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Le VecteurConversations sur la santé mentale

Parlons de la santé mentale au football

Quand on pense au monde du sport professionnel, on imagine des stades pleins à craquer, des supporters en délire et des contrats mirobolants pour les athlètes les plus célèbres, qui font preuve d’une adresse et d’une endurance incroyables. Mais cette image de joueurs réalisant le rêve d’une vie ne correspond pas toujours à la réalité et ne dépeint pas les difficultés que rencontrent nombre d’entre eux pour préserver leur bien-être mental. La vérité, c’est que de nombreux athlètes d’élite souffrent. À l’approche de la 109e Coupe Grey, Le Vecteur s’intéresse à la façon dont des organisations comme les Saskatchewan Roughriders s’associent à d’autres pour s’attaquer à ce problème.

Selon une étude récente parue dans Psychology of Sport and Exercise, plus de 40 % des 186 athlètes de l’équipe nationale d’élite du Canada « répondaient aux critères d’un ou plusieurs troubles mentaux », le stress et la charge d’entraînement étant « des facteurs prédictifs importants de dépression et d’anxiété ». Pour en comprendre la cause, il est essentiel de reconnaître les réalités auxquelles les athlètes sont confrontés, tant sur le terrain qu’en dehors.

Avant de devenir des professionnels ou des amateurs de haut niveau, les athlètes doivent faire leurs preuves dans les ligues juniors, universitaires et semi-professionnelles. Cela implique souvent de devoir concilier leurs aspirations sportives avec leurs obligations scolaires, professionnelles et familiales, sans compter la notoriété grandissante qui vient avec le succès.

« C’est parfois pénible », a déclaré Ty Logan, ancien athlète universitaire et actuel défenseur professionnel des FireWolves d’Albany de la National Lacrosse League. « Durant les études, on passe nos fins de semaine à voyager d’une ville à l’autre dans un autobus bondé, tout en essayant de terminer nos devoirs et de rattraper les cours qu’on a manqués pendant la semaine. On passe de longues soirées à la bibliothèque, et on se lève tôt le lendemain pour aller au gym. Si on gère mal notre temps, il est facile de prendre du retard dans un domaine ou dans l’autre. »

Notre valeur ne repose que sur notre dernier match
Les attentes à leur égard, qui s’ajoutent aux multiples obstacles et responsabilités, peuvent constituer une énorme source de stress pour les jeunes athlètes. « La pression est vraiment grande, des deux côtés, souligne Ty Logan. Même quand on devient professionnel, il n’y a pas de jours de repos, et on ne sait jamais quand on a signé notre dernier contrat ou joué notre dernier match dans la ligue. Il faut essayer de faire abstraction du monde extérieur et se concentrer pour jouer de son mieux. »

Cette pression s’intensifie pour les athlètes de la relève, dont les chances de devenir professionnels dans un sport donné sont de plus en plus minces. Selon la National Collegiate Athletic Association, environ 4 % de tous les athlètes universitaires atteindront une ligue professionnelle ou le niveau olympique. Ils sont encore moins nombreux à y rester pour plus de quelques matchs.

L’esprit au travail sports

Lorsqu’un grand groupe d’athlètes très motivés et compétitifs se battent pour un nombre limité de places, avec la promesse de la fortune et de la gloire en jeu, il est facile de voir comment la pression peut monter pour les athlètes professionnels de demain. Si l’on ajoute à ce scénario la nécessité de conserver de bonnes notes et d’occuper un emploi à temps partiel pour aider à payer les factures, les risques pour le bien-être mental deviennent parfaitement évidents.

À la lumière de tout cela, la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC) a adapté le programme de formation L’esprit au travail (EAT) pour aborder ces questions. Les modules de L’esprit au travail sports sont axés sur des exercices pratiques basés sur des scénarios faciles à mettre en application pour les athlètes et les entraîneurs, qui s’appuient sur les voix des personnes ayant un savoir expérientiel passé ou actuel de la maladie mentale.

La recherche montre que les entraîneurs assument plusieurs rôles – motivateurs, conseillers, substituts parentaux – qui exigent tous un travail émotionnel considérable. Et les athlètes doivent bien comprendre leur santé mentale – et celle de leur entourage – pour maximiser leurs capacités. Pour répondre à ces exigences, chacun des cours de L’esprit au travail sports fournit des outils et des compétences permettant de faire face aux situations difficiles et de soutenir ses coéquipiers – des aptitudes qui s’appliquent aussi bien aux personnes qui jouent dans les ligues de garage et les ligues récréatives qu’aux athlètes de haut niveau.

Une nation d’athlètes
Selon un sondage mené par Statistique Canada en 2016, 27 % des personnes de 15 ans et plus pratiquent régulièrement un sport. Cela représente plus de huit millions de personnes dans tout le pays qui pratiquent une activité sportive sous une forme ou une autre pour s’amuser et pour garder la forme et la santé physiques. Mais au-delà de l’individu moyen, la tendance s’inverse. Pour les athlètes d’élite qui consacrent leur vie à la compétition professionnelle, le sport peut passer d’une influence positive sur la santé physique à un danger pour le bien-être mental. Notamment, lorsqu’il s’agit de sacrifier ses amitiés et sa vie personnelle à la quête de l’excellence sportive.

Il s’agit de l’une des nombreuses conclusions qui ont été tirées lors du processus d’élaboration de L’esprit au travail sports. La CSMC s’est associée à la Saskatchewan Roughrider Foundation pour mettre le programme à l’essai auprès des joueurs et des entraîneurs, ainsi que d’autres athlètes d’élite des communautés de la Saskatchewan.

Quand Cindy Fuchs, directrice générale de la fondation, a vu le potentiel d’un programme L’esprit au travail conçu spécifiquement pour les athlètes et les entraîneurs, elle a immédiatement contacté la CSMC pour savoir comment elle et son équipe pouvaient s’impliquer.

« La Roughrider Foundation est vouée au soutien de la santé, de l’éducation et du football amateur dans nos communautés locales, et le programme L’esprit au travail sports cadre parfaitement avec ces piliers », a-t-elle déclaré. Pour Mme Fuchs, L’esprit au travail s’inscrit également dans le prolongement des autres initiatives de la fondation, notamment Win with Wellness et Game Changers Playbook, un projet de collaboration avec le ministère de l’Éducation de la Saskatchewan visant à améliorer le bien-être mental des jeunes dans la province.

Tout au long de la phase pilote, les répercussions positives des séances ressortaient des commentaires reçus des participants. « Cela les obligeait à réfléchir à leur propre bien-être mental, a‑t‑elle indiqué. Je crois que beaucoup de joueurs ne se rendaient pas compte du stress qu’ils subissaient avant d’y réfléchir. »

En appliquant, lors de ses routines de jeu, une technique de respiration « carrée » apprise dans le cadre du programme, un botteur a également pu améliorer ses performances sur le terrain. Le programme a aussi eu un impact positif sur le moral de l’équipe.

« On voit que les joueurs qui ont suivi la formation ont un lien particulier, a ajouté Mme Fuchs. Ils savent qu’ils peuvent exprimer ouvertement ce qu’ils ressentent aux autres sans aucun jugement. »

C’est ce sentiment d’ouverture – et la déstigmatisation de la santé mentale dans le sport – qui a incité la fondation à faire la promotion du programme et à assumer la totalité du coût de la formation L’esprit au travail sports pour tous les athlètes universitaires de la Saskatchewan.

En commençant par l’Université de Saskatchewan, tous les étudiants-athlètes – tous sports confondus – pourront suivre le programme. De plus, tous les joueurs des Roughriders qui livrent des présentations dans le cadre des programmes scolaires de la fondation suivront une formation leur permettant de partager avec les jeunes de la communauté les leçons qu’ils ont apprises pendant le cours.

« Le programme est si efficace que nous voulons que le plus grand nombre possible d’athlètes ait la chance de le suivre, a déclaré Mme Fuchs. Ne serait-ce pas génial qu’un joueur puisse dire à son entraîneur qu’il ne se sent pas bien sans craindre d’être mis sur la touche ou à l’index? Le respect mutuel et l’ouverture permettent ce dialogue entre les deux parties. »

Auteur: est un spécialiste en marketing et communications à la Commission de la santé mentale du Canada. Diplômé de la Sprott School of Business de l’Université Carleton, Eric possède une vaste expérience du monde du sport et du divertissement. Eric est le cofondateur de mssn, une marque dédiée à la collecte de fonds et à la sensibilisation à la santé mentale au bénéfice des jeunes dans la région d’Ottawa.
Photo: Le joueur ambassadeur Mitch Picton, des Saskatchewan Roughriders, dirige une présentation sur le bien-être à l'école communautaire Sacred Heart, à Regina.
Les points de vue et les opinions exprimés dans cet article appartiennent uniquement à l’auteur(e) et ne représentent pas nécessairement les politiques officielles de la Commission de la santé mentale du Canada.

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