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Le VecteurConversations sur la santé mentale

La présidente et directrice générale de la CSMC, Louise Bradley, réfléchit à la force de la résilience

La COVID-19 nous met à rude épreuve, cela ne fait aucun doute.

La protection de notre santé physique ne se fait pas sans coût pour notre bien-être mental. Pour les êtres sociaux que nous sommes, l’isolement est éprouvant. Pour une espèce qui aime prévoir, l’incertitude est épuisante. Pour des créatures d’habitudes, il est difficile de s’adapter à des routines bouleversées. À cela s’ajoutent la pression financière, l’école à la maison et la peur de contracter le virus : pas étonnant qu’une tempête émotionnelle se prépare.

Une humeur déprimée et des sentiments d’anxiété, de colère et de frustration sont des réactions parfaitement naturelles à un contexte totalement inhabituel et anormal. Il est important de valider ces sentiments et de déterminer leur provenance. De la même façon que nous sommes éprouvés par la tristesse et le deuil après un décès, nous vivons actuellement une forme de deuil, qu’il soit petit ou grand.

Personne ne peut prédire l’avenir, mais les leçons apprises de catastrophes et d’épidémies passées nous indiquent que les pertes et les stress cumulatifs provoqueront des problèmes de santé mentale chez certaines personnes. Nous devons éviter de faire la sourde oreille à des symptômes persistants qui perturbent notre sommeil, nuisent sérieusement à notre productivité ou entraînent des abus de substances. Les services de santé mentale, déjà poussés à la limite, auront besoin d’une injection de fonds et d’innovations pour répondre à la demande croissante.

Mais dans ce contexte difficile, il est plus important que jamais de soigneusement faire la distinction entre les drapeaux rouges qui signalent une maladie mentale et le malaise général que bon nombre d’entre nous ressentent. Il faut éviter de confondre une réaction émotionnelle raisonnable devant la restriction de notre liberté et de notre vie sociale avec un diagnostic.

Plus important encore, il faut éviter de supposer que nous sommes impuissants dans cette situation.

Comme êtres humains, nous sommes dotés de la capacité de non seulement surmonter les obstacles, mais aussi d’en tirer des apprentissages. C’est de la résilience qu’il est ici question. Et la résilience peut être nourrie par les personnes et par les communautés.

Au même titre que nous renforçons nos muscles en nous alimentant sainement, en faisant régulièrement de l’exercice et en dormant suffisamment, nous pouvons raffermir et aiguiser notre résilience. Une marche quotidienne, une conversation téléphonique avec un ami, la pratique de la gratitude et la tenue d’un journal intime sont autant de moyens de gérer nos émotions. Ces petits gestes posés pour garder un certain contrôle sur notre situation peuvent faire des miracles pour notre moral. Des choses simples, comme par exemple faire son lit, préparer une miche de pain, peuvent aussi amplifier notre sentiment de contrôle et stimuler notre sentiment d’utilité.

Notre façon d’envisager les défis soulevés par la COVID-19 peut aider à prédire la façon dont nous émergerons de la crise mondiale. Si nous croyons qu’il est possible de sortir grandi de cette épreuve, que celle-ci peut nous servir une leçon de compassion et approfondir nos relations, alors nous pourrons trouver un sens à notre souffrance. Survivre à un calvaire ne nous rendra pas plus résilients.

Mais tirer parti de nos apprentissages pour mieux faire face au prochain coup dur, oui.

Toutefois, si la COVID-19 a préparé le terreau où nous pourrons cultiver notre résilience, elle a également exposé des lacunes et des gouffres très réels qui menacent les plus vulnérables d’entre nous. L’autoprise en charge de la santé n’est pas une panacée lorsque les écoles sont fermées, que les services de soins de longue durée sont ravagés par les cas d’infection et que les mises à pied se multiplient.

Pratiquer la résilience au milieu d’une situation traumatisante est comme reconstruire un édifice au milieu des décombres. Nous devons avoir accès à certaines assises fondamentales, comme un logement sécuritaire et abordable, un salaire décent, un soutien fort de notre communauté et la protection contre le racisme et d’autres formes de discrimination, en plus de services de santé mentale recevant un financement solide. Ce sont les sources desquelles la résilience peut jaillir.

Nous avons l’occasion de nous unir, comme société, afin de créer de meilleurs filets de sécurité et de mettre au point des politiques innovatrices plus équitables et inclusives.

Les mois de confinement ont eu un effet sur nous tous. Mais si nous sommes en mesure de voir cette expérience de vie comme une occasion de redéfinir nos priorités, de recentrer nos énergies et de recadrer notre vision du monde, nous pourrions émerger non seulement comme des personnes plus résilientes, mais également comme une société plus juste et résiliente.

La COVID-19 nous met à rude épreuve, mais avec de la résilience, nous pouvons en rebondir.

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Les points de vue et les opinions exprimés dans cet article appartiennent uniquement à l’auteur(e) et ne représentent pas nécessairement les politiques officielles de la Commission de la santé mentale du Canada.

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