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Le VecteurConversations sur la santé mentale

Les premiers intervenants des Premières Nations réconfortent des individus et renforcent des communautés.

Les personnes qui enseignent les premiers soins en santé mentale dans les communautés des Premières Nations ont un savoir expérientiel des traumatismes. L’histoire de Roger Chum en est un exemple frappant.

« J’ai une histoire personnelle », a déclaré Chum, membre de la Première Nation crie d’Omushkego Moose, près de la baie James, et survivant des pensionnats. « J’ai aussi essayé de mettre fin à mes jours, quand j’étais jeune, à cause de tous les traumatismes que je subissais. »

mhfa first nations logo

Chum a été sauvé avec l’aide d’autres personnes. Aujourd’hui, des années plus tard, il est conseiller au First People’s Centre du Canadore College à la baie North. Il se rend également dans des communautés de partout au Canada pour coanimer des séances dans le cadre du programme Premiers soins en santé mentale (PSSM), Premières Nations de la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC), et constate à quel point la douleur des autres résonne avec la sienne.

« Les thèmes communs à toutes les formations que j’ai données, dans des communautés allant de la Colombie-Britannique à la Nouvelle-Écosse, en passant par l’Île-du-Prince-Édouard et l’Ontario, semblent être le suicide, le racisme et la discrimination auxquels les gens sont confrontés lorsqu’ils essaient de s’adapter à deux mondes, vivre dans la société canadienne en général, mais tout en conservant leur identité culturelle et autochtone, d’y trouver un équilibre », a déclaré Chum.

Il estime avoir formé environ 2 700 personnes pour devenir des secouristes en santé mentale depuis le milieu des années 2010, lorsqu’il a terminé la formation pour devenir coanimateur du cours PSSM, Premières Nations. À leur tour, ces secouristes ont offert du soutien à des milliers de personnes dans leurs communautés. Lorsque les personnes qui bénéficient d’un soutien pour les aider à vivre avec leurs propres troubles psychologiques se mettent à aider les autres, cela crée un cycle de soutien qui renforce des communautés entières.

Ce qui fait la marque distinctive de la formation PSSM, Premières Nations
Aujourd’hui, environ 70 coanimateurs originaires des Premières Nations offrent la formation PSSM dans l’ensemble du Canada, principalement dans les communautés des Premières Nations, mais également ailleurs. Citons l’exemple de Chum qui continue à organiser des séances de formation pour les membres des Services de police du Grand Sudbury, dont la plupart ne sont pas autochtones.

La formation PSSM est comme une série d’actions que les secouristes peuvent prendre pour aider les personnes qui traversent une crise ou voient leur santé mentale se détériorer. La Commission offre divers programmes de PSSM. Toutefois, aucun n’est comparable à celui des PSSM, Premières Nations.

La CSMC procède à des révisions régulières du cours. La formation PSSM, Premières Nations a des objectifs plus larges qui vont au-delà de la formation PSSM régulière. Ces objectifs sont particulièrement axés sur les compétences que les participants pourraient utiliser et les actions qu’ils pourraient prendre pour soutenir une personne qui vit des problèmes de santé mentale.

Certains segments du cours PSSM, Premières Nationsportent maintenant principalement sur le renforcement du sentiment d’appartenance à la communauté. Le cours poursuit cet objectif au moyen d’activités qui mobilisent le groupe dans son ensemble et qui abordent les problèmes systémiques qui ont eu un impact plus direct sur les peuples des Premières Nations, comme les déterminants sociaux de la santé, le racisme systémique et la colonisation.

Apprendre à former des secouristes en santé mentale
Le succès continu du programme repose sur deux maîtres formatrices des Premières Nations, Amanda Petit et Mary Wabano-McKay. Elles forment les membres des Premières Nations afin qu’ils deviennent des coanimateurs du cours PSSM, qui à leur tour forment les membres de la communauté à devenir des secouristes en santé mentale.

« Je n’aurais jamais imaginé suivre un cours comme les PSSM, Premières Nations, dispensé par une personne non autochtone », a déclaré Wabano-McKay, une Mushkegowuk (Cri de la Première Nation Attawapiskat), qui vit à Sault Ste. Marie et qui travaille pour l’Université Algoma en tant que vice-présidente de Nyaagaaniid — Réussite des étudiants et initiatives des Anishinaabe. « Comment pourraient-ils faire référence au savoir expérientiel et aux expériences de vie des membres des Premières Nations sans avoir vécu ces expériences? »

Elle a ajouté que les maîtres-formateurs autochtones « montrent l’exemple dans les communautés, parmi nos pairs et nos collègues, pour démontrer que nous n’avons pas seulement hérité des pertes, des deuils et des traumatismes, mais que nous avons aussi hérité de la résilience, de la force et de la détermination. Ces choses sont ancrées dans le cœur des coanimateurs qui dispensent le cours PSSM, Premières Nations dans l’ensemble du pays. »

Pour devenir coanimateurs, les candidats suivent 20 heures de formation en groupe, puis passent deux jours à travailler de façon individuelle avec des maîtres-formateurs pour approfondir leurs connaissances et démontrer qu’ils peuvent dispenser le cours PSSM, Premières Nations. Pour être accrédités à titre de coanimateurs, ils doivent remplir d’autres conditions dans un délai d’un an.

Impacts, obstacles, perspectives d’avenir
Le contenu du cours pour devenir coanimateur peut être déroutant, a souligné Wabano-McKay. En plus de passer en revue les séquelles du colonialisme dans les hôpitaux pour tuberculeux, les pensionnats, la rafle des années 1960 et d’autres traumatismes intergénérationnels, il aborde « la manière dont tous ces événements continuent d’avoir de graves répercussions sur les membres des Premières Nations, sur le bien-être général, sur la santé mentale, allant de l’anxiété et de la dépression à la consommation de substances et aux troubles psychotiques. »

« Ce genre de contenu peut souvent susciter des émotions chez ceux qui suivent le cours » dit-elle. C’est pour cette raison que des coanimateurs sont présents sur place lors des ateliers PSSM, Premières Nations. Les aînés de la communauté sont également invités à apporter un soutien supplémentaire aux participants, si nécessaire.

Un autre obstacle potentiel à la formation des coanimateurs est que les candidats doivent dépasser leurs propres préjugés sur la santé mentale et comprendre que tout le monde est concerné.

Le cours a été une révélation pour la coanimatrice Laurie Belcourt, une employée des Nations visées par le traité no 8 de l’Alberta de la Nation crie de Bigstone.

« Cela m’a transformée », affirme-t-elle. « La façon dont je pense aux autres, la façon dont j’interagis avec les autres, tout est différent. Je suis beaucoup plus compréhensive. Je suis beaucoup plus empathique. Le cours m’a aidée à comprendre que les gens vivent avec des problèmes de santé mentale. Ils ne cherchent pas seulement à attirer l’attention. Ils ne savent tout simplement pas comment faire face à ce qu’ils vivent. »

Dans le cadre du cours PSSM, Premières Nations, Belcourt transmet cette empathie et cette compréhension pour aider les secouristes à apprendre à reconnaître les problèmes de santé mentale chez les membres de leur communauté, et éventuellement chez les membres de leur propre famille ou au sein de leurs cercles d’amis. « Vous êtes le pont entre l’endroit où ils se situent actuellement et l’endroit où ils doivent se rendre », a-t-elle déclaré.

Le mandat des coanimateurs n’est pas de fournir des soins professionnels. Leur tâche consiste plutôt à écouter et à apporter un soutien instantané, un peu comme les premiers soins physiques. Selon Wabano-McKay, l’étape suivante consiste à « mettre la personne en contact avec une aide professionnelle appropriée et à explorer les autres mesures de soutien dont elle peut bénéficier au sein de sa communauté ». Nous leur apprenons que leur rôle de secouristes en santé mentale est de servir d’intermédiaires, d’offrir à une personne l’ouverture nécessaire pour qu’elle puisse dire : « Je ne vais pas bien et j’ai besoin d’aide ».

Toutes ces interactions se font dans le respect de chaque tradition et de chaque culture étant donné que chaque communauté des Premières Nations a sa propre histoire. Comme le dit Chum, nous allons toujours découvrir que « leur nourriture est différente, leurs modes de connaissance sont différents, leur culture est différente. Nous sommes un peuple très diversifié qui occupons cet endroit que nous appelons Turtle Island. »

Les premiers soins en santé mentale sont dispensés à une personne qui est aux prises avec un problème de santé mentale, qui traverse une situation de crise de santé mentale ou dont l’état de santé mentale s’aggrave. Plus de 500 000 Canadiens ont été formés en premiers soins en santé mentale depuis 2007 et vous pouvez aussi l’être. Trouvez un cours des PSSM en ligne ou en personne.

Author: est un journaliste et éditeur canadien.
Photos du programme de co-animateur des Premières Nations du MHFA, qui a été lancé en 2016.
Les points de vue et les opinions exprimés dans cet article appartiennent uniquement à l’auteur(e) et ne représentent pas nécessairement les politiques officielles de la Commission de la santé mentale du Canada.

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