Si vous êtes en état de détresse, veuillez appeler ou texter le 988 n’importe quand. En cas d’urgence, appelez le 9-1-1 ou rendez-vous à votre service d’urgence local.

À 26 ans, Gillian Corsiatto, de Red Deer en Alberta, est une autrice reconnue. Son premier roman, Duck Light, soulève une question importante : « Comment peut-on échapper aux attentes de la société? » Elle travaille également à l’écriture d’autres livres et de pièces de théâtre. Madame Corsiatto fait également partie de la troupe d’improvisation de Bullskit Comedy.

Gillian Corsiatto

Gillian Corsiatto

Par ailleurs, elle cumule trois emplois à temps partiel : elle est éducatrice communautaire et animatrice de groupes de jeunes pour la filiale de Red Deer de la Schizophrenia Society of Alberta et a été conférencière dans le cadre du programme jeunesse LA TÊTE HAUTE de la Commission de la santé mentale du Canada. De plus, elle gère les médias sociaux et le recrutement pour la fanfare des Red Deer Royals (dans laquelle elle jouait du tuba), et plus récemment, elle a décroché un emploi consistant à emballer et à mettre en boîte des caramels pour une petite entreprise à domicile.

Sa vie semble bien remplie, cependant, madame Corsiatto est consciente de l’importance de la bonne gestion du stress. « Ce n’est pas du 9 à 5. Je m’assure d’avoir suffisamment de temps pour me reposer et pour m’occuper de moi à la maison », dit-elle.

Si vous ne connaissez pas de personne atteinte de schizophrénie, vous venez d’en rencontrer une.

Gillian Corsiatto fait partie des plus de 147 500 Canadiens atteints de schizophrénie, une maladie mentale grave.

Nouvelles normes

Dans le but de veiller à ce que les personnes qui vivent avec la maladie obtiennent de meilleurs résultats et nourrissent le même espoir envers l’avenir que madame Corsiatto, la Commission de la santé mentale du Canada, en partenariat avec le Centre des sciences de la santé mentale Ontario Shores, a facilité la mise en oeuvre du projet de démonstration national des Normes de qualité sur la schizophrénie, une synthèse des meilleures données probantes médicales, auxquelles participent quatre sites de démonstration au Canada : Adult Forensic Mental Health Services au Manitoba; Hôtel-Dieu Grace Healthcare et Association canadienne pour la santé mentale à Windsor en Ontario; Newfoundland and Labrador Health Services à Terre-Neuve-et-Labrador ainsi que Seven Oaks Tertiary Mental Health Facility en Colombie-Britannique. Les professionnels de la santé recevront une formation sur les pratiques exemplaires en matière de thérapie et de médication, ainsi que sur les moyens d’aider les patients et leurs familles à faire face à la maladie sur le long terme.

Cette initiative constituera un grand soulagement pour de nombreuses personnes. Les symptômes de la schizophrénie ont tendance à apparaître à l’adolescence ou au début de l’âge adulte, comme ce fut le cas pour Gillian Corsiatto, qui raconte qu’elle avait environ 13 ans lorsqu’elle a commencé à avoir des délires.

Symptômes précoces

« Je croyais voir des morts, raconte-t-elle. J’avais beaucoup de mal à être attentive à l’école et, socialement, je ne m’intégrais pas vraiment aux groupes d’autres élèves en raison de mon comportement étrange et des sujets que j’abordais. C’est alors que j’ai commencé à avoir des hallucinations. À ce moment-là, j’étais vraiment plongée dans mon petit monde. » Madame Corsiatto explique qu’elle s’est aussi mutilée pour apaiser sa détresse psychologique.

Il n’a pas été facile de surmonter sa psychose et ses autres symptômes. À 14 ans, elle a passé du temps dans un service psychiatrique, où elle a reçu une médication et où l’on a suivi l’évolution de ses symptômes. Cela a fini par l’aider, confirme-t-elle, mais les médicaments avaient des effets secondaires. « J’étais tout le temps fatiguée. Et j’étais affamée. J’ai fini par prendre énormément de poids. » Elle se souvient aussi de l’attitude de certains soignants qui estimaient que les patients devaient être disciplinés et punis.

« On nous traitait comme si nous étions une bande de jeunes voyous, et non pas des enfants malades, comme s’il s’agissait de problèmes de comportement, causant des ennuis. Je suis adulte maintenant et je peux me défendre, mais je regrette de ne pas avoir dit quelque chose à l’époque ou de ne pas me faire entendre, car je sentais réellement le manque de considération dont je faisais l’objet. »

Les symptômes de madame Corsiatto se sont toutefois considérablement améliorés grâce à la thérapie et aux médicaments. Pendant la majeure partie de son secondaire, elle n’a pas eu d’hallucinations et a pu gérer ses études et ses activités parascolaires. Elle a même cessé de prendre ses médicaments pendant un certain temps, mais cela n’a pas duré. Après avoir obtenu son diplôme d’études secondaires, elle est entrée au Red Deer College (aujourd’hui Polytechnic), où elle s’est spécialisée en musique. « Mes études ont été stressantes. Je n’ai pas terminé le programme », dit-elle. En plus de la médication qu’elle prenait pour l’anxiété, elle a recommencé à prendre des médicaments contre les psychoses. « Ce fut une période difficile, explique Gillian Corsiatto. Mais je me suis adaptée à tout cela. »

Le chapitre suivant

Peu à peu, cependant, les médicaments et la thérapie ont porté leurs fruits et, depuis quatre ans, madame Corsiatto réussit à se construire une vie qu’elle apprécie, avec le désir d’aider les jeunes atteints d’une maladie mentale grave et un grand espoir pour l’avenir. « Je veux vraiment faire carrière dans l’écriture », dit-elle, alors qu’elle travaille sur la suite de Duck Light.

« Je sais qu’il y a de l’espoir pour l’avenir, et je sais que je ferai toujours face à cette maladie, mais je suis maintenant convaincue que je peux la gérer, que je suis bien plus que ma schizophrénie, et que si les choses tournent mal, je dispose des moyens d’y remédier. »

Par exemple, elle indique que les hallucinations et les idées délirantes continuent d’être présentes chez elle, « mais dans une bien moindre mesure qu’auparavant. Plusieurs facteurs influencent le fait que je les reconnaisse ou non avec certitude. Les médicaments y sont pour beaucoup, mais l’expérience de vie joue également un rôle. J’ai appris à jauger les réactions des autres ou, si je suis avec quelqu’un en qui j’ai confiance, à lui demander ce qu’il ressent à ce moment-là. Si je suis en public et que je me retrouve face à une hallucination, mais que personne autour de moi ne semble la remarquer ou y réagir, cela me laisse présumer qu’il s’agit bel et bien d’une hallucination. Par contre, le stress, le manque de sommeil et la solitude sont des facteurs qui rendent plus difficile le fait de savoir s’il s’agit d’une réalité ou non. »

Elle voit comment le système de santé mentale peut améliorer le traitement des jeunes atteints de schizophrénie, et fait remarquer qu’un nombre considérable de personnes touchées par une maladie mentale sont également confrontées à des problèmes d’usage de substances, à la recherche d’un logement convenable et à des listes d’attente pour obtenir des soins. « C’est du cas par cas. Je suis sur une liste d’attente pour une évaluation en matière d’autisme; en revanche, je pense que si je vais à l’hôpital, je pourrai obtenir de l’aide assez rapidement. Si j’ai besoin d’un rendez-vous d’urgence avec mon psychiatre, c’est aussi possible. »

Expériences individuelles

Madame Corsiatto tient à ce que les gens sachent que toutes les personnes atteintes de schizophrénie vivent leur maladie de manière différente. Si vous souhaitez connaître la réalité d’une personne, « adressez-vous à elle, et ne faites pas de généralisation », dit-elle.

Quant aux jeunes qui suivent un traitement pour lutter contre la schizophrénie, elle ajoute : « Il ne faut pas seulement se centrer sur le traitement médicamenteux et la maladie. Il est très important de se pencher sur ce qui vous procure du bonheur. Qu’est-ce que vous aimez faire? De quoi tirez-vous une grande fierté? Qu’aimeriez-vous accomplir? »

En répondant à ces questions pour elle-même, madame Corsiatto a l’impression de « vivre un rêve ».

Chaque fois qu’elle s’exprime en public, elle a le sentiment de dissiper des préjugés. « J’aime transformer la mentalité des gens qui pensent comprendre ce qu’est la schizophrénie. “Voilà comment une personne atteinte de schizophrénie va se comporter”… et puis je me pointe. Puis, ils se disent que cette personne est tout à fait normale. Cela me plaît beaucoup. Changer la façon dont les gens conçoivent la schizophrénie et leurs interactions avec les personnes aux prises avec cette maladie. Ils peuvent me parler comme si j’étais une personne normale – parce que c’est le cas. »

Ressource : Où obtenir des soins – Un guide pour s’orienter dans les services publics et privés de santé mentale au Canada.

Ressource : Lutter contre la stigmatisation dans les soins de santé.

Auteure:

Moira Farr

Journaliste, auteure et professeure primée, est diplômée de l’Université Ryerson et de l’Université de Toronto. Ses écrits ont été publiés notamment dans The Walrus, Canadian Geographic, Châtelaine et The Globe and Mail, et abordent des thèmes comme l’environnement, la santé mentale et les enjeux de genre. Outre l’enseignement et l’édition, elle travaille à son compte en tant qu’auteure, et a également été rédactrice universitaire dans le cadre du programme de journalisme littéraire du Banff Centre for Arts and Creativity.

Qu’est-ce qui arrive quand une personne qu’on aime sombre dans les abîmes de la maladie mentale?

C’est la question que pose Stephanie Kain en couverture de son roman-mémoire Lifeline: An Elegy (ECW Press, octobre 2023). Kain répond à cette question et à une foule d’autres, dans plus de 210 pages de prose, d’échanges de textos, de nouvelles et d’essais.

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Veuillez noter que cet ouvrage est disponible en anglais seulement.

Son ouvrage détonne par son format fragmenté qui reflète le cheminement laborieux de l’autrice face à un système de santé qui craque de toutes parts, à ses propres préjugés et perspectives, à la maladie mentale d’une personne proche et aux défis du quotidien durant la phase d’urgence de la pandémie.

Les dynamiques amoureuses, amicales et familiales sont nommées et commentées avec un humour pince-sans-rire et mises en relief par des références à la culture populaire (avec des citations de Shawn Mendes, Sara Bareilles, Mumford & Sons et autres).

Par exemple, dans Lifeline, le fait de réclamer des soins est rebaptisé d’après le personnage de Shirley MacLaine dans Tendres passions. Dans une scène mémorable de ce film, on voit le personnage de MacLaine livrer une supplication désespérée pour que l’infirmière administre l’injection d’antidouleurs dont sa fille a besoin. Elle finit par avoir gain de cause, et le ton et le volume de sa voix changent drastiquement. « Merci », souffle-t-elle à l’infirmière, bouleversée.

Kain aussi a été confrontée à cette dure réalité. Son récit porte sur sa relation compliquée avec une femme ayant un diagnostic de dépression et d’idées suicidaires. Elle parle des conditions abjectes de son pavillon sécurisé, de la puissante médication, de la difficulté de soutenir une personne souffrant des séquelles d’une thérapie électroconvulsive, et de son propre bien-être. Professeure en création littéraire à l’Université d’Ottawa, l’autrice séjourne à l’Î.-P.-É., province qui joue un rôle de premier plan dans son cheminement.

Le ton est vivant et accrocheur, et la représentation des frustrations et des réalités qui accompagnent le fait d’aider un proche vivant avec la maladie mentale est honnête et profonde, mais exempte de jugement et de stigmatisation, deux obstacles pouvant empêcher les gens de demander des soins.

L’insomnie est un personnage présenté comme un enfant adulte qui revient à la maison pour sa quarantaine; on ne peut pas l’expulser, même s’il se montre insupportable.

Le chapitre intitulé Eight Things I’m Putting in Your Care Package présente les réflexions de l’autrice qui justifie chacun des articles choisis.

Stylos multicolores : Le bleu et le noir sont carrément déprimants, et comme tu détestes tous les crayons à mine qui ne sont pas de première qualité, je ne prendrai même pas la peine de t’en envoyer. À la place, tu pourras dessiner avec des stylos multicolores sans poser de jugement sur toi-même et ton travail, parce que personne n’attend d’un dessin fait avec des stylos multicolores qu’il soit bon. Ces dessins ne servent qu’à passer le temps.

Tu l’as peut-être oublié en raison de ta #dépression, mais la dernière fois que tu étais ici, tu as réalisé une œuvre dans l’atelier d’art, avant de passer une demi-heure à la critiquer. J’ai fini par te crier que tu étais dans un hôpital psychiatrique et que l’art créé ici n’avait pas besoin d’être bon, que c’était peut-être là le problème!               

Le livre m’a fait réfléchir au portrait qu’on dresse de la maladie mentale dans la fiction contemporaine. Le magazine de la Commission de la santé mentale du Canada, Le Vecteur : Conversations sur la santé mentale s’intéresse à ce sujet dans sa section Représentations. On s’y penche sur des récits populaires en lien avec le bien-être mental pour marquer leur évolution. Si vous avez vu Vol au-dessus d’un nid de coucou ou Treize raisons, vous savez qu’il y a place à amélioration en ce qui concerne les nuances, les représentations honnêtes et les idées erronées.

Pour rédiger cet article, je me suis inspirée d’une série parue dans The Walrus qui revenait sur certaines œuvres classiques problématiques. Ce réexamen faisait la lumière sur les changements qui se sont opérés dans la société et dans la littérature. L’autrice Myra Bloom se penche sur le côté sombre de Leonard Cohen en examinant les stéréotypes dans Beautiful Losers sous une nouvelle lumière, au moyen de réflexions sur le mythe du génie et de ce que l’historien Martin Jay appelle « l’alibi esthétique », parfois utilisé pour justifier de mauvais comportements. Au sujet de L’insoutenable légèreté de l’être, Amanda Perry affirme : « À l’âge de 17 ans, je supposais encore que les phrases belles étaient vraies et je voyais les personnages comme des guides dans ma vie. » Perry s’interroge sur « les auteurs masculins dont les mots ont façonné [son] esprit » et se demande « s’il serait le temps de s’en défaire ».

Stephanie Kain

Stephanie Kain

En lisant ces phrases, je revois les représentations de la santé mentale qui peuplent mon imaginaire. J’ai grandi en écoutant la musique des Ramones, dont plusieurs chansons tournent le bien-être mental en ridicule (I Wanna Be Sedated : je veux des tranquillisants; Go Mental : devenir fou; Mental Hell : enfer psychologique; I Wanna Be Well : je veux aller bien – de quoi monter toute une liste de lecture), sans parler de l’obsédant vidéoclip de la pièce Psycho Therapy. Je repense à Sylvia Plath, qui était, comme nous le sommes tous, un produit de son époque. En relisant La cloche de détresse, je vois son œuvre comme une étude de cas sur l’autostigmatisation et la stigmatisation structurelle. Des termes qui n’étaient pas employés à cette époque. Nous sommes mieux renseignés aujourd’hui.

Les portraits problématiques dans les médias de masse ne disparaîtront pas : des images sensationnalistes et romancées sont souvent utilisées pour propulser l’arc narratif. Toutefois, le rôle prépondérant que joue la culture populaire dans la compréhension et la représentation de la santé mentale peut faire de livres comme Lifeline des ouvrages particulièrement pertinents, qui racontent le soutien à prodiguer à une personne vivant avec la maladie mentale et illustrent les hauts et les bas, les contradictions, les formes et les textures de ce parcours quotidien.

« La guérison n’est pas un processus linéaire, ma chérie », écrit l’autrice. Et elle fait ingénieusement écho à cet énoncé au moyen de sauts dans le temps, en tentant d’imaginer le moment où la personne qu’elle aime tant ira mieux.

Veuillez noter que cet ouvrage est disponible en anglais seulement.

Autres lectures : Éliminer la stigmatisation, sauver des vies.

Ressource : Une vision pour des soins de santé mentale de qualité pour tous.

Auteure:

Fateema Sayani

Une habituée des organismes à vocation sociale, ainsi que des salles de presse, où elle a passé plus de 20 ans aux commandes de nombreuses activités, de la stratégie à la collecte de fonds. Ses écrits, qui couvrent une foule de sujets allant des politiques à la culture populaire, sont parus dans des publications de premier plan à la grandeur du Canada et lui ont valu des prix pour ses reportages sur la justice sociale. Forte de ses diplômes, de ses certificats et de ses activités bénévoles, elle s’est donné pour mission de changer l’image des communautés sous-représentées. Malgré son horaire chargé, elle trouve encore le temps de se plonger dans la scène musicale canadienne.

Quand vous pensez à la santé mentale, est-ce que vous cherchez à vous dilater la rate?   

L’humour est l’un des moyens les plus efficaces utilisés par les annonceurs pour capter l’attention et faire en sorte que les gens se rappellent des marques publicisées. Ce n’est pas simple, mais quand on réussit à trouver le juste équilibre entre le ton du message et le sens de l’humour du public, cela vaut de l’or.

Malheureusement, pour la plupart des marques associées à la santé, l’humour comporte des pièges. Elles craignent de faire preuve de mauvais goût ou de diminuer les sentiments des gens. Pour éviter cela, nous essayons plutôt de toucher les cordes sensibles des gens ou nous présentons les patients comme de braves soldats, courageux et déterminés. 

Il y a quelques années, l’hôpital SickKids a conjugué ces deux tactiques dans sa brillante campagne « VS Limits » : des enfants étaient montrés comme des guerriers intrépides combattant la maladie et les blessures. Malgré certaines critiques adressées à cette campagne, elle a dépassé son objectif de recueillir 1,5 milliard de dollars.

Lorsqu’on fait la promotion de la santé mentale, l’enjeu est grand. Il y a tant de stigmatisation entourant la santé mentale que tout élément risquant d’accroître la confusion peut être un piège s’il est véhiculé sur le mauvais ton. Pourtant, quand on vit avec la maladie mentale, on se passerait parfois de la représentation lugubre qui accompagne souvent les récits de détresse psychologique. Malheureusement, depuis longtemps, la maladie mentale est illustrée par des personnes recroquevillées se tenant la tête entre les mains.

Le masque du roi fou, un personnage de jeu vidéo à l'expression sinistre et aux détails complexes.

 

Nous abritons une multitude d’univers intérieurs

La réalité est tellement plus dynamique. Les discussions sur la santé mentale, même les plus difficiles, peuvent aussi porter sur l’optimisme, le changement et le rétablissement. Nous ne sommes pas obligés d’opter pour l’image du guerrier. Il est possible de récolter du succès avec le Saint-Graal en matière de promotion de la santé : l’humour.

Santé publique Ottawa épouse souvent cette approche. Selon Kevin Parent, porte-parole de l’organisation dans les médias sociaux, si celle-ci mise régulièrement sur l’effet comique, elle connaît du succès d’abord et avant tout parce que ses messages sont toujours authentiques. En effet, elle se fait l’écho d’une grande diversité de voix sur son fil d’actualité. Certaines publications visent à alléger l’ambiance par un effet comique, d’autres sont sérieuses, tristes, éducatives, informatives – de quoi couvrir tout le spectre des émotions humaines. 

Par exemple, durant la pandémie, les débats sur le port du masque avaient perdu tout potentiel humoristique à mes yeux, et pourtant l’amatrice de science-fiction en moi a été titillée par la citation « Voici la voie » reprise par la parodie The Maskalorian. On a su redonner du mordant à un sujet ennuyeux. 

« Nous faisons tout notre possible pour rester authentiques, explique M. Parent. Si on comprend l’auditoire, si on prend le temps d’apprendre à le connaître, on sait ce qu’il trouve drôle. On sait quand il a besoin de rire. Une démarche n’est jamais catégoriquement bonne ou mauvaise; il s’agit seulement de déterminer ce qui convient dans la situation présente. » 

Par exemple, durant la phase d’urgence de la pandémie, les blagues sur la mauvaise haleine sous le masque n’auraient pas provoqué l’hilarité; aujourd’hui, la plupart des gens sont familiers avec ce phénomène et comprendraient l’allusion. 

Ces dernières années, diverses contraintes ayant freiné le recours à l’humour dans le secteur de la santé se sont dissipées, avec la popularité des influenceurs sur les réseaux sociaux et la reconnaissance par les professionnels de la santé que les voix des personnes ayant un savoir expérientiel sont non seulement pertinentes, elles sont essentielles d’un bout à l’autre du spectre, de la recherche au rétablissement.

Ce changement de perspective a été judicieusement démontré lorsque l’Université Harvard, ce bastion de la rigueur académique, a réalisé des séances éducatives sur les pratiques exemplaires avec Rachel Havekost et Trey Tucker, influenceurs en santé mentale sur TikTok. Cette initiative diffusée par des comptes populaires a permis de transmettre une information de plus grande qualité en matière de santé. Toutefois, un partenariat n’offre pas de garantie de succès si les connaissances et le ton ne sont pas assortis. Toutes les bonnes intentions du monde et les recherches les plus approfondies ne feront pas en sorte qu’un contenu sera visionné s’il n’est pas divertissant. 

Certains experts conseillent aux spécialistes du marketing de la santé de jouer de prudence lorsqu’ils ont recours à l’humour. Ce conseil n’est pas mauvais, mais donne souvent lieu à du contenu fade. Lorsque la Commission de la santé mentale du Canada a entrepris de rafraîchir son image il y a quelques années, elle souhaitait mettre sa marque en lumière et manifester occasionnellement un esprit comique. Pour ce faire, elle a banni les images évoquant le malheur profond. Vous la connaissez, la représentation d’une personne triste, assise seule sur un lit, tournée vers un coin de la pièce, par une journée sombre. La photo est souvent en noir et blanc pour évoquer la morosité du sujet. Comme si ça ne suffisait pas, le ciel est couvert de nuages.

Voir les bons côtés

La transition vers une imagerie optimiste n’a pas été simple. Comme l’ont signalé de nombreux experts, le domaine de la santé mentale n’est pas toujours un long fleuve tranquille. Il faut comprendre ce que l’auditoire recherche afin de pouvoir lui fournir de l’information qu’il sera en mesure d’assimiler. 

Je ne suis pas la seule à trouver que les images mornes n’attirent en rien mon attention et ne me donnent pas envie d’en savoir plus. Si on veut me faire un exposé bourré de jargon technique, je passe mon tour. Ce n’est pas que le cheminement en santé mentale ne comporte aucun moment sombre, mais il me semble très peu innovant d’alimenter le défilement morbide. Ce n’est pas non plus que le public est fermé à l’information approfondie, mais quiconque a déjà vécu des problèmes de santé mentale sait que le processus n’est pas simple. Il y a de bons moments et des moments difficiles, parfois au cours d’une même journée. Où que vous soyez sur le continuum, une touche d’humour peut faire le plus grand bien. Rire un bon coup peut réduire le stress et la tension, soulager la douleur, améliorer l’humeur, en plus de nombreux autres bienfaits bien documentés. 

La clé est de trouver l’équilibre entre information et divertissement. L’infodivertissement – facile à dire, difficile à réussir. On a beau expliquer que le rire est le meilleur remède et citer une pléthore d’études scientifiques, insuffler de l’humour tout en transmettant des renseignements de façon responsable à un public qui comprend souvent des personnes à risque n’est pas chose aisée.   

Parler de santé mentale peut être amusant, mais ce sujet peut également être triste, épeurant et compliqué. Pour les promoteurs, les annonceurs et les publics, le juste équilibre est non seulement essentiel, il peut aussi changer des vies. 

Autres lectures : En finir avec la sinistrose : Comment nous utilisons la photographie pour susciter l’espoir

Ressource : Fiche d’information :Idées reçues et mythes courants sur la santé mentale

Auteure:

Debra Yearwood

Professionnelle des communications qui compte plus de 20 ans d’expérience en tant que cadre dans le secteur de la santé, est passée maître dans tous les domaines, du marketing social aux communications en période de crise. Lorsqu’elle ne siège pas au conseil d’administration de PartenaireSanté ou de Top Sixty Over Sixty, elle se consacre à l’écriture de son livre sur l’épanouissement des personnes âgées (pourquoi s’arrêter maintenant?). Cadre certifiée en santé le jour, militante de la diversité et collaboratrice de magazine la nuit, Debra est celle à qui l’on fait appel lorsque vient le temps d’expliquer ou de résoudre un problème.

Tristesse et espoir composent souvent la trame de fond du rap conscient, le tout porté par un enchaînement de paroles sur l’injustice, le racisme et la brutalité. Cette musique chante les difficultés auxquelles se heurtent les communautés Noires et exhorte ces dernières à rester fortes malgré les préjugés. La musique contribue largement à la survie de la culture et de l’identité Noires, mais aussi à la santé mentale des personnes Noires, car elle vient exprimer les conflits internes, externes et apparemment éternels découlant de l’oppression.

Malgré nos bonnes résolutions en matière d’équité, chaque jour, le racisme emprunte les traits de la normalité et agit dans notre quotidien. Ces micro-agressions paraissent souvent insignifiantes ou habituelles, et bien qu’elles fassent mal, il est parfois plus facile de les ignorer que de s’y attaquer. Lorsque j’étais adjointe politique sur la colline du Parlement, il y a de nombreuses années, de petits autobus verts se déplaçaient dans l’enceinte du Parlement pour transporter le personnel et les députés d’un édifice à l’autre. Ces autobus passaient régulièrement devant moi sans s’arrêter. Les chauffeurs me voyaient bien leur faire signe, mais dans leur esprit, une femme Noire ne pouvait pas faire partie du personnel parlementaire. Alors ils passaient tout droit. Cela se produisait si fréquemment que lorsqu’ils s’arrêtaient, j’en restais tout étonnée.

Le cercle vicieux

Freda Bizimana

Ces comportements racistes sont si fréquents qu’ils sont considérés comme trop mineurs pour s’y attaquer. Pourtant, ils ont un effet d’usure et alimentent les relations sociales de pouvoir et d’oppression et, au fil du temps, ils nuisent à la santé et au bien-être des personnes Noires et d’autres personnes de couleur. En effet, ce racisme quotidien est à l’origine du racisme systémique. Et le racisme systémique permet au racisme quotidien de proliférer. L’un et l’autre minent la santé mentale.

Comment ne pas s’abandonner au désespoir ou au cynisme quand la violence contre des citoyens Noirs est normalisée ou passée sous silence et que personne ne réagit, et encore moins les médias ou le gouvernement? Selon une étude publiée en 2018 dans The Lancet, les Noirs américains qualifient leur santé mentale de mauvaise pendant au moins 14 jours après chaque incident au cours duquel un Noir américain non armé est assassiné par la police dans l’État où ils résident.

Tout ça se répercute sur des générations entières. La discrimination subie par un parent peut également entraîner des répercussions sur la santé mentale de son enfant, même si ce dernier n’a pas subi directement de traitement discriminatoire. Toujours selon l’étude dont traite The Lancet, les effets du racisme « indirect » ou « vicariant » aggravent la progression des maladies inflammatoires, des troubles du sommeil, des affections chroniques et des fonctions cognitives, autant de choses qui détériorent la santé mentale.

La musique est, et sera toujours, un moyen d’expression important de la culture Noire. Elle a le pouvoir de transmettre des messages et des émotions complexes. C’est sa redoutable efficacité qui a poussé le législateur américain à interdire le tambour aux esclaves en 1739. Près de 150 ans plus tard, en 1988, la chanson de NWA, « F–k tha Police », a eu le même effet et a suscité des inquiétudes de la part des autorités lors de sa sortie.

Il n’est donc pas surprenant que la musique rap et la culture hip-hop jouent un rôle important dans l’expression des préoccupations, des craintes, de l’espoir des Noirs d’aujourd’hui, ainsi que des possibilités qui s’offrent à eux, et qu’elles contribuent aussi à leur santé mentale. En 1998, le Dr Edgar Tyson, chercheur et clinicien, a présenté la thérapie hip-hop lors du 20e symposium annuel de l’Association for the Advancement of Social Work.

La thérapie hip-hop marie le hip-hop, la bibliothérapie et la musicothérapie. La musicothérapie a fait ses preuves depuis les recherches menées par Zane Ragland et Maurice Apprey, dès 1974. De même, la bibliothérapie, dont le traitement repose sur l’utilisation de la littérature, comme la lecture d’histoires et de poésie, est également bien établie et a fait ses preuves, comme le révèlent diverses études systématiques portant sur le traitement de problèmes d’ordre affectif, physique et psychologique chez l’adulte.

Les travaux de recherche d’Edgar Tyson sont la pierre angulaire de la thérapie hip-hop contemporaine qui convient parfaitement bien à une approche thérapeutique adaptée à la culture, particulièrement chez des jeunes.

À Toronto, au Growth and Wellness Therapy Centre, Freda Bizimana, M.S.S., T.S.A., travaille avec de jeunes Noirs et des jeunes racisés qui ont des démêlés avec la justice. Elle explique combien il est difficile d’entrer en contact avec un jeune Noir, surtout celui qui se retrouve en thérapie en raison de problèmes avec le système judiciaire. « Le jeune n’a pas envie de parler à une pure étrangère, raconte-t-elle. Le hip-hop crée un pont entre nous, on arrive à communiquer grâce à quelque chose qu’il aime. C’est une approche qui n’est pas enracinée dans l’expérience européenne. Ça fait écho aux tambours de la diaspora africaine. »

Nouvelle sortie

Dans sa pratique, Mme Bizimana remarque que les clients semblent souvent détachés et que, au début d’une rencontre, leurs réponses se résument souvent à un seul mot. Elle regarde alors leurs écouteurs et leur demande ce qu’ils écoutent. Ils commencent par parler de leurs chansons préférées, puis s’attardent sur les paroles. À un moment donné, Mme Bizimana leur demande : « Est-ce que tu te sens comme ça des fois? » Et c’est le début d’une conversation. « Cette approche les attire plus facilement dans le processus thérapeutique », explique-t-elle.

Que répond Mme Bizimana aux personnes qui mettent en doute l’efficacité ou la pertinence de cette approche thérapeutique? « Le hip-hop est un miroir de la société. Si ça ne vous plaît pas, vous devez regarder ce qui se passe autour de vous, souligne-t-elle. Comment luttons-nous contre le racisme envers les Noirs? Comment nos systèmes scolaires composent-ils avec la jeunesse noire? Que faisons-nous pour mettre un terme à la brutalité policière? Pourquoi les jeunes cherchent-ils à s’abrutir? »

Le rap sert à surfer sur les tensions, c’est un exutoire. Quand on parle de politique sur une mesure à quatre temps, on transforme la frustration qu’engendre le racisme structurel en un hymne à l’expérience collective. L’album de Kendrick Lemar, To Pimp a Butterfly, contient des commentaires politiques sur la foi, la culture et la race. En 2015, la chanson « Alright », qui concentre toutes ces idées, s’est retrouvée sur la liste des grands succès du classement Pitchfork et Billboard. Dans le poème qui précède et suit la chanson, le chanteur note que la discrimination et l’apartheid sont à l’origine des tensions. À l’instar des chants d’esclaves, il chante qu’avec Dieu, tout ira bien. La grande popularité de cette chanson et son rythme entraînant en ont fait l’hymne du mouvement Black Lives Matter, ce qui vient renforcer la relation entre le rap conscient et l’activisme.

L’union fait la force

Le rap traite de thèmes, à la fois spécifiques et inspirants, qui portent sur la capacité à surmonter les obstacles et les défis de la vie. Les thèmes reflètent les réalités de la vie quotidienne de nombreuses communautés Noires. La thérapie hip-hop emprunte à la musique rap et à d’autres éléments de la culture hip-hop afin de créer un cocktail thérapeutique adapté à la culture. Contrairement à la musicothérapie traditionnelle, la thérapie hip-hop s’applique aussi à la thérapie de groupe. Elle permet d’échanger au sujet de son vécu et de sortir de l’isolement dans lequel le racisme plonge souvent les personnes qui en sont victimes. Les études montrent que cette approche peut réduire la dépression et l’anxiété et améliorer la communication et l’expression de ses émotions.

La thérapie hip-hop a un autre atout : elle rend plus fort. La musique rap est très variée et peut renforcer les doctrines du sexisme, du mercantilisme et de la culture de la drogue. Pour les femmes Noires, cela peut être une autre source d’irrespect et de déni. Grâce à la thérapie hip-hop, les femmes peuvent contrecarrer ces influences en créant des paroles et des discussions qui racontent leur histoire avec leur propre voix.

« Le hip-hop donne une voix aux jeunes Noirs, explique Bizimana. Il leur permet d’avoir un espace pour s’exprimer, guérir et grandir grâce à un moyen d’expression qui leur est familier. J’aimerais qu’il soit utilisé plus fréquemment au Canada », avoue-t-elle, tout en précisant que de plus en plus de thérapeutes adoptent cette approche dans le cadre de séances individuelles et de groupe. Elle constate que les écoles l’intègrent à leurs programmes d’études. « Parfois, l’aide peut prendre la forme d’une liste de lecture adaptée aux humeurs, dit-elle, par exemple, une liste pour les moments de tristesse et une autre pour les moments où l’on a besoin de motivation. »

Il y a quelques années, si on me l’avait demandé, j’aurais exprimé un certain dédain pour la culture hip-hop. Elle m’apparaissait souvent comme une autoflagellation et je ne comprenais pas pourquoi tant de jeunes Noirs, en particulier des femmes, s’y adonnaient. Cependant, lorsque mon fils a commencé à me faire écouter du rap conscient et que j’ai entendu des paroles qui reflétaient mes propres vérités, je n’ai pas pu m’empêcher de revenir sur mon point de vue. Aujourd’hui, dans les moments de doute et de lutte, lorsque les normes culturelles me laissent peu d’options ou rétrécissent mes horizons, je trouve cette musique édifiante. Il n’est donc pas étonnant que j’aie été séduite par la thérapie hip-hop. Elle saisit et formalise ce que beaucoup d’entre nous, dans la communauté Noire, savent déjà : la musique guérit, et aucune musique ne guérit aussi bien que la nôtre.

Auteure : Après s’être penchée sur le sujet pour rédiger cet article, Debra Yearwood, leader certifiée en santé, a dressé une liste de lecture de rap conscient. Elle signe régulièrement des articles dans Le Vecteur.

Illustration : Dans ses œuvres, Holly Craib explore la relation entre la couleur et la lumière. Elle s’est vu décerner le prix Applied Arts pour une série d’illustrations conceptuelles.

À l’approche de la Journée internationale de la visibilité transgenre, un événement annuel visant à soutenir les personnes transgenres et à lutter contre la discrimination, Jessica Ward-King, militante en matière de santé mentale, également connue sous le nom de The Stigma Crusher (la pourfendeuse de préjugés), réfléchit aux moyens de manifester son soutien.

Il est facile d’être un ami, un réconfort, un confident, un amoureux ou un fidèle compagnon de films d’horreur de fin de soirée, mais ce n’est pas ce qui définit un allié. Alors, comment devenons-nous des alliés? Et plus précisément, comment pouvons-nous être de bons alliés des communautés transgenres et non binaires dans un climat politique et social qui est parfois carrément hostile, voire dangereux?

Un allié est une personne, souvent cisgenre (dont le genre correspond au sexe assigné à la naissance), qui soutient ou défend les personnes transgenres et non binaires. Être un allié peut sembler une tâche colossale dans un monde où la haine se fait omniprésente. J’ai parfois plutôt envie de me cacher jusqu’à ce que le monde soit un peu plus sûr, mais pour tous ceux que j’aime, je ne le ferai pas. D’ailleurs, nous pouvons prendre des mesures simples dès maintenant pour devenir de meilleurs alliés.

Tout commence par l’éducation

Selon Statistique Canada, le Canada compte 100 815 personnes transgenres et non binaires, soit 1 Canadien sur 300. Le genre désigne l’identité personnelle et sociale d’une personne. Le terme « transgenre » désigne les personnes dont le genre ne correspond pas au sexe qui leur a été assigné à la naissance (en fonction de l’appareil reproducteur et d’autres caractéristiques physiques). Le terme « non binaire » désigne les personnes qui ne sont pas exclusivement des hommes ou des femmes. Dans les deux cas, l’identité de genre, qui représente l’expérience interne du genre, ne correspond pas aux attentes de la société.

En tant qu’allié des personnes transgenres et non binaires, vous connaissez peut-être ces termes, mais connaissez-vous l’histoire des droits des personnes transgenres et non binaires au Canada? Avez‑vous lu récemment des ressources rédigées par des personnes transgenres ou non binaires? Un bon allié est plus qu’un ami : il est important de s’informer des expériences vécues par les personnes transgenres et non binaires afin de mieux comprendre leur quotidien. Et nous devons nous éduquer nous‑mêmes. Il est essentiel de nous demander à qui incombe le fardeau de ce travail.

Noms et pronoms

Pour de nombreuses personnes transgenres et non binaires, les noms et les pronoms sont une question importante. Certaines personnes les appelleront par leur ancien nom (« mort ») ou emploieront le mauvais genre ou pronom (« mégenrées »), ce qui peut être extrêmement blessant. L’approche la plus respectueuse consiste à vous présenter en utilisant le nom et les pronoms que vous privilégiez et à demander ce que préfère votre interlocuteur en cas de doute. Vous vous êtes trompé? Excusez-vous respectueusement, puis efforcez-vous de vous corriger à l’avenir.

Sécurité

Les alliés peuvent réellement contribuer à la sécurité des personnes transgenres et non binaires, en particulier dans le climat politique actuel. Et les enfants peuvent même s’y initier. Mae Ajayi, qui est non binaire et parent, affirme qu’en formant nos enfants à devenir des alliés, nous pouvons assurer la sécurité des enfants transgenres et non binaires.

« Il s’agit d’avoir des conversations très explicites sur la transphobie avec les enfants », explique Mae Ajayi. Rachel Malone, parent de Sacha, un garçon bigenre, et de Peter, un garçon cisgenre, abonde dans le même sens.

« Nous ne pouvons pas empêcher nos enfants de vivre, n’est-ce pas? Et nous ne pouvons pas être présents tout le temps. Nous ne pouvons donc pas être les seuls à les protéger. » Rachel Malone sait qu’il reste beaucoup de travail à faire pour améliorer la sécurité des personnes transgenres et non binaires. En raison de son identité de genre, Sacha a subi de l’intimidation cruelle à la maternelle et en a gravement souffert sur le plan psychologique. Rachel Malone m’a demandé de ne pas révéler son nom ni celui de ses enfants par crainte de représailles, des familles d’enfants transgenres étant victimes de violence selon plusieurs observations.

La sécurité est un enjeu qui touche non seulement les enfants, mais aussi les adultes transgenres et non binaires, qui sont plus susceptibles que les adultes cisgenres de subir de la violence. Les alliés qui défendent leurs amis, leurs collègues et leurs voisins transgenres et non binaires sont essentiels pour améliorer la sécurité de ces adultes.

Trois amis aux coiffures colorées souriant et posant ensemble à l'extérieur.

Santé mentale

Robyn Letson, titulaire d’une maîtrise en service social, travailleur social autorisé et psychothérapeute, travaille auprès d’une clientèle transgenre et non binaire et estime que le potentiel de devenir un allié en offrant des soins de santé mentale liés à l’affirmation du genre aux personnes transgenres et non binaires est énorme.

Les personnes transgenres et non binaires sont plus susceptibles que les personnes cisgenres de souffrir de problèmes de santé mentale, lesquels peuvent s’expliquer de différentes façons, mais la transphobie, les préjugés et la discrimination dont elles sont victimes n’arrangent certainement pas les choses.

Selon Robyn Letson, un allié peut contribuer à la santé mentale des personnes transgenres et non binaires en leur apportant son soutien, en respectant leur vie privée, notamment en ne posant pas de questions médicales indiscrètes sur leur transition ou les hormones, et en leur demandant leur avis sur la manière dont il peut adapter son approche des soins (vous ne savez peut-être pas que votre approche ne fonctionne pas si vous ne posez pas la question). Des panneaux d’affichage peuvent signaler que les milieux de travail, les écoles et les cliniques sont des endroits sûrs et accueillants pour les personnes transgenres et non binaires.

Il faut également faire un travail sur soi. « Je suggère de commencer par faire un examen de conscience, déclare Robyn Letson. Pour les personnes cisgenres qui souhaitent entamer ou approfondir une démarche d’allié et de solidarité auprès des personnes transgenres, je leur suggère toujours de commencer par examiner leur propre relation au genre. »

Engagement soutenu

Le travail d’un allié n’est jamais terminé. L’apprentissage est continu, la lutte contre la discrimination et la transphobie est un travail de longue haleine, et nos propres préjugés doivent être remis en question.

« Laissez moins de place aux suppositions et acceptez de ne pas savoir », suggère Mae Ajayi. Les personnes cisgenres devraient comprendre à quel point les gens sont tristes et effrayés en ce moment et que la situation est terrifiante en tant que personne transgenre et parent. Le danger est très réel. »

Je ne peux qu’imaginer à quel point il est terrifiant d’être une personne transgenre ou non binaire au Canada en ce moment. En tant qu’alliée, la situation me fait bouillir de colère. Cependant, la colère ne suffit pas : être cisgenre est actuellement un privilège dans notre société, et il est de la responsabilité d’un allié d’utiliser ce privilège comme tremplin pour agir.

La tâche semble ardue, mais si vous commencez par soutenir les personnes transgenres et non binaires, que vous vous éduquez, que vous êtes déterminé à apprendre et à utiliser les noms et les pronoms appropriés, que vous pensez à assurer leur sécurité, que vous favorisez leur santé mentale et que vous vous engagez à lutter contre la transphobie et la discrimination, vous serez en bonne voie de devenir un meilleur allié.

BSc, PhD, aka the StigmaCrusher, is a mental health advocate and keynote speaker with a rare blend of academic expertise and lived experience. Equipped with a doctorate in experimental psychology and firsthand knowledge of bipolar disorder, she’s both heavily educated and, as she likes to say, heavily medicated. Crazy smart, she’s been crushing mental health stigma since 2010.

Morceaux choisis à relire dans le magazine de la Commission de la santé mentale du Canada

Avec notre slogan « Conversations sur la santé mentale », c’est tout un buffet de thèmes qui est proposé dans Le Vecteur. C’est voulu. Une partie du travail de la Commission de la santé mentale du Canada consiste à réduire la stigmatisation, en commençant par créer des espaces pour discuter de réalités vécues, de difficultés rencontrées, de nouvelles et d’idées en lien avec la santé mentale. Pour lancer la nouvelle année, nous avons préparé un résumé des récits publiés en 2023 qui reflètent cette philosophie. Bonne lecture!

L’éléphant dans la pièce Les histoires émanent d’une multitude de sources. L’article « Comment rompre avec son thérapeute » est né de conciliabules avec des amis et des collègues, embarrassés de dire tout haut que le courant ne passait pas avec leur thérapeute. Lorsque j’ai proposé de publier un article sur l’art subtil de dire « Ce n’est pas toi, c’est moi », tout le monde a reconnu la pertinence du sujet. Nous avons donc mandaté l’autrice Moira Farr pour scruter la question dans le numéro de juillet 2023. Quelques mois plus tard, en octobre 2023, le New York Times a repris le sujet, sous un titre et un sous-titre semblables. Très flatteur!

Toujours dans la rubrique des sujets dont on parle trop peu, en mars, Debra Yearwood a traité des faux pas qui peuvent gâcher une cérémonie de funérailles (comme de mal prononcer le nom du défunt – horreur!) et expliqué comment on peut faciliter le travail de deuil en faisant ses adieux à la personne décédée. L’illustration humoristique de l’en-tête donne le ton et invite les lecteurs à se plonger dans l’article.

Des séries pour tous les goûts

Une collection de récits thématiques nous permet d’explorer une question en profondeur sur plusieurs semaines. Nous planifions les contenus pour donner aux auteurs le temps de faire leurs recherches, réflexions et rédaction afin de produire des articles d’actualité contenant de l’information à jour et avant-gardiste. En novembre, nous avons publié quatre papiers sous le thème de l’argent et de la santé mentale pour souligner le Mois de la littératie financière. Ils traitent de mentalités, de logement, de littératie et d’autonomisation économiques ainsi que du coût d’une thérapie.

Notre série littéraire annuelle, intitulée La santé mentale pendant les Fêtes porte quant à elle sur le côté moins scintillant de la période des Fêtes. Nos auteurs y plongent dans les dynamiques familiales complexes en racontant comment ils ont surmonté les défis qui sont souvent passés sous silence dans les publicités de cadeaux. Ils racontent des histoires vraies empreintes d’espoir et d’humour.

Expériences vécues

Le degré de détail et les nuances qui émergent d’un témoignage personnel peuvent apporter un éclairage précieux. Le récit de Jessica Ruano sur le suicide de sa conjointe en est un excellent exemple. En parallèle, Florence K – musicienne, mère, animatrice chez CBC et candidate au doctorat – s’est inspirée du mot-clic #MonHistoire de la Semaine de la santé mentale pour partager son récit sur les problèmes de santé mentale, le bien-être et la découverte.

Les mots justes

Lorsqu’on cherche à enrayer la stigmatisation, on choisit les histoires à partager, mais aussi la façon de les raconter. Nous faisons chaque année l’examen interne de notre guide stylistique, qui nous amène notamment à nous pencher sur le choix des mots. Nous avons entrepris d’expliquer ces choix dans une série intitulée Le choix des mots est important. Cela nous permet de partager notre raisonnement au-delà de notre organisation, dans l’espoir que les bons mots seront entendus. Nous y indiquons par exemple comment traiter de suicide ou de consommation de drogues, d’alcool ou d’autres substances.

À relire

Les articles suivants – dont deux proviennent de notre série littéraire annuelle sur la Santé mentale pendant les Fêtes – ont reçu des nominations des Canadian Online Publishing Awards. Les gagnants seront dévoilés en février. Dans la catégorie de la meilleure chronique, on retrouve le papier de Dave Bidini, Prendre une bouffée d’air frais et plonger au cœur de ses pensées, et l’essai de Moira Farr, Que vos jours soient aussi joyeux et lumineux que possible, tous deux publiés en 2022. L’article de Debra Yearwood, Les hommes et la santé mentale, a été nommé dans la catégorie du meilleur article informatif, tandis que Ces peurs qui nous habitent, qui porte sur l’écoanxiété, est en lice pour le prix du meilleur article sur l’art de vivre.

Auteure : est éditrice du Vecteur. Elle est gestionnaire des communications à la CSMC.

Fateema Sayani

Une habituée des organismes à vocation sociale, ainsi que des salles de presse, où elle a passé plus de 20 ans aux commandes de nombreuses activités, de la stratégie à la collecte de fonds. Ses écrits, qui couvrent une foule de sujets allant des politiques à la culture populaire, sont parus dans des publications de premier plan à la grandeur du Canada et lui ont valu des prix pour ses reportages sur la justice sociale. Forte de ses diplômes, de ses certificats et de ses activités bénévoles, elle s’est donné pour mission de changer l’image des communautés sous-représentées. Malgré son horaire chargé, elle trouve encore le temps de se plonger dans la scène musicale canadienne.

Notre série littéraire annuelle porte sur la complexité du temps des Fêtes.

La signature du Vecteur est « Conversations sur la santé mentale ». Elle véhicule bien la raison d’être de notre magazine, tout en faisant comprendre à nos lecteurs que la porte est grande ouverte pour toute discussion sur la santé mentale.

Cet accueil à bras ouverts témoigne aussi de la mission générale de la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC) : réduire la stigmatisation. Lorsque nous parlons ouvertement de nos difficultés, maladies et problèmes et de notre bien-être, nous reconnaissons que la santé mentale fait partie intégrante de notre santé générale. De telles conversations peuvent mener à des changements de taille, et le temps des Fêtes est une période tout indiquée pour s’attaquer à la complexité et à la pluralité des problèmes de santé mentale.

C’est ainsi que tous les mois de décembre, nous publions une série des Fêtes pour couvrir les sujets qui sont passés sous silence dans les scintillantes publicités de cadeaux. Ce faisant, nous cherchons à normaliser les difficultés que les célébrations de fin d’année peuvent entraîner avec elles et insuffler une dose d’espoir et d’humour à nos lecteurs.

Chaque année propose un sous-thème. La série 2023 portait sur la mélancolie, l’adaptation et l’espoir. En 2024, nous nous intéressons aux bonnes nouvelles, aux difficiles séparations et aux nouvelles traditions. Nous espérons que notre message ouvrira une voie d’espoir et d’optimisme, en faisant entendre les témoignages de vraies personnes dans leur quotidien.

 J’ai lancé cette série en 2022, quelques mois après mon entrée en poste comme gestionnaire des contenus et des communications stratégiques à la CSMC. Le Vecteur est l’une de mes responsabilités et constitue l’un des aspects les plus visibles de mon travail à la Commission, qui mène une foule d’autres initiatives comme la production de rapports de recherche, la mobilisation du public, la transposition des connaissances au moyen de guides, d’outils, de cours et de webinaires. Le Vecteur se veut un outil accessible, clair et vivant qui couvre une gamme de sujets, d’idées et de recherches dans le domaine de la santé mentale. C’est un heureux mélange de Psychology Today rehaussé d’un soupçon de New Yorker et d’une bonne dose de conseils amicaux.

La « recette » pour cette série annuelle est basée sur des récits qui comblent le fossé entre les attentes et la réalité. Elle met en vedette des gens qui acceptent leur situation et qui choisissent de faire de la limonade lorsque la vie leur donne des citrons, sans oublier les petits biscuits pour l’accompagner. On y découvre des histoires de personnes qui vivent des difficultés, sans clichés ni platitudes.

Trouver sa voix

 Les auteurs relatent habituellement un fait vécu en lien avec le thème choisi.  Par exemple, en 2022, Dave Bidini, éditeur du journal West End Phoenix et membre du groupe rock Rheostatics, a parlé de patinage, de la genèse de ses mémoires, de nostalgie, de patinoires et de rituels avec moult détails et une belle musicalité.

Je suis reconnaissant que le patinage m’ait inspiré cette idée créative, même si elle m’a astreint à revivre le stress, la douleur et la colère qui viennent avec la réminiscence de cette période de ma vie. J’ai tenté de faire œuvre utile en déballant mes souvenirs de cette époque. Toutefois, bien qu’il réveille des vérités crues enfouies dans le passé, le sentiment de nostalgie nous amène souvent à célébrer ce qu’il y a de meilleur dans la jeunesse, la simplicité et la nouveauté. 

Lisez l’article « Prendre une bouffée d’air frais et plonger au cœur de ses pensées » ici.

L’autrice et formatrice Moira Farr a raconté, avec une conscience de soi pleine d’humour, les hauts et les bas des Fêtes quand on vit avec un trouble de l’humeur et des parents vieillissants, tout en faisant l’éloge du bavardage.

Le confort et la joie ne sont pas le fruit du hasard. Il faut les inviter dans sa vie et faire preuve d’une bonne dose de générosité d’esprit (comme l’a appris le fameux Grincheux de Noël) au lieu de se replier sur soi au point de n’avoir pour horizon que son propre nombril.

Lisez l’article « Que vos jours soient aussi joyeux et lumineux que possible » ici.

L’autrice Debra Yearwood a tenté de décortiquer – comme une chaîne de lumières emmêlée – sa relation compliquée avec Kwanzaa, ses questionnements quant à son identité et à la commercialisation de Noël. Son écriture rythmée foisonne de réflexions inspirées, pendant qu’elle tente de se soulager du fardeau émotionnel qui accompagne les attentes et les traditions des Fêtes de fin d’année.

Puis vient la culpabilité. J’ai beaucoup trop mangé. Tout ce beurre et ce sucre. Beurk! Je crois que je sens le durcissement de mes artères. Ensuite viennent les promesses habituelles de faire mieux le lendemain. Demain, je mangerai une salade…  mais voilà que quelqu’un m’invite à bruncher. Le lendemain, je soupe avec des amis et, c’est comme ça, je ne les ai pas vus depuis une éternité. On en profite! L’alcool coule à flots! Santé tout le monde! Voilà la meilleure bouteille de rhum de ma vie! Oh, et que dire de ce Côtes du Rhône? Les remords surviennent au petit matin, exprimés de cette voix éraillée que je ne réserve que pour moi-même. Encore raté! Mais la valse entre le plaisir et le châtiment ne fait que commencer.

Lisez Entre traditions revisitées et effluves de sucreries.

Cette année

 L’autrice Eleanor Sage s’intéresse à un sujet très actuel dans « Sœurs en déroute ». Dans ce billet, elle relate les efforts qu’elle a déployés pour tenter d’extirper sa sœur d’un abîme de désinformation et sauvegarder leur relation, tout en pleurant leur proximité passée. Demeurez à l’affût du numéro de décembre pour lire son témoignage.

La mission de composer cette série est pour moi un cadeau et un honneur. Je suis ravie d’épauler des auteurs émergents et établis et de collaborer avec une équipe extraordinaire d’auteurs, d’éditeurs, d’experts du numérique et du web, de gestionnaires de projet, de traducteurs et d’illustrateurs. J’espère que vous y prendrez autant de plaisir que nous avons à vous la présenter. Joyeuses Fêtes!

Auteur: Fateema Sayani est gestionnaire des contenus et des communications stratégiques à la Commission de la santé mentale du Canada. Elle espère publier cette série sous forme de livre un jour.

Ce numéro à trois chiffres, facile à retenir, pour la prévention du suicide, permet aux personnes ayant besoin d’un soutien immédiat d’appeler ou d’envoyer un texto pour obtenir de l’aide.

Au début du mois de novembre, l’acteur américain Mark Duplass a fait une publication sur Instagram au sujet de ses problèmes de santé mentale, tenant notamment un espace en direct pour discuter de ses stratégies d’adaptation, y compris « le déni temporaire d’une partie de l’obscurité lourde pour pouvoir me concentrer sur la lumière ». 
 
L’acteur, qui a joué dans The Morning Show et The Mindy Project, a encouragé ses abonnés à composer le 988, un service d’appel et de messagerie accessible en tout temps, qui existe aux États-Unis depuis juillet 2022. Mentionnés dans chaque publication, référence, article et conversation, ces trois chiffres pourraient bientôt être connus de toutes et de tous, comme c’est le cas pour le 911.
 
La ligne d’aide 988 pour la prévention du suicide a été lancée au Canada le 30 novembre. Cela signifie que n’importe qui, n’importe où au Canada, peut obtenir de l’aide par téléphone ou par texto 24 h sur 24.
 
En composant ou en envoyant un texto au 988, les appelants obtiendront un soutien bilingue, adapté à leur culture et tenant compte des traumatismes de la part d’intervenants formés.
 
Bien que le service soit conçu pour répondre aux personnes à risque de suicide, personne ne sera refusé. Les personnes qui cherchent à accéder à d’autres services de soutien en santé mentale pourront être dirigées vers d’autres services dans leur région, par exemple.
 
« Cela permettra de sauver des vies », déclare Michel Rodrigue, président et directeur général de la Commission de la santé mentale du Canada. « Le service 988 est bien plus qu’un numéro; c’est un soutien essentiel. Un simple appel en temps de crise peut marquer un tournant. Cette ligne d’écoute téléphonique permet de briser le silence et d’aider les gens ».
 
Comment fonctionne le service?
L’appelant peut composer le 988 ou envoyer un texto à ce numéro et il recevra un bref message lui confirmant qu’il est au bon numéro. On lui posera des questions de base, par exemple, s’il souhaite parler à quelqu’un en anglais ou en français. L’appelant est ensuite mis en relation avec un intervenant dûment formé de sa collectivité, qui l’écoutera et le soutiendra.
 
Les appels et les textos au 988 sont confidentiels. Aucun renseignement permettant d’identifier une personne ne sera divulgué ou partagé en dehors du réseau 988, sauf si la loi l’exige ou le permet, ou lorsque la situation nécessite une intervention d’urgence.
 
Le service repose sur des approches collaboratives axées sur la personne, privilégiant les interventions les moins intrusives pour accroître la sécurité. En cas de risque immédiat pour la sécurité d’une personne, le service des urgences peut être appelé.
 
Ce service a été mis en place par le gouvernement du Canada et est offert par le Centre de toxicomanie et de santé mentale sous la forme d’un modèle communautaire décentralisé, par l’intermédiaire de plus de 39 centres et organismes partenaires dans tout le pays, y compris des centres de détresse et des lignes d’écoute téléphonique, ainsi que des organismes nationaux, comme Jeunesse, J’écoute, et locaux, comme South Asian Canadians Health and Social Services (SACHSS), un organisme sans but lucratif situé à Brampton, en Ontario. Les intervenants locaux qui répondent aux appels et aux textos sont formés selon des modèles de prévention du suicide certifiés et reconnus mondialement, comme la formation appliquée en techniques d’intervention face au suicide, aussi appelée ASIST en anglais.
 
Kathyrn Leroux a suivi cette formation. Elle est responsable des médias, du marketing et de la communication au Centre de détresse d’Ottawa et de la région, l’un des centres affiliés à la ligne d’aide téléphonique 988. Les appels provenant des indicatifs 613 et 343 sont dirigés vers le centre. Les intervenants suivent la formation ASIST dans le cadre de leur formation de 60 heures, qui couvre tous les aspects du service, du système téléphonique à l’écoute active, en passant par l’intervention en cas de crise. 
 
Comme les intervenants vivent dans les collectivités locales, ils disposent des connaissances locales nécessaires pour orienter les appelants vers d’autres services sociaux ou d’urgence au besoin. Lorsqu’un appel provenant d’une autre collectivité ou d’une autre ville est transféré à un centre en raison d’un volume d’appels trop élevé, les intervenants s’appuient sur des services comme le 211, une base de données de services de soutien communautaires, pour orienter les appelants. Le fait de désigner des centres auxquels transférer les appels permet d’éviter les longs délais d’attente et de s’assurer que les centres sont en mesure de répondre à la demande. Lorsqu’il y a du temps d’attente, les appelants recevront un message les encourageant à rester en ligne ou dans le fil de discussion.
 
Enseignements tirés des États-Unis
Les préoccupations quant à la capacité ont été examinées dans le cadre d’études sur le déploiement du 988, notamment un document d’information de la Commission de la santé mentale du Canada publié en 2021, soulignant qu’une nouvelle ligne pourrait également accroître le volume d’appels – parfois au-delà de la capacité à doter le service en personnel. Les responsables du déploiement au Canada ont pu s’inspirer des États-Unis et des Pays-Bas – où le numéro est le 113 – pour se faire une idée de la situation avant la mise en œuvre.
 
Aux États-Unis, près d’un milliard de dollars a été investi dans ce service, qui a répondu à près de 5 millions de contacts depuis juillet 2022. Selon le Substance Abuse and Mental Health Services Administration (administration des services de santé mentale et d’abus de substances) du gouvernement américain, le temps de réponse moyen est passé de 2 minutes 39 secondes à 41 secondes au cours de la première année, et le service est soutenu par plus de 200 centres d’appel locaux et publics. Au fil du temps, le service 988 aux États-Unis s’est enrichi de services de texto et de clavardage en espagnol et de services spécialisés pour les jeunes 2ELGBTQI+. Parmi les développements à venir, mentionnons des services de vidéoconférence pour mieux servir les personnes sourdes et malentendantes. À mesure que le service se bonifie, d’autres campagnes publiques pourraient s’avérer nécessaires. Un article récent du USA Today a montré qu’un an après sa mise en œuvre, peu de gens (13 %) aux États-Unis connaissaient l’existence du service 988. 
 
Au Canada, la mise en place et la gestion du 988 représentent une tâche complexe. Un service doit être conçu en tenant compte de l’immensité, de la diversité et des principes d’inclusion du pays, en plus des considérations techniques. Par exemple, à Terre-Neuve-et-Labrador, dans le nord de l’Ontario et à Yellowknife, le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) a dû mettre en place le numéro à 10 chiffres avant de mettre le 988 en service.
 
Les Canadiens commenceront à voir des renseignements circuler sur les médias sociaux d’ici février, à mesure que le service est mis en œuvre et que les fournisseurs de services s’adaptent. Au Canada, le service 988 est financé par le gouvernement canadien à raison de 158 millions de dollars sur trois ans. 
 
Au fur et à mesure de son déploiement, 988 fournisseurs suivront le nombre de contacts (appels et SMS), les temps d’attente et le taux d’abandon – lorsqu’un appelant ou un texteur met fin au contact avant de se connecter avec un intervenant – dans le but d’améliorer les délais de service.
 
Parlez-en rapidement, parlez-en souvent
Cette phrase – « Parlez-en rapidement, parlez-en souvent » – sert de raccourci pour les intervenants et pour toute personne participant à des conversations sur le suicide. Elle insiste sur le dialogue ouvert, direct et sans jugement qui est au cœur des initiatives de formation.
 
« Le discours est important », explique Mme Leroux du Centre de détresse d’Ottawa. « Nous voulons nous éloigner des questions du genre “Pensez-vous à vous faire du mal?” et poser des questions plus directes comme : “Pensez-vous au suicide?”, puis “Avez-vous fait quoi que ce soit pour vous faire du mal aujourd’hui?”. Cela permet vraiment de se concentrer sur le sujet, cela aide les gens à s’ouvrir et à se sentir à l’aise. Cela montre que vous êtes prêt à en parler et à le faire de manière directe, et permet de déterminer où les gens se situent et de leur apporter l’aide dont ils ont besoin ».
 
Les intervenants sont formés pour désamorcer les crises à l’aide d’une série de questions permettant de déterminer l’ampleur du problème et les prochaines étapes. Selon Mme Leroux, quel que soit l’appel, l’objectif est le même : mettre les gens en sécurité ou leur proposer un plan de sécurité.
 
L’ampleur du problème
Au Canada, le suicide demeure un problème de santé publique important qui touche des personnes de tous âges, de tous genres et de tous milieux. Certaines communautés canadiennes sont touchées de manière disproportionnée par le suicide, notamment les filles, les hommes et les garçons, les personnes purgeant une peine fédérale, les survivants d’une perte par suicide ou d’une tentative de suicide, les personnes 2ELGBTQIA+ et certaines communautés des Premières Nations, des Métis et des Inuits.
 
Selon Statistique Canada, environ 4 500 personnes meurent par suicide chaque année au pays, soit environ 12 personnes par jour. Pour chaque personne qui décède par suicide, de nombreuses autres sont en proie à des pensées suicidaires ou font des tentatives de suicide.
 
Les causes du suicide sont complexes : elles sont d’ordre biologique, psychologique, social, culturel, spirituel, économique, et autres. Selon Edwin S. Shneidman, un éminent chercheur dans le domaine, les personnes qui songent au suicide et qui font une tentative de suicide désirent mettre fin à une douleur psychique profonde et intense. Notre façon d’en parler importe. Des représentations et des messages sûrs, factuels et responsables sur le suicide et sa prévention peuvent avoir une incidence positive sur la prévention des décès par suicide.
 
Pour avoir une incidence réelle et positive lorsque l’on parle du suicide, il faut décrire les mesures à prendre pour le prévenir et donner des exemples porteurs d’espoir et de résilience quant au rétablissement, et présenter les ressources disponibles pour obtenir de l’aide et du soutien.
 
Changements sociétaux
C’est ainsi que le discours évolue.
En juin, le Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie a publié un rapport intitulé Se laisser guider par les résultats : repenser le Cadre fédéral de prévention du suicide, dans lequel il formule une série de recommandations, dont les suivantes :
 
  • reconnaître l’impact de la consommation de substances sur la prévention du suicide au Canada et financer la recherche sur les interventions;
  • créer une base de données nationale permettant de mieux recueillir les données nationales sur le suicide, les tentatives de suicide et les mesures de prévention efficaces;
  • remplacer les axes d’« espoir » et de « résilience » mentionnés dans le Cadre par ceux de « sens » et de « connectivité ».
Ce changement de langage fait écho à d’autres perspectives. Par exemple, dans de nombreuses communautés autochtones, des termes comme « promotion de la vie » ou « mieux-être » sont plus souvent utilisés pour aborder le sujet. Le Cadre du continuum du mieux-être mental des Premières Nations — mis au point par Thunderbird Partnership Foundation, avec des partenaires autochtones et non autochtones — souligne que l’espoir, le sens, le sentiment d’appartenance et le fait d’avoir un but sont le socle de nombreuses formes de savoirs autochtones. Comme l’explique le Cadre, si ces quatre aspects sont en harmonie dans la vie quotidienne d’une personne, elle éprouve un sentiment de plénitude qui la protège et agit comme un amortisseur contre les troubles de santé mentale et de possibles comportements suicidaires.
 
Moira Farr, autrice d’After Daniel : A Suicide Survivor’s Tale (Le récit d’une survivante du suicide), qui traite du décès de son conjoint, s’est entretenue avec Le Vecteur plus tôt cette année. Journaliste et formatrice, elle effectue des recherches et écrit sur divers sujets pour des publications nationales et internationales. Elle a remarqué un changement de discours depuis la publication de son livre, en 1999.
 
« Je dirais que depuis 20 ans, les gens parlent plus ouvertement des problèmes de santé mentale, y compris du suicide, explique-t-elle. Les campagnes visant à faire connaître comment et où obtenir de l’aide et à amener les gens à parler plus honnêtement de leurs propres problèmes de santé mentale me semblent avoir été une force positive », ajoute-t-elle.
 
En encourageant la compréhension et l’empathie, nous pouvons créer un environnement dans lequel les gens se sentent en sécurité et à l’aise de parler de leurs problèmes de santé mentale. Cela signifie qu’il faut aussi reconnaître que le fait de demander de l’aide est un signe de force – et non de faiblesse – et que la santé mentale est tout aussi importante que la santé physique.
 
« La création de cette ligne d’écoute téléphonique souligne la réalité et l’importance de la prévention du suicide », déclare M. Rodrigue, directeur général de la Commission de la santé mentale du Canada. « Cela démontre bien que le suicide est un problème de santé publique important qui touche des personnes de tous âges et de tous horizons, et qu’il est possible de le prévenir. Il s’agit d’un effort collectif qui permettra de sensibiliser un plus grand nombre de Canadiens afin de favoriser leur bien-être. » 
 
Outils et ressources
Auteure : est gestionnaire des communications à la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC).

Fateema Sayani

Une habituée des organismes à vocation sociale, ainsi que des salles de presse, où elle a passé plus de 20 ans aux commandes de nombreuses activités, de la stratégie à la collecte de fonds. Ses écrits, qui couvrent une foule de sujets allant des politiques à la culture populaire, sont parus dans des publications de premier plan à la grandeur du Canada et lui ont valu des prix pour ses reportages sur la justice sociale. Forte de ses diplômes, de ses certificats et de ses activités bénévoles, elle s’est donné pour mission de changer l’image des communautés sous-représentées. Malgré son horaire chargé, elle trouve encore le temps de se plonger dans la scène musicale canadienne.

Dans ce quatrième et dernier article de la série, nous explorons les coûts de la thérapie et les décisions financières que les gens prennent lorsqu’ils cherchent de l’aide.

Lorsque Katie McCowan, fondatrice du réseau de thérapeutes à prix abordable Affordable Therapy Network, en était à sa dernière année de formation de thérapeute, elle a commencé à éprouver des problèmes de santé mentale et a décidé de suivre une thérapie.

« J’étais aux études, je travaillais comme serveuse et je ne gagnais pas beaucoup d’argent. Je me suis donc retrouvée à chercher sur Google des options abordables de thérapie en Ontario », raconte‑t‑elle, en évoquant les raisons qui l’ont poussée en 2015 à lancer cette base de données en ligne à l’échelle du Canada. Pour répondre à ses besoins, elle a eu recours à une thérapie offerte par son école à 40 $ par séance et a également essayé un thérapeute privé à 140 $. Mais même si les séances privées se sont révélées utiles, elles lui coûtaient une journée de salaire. « Les honoraires de 40 $ étaient raisonnables, mais je ne pouvais pas choisir mon thérapeute, alors que la compatibilité avec le patient est très importante ».

Madame McCowan a réalisé qu’il s’agissait là d’un problème courant et s’est dit : « Et si je créais un site Web et répertoriais les thérapeutes qui proposent des honoraires moins élevés, permettant ainsi aux gens de communiquer avec eux plus facilement »? Elle a commencé en faisant appel à ses précieux collègues, car les nouveaux diplômés ont souvent des honoraires moins élevés. La nouvelle s’est répandue. Le réseau s’est agrandi. Et pendant la pandémie, la demande a explosé.

Le site Web regroupe aujourd’hui plus de 550 thérapeutes reconnus, qui proposent tous des honoraires dégressifs et, pour la moitié d’entre eux, des places subventionnées à 65 dollars ou moins (dont certaines options gratuites ou des paiements basés sur vos moyens). « Une grande variété de thérapeutes s’inscrivent sur notre liste, et la plupart d’entre eux proposent une quantité de places à bas prix – environ cinq – qui sont subventionnées ».

Bien que ces honoraires réduits représentent en général moins de la moitié du prix d’une thérapie en pratique privée, compte tenu des réalités socio-économiques actuelles, « je suis consciente que cela équivaut à beaucoup d’argent aux yeux de plusieurs », dit-elle. Néanmoins, Madame McCowan estime que les honoraires en vigueur dans le secteur privé sont justes et appropriés. « Les thérapeutes ne facturent pas plus cher qu’ils ne le devraient. Ils doivent suivre une formation approfondie et se soumettre à des supervisions rigoureuses; c’est une profession très exigeante ».

L’insécurité financière et la thérapie
Si vous trouvez qu’il est plus difficile de joindre les deux bouts dernièrement, vous avez raison. Selon l’Enquête sociale canadienne sur la qualité et le coût de la vie, l’indice des prix à la consommation a augmenté de 6,8 % en 2022 – la plus forte hausse en quarante ans – les coûts des aliments (+8,9 %), du logement (+6,9 %) et des transports (+10,6 %) ont connu les plus fortes augmentations.

Cette situation a eu des répercussions sur la santé mentale de nombreuses personnes. La moitié de notre population a été touchée par « l’inflation, l’économie et l’insécurité financière », selon un sondage post-pandémique réalisé par Recherche en santé mentale Canada (RSMC), et « présente des signes de détérioration de leur santé mentale ». En fait, depuis le sondage de l’année dernière, ce groupe a signalé « une hausse de l’anxiété (33 %) et de la dépression (32 %), des pensées suicidaires (31 %), ainsi que de la dépendance à l’alcool (23 %) ou au cannabis (22 %), » pour ne citer que quelques exemples.

De fait, le stress financier peut non seulement avoir des conséquences directes sur la santé mentale, mais aussi sur les décisions relatives à la thérapie et aux autres ressources en matière de santé mentale. Au Canada, les services de psychothérapie et de psychologie peuvent être couverts (en partie ou en totalité) par une assurance maladie privée, comme les régimes d’assurance fournis par un employeur, ou achetés directement par un particulier. Les fournisseurs de services de santé mentale fournissent des soins plus spécialisés, qui varient en fonction de la gravité du problème. La recommandation d’un médecin est exigée pour certains services, tandis que d’autres sont autogérés et offerts en ligne, par téléphone ou par messagerie texte. D’autres relèvent du secteur public (financé par les gouvernements) ou sont fournis par des organismes de charité, des groupes communautaires et d’autres organisations. À titre d’exemple, l’Association canadienne pour la santé mentale dispose de bureaux qui orientent les gens vers des services de soutien — notamment des services de counseling gratuits mis à disposition dans quelques-unes de ses 330 communautés réparties dans 70 régions dans l’ensemble du Canada.

Les programmes de l’ACSM sont « efficaces et adaptés à la réalité culturelle », ce qui est non négligeable si l’on considère les répercussions de l’insécurité financière sur la santé mentale et l’accès aux mesures de soutien, notamment à la thérapie, pour diverses populations. Pour ne citer qu’un exemple, le sondage de RSMC a révélé que les personnes racisées, les membres des communautés 2ELGBTQI+, les jeunes adultes (âgés de 18 à 34 ans), les étudiants et les personnes sans emploi, à faible revenu ou en difficulté financière sont plus susceptibles de signaler des niveaux élevés d’anxiété.

Des barèmes d’honoraires pour améliorer l’accès
Pour faciliter l’accès aux soins de santé mentale, le Calgary Counselling Centre mis en place un système d’honoraires dégressifs depuis son ouverture en 1962, explique sa directrice générale, Robbie Babins-Wagner, qui est également professeure adjointe et instructrice spécialisée à l’Université de Calgary.

« Nous devons nous assurer de répondre aux besoins des personnes vulnérables, y compris celles qui sont en situation de précarité financière en raison de problèmes de santé physique, des troubles de santé mentale ou d’autres enjeux sociaux », explique la Dre Babins-Wagner, dont la passion tient à « la pratique clinique et au fait de veiller à ce que les clients obtiennent les meilleurs résultats auxquels ils peuvent aspirer ». Dre Babins-Wagner et son équipe ont recours à des méthodes et à des outils à la fois fondés sur la recherche scientifique et sur les données, notamment la mesure des résultats « séance par séance » (avec des outils sous forme de questionnaires en 24 langues) et la modélisation financière. « Nous utilisons ces données pour mieux comprendre de quelle façon nous aidons les gens et pour améliorer ce que nous proposons ».

Après avoir reçu une demande, le Centre affecte chaque nouveau client à un conseiller « au plus tard le lendemain à midi » et ne procède à aucune évaluation formelle de ses ressources. « Nous demandons au client quel est son revenu et nous lui faisons confiance », explique-t-elle. Lorsqu’un client dit qu’il n’a pas les moyens de payer les honoraires proposés, nous lui répondons : « Votre conseiller en discutera avec vous; les honoraires ne seront pas un obstacle aux services. Le conseiller a la possibilité de réduire les honoraires à 8 dollars de l’heure, mais si cela s’avère nécessaire, nous les réduirons davantage. Nous voulons vraiment éviter que les frais soient un obstacle ».

Le Centre recueille ces données, explique Dre Babins-Wagner, « parce que nous voulons comprendre les besoins et les préoccupations de notre clientèle ». Grâce à un processus interne fondé sur des données à l’aveugle, chaque fois qu’il y a un changement d’honoraires, « nous examinons quels étaient les honoraires suggérés, ainsi que ce que le client pouvait se permettre. Nous entrons ensuite ces renseignements dans notre base de données et les analysons pour vérifier si les clients appartenant à certains groupes de revenus ont plus de difficultés que d’autres et s’il est nécessaire d’apporter des changements. C’est le genre de modifications que nous apportons au barème d’honoraires, et nous le testons souvent pour nous assurer qu’il donne les résultats escomptés, à savoir la satisfaction des besoins de la clientèle ».

Compte tenu des difficultés économiques que Calgary traverse depuis la fin de 2014, elle explique que le Centre revoit désormais son barème tous les ans ou tous les deux ans, au lieu de tous les cinq ans, « parce que nous savons qu’il n’est pas avisé d’attendre trop longtemps, sachant que les gens sont frappés plus durement que par le passé. Nous nous appuyons donc sur les données et les conditions actuelles pour analyser ces facteurs ».

Trouver les moyens
Elana Bloom, psychologue et directrice des services de mieux-être et de soutien sur le campus de l’Université Concordia, reconnaît qu’il peut être difficile de « se retrouver parmi les ressources disponibles en santé mentale ». Bien que son expertise ne soit pas liée à l’accessibilité financière en soi, elle comprend cette problématique grâce à sa pratique clinique et connaît les ressources en santé mentale dans sa province, en particulier celles qui s’adressent à la population étudiante.

« Au Québec, les personnes (y compris les jeunes adultes) peuvent avoir accès à des services de santé mentale et à des services psychosociaux, notamment la psychothérapie et le soutien en cas de crise, dans les CIUSSS » [Centres intégrés universitaires de santé et de services sociaux]. À l’Université Concordia, nous offrons une variété de services de santé mentale, dont des programmes de mieux-être et de la psychothérapie avec des conseillers et des psychothérapeutes. Si vous n’êtes pas en mesure d’accéder aux services ou aux ressources en temps opportun, ou s’il y a une liste d’attente, vous pouvez également faire appel à des services privés ».

La Dre Bloom préconise une « conception globale du mieux-être » – où le fait de consulter un thérapeute peut faire partie d’une stratégie de mieux-être élargie intégrant aussi les autosoins, les interactions sociales et le bien-être physique – et le recours à la technologie pour tirer le maximum des outils et des ressources de santé mentale autogérés. « Étant moi-même psychologue, je connais les bienfaits de la psychologie et de la consultation d’un thérapeute, explique-t-elle. Cependant, je pense aussi que la santé mentale ne se résume pas à une simple rencontre avec un psychologue; il est important de prendre soin de sa santé mentale et de son bien-être au moyen de stratégies variées basées sur la résilience, lesquelles vont au-delà de la consultation d’un psychologue ou d’un thérapeute ».

Elle souligne par ailleurs que des services sont disponibles pour répondre aux besoins particuliers de certaines populations, comme les Autochtones, les membres de la communauté 2ELGBTQI+ et les personnes d’origine Africaine, Caribéenne ou Noire.

La thérapie 2.0?
Certes, les jeunes (et le reste d’entre nous) mènent de plus en plus leur vie en ligne – et cela vaut aussi pour les thérapies – mais toutes les applications de santé mentale ne se valent pas. Par exemple, on a vu les données personnelles de gens divulguées aux fins de marketing et, dans un autre cas, le numéro d’une ligne téléphonique d’urgence figurant dans une application était erroné. La Commission de la santé mentale du Canada a découvert cette erreur lorsqu’elle a consulté des jeunes pour élaborer la première stratégie au pays en matière de cybersanté mentale, laquelle vise à améliorer les pratiques dans ce domaine; elle sera publiée au début de l’année 2024.

Dans le but de contrôler la validité et la sécurité des applications de santé mentale, la CSMC a également lancé un Cadre d’évaluation des applications de santé mentale. Les développeurs, les concepteurs et les propriétaires d’applications peuvent s’en servir pour évaluer leurs applications et en améliorer la sécurité, la qualité et l’efficacité. Le Cadre comporte en outre des éléments d’information sur la sécurité, la responsabilité sociale et l’équité, et présente les perspectives de divers groupes, âges et populations.

Outre les options numériques, Madame McCowan précise qu’il est également important d’en parler à son médecin de famille. « Je considère qu’il est facile de basculer dans un engrenage où l’on a l’impression qu’il n’y a pas d’issue. Le fait de consulter quelqu’un, d’obtenir son point de vue objectif, et de bénéficier de différentes ressources ou de divers types de soutien, est très salutaire ».


Ressource : Où obtenir des soins – Un guide pour s’orienter dans les services publics et privés de santé mentale au Canada.

Autres lectures : Comment rompre avec son thérapeute.

Lisez la série l’argent et santé mentale.

Auteure : est écrivaine, journaliste et professionnelle de la communication et du contenu créatif. Elle a pour passion d’apprendre, de raconter des histoires et d’inspirer les autres.

Simona Rabinovitch

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