Si vous êtes en état de détresse, veuillez appeler ou texter le 988 n’importe quand. En cas d’urgence, appelez le 9-1-1 ou rendez-vous à votre service d’urgence local.

Pour les aidants naturels, il est crucial de trouver un équilibre

Pour bien des gens, la période des Fêtes est l’occasion de donner. Nous sommes nombreux à consacrer notre temps et notre attention aux personnes qui nous sont chères et à celles qui ont besoin d’aide. Par contre, pour les soignants non rémunérés et les aidants naturels, donner est un geste de bonté qui se perpétue au-delà des réjouissances de fin d’année. Et cette année, pendant que le reste de la population se prépare à des Fêtes plus modestes dans l’ombre de la COVID-19, ces aidants doivent trouver un équilibre entre les soins qu’ils prodiguent à leurs proches et ceux qu’ils réservent pour leur propre bien-être.

« Nous savons que bien des aidants naturels vivent des niveaux accrus de stress et d’anxiété, affirme Louise Bradley, présidente et directrice générale de la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC). Avec la pandémie qui a bouleversé nos routines et éclipsé nos plans, il est plus important que jamais pour les aidants de s’assurer que leurs techniques fonctionnent et d’éviter de négliger leur propre santé mentale. » 

Denise Waligora, spécialiste des formations de Premiers soins en santé mentale (PSSM) de la CSMC, connaît trop bien cet exercice d’équilibre. « Mes deux parents souffraient déjà de graves problèmes de santé physique quand mon père a reçu son diagnostic d’Alzheimer l’an dernier, explique-t-elle. J’ai la chance de pouvoir travailler à distance tout en prenant soin d’eux, mais j’ai toujours eu du mal à prendre du temps pour moi-même. »

L’un des principaux défis est d’apprendre à fixer des limites. « Un soir, ma mère a commencé à énumérer tout ce qu’elle voulait que nous fassions après le souper. J’ai finalement dû m’affirmer. Je lui ai rappelé qu’après tous les rendez-vous et obligations qui remplissent mes journées, j’ai besoin d’un peu de répit le soir venu. Comme proches aidants, nous devons reconnaître à quel moment la charge devient trop lourde et apprendre qu’il est acceptable de dire “non, pas maintenant”. »

Pour Mme Waligora, les moments de répit sont une importante forme d’autosoins. « Même si la pause est de courte durée, poursuit-elle, prenez le temps dont vous disposez et ne vous sentez pas coupable de le faire. Nous avons tous besoin de temps pour recharger nos batteries. »

Même si tous les types d’aidants font face à des défis semblables, les aidants de personnes âgées savent qu’il peut être plus difficile de soutenir la santé mentale de leurs proches que de répondre à leurs besoins physiques. Heureusement pour Mme Waligora, le fait d’animer le cours de PSSM Aînés l’a aidée à combler le fossé générationnel.

« Je crois que personne n’avait jamais dit à mes parents que leurs sentiments sont légitimes, explique-t-elle. Ce cours m’a enseigné l’importance de valider leurs craintes. Il m’a également permis de raffermir mes compétences en communication et d’engager avec mes parents des discussions qui n’auraient pas eu lieu auparavant. » 

Pour aider ses pairs à surmonter cette barrière de communication, Mme Waligora a mis son expérience au service de la CSMC pour la préparation de sa fiche d’information Prendre soin des adultes plus âgés pendant la pandémie de COVID-19, qui contient des conseils pratiques pour soutenir la santé mentale de proches âgés.

De plus, la communication joue un rôle tout aussi déterminant pour les aidants eux-mêmes. Le temps consacré à nos proches peut entraîner l’isolement, particulièrement durant une pandémie mondiale où les rassemblements ont pratiquement disparu. Mais comme le souligne Mme Waligora, le maintien des liens sociaux a une valeur inestimable pour les proches aidants. « N’ayez jamais peur de faire appel à votre réseau de soutien, conseille-t-elle. Vous n’avez pas à toujours jouer le rôle de la personne “forte”. Vous avez le droit de demander de l’aide. »

Mme Bradley abonde dans le même sens. « Les proches aidants ont tendance à reléguer leur propre bien-être mental au dernier rang, dit-elle. Mais il est impossible de donner si notre propre réservoir est vide. Prendre soin de vous-même, de quelque façon que ce soit, fera de vous un aidant en meilleure santé et plus efficace. »

Pour apprendre à prendre votre propre santé en main, lisez le document Premiers soins en santé mentale COVID-19 – Guide de prise en charge de sa santé mentale pour bâtir sa résilience. « S’occuper d’un proche est un travail noble et précieux, conclut Mme Bradley. Mais prendre soin de soi-même n’a pas de prix. »

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Amber St. Louis

Redonner à la communauté ou recevoir à son tour

Bien qu’il ne possède aucun remède miracle pour la déprime du temps des Fêtes, Keith Dobson a une prescription pour nous remonter le moral : gérer nos attentes.

« Les vacances qui arrivent ne ressembleront à rien de ce que nous connaissions avant, donc nous devons ajuster notre vision de la période des Fêtes pour qu’elle se rapproche de la réalité, a déclaré M. Dobson lors d’un entretien téléphonique. Mais la plus grande inquiétude – et de loin – et le facteur de risque le plus accru sur le plan de la détresse mentale, c’est la solitude. »

Malheureusement, il n’a possiblement jamais été plus difficile de combattre l’isolement social. « La technologie nous est présentée comme un excellent moyen de contrer la solitude et même comme une véritable bouée de sauvetage pour certains. Mais je connais plusieurs personnes âgées, par exemple, qui n’ont aucune affinité avec FaceTime et Zoom et qui n’ont aucune envie de s’en servir. Nous devons enjamber ce profond fossé, que ce soit en écrivant des lettres ou en faisant les appels téléphoniques dont beaucoup de gens ont tant besoin. »

M. Dobson recommande souvent le bénévolat et l’engagement communautaire pour rompre l’isolement social, mais même à ce chapitre, la donne a considérablement changé cette année.

« Avec les événements caritatifs qui migrent en grand nombre vers un format virtuel, le volontariat ne procure pas le même degré d’interactions sociales, poursuit-il. En plus, certaines personnes peuvent se sentir dépassées à la seule idée d’être appelées à donner, tellement elles sont exténuées par le quotidien. »

M. Dobson explique que les psychologues s’entendent généralement sur trois grands facteurs influençant le risque de vivre une maladie mentale : les facteurs biologiques, génétiques et sociaux. Même si les facteurs biologiques et génétiques demeurent stables, les défis d’ordre social, en particulier les difficultés provoquées par la pandémie, ont fait pencher la balance vers un risque accru d’avoir des problèmes de santé mentale.

« Cela signifie que pour bien des gens en difficulté, la solution ne passera probablement pas par la prescription de médicaments ou de traitements (comme une thérapie cognitivo-comportementale) pour enrayer les schémas de pensées négatives. On cherchera plutôt à modifier les comportements. »

M. Dobson a donné plusieurs exemples d’interventions de ce type. Pour les personnes perfectionnistes et hypermotivées, la gestion du marathon de la pandémie pourrait nécessiter de renoncer à certaines obligations pouvant générer un stress accru. 

« Dire non est parfois la clé, même aux petites tâches que nous prenons habituellement plaisir à accomplir. Si vous adorez concocter des petits plats pour les Fêtes, mais que la seule perspective d’enfiler votre tablier vous accable, vous pourriez choisir d’encourager une boulangerie de votre quartier si votre portefeuille le permet. Si vous avez l’habitude d’organiser les rassemblements avec vos proches, mais que l’idée de célébrer Noël sur Zoom vous donne envie de vous cacher sous les draps, expliquez poliment que vous n’êtes pas la bonne personne pour accomplir cette mission cette année. »

À l’inverse, poursuit M. Dobson, il pourrait être efficace pour les personnes qui ont du mal à se motiver de se fixer de petits objectifs pour se remettre sur pied. « De petites habitudes, comme de se lever à la même heure tous les jours et de faire son lit, peuvent donner le ton pour une journée plus productive. »

Le conseil de M. Dobson pour cette période des Fêtes est simple. « Prenez le contrôle des choses que vous pouvez contrôler, et lâchez prise sur le reste. »

Il souligne que cette année, demander de l’aide pourrait apporter un certain soulagement. « Si vous êtes propriétaire d’une petite entreprise qui a toujours redonné à sa communauté, mais que vous avez du mal à joindre les deux bouts cette année, il n’y a pas de honte, absolument aucune honte, à recevoir au lieu de donner, pour une fois. »

Bien des gens, ajoute M. Dobson, approchent un point de bascule de la pandémie. « L’anxiété est une émotion orientée vers l’avenir. Nous craignons les événements à venir. Cela provoque une sécrétion de cortisol, qui peut susciter une réaction de combat, de fuite ou de gel. À l’inverse, la dépression relève plutôt d’un deuil à la suite d’une perte. Dans cet état, nous pouvons nous sentir fatigués ou chercher à combler le vide par des activités malsaines, comme de manger ou de boire avec excès. »

Avec la pandémie qui tire en longueur et notre migration collective d’un état d’anxiété vers un état dépressif, M. Dobson insiste sur l’importance de surveiller notre propre bien-être et d’évaluer notre santé au moyen d’outils comme le modèle du continuum en santé mentale.

Enfin, si le temps des Fêtes devient trop accablant, il peut être salutaire de chercher de l’aide auprès d’un professionnel.

« La solution qui fonctionne pour une personne en ce moment peut être à l’opposé de ce dont son voisin a besoin. Heureusement, des portails comme l’Espace Mieux-être Canada donnent aux gens la possibilité de recevoir gratuitement des conseils personnalisés de thérapeutes qualifiés. »

Le deuil, conclut M. Dobson, est une émotion difficile à gérer, particulièrement durant la période des Fêtes. Et nous avons tous un deuil à faire, qu’il soit petit ou grand. « Actuellement, le meilleur mécanisme d’adaptation dont nous disposons pour surmonter ce deuil est de faire preuve de bienveillance pour nos proches (et pour nous-même!). »


Keith Dobson est professeur de psychologie clinique à l’Université de Calgary et conseiller principal à la Commission de la santé mentale du Canada.

Suzanne Westover

Une écrivaine d’Ottawa, ancienne rédactrice de discours et gestionnaire des communications à la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC). Casanière, toujours le nez dans un livre, elle prépare un excellent pain au citron (certains diraient qu’elle fait des merveilles en un seul mets) et aime regarder des films avec son époux et sa fille de 11 ans. Le temps que Suzanne a passé à la CSMC a renforcé son intérêt envers la santé mentale, et elle continue d’apprendre toute sa vie sur le sujet.

L’initiative Enraciner l’espoir connaît du succès dans la péninsule de Burin

En 2018, la péninsule de Burin, à Terre-Neuve-et-Labrador, est devenue la première de huit communautés à adhérer au projet Enraciner l’espoir de la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC), une initiative de prévention du suicide misant sur une démarche adaptée au contexte local.

Sous la direction de chefs de file extraordinaires en matière de bien-être partout à Terre-Neuve-et-Labrador, il est incroyablement stimulant de travailler à la promotion de la vie, explique Gioia Montevecchi, conseillère à la division de la santé mentale et de la lutte contre les dépendances de la province et coprésidente du groupe de travail provincial sur la promotion de la vie et la prévention du suicide. Le partenariat avec les communautés est au cœur du futur plan de promotion de la vie et de prévention du suicide et sous-tend l’ensemble du travail réalisé pour transformer le système de santé mentale et de lutte contre les dépendances à Terre-Neuve-et-Labrador. Notre province est dotée d’un capital social remarquable et de vastes réseaux de personnes cherchant à promouvoir des initiatives personnalisées de prévention du suicide. »

Après les trois premières années du projet pilote quinquennal, la péninsule de Burin a déjà accompli de grandes avancées. « J’ai constaté un changement important dans notre communauté, affirme Denika Ward, coordonnatrice du projet Enraciner l’espoir pour la région. Auparavant, lorsque je disais aux gens que je travaillais en prévention du suicide, j’étais accueillie par un mur de silence et des regards vides. Aujourd’hui, davantage de gens comprennent la valeur de notre travail et souhaitent eux aussi mettre l’épaule à la roue. »

Toutes les initiatives communautaires s’appuient sur les cinq piliers d’Enraciner l’espoir, qui portent autant sur la sensibilisation de la population que sur la réduction de l’accès à des situations potentiellement dangereuses (sécurité à l’égard des moyens de suicide). Dans la péninsule de Burin, la sensibilisation du public, qui joue un rôle central dans les efforts déployés jusqu’à maintenant, porte ses fruits.

Mme Ward a dirigé l’élaboration d’une présentation communautaire sur la sensibilisation au suicide, qui couvre des sujets comme les signes avant-coureurs, la stigmatisation, l’amorce d’une conversation et de l’information au sujet de ressources locales et provinciales.

En réponse à une forte participation à l’événement et à une demande croissante de la communauté, les membres du projet ont adapté la présentation pour des publics de premiers intervenants et de jeunes (suite aux demandes qu’ils continuent de recevoir). Une version en ligne de la présentation originale sera bientôt disponible sur le site de BridgethegApp, le répertoire des ressources en santé mentale de Terre-Neuve-et-Labrador. 

En plus des efforts continus de sensibilisation du public, la péninsule de Burin a un autre secteur prioritaire dans sa mire : la santé mentale des hommes. Sachant que les hommes représentent les trois quarts des décès par suicide enregistrés au Canada, ce choix s’explique facilement.

Illustratrice : Kati Oliver

Heureusement, la communauté n’a pas à chercher bien loin pour obtenir des conseils. Une communauté Enraciner l’espoir d’Edmonton a fait de la prévention du suicide chez les hommes un domaine d’action prioritaire et formé un sous-comité consacré aux résultats des hommes en matière de santé mentale.

Ce groupe s’efforce notamment d’élargir l’accès aux services de psychoéducation, de créer davantage de groupes de soutien pour les hommes vivant avec la dépression et l’anxiété, de réclamer et d’obtenir du financement pour de nouveaux programmes et de prendre part aux initiatives communautaires existantes afin d’enrichir les approches de prévention ciblant les personnes à risque de suicide.

« Le partage des connaissances entre les communautés est au cœur du succès du modèle Enraciner l’espoir, soutient Uyen Ta, gestionnaire de programme de l’équipe de Prévention et  promotion de la CSMC travaillant en étroite collaboration avec la communauté de la péninsule de Burin. Cette méthode collaborative permet aux communautés participantes d’apprendre des réussites des unes et des autres et de surmonter les obstacles rencontrés en chemin. »

Mme Montevecchi abonde dans le même sens. « Les communautés sont des expertes en ce qui concerne les difficultés auxquelles elles font face ainsi que les atouts dont elles disposent pour les résoudre. En exploitant les connaissances et l’expérience de diverses populations tout en fournissant une aide significative pour les efforts dirigés par les communautés, nous pouvons créer un vaste mouvement d’initiatives percutantes.

Cela dit, les communautés ont rencontré un obstacle qu’elles ne pouvaient pas prévoir : la COVID-19. Pour aider ces collectivités et d’autres à mieux composer avec cette nouvelle réalité, la CSMC a récemment préparé le document de politique La COVID-19 et le suicide, qui explore les répercussions potentielles de la pandémie sur la santé mentale et les taux de suicide au Canada. Il propose également des réflexions sur les facteurs de risque et de protection à surveiller ainsi que des occasions d’influencer ces tendances. Bien que largement adressé aux responsables des orientations politiques et au personnel du système de santé, le message fondamental de ce document s’applique à tous : même en temps de pandémie, le suicide est évitable.

Pour Mme Ward, la conclusion est simple. « La prévention du suicide concerne tout le monde. Vous n’avez pas besoin de compétences techniques ou d’une formation professionnelle pour intervenir. Nous pouvons tous contribuer à sauver une vie. »

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Amber St. Louis

Combler les lacunes dans les connaissances sur la consommation de cannabis et la santé mentale

« Nous sommes tous des experts de notre plein droit, déclare Krista Benes, directrice de l’équipe de santé mentale et consommation de substances de la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC). Et c’est la prémisse même de la recherche communautaire. »

En un mot, elle explique que trop souvent, les expériences vécues par les groupes sous-desservis – c’est-à-dire les personnes désavantagées sur le plan socioéconomique – sont négligées dans la recherche universitaire conventionnelle. « Mais comment saurons-nous pourquoi les jeunes de la communauté 2SLGBTQ+ vivant avec des maladies mentales consomment du cannabis, par exemple, si nous ne les faisons pas participer à notre projet de recherche? »

Afin de mieux comprendre les effets du cannabis sur ces groupes marginalisés, la CSMC financera 14 projets de recherche partout au pays à hauteur de 1,4 million de dollars sur deux ans. Six de ces projets sont dirigés par des Autochtones, d’autres touchent les populations d’immigrants, de réfugiés et les groupes ethnoculturels et racialisés subissant plusieurs formes d’oppression.

« Nous avons constaté des lacunes flagrantes dans les connaissances entourant la relation entre le cannabis et la santé mentale dans les groupes qui sont les mieux placés pour diriger leur propre exploration, souligne Mme Benes, en expliquant les trois principes de la recherche communautaire.

Premièrement, ce sont les représentants de la communauté étudiée qui dirigent le projet; autrement dit, ils définissent eux-mêmes la question qu’ils veulent explorer. Les membres participent ensuite à toutes les phases de la recherche. Enfin, ils deviennent partie intégrante du changement social positif qui se produit sous l’impulsion de leurs conclusions.

« Si nous croyons que la recherche communautaire commence et se termine avec les individus, alors nos investissements reflèteront nos paroles, déclare Louise Bradley, présidente et directrice générale de la CSMC. La recherche n’a plus pour unique but la publication dans une revue évaluée par les pairs. Elle met aussi fortement l’accent sur les améliorations pratiques qu’elle peut entraîner.  La recherche appliquée nous permet de cette façon de nous associer aux communautés afin de les aider à améliorer leur sort. »

Par exemple, une équipe de projet travaille actuellement à une série de vidéos visant à sensibiliser les gens aux préjudices causés par la stigmatisation. Dirigés par une équipe du collectif RADAR (Recovery Advocacy Documentary Action Research), les participants créeront et diffuseront des vidéos au sujet du cannabis et de la maladie mentale.

« On n’a pas affaire à un scientifique vêtu d’un sarrau blanc qui nous demande d’éviter les jugements », explique Rob Whitley, chercheur principal du RADAR. Les vidéos mettront en vedette des acteurs qui ont une connaissance directe du sujet et seront réalisées et produites par ces mêmes personnes.. « Dans le cas présent, la sensibilisation du public est un effet secondaire qui se produit lorsqu’on donne l’occasion aux vidéastes de s’émanciper, de se rétablir et d’accroître leur résilience. »

Mme Benes est absolument impatiente de découvrir les conclusions des différents projets : « J’aurais aimé que nous n’ayons pas à limiter le nombre de recherches à 14. L’intérêt extraordinaire que nous avons suscité et le calibre des applications témoignent de la nécessité de ce genre de recherche. Il reste tant de voies à explorer en ce qui concerne le cannabis et la santé mentale, particulièrement dans les groupes mal desservis. »

Les projets comprendront certaines des premières études sur la consommation de cannabis et la santé mentale dans les communautés métisses et les premières recherches du genre dirigées par des Autochtones.

« Ce qui rend cette initiative aussi emballante, c’est la perspective d’approfondir nos connaissances et de combler des lacunes, conclut Mme Benes. La beauté de la recherche communautaire réside dans le fait que notre objectif, quel que soit le projet, est de susciter un net changement social positif. »

C’est là un résultat que la CSMC est fière d’appuyer.

Suzanne Westover

Une écrivaine d’Ottawa, ancienne rédactrice de discours et gestionnaire des communications à la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC). Casanière, toujours le nez dans un livre, elle prépare un excellent pain au citron (certains diraient qu’elle fait des merveilles en un seul mets) et aime regarder des films avec son époux et sa fille de 11 ans. Le temps que Suzanne a passé à la CSMC a renforcé son intérêt envers la santé mentale, et elle continue d’apprendre toute sa vie sur le sujet.

La présidente et directrice générale de la CSMC, Louise Bradley, réfléchit à la force de la résilience

La COVID-19 nous met à rude épreuve, cela ne fait aucun doute.

La protection de notre santé physique ne se fait pas sans coût pour notre bien-être mental. Pour les êtres sociaux que nous sommes, l’isolement est éprouvant. Pour une espèce qui aime prévoir, l’incertitude est épuisante. Pour des créatures d’habitudes, il est difficile de s’adapter à des routines bouleversées. À cela s’ajoutent la pression financière, l’école à la maison et la peur de contracter le virus : pas étonnant qu’une tempête émotionnelle se prépare.

Une humeur déprimée et des sentiments d’anxiété, de colère et de frustration sont des réactions parfaitement naturelles à un contexte totalement inhabituel et anormal. Il est important de valider ces sentiments et de déterminer leur provenance. De la même façon que nous sommes éprouvés par la tristesse et le deuil après un décès, nous vivons actuellement une forme de deuil, qu’il soit petit ou grand.

Personne ne peut prédire l’avenir, mais les leçons apprises de catastrophes et d’épidémies passées nous indiquent que les pertes et les stress cumulatifs provoqueront des problèmes de santé mentale chez certaines personnes. Nous devons éviter de faire la sourde oreille à des symptômes persistants qui perturbent notre sommeil, nuisent sérieusement à notre productivité ou entraînent des abus de substances. Les services de santé mentale, déjà poussés à la limite, auront besoin d’une injection de fonds et d’innovations pour répondre à la demande croissante.

Mais dans ce contexte difficile, il est plus important que jamais de soigneusement faire la distinction entre les drapeaux rouges qui signalent une maladie mentale et le malaise général que bon nombre d’entre nous ressentent. Il faut éviter de confondre une réaction émotionnelle raisonnable devant la restriction de notre liberté et de notre vie sociale avec un diagnostic.

Plus important encore, il faut éviter de supposer que nous sommes impuissants dans cette situation.

Comme êtres humains, nous sommes dotés de la capacité de non seulement surmonter les obstacles, mais aussi d’en tirer des apprentissages. C’est de la résilience qu’il est ici question. Et la résilience peut être nourrie par les personnes et par les communautés.

Au même titre que nous renforçons nos muscles en nous alimentant sainement, en faisant régulièrement de l’exercice et en dormant suffisamment, nous pouvons raffermir et aiguiser notre résilience. Une marche quotidienne, une conversation téléphonique avec un ami, la pratique de la gratitude et la tenue d’un journal intime sont autant de moyens de gérer nos émotions. Ces petits gestes posés pour garder un certain contrôle sur notre situation peuvent faire des miracles pour notre moral. Des choses simples, comme par exemple faire son lit, préparer une miche de pain, peuvent aussi amplifier notre sentiment de contrôle et stimuler notre sentiment d’utilité.

Notre façon d’envisager les défis soulevés par la COVID-19 peut aider à prédire la façon dont nous émergerons de la crise mondiale. Si nous croyons qu’il est possible de sortir grandi de cette épreuve, que celle-ci peut nous servir une leçon de compassion et approfondir nos relations, alors nous pourrons trouver un sens à notre souffrance. Survivre à un calvaire ne nous rendra pas plus résilients.

Mais tirer parti de nos apprentissages pour mieux faire face au prochain coup dur, oui.

Toutefois, si la COVID-19 a préparé le terreau où nous pourrons cultiver notre résilience, elle a également exposé des lacunes et des gouffres très réels qui menacent les plus vulnérables d’entre nous. L’autoprise en charge de la santé n’est pas une panacée lorsque les écoles sont fermées, que les services de soins de longue durée sont ravagés par les cas d’infection et que les mises à pied se multiplient.

Pratiquer la résilience au milieu d’une situation traumatisante est comme reconstruire un édifice au milieu des décombres. Nous devons avoir accès à certaines assises fondamentales, comme un logement sécuritaire et abordable, un salaire décent, un soutien fort de notre communauté et la protection contre le racisme et d’autres formes de discrimination, en plus de services de santé mentale recevant un financement solide. Ce sont les sources desquelles la résilience peut jaillir.

Nous avons l’occasion de nous unir, comme société, afin de créer de meilleurs filets de sécurité et de mettre au point des politiques innovatrices plus équitables et inclusives.

Les mois de confinement ont eu un effet sur nous tous. Mais si nous sommes en mesure de voir cette expérience de vie comme une occasion de redéfinir nos priorités, de recentrer nos énergies et de recadrer notre vision du monde, nous pourrions émerger non seulement comme des personnes plus résilientes, mais également comme une société plus juste et résiliente.

La COVID-19 nous met à rude épreuve, mais avec de la résilience, nous pouvons en rebondir.

Auteur:

Louise Bradley

La formation L’esprit au travail passe en mode virtuel

S’il y a eu un moment où la formation en gestion de crise a été primordiale, c’est bien au début de la pandémie de COVID-19. C’est une raison pour laquelle la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC) a saisi l’occasion pour offrir des formations virtuelles à plus de 5 139 travailleurs essentiels qui ont suivi plus de 574 cours entre avril et octobre.

La CSMC a depuis élargi son offre de formations virtuelles pour y inclure une version mise à jour de l’un de ses cours les plus populaires, L’esprit au travail (EAT). 

« L’EAT virtuel combine des éléments de la version originale de l’EAT et une formation virtuelle en gestion de crise pour créer un cours complet », explique Pauline Meunier, spécialiste de la formation et de la prestation pour le programme Changer les mentalités de la CSMC. « C’est le meilleur des deux mondes. »

Ce programme fondé sur des données probantes a été conçu pour engendrer un changement dans la façon dont les employés et les dirigeants considèrent la santé mentale et dans ce qu’ils ressentent sur ce sujet en faisant tomber les obstacles aux soins, en réduisant la stigmatisation et en renforçant la résilience personnelle. Chaque module de formation inclut des études de cas, des vidéos mettant en vedette des personnes qui ont vécu ou qui vivent la maladie mentale, des guides de référence et de la documentation pratique.

« La plupart des adultes passent les deux tiers de leur temps d’éveil au travail », affirme Louise Bradley, présidente-directrice générale de la CSMC. « Maintenant que plusieurs milieux de travail doivent fonctionner à distance, je serais portée à croire que ces heures s’étirent davantage. C’est assurément ce que je vis moi-même. Il est donc plus important que jamais que les employeurs aient accès aux outils appropriés pour soutenir leurs travailleurs, particulièrement si l’on tient compte du fait que la détresse mentale peut être plus difficile à détecter lorsque les gens ne travaillent pas tous au même endroit. »

L’un des outils les plus populaires pour aider les employeurs à garder un œil sur la santé mentale de leurs employés est le modèle du continuum de la santé mentale, qui décrit une gamme de pensées, d’attitudes et de comportements associés à divers états de santé mentale, de « sain » à « en état de réaction », et de « blessé » à « malade ». 

Pour John Horne, vice-président , Sécurité, santé et Environnement chez Nutrien, il s’agit d’un outil des plus précieux. « Le continuum de la santé mentale fournit une approche accessible et un langage commun pour parler de santé mentale au sein de l’organisation. L’accent mis dans l’EAT sur l’importance pour les employés et les dirigeants de se concentrer sur des mesures qui peuvent être prises tôt dans le continuum garantit que nous puissions être proactifs pour fournir à nos employés le soutien nécessaire à leur bien-être mental. » 

À titre d’ancienne chef paramédic, Mme Meunier sait bien à quel point il est primordial de prioriser la santé mentale en milieu de travail. « On ne sait jamais qui éprouve des difficultés. Bien des employés font passer leur travail en premier à leur propre détriment », explique-t-elle. « Si vous n’investissez pas dans la santé mentale de vos employés et que vous ne leur offrez pas le soutien approprié, vous en paierez les frais plus tard, que ce soit en termes de perte de productivité ou d’incapacité à progresser au travail. »

The Working Mind LogoL’EAT virtuel offre un cours d’une durée de cinq heures aux employés et un cours d’une durée de sept heures aux gestionnaires. Bien que les deux formations traitent des mêmes sujets (autoévaluation, stress, stigmatisation et résilience), le cours destiné aux gestionnaires met l’accent sur le rôle que les dirigeants ont à jouer pour soutenir leur personnel. Les gestionnaires apprennent des techniques pour aider les employés qui éprouvent des difficultés, notamment concernant la manière de discuter du suicide.

Enbridge, après avoir organisé une formation EAT pour les gestionnaires de ses principaux bureaux avant le début de la pandémie, est l’une des nombreuses organisations qui ont reconnu la valeur de cet ensemble de compétences. « Chez Enbridge, la sécurité est au cœur de tout ce que nous faisons », affirme la spécialiste des ressources humaines Lisa McCarney, « et cela inclut la santé et la sécurité psychologiques de nos employés. Nous sommes maintenant passés à la formation virtuelle, ce qui nous permet de rejoindre nos gestionnaires, peu importe où ils travaillent, que ce soit dans nos bureaux principaux, à leur domicile ou dans nos bureaux plus petits et éloignés. » 

Tout comme le programme EAT traditionnel, l’EAT virtuel est fondé sur des données scientifiques et est soumis à des procédures de mesure des résultats. Les formateurs doivent également respecter des normes strictes et suivre des formations exhaustives pour non seulement dispenser la formation de manière efficace, mais aussi pour créer l’environnement sécuritaire nécessaire pour favoriser des conversations ouvertes sur la santé mentale.

« Ce qui fait la force de l’EAT virtuel, c’est le grand souci pour les participants qui le caractérise », affirme Charles Boyer, gestionnaire du développement des affaires pour les programmes Changer les mentalités et Premiers soins en santé mentale de la CSMC. « Tout au long de chaque cours, les animateurs portent une attention particulière à s’assurer que tout va bien pour chaque participant et ouvrent des salles de repos virtuelles chaque fois que cela s’avère nécessaire. Nous tenons à ce que les participants se sentent en sécurité, à l’aise et mobilisés. »

Le message de Mme Meunier aux employeurs qui pensent à offrir cette formation est simple. « Il est crucial d’investir dans la santé mentale et le bien-être de vos employés pour que l’ensemble de votre organisation fonctionne bien. Ce que vous investissez aujourd’hui vous reviendra au centuple demain. »

Auteur:

Amber St. Louis

La nouvelle Norme nationale pour les étudiants vise à favoriser le bien-être mental dans les établissements postsecondaires

Fréquenter un collège ou une université peut s’avérer une période passionnante qui permet de croître, d’explorer et de devenir autonome, mais cela peut aussi comporter beaucoup de stress et de pression. Bien avant la pandémie, les résultats de l’étude intitulée « 2019 National College Health Assessment » avaient démontré que plus de la moitié des étudiants canadiens du postsecondaire se sentaient tellement déprimés qu’ils avaient de la difficulté à fonctionner et que près de 70 % d’entre eux vivaient une extrême anxiété.

Afin d’aider les établissements postsecondaires à favoriser l’obtention de résultats positifs en matière de santé mentale à l’intérieur et à l’extérieur du campus, la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC), en collaboration avec le Groupe CSA, a rédigé la Norme nationale du Canada sur la Santé mentale et le bien-être pour les étudiants du postsecondaire.

Cette nouvelle norme, première du genre dans le monde, s’avère un ensemble de lignes directrices élaborées en consultation avec diverses parties prenantes, dont des étudiants, des administrateurs, des fournisseurs de services et des personnes qui ont une expérience concrète de la maladie mentale. La Norme pour les étudiants a pour but de fournir un cadre cohérent et fondé sur des données probantes que les établissements d’enseignement peuvent utiliser pour améliorer les stratégies existantes qui visent à améliorer la santé mentale ou en élaborer de nouvelles.

« Même s’il est trop tôt pour comprendre tous les effets que la COVID-19 aura sur la santé mentale des étudiants, nous savons que la pandémie rend les choses un peu plus complexes », a déclaré Sandra Koppert, directrice, Promotion de la santé mentale. « La mise en œuvre de cette nouvelle norme offre aux établissements postsecondaires la chance de renforcer leur engagement à l’égard du bien-être mental des étudiants, que ce soit maintenant ou après la pandémie. »

Afin d’aider les établissements d’enseignement à se lancer, la CSMC a sorti une trousse de démarrage de la nouvelle norme qui comprend une variété des ressources, les prochaines étapes et les principaux éléments à prendre en considération pour mieux s’aligner au cadre.

« Étant donné la diversité de ces établissements, il ne peut y avoir une solution universelle, » a expliqué Louise Bradley, présidente-directrice générale de la CSMC, tout en soulignant que « ce cadre n’est pas si différent de celui de la Norme nationale sur la santé et la sécurité psychologiques en milieu de travail, laquelle devait fonctionner autant pour les petits commerçants que pour les institutions bancaires. Dans le cas des collèges et des universités, ce sont leur taille, leur situation géographique et leurs domaines de spécialisation, sans oublier leur vision et leurs valeurs, qui détermineront comment adapter leurs actions afin d’appliquer la norme. » 

Mme Koppert est d’accord pour dire que cette approche personnalisée est ce qui distingue la nouvelle norme. « Beaucoup d’écoles disposent déjà de très bonnes initiatives en matière d’amélioration de la santé mentale, mais les besoins des étudiants changent à l’instar des situations qu’ils vivent. Cette norme propose un cadre qui aide les établissements d’enseignement à adapter et à étendre leurs programmes afin de veiller à ce qu’ils soient aussi efficaces que possible. »

« Prenons l’exemple de la réalité de la COVID », a ajouté Mme Bradley. « Avec les cours maintenant offerts en ligne, les formateurs sont peut-être devenus le principal point de contact pour de nombreux étudiants. Il est donc plus important que jamais de leur fournir des outils qui peuvent les aider à reconnaître les signes de détresse mentale et à soutenir efficacement leurs étudiants. Pour cela, certains établissements peuvent choisir une formation en santé mentale pour le corps enseignant, laquelle s’harmonise directement avec les recommandations fondées sur des données probantes que l’on trouve dans cette norme. »

Pour Ed Mantler, vice-président, Programme et priorités, CSMC, « la Norme aide les établissements à constater que beaucoup d’aspects de leurs politiques peuvent être examinés du point de vue de la santé mentale. Des politiques d’hébergement aux efforts visant la diversité et l’inclusion, en passant par les subventions et les bourses, tout a une incidence sur la santé mentale et doit être perçu comme tel. »

Des recherches démontrent que les étudiants qui obtiennent le soutien en santé mentale dont ils ont besoin sont plus susceptibles de réussir leurs cours et d’obtenir leur diplôme.

Mais, comme le souligne Mme Bradley, les bienfaits qu’apporte le soutien de la santé mentale des étudiants vont bien au-delà de la simple courbe d’erreurs.

« Comprendre la santé et le bien-être mental, savoir quand et comment obtenir de l’aide, ainsi que comment en finir avec la stigmatisation sont des leçons qui permettront aux étudiants de bien se préparer pour le reste de leur vie. Pour moi, cela ne peut que mener à la réussite. »

Suzanne Westover

Une écrivaine d’Ottawa, ancienne rédactrice de discours et gestionnaire des communications à la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC). Casanière, toujours le nez dans un livre, elle prépare un excellent pain au citron (certains diraient qu’elle fait des merveilles en un seul mets) et aime regarder des films avec son époux et sa fille de 11 ans. Le temps que Suzanne a passé à la CSMC a renforcé son intérêt envers la santé mentale, et elle continue d’apprendre toute sa vie sur le sujet.

Donovan Taplin illustre bien la puissance du savoir expérientiel

Au printemps dernier, au plus fort de la pandémie, Donovan Taplin a appris que la Commission de la santé mentale du Canada cherchait un nouvel administrateur pour son conseil.

« Ça tombait à pic », dit Donovan Taplin. « J’avais accompli l’essentiel de mon travail à titre de vice-président du comité technique responsable de l’élaboration de la Norme sur la santé mentale et le bien-être des étudiants du postsecondaire, mais je sentais que ma contribution dans ce domaine ne faisait que commencer. »

Louise Bradley, présidente-directrice générale de la CSMC, ne pourrait être plus d’accord. « J’ai entendu Donovan faire une présentation pour la première fois lors de la conférence provinciale sur la santé mentale des jeunes de Terre-Neuve-et-Labrador, en 2015, et je m’en souviens très bien encore aujourd’hui. »

Mais lorsque Donovan se rappelle de cette première rencontre avec Louise Bradley, ce n’est pas la vue qu’il avait depuis le podium qui s’impose à son souvenir. « À cette époque, je n’avais parlé de mes problèmes de santé mentale qu’à un seul ami proche, et j’étais sur le point de monter sur scène et de partager ces difficultés avec des centaines d’inconnus. J’étais terrifié. Puis, une femme assise à côté de moi a pris ma main dans la sienne (elle voyait bien que je tremblais comme une feuille) et m’a chuchoté « Vous n’êtes pas obligé de faire ça. Si vous n’êtes pas prêt, je vais leur faire enlever cette présentation et ils trouveront un plan B. Je resterai juste ici, avec vous. »

Mme Bradley sourit à l’évocation de ce souvenir. « À mon avis, cela nous rappelle qu’alors qu’être gentil ne nous coûte pas un sou, le résultat de notre gentillesse peut être précieux; et c’est certainement le cas de la prise de parole de Donovan. »

Celui-ci affirme que ce que lui a dit Mme Bradley lui a donné la force de monter sur scène ce jour-là et que depuis ce jour, cela lui a fourni plusieurs occasions de partager un peu de la sagesse qu’il a acquise grâce à son expérience personnelle.

« J’ai grandi dans une communauté insulaire rurale à Terre-Neuve-et-Labrador (T.-N.-L.). Je n’avais aucun soutien clinique ou social, je n’avais même pas les mots pour dire à quel point je me sentais affaibli et dépassé lorsqu’il était question de ma santé mentale. Je savais aussi que j’étais queer, et que le fait de ressentir de l’insécurité et de ne pas me sentir accepté contribuait au mal-être qui m’habitait à cette époque. J’ai fini par me rendre à St. John’s en bateau pour aller à ma première séance de thérapie, même si je craignais qu’être queer soit une raison suffisante pour qu’ils refusent de me traiter. Je me trompais, heureusement, et c’est à ce moment-là que j’ai commencé à me rétablir. » 

Donovan marque une pause ici pour mettre l’accent sur le fait que la discrimination à laquelle sont confrontés les membres de la communauté 2sLGBTQ+ n’est pas du tout chose du passé.

« Après mon baccalauréat, il y a à peine quelques années, mon partenaire et moi avons déménagé à Toronto, une ville qui représentait tout ce qui me faisait tant envie : l’inclusivité, les valeurs progressistes, la richesse de la diversité. Et pourtant, la première expérience que j’ai vécue à Toronto a été de me faire refuser la location d’un logement, de manière explicite, simplement parce que j’étais dans un couple de même sexe.

Donovan est resté à Toronto depuis, et après avoir poursuivi des études supérieures, il travaille maintenant au Health and Wellness Centre de l’Université de Toronto; il ressent toutefois de temps à autre le poids du changement de rôles.

« D’un côté, j’étais l’une des voix étudiantes les plus fortes au sein du comité mis sur pied pour transformer le soutien offert aux étudiants postsecondaires dans les collèges et les universités. De l’autre, mon travail actuel auprès d’administrateurs me permet de réaliser l’ampleur des défis institutionnels que cela implique. Il faudra du temps pour les démystifier avant de pouvoir donner vie à la vision d’une communauté axée sur le bien-être qui est à la base de la Norme pour les étudiants du postsecondaire. »

Il explique que la Norme pour les étudiants du postsecondaire joue le rôle d’un pont, un moyen de réunir les étudiants et les administrateurs à la même table pour qu’ils créent ensemble des communautés d’enseignement supérieur au sein desquelles les étudiants ne sont pas laissés à eux-mêmes dans les dédales d’un système complexe.

Les efforts mis dans l’élaboration de la Norme nationale du Canada sur la santé mentale et le bien-être pour les étudiants du postsecondaire ont récemment été reconnus par le biais d’un Prix du jeune professionnel de Groupe CSA, qui a été décerné à Donovan Taplin pour son leadership compatissant et dévoué.

Donovan a commencé à développer les compétences en gouvernance nécessaires pour codiriger le comité technique sur la Norme pour les étudiants du postsecondaire à l’âge de 19 ans, lors de son élection comme conseiller municipal de Wabana, à Bell Island, T.-N.-L. À ce titre, il a contribué à donner vie à la toute première reconnaissance de la Semaine de sensibilisation aux maladies mentales et du Mois de la Fierté dans cette communauté. Depuis, la capacité de Donovan à apporter des changements positifs lui a notamment permis de siéger au Premier’s Youth Advisory Committee (T.-N.-L.) et du Conseil jeunesse du premier ministre.

Cette volonté d’améliorer la situation de tout un chacun est ce qui a convaincu Donovan de se joindre au conseil d’administration de la CSMC. « Je vois cette organisation comme une lanterne, en quelque sorte, qui attire l’attention des personnes, des organisations et des gouvernements sur les façons d’améliorer les politiques et l’accès aux services et, ultimement, d’atteindre la parité en matière de financement. »

Et Mme Bradley d’appuyer : « Nous pouvons seulement briller aussi fort que les cœurs et les esprits qui nourrissent notre travail. Je suis tout à fait certaine que Donovan va nous mettre au défi et nous maintenir à flot. D’une certaine manière, j’ai vu Donovan grandir; j’ai assurément été témoin de ses années les plus formatrices. Il y a une chose dont je suis persuadée : l’avenir de la défense de la santé mentale est entre de bonnes mains. »

Suzanne Westover

Une écrivaine d’Ottawa, ancienne rédactrice de discours et gestionnaire des communications à la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC). Casanière, toujours le nez dans un livre, elle prépare un excellent pain au citron (certains diraient qu’elle fait des merveilles en un seul mets) et aime regarder des films avec son époux et sa fille de 11 ans. Le temps que Suzanne a passé à la CSMC a renforcé son intérêt envers la santé mentale, et elle continue d’apprendre toute sa vie sur le sujet.

L’étudiant en médecine, soutien aux pairs et champion de la santé mentale Armaghan Alam relève un nouveau défi

Armaghan Alam (que l’on appelle Army) est honnête lorsqu’il raconte d’où vient sa passion pour la santé mentale. À 14 ans, il s’est retrouvé séparé de sa famille par un océan pour aller étudier dans un pensionnat en Ontario.

« Je suis né au Pakistan, mais nous avons déménagé de nombreuses fois », se rappelle Army, qui étudie actuellement la médecine à l’Université de la Colombie-Britannique. « Ma famille vivait alors en Arabie saoudite, mais j’ai choisi de poursuivre mes études ici. » Être aussi loin de sa famille faisait qu’Army se sentait isolé et à la dérive. Le soutien de ses pairs a été une véritable bouée de sauvetage pour lui.

« J’ai rapidement appris la valeur que peut prendre une oreille attentive et, à l’inverse, le fait de tendre la main aux autres », dit-il. Cette conviction l’a suivi à l’Université McGill, où il a contribué à améliorer les initiatives de soutien par les pairs; il est vite devenu un chef de file au sein  de son campus. 

Aujourd’hui, alors qu’il étudie à l’UBC, il se retrouve au sein d’une culture où il est plus difficile de convaincre les gens à ce sujet. « C’est vraiment ironique, parce que si des personnes ont besoin de décompresser avec des gens qui saisissent bien la profondeur des expériences qu’elles vivent, ce sont bien les étudiants en médecine. »

Or, le « curriculum caché » qui place le sacrifice de soi en haut des objectifs du programme les rend peu enclins à s’ouvrir aux autres.

« Je crois que les fournisseurs de soins de santé devraient ériger un mur entre eux et leurs patients pour pouvoir les soigner », dit-il. « Nous devons être capables de compartimenter ce que nous vivons pour bien faire notre travail. Mais lorsqu’il est question de gérer nos émotions, ce mur peut finir par causer notre perte. »

Tous s’entendent pour dire que depuis quelques années, le voile se lève tranquillement sur ce type de stigmatisation parmi les travailleurs de la santé.  Mais Army se demande si les minces incisions faites dans le voile de cette culture de stoïcisme fermement ancrée dans les mentalités ne seront pas recouvertes par le tissu cicatriciel laissé par la pandémie de COVID-19.

« Alors que nous commencions tout juste à parler du fait que les fournisseurs de soins de santé doivent prendre soin d’eux-mêmes, une pandémie mondiale nous est tombée dessus et, tout à coup, on s’est mis à célébrer leur dévouement dans le monde entier. Nous traitons les travailleurs de la santé comme les héros qu’ils ont toujours été, mais quand pourront-ils enlever leurs capes proverbiales et se reposer un peu? Qui prend soin d’eux? » 

Army compare la pandémie à une maladie chronique qui doit être gérée plutôt que comme un symptôme aigu que l’on peut soulager rapidement, et peu importe vers où il se tourne, il voit partout ses impacts sur la santé mentale.

« Pour s’occuper de la santé mentale des gens, il faut mettre en place de bonnes politiques sociales, une économie saine et un système de justice qui fonctionne », dit-il. « Cela signifie qu’il faut lutter contre le racisme, les traumatismes intergénérationnels et les obstacles culturels aux soins. » À titre de membre de la communauté immigrante, le point de vue d’Army jette un éclairage particulier sur les difficultés auxquelles sont confrontés les groupes ethnoculturels, au sein desquels la maladie mentale demeure grandement stigmatisée.

Army est un lecteur avide qui a toujours aimé apprendre, et le domaine de la santé mentale lui offre de nombreuses voies vers des études fascinantes. Et lorsqu’il pense à sa future carrière, Army est persuadé que peu importe la spécialisation qu’il choisira de poursuivre, sa passion ne sera jamais loin.

« Que je décide de me spécialiser en psychiatrie ou en chirurgie, le fait est que chaque patient est beaucoup plus que la simple somme de ses diagnostics.  Certaines des conversations les plus profondes et révélatrices dont j’ai été témoin se sont produites juste avant qu’un patient parte pour une chirurgie. Regarder sa propre mortalité en face est l’une des expériences les plus puissantes qu’une personne puisse vivre. D’être là, avec eux, à ce moment précis, ça rejoint beaucoup ce qui m’a fait tomber amoureux du soutien par les pairs. »

Histoire de boucler la boucle de ses compétences et de son expérience, Army est heureux de mettre son esprit curieux au service du comité de direction de la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC), où il est impatient d’apprendre auprès d’experts en économie, en justice et en affaires gouvernementales.

« À plusieurs reprises, j’ai eu le privilège de parler avec le Dr David Goldbloom (l’ancien président du conseil de la CSMC), une personne pour qui j’avais une grande admiration pendant mes années de formation. Obtenir une place à une table qu’il a déjà présidée…  c’est pour moi un honneur inestimable. »

Suzanne Westover

Une écrivaine d’Ottawa, ancienne rédactrice de discours et gestionnaire des communications à la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC). Casanière, toujours le nez dans un livre, elle prépare un excellent pain au citron (certains diraient qu’elle fait des merveilles en un seul mets) et aime regarder des films avec son époux et sa fille de 11 ans. Le temps que Suzanne a passé à la CSMC a renforcé son intérêt envers la santé mentale, et elle continue d’apprendre toute sa vie sur le sujet.

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