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Le VecteurConversations sur la santé mentale

Donovan Taplin illustre bien la puissance du savoir expérientiel

Au printemps dernier, au plus fort de la pandémie, Donovan Taplin a appris que la Commission de la santé mentale du Canada cherchait un nouvel administrateur pour son conseil.

« Ça tombait à pic », dit Donovan Taplin. « J’avais accompli l’essentiel de mon travail à titre de vice-président du comité technique responsable de l’élaboration de la Norme sur la santé mentale et le bien-être des étudiants du postsecondaire, mais je sentais que ma contribution dans ce domaine ne faisait que commencer. »

Louise Bradley, présidente-directrice générale de la CSMC, ne pourrait être plus d’accord. « J’ai entendu Donovan faire une présentation pour la première fois lors de la conférence provinciale sur la santé mentale des jeunes de Terre-Neuve-et-Labrador, en 2015, et je m’en souviens très bien encore aujourd’hui. »

Mais lorsque Donovan se rappelle de cette première rencontre avec Louise Bradley, ce n’est pas la vue qu’il avait depuis le podium qui s’impose à son souvenir. « À cette époque, je n’avais parlé de mes problèmes de santé mentale qu’à un seul ami proche, et j’étais sur le point de monter sur scène et de partager ces difficultés avec des centaines d’inconnus. J’étais terrifié. Puis, une femme assise à côté de moi a pris ma main dans la sienne (elle voyait bien que je tremblais comme une feuille) et m’a chuchoté « Vous n’êtes pas obligé de faire ça. Si vous n’êtes pas prêt, je vais leur faire enlever cette présentation et ils trouveront un plan B. Je resterai juste ici, avec vous. »

Mme Bradley sourit à l’évocation de ce souvenir. « À mon avis, cela nous rappelle qu’alors qu’être gentil ne nous coûte pas un sou, le résultat de notre gentillesse peut être précieux; et c’est certainement le cas de la prise de parole de Donovan. »

Celui-ci affirme que ce que lui a dit Mme Bradley lui a donné la force de monter sur scène ce jour-là et que depuis ce jour, cela lui a fourni plusieurs occasions de partager un peu de la sagesse qu’il a acquise grâce à son expérience personnelle.

« J’ai grandi dans une communauté insulaire rurale à Terre-Neuve-et-Labrador (T.-N.-L.). Je n’avais aucun soutien clinique ou social, je n’avais même pas les mots pour dire à quel point je me sentais affaibli et dépassé lorsqu’il était question de ma santé mentale. Je savais aussi que j’étais queer, et que le fait de ressentir de l’insécurité et de ne pas me sentir accepté contribuait au mal-être qui m’habitait à cette époque. J’ai fini par me rendre à St. John’s en bateau pour aller à ma première séance de thérapie, même si je craignais qu’être queer soit une raison suffisante pour qu’ils refusent de me traiter. Je me trompais, heureusement, et c’est à ce moment-là que j’ai commencé à me rétablir. » 

Donovan marque une pause ici pour mettre l’accent sur le fait que la discrimination à laquelle sont confrontés les membres de la communauté 2sLGBTQ+ n’est pas du tout chose du passé.

« Après mon baccalauréat, il y a à peine quelques années, mon partenaire et moi avons déménagé à Toronto, une ville qui représentait tout ce qui me faisait tant envie : l’inclusivité, les valeurs progressistes, la richesse de la diversité. Et pourtant, la première expérience que j’ai vécue à Toronto a été de me faire refuser la location d’un logement, de manière explicite, simplement parce que j’étais dans un couple de même sexe.

Donovan est resté à Toronto depuis, et après avoir poursuivi des études supérieures, il travaille maintenant au Health and Wellness Centre de l’Université de Toronto; il ressent toutefois de temps à autre le poids du changement de rôles.

« D’un côté, j’étais l’une des voix étudiantes les plus fortes au sein du comité mis sur pied pour transformer le soutien offert aux étudiants postsecondaires dans les collèges et les universités. De l’autre, mon travail actuel auprès d’administrateurs me permet de réaliser l’ampleur des défis institutionnels que cela implique. Il faudra du temps pour les démystifier avant de pouvoir donner vie à la vision d’une communauté axée sur le bien-être qui est à la base de la Norme pour les étudiants du postsecondaire. »

Il explique que la Norme pour les étudiants du postsecondaire joue le rôle d’un pont, un moyen de réunir les étudiants et les administrateurs à la même table pour qu’ils créent ensemble des communautés d’enseignement supérieur au sein desquelles les étudiants ne sont pas laissés à eux-mêmes dans les dédales d’un système complexe.

Les efforts mis dans l’élaboration de la Norme nationale du Canada sur la santé mentale et le bien-être pour les étudiants du postsecondaire ont récemment été reconnus par le biais d’un Prix du jeune professionnel de Groupe CSA, qui a été décerné à Donovan Taplin pour son leadership compatissant et dévoué.

Donovan a commencé à développer les compétences en gouvernance nécessaires pour codiriger le comité technique sur la Norme pour les étudiants du postsecondaire à l’âge de 19 ans, lors de son élection comme conseiller municipal de Wabana, à Bell Island, T.-N.-L. À ce titre, il a contribué à donner vie à la toute première reconnaissance de la Semaine de sensibilisation aux maladies mentales et du Mois de la Fierté dans cette communauté. Depuis, la capacité de Donovan à apporter des changements positifs lui a notamment permis de siéger au Premier’s Youth Advisory Committee (T.-N.-L.) et du Conseil jeunesse du premier ministre.

Cette volonté d’améliorer la situation de tout un chacun est ce qui a convaincu Donovan de se joindre au conseil d’administration de la CSMC. « Je vois cette organisation comme une lanterne, en quelque sorte, qui attire l’attention des personnes, des organisations et des gouvernements sur les façons d’améliorer les politiques et l’accès aux services et, ultimement, d’atteindre la parité en matière de financement. »

Et Mme Bradley d’appuyer : « Nous pouvons seulement briller aussi fort que les cœurs et les esprits qui nourrissent notre travail. Je suis tout à fait certaine que Donovan va nous mettre au défi et nous maintenir à flot. D’une certaine manière, j’ai vu Donovan grandir; j’ai assurément été témoin de ses années les plus formatrices. Il y a une chose dont je suis persuadée : l’avenir de la défense de la santé mentale est entre de bonnes mains. »

Les points de vue et les opinions exprimés dans cet article appartiennent uniquement à l’auteur(e) et ne représentent pas nécessairement les politiques officielles de la Commission de la santé mentale du Canada.

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