Si vous êtes en état de détresse, veuillez appeler ou texter le 988 n’importe quand. En cas d’urgence, appelez le 9-1-1 ou rendez-vous à votre service d’urgence local.

Le VecteurConversations sur la santé mentale

La nouvelle trousse de mise en œuvre offre des ressources utiles pour les soins de santé mentale et d’usage de substances

Pour comprendre ce qu’est le rétablissement, il faut d’abord reconnaître que chaque personne a droit à une vie satisfaisante, valorisante et nourrie par l’espoir, et ce, même si elle est aux prises avec une maladie mentale, des problèmes de santé mentale ou des problèmes de consommation de substances. Ce droit fondamental s’accompagne d’un puissant virage dans la voie menant au bien-être qui est ancrée dans l’espoir, la dignité, l’autodétermination et la responsabilité. En termes plus concrets, la pratique axée sur le rétablissement englobe une gamme de services et de mesures de soutien conçus pour répondre aux besoins de chaque personne et pour lui permettre d’atteindre ses buts.

Les praticiens, les fournisseurs de services et les décideurs politiques du Canada (et de partout dans le monde) sont de plus en plus nombreux à reconnaître le principe axé sur le rétablissement comme étant essentiel pour améliorer les systèmes et les résultats de santé mentale. Plus important encore, ce principe est appuyé par les personnes ayant un savoir expérientiel et leurs familles, dont les valeurs et les points de vue sont d’une importance cruciale pour obtenir des résultats favorables.

Le temps est venu
Afin de faire progresser encore davantage l’utilisation de l’approche axée sur le rétablissement dans les soins de santé mentale et de traitement des dépendances, la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC) vient tout juste de publier le document Pratiques axées sur le rétablissement : Trousse de mise en œuvre. Cette nouvelle trousse s’appuie sur le Guide de référence pour des pratiques axées sur le rétablissement (le Guide) de la CSMC et offre un large éventail de ressources visant à expliquer à tous les intervenants du système des services de santé la manière d’appliquer les approches axées sur le rétablissement, peu importe leur rôle, leur profession, leur discipline, leur ancienneté ou leur degré de contact avec les utilisateurs des services.

La trousse explique aussi en détail la manière dont la mise en œuvre d’une approche axée sur le rétablissement pourrait fonctionner dans différents contextes, du grand hôpital de santé mentale au petit réseau de soutien communautaire, en passant par les services de santé mentale communautaires fournis par des organismes à but non lucratif de taille moyenne. Elle inclut des idées quant aux manières d’utiliser le Guide, des exemples de progression articulée en quatre phases ainsi que plusieurs outils, ressources et modèles pour soutenir ces efforts.

Les personnes ayant un savoir expérientiel considérées comme des partenaires égaux
L’importance de ces valeurs et points de vue est illustrée dans la section Comment passer à l’action. S’appuyant sur les principes de la science de la mise en œuvre, une méthode permettant de transformer les pratiques exemplaires en actions, la trousse met l’accent sur l’importance de la « coproduction » : faire intervenir des personnes ayant un savoir expérientiel en tant que partenaires égaux pour cerner des occasions d’améliorer les services de soins de santé et créer des solutions pour y arriver. La coproduction s’aligne sur les principes axés sur le rétablissement, notamment en adoptant une approche fondée sur les forces et en valorisant la participation de chacun.

Exemples concrets
Un total de huit exemples concrets traduisent ces idées de manière plus palpable grâce à des reportages qui mettent en lumière les nombreuses manières dont les principes axés sur le rétablissement peuvent être adoptés et appliqués. L’un de ces organismes place depuis très longtemps la coproduction au centre de ses activités.

L’organisme CHANNAL (Consumer’s Health Awareness Network Newfoundland and Labrador) est exploité par et pour des personnes ayant un savoir expérientiel passé ou présent depuis ses débuts, en 1989. En tant que réseau à but non lucratif offrant du soutien, de l’éducation et des conseils stratégiques, son principal objectif est de favoriser le rétablissement et l’autodétermination en fournissant un espace sécuritaire où les personnes peuvent se soutenir entre elles et apprendre les unes des autres.

Selon la superviseure de l’éducation au public de l’organisme, Monica Fletcher, « la section sur le monde réel de la Trousse transpose le concept vaste et quelque peu idéaliste du rétablissement dans le domaine du possible et le rend compréhensible et réalisable ».

Bien qu’elle soit impressionnée par la manière dont la trousse définit toutes les étapes nécessaires, elle demeure réaliste quant à ce que cela implique. « Ne vous y trompez pas », explique-t-elle, « il faudra du temps et l’engagement de tous, à tous les échelons, pour organiser, évaluer et achever la mise en œuvre. Néanmoins, cela permettra finalement d’améliorer la vie de toutes les personnes concernées. Et ces efforts en valent la peine. »

Mme Fletcher est bien placée pour parler d’une telle persévérance. En parlant du processus visant à permettre au personnel de CHANNAL d’acquérir les compétences et à lui fournir les ressources nécessaires pour adopter une pratique axée sur le rétablissement, elle a insisté sur le fait que « la formation et le soutien sont au cœur de tout ce que nous faisons. Toutes les décisions prises par l’équipe de direction tiennent compte de la rétroaction de nos pairs aidants de première ligne. Nous comptons sur eux pour nous guider. Si quelque chose ne fonctionne pas, que ce soit pour les personnes que nous aidons ou pour notre personnel, nous apportons des changements. Nous permettons à chaque membre du personnel d’assumer la responsabilité de son propre bien-être. Bien que cela puisse sembler différent pour chaque personne, cette façon de faire fonctionne bien. Ça va et ça vient constamment. »

Pour Troy, un utilisateur des services de CHANNAL qui vit avec la schizophrénie, tout ce qu’on fait est lié à son rétablissement, et non à sa maladie. « J’ai consulté des conseillers, des ergothérapeutes, des médecins de famille », dit-il. « Il n’y a qu’à CHANNAL que je ne me sens pas comme une victime. »

La croissance du rétablissement
Dans le cas de CHANNAL, l’engagement envers les personnes ayant un savoir expérientiel passé ou actuel et envers le rétablissement a donné lieu à des changements à Terre-Neuve-et-Labrador. En 2017, le ministre de la Santé et des Services communautaires a mis sur pied un nouveau conseil provincial sur le rétablissement en santé mentale et en traitement des dépendances (Provincial Recovery Council for Mental Health and Addictions) au sein duquel le directeur général de CHANNAL occupe un poste de direction. Maintenant, non seulement l’organisme conseille directement le ministre, mais ses services ont aussi connu une croissance exponentielle (ayant atteint jusqu’à 1 000 % entre 2015 et 2020).

« Il a fallu dix ans d’efforts concertés à CHANNAL pour en arriver là », dit Mme Fletcher. « Quand j’ai commencé à travailler ici il y a six ans, il y avait seulement trois pairs aidants de première ligne. Aujourd’hui, notre personnel compte 33 membres de partout à Terre-Neuve-et-Labrador que nous formons et soutenons. Plusieurs de nos pairs aidants travaillent main dans la main avec des équipes cliniques tout en mettant à profit leur formation et leur savoir expérientiel pour soutenir les personnes d’une manière professionnelle axée sur le rétablissement. »

Les organisations qui veulent entreprendre ou poursuivre le processus de mise en œuvre peuvent télécharger la nouvelle trousse en visitant la page Le rétablissement du site Web de la CSMC.

Suzanne Westover

Une écrivaine d’Ottawa, ancienne rédactrice de discours et gestionnaire des communications à la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC). Casanière, toujours le nez dans un livre, elle prépare un excellent pain au citron (certains diraient qu’elle fait des merveilles en un seul mets) et aime regarder des films avec son époux et sa fille de 11 ans. Le temps que Suzanne a passé à la CSMC a renforcé son intérêt envers la santé mentale, et elle continue d’apprendre toute sa vie sur le sujet.

Les points de vue et les opinions exprimés dans cet article appartiennent uniquement à l’auteur(e) et ne représentent pas nécessairement les politiques officielles de la Commission de la santé mentale du Canada.

Derniers articles

Oui, moi.

Les raisons pourquoi ma maladie mentale me classe dans la catégorie des personnes en situation de handicap au sens de la Loi sur l’équité en matière d’emploi

Apprenez-en plus

Huit grandes idées qui changent des vies dans le monde entier

Découvrez des initiatives mondiales visionnaires qui redéfinissent la façon dont nous dispensons les services de santé mentale et y avons accès

Apprenez-en plus

Club de lecture – Ça n’existe que dans sa tête

Le livre de Misty Pratt, portant le sous-titre How Gender Bias Harms Women's Mental Health » (ou comment les préjugés sexistes nuisent à la santé mentale des femmes), prône des perspectives plus ambitieuses et des soins mieux intégrés.

Apprenez-en plus

Santé et sécurité psychologiques en milieu de travail : Des outils à portée de main

Restez à l’affût! Abonnez-vous au magazine Le Vecteur dès aujourd’hui! Share This Catalyst Related Articles A new toolkit offers supports for improving working conditions and practices in health-care operations. Read...

Apprenez-en plus