Si vous êtes en état de détresse, veuillez appeler ou texter le 988 n’importe quand. En cas d’urgence, appelez le 9-1-1 ou rendez-vous à votre service d’urgence local.

Petit guide hivernal de la CSMC pour soutenir le moral des travailleurs 

Au Canada, la plupart des gens connaissent trop bien les défis physiques liés au travail pendant l’hiver. De l’habillement à la conduite automobile, il va sans dire que nous devons modifier nos comportements pour nous protéger du froid. Malheureusement, nous accordons rarement le même degré de considération à notre bien-être mental.

Cet hiver, parce que le fardeau mental pourrait être particulièrement lourd en milieu de travail, les employeurs ont intérêt à s’outiller pour être en mesure de soutenir leurs employés et eux-mêmes. 

Une nouvelle ressource pour les employeurs
Le nouveau Petit guide pour faciliter la santé mentale des employés pendant l’hiver de la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC) offre aux employeurs une feuille de route vers le bien-être durant la saison froide.

« De nombreux dirigeants reconnaissent que cette période de l’année peut être pénible pour les employés. Mais les outils et les ressources existants ne sont pas légion, affirme Liz Horvath, gestionnaire de la Santé mentale en milieu de travail à la CSMC. Pour aider les employeurs à réduire le temps passé à chercher des solutions et à se concentrer sur leur mise en œuvre, nous avons compilé une foule de conseils et de ressources pratiques. »

Notre petit guide pose les bases des recommandations qu’il formule en expliquant les raisons les plus communes des changements d’humeur que nous vivons pendant les mois d’hiver. Pour certains, c’est le manque de lumière alors que d’autres délaissent leurs bonnes habitudes alimentaires ou l’activité physique. Quels que soient les facteurs en jeu, leur effet cumulatif peut faire en sorte que les employés aient plus de mal à se sentir concentrés, mobilisés et productifs, et ce, tant au travail qu’en dehors du travail.

La saison du froid et de la COVID
Cette année peut être particulièrement éprouvante pour les personnes dont l’humeur est généralement maussade en hiver. Certaines difficultés sont propres à la pandémie, comme la nostalgie de la vie pré-COVID, alors que d’autres sont des soucis familiers exacerbés par la situation.

« Les travailleurs pourraient être confrontés à l’isolement social, à des pressions financières ou à l’incertitude face à l’avenir, qui sont tous associés à des résultats plus faibles en santé mentale, explique Mme Horvath. Avant la pandémie, les problèmes de santé mentale représentaient environ 30 % des réclamations d’invalidité. Mais avec le fardeau de la COVID-19, il est d’autant plus crucial de placer le bien-être mental au cœur de la culture du milieu de travail. »              

Miser sur la flexibilité
Un thème principal qui revient dans les recommandations du guide a trait à la flexibilité, qui, comme le souligne Mme Horvath, doit être personnalisée pour réduire efficacement le stress. « Il est essentiel que les employeurs établissent avec chaque personne ce que la flexibilité signifie pour elle », poursuit-elle, ajoutant que même dans les domaines où les solutions sont plus limitées, les employeurs peuvent néanmoins prendre des mesures pour s’assurer que les employés ont suffisamment de temps pour se reposer et que des mesures de clémence leur soient offertes dans la mesure du possible.

Le guide contient plusieurs suggestions pour aider les employeurs à faire preuve de plus de flexibilité. Il recommande, par exemple, de permettre aux travailleurs de modifier leur horaire et de se concentrer sur les résultats pour établir les principales priorités, en laissant tomber certaines exigences supplémentaires lorsqu’ils ont besoin de répit. Quelle que soit la forme que prend cette flexibilité, elle doit favoriser l’équilibre chez les employés, ce qui permettra de réduire leur niveau de stress excessif.

« Si nous manquons d’énergie, nous ne pouvons pas offrir un rendement aussi élevé qu’à l’habitude », souligne Mme Horvath. « Des conditions de travail flexibles peuvent donner un sérieux coup de pouce aux employés qui cherchent à trouver un équilibre dans leur vie et à améliorer leur bien-être mental au travail et à la maison. »

Des conseils pour toutes les saisons
Même si le guide est conçu dans une optique hivernale, les recommandations et les ressources qu’il contient s’appliquent toute l’année. Les conseils pour aider les employeurs à communiquer avec empathie, à offrir le type de soutien requis et à élaborer des stratégies d’adaptation continueront de les servir longtemps après le dégel.

Et à Mme Horvath de renchérir : « En prenant dès aujourd’hui les dispositions pour créer des milieux de travail axés sur le soutien, les employeurs contribueront à forger une main-d’œuvre qui sera en meilleure santé et plus résiliente à l’avenir. »

Avec ces précieux conseils, il n’y a aucune raison pour que la santé mentale des travailleurs en prenne pour son rhume cet hiver.

Inconnu

La COVID fait ressortir la nécessité de nouvelles idées pour mieux servir la population canadienne

La Commission de la santé mentale du Canada (CSMC) cherche toujours à améliorer les outils et les ressources qu’elle crée pour soutenir les fournisseurs de soins de première ligne, les décideurs politiques et les prestataires des services de santé mentale. Ainsi, pour nous aider à poursuivre notre travail de soutien aux Canadiens, nous vous invitons à répondre à un court sondage.document icon

Vos commentaires sont particulièrement importants cette année, en raison de la pandémie qui nous a obligés à sortir de notre champ de compétences habituel. Alors que nous créons généralement des informations et des outils à l’appui du changement au niveau du système, le besoin soudain de renseignements crédibles et fiables sur la santé mentale a posé un nouveau défi inattendu.

Quand la COVID a frappé et que les gens ont commencé à s’isoler chez eux, nos abonnés des médias sociaux ont commencé à nous poser des questions, notamment sur les choix des sources d’information et leurs répercussions sur le bien-être mental, sur la façon d’écouter efficacement et avec compassion ou sur la manière de composer avec un cadre familial marqué par de la violence. 

En réponse à ces questions, avec le soutien de notre réseau d’experts riche et varié, notre tout nouveau Carrefour de ressources sur la COVID-19 s’est rapidement enrichi d’une gamme de fiches de conseils et autres ressources.

Le bulletin Le Vecteur est aussi devenu un moyen de partager des renseignements pratiques sur la santé mentale, avec des articles allant de la manière d’accroître sa résilience aux conseils d’experts sur la façon de soutenir le bien-être mental des aidants.

Notre objectif est d’offrir un contenu pertinent et réfléchi au plus grand nombre de personnes possible, d’insister sur l’importance des comportements de recherche d’aide et de rappeler aux gens qu’il existe de nombreuses façons d’accéder gratuitement à des mesures de soutien en santé mentale.

Parce que nous apprécions les conseils et le point de vue des intervenants locaux, qui constatent des lacunes et des besoins différents, nous aimerions beaucoup vous entendre. Nous vous remercions à l’avance de répondre à notre sondage.

La vraie empathie ne commence jamais par « au moins »

Cet hiver, nous serons nombreux à tenter de venir en aide à des amis et à des membres de notre famille à distance. 

Or, selon Cleo Edgington, bénévole chez Jeunesse, J’écoute et coordonnatrice des Programmes de prévention et de promotion de la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC), « il faut de la pratique pour le faire correctement. »

Même si nous ressentons naturellement de l’empathie, encore faut-il être en mesure de l’exprimer de façon efficace, surtout au téléphone ou par message texte.

« Pour dire les choses simplement, explique Julia Armstrong, bénévole chez Jeunesse, J’écoute (et ancienne conseillère psychologique) et gestionnaire intérimaire, Santé mentale et consommation de substances à la CSMC, l’empathie ne commence jamais par “au moins”. »

Mme Armstrong fait référence à cette habitude inconsciente que nous avons d’essayer de trouver une consolation. « Nous ne nous en rendons pas compte, mais il n’est d’aucune aide de dire “au moins tu as la santé” ou “au moins tu as un foyer” à un proche qui traverse une période difficile. Non seulement ces paroles n’apaisent pas les sentiments de la personne, mais en plus, elles lui font se sentir coupable. »

L’écoute active : qu’est-ce que c’est?

Lors d’une séance de discussion vidéo avec trois employés de la CSMC œuvrant pour des services de soutien par téléphone ou par messagerie texte, il est apparu clairement que l’écoute active est une compétence que nous devons tous améliorer. Et même si nous croyons déjà la pratiquer, il n’y a pas de honte à rafraîchir ses notions de base.

« L’écoute active va à l’encontre de notre intuition, explique Mme Edgington. Nous voulons aider la personne, alors nous nous demandons comment arranger la situation. Mais ce n’est pas notre rôle. Notre rôle est plutôt de prêter une oreille attentive pour aller à sa rencontre, de valider ses sentiments et d’être présents. C’est à elle de nous dire ce qu’elle est prête à faire. »

Mme Armstrong abonde dans le même sens. « Nous ne pouvons pas porter la responsabilité pour les problèmes des autres. Cela les priverait de la confiance qu’ils gagneraient à trouver eux-mêmes des solutions. En plus, ces solutions sont propres à chacun. Il faut de l’humilité pour comprendre qu’on peut cheminer aux côtés d’une personne sans la diriger. »

La bonne façon de partager

Il y a bien des façons de soutenir les gens qui nous entourent. L’une des plus importantes, que les trois travailleurs des services d’aide téléphonique ont soulignée tout au long de la discussion, est de se retirer de l’équation.

« Il peut être tentant de dire “j’ai vécu cela moi aussi” ou “je sais comment tu te sens” ou même de faire référence à une histoire personnelle, comme “quand j’ai perdu mon animal de compagnie…”, illustre Mme Armstrong. L’intention de créer un lien avec l’autre et de réaffirmer l’expérience humaine commune est bonne. Mais en braquant les projecteurs sur nous-même, nous diminuons la douleur qui nous est dévoilée à ce moment. Au lieu de cela, si nous modifions notre démarche tout en conservant la même intention, l’effet produit sera complètement différent. » 

Mme Edgington offre quelques exemples à l’appui : « Dites simplement “ça doit être tellement difficile” ou “je peux comprendre combien cette situation est épouvantable”. »

Et soyez précis, ajoute Mme Armstrong. « Nommez les émotions, afin que la personne puisse vous corriger si vous avez tort. Si vous lui dites “c’est tout à fait naturel de se sentir déprimé”, la personne pourrait vous répondre “je ne suis pas triste, je suis fâchée!”, ce qui vous indiquerait que vous devez réorienter la conversation. »

Se retirer de l’équation

Que vous discutiez au téléphone avec votre grand-mère ou par messagerie texte avec votre neveu, le but de l’écoute active est de présenter un miroir à votre interlocuteur afin qu’il puisse voir sa situation plus clairement.

« Lorsque vous écoutez un proche, poursuit Mme Edgington, il y a une deuxième raison pour laquelle il faut éviter de rapporter son histoire à votre propre expérience : cela sous-entendrait que vous avez tous deux accès aux mêmes ressources, aux mêmes outils, que vous suivez la même trajectoire. Or, ce n’est pas nécessairement le cas. »

Mmes Armstrong et Edgington nous mettent aussi en garde contre les préjudices causés par la positivité toxique. « Dire à une personne que tout ira bien n’est pas une panacée. En fait, cela peut causer plus de mal que de bien. Parfois, nous avons traversé une épreuve et nous souhaitons faire comprendre à la personne qu’elle aussi saura surmonter ses obstacles, mais vos encouragements ne lui rendent pas nécessairement service. Ils pourraient même les faire se sentir plus mal encore », explique Mme Edgington.

Le cadeau de l’écoute

Pour Ryan Murphy, gestionnaire des Programmes de prévention et de promotion de la CSMC et bénévole aux Services aux victimes d’Ottawa et chez Jeunesse, J’écoute, la satisfaction que lui procure l’aide apportée aux autres jaillit d’une source plus profonde que la simple écoute des autres.

« Oui, on valide les sentiments de la personne. Oui, on crée un espace sécuritaire exempt de jugement. Mais surtout, on rappelle aux gens leurs propres compétences en résolution de problèmes. On réaffirme leur ingéniosité et on leur fait prendre conscience de leur propre valeur, ce qui est peut-être le plus important. Ça n’a rien d’une activité passive. »

M. Murphy a pu mettre ces notions en pratique lorsqu’il s’est retrouvé à texter avec une fillette le jour de son 10e anniversaire.

Gagné par l’émotion, il se rappelle le message qu’il a reçu d’elle comme si c’était hier. « Elle a écrit pour dire que sa fête était passée complètement inaperçue. Elle avait l’impression de n’avoir aucun ami et sa famille n’avait souligné l’événement d’aucune façon. »

Alors ils ont « célébré » ensemble, raconte-t-il. Ce qui a été vraiment une célébration, c’est que M. Murphy a pu réaffirmer à cette enfant perdue et seule qu’elle était méritante. « Je lui ai fait savoir que je l’entendais, que j’étais avec elle et qu’elle est un être humain digne de reconnaissance. »

Mme Armstrong, émue par ce récit, s’est adressée à M. Murphy : « Réfléchissez à cela un instant. C’est un cadeau merveilleux que vous lui avez fait. Elle a eu la chance inouïe que son message se soit retrouvé entre vos mains. En dépit de tout ce qui allait mal, elle repensera à cette journée en sachant que quelqu’un – une personne tout à fait spéciale et empathique – se souciait d’elle. »

Entrée en scène de la COVID

Si tous les trois affirment que leur engagement bénévole les nourrit profondément, ils admettent également que la pandémie érode la capacité de chacun à donner, incluant les personnes vers qui nous nous tournons lorsque nous avons besoin de soutien.

« Je me sens complètement revigoré après ces échanges, souligne M. Murphy, mais je n’ai pas l’endurance nécessaire pour faire autant de séances qu’avant la COVID-19. »

Mme Armstrong comprend ce sentiment. « Même si nous retirons une immense satisfaction de notre travail, nous devons connaître nos limites et nous donner la permission de respecter celles-ci. »

Ce conseil s’applique aussi à la vie privée.

« Lorsqu’on vient en aide aux autres, on doit éviter de négliger sa propre santé et son bien-être. Il est important d’écouter les autres, mais aussi de s’écouter soi-même », conclut M. Murphy.

Pour découvrir comment donner de son temps pour des personnes ayant besoin d’aide, visitez le site de Jeunesse, J’écoute.

La CSMC soutient une gamme de ressources de prévention et de postvention en matière de suicide

La manière de réfléchir au suicide, d’en parler et de le prévenir au Canada a énormément évolué au cours des dernières années. En grande partie, cette transition s’explique par l’amélioration des pratiques journalistiques, que l’on attribue largement à un guide rédigé par et pour des journalistes canadiens, En-Tête : Reportage et santé mentale.

« Depuis son lancement en 2014, En-Tête est la meilleure ressource du genre au Canada, affirme Louise Bradley, présidente et directrice générale de la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC). Sans aucun doute, les médias jouent un rôle déterminant dans la sensibilisation du public et la formation de l’opinion publique au sujet de la maladie mentale, un fait qui met en relief l’importance de pratiques de reportage responsables et éclairées. »

Mise à jour d’une importante ressource pour les médias

Vers la fin de l’année dernière, le Forum du journalisme canadien sur la violence et le traumatisme, avec le soutien de la CSMC et de CBC News, a dévoilé la troisième édition d’En-Tête. Entre autres ajouts de taille, le chapitre sur la couverture médiatique du suicide a été considérablement étoffé afin d’aider les journalistes à explorer le sujet plus en profondeur sans causer de préjudices injustifiés.

« Ces dernières années, nous avons assisté à l’émergence d’un journalisme de fond incisif, entreprenant et primé qui a énormément approfondi la discussion sur le suicide, au grand profit du public, soutient Cliff Lonsdale, qui a dirigé l’équipe éditoriale responsable du contenu du guide. Mais les journalistes affectés à ce travail ne disposaient souvent que de peu d’indications pertinentes sur la démarche éthique à suivre dans la rédaction de leurs articles. »

Le chapitre refondu contient des recommandations aidant les journalistes à aller au-delà des incidents individuels et à fouiller les causes, à chercher à savoir quelles sont les populations courant un plus haut risque,  quelles sont les lacunes dans les politiques et quels sont les facteurs de protection, tout en insistant sur l’importance du contexte et du jugement indépendant.The Working Mind Logo

Le pouvoir du langage

Le guide rappelle aussi le pouvoir des médias à façonner le lexique public en employant un langage non stigmatisant. Par exemple, les journalistes (tout comme le reste de la population) devraient opter pour la formulation « décéder par suicide » plutôt que « se suicider », qui pose un jugement de valeur sur le geste et sous-entend une faute morale ou judiciaire. 

« Parler de maladie mentale dans toute sa richesse et avec tous les défis qu’elle comporte ne doit pas entraîner de la stigmatisation, signale André Picard, chroniqueur au Globe and Mail, dans l’avant-propos du guide. C’est plutôt une occasion rare de susciter un véritable changement social en même temps qu’une chance en or d’améliorer la pratique du journalisme. »

Pour approfondir les notions couvertes dans le guide et accéder aux ressources qu’il contient, notamment les études de cas et les vidéos, visitez le site Web d’En-Tête.

Ressources de la CSMC pour les personnes touchées par un suicide

Si une couverture médiatique judicieuse peut générer un changement radical dans notre perception collective, les personnes touchées directement par un suicide ont besoin de ressources spécialisées. De concert avec ses partenaires, la CSMC a préparé deux trousses d’outils offrant une aide concrète et plus personnalisée.

La première s’adresse aux personnes touchées par une tentative de suicide et la deuxième aux personnes endeuillées par suicide. Les deux trousses contiennent des stratégies d’adaptation et de soutien, des outils de planification de crise, des conseils sur la façon de témoigner et des messages d’espoir.

À l’échelon de l’école ou de la communauté, il n’est pas évident de déterminer la démarche à suivre après un décès par suicide (ce qu’on appelle la postvention). Le webinaire sur le Programme de postvention : Être prêt à agir à la suite d’un suicide a été conçu pour aider les communautés à se préparer et à réagir durant cette période difficile.

En plus d’offrir ses trousses d’outils et ses webinaires, la CSMC a fièrement contribué à l’élaboration d’une série de fiches d’information sur le suicide en lien avec l’intimidationla prévention des blessuresles soins tenant compte des traumatismesles personnes âgéesles minorités sexuelles et les personnes transgenres. Ces documents contiennent de l’information générale, des statistiques, des conseils pratiques et des ressources additionnelles.

Voyez la liste complète de ressources de la CSMC sur la page consacrée à la prévention du suicide.

Pour Mme Bradley, nous avons tous un rôle à jouer dans la prévention du suicide : « Mieux nous éclairerons les coins les plus sombres de la stigmatisation, que ce soit grâce à la couverture médiatique ou à la sensibilisation du public, plus nous sauverons de vies. »

Redonner à la communauté ou recevoir à son tour

Bien qu’il ne possède aucun remède miracle pour la déprime du temps des Fêtes, Keith Dobson a une prescription pour nous remonter le moral : gérer nos attentes.

« Les vacances qui arrivent ne ressembleront à rien de ce que nous connaissions avant, donc nous devons ajuster notre vision de la période des Fêtes pour qu’elle se rapproche de la réalité, a déclaré M. Dobson lors d’un entretien téléphonique. Mais la plus grande inquiétude – et de loin – et le facteur de risque le plus accru sur le plan de la détresse mentale, c’est la solitude. »

Malheureusement, il n’a possiblement jamais été plus difficile de combattre l’isolement social. « La technologie nous est présentée comme un excellent moyen de contrer la solitude et même comme une véritable bouée de sauvetage pour certains. Mais je connais plusieurs personnes âgées, par exemple, qui n’ont aucune affinité avec FaceTime et Zoom et qui n’ont aucune envie de s’en servir. Nous devons enjamber ce profond fossé, que ce soit en écrivant des lettres ou en faisant les appels téléphoniques dont beaucoup de gens ont tant besoin. »

M. Dobson recommande souvent le bénévolat et l’engagement communautaire pour rompre l’isolement social, mais même à ce chapitre, la donne a considérablement changé cette année.

« Avec les événements caritatifs qui migrent en grand nombre vers un format virtuel, le volontariat ne procure pas le même degré d’interactions sociales, poursuit-il. En plus, certaines personnes peuvent se sentir dépassées à la seule idée d’être appelées à donner, tellement elles sont exténuées par le quotidien. »

M. Dobson explique que les psychologues s’entendent généralement sur trois grands facteurs influençant le risque de vivre une maladie mentale : les facteurs biologiques, génétiques et sociaux. Même si les facteurs biologiques et génétiques demeurent stables, les défis d’ordre social, en particulier les difficultés provoquées par la pandémie, ont fait pencher la balance vers un risque accru d’avoir des problèmes de santé mentale.

« Cela signifie que pour bien des gens en difficulté, la solution ne passera probablement pas par la prescription de médicaments ou de traitements (comme une thérapie cognitivo-comportementale) pour enrayer les schémas de pensées négatives. On cherchera plutôt à modifier les comportements. »

M. Dobson a donné plusieurs exemples d’interventions de ce type. Pour les personnes perfectionnistes et hypermotivées, la gestion du marathon de la pandémie pourrait nécessiter de renoncer à certaines obligations pouvant générer un stress accru. 

« Dire non est parfois la clé, même aux petites tâches que nous prenons habituellement plaisir à accomplir. Si vous adorez concocter des petits plats pour les Fêtes, mais que la seule perspective d’enfiler votre tablier vous accable, vous pourriez choisir d’encourager une boulangerie de votre quartier si votre portefeuille le permet. Si vous avez l’habitude d’organiser les rassemblements avec vos proches, mais que l’idée de célébrer Noël sur Zoom vous donne envie de vous cacher sous les draps, expliquez poliment que vous n’êtes pas la bonne personne pour accomplir cette mission cette année. »

À l’inverse, poursuit M. Dobson, il pourrait être efficace pour les personnes qui ont du mal à se motiver de se fixer de petits objectifs pour se remettre sur pied. « De petites habitudes, comme de se lever à la même heure tous les jours et de faire son lit, peuvent donner le ton pour une journée plus productive. »

Le conseil de M. Dobson pour cette période des Fêtes est simple. « Prenez le contrôle des choses que vous pouvez contrôler, et lâchez prise sur le reste. »

Il souligne que cette année, demander de l’aide pourrait apporter un certain soulagement. « Si vous êtes propriétaire d’une petite entreprise qui a toujours redonné à sa communauté, mais que vous avez du mal à joindre les deux bouts cette année, il n’y a pas de honte, absolument aucune honte, à recevoir au lieu de donner, pour une fois. »

Bien des gens, ajoute M. Dobson, approchent un point de bascule de la pandémie. « L’anxiété est une émotion orientée vers l’avenir. Nous craignons les événements à venir. Cela provoque une sécrétion de cortisol, qui peut susciter une réaction de combat, de fuite ou de gel. À l’inverse, la dépression relève plutôt d’un deuil à la suite d’une perte. Dans cet état, nous pouvons nous sentir fatigués ou chercher à combler le vide par des activités malsaines, comme de manger ou de boire avec excès. »

Avec la pandémie qui tire en longueur et notre migration collective d’un état d’anxiété vers un état dépressif, M. Dobson insiste sur l’importance de surveiller notre propre bien-être et d’évaluer notre santé au moyen d’outils comme le modèle du continuum en santé mentale.

Enfin, si le temps des Fêtes devient trop accablant, il peut être salutaire de chercher de l’aide auprès d’un professionnel.

« La solution qui fonctionne pour une personne en ce moment peut être à l’opposé de ce dont son voisin a besoin. Heureusement, des portails comme l’Espace Mieux-être Canada donnent aux gens la possibilité de recevoir gratuitement des conseils personnalisés de thérapeutes qualifiés. »

Le deuil, conclut M. Dobson, est une émotion difficile à gérer, particulièrement durant la période des Fêtes. Et nous avons tous un deuil à faire, qu’il soit petit ou grand. « Actuellement, le meilleur mécanisme d’adaptation dont nous disposons pour surmonter ce deuil est de faire preuve de bienveillance pour nos proches (et pour nous-même!). »


Keith Dobson est professeur de psychologie clinique à l’Université de Calgary et conseiller principal à la Commission de la santé mentale du Canada.

L’initiative Enraciner l’espoir connaît du succès dans la péninsule de Burin

En 2018, la péninsule de Burin, à Terre-Neuve-et-Labrador, est devenue la première de huit communautés à adhérer au projet Enraciner l’espoir de la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC), une initiative de prévention du suicide misant sur une démarche adaptée au contexte local.

Sous la direction de chefs de file extraordinaires en matière de bien-être partout à Terre-Neuve-et-Labrador, il est incroyablement stimulant de travailler à la promotion de la vie, explique Gioia Montevecchi, conseillère à la division de la santé mentale et de la lutte contre les dépendances de la province et coprésidente du groupe de travail provincial sur la promotion de la vie et la prévention du suicide. Le partenariat avec les communautés est au cœur du futur plan de promotion de la vie et de prévention du suicide et sous-tend l’ensemble du travail réalisé pour transformer le système de santé mentale et de lutte contre les dépendances à Terre-Neuve-et-Labrador. Notre province est dotée d’un capital social remarquable et de vastes réseaux de personnes cherchant à promouvoir des initiatives personnalisées de prévention du suicide. »

Après les trois premières années du projet pilote quinquennal, la péninsule de Burin a déjà accompli de grandes avancées. « J’ai constaté un changement important dans notre communauté, affirme Denika Ward, coordonnatrice du projet Enraciner l’espoir pour la région. Auparavant, lorsque je disais aux gens que je travaillais en prévention du suicide, j’étais accueillie par un mur de silence et des regards vides. Aujourd’hui, davantage de gens comprennent la valeur de notre travail et souhaitent eux aussi mettre l’épaule à la roue. »

Toutes les initiatives communautaires s’appuient sur les cinq piliers d’Enraciner l’espoir, qui portent autant sur la sensibilisation de la population que sur la réduction de l’accès à des situations potentiellement dangereuses (sécurité à l’égard des moyens de suicide). Dans la péninsule de Burin, la sensibilisation du public, qui joue un rôle central dans les efforts déployés jusqu’à maintenant, porte ses fruits.

Mme Ward a dirigé l’élaboration d’une présentation communautaire sur la sensibilisation au suicide, qui couvre des sujets comme les signes avant-coureurs, la stigmatisation, l’amorce d’une conversation et de l’information au sujet de ressources locales et provinciales.

En réponse à une forte participation à l’événement et à une demande croissante de la communauté, les membres du projet ont adapté la présentation pour des publics de premiers intervenants et de jeunes (suite aux demandes qu’ils continuent de recevoir). Une version en ligne de la présentation originale sera bientôt disponible sur le site de BridgethegApp, le répertoire des ressources en santé mentale de Terre-Neuve-et-Labrador. 

En plus des efforts continus de sensibilisation du public, la péninsule de Burin a un autre secteur prioritaire dans sa mire : la santé mentale des hommes. Sachant que les hommes représentent les trois quarts des décès par suicide enregistrés au Canada, ce choix s’explique facilement.

Illustratrice : Kati Oliver

Heureusement, la communauté n’a pas à chercher bien loin pour obtenir des conseils. Une communauté Enraciner l’espoir d’Edmonton a fait de la prévention du suicide chez les hommes un domaine d’action prioritaire et formé un sous-comité consacré aux résultats des hommes en matière de santé mentale.

Ce groupe s’efforce notamment d’élargir l’accès aux services de psychoéducation, de créer davantage de groupes de soutien pour les hommes vivant avec la dépression et l’anxiété, de réclamer et d’obtenir du financement pour de nouveaux programmes et de prendre part aux initiatives communautaires existantes afin d’enrichir les approches de prévention ciblant les personnes à risque de suicide.

« Le partage des connaissances entre les communautés est au cœur du succès du modèle Enraciner l’espoir, soutient Uyen Ta, gestionnaire de programme de l’équipe de Prévention et  promotion de la CSMC travaillant en étroite collaboration avec la communauté de la péninsule de Burin. Cette méthode collaborative permet aux communautés participantes d’apprendre des réussites des unes et des autres et de surmonter les obstacles rencontrés en chemin. »

Mme Montevecchi abonde dans le même sens. « Les communautés sont des expertes en ce qui concerne les difficultés auxquelles elles font face ainsi que les atouts dont elles disposent pour les résoudre. En exploitant les connaissances et l’expérience de diverses populations tout en fournissant une aide significative pour les efforts dirigés par les communautés, nous pouvons créer un vaste mouvement d’initiatives percutantes.

Cela dit, les communautés ont rencontré un obstacle qu’elles ne pouvaient pas prévoir : la COVID-19. Pour aider ces collectivités et d’autres à mieux composer avec cette nouvelle réalité, la CSMC a récemment préparé le document de politique La COVID-19 et le suicide, qui explore les répercussions potentielles de la pandémie sur la santé mentale et les taux de suicide au Canada. Il propose également des réflexions sur les facteurs de risque et de protection à surveiller ainsi que des occasions d’influencer ces tendances. Bien que largement adressé aux responsables des orientations politiques et au personnel du système de santé, le message fondamental de ce document s’applique à tous : même en temps de pandémie, le suicide est évitable.

Pour Mme Ward, la conclusion est simple. « La prévention du suicide concerne tout le monde. Vous n’avez pas besoin de compétences techniques ou d’une formation professionnelle pour intervenir. Nous pouvons tous contribuer à sauver une vie. »

Auteur:

Combler les lacunes dans les connaissances sur la consommation de cannabis et la santé mentale

« Nous sommes tous des experts de notre plein droit, déclare Krista Benes, directrice de l’équipe de santé mentale et consommation de substances de la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC). Et c’est la prémisse même de la recherche communautaire. »

En un mot, elle explique que trop souvent, les expériences vécues par les groupes sous-desservis – c’est-à-dire les personnes désavantagées sur le plan socioéconomique – sont négligées dans la recherche universitaire conventionnelle. « Mais comment saurons-nous pourquoi les jeunes de la communauté 2SLGBTQ+ vivant avec des maladies mentales consomment du cannabis, par exemple, si nous ne les faisons pas participer à notre projet de recherche? »

Afin de mieux comprendre les effets du cannabis sur ces groupes marginalisés, la CSMC financera 14 projets de recherche partout au pays à hauteur de 1,4 million de dollars sur deux ans. Six de ces projets sont dirigés par des Autochtones, d’autres touchent les populations d’immigrants, de réfugiés et les groupes ethnoculturels et racialisés subissant plusieurs formes d’oppression.

« Nous avons constaté des lacunes flagrantes dans les connaissances entourant la relation entre le cannabis et la santé mentale dans les groupes qui sont les mieux placés pour diriger leur propre exploration, souligne Mme Benes, en expliquant les trois principes de la recherche communautaire.

Premièrement, ce sont les représentants de la communauté étudiée qui dirigent le projet; autrement dit, ils définissent eux-mêmes la question qu’ils veulent explorer. Les membres participent ensuite à toutes les phases de la recherche. Enfin, ils deviennent partie intégrante du changement social positif qui se produit sous l’impulsion de leurs conclusions.

« Si nous croyons que la recherche communautaire commence et se termine avec les individus, alors nos investissements reflèteront nos paroles, déclare Louise Bradley, présidente et directrice générale de la CSMC. La recherche n’a plus pour unique but la publication dans une revue évaluée par les pairs. Elle met aussi fortement l’accent sur les améliorations pratiques qu’elle peut entraîner.  La recherche appliquée nous permet de cette façon de nous associer aux communautés afin de les aider à améliorer leur sort. »

Par exemple, une équipe de projet travaille actuellement à une série de vidéos visant à sensibiliser les gens aux préjudices causés par la stigmatisation. Dirigés par une équipe du collectif RADAR (Recovery Advocacy Documentary Action Research), les participants créeront et diffuseront des vidéos au sujet du cannabis et de la maladie mentale.

« On n’a pas affaire à un scientifique vêtu d’un sarrau blanc qui nous demande d’éviter les jugements », explique Rob Whitley, chercheur principal du RADAR. Les vidéos mettront en vedette des acteurs qui ont une connaissance directe du sujet et seront réalisées et produites par ces mêmes personnes.. « Dans le cas présent, la sensibilisation du public est un effet secondaire qui se produit lorsqu’on donne l’occasion aux vidéastes de s’émanciper, de se rétablir et d’accroître leur résilience. »

Mme Benes est absolument impatiente de découvrir les conclusions des différents projets : « J’aurais aimé que nous n’ayons pas à limiter le nombre de recherches à 14. L’intérêt extraordinaire que nous avons suscité et le calibre des applications témoignent de la nécessité de ce genre de recherche. Il reste tant de voies à explorer en ce qui concerne le cannabis et la santé mentale, particulièrement dans les groupes mal desservis. »

Les projets comprendront certaines des premières études sur la consommation de cannabis et la santé mentale dans les communautés métisses et les premières recherches du genre dirigées par des Autochtones.

« Ce qui rend cette initiative aussi emballante, c’est la perspective d’approfondir nos connaissances et de combler des lacunes, conclut Mme Benes. La beauté de la recherche communautaire réside dans le fait que notre objectif, quel que soit le projet, est de susciter un net changement social positif. »

C’est là un résultat que la CSMC est fière d’appuyer.

La présidente et directrice générale de la CSMC, Louise Bradley, réfléchit à la force de la résilience

La COVID-19 nous met à rude épreuve, cela ne fait aucun doute.

La protection de notre santé physique ne se fait pas sans coût pour notre bien-être mental. Pour les êtres sociaux que nous sommes, l’isolement est éprouvant. Pour une espèce qui aime prévoir, l’incertitude est épuisante. Pour des créatures d’habitudes, il est difficile de s’adapter à des routines bouleversées. À cela s’ajoutent la pression financière, l’école à la maison et la peur de contracter le virus : pas étonnant qu’une tempête émotionnelle se prépare.

Une humeur déprimée et des sentiments d’anxiété, de colère et de frustration sont des réactions parfaitement naturelles à un contexte totalement inhabituel et anormal. Il est important de valider ces sentiments et de déterminer leur provenance. De la même façon que nous sommes éprouvés par la tristesse et le deuil après un décès, nous vivons actuellement une forme de deuil, qu’il soit petit ou grand.

Personne ne peut prédire l’avenir, mais les leçons apprises de catastrophes et d’épidémies passées nous indiquent que les pertes et les stress cumulatifs provoqueront des problèmes de santé mentale chez certaines personnes. Nous devons éviter de faire la sourde oreille à des symptômes persistants qui perturbent notre sommeil, nuisent sérieusement à notre productivité ou entraînent des abus de substances. Les services de santé mentale, déjà poussés à la limite, auront besoin d’une injection de fonds et d’innovations pour répondre à la demande croissante.

Mais dans ce contexte difficile, il est plus important que jamais de soigneusement faire la distinction entre les drapeaux rouges qui signalent une maladie mentale et le malaise général que bon nombre d’entre nous ressentent. Il faut éviter de confondre une réaction émotionnelle raisonnable devant la restriction de notre liberté et de notre vie sociale avec un diagnostic.

Plus important encore, il faut éviter de supposer que nous sommes impuissants dans cette situation.

Comme êtres humains, nous sommes dotés de la capacité de non seulement surmonter les obstacles, mais aussi d’en tirer des apprentissages. C’est de la résilience qu’il est ici question. Et la résilience peut être nourrie par les personnes et par les communautés.

Au même titre que nous renforçons nos muscles en nous alimentant sainement, en faisant régulièrement de l’exercice et en dormant suffisamment, nous pouvons raffermir et aiguiser notre résilience. Une marche quotidienne, une conversation téléphonique avec un ami, la pratique de la gratitude et la tenue d’un journal intime sont autant de moyens de gérer nos émotions. Ces petits gestes posés pour garder un certain contrôle sur notre situation peuvent faire des miracles pour notre moral. Des choses simples, comme par exemple faire son lit, préparer une miche de pain, peuvent aussi amplifier notre sentiment de contrôle et stimuler notre sentiment d’utilité.

Notre façon d’envisager les défis soulevés par la COVID-19 peut aider à prédire la façon dont nous émergerons de la crise mondiale. Si nous croyons qu’il est possible de sortir grandi de cette épreuve, que celle-ci peut nous servir une leçon de compassion et approfondir nos relations, alors nous pourrons trouver un sens à notre souffrance. Survivre à un calvaire ne nous rendra pas plus résilients.

Mais tirer parti de nos apprentissages pour mieux faire face au prochain coup dur, oui.

Toutefois, si la COVID-19 a préparé le terreau où nous pourrons cultiver notre résilience, elle a également exposé des lacunes et des gouffres très réels qui menacent les plus vulnérables d’entre nous. L’autoprise en charge de la santé n’est pas une panacée lorsque les écoles sont fermées, que les services de soins de longue durée sont ravagés par les cas d’infection et que les mises à pied se multiplient.

Pratiquer la résilience au milieu d’une situation traumatisante est comme reconstruire un édifice au milieu des décombres. Nous devons avoir accès à certaines assises fondamentales, comme un logement sécuritaire et abordable, un salaire décent, un soutien fort de notre communauté et la protection contre le racisme et d’autres formes de discrimination, en plus de services de santé mentale recevant un financement solide. Ce sont les sources desquelles la résilience peut jaillir.

Nous avons l’occasion de nous unir, comme société, afin de créer de meilleurs filets de sécurité et de mettre au point des politiques innovatrices plus équitables et inclusives.

Les mois de confinement ont eu un effet sur nous tous. Mais si nous sommes en mesure de voir cette expérience de vie comme une occasion de redéfinir nos priorités, de recentrer nos énergies et de recadrer notre vision du monde, nous pourrions émerger non seulement comme des personnes plus résilientes, mais également comme une société plus juste et résiliente.

La COVID-19 nous met à rude épreuve, mais avec de la résilience, nous pouvons en rebondir.

Auteur:

La formation L’esprit au travail passe en mode virtuel

S’il y a eu un moment où la formation en gestion de crise a été primordiale, c’est bien au début de la pandémie de COVID-19. C’est une raison pour laquelle la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC) a saisi l’occasion pour offrir des formations virtuelles à plus de 5 139 travailleurs essentiels qui ont suivi plus de 574 cours entre avril et octobre.

La CSMC a depuis élargi son offre de formations virtuelles pour y inclure une version mise à jour de l’un de ses cours les plus populaires, L’esprit au travail (EAT). 

« L’EAT virtuel combine des éléments de la version originale de l’EAT et une formation virtuelle en gestion de crise pour créer un cours complet », explique Pauline Meunier, spécialiste de la formation et de la prestation pour le programme Changer les mentalités de la CSMC. « C’est le meilleur des deux mondes. »

Ce programme fondé sur des données probantes a été conçu pour engendrer un changement dans la façon dont les employés et les dirigeants considèrent la santé mentale et dans ce qu’ils ressentent sur ce sujet en faisant tomber les obstacles aux soins, en réduisant la stigmatisation et en renforçant la résilience personnelle. Chaque module de formation inclut des études de cas, des vidéos mettant en vedette des personnes qui ont vécu ou qui vivent la maladie mentale, des guides de référence et de la documentation pratique.

« La plupart des adultes passent les deux tiers de leur temps d’éveil au travail », affirme Louise Bradley, présidente-directrice générale de la CSMC. « Maintenant que plusieurs milieux de travail doivent fonctionner à distance, je serais portée à croire que ces heures s’étirent davantage. C’est assurément ce que je vis moi-même. Il est donc plus important que jamais que les employeurs aient accès aux outils appropriés pour soutenir leurs travailleurs, particulièrement si l’on tient compte du fait que la détresse mentale peut être plus difficile à détecter lorsque les gens ne travaillent pas tous au même endroit. »

L’un des outils les plus populaires pour aider les employeurs à garder un œil sur la santé mentale de leurs employés est le modèle du continuum de la santé mentale, qui décrit une gamme de pensées, d’attitudes et de comportements associés à divers états de santé mentale, de « sain » à « en état de réaction », et de « blessé » à « malade ». 

Pour John Horne, vice-président , Sécurité, santé et Environnement chez Nutrien, il s’agit d’un outil des plus précieux. « Le continuum de la santé mentale fournit une approche accessible et un langage commun pour parler de santé mentale au sein de l’organisation. L’accent mis dans l’EAT sur l’importance pour les employés et les dirigeants de se concentrer sur des mesures qui peuvent être prises tôt dans le continuum garantit que nous puissions être proactifs pour fournir à nos employés le soutien nécessaire à leur bien-être mental. » 

À titre d’ancienne chef paramédic, Mme Meunier sait bien à quel point il est primordial de prioriser la santé mentale en milieu de travail. « On ne sait jamais qui éprouve des difficultés. Bien des employés font passer leur travail en premier à leur propre détriment », explique-t-elle. « Si vous n’investissez pas dans la santé mentale de vos employés et que vous ne leur offrez pas le soutien approprié, vous en paierez les frais plus tard, que ce soit en termes de perte de productivité ou d’incapacité à progresser au travail. »

The Working Mind LogoL’EAT virtuel offre un cours d’une durée de cinq heures aux employés et un cours d’une durée de sept heures aux gestionnaires. Bien que les deux formations traitent des mêmes sujets (autoévaluation, stress, stigmatisation et résilience), le cours destiné aux gestionnaires met l’accent sur le rôle que les dirigeants ont à jouer pour soutenir leur personnel. Les gestionnaires apprennent des techniques pour aider les employés qui éprouvent des difficultés, notamment concernant la manière de discuter du suicide.

Enbridge, après avoir organisé une formation EAT pour les gestionnaires de ses principaux bureaux avant le début de la pandémie, est l’une des nombreuses organisations qui ont reconnu la valeur de cet ensemble de compétences. « Chez Enbridge, la sécurité est au cœur de tout ce que nous faisons », affirme la spécialiste des ressources humaines Lisa McCarney, « et cela inclut la santé et la sécurité psychologiques de nos employés. Nous sommes maintenant passés à la formation virtuelle, ce qui nous permet de rejoindre nos gestionnaires, peu importe où ils travaillent, que ce soit dans nos bureaux principaux, à leur domicile ou dans nos bureaux plus petits et éloignés. » 

Tout comme le programme EAT traditionnel, l’EAT virtuel est fondé sur des données scientifiques et est soumis à des procédures de mesure des résultats. Les formateurs doivent également respecter des normes strictes et suivre des formations exhaustives pour non seulement dispenser la formation de manière efficace, mais aussi pour créer l’environnement sécuritaire nécessaire pour favoriser des conversations ouvertes sur la santé mentale.

« Ce qui fait la force de l’EAT virtuel, c’est le grand souci pour les participants qui le caractérise », affirme Charles Boyer, gestionnaire du développement des affaires pour les programmes Changer les mentalités et Premiers soins en santé mentale de la CSMC. « Tout au long de chaque cours, les animateurs portent une attention particulière à s’assurer que tout va bien pour chaque participant et ouvrent des salles de repos virtuelles chaque fois que cela s’avère nécessaire. Nous tenons à ce que les participants se sentent en sécurité, à l’aise et mobilisés. »

Le message de Mme Meunier aux employeurs qui pensent à offrir cette formation est simple. « Il est crucial d’investir dans la santé mentale et le bien-être de vos employés pour que l’ensemble de votre organisation fonctionne bien. Ce que vous investissez aujourd’hui vous reviendra au centuple demain. »

Auteur: