Le VecteurConversations sur la santé mentale
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À l’approche de la Journée internationale de la visibilité transgenre, un événement annuel visant à soutenir les personnes transgenres et à lutter contre la discrimination, Jessica Ward-King, militante en matière de santé mentale, également connue sous le nom de The Stigma Crusher (la pourfendeuse de préjugés), réfléchit aux moyens de manifester son soutien.
Il est facile d’être un ami, un réconfort, un confident, un amoureux ou un fidèle compagnon de films d’horreur de fin de soirée, mais ce n’est pas ce qui définit un allié. Alors, comment devenons-nous des alliés? Et plus précisément, comment pouvons-nous être de bons alliés des communautés transgenres et non binaires dans un climat politique et social qui est parfois carrément hostile, voire dangereux?
Un allié est une personne, souvent cisgenre (dont le genre correspond au sexe assigné à la naissance), qui soutient ou défend les personnes transgenres et non binaires. Être un allié peut sembler une tâche colossale dans un monde où la haine se fait omniprésente. J’ai parfois plutôt envie de me cacher jusqu’à ce que le monde soit un peu plus sûr, mais pour tous ceux que j’aime, je ne le ferai pas. D’ailleurs, nous pouvons prendre des mesures simples dès maintenant pour devenir de meilleurs alliés.
Tout commence par l’éducation
Selon Statistique Canada, le Canada compte 100 815 personnes transgenres et non binaires, soit 1 Canadien sur 300. Le genre désigne l’identité personnelle et sociale d’une personne. Le terme « transgenre » désigne les personnes dont le genre ne correspond pas au sexe qui leur a été assigné à la naissance (en fonction de l’appareil reproducteur et d’autres caractéristiques physiques). Le terme « non binaire » désigne les personnes qui ne sont pas exclusivement des hommes ou des femmes. Dans les deux cas, l’identité de genre, qui représente l’expérience interne du genre, ne correspond pas aux attentes de la société.
En tant qu’allié des personnes transgenres et non binaires, vous connaissez peut-être ces termes, mais connaissez-vous l’histoire des droits des personnes transgenres et non binaires au Canada? Avez‑vous lu récemment des ressources rédigées par des personnes transgenres ou non binaires? Un bon allié est plus qu’un ami : il est important de s’informer des expériences vécues par les personnes transgenres et non binaires afin de mieux comprendre leur quotidien. Et nous devons nous éduquer nous‑mêmes. Il est essentiel de nous demander à qui incombe le fardeau de ce travail.
Noms et pronoms
Pour de nombreuses personnes transgenres et non binaires, les noms et les pronoms sont une question importante. Certaines personnes les appelleront par leur ancien nom (« mort ») ou emploieront le mauvais genre ou pronom (« mégenrées »), ce qui peut être extrêmement blessant. L’approche la plus respectueuse consiste à vous présenter en utilisant le nom et les pronoms que vous privilégiez et à demander ce que préfère votre interlocuteur en cas de doute. Vous vous êtes trompé? Excusez-vous respectueusement, puis efforcez-vous de vous corriger à l’avenir.
Sécurité
Les alliés peuvent réellement contribuer à la sécurité des personnes transgenres et non binaires, en particulier dans le climat politique actuel. Et les enfants peuvent même s’y initier. Mae Ajayi, qui est non binaire et parent, affirme qu’en formant nos enfants à devenir des alliés, nous pouvons assurer la sécurité des enfants transgenres et non binaires.
« Il s’agit d’avoir des conversations très explicites sur la transphobie avec les enfants », explique Mae Ajayi. Rachel Malone, parent de Sacha, un garçon bigenre, et de Peter, un garçon cisgenre, abonde dans le même sens.
« Nous ne pouvons pas empêcher nos enfants de vivre, n’est-ce pas? Et nous ne pouvons pas être présents tout le temps. Nous ne pouvons donc pas être les seuls à les protéger. » Rachel Malone sait qu’il reste beaucoup de travail à faire pour améliorer la sécurité des personnes transgenres et non binaires. En raison de son identité de genre, Sacha a subi de l’intimidation cruelle à la maternelle et en a gravement souffert sur le plan psychologique. Rachel Malone m’a demandé de ne pas révéler son nom ni celui de ses enfants par crainte de représailles, des familles d’enfants transgenres étant victimes de violence selon plusieurs observations.
La sécurité est un enjeu qui touche non seulement les enfants, mais aussi les adultes transgenres et non binaires, qui sont plus susceptibles que les adultes cisgenres de subir de la violence. Les alliés qui défendent leurs amis, leurs collègues et leurs voisins transgenres et non binaires sont essentiels pour améliorer la sécurité de ces adultes.
Santé mentale
Robyn Letson, titulaire d’une maîtrise en service social, travailleur social autorisé et psychothérapeute, travaille auprès d’une clientèle transgenre et non binaire et estime que le potentiel de devenir un allié en offrant des soins de santé mentale liés à l’affirmation du genre aux personnes transgenres et non binaires est énorme.
Les personnes transgenres et non binaires sont plus susceptibles que les personnes cisgenres de souffrir de problèmes de santé mentale, lesquels peuvent s’expliquer de différentes façons, mais la transphobie, les préjugés et la discrimination dont elles sont victimes n’arrangent certainement pas les choses.
Selon Robyn Letson, un allié peut contribuer à la santé mentale des personnes transgenres et non binaires en leur apportant son soutien, en respectant leur vie privée, notamment en ne posant pas de questions médicales indiscrètes sur leur transition ou les hormones, et en leur demandant leur avis sur la manière dont il peut adapter son approche des soins (vous ne savez peut-être pas que votre approche ne fonctionne pas si vous ne posez pas la question). Des panneaux d’affichage peuvent signaler que les milieux de travail, les écoles et les cliniques sont des endroits sûrs et accueillants pour les personnes transgenres et non binaires.
Il faut également faire un travail sur soi. « Je suggère de commencer par faire un examen de conscience, déclare Robyn Letson. Pour les personnes cisgenres qui souhaitent entamer ou approfondir une démarche d’allié et de solidarité auprès des personnes transgenres, je leur suggère toujours de commencer par examiner leur propre relation au genre. »
Engagement soutenu
Le travail d’un allié n’est jamais terminé. L’apprentissage est continu, la lutte contre la discrimination et la transphobie est un travail de longue haleine, et nos propres préjugés doivent être remis en question.
« Laissez moins de place aux suppositions et acceptez de ne pas savoir », suggère Mae Ajayi. Les personnes cisgenres devraient comprendre à quel point les gens sont tristes et effrayés en ce moment et que la situation est terrifiante en tant que personne transgenre et parent. Le danger est très réel. »
Je ne peux qu’imaginer à quel point il est terrifiant d’être une personne transgenre ou non binaire au Canada en ce moment. En tant qu’alliée, la situation me fait bouillir de colère. Cependant, la colère ne suffit pas : être cisgenre est actuellement un privilège dans notre société, et il est de la responsabilité d’un allié d’utiliser ce privilège comme tremplin pour agir.
La tâche semble ardue, mais si vous commencez par soutenir les personnes transgenres et non binaires, que vous vous éduquez, que vous êtes déterminé à apprendre et à utiliser les noms et les pronoms appropriés, que vous pensez à assurer leur sécurité, que vous favorisez leur santé mentale et que vous vous engagez à lutter contre la transphobie et la discrimination, vous serez en bonne voie de devenir un meilleur allié.
Jessica Ward-King
(B. Sc., Ph. D.), alias StigmaCrusher (ou pourfendeuse de préjugés), est une militante de la santé mentale et une conférencière qui possède un rare bagage d’expertise académique et d’expérience vécue. Détentrice d’un doctorat en psychologie expérimentale et dotée d’une connaissance de première main du trouble bipolaire, elle est à la fois très instruite et, comme elle aime à le dire, très médicamentée. D’une intelligence redoutable, elle s’attaque à la stigmatisation liée à la santé mentale depuis 2010.
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