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Les efforts d’un regroupement pour accroître l’accès à la psychothérapie

« Parité », « temps d’attente réduits », « moins d’obstacles », « les bons services, au bon moment »

Ce sont quelques-uns des mots et phrases clés employés par les membres du Réseau de mise en œuvre d’une politique de psychothérapie (RMPP) pour décrire ce que l’amélioration de l’accès à la psychothérapie signifie pour eux. Lors de leur première réunion en février dernier, ils ne se doutaient évidemment pas qu’une pandémie allait intensifier encore davantage l’urgence de leur travail.

Le RMPP est composé de dirigeants, de personnes ayant un vécu expérientiel, d’associations canadiennes de fournisseurs de soins de santé, de cliniciens, de chercheurs et d’autres experts. Il a pour objectif de soumettre des recommandations au gouvernement fédéral en vue d’accroître l’accès à la psychothérapie dans le système de soins de santé du Canada.

À titre de secrétaire du Réseau, la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC) agit comme facilitatrice impartiale de ses activités. Karen Cohen, chef de la direction de la Société canadienne de psychologie (SCP), co-préside le Réseau aux côtés de la CSMC.

« Des psychothérapies gratuites sont offertes dans les hôpitaux et les centres de soins de santé mentale, mais les listes d’attente sont longues, et bien des gens ne peuvent se permettre les services offerts dans les cabinets privés, indique Louise Bradley, présidente et directrice générale de la CSMC. « Pourtant, ces traitements sont essentiels pour la santé de la population. »

Le Réseau est un lieu de partage d’information, explique Kam Tello, gestionnaire du programme Accès à des services de santé mentale de qualité de la CSMC. « Nous devons examiner les initiatives offertes dans chaque territoire de compétence, évaluer ce qui fonctionne et repérer les lacunes selon différents points de vue. Il s’agit d’un travail collaboratif. »

Le RMPP s’affaire actuellement à rédiger une déclaration sur la nécessité d’élargir l’accès à la psychothérapie. Dans sa préparation du processus et des recommandations pour y parvenir, il se penchera sur les modèles de financement, l’assurance qualité, la mise en œuvre et les paramètres de mesure des soins axés sur les résultats.

Ce travail revêt une importance accrue compte tenu des craintes, des incertitudes, des pertes d’emploi et de l’instabilité économique provoquées par la COVID-19. Pour Mme Cohen, il est devenu encore plus urgent de combler les lacunes en matière d’accès aux services de psychothérapie puisque les personnes, les familles et les communautés sont aux prises avec les répercussions de la pandémie sur leur santé physique et mentale. 

Heureusement, les secteurs public et privé de la santé du Canada ont redoublé d’efforts pour offrir des services et du soutien en santé mentale. Notons par exemple l’initiative d’intervention d’urgence de la SCP pour les travailleurs de la santé et les travailleurs sociaux aux premières lignes, l’ajout de séances de counseling et de psychothérapie aux avantages sociaux des employés du gouvernement et le portail de ressources et de counseling gratuits Espace mieux-être Canada du gouvernement fédéral.

Or, même si ces améliorations marquent un pas dans la bonne direction, bon nombre d’entre elles relèvent malheureusement de programmes particuliers et pourraient être temporaires. Des investissements durables dans les services de santé mentale doivent être réalisés pour améliorer le bien-être de la population et traiter les maladies à long terme.

« C’est pourquoi le RMPP est axé sur les solutions à long terme », explique Mme Tello. « Avec la COVID-19 qui nous guette, en plus des nombreux programmes et services qui ont été créés en réponse à la pandémie, la population canadienne continue d’avoir besoin d’importants traitements de santé mentale fondés sur des données probantes, et ce possiblement plus que jamais. »

Pour élaborer des recommandations qui correspondent à la réalité canadienne, le RMPP prend exemple sur d’autres pays. Le Royaume-Uni et l’Australie sont dotés de programmes d’accès élargi, financés par des modèles de subventions et d’assurance-maladie, qui font office d’études de cas déterminantes pour la création de solutions canadiennes. (Visitez la page Améliorer l’accès de la CSMC pour examiner ces exemples de plus près.)

Même si le RMPP a encore beaucoup à faire, ses membres sont encouragés par le changement de ton dans la discussion sur la santé mentale.

« De plus en plus, on semble reconnaître que la santé mentale fait partie de la santé et qu’elle devrait être traitée de façon égale à la santé physique », poursuit Mme Tello. Les employeurs manifestent davantage d’intérêt, la couverture médiatique est accrue et on parle davantage de l’accès et de l’importance de celui-ci. »

Mme Bradley abonde dans le même sens. « L’accès à de meilleurs soins de santé mentale pourrait être un facteur déterminant dans la lutte contre une pandémie de maladie mentale qui ferait écho à la pandémie de COVID-19 de laquelle nous commençons à émerger. S’il y a un point positif aux difficultés que nous affrontons actuellement, c’est peut-être la reconnaissance que la santé physique ne représente que la moitié de l’équation. Il n’y a pas de santé sans santé mentale. »

À mesure que la discussion sur la parité entre santé physique et santé mentale prend de l’ampleur, le RMPP s’efforce de poser des gestes concrets en ce sens. Par ses recommandations judicieuses, le Réseau aspire à positionner le Canada comme chef de file mondial en matière d’accès élargi à la psychothérapie.

Pour Maureen Abbott, gestionnaire du programme Accès à des services de santé mentale de qualité de la CSMC, la composition du Réseau lui-même rend un tel résultat plus probable. « Les membres apportent des expériences personnelles et professionnelles pertinentes en lien avec l’accès à la psychothérapie. Mais l’une des grandes forces du groupe est qu’il respecte et estime importante la diversité des opinions et des points de vue lorsqu’il recherche des consensus pour la prise de décisions. »

Mise à jour, le 2 février 2022 : vous pouvez maintenant lire le rapport du RMPP, Le temps est venu : Considérations relatives à un programme national de psychothérapie.

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Amber St. Louis

Une nouvelle trousse d’outils pour promouvoir la sécurité psychologique en milieu de travail pendant la pandémie de COVID-19

La COVID-19 oblige les employeurs de tous les secteurs à revoir leurs façons de faire. Au Canada, le récent assouplissement des restrictions a permis à de nombreuses entreprises de reprendre leurs activités et de recommencer à accueillir leurs employés en milieu de travail. Mais travailler pendant une pandémie n’a rien d’habituel et les changements apportés par les employeurs peuvent avoir un impact radical sur la santé mentale et physique de leurs employés.

« Créer un milieu de travail sain n’implique pas seulement de protéger la santé physique des gens », dit Liz Horvath, gestionnaire, Santé mentale en milieu de travail à la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC). « Il faut également assurer leur sécurité psychologique. Nous devrons composer avec les répercussions de la pandémie pendant un certain temps, mais les employeurs ont un important rôle à jouer pour prendre des mesures proactives afin d’avoir une longueur d’avance sur l’augmentation de la prévalence des maladies mentales prévue ».

Mental Health Integaration Guidelines Slide 1 FRAfin d’aider les employeurs à assumer ces nouvelles responsabilités, l’équipe de Changer les mentalités de la CSMC a créé la Trousse d’outils pour l’intégration de la santé mentale aux activités pendant la pandémie de COVID-19. Cette trousse d’outils regroupe des lignes directrices, des fiches-conseils, des vidéos, des guides de discussion et d’autres ressources pour aider les employeurs et les travailleurs à incorporer la santé mentale dans tous les aspects de leurs milieux de travail.

Une des ressources de la trousse d’outils qui sera publiée prochainement comprendra un ensemble de lignes directrices ayant pour but d’aider les employeurs à aborder les principaux facteurs liés au milieu de travail qui peuvent affecter la santé mentale des membres du personnel pendant une pandémie. Ces facteurs sont fondés sur la Norme nationale du Canada sur la santé et la sécurité psychologiques en milieu de travail, un cadre élaboré par la CSMC et le Groupe CSA pour aider à promouvoir la santé mentale et à prévenir les préjudices psychologiques au travail.

« Ces lignes directrices n’ont pas seulement pour but de réagir à la pandémie de manière ponctuelle », explique Mme Horvath. « Nous voulons encourager les employeurs à intégrer la santé mentale de façon proactive à leurs activités afin de traverser la pandémie actuelle et d’être mieux outillés pour faire face à d’éventuelles nouvelles crises. Bien que le Canada s’en sorte relativement bien pendant la pandémie actuelle, nous devons nous préparer à affronter les nouvelles vagues qui pourraient surgir ». 

Les lignes directrices encouragent les personnes en position d’autorité à ne pas oublier que les travailleurs peuvent faire face à diverses difficultés personnelles à l’extérieur du travail en temps de pandémie. « Lorsque nous parlons de rendement, nous devons parler de santé mentale », dit Mme Horvath.

« Le stress, c’est cumulatif », ajoute-t-elle. « Les difficultés auxquelles nous faisons face à l’extérieur du travail continuent de nous affecter lorsque nous sommes au travail, et vice-versa. En intégrant la santé mentale des travailleurs à leurs activités, les dirigeants peuvent réduire leur stress global. S’ils gèrent bien l’énergie, les gens peuvent bien travailler et bien vivre ».

Afin de soutenir les travailleurs pendant la pandémie, les lignes directrices encouragent les gestionnaires 

  • à utiliser l’écoute empathique
  • à comprendre l’impact psychologique des changements apportés au milieu de travail physique et à en tenir compte
  • à fournir à leurs travailleurs un espace sécuritaire pour partager ouvertement leurs besoins et leurs préoccupations
  • à se préparer à mettre en place des mesures d’adaptation pour les travailleurs qui ont besoin d’un soutien supplémentaire.

Le guide aborde aussi la question de la stigmatisation puisque bien souvent, les travailleurs n’osent pas parler de leurs préoccupations relatives à la santé mentale, soit parce qu’ils ont peur que leurs pairs les jugent, soit à cause de l’autostigmatisation. Les milieux de travail qui offrent de la formation au personnel et qui encouragent les discussions franches à propos de la santé mentale peuvent réduire la stigmatisation en milieu de travail et faire en sorte que les employés qui ont besoin d’aide la demandent plus tôt. Les employeurs doivent également gérer l’augmentation des blâmes et des paroles blessantes entre employés en s’assurant que ceux-ci reçoivent une protection psychologique contre la discrimination et le harcèlement associés à la stigmatisation sociale et à la xénophobie. 

La bonne nouvelle, selon ce que démontre la recherche, est que le fait de gérer les urgences et les désastres de manière adéquate peut avoir des répercussions positives sur la santé mentale des employés, notamment un meilleur moral, une plus grande résilience et une augmentation de la compassion.

« La pandémie rassemble les gens d’une manière inédite », remarque Mme Horvath. « Nous pouvons recréer cet esprit de connexion aux autres et de soutien en milieu de travail, pourvu que nous soyons déterminés à fournir les efforts nécessaires ».

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Amber St. Louis

Virage virtuel pour fournir du soutien aux travailleurs essentiels et aux étudiants du postsecondaire

À la mi-mars, alors que le monde était mis sur pause, l’équipe de Changer les mentalités de la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC) savait qu’elle devait se retrousser les manches.

« Nos formations en personne s’étaient arrêtées littéralement du jour au lendemain », de dire Mike Pietrus, directeur du programme, lequel s’occupe du volet formation de la CSMC. « Mais nous étions conscients que les travailleurs essentiels devaient avoir accès à nos formations sur la santé mentale et la résilience. »

Et c’est exactement ce que l’équipe s’est efforcée de faire.

« S’adaptant à une pandémie mondiale et au télétravail, tout en prenant soin de leurs familles, les membres de l’équipe ont complètement remanié le programme de formation pour qu’il soit offert par des moyens virtuels, et ce, tout à fait gratuitement, aux gens qui travaillaient sur la ligne de front pendant cette crise », explique monsieur Pietrus.

Louise Bradley, présidente-directrice générale de la CSMC, est encore émerveillée de cet exploit. « Il s’agit-là d’une réalisation pour le moins héroïque », a-t-elle déclaré, tout en faisant remarquer que plus de 400 cours ont été offerts gratuitement à plus de 4 000 travailleurs essentiels.

Les spécialistes de la formation de la CSMC ont pris les éléments les plus pertinents des formations Premiers soins en santé mentale et l’Esprit au travail, en ont fait des versions interactives et comprimées d’une durée de deux heures, pour apprendre aux gens comment s’occuper de leur santé mentale et de celle des autres. Un autre cours d’une durée d’une heure a été créé dans le but précis d’aider les gestionnaires à prendre soin de leurs équipes.

Pietrus a fait remarquer que cette expérience a exigé de l’équipe qu’elle fasse ses devoirs et qu’elle apprenne les meilleures pratiques en matière de formation virtuelle. « Mais grâce à cette incroyable réaction, nous sommes maintenant fin prêts à offrir nos formations les plus appréciées en version virtuelle », a-t-il mentionné, faisant ainsi référence à la série de formations qui comprend Premiers soins en santé mentale et l’Esprit au travail, de même que leurs variantes.

« Nous allons commencer par l’Esprit curieux, postsecondaire », a-t-il précisé, qui fournit de la formation sur la santé mentale et la résilience à l’intention des étudiants des collèges et des universités. « Nous nous sommes dit qu’il était naturel de commencer par eux. Ils sont non seulement plus à l’aise avec les interactions virtuelles, mais ils devront bientôt s’adapter à un milieu scolaire extrêmement différent et auront alors besoin d’aide pour relever toute une série de nouveaux défis. »

À compter du mois d’août, les établissements d’enseignement postsecondaire seront en mesure d’offrir cette formation qui a elle aussi subi une importante transformation. 

« Nous avons beaucoup appris lorsque nous avons préparé nos formations gratuites pendant la crise », a déclaré Rebecca Richardson, spécialiste de la formation pour les programmes Premiers soins en santé mentale et Changer les mentalités. « On ne peut pas simplement prendre une formation habituellement offerte en personne et l’offrir telle quelle en ligne. Ça ne fonctionne pas. Nous avons vraiment dû faire nos recherches et bûcher afin de nous assurer de réellement établir un contact avec les participants. »

our ce faire, il a fallu étendre le cours pour en faire quatre modules de 45 minutes ou un cours d’une durée de trois heures. De petits groupes auront l’occasion de trouver des solutions à des situations difficiles, d’obtenir l’avis des autres participants grâce à des sondages et des jeux-questionnaires en ligne et de veiller à ce que toute personne chez qui la formation déclenche une réaction soit mise en contact avec du soutien en santé mentale. 

« Nous devions trouver un moyen d’organiser toutes ces étapes », a déclaré M. Pietrus. Cela a donné lieu à la création d’un nouveau rôle dans la classe virtuelle afin de fournir du soutien à l’animateur. « Nous engageons des producteurs pour gérer les aspects techniques de la transmission du cours pour que le formateur puisse se consacrer strictement à enseigner la matière. »

Les résultats de la mise à l’essai qui a eu lieu à l’Université Bishop et l’Université Laurentienne parlent d’eux-mêmes.

« Plus de 82 pour cent des participants avaient la conviction qu’ils pourraient mettre en pratique les connaissances et les compétences acquises dans leur quotidien », a dit Mme Richardson. « Après avoir observé les deux mises à l’essai, j’étais encouragée et inspirée par l’énergie et la passion des étudiants, ainsi que par leur volonté de discuter de sujets difficiles, même dans un cadre virtuel. »

Chloe Kendall, une étudiante de l’Université Bishop, a dit que « le cours est extrêmement instructif. Il m’a aidée à comprendre ma propre santé mentale et à prendre conscience de la façon dont les autres peuvent se sentir. Les connaissances que j’ai acquises en deux jours me serviront toute ma vie. »

Mme Richardson est convaincue que cette volonté de montrer sa vulnérabilité et de chercher à obtenir de l’aide sera essentielle si l’on veut favoriser le bien-être mental des étudiants lorsqu’ils retourneront en classe cet automne.

« Plusieurs chercheront des moyens de composer avec le stress généré par l’apprentissage à distance et l’isolement social, ainsi que des façons de discuter et de donner un sens à ce qu’ils ont vécu au cours des derniers mois. Le fait d’adapter le cours l’Esprit curieux à un cadre virtuel juste à temps pour le semestre de l’automne permettra aux établissements postsecondaires d’aider les étudiants à relever ces défis. »

Visitez la page l’Esprit curieux postsecondaire virtuel pour voir où ces cours sont offerts.

Suzanne Westover

Une écrivaine d’Ottawa, ancienne rédactrice de discours et gestionnaire des communications à la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC). Casanière, toujours le nez dans un livre, elle prépare un excellent pain au citron (certains diraient qu’elle fait des merveilles en un seul mets) et aime regarder des films avec son époux et sa fille de 13 ans. Le temps que Suzanne a passé à la CSMC a renforcé son intérêt envers la santé mentale, et elle continue d’apprendre toute sa vie sur le sujet.

La députée de Fredericton fait part de ses réflexions sur un premier mandat semblable à nul autre

Il n’est pas facile de suivre Jenica Atwin qui en est à son premier mandat comme représentante du Parti vert du Canada à la Chambre des communes et députée de Frederiction. Elle s’intéresse à des sujets variés, s’inspire de riches exemples et s’exprime rapidement, un peu comme si elle voulait s’assurer que rien d’important ne lui échappe.

« Je fais partie d’un groupe d’action pour les personnes âgées », a-t-elle expliqué de chez elle, au cours d’un entretien téléphonique tenu à la fin du mois de mai. « J’entends parler de personnes âgées qui téléphonent à l’Agence du revenu du Canada ou Service Canada dans le seul but d’entrer en contact avec une voix humaine. C’est bouleversant. »

L’empathie de Mme Atwin est palpable. Elle-même jeune mère de deux enfants, elle s’est retrouvée en isolement dès les premiers jours suivant son accouchement et elle est parfaitement consciente que la COVID-19 fait ressortir des disparités dont le Parti vert parle haut et fort depuis longtemps.

« En ce moment, il se peut que des gens vivent des jours sombres », dit-elle. « Comme les inégalités raciales sont mises en évidence, que le virus frappe plus durement les personnes défavorisées sur le plan social et le plan économique et qu’il n’y a pas assez de soins de santé mentale, on peut facilement comprendre que des gens soient découragés et déprimés. »

Mais Mme Atwin croit que la solution réside dans la force de la communauté. « La résilience ne tient pas tant dans la force que l’on peut finir par trouver en soi à force de creuser, mais plutôt dans le soutien que l’on peut trouver ailleurs, dans ce que l’on peut retirer de son réseau et ce que l’on peut faire pour aider les autres. »

Elle a grandi dans un foyer où la culture de son beau-père, celle des Premières Nations, reposait sur ces valeurs et c’est en connaissance de cause qu’elle parle de ce sens de la communauté. « Je vis près de la Première Nation d’Oromocto, où mon époux siège au conseil de bande, et c’est de leur façon de réagir à la situation que j’ai tiré mes espoirs ou mon inspiration pendant cette période. »

Mme Atwin décrit comment les cercles de couturières ont mis leurs talents à profit en fabricant des masques, comment les paniers ont été remplis de produits de première nécessité et livrés aux personnes vulnérables ou âgées. Elle explique aussi, avec un profond respect, comment la chef d’Oromocto, Shelley Sabattis, a su mener l’action efficace et empreinte de compassion de sa communauté.

« Le leadership féminin est à l’honneur ces temps-ci », de dire Mme Atwin. « Voyez ce que font Jacinda Ardern, en Nouvelle-Zélande, et Angela Merkel, en Allemagne. Elles nous montrent que les femmes dirigent de manière un peu différente, que leur sensibilité leur permet de s’élever en ces temps vraiment difficiles. » 

Il existe de nombreux exemples de leadership féminin chez nous, y compris parmi les plus hauts responsables provinciaux de la santé publique, dont Theresa Tam qui est la médecin la plus haut placée du Canada.

Mme Atwin est également contente de la réponse du Canada. « Écoutez, je trouve que nous avons fait un excellent travail. Nous avons uni nos efforts. Au-delà des bannières politiques, nous voyons davantage les points que nous avons en commun plutôt que les idéologies qui nous opposent. Cela ne veut pas dire que nous sommes parfaits et mon travail, en tant que membre de l’opposition, consiste à m’assurer que nous montrons ce qu’il faut améliorer. Mais, dans l’ensemble, je pense que nous devrions vraiment être fiers, comme Canadiens, du leadership dont nous sommes témoins de tous les côtés. »

Mme Atwin ajoute que la santé physique et mentale de la famille, des amis, des collègues et des membres de la communauté fait partie des priorités ces jours-ci. « J’aimerais qu’une position ministérielle axée sur notre bien-être collectif voie le jour », dit-elle. « On voit qu’une prise de conscience se développe autour de l’idée que si les gens sont bien émotionnellement, spirituellement, physiquement et mentalement, ils seront plus aptes à remplir leurs rôles, qu’il s’agisse des responsabilités familiales ou des réalisations professionnelles. »

Lorsqu’on lui a demandé comment elle fait pour demeurer si calme et sereine avec un horaire si chargé, elle s’est mise à rire. « Ce n’est pas facile. Cela vient de choses très simples. Prendre cinq minutes le matin pour boire tranquillement une tasse de thé, faire brûler de la sauge et prendre quelques profondes respirations pour bien commencer la journée. Il n’y a pas de recette miracle. Je prends simplement un moment pour me recentrer et j’essaie ensuite de poursuivre mon travail. »

Suzanne Westover

Une écrivaine d’Ottawa, ancienne rédactrice de discours et gestionnaire des communications à la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC). Casanière, toujours le nez dans un livre, elle prépare un excellent pain au citron (certains diraient qu’elle fait des merveilles en un seul mets) et aime regarder des films avec son époux et sa fille de 13 ans. Le temps que Suzanne a passé à la CSMC a renforcé son intérêt envers la santé mentale, et elle continue d’apprendre toute sa vie sur le sujet.

Soutenir la santé mentale des travailleurs de la santé pendant la pandémie de COVID-19

« Les travailleurs de la santé ont toujours été des héros à mes yeux », dit Louise Bradley, présidente-directrice générale de la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC), qui est elle-même infirmière autorisée et ancienne administratrice d’hôpital. « Mais lorsqu’une crise d’une ampleur aussi phénoménale que celle de la COVID-19 éclate, nous en demandons encore davantage à une main-d’œuvre déjà débordée. »

Ed Mantler, vice-président des Programmes et priorités à la CSMC, est du même avis. « Avant la pandémie, 40 pour cent des médecins et des infirmiers et infirmières étaient déjà à des niveaux avancés d’épuisement professionnel. Nous travaillions donc déjà très fort pour créer une suite de modules de formation et de ressources pour soutenir le bien-être mental de cette main-d’œuvre essentielle. »

Maintenant, ces outils sont plus pertinents et importants que jamais.

« Nous savons que les répercussions psychologiques d’une pandémie peuvent engendrer des conséquences sérieuses pour les travailleurs de la santé », affirme Mme Bradley, qui cite une étude qui estime que 29 à 35 % de ces travailleurs ont vécu un haut niveau de détresse pendant l’éclosion de SRAS qui a eu lieu dans un hôpital de Toronto. Une étude similaire menée auprès du personnel médical à Taiwan a montré que 93,5 % d’entre eux considéraient l’épidémie de SRAS comme une expérience traumatisante.

Heureusement, les travailleurs de la santé n’ont pas à porter ce fardeau sur leurs seules épaules. Un éventail de ressources en santé mentale sont désormais disponibles pour stimuler leur résilience et pour accroître leur bien-être.

Le Centre de Toxicomanie et de santé mentale, par exemple, offre un carrefour de ressources spécialement destiné aux travailleurs de la santé pendant la pandémie de COVID-19 qui fournit des conseils et des vidéos utiles, ainsi que des liens vers des ressources de soutien externes.

La CSMC élabore depuis plusieurs années diverses ressources en santé mentale destinées aux travailleurs de la santé, incluant une série de webinaires publiée récemment qui porte sur les autosoins pour les travailleurs et qui fournit des conseils aux dirigeants de la santé durant la COVID-19.

« Il est important d’être conscients que le domaine des soins de santé est un domaine exigeant, et que plusieurs des problèmes de santé mentale auxquels font actuellement face les travailleurs de la santé ne disparaîtront pas avec la fin de la pandémie », dit Mme Bradley. Elle presse les organismes de soins de santé d’utiliser des mesures éducatives proactives destinées aux travailleurs, comme des affiches comme celle-ci pour rappeler aux travailleurs de quelle manière ils peuvent contrôler leur anxiété et leur consommation de substances.

Pour M. Mantler, « bien que les ressources offertes aux fournisseurs individuels soient importantes, l’amélioration du bien-être mental passe également par la transformation d’une culture au sein de laquelle le stoïcisme est la norme depuis beaucoup trop longtemps ».

Souvent, pour améliorer quelque chose, il faut d’abord l’évaluer. Prendre soin des travailleurs de la santé — Outils d’évaluation est une ressource utile pour le faire. Elle explore une gamme de facteurs psychosociaux pour aider les organismes de soins de santé à déterminer les secteurs vulnérables et à prendre les mesures nécessaires pour améliorer la santé et la sécurité psychologiques.

Pour implanter une culture de bien-être mental, il faut aussi une bonne dose d’engagement. Un bon moyen de comprendre ce qu’une organisation fait de bien et ce qu’elle peut améliorer est la Norme nationale du Canada sur la santé et la sécurité psychologiques en milieu de travail (la Norme), un cadre qui fournit des lignes directrices exhaustives pour promouvoir la bonne santé mentale en milieu de travail. 

« Il y a plusieurs années, j’ai été embauchée pour diriger un grand hôpital universitaire », se souvient Mme Bradley. « Au départ, j’avais l’impression que je ne possédais pas les compétences requises pour mener cette mission à bien. Mais j’ai vite compris que je n’étais pas là pour dire aux experts médicaux comment faire leur travail. On m’avait plutôt embauchée pour transformer la culture organisationnelle au sein de laquelle ils travaillaient. »

Afin d’aider à orienter la mise en œuvre de la Norme dans un contexte de soins de santé, la CSMC a participé à l’élaboration de la Trousse d’outils Prendre soin des travailleurs de la santé, qui comprend des témoignages d’organismes de soins de santé qui ont adopté la Norme et près de 40 outils pratiques pour aider les organisations à la mettre en place.

Pour plus d’outils et de ressources sur les soins de santé de la CSMC, veuillez consulter notre liste complète.

Pour Louise Bradley, les efforts pour soutenir les travailleurs de la santé ont commencé bien avant la pandémie de COVID-19, et ils se poursuivront longtemps après la fin de celle-ci. « Lorsque les masques tomberont et que le monde ouvrira à nouveau, les travailleurs de la santé continueront à être des héros, et ils mériteront toujours autant d’avoir tout notre soutien. »

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Amber St. Louis

Propos du député Don Davies sur les services essentiels, les soins en santé mentale et notre façon de travailler

Don Davies, critique en santé du Nouveau Parti démocratique et membre du Parlement pour Vancouver-Kingsway, connaît depuis longtemps la valeur des travailleurs essentiels.

« Ma plus jeune fille est âgée de 25 ans, et elle a des besoins diversifiés », explique-t-il de sa résidence de Vancouver où il travaille à distance depuis le début de la crise de COVID-19. « Elle travaille dans une épicerie locale, et rien n’aurait pu l’empêcher de faire son travail, pas même une pandémie. »

M. Davies explique que bien que ce soit elle qui a pris la décision de continuer à travailler, en tant que parent il a ressenti un certain malaise. « Nous avons passé en revue les risques, bien sûr, mais son travail est extrêmement important pour elle. La routine lui fait un grand bien, et elle aime l’aspect social. Mais plus encore, elle est fière de sa contribution, et c’est bon pour son estime de soi. »

Néanmoins, M. Davies n’hésite pas à mentionner qu’en tant que société, nous avons depuis beaucoup trop longtemps sous-estimé la contribution du travail essentiel. « Que ce soit les travailleurs de soutien dans les centres de soins de longue durée, les personnes chargées de la livraison de nourriture, ou les commis d’épicerie comme ma fille, en tant que collectivité, nous les avons tenus pour acquis. J’espère que la COVID-19 nous aura permis de réaliser que ces emplois ne sont vraiment pas des emplois de second ordre. En fait, ces emplois sont sans l’ombre d’un doute les plus importants. »

En ce qui concerne M. Davies, il s’agit seulement de l’une des nombreuses vérités que la COVID-19 nous aura révélées.

« Ce qui est ironique, c’est que nous avons dû faire face à une menace à la santé physique pour exposer l’absence de soins abordables en santé mentale dans notre pays. Nous avons raison d’être fiers de nos médecins et de nos services hospitaliers. Mais nous avons maintenant l’opportunité de nous demander : est-ce que notre système de santé fonctionne encore comme au XXe siècle? Est-ce le bon moment de réinventer un système qui permettra de mieux nous servir pour les 100 prochaines années? »

M. Davies est persuadé que ce changement dans notre façon de penser ne se limitera pas aux soins de santé. Il perçoit le choc causé par la pandémie comme une occasion qui ne se présente qu’une fois par génération de remettre en question l’ensemble de nos façons de penser dépassées.

« Prenez les lieux de travail, par exemple », dit-il. « Depuis très longtemps, de nombreux secteurs traditionnels résistent à l’idée de faciliter ou d’offrir des arrangements pour le travail à domicile. Pourtant, nous voyons que les gens sont plus productifs, car le travail à domicile leur offre davantage de temps et de flexibilité. Bien sûr, je ne veux pas minimiser la réalité de devoir composer avec la double obligation pour ceux qui ont des enfants. Mais de manière générale, je pense que cette pandémie pourrait révolutionner notre façon de travailler et nos lieux de travail. »

M. Davies est depuis longtemps un défenseur des bienfaits pour la santé mentale de la semaine de quatre jours, et il est convaincu que les politiques progressives n’ont pas du tout les effets que beaucoup redoutent.

« Notre travail ne devrait pas être mesuré par le nombre d’heures où nous sommes rivés à notre bureau. Il devrait être mesuré par les résultats obtenus. Plus vous êtes inspirés par votre travail, plus vite vous serez en mesure de le terminer, et plus il sera bien fait. »

Par exemple, M. Davies souligne la réponse rapide et novatrice en vue de mettre en place des services virtuels en santé mentale, alors que l’inspiration et la productivité ont convergé pour permettre la réalisation de progrès à une vitesse fulgurante. 

« Nous percevons une volonté, dans l’ensemble des administrations, de travailler d’arrache-pied pour trouver des solutions. Nous voyons des accomplissements prendre forme en quelques semaines plutôt qu’en mois ou en années comme nous en avions l’habitude. »

Dans l’ensemble, M. Davies est extrêmement optimiste. Il reconnaît toutefois qu’il est très préoccupé par la réouverture de l’économie, et il explique que nous en avons encore beaucoup à apprendre sur la COVID-19.

« Mais si la COVID-19 a su mettre au jour nos faiblesses – notre manque de respect pour les travailleurs essentiels, notre mosaïque de services en santé mentale, notre attitude archaïque à l’égard du travail – elle nous a aussi offert une formidable opportunité. »

Comme il l’explique si bien, on ne peut pas résoudre un problème si on refuse de le voir.

« Voyons maintenant ce que nous pouvons faire en gardant les yeux grand ouverts. »

Suzanne Westover

Une écrivaine d’Ottawa, ancienne rédactrice de discours et gestionnaire des communications à la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC). Casanière, toujours le nez dans un livre, elle prépare un excellent pain au citron (certains diraient qu’elle fait des merveilles en un seul mets) et aime regarder des films avec son époux et sa fille de 13 ans. Le temps que Suzanne a passé à la CSMC a renforcé son intérêt envers la santé mentale, et elle continue d’apprendre toute sa vie sur le sujet.

Comprendre l’anxiété de déconfinement avec le Dr Keith Dobson

La pandémie de coronavirus a suscité en nous de nombreuses causes d’anxiété. Depuis des mois, le pays est en situation de quasi-fermeture, la distanciation physique obligatoire nous sépare les uns des autres, et le monde tel que nous le connaissions a brusquement basculé. Maintenant, alors que le pays s’apprête à reprendre ses activités, de nouvelles préoccupations émergent et l’anxiété de déconfinement s’installe pour plusieurs d’entre nous.

« Je crois que l’on observera deux principaux types de réactions », a indiqué le Dr Keith Dobson, professeur en psychologie clinique à l’Université de Calgary. « Le premier sera l’anxiété persistante et le stress continu causés par la COVID-19. Il s’agit notamment de renégocier les normes sociales afin d’assurer une distance sûre, de décider du moment où il sera sécuritaire d’envoyer les enfants à l’école, et de faire face aux craintes de nouvelles vagues ou d’autres éventuelles éclosions. »

Bien que les préoccupations concernant la sécurité et la santé physique soient nombreuses et puissent provoquer de fortes réactions de stress, il existe également une multitude d’autres facteurs pouvant constituer des facteurs de stress sur le plan individuel. « Le deuxième grand enjeu, » affirme le Dr Dobson, « est de faire face à la réalité des pertes personnelles et économiques engendrées par la pandémie. » Pour certaines personnes, cela signifie qu’elles devront tenter leur chance sur le marché du travail, alors qu’elles n’étaient pas prêtes à cet exercice. Pour d’autres, l’anxiété peut provenir de la perte de certains avantages liés à la quarantaine, comme le travail à distance et les nombreux temps libres.

Mais une chose est sûre : le déconfinement du pays ne signifie pas la même chose pour tout le monde. Au moment où nous observons de plus en plus de levées des restrictions, il sera important de comprendre que ce qui est vécu positivement par une personne pourrait provoquer des tensions chez quelqu’un d’autre.

Selon le Dr Dobson, un bon exemple de cette disparité est reflété dans les réactions diverses de chacun face à une plus grande liberté sociale. « Pour de nombreuses personnes, une interaction sociale accrue contribuera à atténuer l’anxiété suscitée par la période de réajustement. Mais pour les gens qui craignent les situations sociales d’entrée de jeu, comme ceux souffrant d’un trouble d’anxiété sociale ou ressentant une inquiétude exacerbée d’être contaminés par les autres, toute interaction sociale supplémentaire aura pour effet d’augmenter leur anxiété. »

 Les employeurs, en particulier ceux qui envisagent un retour au bureau, doivent s’attendre impérativement à un grand nombre de réactions différentes face au déconfinement progressif. Pour Louise Bradley, présidente-directrice générale de la Commission de la santé mentale du Canada, cette question d’équilibre représente l’une des principales préoccupations. « La chose la plus importante que nous puissions faire pour notre personnel est de lui prêter une oreille attentive », a-t-elle déclaré. « Nous avons mené des sondages ainsi que des entretiens individuels auprès du personnel pour tenter de déterminer ce qui fonctionne bien pour chaque personne; quels aspects nécessitent davantage de mesures d’adaptation; et quel niveau d’intérêt perçoit-on de la part des employés pour revenir travailler au bureau. »

Madame Bradley s’empresse de souligner que, pour de nombreuses organisations fondées sur le savoir, le travail à distance s’avère efficace, bien qu’imparfait. « En clair, c’est à l’usage que l’on peut juger de la qualité d’une chose. Nous avons démontré une remarquable capacité à nous adapter et à faire preuve de souplesse, en plus d’être aussi productifs qu’avant. Mais nous ne pouvons pas supposer que ce qui fonctionne pour une personne fonctionne également pour une autre. La communication doit être délibérée et judicieuse en ce moment — à lui seul, un franc dialogue pourra aider à réduire le stress et à clarifier les attentes. »

Il y a aussi des choses que nous pouvons faire sur le plan individuel pour réduire l’anxiété de déconfinement, a expliqué le Dr Dobson. « Le seul meilleur traitement fondé sur des données probantes pour lutter contre l’anxiété est l’exposition, qui consiste à affronter lentement la chose ou la situation qui vous effraie. L’exposition progressive vous permet de réajuster votre évaluation du risque associé à la peur, réduisant ainsi doucement l’anxiété au fil du temps. »

Bien que nous ne voulions pas nous exposer au virus lui-même, le fait d’affronter lentement et de manière sécuritaire les aspects inconfortables du déconfinement, notamment les interactions sociales ou le fait de passer du temps en public, peut aider à diminuer l’anxiété globale en regard d’un monde déconfiné.

Un autre élément important permettant de neutraliser l’anxiété de déconfinement est de continuer de suivre les recommandations des autorités sanitaires. Comme le mentionne le Dr Dobson, « Nous devrons aussi réapprendre à courir certains risques mesurés. Il est important que les gens cessent d’utiliser la COVID-19 pour justifier leur évitement de situations que les autorités sanitaires jugent comme présentant de faibles risques. » Soyez rassurés que du moment où vous respectez les directives en matière de santé publique, vous suivez alors les meilleurs conseils disponibles pour réintégrer le monde en toute sécurité.

Pour préserver notre santé mentale pendant cette transition, nous devons également nous rappeler de modérer nos attentes. Les choses seront différentes pendant quelque temps – et il n’y a aucun moyen d’éviter cela. Pour ne pas vivre trop de déception ou nous sentir dépassés, il est bien de planifier, quand c’est possible. Il faut aborder la question des limites lors de rencontres sociales avec les proches, se renseigner sur les mesures de sécurité sanitaire en place au travail et en public, et s’attendre à ressentir un certain inconfort.

L’anxiété n’a rien de nouveau pour certains d’entre nous, mais cette transition est nouvelle pour nous tous.

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Amber St. Louis

Louise Bradley, en discussion avec la ministre de la Santé Patty Hajdu

Le 20 mai, j’ai eu une discussion virtuelle franche et variée avec la ministre de la Santé du Canada, Patty Hajdu. Depuis le début de la pandémie de COVID-19, Mme Hajdu est devenue une figure familière partout au Canada, elle qui contribue fidèlement aux points de presse quotidiens visant à tenir la population informée des interventions de santé publique orchestrées par le gouvernement fédéral.

C’est donc presque à propos qu’un test d’alarme d’incendie ait été déclenché dans son immeuble au moment même où notre entretien commençait. S’excusant avec son humour pince-sans-rire, la ministre admet que le télétravail n’est finalement pas l’idylle que tout le monde imaginait.

Au son de la sirène qui retentit périodiquement, je me rappelle que depuis le 15 janvier, elle répond sans répit à une urgence nationale. J’avais envie de savoir comment elle traversait cette période, non seulement en sa qualité de politicienne, mais aussi comme individu.

Je commence par lui demander comment elle va. Sa réponse franche reflète une réalité à laquelle nous sommes nombreux à pouvoir nous identifier. « Honnêtement, ça varie de jour en jour. Et je crois qu’il est essentiel de normaliser les sentiments de peur, de frustration, de colère et d’anxiété. Ces sentiments ne se limitent d’ailleurs pas à la pandémie. Nous sommes susceptibles de les ressentir à peu près n’importe quand. Mais en ce moment, ils sont évidemment exacerbés. »

En effet, Mme Hajdu a non seulement travaillé auprès de populations vulnérables comme directrice d’un refuge de Thunder Bay, mais elle a aussi emprunté la route solitaire de la monoparentalité et sait que, lorsque vos propres ressources sont sur le point de s’épuiser, la moitié de la bataille pour accéder aux soins est juste de s’y rendre.

« J’avais l’habitude d’aller chercher mes enfants à l’école et d’interrompre mon propre travail pour recevoir le counseling dont notre famille avait besoin, explique-t-elle. Les soins virtuels permettent de franchir tellement d’obstacles. Ils sont aussi une excellente solution pour les personnes qui craignent pour leur confidentialité. Ayant vécu dans une collectivité rurale, je sais aussi combien il peut être difficile d’obtenir de l’aide professionnelle si ce n’est d’une personne croisée à l’aréna ou à l’école. »

« Nous faisons tous les efforts pour faire connaître ces soins aux gens, poursuit la ministre Hajdu. Lorsque j’entends parler de communautés qui unissent leurs moyens de financement afin de recueillir de l’argent pour obtenir des psychothérapies, j’aimerais que nous puissions en faire davantage pour informer les gens que nous avons mis tout un coffre d’outils à leur disposition. »

Mais la ministre ne tarde pas à signaler que les ressources additionnelles ne sont pas une panacée. « À mes yeux, la pandémie a révélé, en substance, ce que ceux d’entre nous qui se démènent dans le dédale de la santé mentale savent depuis très très longtemps. Si vous n’avez pas le confort de base d’un logement où vivre, si vous n’avez pas un emploi qui vous procure un sentiment de valorisation, si vous n’avez pas de liens au sein de votre communauté, tous ces outils ne feront pas disparaître vos problèmes. »

Fervente défenseure des plus vulnérables, Mme Hajdu s’est montrée visiblement affligée lorsque j’ai mentionné que le counseling pourrait être utile pour les personnes dont les besoins élémentaires ne sont pas comblés.

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« Je vais prendre le risque de vous dire quelque chose, répond-elle de la voix claire de celle qui a vu la dure réalité de l’itinérance. C’est presque contraire à l’éthique d’offrir du counseling à une femme qui a été violée dans un refuge où elle n’a pas d’autre choix que de rester. Il faut la sortir de cet environnement pour l’amener en lieu sûr. C’est seulement là qu’on pourra commencer à soigner son traumatisme. »

L’authenticité de Mme Hajdu est palpable, même par l’entremise de Zoom. Et je ne suis pas la seule à la ressentir. Lorsque je lui demande ce qui lui donne de l’espoir durant cette période difficile, elle n’hésite pas.

« Vous savez, je vis des jours difficiles, moi aussi. Des jours où je m’ennuie de mon mari et de mes enfants. Des jours où, comme tout le monde, j’ai un intense besoin de contacts humains, raconte-t-elle, expliquant que les exigences liées à son travail avaient bouleversé sa routine et qu’elle devait demeurer dans la capitale nationale pendant des semaines à la fois, alors que sa famille est établie à Thunder Bay. Jusqu’à ce que je reçoive un courriel de quelqu’un qui me remercie pour mon bon travail. » À ce moment, ses yeux s’illuminent, et je ne crois pas que ce soit causé par le reflet de l’écran.

« Lorsqu’une personne tend la main de cette façon, en dépit des épreuves qu’elle traverse, pour m’offrir des mots d’encouragement, je me rappelle que même si elle est peut-être moins spontanée ces temps-ci, la bonté est la vertu qui nous permettra de passer à travers cette crise. Nous nous sentons peut-être un peu éreintés et désespérés, mais cette connexion, l’esprit de communauté qui nous unit au Canada, ce sera notre salut. »

En parlant de communauté, Mme Hajdu mentionne un organisme de sa ville natale qui a converti son programme de jardinage pour jeunes à risque en un programme de préparation de dîners pour les enfants n’ayant plus accès aux repas fournis à l’école.

« Ils ne savaient pas s’ils recevraient du financement pour ce projet. Ils ont juste mobilisé des bénévoles et mis l’épaule à la roue pour combler un besoin. C’est inspirant. »

D’aucuns pourraient affirmer que Mme Hajdu a fait la même chose. « Je n’étais aucunement préparée à cela, reconnaît-elle. Nous apprenons au fur et à mesure. Mais je crois que nous réalisons des apprentissages très importants. Nous apprenons à innover plus rapidement. Nous apprenons à mieux collaborer avec d’autres administrations et sans partisanerie. Et nous apprenons que nous sommes peut-être tous beaucoup plus forts que nous le pensions. »

Je conclus en demandant à la ministre de décrire son expérience à la tête de ce qui est sans doute le portefeuille le plus important et le plus complexe du gouvernement…  en trois mots.

Elle marque une pause. Mais comme toujours, elle relève le défi. « Aujourd’hui, je dirais intensité, inspiration et optimisme. L’intensité est évidente, je crois. L’inspiration est ce qui nous rassemble. Et l’optimisme parce que je suis convaincue que nous sommes assez résilients pour émerger de cette crise non seulement transformés, mais meilleurs. »

L’alarme d’incendie continue de résonner lorsque nous mettons fin à notre conversation, un rappel que le travail de la ministre est loin d’être achevé.

Si vous êtes en état de détresse, communiquez avec le centre de crise ou le centre d’aide aux victimes d’agression sexuelle le plus près de chez vous. En cas d’urgence, appelez le 9-1-1 ou rendez-vous à votre service d’urgence local.

Auteur:

Louise Bradley

Renforcez vos capacités d’autocompassion pendant la crise de la COVID-19

La COVID-19 a mis notre monde sens dessus dessous comme un enfant qui agite une boule à neige, et il est difficile de garder nos repères alors que nous avons été catapultés hors de notre zone de confort en pleine tempête et sans savoir quand ceci prendra fin.

Nous abordons chaque journée dans un brouillard d’incertitude, et l’anxiété menace de détruire tous les plans que nous mettons au point pour tenter de nous acclimater à cette « nouvelle vie normale » imprévisible. Mon conseil immédiat pour chacun d’entre nous est de renoncer à nos anciennes attentes, de laisser derrière nous nos anciennes façons de penser et de faire, et de vivre le moment présent dans un esprit de compassion et de pardon.

L’une des leçons les plus difficiles que j’ai apprises, après plusieurs décennies d’essais et d’erreurs, c’est que nous devons d’abord faire preuve d’empathie envers nous-mêmes avant de pouvoir nous tourner vers les autres pour la partager. 

Cela paraît si simple à dire, mais le faire n’est pas si facile.

Je siège au conseil d’administration du refuge The Gathering Place, à St. John’s, T.-N.-L. Je suis régulièrement en contact avec ses dirigeants, et j’ai le cœur brisé en pensant aux défis auxquels ils doivent faire face. Ils s’occupent des plus vulnérables. Les sœurs au grand cœur et le personnel exceptionnellement dévoué qui assurent le bon fonctionnement de l’organisation ont peine à garder leurs portes ouvertes et à répondre aux besoins de personnes qui éprouvent des difficultés à se nourrir et à se loger, et dont plusieurs vivent avec de graves maladies mentales ou des dépendances.

De temps à autre, après une longue journée de travail et un important manque de contacts humains, je suis envahie par un sentiment de tristesse; je me retrouve submergée par un manque profond de la vie normale dont nous avons toutes et tous tant soif. Et puis une pensée finit par s’imposer à moi : Qui suis-je pour me plaindre tandis que tant de gens n’arrivent même pas à combler leurs besoins humains les plus primaires?

Mais il y a un problème avec cette façon de penser. Il n’est pas très avisé de nier ce que nous avons perdu et les défis auxquels nous faisons face simplement parce que quelqu’un d’autre vit une situation pire que la nôtre. Évidemment, il est utile de mettre les choses en perspective. Mais refuser de reconnaître nos propres blessures n’est pas altruiste.

C’est tout le contraire.

Avec ce que nous vivons présentement, hiérarchiser nos souffrances est bien la dernière chose à faire. Nous devons nous approprier notre tristesse et nous donner du temps et de l’espace pour ressentir les nombreuses pertes, grandes ou petites, que nous subissons chaque jour. Le fait que quelqu’un souffre plus que nous n’est pas d’un grand réconfort. Ironiquement, discréditer nos propres sentiments peut en fait endurcir nos cœurs face à la souffrance des autres.

Si vous vous sentez irritable, si vous n’arrivez pas à dormir ou à vous concentrer ou si vous ressentez une fatigue accablante, c’est que votre corps vous envoie un signal. Le deuil peut prendre des formes diverses. Et ne vous y méprenez pas, nous vivons tous une forme de deuil présentement, que nous le disions clairement ou non. 

Il est facile de se laisser aller à un dialogue intérieur négatif lorsque nous sommes brusques avec un proche, laissons la lessive s’accumuler ou n’arrivons pas à atteindre les normes post-COVID que nous nous étions fixées. Nous devons réaliser, accepter et composer avec le fait que l’énergie que nous voudrions utiliser pour faire les choses comme avant est monopolisée par nos cerveaux qui tentent de saisir une nouvelle réalité qui change à la vitesse de l’éclair. Si l’école à la maison est un échec, si souper revient à manger un simple sac de croustilles et si s’habiller rime avec porter son survêtement préféré, ainsi soit-il. Si la barre est plus haute chez vous… eh bien tant mieux pour vous, mais évitez de vous en vanter.

Nous devons nous rappeler qu’un deuil est un deuil, qu’une perte est une perte, et que la tristesse n’est rien d’autre que la tristesse. Notre empathie s’arrête là où nous nous la refusons à nous-mêmes.

Si vous souhaitez développer une nouvelle compétence pendant la pandémie de COVID-19, la meilleure que je puisse vous suggérer est l’autocompassion. Tirez profit de ce traumatisme mondial et servez-vous-en comme d’un outil pour émousser la lame de votre autocritique et pour faire taire la petite voix intérieure qui vous répète sans cesse que vous n’en faites pas assez. Voyez vos échecs perçus comme des tremplins vers le type de croissance personnelle qui ne se fait pas simplement en recommençant à pratiquer un passe-temps, mais qui s’atteint plutôt grâce à la difficile pratique de l’amour de soi : s’aimer non pas malgré ses imperfections, mais à cause de celles-ci.

Hier soir, je me suis donné le droit de pleurer toutes les personnes et toutes les choses qui me manquent. Je me suis assise avec ma tristesse et avec ma colère, et j’ai mis un nom sur toutes ces pertes que j’ai subies. Cela peut souvent ouvrir une porte sur nos blessures et nos traumatismes passés, et nous pouvons avoir l’impression que le monde entier pèse sur nos épaules. Mais ce que je trouve intéressant, et qui en dit long sur la résilience de l’esprit humain, a été confirmé par des chercheurs : souvent, si nous nous autorisons à ressentir pleinement les émotions qui nous habitent pendant 90 secondes, c’est suffisant pour rétablir notre équilibre.

Se sentir désolé pour soi-même est mal vu, à tort. Allez-y. Autorisez-vous à être désolés pour vous-mêmes. Cela pourrait bien être la chose la plus productive que vous aurez faite aujourd’hui.

Ce matin, à mon réveil, je me sentais rafraîchie, revigorée et prête à aider les autres.

En cette époque particulièrement troublée, faire preuve de bonté envers nous-mêmes et panser nos propres blessures avec tendresse est la meilleure façon d’ouvrir nos cœurs et nos esprits aux autres et de les aider à combler leurs besoins.

Auteur:

Louise Bradley

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