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Le VecteurConversations sur la santé mentale

Mettre sur un pied d’égalité la sécurité psychologique et la sécurité physique constitue une bonne politique et une pratique exemplaire. Un regard sur l’évolution de la situation dans les secteurs du pétrole et du gaz.

À une époque où nous entendons régulièrement des mots comme isoler, mettre en quarantaine et confiner, il ne reste plus beaucoup de place pour d’autres termes comme socialiser, mettre en relation ou faire preuve d’empathie. Même si la pandémie a exposé notre milieu de travail plus que jamais au stress et à l’anxiété, créer une culture qui donne aux travailleurs la confiance nécessaire pour demander un soutien en matière de santé mentale a toujours été un défi.

Steve Tizzard connait très bien ce que signifie la stigmatisation associée aux problèmes de santé mentale au travail. Il travaille depuis 25 ans chez Hibernia, une plateforme pétrolière située sur les Grands Bancs de Terre-Neuve-et-Labrador. Il a été aux premières loges du changement de direction de l’entreprise en faveur du bien-être mental.

Tizzard illustre les anciennes attitudes stigmatisantes par des exemples criants comme :

« Tu souffres de dépression? Retourne chez toi, tu ne réussiras pas dans cette industrie. Tu te sens anxieux? Prends sur toi, mon ami, et ne laisse personne d’autre t’entendre dire ça! Des problèmes relationnels? Des problèmes financiers? Des dépendances? Tout cela est tabou dans l’industrie. Tu es un ouvrier sur une plateforme pétrolière, tu es costaud et plein d’entrain, et ces choses ne peuvent donc pas t’affecter! »
En conséquence, les travailleurs avaient souvent l’impression qu’ils devaient cacher leurs problèmes et qu’ils ne pouvaient pas demander de l’aide.

Aujourd’hui, fort heureusement, ces attitudes se font plus rares. De plus en plus d’employeurs comprennent que les problèmes de santé mentale peuvent toucher n’importe qui, quel que soit le poste ou le secteur d’activité, et comme le souligne M. Tizzard, l’aide se trouve à une conversation près. Un outil puissant en milieu de travail est d’apprendre aux travailleurs qu’il est normal de parler à un collègue s’ils vivent des difficultés, s’ils passent une mauvaise journée ou s’ils se sentent en crise, tout en sachant qu’ils ne seront pas jugés.

Cette approche simple a fonctionné pour de nombreux employés chez Hibernia. Selon M. Tizzard, elle tire sa puissance du fait qu’elle est dirigée par les travailleurs eux-mêmes. Au lieu de compter uniquement sur des mesures de soutien professionnel, les travailleurs savent que d’autres sont prêts à les écouter et à les aider en cas de besoin. Son expérience lui a également démontré que cette approche peut être plus efficace et plus rapide que les stratégies conventionnelles en matière de sécurité psychologique au travail.

Il croit profondément au pouvoir des échanges sur le savoir expérientiel dans le cadre d’un dialogue ouvert lors des réunions sur la sécurité au travail. « En milieu de travail, nous devons constamment trouver des moyens d’aborder les questions de santé mentale au même titre que celles liées à la santé physique », a-t-il déclaré. Il sera possible de réduire les préjugés en sensibilisant les travailleurs et en faisant en sorte de parler de la « santé mentale » au cours des réunions sur la sécurité et de l’inclure dans les initiatives de promotion de santé et de sécurité au travail.

Toutefois, mettre la sécurité psychologique au même niveau que la sécurité physique peut encore constituer un défi. M. Tizzard l’illustre bien en affirmant que « certaines organisations considèrent qu’il est normal d’avoir une cheville foulée, mais pas l’anxiété. Il est plutôt acceptable d’accorder la priorité aux questions de sécurité physique en milieu de travail, mais cela n’est pas le cas pour les préoccupations concernant la sécurité psychologique. »

Malgré toutes ces difficultés, son soutien actif pour la promotion de la santé et sécurité psychologiques a permis à Hibernia de réaliser des progrès considérables. Récipiendaire du prix Sécurité au travail au Canada en 2015, le comité de bien-être d’Hibernia, mis sur pied par M. Tizzard, s’est vu décerner une médaille d’or pour la sécurité psychologique.

Lorsqu’on lui demande à quoi on devrait prêter attention lorsqu’on vise à établir une culture de sécurité psychologique en milieu de travail, il répond : « Tout défenseur ou travailleur passionné prêt à mettre en œuvre un programme en milieu de travail doit s’attendre à faire face à des embûches la plupart du temps. Au début, la stigmatisation sera toujours le principal frein, mais l’état d’esprit des travailleurs et des gestionnaires peut également constituer des bâtons sous les roues. »

Tizzard ajoute que réussir l’élaboration d’un programme nécessite la mise en commun de nombreux facteurs. Il est essentiel d’avoir un soutien de base de la part de l’employeur, de la direction, des comités de santé et de sécurité au travail, et bien sûr, des travailleurs eux-mêmes. Parmi les outils utilisés chez Hibernia figurent le microapprentissage, les tableaux de bien-être et la formation Premiers soins en santé mentale (PSSM).

La formation PSSM est un programme de la Commission de la santé mentale du Canada qui enseigne la manière de porter secours aux personnes qui commencent à manifester un problème de santé mentale, qui traversent une crise psychologique ou dont la santé mentale se dégrade. Depuis 2007, près de 600 000 personnes ont suivi cette formation au Canada.

Selon M. Tizzard, s’ils disposent des informations et des compétences pertinentes et s’ils font preuve d’une ouverture d’esprit, « les travailleurs attentionnés et dûment formés dans nos entreprises peuvent être très efficaces pour réduire les blessures physiques et mentales. Il s’agit d’un moyen d’obtenir de l’aide dont peu connaissent l’existence, mais qui est une ressource de première ligne pour les personnes dans le besoin. J’en suis témoin chaque jour. »

Steve Tizzard travaille sur la plateforme Hibernia depuis 1997, et a occupé des postes dans le domaine des communications, de la météo et de la gestion des glaces depuis les 22 dernières années. Il est le membre fondateur de l’Offshore Wellness Committee qui dessert les travailleurs de l’industrie pétrolière et gazière. Outre la médaille d’or reçue en 2015 pour la sécurité psychologique, Hibernia a obtenu en 2017 le prix CM Hincks Workplace Award de l’Association canadienne pour la santé mentale pour son excellence à promouvoir la santé mentale au travail. Steve est également formateur pour le programme de premiers soins en santé mentale (PSSM) et il est un conseiller agréé en santé et sécurité psychologiques. Pour en savoir plus sur son travail, consultez le site www.allthebestconsulting.com.

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Les points de vue et les opinions exprimés dans cet article appartiennent uniquement à l’auteur(e) et ne représentent pas nécessairement les politiques officielles de la Commission de la santé mentale du Canada.

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