Si vous êtes en état de détresse, veuillez appeler ou texter le 988 n’importe quand. En cas d’urgence, appelez le 9-1-1 ou rendez-vous à votre service d’urgence local.

C’est une histoire à raconter n’importe quel jour de l’année, mais nous souhaitons attirer l’attention sur le thème de la Journée internationale de sensibilisation aux surdoses 2024, qui a lieu chaque année le 31 août, et qui est « Ensemble, nous pouvons ». Le thème souligne le pouvoir des collectivités qui s’unissent pour mettre fin aux surdoses.

J’ai une trousse qui permet de contrer une surdose d’opioïdes, et je n’en ai pas honte.

Il n’y a pas que ceux vivant avec des problèmes d’usage de substances qui pourraient avoir la vie sauve grâce à la naloxone; il y a aussi ceux qui vivent avec des douleurs chroniques et qui prennent des analgésiques sur ordonnance – comme ma femme. Ou des personnes comme mon fils, qui pourraient prendre ces analgésiques par accident. Chacun de nous, dans la vie de tous les jours, peut tomber sur quelqu’un qui, pour une raison ou une autre, a fait une surdose d’opioïdes.

Cela peut arriver n’importe où, même au travail.

Selon Santé Ontario, en 2021, 2129 cas d’intoxication liée aux opioïdes ont été recensés chez 1,7 million de travailleurs de l’Ontario. Les ouvriers, les professionnels du secteur des services, les professionnels de la santé et les employés de bureau – tous les travailleurs –, ainsi que les clients et les entrepreneurs qui entrent dans les entreprises peuvent être touchés. Avec une telle portée, il apparaît logique d’inclure une trousse de naloxone dans la trousse de secours sur le lieu de travail.

« Pour moi, c’est une évidence », déclare Stephanie Fizzard, ancienne intervenante en réduction des méfaits. « Quand vous attrapez votre trousse de secours, vous attrapez votre défibrillateur, vous voulez avoir tout ce dont vous avez besoin pour faire face à cette situation. »

L’intégration de la naloxone dans les trousses de secours en milieu de travail devrait être la norme – de même que la formation sur son administration.

À propos des opioïdes

Les opioïdes comme le fentanyl, l’oxycodone, l’héroïne et la morphine sont des médicaments aux propriétés analgésiques pouvant provoquer une euphorie et présentant un risque élevé d’accoutumance. Ils peuvent être délivrés sur ordonnance, mais peuvent aussi être obtenus ou produits illégalement. Selon le Centre canadien sur les dépendances et l’usage de substances, la crise des opioïdes est alimentée par les opioïdes synthétiques. Le fentanyl et les substances apparentées d’origine non pharmaceutique et fabriquées illégalement sont les opioïdes les plus largement disponibles sur le marché illicite non réglementé au Canada. Ces substances accroissent considérablement le risque de décès par intoxication, car elles sont très puissantes et potentiellement mortelles, même en petites quantités. Souvent, des catégories non apparentées de drogues fabriquées illégalement contiennent du fentanyl dans le but d’augmenter le risque d’accoutumance, ce qui entraîne des surdoses d’opioïdes même chez des personnes qui n’en ont pas fait usage de façon intentionnelle.

À quoi peut ressembler une surdose

Les opioïdes peuvent provoquer une surdose, dont les symptômes peuvent se manifester par des difficultés à marcher, à parler ou à rester éveillé. Les symptômes peuvent aussi apparaître sous les formes suivantes :

  • Lèvres ou ongles bleus ou gris
  • Pupilles très petites
  • Peau froide et moite
  • Étourdissements et confusion
  • Somnolence extrême
  • Bruits de suffocation, gargouillements ou ronflements
  • Respiration lente, faible ou inexistante
  • Incapacité à se réveiller, même si la personne est secouée ou qu’on lui crie après

 Fonctionnement de la naloxone

La naloxone est un antagoniste des opioïdes, c’est-à-dire qu’elle bloque les effets des opioïdes. Quand les opioïdes pénètrent dans l’organisme, ils se lient rapidement aux récepteurs opioïdes. La naloxone bloque les effets des opioïdes en les délogeant de ces récepteurs et en prenant leur place.

La naloxone n’est pas un traitement pour les troubles liés à l’usage d’opioïdes. On l’utilise pour neutraliser temporairement les effets d’une surdose d’opioïdes. Elle peut rétablir la respiration en deux à cinq minutes et est active dans le corps pendant 20 à 90 minutes, alors que les effets de la plupart des opioïdes durent plus longtemps. Autrement dit, les effets de la naloxone risquent de s’estomper avant que les opioïdes n’aient disparu de l’organisme, provoquant ainsi un nouvel arrêt respiratoire. La naloxone peut être administrée plusieurs fois si nécessaire en attendant l’arrivée des secours. Son administration à une personne victime d’une surdose causée par des drogues non opiacées est sans danger. La naloxone est donc un traitement à faible risque et à rendement élevé.

 Les effets de la stigmatisation

Je me souviens de la première fois où l’on m’a donné une trousse de naloxone. En 2018, j’ai subi une intervention chirurgicale et j’ai eu recours à des analgésiques narcotiques. J’ai pratiquement jeté la trousse sur le comptoir. « Je ne suis pas une toxicomane », ai-je craché au pharmacien. Je m’inquiétais de l’image que cela renverrait, et j’étais réticente à l’idée qu’une personne comme moi puisse avoir besoin de naloxone. J’en sais beaucoup plus aujourd’hui : les opioïdes peuvent toucher n’importe qui, dans n’importe quel milieu. La stigmatisation entourant l’usage de substances peut s’étendre à l’utilisation de la naloxone.

« Beaucoup ont l’impression d’encourager l’usage de substances s’ils inversent une surdose », explique Mme Fizzard, qui a aussi un savoir expérientiel en matière d’usage de substances. « Je leur réponds qu’ils aident seulement la personne à respirer et à rester en vie; pas à se droguer. »

Madame Fizzard souligne que les services publics n’ont pas progressé au même rythme que les problèmes d’usage et de surdose d’opioïdes, et ne suffisent pas aux besoins. Elle expose la nécessité que tout le monde soit informé de l’existence d’une trousse de naloxone et puisse y avoir accès, faisant remarquer que le principal obstacle à l’utilisation de la naloxone n’est pas l’administration du médicament, mais la stigmatisation qui entoure son utilisation, notamment sur le lieu de travail.

Administration de la naloxone

La naloxone est offerte sous deux formes : injectable et en vaporisateur nasal. La forme injectable peut être intimidante si vous n’êtes pas habitué aux aiguilles. Madame Fizzard estime que le vaporisateur nasal est rapide et facile.

« Le vaporisateur nasal est beaucoup plus convivial, indique-t-elle. En cas de besoin, il suffit de le déballer, de l’insérer dans la narine de la personne et d’appuyer sur le bouton. Simple. Impossible de se tromper. »

La naloxone au travail

Au Canada, la naloxone n’est pas obligatoire sur le lieu de travail. L’Ontario s’est dotée de lois, enchâssées dans la Loi sur la santé et la sécurité au travail, exigeant que les entreprises qui emploient des personnes à risque de surdose gardent de la naloxone à portée de main et forment leur personnel à son utilisation. Toutefois, il ne s’agit que d’une obligation partielle, car les entreprises qui déterminent qu’elles « n’emploient pas de personnes à risque » ne sont pas tenues de fournir de la naloxone sur le lieu de travail.

En Colombie-Britannique, la naloxone n’est pas obligatoire sur le lieu de travail, mais il existe des outils permettant d’identifier les endroits où elle devrait être accessible. En Alberta, les employeurs peuvent autoriser ou non l’utilisation de la naloxone sur le lieu de travail. S’ils l’autorisent, l’employeur et le travailleur doivent se conformer à une série d’exigences établies par le gouvernement.

Pour les lieux de travail canadiens, les mandats en matière de santé et sécurité relèvent de la compétence des provinces et des territoires, ce qui signifie qu’un mandat à l’échelle du Canada est peu probable. Les provinces et les territoires devront donc décider de surmonter la stigmatisation et les difficultés et légiférer individuellement sur l’inclusion de la naloxone sur le lieu de travail. 

Existe-t-il des obstacles au fait de conserver la naloxone dans une trousse au travail? La trousse a une durée de vie d’environ deux ans (ou jusqu’à son utilisation), après quoi elle doit être remplacée et rachetée pour une centaine de dollars, ce qui pourrait poser problème à certaines entreprises. (Pour une durée limitée, l’Ontario fournit gratuitement des trousses aux entreprises afin d’alléger ce fardeau.) Les éventuels coûts de formation et la stigmatisation sont d’autres obstacles susceptibles d’empêcher les milieux de travail de se procurer des trousses de naloxone.

Votre trousse

 Pour les particuliers, la naloxone est gratuite dans plusieurs provinces et territoires et est offerte en pharmacie, en vente libre ou en ligne. Des tutoriels en ligne montrent comment utiliser les trousses.

Les travailleurs peuvent demander s’il y a une trousse de naloxone sur leur lieu de travail et, si ce n’est pas le cas, demander s’il serait possible d’en mettre une à la disposition du personnel et d’offrir une formation. Les trousses de naloxone sont petites et faciles à ranger dans n’importe quel lieu de travail, et leur utilisation nécessite peu de formation. En Ontario, il suffit de s’identifier comme une personne à risque de surdose pour déclencher l’obligation de fournir une trousse. 

En somme, c’est simple : la naloxone peut sauver des vies, mais seulement si elle est disponible et si les gens sont formés à son utilisation.

Infographie : La drogue contient-elle ce qu’on croit qu’elle contient? (Centre canadien sur les dépendances et l’usage de substances).

Lecture complémentaire : Comment des soins de santé empreints de compassion peuvent modifier le parcours des personnes qui font usage de substances.

Photo : L’auteure à son bureau au travail avec sa trousse de naloxone.

Jessica Ward-King (elle) est une pourfendeuse de préjugés (StigmaCrusher), une militante en matière de santé mentale, une conférencière et une auteure qui aime crier les bienfaits de la naloxone sur tous les toits!

Il est minuit là où vous vous trouvez et vous avez besoin d’un soutien immédiat en santé mentale, mais aucun service n’est ouvert. Vous tombez sur une application qui propose des services adaptés sur le plan culturel et encadrés par des pairs formés en santé mentale, vous permettant ainsi d’obtenir le soutien dont vous avez besoin.

Vous êtes parent d’un jeune enfant, disposez de peu de temps et souhaitez obtenir des services psychologiques et du soutien en matière de santé mentale. Une fois votre enfant endormi, vous pouvez vous connecter à une séance de cybersanté mentale et bénéficier de l’aide nécessaire.

Vous venez d’arriver au Canada en provenance d’un pays où le soutien en matière de santé mentale est mal perçu, et la stigmatisation que vous ressentez vous empêche de faire appel à un soutien en personne. Vous constatez qu’il existe des services de cybersanté mentale qui vous permettent de préserver votre anonymat et d’obtenir le soutien qui vous est nécessaire.

Combler les lacunes

Maureen Abbott, à droite, en compagnie de sa collègue Sapna Wadhawan, gestionnaire de programme à la CSMC, lors d’une récente présentation du Cadre d’évaluation des applications de santé mentale de la CSMC.

Maureen Abbott, à droite, en compagnie de sa collègue Sapna Wadhawan, gestionnaire de programme à la CSMC, lors d’une récente présentation du Cadre d’évaluation des applications de santé mentale de la CSMC.

Ce ne sont là que quelques-uns des témoignages que j’entends en tant que responsable de la cybersanté mentale à la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC). Je dirige une équipe qui travaille en étroite collaboration avec des experts canadiens et internationaux, notamment des personnes ayant vécu ou vivant un problème de santé mentale. Ensemble, nous collaborons à l’élaboration de ressources, de cadres et de mécanismes de soutien fondés sur des pratiques exemplaires à l’intention des intervenants qui offrent des solutions de cybersanté mentale au Canada. Nous nous efforçons de démystifier la technologie et de mettre l’accent sur la façon dont des services de cybersanté mentale de qualité peuvent améliorer l’accès aux services de santé mentale pour l’ensemble de la population canadienne. L’amélioration de la qualité des services de cybersanté mentale peut également contribuer à accroître la confiance à leur égard. En d’autres termes, la population canadienne peut choisir des soins sûrs et efficaces au moment, à l’endroit et dans les conditions souhaitées.

Nous avons été témoins de nombreux cas où la technologie a permis de combler certaines des lacunes observées dans l’accès aux soins de santé.

Prenons l’exemple d’une personne qui cherche du soutien pour un trouble de l’alimentation, qui ne sait pas vers qui se tourner pour obtenir de l’aide, ou qui ne dispose peut-être pas de services en la matière dans sa région. Un service comme Anorexie et boulimie Québec (ANEB), une source en ligne gratuite destinée aux personnes cherchant de l’aide pour des troubles de l’alimentation, propose des ressources et du soutien.

Les robots débarquent

Les termes « intelligence artificielle » peuvent mettre certaines personnes mal à l’aise ou évoquer des images peu rassurantes de robots. L’hésitation et le scepticisme sont des positions valables. L’évolution rapide des technologies soulève d’importantes questions, mais entraîne aussi de grands changements susceptibles d’améliorer l’accès à des soins de qualité.

Nous utilisons l’intelligence artificielle de multiples façons pour bonifier les soins de santé mentale, notamment en améliorant l’expérience des utilisateurs qui consultent des services en ligne ou encore en faisant gagner du temps aux praticiens qui peuvent ainsi dégager des thèmes à partir de leurs notes et les relier à des dossiers de santé électroniques.

La CSMC a collaboré avec l’Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé en vue de produire des rapports sur les utilisations et les tendances en matière d’intelligence artificielle dans le domaine de la santé mentale. Dans le cadre du projet de loi C‑27 en instance, qui vise à renforcer la protection de la vie privée des consommateurs, à réglementer l’intelligence artificielle et à mettre à jour les lois sur la protection des données, toute personne qui s’intéresse à la sécurité de l’intelligence artificielle au regard de la santé mentale devrait tenir compte des préjugés potentiels dans les programmes. En ce sens, pensez au sous-diagnostic ou au surdiagnostic de certaines populations en fonction de la race ou du genre et à la façon dont le recours aux données existantes peut reproduire ces préjudices, ou encore à des outils inadaptés sur le plan culturel qui n’ont pas été élaborés de concert avec les utilisateurs finaux.

Il est essentiel d’inviter des cliniciens et des personnes ayant vécu ou vivant la maladie mentale à participer au processus de conception et d’essai, et d’adopter une approche centrée sur l’humain quant à la conception et aux essais par les utilisateurs, ce qui signifie qu’il faut veiller à ce que l’énoncé de confidentialité soit clair, informer l’utilisateur final qu’il interagit avec un robot plutôt qu’avec une personne réelle, préciser de quelle façon ses renseignements personnels sont utilisés et s’ils seront stockés et partagés, et, dans l’affirmative, lui fournir les modalités d’utilisation de ces données. La mise en œuvre de pratiques exemplaires en matière de données et de protection de la vie privée ainsi que leur promotion auprès du grand public contribueront à instaurer la confiance des utilisateurs et à susciter une adhésion accrue.

Ce souci de sécurité et les pratiques exemplaires encadrant l’utilisation de l’intelligence artificielle dans les soins de santé mentale figurent parmi les recommandations mises de l’avant dans la Stratégie sur la cybersanté mentale pour le Canada, laquelle sera lancée lors du Congrès international sur la cybersanté mentale du Collectif international eMHIC les 19 et 20 septembre 2024 à Ottawa. Élaborée en collaboration avec des personnes ayant vécu la maladie mentale, des décideurs politiques, des praticiens et des dirigeants du secteur de la santé, la stratégie mettra en relief 6 grandes priorités et 12 recommandations pour la cybersanté mentale au Canada.

L’importance des normes

Lorsqu’elle est intégrée judicieusement dans la prestation des soins de santé mentale, la cybersanté mentale est tout aussi efficace que les services en personne, et la technologie s’améliore de jour en jour. Cette approche permet non seulement à un plus grand nombre de personnes d’obtenir de l’aide dans de meilleurs délais, mais elle pourrait aussi permettre de réduire les coûts personnels inhérents à l’accès aux services tout comme les coûts que doivent assumer les organisations pour mettre en place ces services de santé mentale.

Certaines personnes se sentiront plus à l’aise de recevoir des services en personne, alors que d’autres opteront pour une application ou toute autre solution de cybersanté mentale (comme la thérapie en ligne) pour obtenir des services de santé mentale. L’important, c’est de donner à la population canadienne la liberté de choisir les types de services qui lui conviennent et de garantir que ces services de santé mentale sont de première qualité : sûrs, accessibles, efficaces et adaptés sur le plan culturel.

L’équipe responsable de la cybersanté mentale à la CSMC se consacre à la mise en place des pratiques exemplaires lors du déploiement des services de cybersanté mentale.

Comment? Le Cadre d’évaluation des applications de santé mentale de la CSMC en est un exemple. Ces normes nationales visent à améliorer la qualité des applications proposées à la population canadienne. Avant leur adoption, l’accès à des applications de santé mentale sûres, sécuritaires et efficaces n’était pas vraiment encadré au Canada. Le cadre a été élaboré en collaboration avec 200 parties prenantes au Canada et à l’étranger, notamment des personnes ayant vécu ou vivant la maladie mentale, des décideurs politiques, des responsables gouvernementaux, des concepteurs et des développeurs d’applications, des chercheurs universitaires et des fournisseurs de services de santé mentale.

La norme en matière de sécurité culturelle, de responsabilité sociale et d’équité figurant dans le cadre prévoit du contenu sur la confidentialité et la sécurité des données relatives aux autochtones, l’équité de genre et la représentation des communautés racialisées. À l’heure actuelle, ce cadre permet d’évaluer une série d’applications (nouvelles ou déjà répandues) de santé mentale dans différentes provinces canadiennes.

Al Raimundo, qui a fait partie de l’équipe principale d’élaboration du cadre, a vécu la maladie mentale et travaille à la conception d’applications. Al estime que le cadre fournit des pistes pour toute une gamme de produits, même ceux qui ne sont pas forcément attrayants d’emblée pour les cliniciens.

« Même si les professionnels n’aiment pas certaines fonctionnalités d’une application, si les gens l’aiment, nous devrions comprendre pourquoi, explique AI. Si plusieurs personnes l’utilisent, c’est qu’il y a quelque chose qui les attire. »

Pour mieux comprendre et étoffer les services de cybersanté mentale, la CSMC a élaboré les modules d’apprentissage pour la mise en œuvre de la cybersanté mentale en collaboration avec le Centre de toxicomanie et de santé mentale. Ces modules en ligne sont gratuits, autodirigés et conçus pour donner aux fournisseurs de soins de santé mentale, aux gestionnaires, aux dirigeants et aux étudiants les connaissances et les compétences dont ils ont besoin pour intégrer la cybersanté mentale à leur pratique quotidienne et favoriser une prestation de services de cybersanté mentale qui est efficace et centrée sur la personne.

Les options en matière de santé mentale se multiplient rapidement en ligne, parallèlement à l’élaboration de normes et de cadres pertinents conçus pour pallier les écarts entre la qualité, la demande et l’accès aux services.

L’évolution rapide des technologies de cybersanté mentale représente un formidable potentiel d’amélioration de l’accès aux soins. En priorisant la sécurité, la qualité et la sensibilité culturelle, nous serons en mesure de bâtir un système de soutien à la santé mentale à la fois fiable et rigoureux qui saura répondre aux besoins de la population canadienne.

Ressources : Découvrez toute une série de ressources en consultant la section sur la cybersanté mentale sur le site Web de la CSMC.

Guide : Un guide pour s’orienter dans les services publics et privés de santé mentale au Canada

Author:

Maureen Abbott, gestionnaire titulaire d’une maîtrise et cadre certifiée en santé (Collège canadien des leaders en santé), travaille au sein de l’équipe de l’innovation de la CSMC. Son travail porte sur la cybersanté mentale, notamment la normalisation des applications de cybersanté mentale au Canada, le déploiement de la cybersanté mentale, l’intelligence artificielle et la santé mentale, la stratégie de cybersanté mentale pour le Canada, les partenariats stratégiques et l’engagement des partenaires, ainsi que l’échange de connaissances. Maureen est présidente du collectif sur la cybersanté mentale de la CSMC et directrice générale à Digital Health Canada.

For caregivers, finding the right balance is key

The holiday season is synonymous with giving. Many of us dedicate our time and attention to causes close to our hearts and to people in need of support. For unpaid or family caregivers, though, giving is more than a seasonal gesture of goodwill. And this year, as the rest of us prepare for a more subdued holiday season under the shadow of COVID-19, these caregivers must find a way to strike a balance between caring for their loved ones and giving back to themselves.

“We know that many caregivers experience heightened levels of stress and anxiety,” said Louise Bradley, the Mental Health Commission of Canada’s (MHCC’s) president and CEO. “Now that the pandemic has upended our routines and altered our best-laid plans, it’s more important than ever for caregivers to re-assess what’s working, and not let their own mental health fall by the wayside.” 

Denise Waligora, an MHCC Mental Health First Aid (MHFA) training and delivery specialist, understands this balancing act all too well. “Both my mom and dad have serious physical conditions, and my dad was diagnosed with Alzheimer’s last year,” she explained. “I’m fortunate to be able to work remotely while caring for them, but leaving time for myself hasn’t been easy.”

One of the biggest challenges, she said, is learning to set boundaries. “One evening my mom started listing all the things she wanted us to do after dinner, and I finally had to speak up. I reminded her that after long days filled with appointments and obligations, I needed some downtime in the evenings. As caregivers, we have to recognize when it’s getting to be too much and learn that saying ‘no, not right now’ is OK.”

To Waligora, carving out downtime is an important act of self-care. “Even if it’s limited,” she said, “take whatever time that’s there and don’t feel guilty about it. We all need time to recharge.”

While caregivers of all kinds face similar challenges, those caring for older adults know that supporting their loved one’s mental health can often be more difficult than meeting their physical needs. Fortunately for Waligora, being a facilitator for the MHFA Seniors course has helped her bridge the generational divide.

“I don’t think my parents have ever been told it’s ok to feel the way they do,” she explained. “The course has taught me the importance of validating their fears. It’s also improved my communication skills with my parents and opened conversations that may not have happened previously.” 

To help others facing similar communication barriers, Waligora contributed some special insights to the MHCC’s Caring for Older Adults During COVID-19 tip sheet, which offers practical advice to support the mental health of older loved ones.

Equally important is communication from the caregivers themselves. Caregiving can be an isolating job, especially during a global pandemic when social gatherings have all but disappeared. But as Waligora points out, maintaining social connection is invaluable to caregivers. “Never be afraid to reach out to your support system,” she said. “You don’t always have to be the ‘strong’ one — It’s OK to ask for help.”

Bradley agrees. “Caregivers are prone to putting their own mental wellness last,” she said. “But no one can pour from an empty cup. Caring for yourself, whatever form that takes, will help you be a healthier, more effective caregiver.”

To learn more about implementing self-care into your life, read the Mental Health First Aid COVID-19 Self-Care and Resilience Guide. “Caring for a loved one is noble, valuable work,” said Bradley, “but giving yourself the gift of self-care is priceless.”

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Pour Rachel Kingston, la chose la plus difficile à faire en tant que parent est d’essayer de limiter le temps que sa fille de 13 ans passe sur les médias sociaux.

« L’année dernière, ma fille a reçu un diagnostic de trouble d’anxiété généralisée, explique Mme Kingston, qui utilise un pseudonyme pour protéger la vie privée de sa famille. Je pense que son anxiété chronique est en partie liée aux médias sociaux. Contrairement à certains jeunes, elle n’a pas eu de problèmes d’image corporelle ou d’intimidation, mais je m’inquiète quand même parce qu’elle n’a que peu de temps d’arrêt et ne se repose pas vraiment. »

Mme Kingston, mère de deux enfants de Calgary, explique que le rapport de sa fille aux médias sociaux est devenu problématique pendant le confinement, alors qu’ils représentaient la seule forme de vie sociale possible. La situation ne s’est pas arrangée depuis, et Mme Kingston s’inquiète des effets que les médias sociaux pourraient avoir sur le système nerveux de sa fille. S’il n’en tenait qu’à sa fille, il y aurait toujours une vidéo YouTube ou TikTok qui roule en arrière‑plan, qu’elle soit en train de cuisiner, de dessiner ou même de manger.

« Si nous nous retrouvons tous ensemble pour regarder une émission en famille, elle est quand même sur Snapchat, poursuit-elle. Les enfants sont plutôt sourds à mes préoccupations. »

Nous savons bien que Mme Kingston n’est pas la seule dans cette situation. Outre les plaisanteries habituelles entre parents sur la nécessité d’éloigner les enfants des écrans, cinq conseils scolaires au Canada ont intenté des poursuites contre les géants des médias sociaux que sont Snapchat, TikTok, Facebook et Instagram.

Neinstein LLP, le cabinet d’avocats de Toronto qui représente les conseils scolaires, a affirmé (dans une déclaration écrite) que les produits de médias sociaux sont « intentionnellement conçus pour une utilisation compulsive » et que « les propriétés de ces produits qui entraînent une accoutumance ont compromis la capacité d’apprentissage des jeunes, perturbé les salles de classe et créé une population étudiante qui souffre de plus en plus de problèmes de santé mentale ».

Amorce de conversation

Les actions en justice, de même que la proposition encore plus récente de restreindre l’utilisation problématique des téléphones intelligents dans les écoles de l’Ontario, ont suscité tout un débat. Certains, surtout les jeunes concernés, estiment que ces mesures ne sont pas justifiées, et qu’il s’agit même d’une atteinte à leur liberté.

Un reportage de la CBC à Toronto a révélé que plusieurs étudiants de l’East York Collegiate Institute n’étaient pas en faveur de ces poursuites judiciaires. Une étudiante a dit ne pas comprendre en quoi le téléphone pouvait lui nuire puisqu’elle réussissait toujours bien à l’école. Un autre a déclaré que personne n’avait à lui dire s’il pouvait ou non utiliser les médias sociaux et que c’était à lui de choisir. Il a ajouté que les enseignants n’avaient qu’à confisquer les téléphones des étudiants plutôt que d’aller devant les tribunaux. Un peu plus d’un mois plus tard, c’est exactement ce qu’a fait le gouvernement provincial en limitant l’usage des téléphones intelligents dans les écoles. D’ailleurs, cette politique est relativement conforme aux recommandations de l’UNESCO qui, l’an dernier, préconisait une interdiction dans les écoles, soutenant qu’ils étaient une source de distraction et nuisaient à la santé mentale et au bien‑être des jeunes.

Des preuves de plus en plus nombreuses viennent étayer cette affirmation. Jonathan Haidt, auteur de l’ouvrage récemment publié The Anxious Generation : How the Great Rewiring of Childhood is Causing an Epidemic of Mental Illness, s’est mis à écrire sur la question après avoir constaté une hausse des diagnostics de maladie mentale chez les étudiants de premier cycle aux États-Unis. Entre 2012 et 2019, période durant laquelle le téléphone intelligent est devenu omniprésent, les taux d’anxiété et de dépression ont plus que doublé (de 134 % et de 106 %, respectivement).

Bien entendu, ces données reposent sur des corrélations et non sur des liens de causalité irréfutables. Cela dit, les neuroscientifiques tentent de comprendre les mécanismes qui rendent les enfants plus susceptibles de développer une dépendance aux médias sociaux et des problèmes de santé mentale.

Votre cerveau face aux médias sociaux

« Le cortex préfrontal, la partie du cerveau qui vous dit qu’il serait temps de mettre votre appareil de côté, se développe beaucoup plus tard et les enfants n’ont donc pas cette capacité », explique Emma Duerden, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en neurosciences et troubles de l’apprentissage et professeure adjointe à la Faculté d’éducation de l’Université Western.

La difficulté à contrôler ses pulsions et à savoir à quel moment ranger son appareil n’est qu’une partie du problème. Aussi, les enfants sont particulièrement sensibles à l’apprentissage axé sur la récompense, les rendant particulièrement susceptibles à l’usage compulsif des écrans.

« Vous pouvez observer un changement de comportement très rapide chez un enfant à qui vous offrez un bonbon ou un biscuit pour qu’il fasse quelque chose qu’il n’a pas envie de faire, explique Mme Duerden. Le cerveau d’un enfant répond aux récompenses. Or, les médias sociaux agissent véritablement sur ce système parce que les mentions “j’aime”, les commentaires et les notifications sont conçus pour être très gratifiants. »

Mme Duerden signale aussi que les jeunes exposés très tôt à des images stressantes sont plus à risque d’avoir de graves problèmes de santé mentale vers la fin de l’enfance.

« Le contenu n’est absolument pas réglementé dans les médias sociaux, explique Mme Duerden. Les organismes de réglementation devraient examiner de près le contenu offert à la télévision, dans les films et même dans les jeux vidéo. »

Bien que ses travaux portent actuellement sur les enfants, Jonathan Haidt a commencé à s’intéresser aux problèmes de santé mentale des adolescents alors qu’il travaillait sur le rôle des téléphones intelligents dans l’amplification des « failles de la démocratie », un problème connu depuis longtemps. Les dysfonctionnements politiques sont certes plus difficiles à mesurer que les diagnostics de maladie mentale, mais comme le savent tous ceux qui disent vivre à l’époque « la plus stupide », ils sont manifestement en hausse.

« Je dirais que les médias sociaux et, plus généralement, les appareils, ont accéléré l’érosion du discours civil sur les campus », note le professeur Randy Boyagoda, premier conseiller de l’Université de Toronto en matière de discours civil.

À son avis, à force d’utiliser nos appareils, il est devenu difficile d’apprécier l’importance des interactions en personne.

« Je dirais que la médiation quasi permanente de nos vies par nos appareils nous empêche de comprendre, surtout en tant qu’étudiant, mais aussi comme professeur, bien que différemment, l’importance irréductible des rencontres en face-à-face, explique-t-il. Nous préférons nous tourner vers nos appareils, comme supports ou même comme boucliers, pour dire les choses franchement, afin d’éviter ce type de rencontre. »

D’après son expérience, le discours était moins constructif, plus ciblé et plus critique lorsque les cours et les réunions des professeurs se déroulaient en ligne pendant la pandémie.

« Les commentaires demeurent ciblés ou critiques, mais ils sont perçus différemment en raison, encore une fois, du discours désincarné, précise-t-il. Je peux voir le langage corporel de l’autre personne et elle peut voir le mien. Elle peut entendre le ton de ma voix et je peux entendre le sien. Si quelqu’un dans une pièce n’est pas tout à fait d’accord avec moi sur un point, je peux le sentir et je veux comprendre pourquoi. Et ce n’est possible qu’en personne. »

Là pour rester

L’érosion de la santé mentale et du discours civil n’a pas qu’une seule cause. D’ailleurs, les jeunes ne réagissent pas tous de la même manière aux médias sociaux. Amori Mikami, professeure de psychologie à l’Université de la Colombie-Britannique, conseille d’appréhender les médias sociaux comme une forme de communication parmi d’autres et de trouver une façon de les utiliser qui nous est utile, et non l’inverse.

« J’ai l’impression que les gens parlent beaucoup des aspects négatifs des médias sociaux et de leur effet néfaste sur la santé mentale, déclare Mme Mikami. Et je crois vraiment que c’est le cas. Mais je ne pense pas que ce soit une fatalité. Ils peuvent aussi être bénéfiques pour la santé mentale lorsqu’ils sont utilisés à bon escient ».

Mme Mikami estime que bien des problèmes proviennent de la consommation passive que font certaines personnes des médias sociaux, elles qui ne font que « surfer sur la vague des médias sociaux » pour voir où elle mène. Pour choisir en connaissance de cause les médias sociaux auxquels nous allons consacrer du temps, il faudrait plutôt nous demander ce que nous retirons de cette interaction, quels en sont les avantages et comment nous nous sentons ensuite.

Tous s’entendent pour dire que les médias sociaux sont bien enracinés dans nos vies. Mais nous devons trouver des moyens de les utiliser intelligemment, et ne pas simplement nous contenter de désactiver les notifications ou de remplacer l’affichage en couleur par un autre en nuances de gris (bien que ces deux méthodes soient très efficaces).

Dans The Anxious Generation, Jonathan Haidt préconise d’agir collectivement sur un certain nombre de fronts, notamment en encourageant les enfants à jouer et à s’immerger véritablement dans des communautés du monde réel. Pour le bien du discours civil, la fin du secondaire ne peut pas en sonner le glas.

« Nous devons montrer aux enseignants comme aux étudiants qu’il y a quelque chose d’irréductiblement bon dans le fait de penser à voix haute en compagnie d’une autre personne, précise M. Boyagoda. Et le meilleur moyen d’y parvenir, c’est d’avoir les mains libres, c’est-à-dire de n’utiliser aucun appareil. »

« Nous devons reconnaître les désaccords et les différences, en tenir compte et considérer leurs bons côtés dans la mesure où ils peuvent nous permettre de mieux nous comprendre et de mieux nous entendre sur des questions communes, et ultimement de contribuer au bien commun, et à la quête de vérité. »

Lecture complémentaire : Le soutien en matière de cybersanté mentale est-il approprié pour vous?

Ressource : #ClavardagePrudent : un guide pour les jeunes pour communiquer en ligne en toute sécurité au sujet de l’automutilation et du suicide

Christine Sismondo est titulaire d’un doctorat en histoire et écrit régulièrement sur un large éventail de sujets couvrant des questions sociétales contemporaines. Elle a déjà remporté un Prix du magazine canadien et écrit régulièrement des articles pour le Toronto Star.

À 26 ans, Gillian Corsiatto, de Red Deer en Alberta, est une autrice reconnue. Son premier roman, Duck Light, soulève une question importante : « Comment peut-on échapper aux attentes de la société? » Elle travaille également à l’écriture d’autres livres et de pièces de théâtre. Madame Corsiatto fait également partie de la troupe d’improvisation de Bullskit Comedy.

Gillian Corsiatto

Gillian Corsiatto

Par ailleurs, elle cumule trois emplois à temps partiel : elle est éducatrice communautaire et animatrice de groupes de jeunes pour la filiale de Red Deer de la Schizophrenia Society of Alberta et a été conférencière dans le cadre du programme jeunesse LA TÊTE HAUTE de la Commission de la santé mentale du Canada. De plus, elle gère les médias sociaux et le recrutement pour la fanfare des Red Deer Royals (dans laquelle elle jouait du tuba), et plus récemment, elle a décroché un emploi consistant à emballer et à mettre en boîte des caramels pour une petite entreprise à domicile.

Sa vie semble bien remplie, cependant, madame Corsiatto est consciente de l’importance de la bonne gestion du stress. « Ce n’est pas du 9 à 5. Je m’assure d’avoir suffisamment de temps pour me reposer et pour m’occuper de moi à la maison », dit-elle.

Si vous ne connaissez pas de personne atteinte de schizophrénie, vous venez d’en rencontrer une.

Gillian Corsiatto fait partie des plus de 147 500 Canadiens atteints de schizophrénie, une maladie mentale grave.

Nouvelles normes

Dans le but de veiller à ce que les personnes qui vivent avec la maladie obtiennent de meilleurs résultats et nourrissent le même espoir envers l’avenir que madame Corsiatto, la Commission de la santé mentale du Canada, en partenariat avec le Centre des sciences de la santé mentale Ontario Shores, a facilité la mise en oeuvre du projet de démonstration national des Normes de qualité sur la schizophrénie, une synthèse des meilleures données probantes médicales, auxquelles participent quatre sites de démonstration au Canada : Adult Forensic Mental Health Services au Manitoba; Hôtel-Dieu Grace Healthcare et Association canadienne pour la santé mentale à Windsor en Ontario; Newfoundland and Labrador Health Services à Terre-Neuve-et-Labrador ainsi que Seven Oaks Tertiary Mental Health Facility en Colombie-Britannique. Les professionnels de la santé recevront une formation sur les pratiques exemplaires en matière de thérapie et de médication, ainsi que sur les moyens d’aider les patients et leurs familles à faire face à la maladie sur le long terme.

Cette initiative constituera un grand soulagement pour de nombreuses personnes. Les symptômes de la schizophrénie ont tendance à apparaître à l’adolescence ou au début de l’âge adulte, comme ce fut le cas pour Gillian Corsiatto, qui raconte qu’elle avait environ 13 ans lorsqu’elle a commencé à avoir des délires.

Symptômes précoces

« Je croyais voir des morts, raconte-t-elle. J’avais beaucoup de mal à être attentive à l’école et, socialement, je ne m’intégrais pas vraiment aux groupes d’autres élèves en raison de mon comportement étrange et des sujets que j’abordais. C’est alors que j’ai commencé à avoir des hallucinations. À ce moment-là, j’étais vraiment plongée dans mon petit monde. » Madame Corsiatto explique qu’elle s’est aussi mutilée pour apaiser sa détresse psychologique.

Il n’a pas été facile de surmonter sa psychose et ses autres symptômes. À 14 ans, elle a passé du temps dans un service psychiatrique, où elle a reçu une médication et où l’on a suivi l’évolution de ses symptômes. Cela a fini par l’aider, confirme-t-elle, mais les médicaments avaient des effets secondaires. « J’étais tout le temps fatiguée. Et j’étais affamée. J’ai fini par prendre énormément de poids. » Elle se souvient aussi de l’attitude de certains soignants qui estimaient que les patients devaient être disciplinés et punis.

« On nous traitait comme si nous étions une bande de jeunes voyous, et non pas des enfants malades, comme s’il s’agissait de problèmes de comportement, causant des ennuis. Je suis adulte maintenant et je peux me défendre, mais je regrette de ne pas avoir dit quelque chose à l’époque ou de ne pas me faire entendre, car je sentais réellement le manque de considération dont je faisais l’objet. »

Les symptômes de madame Corsiatto se sont toutefois considérablement améliorés grâce à la thérapie et aux médicaments. Pendant la majeure partie de son secondaire, elle n’a pas eu d’hallucinations et a pu gérer ses études et ses activités parascolaires. Elle a même cessé de prendre ses médicaments pendant un certain temps, mais cela n’a pas duré. Après avoir obtenu son diplôme d’études secondaires, elle est entrée au Red Deer College (aujourd’hui Polytechnic), où elle s’est spécialisée en musique. « Mes études ont été stressantes. Je n’ai pas terminé le programme », dit-elle. En plus de la médication qu’elle prenait pour l’anxiété, elle a recommencé à prendre des médicaments contre les psychoses. « Ce fut une période difficile, explique Gillian Corsiatto. Mais je me suis adaptée à tout cela. »

Le chapitre suivant

Peu à peu, cependant, les médicaments et la thérapie ont porté leurs fruits et, depuis quatre ans, madame Corsiatto réussit à se construire une vie qu’elle apprécie, avec le désir d’aider les jeunes atteints d’une maladie mentale grave et un grand espoir pour l’avenir. « Je veux vraiment faire carrière dans l’écriture », dit-elle, alors qu’elle travaille sur la suite de Duck Light.

« Je sais qu’il y a de l’espoir pour l’avenir, et je sais que je ferai toujours face à cette maladie, mais je suis maintenant convaincue que je peux la gérer, que je suis bien plus que ma schizophrénie, et que si les choses tournent mal, je dispose des moyens d’y remédier. »

Par exemple, elle indique que les hallucinations et les idées délirantes continuent d’être présentes chez elle, « mais dans une bien moindre mesure qu’auparavant. Plusieurs facteurs influencent le fait que je les reconnaisse ou non avec certitude. Les médicaments y sont pour beaucoup, mais l’expérience de vie joue également un rôle. J’ai appris à jauger les réactions des autres ou, si je suis avec quelqu’un en qui j’ai confiance, à lui demander ce qu’il ressent à ce moment-là. Si je suis en public et que je me retrouve face à une hallucination, mais que personne autour de moi ne semble la remarquer ou y réagir, cela me laisse présumer qu’il s’agit bel et bien d’une hallucination. Par contre, le stress, le manque de sommeil et la solitude sont des facteurs qui rendent plus difficile le fait de savoir s’il s’agit d’une réalité ou non. »

Elle voit comment le système de santé mentale peut améliorer le traitement des jeunes atteints de schizophrénie, et fait remarquer qu’un nombre considérable de personnes touchées par une maladie mentale sont également confrontées à des problèmes d’usage de substances, à la recherche d’un logement convenable et à des listes d’attente pour obtenir des soins. « C’est du cas par cas. Je suis sur une liste d’attente pour une évaluation en matière d’autisme; en revanche, je pense que si je vais à l’hôpital, je pourrai obtenir de l’aide assez rapidement. Si j’ai besoin d’un rendez-vous d’urgence avec mon psychiatre, c’est aussi possible. »

Expériences individuelles

Madame Corsiatto tient à ce que les gens sachent que toutes les personnes atteintes de schizophrénie vivent leur maladie de manière différente. Si vous souhaitez connaître la réalité d’une personne, « adressez-vous à elle, et ne faites pas de généralisation », dit-elle.

Quant aux jeunes qui suivent un traitement pour lutter contre la schizophrénie, elle ajoute : « Il ne faut pas seulement se centrer sur le traitement médicamenteux et la maladie. Il est très important de se pencher sur ce qui vous procure du bonheur. Qu’est-ce que vous aimez faire? De quoi tirez-vous une grande fierté? Qu’aimeriez-vous accomplir? »

En répondant à ces questions pour elle-même, madame Corsiatto a l’impression de « vivre un rêve ».

Chaque fois qu’elle s’exprime en public, elle a le sentiment de dissiper des préjugés. « J’aime transformer la mentalité des gens qui pensent comprendre ce qu’est la schizophrénie. “Voilà comment une personne atteinte de schizophrénie va se comporter”… et puis je me pointe. Puis, ils se disent que cette personne est tout à fait normale. Cela me plaît beaucoup. Changer la façon dont les gens conçoivent la schizophrénie et leurs interactions avec les personnes aux prises avec cette maladie. Ils peuvent me parler comme si j’étais une personne normale – parce que c’est le cas. »

Ressource : Où obtenir des soins – Un guide pour s’orienter dans les services publics et privés de santé mentale au Canada.

Ressource : Lutter contre la stigmatisation dans les soins de santé.

Auteure:

Moira Farr est l’autrice de After Daniel : A Suicide Survivor’s Tale. Elle enseigne le journalisme au Collège Algonquin au Canada, et elle rédige souvent des articles pour des publications nationales, dont Le Vecteur.

Qu’est-ce qui arrive quand une personne qu’on aime sombre dans les abîmes de la maladie mentale?

C’est la question que pose Stephanie Kain en couverture de son roman-mémoire Lifeline: An Elegy (ECW Press, octobre 2023). Kain répond à cette question et à une foule d’autres, dans plus de 210 pages de prose, d’échanges de textos, de nouvelles et d’essais.

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Veuillez noter que cet ouvrage est disponible en anglais seulement.

Son ouvrage détonne par son format fragmenté qui reflète le cheminement laborieux de l’autrice face à un système de santé qui craque de toutes parts, à ses propres préjugés et perspectives, à la maladie mentale d’une personne proche et aux défis du quotidien durant la phase d’urgence de la pandémie.

Les dynamiques amoureuses, amicales et familiales sont nommées et commentées avec un humour pince-sans-rire et mises en relief par des références à la culture populaire (avec des citations de Shawn Mendes, Sara Bareilles, Mumford & Sons et autres).

Par exemple, dans Lifeline, le fait de réclamer des soins est rebaptisé d’après le personnage de Shirley MacLaine dans Tendres passions. Dans une scène mémorable de ce film, on voit le personnage de MacLaine livrer une supplication désespérée pour que l’infirmière administre l’injection d’antidouleurs dont sa fille a besoin. Elle finit par avoir gain de cause, et le ton et le volume de sa voix changent drastiquement. « Merci », souffle-t-elle à l’infirmière, bouleversée.

Kain aussi a été confrontée à cette dure réalité. Son récit porte sur sa relation compliquée avec une femme ayant un diagnostic de dépression et d’idées suicidaires. Elle parle des conditions abjectes de son pavillon sécurisé, de la puissante médication, de la difficulté de soutenir une personne souffrant des séquelles d’une thérapie électroconvulsive, et de son propre bien-être. Professeure en création littéraire à l’Université d’Ottawa, l’autrice séjourne à l’Î.-P.-É., province qui joue un rôle de premier plan dans son cheminement.

Le ton est vivant et accrocheur, et la représentation des frustrations et des réalités qui accompagnent le fait d’aider un proche vivant avec la maladie mentale est honnête et profonde, mais exempte de jugement et de stigmatisation, deux obstacles pouvant empêcher les gens de demander des soins.

L’insomnie est un personnage présenté comme un enfant adulte qui revient à la maison pour sa quarantaine; on ne peut pas l’expulser, même s’il se montre insupportable.

Le chapitre intitulé Eight Things I’m Putting in Your Care Package présente les réflexions de l’autrice qui justifie chacun des articles choisis.

Stylos multicolores : Le bleu et le noir sont carrément déprimants, et comme tu détestes tous les crayons à mine qui ne sont pas de première qualité, je ne prendrai même pas la peine de t’en envoyer. À la place, tu pourras dessiner avec des stylos multicolores sans poser de jugement sur toi-même et ton travail, parce que personne n’attend d’un dessin fait avec des stylos multicolores qu’il soit bon. Ces dessins ne servent qu’à passer le temps.

Tu l’as peut-être oublié en raison de ta #dépression, mais la dernière fois que tu étais ici, tu as réalisé une œuvre dans l’atelier d’art, avant de passer une demi-heure à la critiquer. J’ai fini par te crier que tu étais dans un hôpital psychiatrique et que l’art créé ici n’avait pas besoin d’être bon, que c’était peut-être là le problème!               

Le livre m’a fait réfléchir au portrait qu’on dresse de la maladie mentale dans la fiction contemporaine. Le magazine de la Commission de la santé mentale du Canada, Le Vecteur : Conversations sur la santé mentale s’intéresse à ce sujet dans sa section Représentations. On s’y penche sur des récits populaires en lien avec le bien-être mental pour marquer leur évolution. Si vous avez vu Vol au-dessus d’un nid de coucou ou Treize raisons, vous savez qu’il y a place à amélioration en ce qui concerne les nuances, les représentations honnêtes et les idées erronées.

Pour rédiger cet article, je me suis inspirée d’une série parue dans The Walrus qui revenait sur certaines œuvres classiques problématiques. Ce réexamen faisait la lumière sur les changements qui se sont opérés dans la société et dans la littérature. L’autrice Myra Bloom se penche sur le côté sombre de Leonard Cohen en examinant les stéréotypes dans Beautiful Losers sous une nouvelle lumière, au moyen de réflexions sur le mythe du génie et de ce que l’historien Martin Jay appelle « l’alibi esthétique », parfois utilisé pour justifier de mauvais comportements. Au sujet de L’insoutenable légèreté de l’être, Amanda Perry affirme : « À l’âge de 17 ans, je supposais encore que les phrases belles étaient vraies et je voyais les personnages comme des guides dans ma vie. » Perry s’interroge sur « les auteurs masculins dont les mots ont façonné [son] esprit » et se demande « s’il serait le temps de s’en défaire ».

Stephanie Kain

Stephanie Kain

En lisant ces phrases, je revois les représentations de la santé mentale qui peuplent mon imaginaire. J’ai grandi en écoutant la musique des Ramones, dont plusieurs chansons tournent le bien-être mental en ridicule (I Wanna Be Sedated : je veux des tranquillisants; Go Mental : devenir fou; Mental Hell : enfer psychologique; I Wanna Be Well : je veux aller bien – de quoi monter toute une liste de lecture), sans parler de l’obsédant vidéoclip de la pièce Psycho Therapy. Je repense à Sylvia Plath, qui était, comme nous le sommes tous, un produit de son époque. En relisant La cloche de détresse, je vois son œuvre comme une étude de cas sur l’autostigmatisation et la stigmatisation structurelle. Des termes qui n’étaient pas employés à cette époque. Nous sommes mieux renseignés aujourd’hui.

Les portraits problématiques dans les médias de masse ne disparaîtront pas : des images sensationnalistes et romancées sont souvent utilisées pour propulser l’arc narratif. Toutefois, le rôle prépondérant que joue la culture populaire dans la compréhension et la représentation de la santé mentale peut faire de livres comme Lifeline des ouvrages particulièrement pertinents, qui racontent le soutien à prodiguer à une personne vivant avec la maladie mentale et illustrent les hauts et les bas, les contradictions, les formes et les textures de ce parcours quotidien.

« La guérison n’est pas un processus linéaire, ma chérie », écrit l’autrice. Et elle fait ingénieusement écho à cet énoncé au moyen de sauts dans le temps, en tentant d’imaginer le moment où la personne qu’elle aime tant ira mieux.

Veuillez noter que cet ouvrage est disponible en anglais seulement.

Autres lectures : Éliminer la stigmatisation, sauver des vies.

Ressource : Une vision pour des soins de santé mentale de qualité pour tous.

Auteure:

Fateema Sayani est gestionnaire des communications à la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC).

Quand vous pensez à la santé mentale, est-ce que vous cherchez à vous dilater la rate?   

L’humour est l’un des moyens les plus efficaces utilisés par les annonceurs pour capter l’attention et faire en sorte que les gens se rappellent des marques publicisées. Ce n’est pas simple, mais quand on réussit à trouver le juste équilibre entre le ton du message et le sens de l’humour du public, cela vaut de l’or.

Malheureusement, pour la plupart des marques associées à la santé, l’humour comporte des pièges. Elles craignent de faire preuve de mauvais goût ou de diminuer les sentiments des gens. Pour éviter cela, nous essayons plutôt de toucher les cordes sensibles des gens ou nous présentons les patients comme de braves soldats, courageux et déterminés. 

Il y a quelques années, l’hôpital SickKids a conjugué ces deux tactiques dans sa brillante campagne « VS Limits » : des enfants étaient montrés comme des guerriers intrépides combattant la maladie et les blessures. Malgré certaines critiques adressées à cette campagne, elle a dépassé son objectif de recueillir 1,5 milliard de dollars.

Lorsqu’on fait la promotion de la santé mentale, l’enjeu est grand. Il y a tant de stigmatisation entourant la santé mentale que tout élément risquant d’accroître la confusion peut être un piège s’il est véhiculé sur le mauvais ton. Pourtant, quand on vit avec la maladie mentale, on se passerait parfois de la représentation lugubre qui accompagne souvent les récits de détresse psychologique. Malheureusement, depuis longtemps, la maladie mentale est illustrée par des personnes recroquevillées se tenant la tête entre les mains.

Le masque du roi fou, un personnage de jeu vidéo à l'expression sinistre et aux détails complexes.

 

Nous abritons une multitude d’univers intérieurs

La réalité est tellement plus dynamique. Les discussions sur la santé mentale, même les plus difficiles, peuvent aussi porter sur l’optimisme, le changement et le rétablissement. Nous ne sommes pas obligés d’opter pour l’image du guerrier. Il est possible de récolter du succès avec le Saint-Graal en matière de promotion de la santé : l’humour.

Santé publique Ottawa épouse souvent cette approche. Selon Kevin Parent, porte-parole de l’organisation dans les médias sociaux, si celle-ci mise régulièrement sur l’effet comique, elle connaît du succès d’abord et avant tout parce que ses messages sont toujours authentiques. En effet, elle se fait l’écho d’une grande diversité de voix sur son fil d’actualité. Certaines publications visent à alléger l’ambiance par un effet comique, d’autres sont sérieuses, tristes, éducatives, informatives – de quoi couvrir tout le spectre des émotions humaines. 

Par exemple, durant la pandémie, les débats sur le port du masque avaient perdu tout potentiel humoristique à mes yeux, et pourtant l’amatrice de science-fiction en moi a été titillée par la citation « Voici la voie » reprise par la parodie The Maskalorian. On a su redonner du mordant à un sujet ennuyeux. 

« Nous faisons tout notre possible pour rester authentiques, explique M. Parent. Si on comprend l’auditoire, si on prend le temps d’apprendre à le connaître, on sait ce qu’il trouve drôle. On sait quand il a besoin de rire. Une démarche n’est jamais catégoriquement bonne ou mauvaise; il s’agit seulement de déterminer ce qui convient dans la situation présente. » 

Par exemple, durant la phase d’urgence de la pandémie, les blagues sur la mauvaise haleine sous le masque n’auraient pas provoqué l’hilarité; aujourd’hui, la plupart des gens sont familiers avec ce phénomène et comprendraient l’allusion. 

Ces dernières années, diverses contraintes ayant freiné le recours à l’humour dans le secteur de la santé se sont dissipées, avec la popularité des influenceurs sur les réseaux sociaux et la reconnaissance par les professionnels de la santé que les voix des personnes ayant un savoir expérientiel sont non seulement pertinentes, elles sont essentielles d’un bout à l’autre du spectre, de la recherche au rétablissement.

Ce changement de perspective a été judicieusement démontré lorsque l’Université Harvard, ce bastion de la rigueur académique, a réalisé des séances éducatives sur les pratiques exemplaires avec Rachel Havekost et Trey Tucker, influenceurs en santé mentale sur TikTok. Cette initiative diffusée par des comptes populaires a permis de transmettre une information de plus grande qualité en matière de santé. Toutefois, un partenariat n’offre pas de garantie de succès si les connaissances et le ton ne sont pas assortis. Toutes les bonnes intentions du monde et les recherches les plus approfondies ne feront pas en sorte qu’un contenu sera visionné s’il n’est pas divertissant. 

Certains experts conseillent aux spécialistes du marketing de la santé de jouer de prudence lorsqu’ils ont recours à l’humour. Ce conseil n’est pas mauvais, mais donne souvent lieu à du contenu fade. Lorsque la Commission de la santé mentale du Canada a entrepris de rafraîchir son image il y a quelques années, elle souhaitait mettre sa marque en lumière et manifester occasionnellement un esprit comique. Pour ce faire, elle a banni les images évoquant le malheur profond. Vous la connaissez, la représentation d’une personne triste, assise seule sur un lit, tournée vers un coin de la pièce, par une journée sombre. La photo est souvent en noir et blanc pour évoquer la morosité du sujet. Comme si ça ne suffisait pas, le ciel est couvert de nuages.

Voir les bons côtés

La transition vers une imagerie optimiste n’a pas été simple. Comme l’ont signalé de nombreux experts, le domaine de la santé mentale n’est pas toujours un long fleuve tranquille. Il faut comprendre ce que l’auditoire recherche afin de pouvoir lui fournir de l’information qu’il sera en mesure d’assimiler. 

Je ne suis pas la seule à trouver que les images mornes n’attirent en rien mon attention et ne me donnent pas envie d’en savoir plus. Si on veut me faire un exposé bourré de jargon technique, je passe mon tour. Ce n’est pas que le cheminement en santé mentale ne comporte aucun moment sombre, mais il me semble très peu innovant d’alimenter le défilement morbide. Ce n’est pas non plus que le public est fermé à l’information approfondie, mais quiconque a déjà vécu des problèmes de santé mentale sait que le processus n’est pas simple. Il y a de bons moments et des moments difficiles, parfois au cours d’une même journée. Où que vous soyez sur le continuum, une touche d’humour peut faire le plus grand bien. Rire un bon coup peut réduire le stress et la tension, soulager la douleur, améliorer l’humeur, en plus de nombreux autres bienfaits bien documentés. 

La clé est de trouver l’équilibre entre information et divertissement. L’infodivertissement – facile à dire, difficile à réussir. On a beau expliquer que le rire est le meilleur remède et citer une pléthore d’études scientifiques, insuffler de l’humour tout en transmettant des renseignements de façon responsable à un public qui comprend souvent des personnes à risque n’est pas chose aisée.   

Parler de santé mentale peut être amusant, mais ce sujet peut également être triste, épeurant et compliqué. Pour les promoteurs, les annonceurs et les publics, le juste équilibre est non seulement essentiel, il peut aussi changer des vies. 

Autres lectures : En finir avec la sinistrose : Comment nous utilisons la photographie pour susciter l’espoir

Ressource : Fiche d’information :Idées reçues et mythes courants sur la santé mentale

Auteure:

Après s’être penchée sur le sujet pour rédiger cet article, Debra Yearwood, leader certifiée en santé, a dressé une liste de lecture de rap conscient. Elle signe régulièrement des articles dans Le Vecteur.

The sounds of sorrow and hope amid a tangle of words on injustice, racism, and brutality often define conscious rap music. Their presence is an acknowledgement of the challenges faced and a call to Black communities to stay strong despite the pressures of prejudice. Music’s role in expressing the internal, external, and seemingly eternal conflicts arising from oppression makes it an important player in the survival of Black culture, identity, and mental health.  

Everyday racism activities that permeate daily life become ‘normalized’ in the mainstream despite stated commitments to equity. These transgressions often appear mindless or habitual and while they hurt, it’s sometimes easier to ignore than battle every incident. When I was a political assistant on Parliament Hill many years ago, small green buses would wind their way around the precinct, bringing staff and members to different buildings. Regularly, the buses would drive past me. The drivers would see me flagging them but never considered that a Black woman could be a Hill staffer, so they drove by. They passed by me so often that when they did stop, I was startled.  

The loop

Freda Bizimana

Freda Bizimana

Given their frequency, these racist moments are regularly treated as too minor to address. However, their cumulative impact reproduces social relations of power and oppression and, over time, damages the health and well-being of Black people and other people of colour. In effect, everyday racism creates systemic racism, and systemic racism creates the environments that allow everyday racism to thrive. They both produce challenges to mental health. 

When violence against Black citizens is normalized or overlooked with little to no reaction from agencies such as the media or government, then it would be easy to allow despair or cynicism to take over. According to a 2018 study published in The Lancet, Black Americans report upwards of 14 poor mental health days for every reported police killing of an unarmed Black American in their state of residence.  

There’s all sorts of trauma from drama that children see 

Type of s–t that normally would call for therapy 

But you know just how it go in our community 

Keep that s–t inside it don’t matter how hard it be 

– Lyrics, J. Cole, “Friends” 2018.

The impacts are multi-generational. Discrimination experienced by a parent may also negatively impact their child’s mental health, even if that child did not experience the discriminatory treatment firsthand. In the same Lancet study referenced above, the impacts of “indirect” or “vicarious” racism were found to worsen the progression of inflammatory disease, sleep disturbances, chronic health conditions, and cognitive function – all of which decay mental health. 

Music has been and remains an important part of Black cultural expression. Its ability to communicate complex messages and emotions is integral to its construction. It was fear of the effectiveness that led U.S. legislators to ban slaves from using drums in 1739. Almost 150 years later, in 1988, NWA’s single, “F–k tha Police,” drew similar concerns from authorities when it was released.        

It’s not surprising then that rap music and hip-hop culture play an important role in not just expressing the concerns, fears, opportunities, and hopes of contemporary Black people but also providing an outlet to improve mental health in those same communities. In 1998, researcher and clinician Dr. Edgar Tyson introduced hip-hop therapy at the 20th Annual Symposium of the Association for the Advancement of Social Work. 

Mama had four kids, but she’s a lesbian 

Had to pretend so long that she’s a thespian 

Had to hide in the closet, so she medicate 

Society shame and the pain was too much to take 

– Lyrics, Jay-Z, “Smile,” 2017. 

Hip-hop therapy is a fusion of hip-hop, bibliotherapy, and music therapy. Music therapy has established credentials that stretch back to research done by Zane Ragland and Maurice Apprey as early as 1974. Similarly, bibliotherapy, which focuses on the use of literature, such as stories and poetry, to facilitate treatment, is also well established and has been proven to be effective by several systematic reviews in the treatment of emotional, physical, and mental health problems among adults. 

Tyson’s groundbreaking research is the cornerstone of contemporary hip-hop therapy and lends itself well to culturally appropriate care, particularly among young people.

Toronto therapist Freda Bizimana, MSW, RSW, works with Black and racialized youth in conflict with the law at The Growth & Wellness Therapy Centre. She shared how challenging it is to reach Black youth, particularly those who have come to therapy because of their interaction with the justice system. “They don’t want to be there talking to a stranger,” she says. “Hip-hop gives us a bridge, a way to connect through something they love. It’s a modality that is not rooted in European experience. It brings back the drums common to the African Black diaspora.”

New release

In her practice, Bizimana notes that clients are not often engaged and start with one-word answers. She’ll look at their headphones and ask them what they are listening to. They’ll share their favourite songs, then delve into lyrics. At some point, Bizimana will ask them, ‘Do you ever feel that way?’ Suddenly, they are having a conversation. “This modality eases them into the process,” she says.

How does Bizimana respond to critics who question the efficacy or appropriateness of this therapeutic approach? “Hip hop is a mirror of society. If you have a problem with it, you need to look at what’s happening in society,” she says. “How are we addressing anti-Black racism? What is happening within our school systems with Black youth? What are we doing to deal with police brutality? Why are young people numbing themselves?”

No need to lie into your emerald soul 

You surely know gold is always in your throat 

Why not let it shine?

You’re in control of the dream

– Lyrics, Kid Cudi, “The Commander,” 2016. 

Rap can surf off strife and act as a vehicle of escape. Political commentary set to a 4/4 beat transforms frustration with structural racism into an accessible anthem of collective experience. Kendrick Lemar’s album, To Pimp a Butterfly, provides political commentary on faith, culture, and race. The song “Alright” pulled those insights together and made its way onto Pitchfork and Billboard best-of lists for 2015. Lamar notes in the poem that runs before and after the song that the conflict is based on discrimination and apartheid. Like the songs of slaves, he sings that with God, things will be alright. The widescale popularity and uplifting beat eventually led to its adoption by the Black Lives Matter movement, reinforcing the relationship between conscious rap and activism. 

Collective efforts

Rap’s themes of overcoming obstacles and surviving life’s challenges are specific as well as inspirational. They reflect the realities of daily life for many in Black communities. Hip-hop therapy takes rap music and other elements of hip-hop culture and blends them to create a culturally relevant therapeutic offering. Unlike regular music therapy, it also embraces group therapy. This allows for shared experiences and reduces the feelings of isolation that are often the consequence of racism. The evidence shows that it can reduce depression and anxiety while also improving communication and emotional expression. 

Hip-hop therapy also does something else; it empowers. Rap music varies widely and can reinforce doctrines of sexism, commercialism, and drug culture. For Black women, it can be another source of disrespect and denial. Through hip-hop therapy, women can counteract those influences through the creation of lyrics and discussions that tell their stories in their voices.  

“Hip hop gives a voice to Black youth,” Bizimana says. “It allows them to have a space to express, heal, and grow with a medium that is familiar. I’d like to see it used more frequently in Canada,” she says, noting that more therapists are adopting this approach through individual and group sessions. She is seeing schools incorporating it into curricula. “Sometimes help can come in the form of a coping playlist,” she says, “like a playlist for when you are sad and another for when you need motivation.”

Years ago, if asked, I would have expressed my disdain for hip-hop culture. It often struck me as self-flagellation, and I could not see why so many young Black people, particularly women, were enamoured with it. However, when my son began to play conscious rap for me, and I listened to lyrics that reflected my own truths, I could not help but rethink my opinions. Now, in moments of doubt and struggle, when cultural norms have stifled my options or limited my view, I find the music uplifting. No small wonder I would be caught by the appeal of hip-hop therapy. It captures and formalizes what many of us in the Black community already know: music heals, and no music heals as well as our own.  

Author:

Après s’être penchée sur le sujet pour rédiger cet article, Debra Yearwood, leader certifiée en santé, a dressé une liste de lecture de rap conscient. Elle signe régulièrement des articles dans Le Vecteur.

Illustrator: Holly Craib

Holly Craib explores the relationships between colour and light in her artwork. She won a 2023 Applied Arts award for a conceptual illustration series.

À l’approche de la Journée internationale de la visibilité transgenre, un événement annuel visant à soutenir les personnes transgenres et à lutter contre la discrimination, Jessica Ward-King, militante en matière de santé mentale, également connue sous le nom de The Stigma Crusher (la pourfendeuse de préjugés), réfléchit aux moyens de manifester son soutien.

Il est facile d’être un ami, un réconfort, un confident, un amoureux ou un fidèle compagnon de films d’horreur de fin de soirée, mais ce n’est pas ce qui définit un allié. Alors, comment devenons-nous des alliés? Et plus précisément, comment pouvons-nous être de bons alliés des communautés transgenres et non binaires dans un climat politique et social qui est parfois carrément hostile, voire dangereux?

Un allié est une personne, souvent cisgenre (dont le genre correspond au sexe assigné à la naissance), qui soutient ou défend les personnes transgenres et non binaires. Être un allié peut sembler une tâche colossale dans un monde où la haine se fait omniprésente. J’ai parfois plutôt envie de me cacher jusqu’à ce que le monde soit un peu plus sûr, mais pour tous ceux que j’aime, je ne le ferai pas. D’ailleurs, nous pouvons prendre des mesures simples dès maintenant pour devenir de meilleurs alliés.

Tout commence par l’éducation

Selon Statistique Canada, le Canada compte 100 815 personnes transgenres et non binaires, soit 1 Canadien sur 300. Le genre désigne l’identité personnelle et sociale d’une personne. Le terme « transgenre » désigne les personnes dont le genre ne correspond pas au sexe qui leur a été assigné à la naissance (en fonction de l’appareil reproducteur et d’autres caractéristiques physiques). Le terme « non binaire » désigne les personnes qui ne sont pas exclusivement des hommes ou des femmes. Dans les deux cas, l’identité de genre, qui représente l’expérience interne du genre, ne correspond pas aux attentes de la société.

En tant qu’allié des personnes transgenres et non binaires, vous connaissez peut-être ces termes, mais connaissez-vous l’histoire des droits des personnes transgenres et non binaires au Canada? Avez‑vous lu récemment des ressources rédigées par des personnes transgenres ou non binaires? Un bon allié est plus qu’un ami : il est important de s’informer des expériences vécues par les personnes transgenres et non binaires afin de mieux comprendre leur quotidien. Et nous devons nous éduquer nous‑mêmes. Il est essentiel de nous demander à qui incombe le fardeau de ce travail.

Noms et pronoms

Pour de nombreuses personnes transgenres et non binaires, les noms et les pronoms sont une question importante. Certaines personnes les appelleront par leur ancien nom (« mort ») ou emploieront le mauvais genre ou pronom (« mégenrées »), ce qui peut être extrêmement blessant. L’approche la plus respectueuse consiste à vous présenter en utilisant le nom et les pronoms que vous privilégiez et à demander ce que préfère votre interlocuteur en cas de doute. Vous vous êtes trompé? Excusez-vous respectueusement, puis efforcez-vous de vous corriger à l’avenir.

Sécurité

Les alliés peuvent réellement contribuer à la sécurité des personnes transgenres et non binaires, en particulier dans le climat politique actuel. Et les enfants peuvent même s’y initier. Mae Ajayi, qui est non binaire et parent, affirme qu’en formant nos enfants à devenir des alliés, nous pouvons assurer la sécurité des enfants transgenres et non binaires.

« Il s’agit d’avoir des conversations très explicites sur la transphobie avec les enfants », explique Mae Ajayi. Rachel Malone, parent de Sacha, un garçon bigenre, et de Peter, un garçon cisgenre, abonde dans le même sens.

« Nous ne pouvons pas empêcher nos enfants de vivre, n’est-ce pas? Et nous ne pouvons pas être présents tout le temps. Nous ne pouvons donc pas être les seuls à les protéger. » Rachel Malone sait qu’il reste beaucoup de travail à faire pour améliorer la sécurité des personnes transgenres et non binaires. En raison de son identité de genre, Sacha a subi de l’intimidation cruelle à la maternelle et en a gravement souffert sur le plan psychologique. Rachel Malone m’a demandé de ne pas révéler son nom ni celui de ses enfants par crainte de représailles, des familles d’enfants transgenres étant victimes de violence selon plusieurs observations.

La sécurité est un enjeu qui touche non seulement les enfants, mais aussi les adultes transgenres et non binaires, qui sont plus susceptibles que les adultes cisgenres de subir de la violence. Les alliés qui défendent leurs amis, leurs collègues et leurs voisins transgenres et non binaires sont essentiels pour améliorer la sécurité de ces adultes.

Trois amis aux coiffures colorées souriant et posant ensemble à l'extérieur.

Santé mentale

Robyn Letson, titulaire d’une maîtrise en service social, travailleur social autorisé et psychothérapeute, travaille auprès d’une clientèle transgenre et non binaire et estime que le potentiel de devenir un allié en offrant des soins de santé mentale liés à l’affirmation du genre aux personnes transgenres et non binaires est énorme.

Les personnes transgenres et non binaires sont plus susceptibles que les personnes cisgenres de souffrir de problèmes de santé mentale, lesquels peuvent s’expliquer de différentes façons, mais la transphobie, les préjugés et la discrimination dont elles sont victimes n’arrangent certainement pas les choses.

Selon Robyn Letson, un allié peut contribuer à la santé mentale des personnes transgenres et non binaires en leur apportant son soutien, en respectant leur vie privée, notamment en ne posant pas de questions médicales indiscrètes sur leur transition ou les hormones, et en leur demandant leur avis sur la manière dont il peut adapter son approche des soins (vous ne savez peut-être pas que votre approche ne fonctionne pas si vous ne posez pas la question). Des panneaux d’affichage peuvent signaler que les milieux de travail, les écoles et les cliniques sont des endroits sûrs et accueillants pour les personnes transgenres et non binaires.

Il faut également faire un travail sur soi. « Je suggère de commencer par faire un examen de conscience, déclare Robyn Letson. Pour les personnes cisgenres qui souhaitent entamer ou approfondir une démarche d’allié et de solidarité auprès des personnes transgenres, je leur suggère toujours de commencer par examiner leur propre relation au genre. »

Engagement soutenu

Le travail d’un allié n’est jamais terminé. L’apprentissage est continu, la lutte contre la discrimination et la transphobie est un travail de longue haleine, et nos propres préjugés doivent être remis en question.

« Laissez moins de place aux suppositions et acceptez de ne pas savoir », suggère Mae Ajayi. Les personnes cisgenres devraient comprendre à quel point les gens sont tristes et effrayés en ce moment et que la situation est terrifiante en tant que personne transgenre et parent. Le danger est très réel. »

Je ne peux qu’imaginer à quel point il est terrifiant d’être une personne transgenre ou non binaire au Canada en ce moment. En tant qu’alliée, la situation me fait bouillir de colère. Cependant, la colère ne suffit pas : être cisgenre est actuellement un privilège dans notre société, et il est de la responsabilité d’un allié d’utiliser ce privilège comme tremplin pour agir.

La tâche semble ardue, mais si vous commencez par soutenir les personnes transgenres et non binaires, que vous vous éduquez, que vous êtes déterminé à apprendre et à utiliser les noms et les pronoms appropriés, que vous pensez à assurer leur sécurité, que vous favorisez leur santé mentale et que vous vous engagez à lutter contre la transphobie et la discrimination, vous serez en bonne voie de devenir un meilleur allié.

Auteure : Jessica Ward-King (elle) est une pourfendeuse de préjugés (StigmaCrusher), militante en matière de santé mentale, conférencière et auteure, ainsi qu’une alliée bienveillante pour de nombreuses communautés transgenres et non binaires.