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Le VecteurConversations sur la santé mentale

En souvenir d’Aimee LeBlanc

Aimee LeBlanc aimait l’hiver. Elle a passé sa lune de miel au Yukon, à la fin de l’été, gelant à l’arrière d’une camionnette à toit rigide recouverte d’une tente. Aimee et son époux, Dan, étaient un couple dévoué, qui tirait le maximum des aventures de la vie, petites et grandes.

Aimee était aussi unique et complexe que les flocons de neige qu’elle accueillait avec joie chaque année. Il faut une personne très spéciale pour faire face à un diagnostic de cancer avec grâce et courage, mais c’est exactement ce qu’elle était. Alors que la maladie a régressé et progressé durant plus d’une décennie, Aimee n’a jamais laissé son ombre obscurcir son esprit ou empiéter sur le travail qu’elle se sentait appelée à faire.

Le début de sa carrière en travail social a forgé sa conviction que le genre de changement significatif nécessaire pour sortir les gens de la pauvreté et leur offrir de meilleures possibilités devait commencer avec les décideurs politiques. Cela l’a menée à passer près de dix ans à apprendre, auprès du gouvernement ontarien, les tenants et les aboutissants des politiques sur la santé mentale, établissant ainsi des bases solides pour son travail dans les domaines du logement et de l’itinérance.

Armée de ces vastes connaissances, consolidées par son expérience pratique antérieure, elle n’avait aucun intérêt pour le travail administratif. Elle voulait repousser les limites. Elle croyait dans le devoir de la société d’améliorer le sort des personnes vulnérables — une conviction qui allait de pair avec son leadership tranquille et son ardente détermination.

Aimee n’a jamais permis à sa santé déclinante de déteindre sur sa joie de vivre. Elle a vécu chaque jour sous le charme des merveilles de la nature, et Dan et elle tiraient de la joie du banal comme du miraculeux. L’attitude volontaire et la dignité innée d’Aimee sont des qualités qui ont inspiré ses collègues à se retrousser les manches en hommage à son indéfectible optimisme.

Son esprit indomptable et sa joie de vivre teintaient sa vision du monde. Chaque communauté visitée par Aimee, que ce soit à Terre-Neuve ou au Nunavut, était une occasion d’explorer — à pied, dans ses bottes de marche usées par le temps, ou à bord de son fidèle canot, tendrement surnommé « Herkimer ». 

Recrutée par Dre Paula Goering pour agir à titre de conseillère principale en politiques à la CSMC, Aimee a marqué les politiques sur le logement et l’itinérance au Canada par ses contributions à At Home/Chez Soi. Dans un discours prononcé à la fin du projet, la présidente-directrice générale de la CSMC, Louise Bradley, a souligné ses importantes contributions.

« Du leadership tranquille, Aimee en a à revendre », a déclaré Louise Bradley. « Son travail passe toujours en premier. Jamais elle ne cherche à s’attribuer le mérite de quoi que ce soit ou à être sous les feux de la rampe. Ce qu’elle veut, par-dessus tout, c’est de voir des progrès. Donner aux personnes aux prises avec une maladie mentale grave l’accès à un lieu sécuritaire pour vivre et les soutenir à mesure qu’elles progressent dans leur rétablissement. »

Le travail d’Aimee dans la foulée du projet Chez Soi l’a amenée à canaliser sa compassion et son expertise dans l’élaboration du Guide de référence pour des pratiques axées sur le rétablissement. Cet engagement à l’égard du rétablissement, Aimee l’a respecté jusqu’à ses derniers jours. Alors qu’elle attendait un traitement d’urgence, elle s’inquiétait d’une jeune femme qui traversait une crise psychologique et était soumise à des mesures de contention par le personnel hospitalier.

On retrouve aussi la sensibilité et le pragmatisme qui caractérisaient Aimee dans la première version du projet national de prévention du suicide de la CSMC, qui a donné lieu à Enraciner l’espoir.

À la CSMC, tous s’entendent pour dire que la capacité emblématique d’Aimee de toujours interagir avec grâce et respect avec tous et en toutes circonstances lui a fait gagner l’affection de ses collègues et a inspiré le genre de collaboration créative qui donne lieu aux solutions les plus constructives aux plus grands défis politiques.

Vers la fin de son voyage, au début de novembre 2019, Aimee a indiqué, avec sa modestie habituelle, que « d’avoir le privilège de jouer un petit rôle dans le vaste travail de la CSMC » lui était d’un grand réconfort.

Tout comme la neige fond au printemps, ne laissant derrière qu’un souvenir de son scintillement merveilleux, Aimee, dans son dernier message avant son départ, le 14 décembre, a demandé à ses amis et collègues de considérer leur incidence sur le monde et de ne laisser derrière que des souvenirs et leurs efforts à faire de notre monde un monde meilleur.

Aimee nous manquera beaucoup, mais ses collègues honoreront sa mémoire tous les jours en accomplissant le travail qui lui était si cher.

Suzanne Westover

Une écrivaine d’Ottawa, ancienne rédactrice de discours et gestionnaire des communications à la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC). Casanière, toujours le nez dans un livre, elle prépare un excellent pain au citron (certains diraient qu’elle fait des merveilles en un seul mets) et aime regarder des films avec son époux et sa fille de 11 ans. Le temps que Suzanne a passé à la CSMC a renforcé son intérêt envers la santé mentale, et elle continue d’apprendre toute sa vie sur le sujet.

Les points de vue et les opinions exprimés dans cet article appartiennent uniquement à l’auteur(e) et ne représentent pas nécessairement les politiques officielles de la Commission de la santé mentale du Canada.

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