward her choices and beliefs? There is nothing new about her doggedness, her willingness to stand up for what she thinks is right, and her comfort at being marginal in her opinions. (We do need to remind ourselves that, as amplified as the voices of disinformation are (thanks to social media), these voices remain a minority; in the case of COVID vaccination in Canada, 83.2 per cent of us did get shots; in older age groups and some regions, more than 95 per cent did).
While I cannot say I am at peace, I have edged toward acceptance. As a mutual friend wisely observed, your sis is an adult who has made her own choices and must live with them. They further suggested that I continue to send my newsy family messages, to not take the bait when she throws down what feels like insults to my intelligence — to keep the heat down as much as possible — and just carry on. It is difficult sometimes, and I still worry, but I do accept this as a necessary strategy.
And I do, and always will, love my sister.
Further reading: Five Tips for Starting a Conversation About Mental Health
Resource: Better Supporting the Mental Health of Older Adults in Canada
Eleanor Sage
Related Articles
December 3 marks the annual International Day of Persons with Disabilities, a UN Day to promote the rights and well-being of persons with disabilities.
I live with bipolar disorder, a chronic psychiatric condition characterized by extreme variations in my mood, energy, activity levels, and cognition. Despite these extremes of mood and energy, I am fairly high functioning in life and at work, where I hold a senior level knowledge-economy position. I have developed a variety of coping mechanisms, such as masking, to accompany these mood states and make me perform like I am “normal,” but many days it is an uphill battle, and I feel like I have to try twice as hard as anybody else to succeed. I have even had to change my career path and goals because of my struggle with this mood disorder.
Throughout my life, I have struggled, thinking that this was a “me problem,” that I had to change the way that I interacted with the system so that I could be successful. I ran myself ragged trying to succeed in a system that is made to be equal for everyone – a laudable goal – but was ultimately disadvantaging due to my mental illness.
Eye-opening discovery
Then I discovered the Employment Equity Act (EEA). The broad purpose of the act is to achieve equality in the workplace so that people are not denied employment opportunities or benefits because of their identity or level of ability. Moreover, the act exists to “correct the conditions of disadvantage in employment experienced by women, Aboriginal peoples, persons with disabilities and members of visible minorities.” (My emphasis).
I had always thought that a disability was, you know, like the symbol. Physical. Wheelchair ramps to allow access to buildings, or maybe even screen readers for people with low or no vision, but a mental illness? I did a deep dive into the act and found this passage:
“A person with a disability has a long term or recurring physical, mental, sensory, psychiatric or learning impairment and:
- considers themselves to be disadvantaged in employment by reason of that impairment
- believes that an employer or potential employer is likely to consider them to be disadvantaged in employment by reason of that impairment.
This definition also includes persons whose functional limitations owing to their impairment have been accommodated in their current job or workplace.”
Well, that tracks. In fact, it kind of describes my experience of the workplace to a tee. So, my mental illness qualifies me as a person with a disability? What does that actually mean?
There are a few things to unpack here:
Stigma and labels
First, there is the stigma associated with a label like “disabled.” This stigma is rooted in ableism, which is an attitude that views and treats people without disabilities as the “normal” ones and those with disabilities as somehow inferior or “other.” This stigma, which I summed up earlier as a “me problem,” (self-stigma) challenged my view of myself as a capable person and employee. It also made me worry that, if I were to self-identify as a person with a disability, managers would be hesitant to hire me based on that stigma and fear around how difficult it would be to work with me.
Disadvantage
Why would I try to overcome that self-stigma, risk the stigma of others, and choose to self-identify, and declare that I am a person with disability? Because of the disadvantage in employment that my mental health causes. Living with bipolar disorder can cause me to struggle to do my job within the “one-size fits all” system of work. The way that my brain and body functions when I am in a mood episode can limit my ability to succeed. I feel that these functional limitations caused by my mental illness disadvantage me in terms of achieving my goals at work and advancing in my career.
Not a me problem
The EEA doesn’t just stop at identifying that a barrier or disadvantage exists, however, it goes one step further: accommodation, which says, “employment equity means more than treating persons in the same way but also requires special measures and the accommodation of differences.”
Through various measures of accommodation in the workplace, I have found that I can achieve my potential and excel at my job. These accommodations are tweaks to my work environment (this could be physical, temporal, or social) and processes that help me to meet expectations. The key here is that instead of those disadvantaging barriers being a “me problem” they become a systems problem that the system needs to make space for and offer opportunities to remediate.
What accommodation can look like
The trick is identifying the functional limitations, and the changes that could help overcome those limitations. So, if a medication change is making me super groggy in the morning, perhaps a change of my work hours to a later start time is in order. If working from the office is too taxing on my energy during a depressive episode, maybe the place of work needs to change to allow for working from home. If my motivation or decision-making is reduced, more frequent and structured direction from my boss, and slightly expanded deadlines might be in order. If I am having trouble concentrating while reading complex documents, a screen reader could help.
Whatever the functional limitation, there is often an accommodation that can help me work through and balance out the disadvantage caused by my disability. Beyond that, my employer actually has a duty to accommodate, meaning that they cannot refuse a reasonable accommodation up to the point of undue hardship. The goal is to level the playing field – not confer any advantage – where equity, which differs from equality, is the aim.
Representation and changing the narrative
There is one final, very significant piece to the EEA. It aims to correct underrepresentation of members of designated groups in the workplace. That means that employers are encouraged and supported by the Act to hire and retain members of designated groups, including persons with disabilities, in an effort to balance out the systemic barriers that have prevented persons with disabilities from participating fully in the workforce.
Stigma and ableist attitudes persist in society and in the workplace, but the EEA gives me the legislative background – and the courage – to advocate for myself. It has empowered me to be assertive and forthright about the tools and conditions I need to succeed in the workplace as a person living with mental illness. Ultimately, it makes me a better employee, ensuring that I am consistently able to work to my full potential and contribute to the aims of my organization.
Further reading: Mental Health at Work — It Matters. How to Start the Conversation.
Author: Jessica Ward-King, B.Sc., Ph.D., a.k.a. the StigmaCrusher, is a mental health advocate and keynote speaker with a fine blend of academic expertise and lived experience.
Related Articles
La spiritualité est-elle de retour? Les micromessages envoyés sur WhatsApp peuvent-ils améliorer le bien-être de façon mesurable? Ces questions, et d’autres encore, ont été abordées lors du 9e Congrès annuel du Collectif international eMHIC (cybersanté mentale), organisé en septembre dernier à Ottawa par la Commission de la santé mentale du Canada. Des centaines de délégués provenant de dizaines de pays se sont réunis pour approfondir leur réflexion sur le thème « Renforcement des capacités numériques : Soutien universel à la santé mentale 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 ». L’équipe de la revue LeVecteur a choisi des idées et des concepts pour s’en inspirer.
1. Trois grands enjeux
Les jeunes ne seront probablement pas surpris d’apprendre que les trois grands enjeux qui les préoccupent sont l’emploi, la santé mentale et le climat. Ce constat de l’UNICEF a guidé la mise au point d’une plateforme de soutien psychologique à la demande pour les jeunes appelée USupportMe. Mise à l’essai dans plusieurs pays d’Europe de l’Est et d’Asie centrale, cette plateforme flexible peut être adaptée à une région donnée. Conforme au Règlement général sur la protection des données et assortie d’un soutien en matière de sécurité, cette ressource offre des services de santé mentale évolutifs en marque blanche.
2. Mettre fin à la « boucle de désespoir » qu’est Google
SANE, un organisme australien offrant des services aux personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale complexes, a ainsi défini les dédales que traversent souvent les patients : d’abord orientés vers un site Web, puis une ligne d’assistance, ensuite un médecin de première ligne et enfin un psychologue, dont la liste d’attente est de six mois, ils se rabattent alors sur « Dr Google ». Pour rompre ce cycle, SANE a créé un nouveau modèle de soutien psychosocial axé sur le choix, la continuité, le libre accès et la rapidité d’intervention. Son approche comprend l’auto-aiguillage, la télésanté, les programmes numériques et les séances de groupe, et offre un espace d’apprentissage en ligne géré par les Autochtones au sein de leur communauté de rétablissement. Les soins continus offerts permettent d’éliminer le modèle traditionnel de congé. « L’avenir appartient aux modèles de soins mixtes, déclare Rachel Green, présidente et directrice générale. C’est la technologie au service des gens. »
3. Les décisions de l’âme
« Où est passée l’âme dans la psychologie clinique? », s’interroge Allan Donsky, professeur au département de psychiatrie de l’Université de Calgary et consultant au Canadian Institute of Natural and Integrative Medicine. Au-delà des interventions fondées sur le diagnostic, il préconise l’adoption de pratiques thérapeutiques plus contemplatives visant à favoriser la conscience de soi. En développant son discours intérieur, une personne peut passer d’un état apathique à l’épanouissement en abordant de grandes questions, comme l’acceptation de soi, le sens de sa vie, la liberté et les relations. Allan Donsky souligne que la thérapie existentielle a été largement délaissée dans les années 1970, mais qu’il existe un regain d’intérêt pour l’exploration des dimensions intérieures, ce que nous pourrions appeler le cœur, l’esprit ou l’âme. « Que signifie être humain? demande-t-il. C’est une question universelle. Chaque culture a sa façon propre d’envisager les dimensions les plus profondes de la vie. »
4. La famille d’abord
Nicole Waldron, militante en matière de santé mentale, a qualifié les aidants familiaux de premiers intervenants. Ils sont les premiers sur les lieux pour aider les membres de leur famille, et sont souvent le maillon invisible dans les soins de santé mentale. Elle a prononcé un discours percutant appelant à une meilleure collecte de données et à un soutien de l’écosystème des aidants familiaux afin de favoriser leur bien-être, de les sensibiliser et de les informer. « Que signifie le terme OTC? Que signifie le terme MD? Comment naviguer dans un système où un être cher a été criminalisé? »
(Le terme OTMC désigne une ordonnance de traitement en milieu communautaire et le terme MS désigne un mandataire spécial.)
5. Un guichet unique
Par où commencer? Lorsque les possibilités sont nombreuses et que vous avez besoin de soutien, quelle est la première étape? Lors du Congrès annuel, Jeunesse, J’écoute a lancé l’application Ressources autour de moi. Il s’agit d’un répertoire de ressources fiables partout au Canada. En 2020, l’organisme a enregistré 20 millions d’interactions, et ce répertoire l’aide à fournir encore plus de soutien dans un plus grand nombre de régions et de bien plus de façons, que ce soit en ligne, par texto ou encore en personne.
6. Exprimer ses émotions en langue des signes
Le Bangladesh compte quelque 500 praticiens (300 psychiatres et 200 psychologues) pour une population de 180 millions d’habitants, un fossé énorme à combler. C’est pourquoi M Tasdik Hasan, chercheur doctorant à l’Université Monash de Melbourne, en Australie, dirige un projet pilote conçu en collaboration avec des personnes sourdes, des soignants, des fournisseurs de soins de santé et des interprètes en langue des signes. Il note que les communautés de personnes sourdes, au Bangladesh et dans le monde entier, sont historiquement ignorées lorsqu’il s’agit de mettre en place des solutions accessibles et inclusives en matière de santé mentale. Ensemble, ils ont conçu des outils adaptés à la culture et à la langue pour faire connaître la terminologie de base de la santé mentale, comme le trouble de stress post-traumatique, le stress et la dépression, en langue des signes.
7. Renforcer les capacités des communautés petites et isolées
Aux Philippines, le projet ATIPAN offre des services de télésanté aux communautés autochtones de la région des Visayas occidentales, où l’accès aux soins de santé est souvent limité par la distance, la topographie (notamment les îles, les montagnes et les zones agricoles ou côtières), les conflits armés, les barrières linguistiques et les contraintes financières. Pour remédier à ces enjeux, l’équipe du projet a mis en place, sur une période de deux ans, des infrastructures et des intervenants-pivots communautaires pour les patients. Baptisé d’après le mot hiligaynon « atipan » (qui signifie « prendre soin »), le projet offre des consultations gratuites, une formation pour les coordinateurs communautaires et des médicaments de base.
8. Des outils numériques
Le projet Pode Falar offre un soutien en santé mentale aux Brésiliens âgés de 13 à 24 ans par le biais d’un site Web, d’Instagram et de WhatsApp. Un robot conversationnel nommé Ariel s’occupe du triage automatisé et offre une assistance en fonction de la complexité des préoccupations des utilisateurs. Ces derniers peuvent accéder à des conseils d’autosoins (« Je veux prendre soin de moi »), lire ou partager des récits anonymes sur des difficultés surmontées (« Je veux être inspiré »), et obtenir du soutien supplémentaire auprès d’un agent humain (« Je veux parler »). Cette initiative de grande envergure, qui porte sur la santé mentale dans une région pauvre en ressources, a été mise en lumière lors d’une table ronde explorant la question suivante : « Les régions à faibles et moyens revenus sont-elles prêtes à bénéficier d’outils numériques en santé mentale? » Le programme prend en charge les services de messagerie textuelle, électronique et WhatsApp.
Saisir des idées au vol
Les séances régulières du Congrès de style « partager et emprunter » permettent de prendre des projets qui ont bien fonctionné ailleurs et de les appliquer à votre propre travail. Dans cet esprit, nous souhaitons présenter quelques concepts intéressants.
Dialogues sur la santé mentale
Les personnes qui assistent à une conférence sur la santé mentale sont généralement des spécialistes. Pourquoi ne pas en faire profiter le reste du monde? Le programme Time to Change du Royaume-Uni, qui a duré 15 ans et pris fin en 2021, avait pour but de réduire la stigmatisation au moyen de contacts sociaux. Des personnes ayant vécu des problèmes de santé mentale ont dialogué avec des inconnus afin de démystifier la maladie mentale. Ils se sont rendu à des concerts ainsi que dans des bibliothèques et des marchés agricoles, a expliqué Sue Baker, membre de l’Ordre de l’Empire britannique et fondatrice de Time to Change.
Un esprit sain
Compositrice, artiste sonore, productrice et disc-jockey, Satya Hinduja, fondatrice d’Alchemic Sound Environment, s’intéresse au lien entre le son, la musique, la technologie et la santé. Elle a orchestré une expérience d’écoute profonde, conçue pour susciter des états de réflexion, de réceptivité et d’échange. Les participants ont pu envisager le son comme une expérience thérapeutique, leur permettant ainsi de réfléchir aux bruits qui les entourent, aux fréquences, aux vibrations et à leur propre intériorité.
Un phare dans le brouillard
Il existe d’innombrables applications pour favoriser la santé mentale sur le marché. Comment savoir laquelle choisir? Lors du Congrès, la Commission de la santé mentale du Canada a publié la première Stratégie de cybersanté mentale du Canada. Ce document phare renferme 6 priorités et 12 recommandations visant à définir l’avenir de la cybersanté mentale au Canada. Utilisez-le pour promouvoir, guider et développer votre travail.
Soigner par la narration
Au Liban, une application Web appelée « Étape par étape » offre de l’aide en santé mentale au moyen de récits dans lesquels des personnages fictifs souffrant de dépression se rendent chez un professionnel de la santé. À partir d’une histoire illustrée de 15 minutes, les utilisateurs découvrent des techniques d’adaptation en observant la façon dont le personnage s’approprie ces techniques pour les appliquer dans sa vie. Le deuxième segment de 15 minutes est interactif : le personnage de professionnel de la santé approfondit les techniques thérapeutiques et propose aux utilisateurs des activités pour renforcer ce qu’ils ont appris.
Entendu lors du Congrès de l’eMHIC
- Faire avancer les choses : Les mots « action collaborative», ou « collaboraction », signifient travailler ensemble pour faire progresser l’accès aux services de santé mentale.
- Au-delà de tout ce qui brille : Il ne s’agit pas de technologie en soi, mais plutôt de personnes et de confiance. Les outils permettent de faire ce travail et le numérique ne connaît pas de frontières géopolitiques.
- Faire de la place pour notre travail : Ian Hickie, professeur de psychiatrie au Brain and Mind Centre de l’Université de Sydney, en Australie, a parlé de « l’ubérisation de la santé mentale». Si les personnes ayant vécu la maladie mentale et disposant d’une capacité de recherche dans ce domaine ne réagissent pas adéquatement, d’autres instances peuvent intervenir pour répondre aux priorités des consommateurs que sont l’accès, le choix, les prix concurrentiels et l’expérience utilisateur. Dans le monde entier, la demande de services en santé mentale personnalisés dépasse largement l’offre.
- Donner un sens : « Nous sommes tous encouragés lorsque quelqu’un croit en nous », a déclaré Anil Thapliyal, directeur général du Collectif, dans son discours de clôture.
À venir : Le 10e Congrès annuel se tiendra à Toronto en novembre 2025. Manifestez votre intérêt et apprenez-en davantage en consultant le site (uniquement en anglais) : https://events.emhicglobal.com/register-your-interest-for-emhic-2025/.
Lecture complémentaire : Soutien technologique : Les services de cybersanté mentale font tomber les obstacles
Restez à l’affût!
Abonnez-vous au magazine Le Vecteur dès aujourd'hui!
Share This Catalyst
Related Articles
La série du Club de lecture présente des ouvrages de qualité qui bousculent les stéréotypes et la stigmatisation, dans le cadre de notre section Représentations sur la culture pop et la santé mentale.
Il n’est pas question seulement de préjugés sexistes, bien que ce terme générique soit utile pour désigner les nombreux maux de la société, les croyances héritées du passé, le manque de données, les clichés historiques et la stigmatisation qui ont un retentissement négatif sur les soins de santé mentale prodigués aux femmes.
Ça n’existe que dans sa tête
Veuillez noter que cet ouvrage est disponible en anglais seulement.
L’auteure, Misty Pratt, est chercheuse et vulgarisatrice scientifique installée à Ottawa. Elle s’est appuyée sur la recherche médicale, sur des entretiens avec des praticiens et sur son savoir expérientiel passé en matière de soins de santé mentale pour rédiger un livre (Greystone Books, mai 2024) qui déboulonne des concepts dépassés comme l’hystérie, qui porte un regard critique sur le complexe industriel de l’autogestion de la santé et qui examine les constructions culturelles de la maladie mentale.
Ce n’est pas vous, c’est le capitalisme
Au chapitre 7, Mme Pratt pose la question suivante : « Êtes-vous aux prises avec une maladie mentale ou plutôt une surcharge mentale? ». Elle y souligne le lien entre l’épuisement professionnel et la dépression, sur la base d’une étude menée auprès de travailleurs finlandais. Cette étude montre que les personnes en situation d’épuisement professionnel sont plus susceptibles de devenir dépressives, et que celles en situation de dépression sont plus sujettes à l’épuisement professionnel.
Dans cette boucle, Mme Pratt fait remarquer que lorsque les femmes vivent de l’épuisement – au sens général d’être excessivement fatiguées par la charge mentale et la vie quotidienne – elles reçoivent parfois un diagnostic d’anxiété ou de dépression. Toutefois, il peut s’agir d’un faux diagnostic qui occulte des problèmes économiques et sociaux plus profonds, tels que le patriarcat (chapitre 6), ce qui se traduit à terme par des traitements inefficaces.
Madame Pratt invite les lecteurs à réfléchir à leur situation de manière plus holistique. En d’autres termes, la raison pour laquelle vous n’arrivez plus à sortir du lit est-elle davantage liée au monde catastrophique dans lequel vous vivez, à votre situation économique ou à un manque de pouvoir, et non à vous en tant que personne?
Une révélation porteuse de sens
« Personnellement, cette prise de conscience a complètement changé mon rapport à moi-même et à ma maladie mentale, écrit Mme Pratt. Je crois qu’un diagnostic erroné d’épuisement professionnel nourrit l’illusion que ma maladie mentale est attribuable à un défaut de personnalité, à un état d’esprit négatif, aux gènes de ma famille ou à un déséquilibre dans mon cerveau, plutôt qu’à une interprétation se rapprochant davantage de la vérité : Je suis confrontée à un problème social qui a des conséquences émotionnelles réelles et concrètes ».
Elle a trouvé cette prise de conscience libératrice, mais souligne qu’il peut être bouleversant de constater que l’on n’a pas autant de contrôle sur son bien-être que l’on aurait pu le croire. Cependant, en adoptant un point de vue plus global, il est possible de « redécouvrir ses propres capacités, les limites auxquelles on est assujetties et les minuscules gestes de résistance que l’on peut poser ».
Mme Pratt prend soin de ne pas définir la forme que cette résistance pourrait ou devrait prendre pour les gens. Elle examine ses propres préjugés dans le livre, évitant activement ce qu’elle appelle le piège du « syndrome de bien-être de la femme blanche », qui porte un privilège et encourage souvent des solutions simples qui sont à la mode ou basées sur l’appropriation culturelle. Il n’y a pas de liens affiliés à des œufs de jade ni d’allégations ringardes dans ce livre. En fait, la culture du bien-être et les soins personnels sont réimaginés d’une manière qui tient compte de nos multiples facettes : spirituelle, sociale, relationnelle, cognitive, émotionnelle et financière.
Se réapproprier son histoire
Madame Pratt raconte son histoire – dépression nerveuse, anxiété, dépression – ainsi que ses stratégies, ses séances de thérapie et la façon dont elles se sont conjuguées avec les étapes de sa vie, notamment la naissance de ses enfants. Elle tisse des liens entre ses expériences passées et l’analyse tranchante de la recherche contemporaine dans une optique biopsychosociale (un modèle qui tient compte des facteurs biologiques, psychologiques et sociaux qui influencent nos vies).
Un autre fil conducteur est l’histoire de la grand-mère de Mme Pratt, Dorothy Mavis Buckler, qui était aux prises avec un trouble bipolaire dans les années 1980, une époque où on en savait beaucoup moins, où la stigmatisation était douloureuse et systémique, et où les traitements étaient embryonnaires. Mme Pratt se souvient du regard qu’elle portait sur l’état de sa grand-mère, du haut de ses cinq ans.
« Lorsqu’on perd la tête, où va-t-elle?, écrit-elle. Lorsque notre esprit part à la dérive, est-ce que nous bondissons et tentons de le rattraper, comme un gamin se lancerait à la poursuite de son ballon perdu par jour de grand vent? ».
Les cliniciens agissaient comme si les symptômes de sa grand-mère étaient exagérés. Mme Pratt se penche sur le discours entourant l’hystérie et s’interroge sur ce qui aurait pu être différent aujourd’hui pour sa grand-mère. En contraste avec les expériences personnelles et les recherches de Mme Pratt, le lecteur y trouve une dose d’espoir : les choses se sont améliorées, même s’il reste encore énormément à faire.
Par exemple, lorsque Mme Pratt y va de son manifeste, vers la fin, ses appels à l’action sont tellement intelligents et évidents que l’on se demande pourquoi on ne les a pas encore appliqués.
« Mon souhait est que toutes les femmes aient accès à des options de traitement biopsychosociales efficaces, qu’elles ne donnent leur consentement qu’après avoir été correctement informées, qu’elles reçoivent un soutien en fonction de leurs préférences et de leurs valeurs, et qu’elles bénéficient de meilleurs soins lors de l’arrêt de leur médication, écrit-elle.
Cela peut se faire en collaboration avec des psychiatres, des psychologues, des travailleurs sociaux, des défenseurs des droits des patients et toute autre personne travaillant à l’amélioration des soins de santé mentale. Autrement dit, il est possible de trouver un terrain d’entente sur lequel tout le monde a sa place, un endroit où les portes s’ouvrent sur des choix accessibles à chaque individu qui le souhaite. »
Lecture complémentaire: Lifeline: An Elegy: le roman de Stephanie Kain brosse un portrait inédit de sa réalité auprès d’une personne proche vivant avec la maladie mentale.
Ressource : Où obtenir des soins? – Un guide pour s’orienter dans les services publics et privés de santé mentale au Canada.
Restez à l’affût!
Abonnez-vous au magazine Le Vecteur dès aujourd'hui!
Share This Catalyst
Related Articles
Au Canada, il est facile de supposer que les travailleurs de la santé ont accès à l’aide et aux soins dont ils ont besoin pour résoudre les problèmes de santé et de sécurité psychologiques rencontrés dans leur milieu de travail.
Or, ce n’est pas toujours le cas.
C’est ce décalage qui a mené à l’élaboration de la Trousse de santé et sécurité psychologiques pour les programmes de formation et les équipes de soins primaires, la Trousse SSP.
Cette vaste nouvelle collection d’outils personnalisables a été créée en partenariat par le Réseau canadien des personnels de santé, la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC) et l’Équipe de soins primaires (une initiative de la Fondation pour l’avancement de la médecine familiale, financée par Emploi et Développement social Canada).
Karina Urdaneta, gestionnaire de programme, Initiatives de prévention et de promotion à la CSMC.
« La trousse SSP est un site Web bilingue regroupant plus de 120 ressources destinées à aider les dirigeants du domaine de la santé, les représentants des RH, les travailleurs, les stagiaires et les formateurs à renforcer la santé et la sécurité psychologiques dans leurs environnements de travail et d’apprentissage, explique Karina Urdaneta, membre de l’équipe responsable de la Trousse et gestionnaire de programme, Initiatives de prévention et de promotion à la CSMC.
Les milieux de travail sains et sécuritaires sur le plan psychologique peuvent aider à améliorer le bien-être des professionnels de la santé, réduire l’absentéisme et le roulement de personnel, hausser la productivité, consolider la réputation de l’organisation, accroître la satisfaction des patients, réduire les erreurs médicales et abaisser les coûts liés aux soins de santé.
Renforcer la main-d’œuvre
Le Canada traverse une crise de la main-d’œuvre dans le secteur de la santé, en particulier dans les soins primaires. Avant même que la pandémie vienne intensifier la pression, les travailleurs de la santé étaient déjà aux prises avec le stress, la dépression, l’anxiété, l’épuisement et le risque de suicide.
La santé et la sécurité psychologiques, qui ciblent ces risques, sont définies dans la Trousse comme « le soutien systématique fourni au sein d’une organisation ou d’une équipe pour promouvoir la santé mentale et pour activement prévenir et minimiser les risques de préjudices psychologiques découlant de causes liées au travail. »
Les auteurs expliquent qu’en visant le fondement même des activités liées à santé, la Trousse « cible directement les interactions entre les gens ainsi que la structure des conditions de travail et de gestion au sein de l’organisation ou de l’équipe. »
La Trousse reconnaît que les soins de santé ne sont pas un système monolithique et que les obstacles et les facteurs de stress psychologique y varient d’un sous-secteur à l’autre. En effet, les difficultés vécues par les employés d’un établissement de soins de longue durée ne sont pas les mêmes que dans la salle d’urgence d’un hôpital, par exemple, et les considérations de santé et de sécurité psychologiques n’y sont pas les mêmes que dans un programme de recherche ou de formation.
Même au sein d’une même profession, les pressions ressenties peuvent varier de façon complexe. Par exemple, les équipes paramédicales sont témoins de blessures traumatiques et « voient des choses que les gens ne voient pas dans leur vie de tous les jours », soutient Peter, ambulancier à Halifax, qui a demandé à être identifié par son prénom seulement.
Il fait remarquer que ces travailleurs sont soumis à d’autres importantes sources de stress, comme l’abus chronique du système fait par des personnes qui appellent régulièrement l’ambulance sans pourtant avoir besoin de soins urgents, ou les inefficacités bureaucratiques qui causent des retards et des délais dans la prestation de soins.
« Ces situations sont pénibles, parce qu’il n’y a pas assez d’ambulances. Il n’y a pas suffisamment de ressources pour gérer ce problème, mais nous n’avons pas le choix de continuer, poursuit Peter. Ça devient épuisant. »
Des notions fondamentales pour soutenir le secteur
Ces problèmes dans le secteur de la santé sont quelques-uns des nombreux exemples qui illustrent pourquoi la Trousse SSP, disponible en ligne gratuitement, a été conçue pour être générale et adaptable.
Elle est structurée selon sept grands thèmes :
- Culture organisationnelle et d’équipe
- Gestion de la charge de travail et équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle
- Leadership et attentes clairs
- Protection psychologique
- Protection de la sécurité physique
- Protection contre la détresse psychologique
- Promotion de l’autogestion de la santé psychologique
Les utilisateurs du site Web peuvent cliquer sur ces thèmes pour en obtenir la définition; par exemple, la « Protection contre la détresse psychologique » englobe l’accès à des consultations et à une formation en bioéthique et l’élaboration de politiques et de lignes directrices permettant de faire face aux événements qui causent de la détresse psychologique.
Un onglet consacré aux ressources mène à des menus déroulants dont les internautes peuvent se servir pour filtrer plus de 120 ressources en fonction des besoins précis de leur équipe et de leur organisation. Les utilisateurs peuvent ainsi trier les ressources par thème, format (sites Web, articles, ateliers), secteur, cadre, identité, public (RH, employés, gestionnaires), coût, pays et langue.
Les équipes dans les milieux de travail peuvent consulter les ressources directement à partir du site Web. Il peut par exemple s’agir d’un article sur la relation entre le mentor et la personne mentorée publié dans le Journal of the Pediatric Infectious Diseases Society ou d’un atelier de consolidation d’équipe contenant de la documentation et des outils pour créer, avec leur équipe, un plan d’action afin d’améliorer la santé et la sécurité psychologiques de tous. Les vidéos, articles, webinaires et autres ressources ont été compilés à partir de dizaines de sources afin d’assurer que la Trousse regorge d’outils de qualité fondés sur des données probantes.
Quelques exemples d’application
Des équipes dans des milieux de travail ont même incorporé des éléments de la Trousse dans leurs propres programmes de santé et de sécurité psychologiques.
« Nous avons mis au point un curriculum destiné au personnel infirmier praticien qui prodigue des soins primaires dans les établissements de soins de longue durée, et le volet de santé et de sécurité psychologiques a fait partie intégrante de notre dernier module, souligne Carrie Heer, infirmière praticienne en Ontario.
Ce sont des membres du groupe de santé et sécurité psychologiques qui ont préparé ce module pour nous. Ainsi, nous avons intégré cette composante à même la trame de notre formation. »
Le programme peut être utilisé par tous les infirmiers praticiens au Canada et à l’étranger et est également disponible pour les établissements d’enseignement.
De l’avis de Michelle Acorn, directrice générale de l’Association des infirmières et infirmiers praticiens de l’Ontario, en insistant sur la santé mentale dès le départ, on assure que les infirmières praticiennes possèdent non seulement les compétences pour venir en aide aux résidents, mais aussi les stratégies de soutien et d’autosoins dont elles ont besoin pour s’épanouir dans nos environnements rigoureux. En fin de compte, cela améliore à la fois notre rendement professionnel et notre satisfaction générale au travail.
« Ce faisant, nous améliorons l’état de santé des résidents des centres de soins de longue durée, poursuit Dre Acorn. Il s’agit d’une étape essentielle pour accroître la résilience et l’efficacité de la main-d’œuvre dans le domaine des soins de santé. »
Pour aider les formateurs à éviter de causer des préjudices en essayant de faire le bien, le laboratoire Equity in Health Systems de l’Institut de recherche Bruyère a créé un ensemble d’outils d’équité, diversité, inclusion et accessibilité qui sont bénéfiques dans ce travail.
Ces outils d’introduction concis soutiennent les formateurs, enseignants et animateurs dans la préparation et la réalisation d’activités éducatives. Les questions d’orientation qui sont fournies aident à atténuer les préjudices, indiquent les auteurs.
Elles portent sur les trois R – représentation, rôles et relations, responsabilités –, des principes fondamentaux en raison « du risque réel de perpétuer voire de causer des préjudices en propageant des stéréotypes, de la stigmatisation, des préjugés, des microagressions et plus encore. » Ceux-ci peuvent être transmis par inadvertance par l’entremise de cas, de récits, de vidéos et d’autres mises en situation dans les activités éducatives, si les ressources ne sont pas conçues dans une optique d’équité.
Ainsi, l’intégration de ces cadres aux activités d’apprentissage destinées aux professionnels de la santé constitue un grand pas vers la promotion de l’équité et la réduction des préjudices dans les environnements d’enseignement. Elle peut hausser la qualité du travail et de la vie des employés dans l’ensemble du secteur de la santé et améliorer le bilan de santé de leurs patients.
- Trousse de santé et sécurité psychologiques pour les programmes de formation et les équipes de soins primaires.
- Changer les mentalités
Restez à l’affût!
Abonnez-vous au magazine Le Vecteur dès aujourd'hui!
Share This Catalyst
Related Articles
L’été dernier, lorsque Kristen Parks s’est plongée dans le cours en ligne sur la stigmatisation structurelle liée à la santé mentale en soins de santé, elle a rapidement eu une impression de déjà-vu.
Rapidement, elle s’est rendu compte qu’une partie du contenu lui était familier : elle avait déjà appris ces notions. Il y a plus de dix ans, dans le cadre de sa formation en soins infirmiers, elle a suivi un cours complet sur la santé mentale.
« J’ai eu l’impression de solliciter des muscles que je n’avais pas utilisés depuis longtemps, explique Mme Parks, infirmière diplômée œuvrant dans l’Unité de soins cardiaques d’un hôpital des provinces de l’Atlantique. « En choisissant de travailler en milieu hospitalier, vous vous concentrez sur un domaine de spécialisation. C’est ce dans quoi vous avez le plus d’expertise et c’est aussi ce sur quoi votre attention se porte le plus. »
Le cours – lancé il y a un an par le fournisseur canadien d’apprentissage en ligne sur la santé, SoinsSantéCAN, en partenariat avec la Commission de la santé mentale du Canada – est gratuit, dure une à deux heures et est mis à la disposition de tous. L’objectif est de sensibiliser les participants à la stigmatisation structurelle, dont les répercussions peuvent être particulièrement néfastes sur les personnes vivant des problèmes de santé mentale ou d’usage de substances.
Un type de stigmatisation
Dans le domaine des soins de santé, on parle de stigmatisation structurelle lorsque les lois, les politiques et les pratiques donnent lieu à un traitement inéquitable des personnes dotées d’un savoir expérientiel. Cette injustice se traduit par un accès inégal et une moindre qualité des soins pour ces personnes, et ce, autant pour des préoccupations de santé physique que pour des problèmes liés à la santé mentale ou à l’usage de substances.
Au cours de la dernière décennie, des chercheurs – dont plusieurs Canadiens – ont constitué un imposant corpus d’études portant sur les répercussions de la stigmatisation dans les soins de santé, en se consacrant plus récemment au phénomène de la stigmatisation structurelle. Les initiatives pédagogiques, comme le cours auquel Mme Parks s’est inscrite, s’appuient sur ces recherches – ainsi que sur les points de vue de personnes ayant un savoir expérientiel passé et présent en matière de santé mentale et d’usage de substances – dans le but de renforcer la compréhension et la prise de conscience.
« En ce qui concerne le contenu que je connaissais déjà, je voulais surtout le replacer au premier plan dans mon esprit, explique Mme Parks, mais j’ai aussi acquis de nouvelles notions. J’ai suivi ce cours il y a une douzaine d’années et, depuis, les perspectives et les recommandations ont évolué, ce qui est très prometteur. Nous voulons que les choses changent. »
Qu’est-ce qui a changé?
Parmi les personnes qui ont suivi la formation durant la dernière année, plus de 40 pour cent ont indiqué être capables de dépeindre le problème ainsi que son incidence sur les patients, de repérer les endroits où la stigmatisation est présente au sein de leur organisation et de « décrire les facteurs qui ont contribué à alimenter la stigmatisation structurelle dans les soins de santé ».
Bien que la stigmatisation structurelle pose plus d’un problème, le principal enjeu est qu’elle constitue un obstacle de taille pour de nombreuses populations marginalisées. En effet, il a été établi que la stigmatisation dissuade non seulement la recherche de soins préventifs ou hâtifs, mais que lorsque les personnes ont finalement recours à un traitement, la stigmatisation peut mener à plans de traitement médiocres et à des diagnostics manqués, ce qui est trop souvent le résultat de « l’occultation du diagnostic ».
Gretchen Grappone, consultante en formation et clinicienne spécialisée dans le changement structurel. Elle travaille avec des professionnels de la santé sur la lutte contre la stigmatisation structurelle.
Par exemple, une personne souffrant d’un trouble lié à l’usage de substances pourrait consulter pour n’importe quel motif, d’un bras cassé à des calculs rénaux; cependant, lorsque le personnel médical apprend que le patient a déjà un diagnostic de troubles de dépendance à des substances, il arrive que ce dernier éclipse tous les autres problèmes médicaux. Cette occultation peut brouiller le jugement des soignants qui, soudainement, ne voient plus qu’un « toxicomane », alors que le patient ressent manifestement des douleurs et qu’il a besoin de médicaments.
« C’est extrêmement préjudiciable, déclare Gretchen Grappone, travailleuse sociale clinique indépendante et agréée, dont les activités sont désormais axées sur la formation des professionnels de la santé à la stigmatisation structurelle. À cause de l’occultation des diagnostics, plusieurs personnes ayant une maladie mentale ou un trouble de l’usage de substances ne reçoivent pas le traitement dont elles ont besoin. »
Madame Grappone se souvient d’un exemple où une personne s’est présentée aux urgences avec de violentes douleurs thoraciques mais, comme elle était déjà venue dans ce service d’urgence auparavant et qu’elle avait été traitée pour un trouble de la personnalité limite, elle n’a pas été prise au sérieux lors de sa visite concernant un tout autre problème. « Cette personne est décédée parce qu’elle n’a pas reçu les soins dont elle avait besoin ».
De graves conséquences
Ce genre d’incidents a motivé Mme Grappone à délaisser le counseling individuel au profit de la formation et de la sensibilisation à la stigmatisation en milieu médical. Un autre motif réside dans le fait qu’elle a vécu la dépression.
« Je n’ai reçu le diagnostic qu’après avoir subi diverses formes de discrimination pendant de très nombreuses années, explique-t-elle. Cette discrimination provenait non seulement de ma dépression, mais aussi du fait que je sois ouvertement homosexuelle, de sorte qu’il s’agit d’une stigmatisation intersectionnelle. »
Cette expérience personnelle, conjuguée à son travail de clinicienne, l’a placée aux premières loges pour observer différents types de discrimination au sein du système de santé. Elle est ainsi devenue une ressource précieuse dans le mouvement croissant visant à éradiquer la stigmatisation structurelle au sein du système, car la recherche a montré que les personnes marginalisées ayant vécu la stigmatisation possèdent une vision éclairée de ce phénomène.
Souvent, les personnes ayant un savoir expérientiel passé et présent sont les seules à pouvoir détecter les problèmes inhérents à des pratiques que beaucoup considèrent comme allant de soi et comme des protocoles standard. La dichotomie code bleu/code blanc en est un bon exemple : les médecins sont appelés à intervenir en cas de crise de santé physique (code bleu), tandis que les premiers intervenants en situation de code blanc (violence ou agression) sont souvent des membres du personnel de sécurité.
Par exemple, dans le cadre du questionnaire de suivi, une personne ayant participé au cours a déclaré qu’avant de suivre la formation, elle ne prenait pas en compte le point de vue du patient lorsqu’elle répondait à des codes blancs au sein de l’hôpital où elle travaille; avec le recul, bon nombre de ces situations auraient probablement pu faire l’objet d’une intervention non violente ou être résolues par une certaine immobilisation physique.
Un message à décoder
Un patient en crise psychologique, déjà stressé et désorienté, peut devenir agité en raison des expériences qu’il a vécues avant que le code blanc ne soit déclenché, a-t-elle fait remarquer. « Je comprends maintenant mieux pourquoi le fait que la sécurité soit la première à arriver sur les lieux d’un code blanc n’est pas forcément la meilleure solution pour le patient; cela risque de le troubler ou de l’agiter davantage, de le mettre sur la défensive et d’envenimer encore plus la situation. »
Les protocoles de ce genre, appelés « politiques et pratiques coercitives », représentent une atteinte aux droits des patients aux prises avec des problèmes de santé mentale et de consommation; ces derniers peuvent être admis contre leur volonté, soumis à des contentions physiques et se voir refuser le droit de participer à la prise de décision concernant leur santé.
Il n’est pas facile de s’affranchir de la stigmatisation du jour au lendemain (voire jamais), mais pour faire un premier pas dans la lutte contre cette discrimination, il faut envisager le fonctionnement du système du point de vue des personnes lésées. De nombreux participants à la formation en ligne ont affirmé que les exemples individuels de stigmatisation les avaient aidés à ouvrir les yeux sur ces enjeux.
Ils ont également appris à saisir les occasions de lutter contre la stigmatisation, ce qui prouve qu’il est possible de faire bouger les choses en mobilisant les connaissances. Près de la moitié des personnes interrogées ont déclaré que cela les avait poussées à changer ou à prendre des mesures pour combattre la stigmatisation structurelle. Un nombre à peu près équivalent de diplômés sont allés jusqu’à élaborer des stratégies de déploiement de leurs nouvelles connaissances. Parallèlement, nombreux sont ceux qui craignent que la remise en question du statu quo ne soit pas une mince affaire.
« Oui, l’intégration de la matière apprise dans mon milieu de travail peut signifier que je serai confronté à des difficultés : résistance institutionnelle, manque de ressources, culture organisationnelle, contraintes juridiques et réglementaires, réticence des parties prenantes, déclare un autre répondant au questionnaire. Il me faudra de la persévérance, des actions de sensibilisation et des solutions créatives pour surmonter ces obstacles ».
Kristen Parks affirme que des bilans réguliers et des mises à jour des certifications aideraient aussi les gens qui désirent transformer la culture des soins dans n’importe quelle institution, citant la formation annuelle à la réanimation cardiorespiratoire (RCR) comme une pratique de référence. À titre d’exemple, tout le personnel d’un hôpital, des cuisiniers aux administrateurs, doit être formé en RCR. Il est tout à fait possible qu’un membre du personnel se retrouve dans un ascenseur avec un patient, en situation d’urgence. Mme Parks estime que cette formation pourrait se révéler salutaire pour l’ensemble du secteur de la santé.
« Ce cours m’a rappelé qu’il faut toujours considérer la personne dans son ensemble, et pas seulement, par exemple, son usage de substances, explique Mme Parks. Il existe de nouvelles connaissances et, si vous avez terminé vos études depuis 15 ou 20 ans, il est possible que la situation présente ne corresponde plus du tout à ce que vous avez appris. »
Suivez le cours (gratuit; une à deux heures): https://chalearning.ca/programs-and-courses/structural-stigma-training-for-health-care-leaders/
Restez à l’affût!
Abonnez-vous au magazine Le Vecteur dès aujourd'hui!
Share This Catalyst
Related Articles
Qu’est-ce qui dissuade les gens de chercher de l’aide?
Pour certains, c’est le manque de ressources – généralement de temps ou d’argent. D’autres ignorent peut-être même que de l’aide est disponible.
Parfois, les gens tardent à chercher de l’aide pour une raison totalement différente, parce qu’ils craignent la façon dont ils seront traités par le système de soins de santé. Parce qu’ils craignent d’être stigmatisés.
« La stigmatisation est un phénomène auquel nous sommes confrontés tous les jours, déclare Dre Eileen de Villa, médecin hygiéniste torontoise. Toronto, comme beaucoup d’autres régions, est aux prises avec les défis interdépendants que posent l’itinérance, l’omniprésence de la maladie mentale et les dépendances non traitées. »
En mai, dans le cadre de la série annuelle de conférences Charles Hastings de Toronto, Dre de Villa a organisé un événement intitulé Diverse Dialogues: Stigma & Breaking Barriers.
Dre de Villa parle d’une « triple crise » sans précédent qui exige une solution des trois ordres de gouvernement, citant la stigmatisation comme l’un des principaux obstacles à la résolution de cette crise.
« Les gens disent “Si seulement je pouvais me reprendre en main” ou “Si seulement j’avais fait de meilleurs choix de vie”, explique Dre de Villa, mais la dépendance est une maladie complexe, pas une faute morale. »
Types de stigmatisation
« La stigmatisation jette un voile de honte, de peur du jugement et d’isolement, poursuit-elle. La peur de la criminalisation rend beaucoup moins probable la recherche d’aide et, quand la personne trouve enfin le courage de le faire, les attitudes discriminatoires auxquelles elle peut être confrontée au sein de notre système de soins de santé ne l’aident pas à se rétablir. »
Et, comme le souligne Dre de Villa, ce n’est là qu’une des répercussions de la stigmatisation sur notre population.
Mais qu’est-ce que la stigmatisation au juste? La stigmatisation est aussi compliquée qu’omniprésente. Au sens littéral, la plupart d’entre nous savent que la stigmatisation fait partie de la même famille de mots que « tache », « cicatrice » et « sceau de la honte », et signifie généralement quelque chose comme « une croyance injuste au sujet d’une personne ou d’un groupe de personnes ».
Les recherches actuellement menées par la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC) définissent la stigmatisation comme la présence d’une caractéristique socialement indésirable démontrant l’« altérité ». Cette recherche se concentre sur quatre types de stigmatisation, explique Michel Rodrigue, président-directeur général de la CSMC, qui a participé à l’événement Diverse Dialogues du Bureau de santé publique de Toronto.
Il existe une stigmatisation individuelle, qui consiste principalement à intérioriser les messages négatifs. La deuxième est la stigmatisation interpersonnelle, qui peut survenir dans les relations avec les amis, la famille et les collègues.
La stigmatisation structurelle, quant à elle, englobe les règles organisationnelles, politiques, procédures, lois et normes culturelles qui perpétuent et renforcent la stigmatisation. Enfin, on parle de stigmatisation intersectionnelle lorsque la stigmatisation liée à la santé mentale ou à l’usage de substances chevauche d’autres formes d’inégalités.
Grâce au nombre croissant de recherches menant à l’établissement d’une taxonomie de la stigmatisation, il est plus facile de déterminer comment la stigmatisation – en particulier structurelle et intersectionnelle – a été utilisée pour marginaliser les populations.
Savoir expérientiel de la stigmatisation
« Il n’y a pas de stigmatisation sans marginalisation et sans discrimination », indique Dre Notisha Massaquoi, professeure adjointe au département de la santé et de la société de l’Université de Toronto à Scarborough, conférencière à l’événement et participante à la discussion de groupe. « La stigmatisation est un outil central et essentiel du racisme anti‑Noirs. »
Selon Dre Massaquoi, on ne peut dissocier la stigmatisation des autres outils d’oppression, notamment l’effacement et l’invisibilité, mais aussi la marginalisation et l’isolement. La stigmatisation sert à détourner notre attention des obstacles systémiques à la santé et entraîne d’importantes répercussions négatives sur la santé de la population.
« La stigmatisation nuit à tous les aspects de la cascade des soins de santé, enchaîne Dre Massaquoi. Elle nuit au diagnostic, au traitement, à l’accès équitable aux soins et aux résultats positifs. »
Avant de travailler à l’Université, Dre Massaquoi œuvrait dans le domaine de la santé publique, d’abord en tant que fournisseuse de services pour les personnes d’origine africaine continentale de Toronto ayant reçu un diagnostic de VIH. C’était à la fin des années 1980, avant l’apparition des traitements médicaux. Elle raconte que chaque jour, elle espérait que personne ne franchirait sa porte, car tous les patients qu’elle rencontrait décédaient dans l’année qui suivait.
« Quand nous avons enfin reçu le médicament, quand l’AZT (un type de médicament antirétroviral utilisé pour lutter contre le VIH) est arrivée pour la première fois au Canada, ce que je voyais, c’étaient les effets de la stigmatisation, se souvient-elle. Les Africains étaient accusés d’avoir apporté le VIH au Canada et stigmatisés pour leurs pratiques sexuelles considérées comme inhabituelles. Toutes sortes d’étiquettes stigmatisantes ont été attribuées à cette communauté. »
Plusieurs ont ainsi perdu leur emploi. « Et si l’on découvrait qu’ils étaient séropositifs, ajoute Dre Massaquoi, les fournisseurs de soins de santé les rayaient de leur liste. » La communauté noire de Toronto a été la dernière à avoir accès aux médicaments.
Parfois, la discrimination naît d’obstacles structurels difficiles à percevoir, comme l’absence de cliniques du VIH/sida dans les quartiers de la ville où vivent d’importantes communautés noires, même si l’incidence de l’infection par VIH est plus élevée au sein de ces populations. Cette disparité est enfin prise en compte aujourd’hui, mais elle a persisté pendant des années.
Mais il arrive aussi que la discrimination et la stigmatisation dans le système médical soient flagrantes et indéniables.
« Mon premier jour de résidence en tant que médecin à l’Hôpital général Victoria, une infirmière m’a empêché de pratiquer un accouchement en saisissant ma tresse et en me criant dessus », se souvient le Dr James Makokis, médecin de famille bispirituel de la nation Crie de Saddle Lake (Alberta), vainqueur de la septième saison de The Amazing Race Canada et conférencier lors de l’événement.
« Quand on pense à ce qui arrive aux patients autochtones qui ont beaucoup moins de pouvoir que moi en tant que médecin, relève Dr Makokis, il est logique qu’il y ait des personnes comme Joyce Echaquan, qui a littéralement filmé sa mort sur les médias sociaux alors qu’elle subissait précisément les stéréotypes souvent véhiculés sur les Autochtones. Comme celui qu’elle n’était bonne qu’à une chose, le sexe. »
Joyce Echaquan, une Atikamekw de 37 ans, est décédée d’un œdème pulmonaire à l’hôpital de Joliette, au Québec, en septembre 2020, après avoir été mise sous contention et s’être vu administrer de la morphine. Sa famille affirme qu’elle était allergique à la morphine et qu’elle avait exprimé des inquiétudes quant à une éventuelle réaction indésirable.
Alors qu’elle agonisait, elle a enregistré et diffusé en direct une vidéo de sept minutes montrant des infirmières qui l’insultaient, la traitaient de « complètement idiote » et mettaient son problème de santé sur le compte de ses « mauvais choix ».
Selon Dr Makokis, des actes comme celui-ci, qui montrent de manière flagrante le racisme structurel, sont rendus possibles par la déshumanisation. La déshumanisation, quant à elle, est portée par la stigmatisation. Tout cela s’inscrit dans la même logique de suprématie blanche qui a justifié et permis la colonisation et le génocide.
« Une partie de la déshumanisation consiste à insinuer qu’un groupe de personnes a moins d’intelligence ou de moralité, explique-t-il. On peut penser aux Autochtones qui, dans les pensionnats, n’ont souvent été scolarisés que jusqu’à la sixième année parce qu’on croyait qu’ils avaient les capacités mentales nécessaires pour atteindre seulement ce niveau. »
Il existe d’autres composantes de la déshumanisation : suggérer qu’une population est une « infestation » et qualifier ces gens de « sauvages » ou de « cafards ». Tout cela contribue à justifier la violence, l’injustice et l’iniquité systémique.
« Vous n’êtes pas comme moi, poursuit Dr Makokis. Je suis meilleur que vous. Vous êtes moins humain que moi. Et quand cela se produit, c’est une composante essentielle de la déshumanisation qui nous permet de faire n’importe quoi à un groupe de personnes, et qu’elles deviennent simplement un ensemble de stéréotypes. »
Que pouvons-nous faire?
Dr Makokis affirme que les Canadiens aiment croire (à tort) que nous vivons dans une nation post-raciale de gentils gardiens de la paix et que la discrimination est chose du passé. Dr Makokis, M. Rodrigue, Dre de Villa et Dre Massaquoi considèrent tous l’éducation comme la première étape du démantèlement du racisme systémique.
Dans les écoles publiques, on n’apprend rien ou presque sur le génocide, les pensionnats ou les contributions apportées à la société par les Canadiens noirs – et l’invisibilité et l’effacement sont les premiers pas vers la stigmatisation. En commençant par là, nous pouvons aider à mettre fin à la déshumanisation et à la stigmatisation avant qu’elles ne se manifestent. Après cela, Dre Massaquoi déclare que les données fondées sur la race sont essentielles pour pouvoir réclamer des services exempts de stigmatisation qui sont réellement accessibles aux communautés qui en ont le plus besoin.
Considérer la stigmatisation selon une perspective de santé publique est un excellent moyen de comprendre que la santé publique est un pilier essentiel du tissu social. Comme l’a montré la pandémie, nous sommes tous liés d’une manière que nous ne saisissons pas toujours jusqu’à ce que nous soyons en situation de crise.
« Nous avons toujours œuvré pour la justice, conclut Dr Makokis. Il est important de se rappeler les paroles du Dr Martin Luther King à ce sujet : “Une injustice, où qu’elle soit, est une menace pour la justice partout. Nous sommes tous inéluctablement pris dans un réseau de relations mutuelles, liés par un destin commun. Tout ce qui affecte directement quelqu’un nous affecte tous indirectement.” »
Ressource : Stigmatisation structurelle : Un guide de mise en œuvre pour susciter un véritable changement pour et avec les personnes vivant avec la maladie mentale et/ou des problèmes d’usage de substances.
Photos : avec l’aimable autorisation du Bureau de santé publique de Toronto.
Restez à l’affût!
Abonnez-vous au magazine Le Vecteur dès aujourd'hui!
Share This Catalyst
Articles Connexes
La Journée mondiale de la prévention du suicide a lieu tous les ans le 10 septembre. Cette année, la Journée se déroulera sous le thème « Changer le discours sur le suicide ». Ce thème vise à transformer notre perception d’un problème complexe. Nous devons délaisser la culture du silence et de la stigmatisation au profit d’une culture d’ouverture, de compréhension et de soutien.
Si vous avez perdu espoir et que vous avez du mal à vous en sortir, si vous avez des idées suicidaires ou si vous vous inquiétez pour quelqu’un qui en a, appelez ou envoyez un texto au 9-8-8 à n’importe quel moment du jour ou de la nuit.
Un soir, il y a quelques années, Aja Sax s’est retrouvée seule dans son appartement, complètement submergée par des idées suicidaires. Elle avait déjà connu de tels états, mais jamais avec autant d’intensité.
« Dans les jours qui ont précédé mon épisode le plus sombre, je voulais mettre fin à mes jours, car je ne voyais pas comment les choses pourraient s’améliorer, se souvient-elle. Je croyais ne plus jamais pouvoir être heureuse. »
Aja ajoute que, d’aussi loin qu’elle se souvienne, elle a toujours vécu des épisodes de dépression. À l’âge de 12 ans, elle a demandé à ses parents de l’aider à obtenir une aide professionnelle, en vain. « Mon père m’a ri au nez. Et ma mère s’est exclamée : “Qu’est-ce qui pourrait bien te déprimer à ton âge?” ».
Jeune adulte, lorsqu’elle se confiait à des amis, elle avait l’impression que beaucoup d’entre eux « invalidaient » ce qu’elle ressentait et lui conseillaient tout bonnement de méditer ou de faire du yoga au lever du soleil. Heureusement, elle a aussi reçu du soutien – en ligne et en personne – de gens qui la prenaient au sérieux et qui semblaient deviner exactement comment et quand se préoccuper d’elle. L’une de ces personnes l’a même aidée à traverser sa pire nuit et à prendre des mesures pour demander de l’aide au matin.
« Ces relations virtuelles m’ont sauvé la vie », assure-t-elle.
Des statistiques qui font frémir
Selon l’Organisation mondiale de la Santé, plus de 700 000 personnes meurent par suicide chaque année dans le monde. Dans la plupart des pays, le taux de suicide est plus élevé chez les jeunes que dans les autres groupes démographiques, y compris au Canada, où le suicide est la deuxième cause de décès chez les jeunes adultes de 18 à 34 ans.
Pour lutter contre cette épidémie et réduire les taux de suicide, il faut absolument changer un certain discours susceptible de causer encore plus de tort et le remplacer par des paroles qui, comme en témoigne Aja, peuvent sauver des vies. Pour ce faire, la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC) a récemment lancé #ClavardagePrudent, une ressource conçue pour changer la façon dont nous parlons de l’automutilation et du suicide.
Mis au point par une équipe de prévention du suicide dirigée par la professeure Jo Robinson, d’Orygen, un institut de recherche australien axé sur la santé mentale des jeunes, #ClavardagePrudent constitue le premier ensemble de lignes directrices internationales fondées sur des données probantes et conçues pour aider les jeunes de 12 à 25 ans à parler d’automutilation et de suicide. Il existe également une ressource destinée aux soignants. Les deux outils comprennent des indications claires et exhaustives sur la manière d’éviter les termes et les images risqués ainsi que les déclencheurs émotionnels lors de conversations sur le suicide et l’automutilation.
« Il y a beaucoup d’idées fausses sur la façon dont nous intervenons auprès des gens, et cela découle en partie du langage lui-même, explique Nagi Abouzeid, membre du Conseil des jeunes de la CSMC, inscrit au programme de maîtrise en sciences de la réadaptation à l’Université de Montréal. Les lignes directrices #ClavardagePrudent contiennent une section contenant des expressions dangereuses, comme “commettre un suicide” par opposition à l’expression plus sûre “décéder par suicide”. Les gens utilisent cette terminologie désuète sans vraiment connaître son origine. »
Le choix des mots est important
Avant d’être décriminalisé en 1972 au Canada, le suicide était un acte criminel que l’on « commettait », et les personnes ayant fait une tentative de suicide pouvaient faire l’objet de poursuites. Bien que le suicide ne soit plus un crime depuis plus de 50 ans, les mots « commettre » ou « commis » ont toujours une connotation immorale, ce qui peut susciter un sentiment de honte chez les personnes concernées. Or, la honte peut empêcher une personne en détresse de chercher de l’aide.
L’écrivaine torontoise Doris Sommer-Rotenberg est l’une des premières à avoir sonné l’alerte en ce qui concerne le rôle que joue le langage dans notre perception du suicide. En effet, dans un numéro de 1998 du Canadian Medical Association Journal, elle dénonçait l’utilisation de l’expression « commettre un suicide ». Poussée par le désir de « garder vivante la vitalité » de son fils, un médecin d’une trentaine d’années décédé par suicide, ainsi que par la volonté d’aider à prévenir de pareilles tragédies, elle a contribué à lancer un mouvement visant à corriger le langage du suicide.
En outre, elle a fait campagne pour qu’une chaire de recherche sur le suicide – la première du genre en Amérique du Nord – soit créée au nom de son fils, Arthur Sommer-Rotenberg, à son alma mater, l’Université de Toronto. « Le fait qu’il n’existait encore aucune chaire consacrée au suicide témoigne du silence qui a toujours entouré cette question », fait-elle remarquer.
En 2016, Mme Sommer-Rotenberg a reçu la Médaille du service méritoire du gouverneur général du Canada, en récompense pour son travail de sensibilisation sur le silence et la stigmatisation qui entourent le suicide. Depuis qu’elle a publié son éditorial, il y a 25 ans, on parle davantage du suicide, en partie grâce aux médias sociaux. Toutefois, il reste encore beaucoup à faire dans la manière dont nous en parlons.
« Si les médias sociaux permettent de tisser des liens entre les jeunes, ils peuvent aussi compromettre leur sécurité, explique Nitika Rewari, directrice des Programmes de prévention et de promotion à la CSMC. Nous avons donc la responsabilité d’aider les jeunes à acquérir les outils et les connaissances nécessaires pour communiquer virtuellement en toute sécurité au sujet du suicide et de l’automutilation. Les lignes directrices #ClavardagePrudent peuvent nous aider à y parvenir. »
Souvent, comme on l’a vu plus haut avec Aja Sax, des forums virtuels animés par un intervenant qualifié peuvent aider les participants à obtenir du soutien et des conseils avisés de la part d’autres personnes ayant une expérience vécue du suicide et de l’automutilation. Toutefois, le paysage numérique de la santé mentale abrite également des influenceurs, des sites de conseils sur le suicide et même des productions à gros budget qui peuvent s’aventurer en terrain dangereux.
« La série Netflix Treize raisons met en scène certains des éléments qui, selon nous, ne doivent pas être diffusés. Par exemple, on y traite des moyens par lesquels les gens tentent de s’enlever la vie », explique Mme Rewari, en faisant remarquer que la série aborde des sujets de santé mentale parmi les plus complexes de la société, comme le suicide chez les adolescents, l’intimidation et la toxicomanie. Selon elle, de tels sujets, notamment ceux qui touchent au suicide et à la maladie mentale, mériteraient d’être traités de manière plus sûre, plus délicate et plus responsable, ce qui éviterait de stigmatiser le suicide et encouragerait les téléspectateurs à offrir de l’aide ou à en demander lorsqu’ils en ont besoin.
Des ressources utiles
Si certains débattent encore du lien de causalité entre cette série et l’augmentation du taux de suicide pendant le mois où elle a été diffusée, les auteurs d’une étude menée aux États-Unis affirment pour leur part qu’elle est effectivement associée à une hausse importante du nombre de suicides chez les jeunes. Les chercheurs ont conclu qu’il est justifié de faire preuve de « prudence avant d’exposer un enfant ou un adolescent à cette série ».
Grâce aux lignes directrices #ClavardagePrudent – extraordinairement claires et directes – les gens qui prennent part aux discussions et les créateurs de contenu peuvent apprendre facilement à se servir des avertissements de sensibilité et à éviter les images, thèmes ou termes risqués.
« En tant que jeune adulte, j’apprécie vraiment le caractère pratique des suggestions, affirme Alisha Haseeb, inscrite à un programme de premier cycle en Sciences de la santé à l’Université McMaster, et membre du Conseil des jeunes de la CSMC.
Dans ces lignes directrices, on ne se contente pas de proposer des pratiques exemplaires. On offre des solutions de rechange concrètes et réalisables. On explique pourquoi certaines méthodes de conversation et de communication sont plus efficaces que d’autres, ce qui démontre que ces lignes directrices sont ancrées dans une pratique fondée sur des faits. Elles nous incitent à prendre des décisions qui reflètent nos intentions. »
Elle ajoute : « Je pense que la lecture de ces lignes directrices est un excellent moyen de réfléchir aux termes que nous utilisons, aux effets qu’ils ont et au type de message que nous envoyons. »
C’est grâce à la méthode utilisée par la professeure Jo Robinson pour mettre au point #ClavardagePrudent que ces lignes directrices sont si accessibles. En effet, l’équipe de prévention du suicide d’Orygen a consulté un large éventail de personnes représentant différentes cultures du monde entier, ce qui va bien au-delà du processus habituel d’évaluation par les pairs, généralement limité à d’autres universitaires et chercheurs.
« Ce qui me donne confiance en cette ressource, c’est qu’elle a été conçue en collaboration avec des jeunes qui ont vécu l’expérience de l’automutilation ou du suicide, ou qui ont aidé quelqu’un qui s’automutilait ou qui était suicidaire, explique Mme Haseeb. Je pense qu’il y a trop souvent un décalage entre, d’une part, la génération qui conçoit les services et les lignes directrices destinés aux jeunes et, d’autre part, la façon dont les jeunes utilisent réellement ces services. »
Une telle approche a facilité l’adaptation de #ClavardagePrudent dans 14 pays outre l’Australie, dont la Corée du Sud, le Nigeria, la Finlande, le Brésil et, bien sûr, le Canada.
« Je suis ravie d’avoir collaboré avec la CSMC pour publier les lignes directrices #ClavardagePrudent partout au Canada, déclare Jo Robinson, d’Orygen. Plus que jamais, il est crucial de donner aux jeunes autant qu’aux parents et aux prestataires de soins de la communauté, des outils pour discuter d’automutilation et de suicide en toute sécurité sur les plateformes numériques. Ensemble, nous espérons créer un espace virtuel plus sûr pour les jeunes et faire en sorte que les personnes à risque demandent plus facilement de l’aide. »
Ressource: #ClavardagePrudent – Un guide pour communiquer en ligne en toute sécurité au sujet de l’automutilation et du suicide.
Lecture complémentaire: Survivre au suicide d’un être cher : Surmonter la stigmatisation, le chagrin et la perte et emprunter le chemin de la guérison, de l’espoir et du soutien auprès d’une communauté après le décès par suicide d’un être cher. Une histoire personnelle.