Si vous êtes en état de détresse, veuillez appeler ou texter le 988 n’importe quand. En cas d’urgence, appelez le 9-1-1 ou rendez-vous à votre service d’urgence local.

Le VecteurConversations sur la santé mentale

Explorer l’incidence, les ressources et les stratégies de prévention du suicide

Septembre est le Mois de la sensibilisation au suicide. Il s’agit d’un rappel poignant de l’importance de la santé mentale et c’est l’occasion d’informer le public, de comprendre et de défendre les personnes touchées par le suicide.

L’ampleur du problème

Au Canada, le suicide reste un problème de santé publique important, qui touche aussi bien les personnes de tous âges, de tous genres et de tous milieux. Selon Statistique Canada, environ 4 500 personnes meurent par suicide chaque année au pays, soit environ 12 personnes par jour. Pour chaque personne qui décède par suicide, de nombreuses autres sont en proie à des pensées suicidaires ou font des tentatives de suicide. La COVID-19 a également eu des effets négatifs sur la santé mentale, notamment une hausse significative des cas d’idées suicidaires. Chez les jeunes gens (de 15 à 24 ans), le suicide est souvent considéré comme l’une des trois principales causes de décès, et son taux d’incidence est amplifié par ses effets sur les familles, les personnes et les communautés aux quatre coins du pays (et dans le monde entier).

Les raisons du suicide sont complexes : elles sont d’ordre biologique, psychologique, social, culturel, spirituel, économique et autres. Selon un éminent chercheur dans le domaine, les personnes qui songent au suicide et qui font une tentative de suicide désirent mettre fin à une douleur psychologique profonde et intense. Pourtant, malgré la complexité de la question, il y a lieu d’être optimiste.

Il est possible de réduire le taux de suicide et son incidence au Canada au moyen d’interventions empruntées aux domaines de la santé mentale et de la santé publique. Dans ce contexte, le Mois de la sensibilisation au suicide joue un rôle essentiel en sensibilisant le public à cette question et en favorisant le dialogue.

Comment parler du suicide

Plusieurs ressources que la CSMC soutient ou qu’elle a contribué à créer insistent sur l’importance d’une communication ouverte et sans jugement. Il peut être difficile d’entamer une conversation sur le suicide, mais il s’agit d’une étape nécessaire pour aider les personnes qui ont besoin de soutien à aller en chercher.

Parler d’un suicide à des enfants est un outil de conversation destiné à aider les soignants, les parents et les tuteurs à comprendre comment parler aux enfants lorsqu’un suicide se produit dans la communauté ou si une personne qu’ils connaissent est décédée par suicide. La recherche a montré que le fait de parler du suicide n’augmente pas le risque de suicide chez l’enfant. En fait, cela peut être une expérience utile.

Le suicide : Confronter ensemble ce sujet sensible est un module en ligne conçu pour aider les professionnels de la santé à se préparer à de telles conversations. Les fournisseurs de soins de santé jouent un rôle essentiel en matière de prévention du suicide au Canada. Ils sont souvent les mieux placés pour identifier les personnes qui risquent de se suicider et pour leur fournir les soins dont elles ont besoin ou les aiguiller vers ces soins.

À l’heure actuelle, une grande partie de nos interactions se font en ligne. Pour composer avec cette réalité, l’organisme australien, Orygen, a élaboré des lignes directrices pour que les jeunes puissent clavarder en toute sécurité (#ChatSafe), mais cet outil peut servir à tout le monde, peu importe l’âge.

Le guide des médias, En-tête : Reportage et santé mentale s’adresse aux journalistes, mais il est utile à toute personne qui écrit sur le suicide ou sur d’autres sujets sensibles. Les recommandations suivantes sont essentielles pour favoriser la rédaction de reportages sûrs et responsables :

  • respecter la vie privée et le deuil des proches;
  • inclure les numéros de lignes d’écoute locales vers lesquelles les lecteurs peuvent se tourner pour obtenir du soutien;
  • présenter le suicide comme quelque chose qui est évitable.

En outre, les journalistes sont invités à ne pas donner une vision romantique du suicide et à ne pas le présenter comme une solution à des problèmes de la personne, de ne pas détailler la méthode utilisée et de ne pas publier de notes de suicide.

Depuis longtemps, les stratégies nationales de prévention du suicide insistent sur le fait que la couverture médiatique doit être sûre et responsable. Cette recommandation figure en bonne place dans les lignes directrices sur la prévention du suicide des Nations Unies; dans le plan directeur de l’Association canadienne pour la prévention du suicide et dans le rapport sur la prévention du suicide de l’OMS. Pourtant, les films et les émissions de télévision présentent souvent le suicide sous un angle problématique. On peut saisir ces occasions pour engager la conversation et recadrer la question.

Lutter contre la stigmatisation et les idées fausses

L’un des principaux aspects du Mois de la sensibilisation au suicide consiste à lutter contre la stigmatisation et les idées fausses qui entourent la santé mentale et le suicide. Depuis de nombreuses années, la CSMC insiste sur le fait que la stigmatisation nuit aux personnes éprouvant des difficultés sur le plan de la santé mentale. La stigmatisation peut les dissuader de chercher de l’aide, ce qui peut exacerber leurs difficultés et potentiellement avoir des issues tragiques.

En encourageant la compréhension et l’empathie, nous pouvons créer un environnement dans lequel les personnes se sentent en sécurité et à l’aise de parler de leurs problèmes de santé mentale. Dans cet esprit, il faut reconnaître que le fait de demander de l’aide est un signe de force – et non de faiblesse – et que la santé mentale est tout aussi importante que la santé physique.

Moira Farr a écrit After Daniel : A Suicide Survivor’s Tale (Le récit d’une survivante du suicide), qui traite du décès de son partenaire. Journaliste et formatrice, elle effectue des recherches et écrit sur divers sujets pour des publications nationales et internationales, dont Le Vecteur. Elle a remarqué un changement de discours depuis la publication de son livre, en 1999.

« Je dirais que depuis 20 ans, les gens parlent plus ouvertement des problèmes de santé mentale, y compris du suicide, explique-t-elle. Les campagnes de sensibilisation sur les moyens et les endroits où obtenir de l’aide et à amener les gens à parler plus honnêtement de leurs propres problèmes de santé mentale me semblent avoir été une force positive », ajoute-t-elle.

« J’imagine qu’il est difficile de déterminer si cela a permis de réduire le taux global de suicide au Canada. Il peut encore être difficile de trouver les ressources en santé mentale dont on a besoin. Étant donné une plus grande prise de conscience à cet égard, la demande de soins de santé mentale a augmenté, et il n’y en a pas nécessairement assez pour tout le monde. »

Temps d’attente

Il est important de disposer de soutiens en santé mentale pour intervenir en cas de suicide. Cependant, selon l’Institut canadien d’information sur la santé, il faut compter en moyenne 22 jours à l’échelle nationale avant de pouvoir pour obtenir des services de psychothérapie au sein de la communauté.

Pourtant, les stratégies provinciales visant à réduire les temps d’attente sont prometteuses. L’Île-du-Prince-Édouard insiste sur la nécessité d’augmenter les points d’accès aux soins, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des hôpitaux. Face aux longs délais d’attente pour se prévaloir de services de santé mentale dans la province, l’Île-du-Prince-Édouard a commencé à s’inspirer de sa voisine, Terre-Neuve-et-Labrador, qui a récemment réduit de 67 % les délais d’attente dans ce domaine. L’Île-du-Prince-Édouard suit maintenant le mouvement en mettant également en œuvre le modèle de soins par paliers 2.0, qui permet de fournir des services plus rapides et plus holistiques grâce à une série de méthodes comme la télésanté, les services en ligne et les cliniques sans rendez-vous.

Le modèle de soins par paliers 2.0 s’articule autour de neuf étapes, dont le soutien informationnel, les soins autogérés, les soins actifs, la navigation dans les systèmes, la gestion de cas et la défense des droits. Pour mettre en œuvre le modèle, les organismes de services choisissent des stratégies en fonction des besoins et des préférences de chaque client (p. ex., les interventions de cybersanté mentale, l’autoassistance, le soutien par les pairs, la thérapie en personne) qui s’harmonisent avec cette structure et le nombre d’étapes qui convient pour chaque collectivité.

Ligne d’écoute à trois chiffres

Un autre soutien important — le numéro d’appel d’urgence 988 pour la prévention du suicide et la résolution de crises en santé mentale — sera mis en place en novembre. Les personnes ayant besoin d’un soutien psychologique immédiat pourront composer le 988 ou envoyer un texto à ce numéro pour être dirigées vers un service d’aide gratuit de prévention du suicide ou de crise en santé mentale.

Cette idée fait l’objet d’une étude sérieuse depuis plusieurs années au Canada, et reçoit un soutien enthousiaste d’experts en prévention du suicide, de professionnels de la santé mentale et des représentants politiques de tous les ordres de gouvernement. Au cours des dernières années, d’autres pays comme les Pays-Bas et les États-Unis ont également mis en place un numéro à trois chiffres pour la prévention du suicide.

Les voies vers l’avenir

Par ailleurs, en juin, le Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie a publié un rapport intitulé Se laisser guider par les résultats : repenser le Cadre fédéral de prévention du suicide, dans lequel il formule une série de recommandations, dont les suivantes :

  • reconnaître l’impact de la consommation de substances sur la prévention du suicide au Canada et financer la recherche sur les interventions;
  • créer une base de données nationale permettant de mieux recueillir les données nationales sur le suicide, les tentatives de suicide et les mesures de prévention efficaces;
  • remplacer les axes d’« espoir » et de « résilience » mentionnés dans le Cadre fédéral de prévention du suicide par ceux de « sens » et de « connectivité ».

Ce changement de termes fait écho à d’autres perspectives. Par exemple, dans de nombreuses communautés autochtones, des termes comme « promotion de la vie » ou « mieux-être » sont souvent utilisés pour aborder le sujet de la prévention du suicide. Le Cadre du continuum du mieux-être mental des Premières Nations — mis au point par la fondation Thunderbird Partnership, avec des partenaires autochtones et non autochtones (y compris Santé Canada) — souligne que l’espoir, le sens, le sentiment d’appartenance et le fait d’avoir un but sont le socle de nombreux modes de connaissance autochtones. Comme l’explique le Cadre, si ces quatre aspects sont en harmonie dans la vie quotidienne d’une personne, elle éprouve un sentiment de plénitude qui la protège et agit comme un amortisseur contre les risques pour la santé mentale et les comportements suicidaires potentiels.

L’importance de la communauté et du soutien

Pendant le Mois de la sensibilisation au suicide, les communautés de tout le Canada se rassemblent pour offrir un soutien et des ressources aux personnes touchées par le suicide. Ces efforts comprennent des campagnes de sensibilisation, des événements éducatifs et des initiatives visant à réduire la stigmatisation et à favoriser les réseaux de soutien en matière de santé mentale.

Les ressources de la CSMC soulignent l’importance de bâtir une communauté forte et solidaire pour contribuer à la prévention du suicide. En travaillant ensemble et en favorisant les liens, nous pouvons créer un environnement dans lequel les personnes en crise se sentent valorisées et comprises. Le Mois de la sensibilisation au suicide au Canada nous rappelle que nous pouvons tous jouer un rôle en matière de prévention du suicide.


Espace Mieux-être Canada – soutien en cas de crise : Si vous vivez de la détresse, à n’importe quel moment, vous pouvez texter MIEUX au 741741. S’il s’agit d’une urgence, composez le 911 ou rendez-vous à votre service des urgences local.

Aide : Les personnes en détresse mentale au Canada peuvent obtenir de l’aide par l’intermédiaire de Parlons Suicide Canada en composant le numéro sans frais 1-833-456-4566.

Cours : Premiers soins en santé mentale porte sur la manière d’aider une personne aux prises avec un problème de santé mentale, qui traverse une crise de santé mentale ou dont l’état de santé mentale s’aggrave.

Ressource : Prévention du suicide (Commission de la santé mentale du Canada).

Lectures suggérées : Un numéro de téléphone à trois chiffres facile que nous mémoriserons toutes et tous bientôt.

Auteur:

Fateema Sayani

Une habituée des organismes à vocation sociale, ainsi que des salles de presse, où elle a passé plus de 20 ans aux commandes de nombreuses activités, de la stratégie à la collecte de fonds. Ses écrits, qui couvrent une foule de sujets allant des politiques à la culture populaire, sont parus dans des publications de premier plan à la grandeur du Canada et lui ont valu des prix pour ses reportages sur la justice sociale. Forte de ses diplômes, de ses certificats et de ses activités bénévoles, elle s’est donné pour mission de changer l’image des communautés sous-représentées. Malgré son horaire chargé, elle trouve encore le temps de se plonger dans la scène musicale canadienne.

Les points de vue et les opinions exprimés dans cet article appartiennent uniquement à l’auteur(e) et ne représentent pas nécessairement les politiques officielles de la Commission de la santé mentale du Canada.

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