Si vous êtes en état de détresse, veuillez appeler ou texter le 988 n’importe quand. En cas d’urgence, appelez le 9-1-1 ou rendez-vous à votre service d’urgence local.

Propos du député Don Davies sur les services essentiels, les soins en santé mentale et notre façon de travailler

Don Davies, critique en santé du Nouveau Parti démocratique et membre du Parlement pour Vancouver-Kingsway, connaît depuis longtemps la valeur des travailleurs essentiels.

« Ma plus jeune fille est âgée de 25 ans, et elle a des besoins diversifiés », explique-t-il de sa résidence de Vancouver où il travaille à distance depuis le début de la crise de COVID-19. « Elle travaille dans une épicerie locale, et rien n’aurait pu l’empêcher de faire son travail, pas même une pandémie. »

M. Davies explique que bien que ce soit elle qui a pris la décision de continuer à travailler, en tant que parent il a ressenti un certain malaise. « Nous avons passé en revue les risques, bien sûr, mais son travail est extrêmement important pour elle. La routine lui fait un grand bien, et elle aime l’aspect social. Mais plus encore, elle est fière de sa contribution, et c’est bon pour son estime de soi. »

Néanmoins, M. Davies n’hésite pas à mentionner qu’en tant que société, nous avons depuis beaucoup trop longtemps sous-estimé la contribution du travail essentiel. « Que ce soit les travailleurs de soutien dans les centres de soins de longue durée, les personnes chargées de la livraison de nourriture, ou les commis d’épicerie comme ma fille, en tant que collectivité, nous les avons tenus pour acquis. J’espère que la COVID-19 nous aura permis de réaliser que ces emplois ne sont vraiment pas des emplois de second ordre. En fait, ces emplois sont sans l’ombre d’un doute les plus importants. »

En ce qui concerne M. Davies, il s’agit seulement de l’une des nombreuses vérités que la COVID-19 nous aura révélées.

« Ce qui est ironique, c’est que nous avons dû faire face à une menace à la santé physique pour exposer l’absence de soins abordables en santé mentale dans notre pays. Nous avons raison d’être fiers de nos médecins et de nos services hospitaliers. Mais nous avons maintenant l’opportunité de nous demander : est-ce que notre système de santé fonctionne encore comme au XXe siècle? Est-ce le bon moment de réinventer un système qui permettra de mieux nous servir pour les 100 prochaines années? »

M. Davies est persuadé que ce changement dans notre façon de penser ne se limitera pas aux soins de santé. Il perçoit le choc causé par la pandémie comme une occasion qui ne se présente qu’une fois par génération de remettre en question l’ensemble de nos façons de penser dépassées.

« Prenez les lieux de travail, par exemple », dit-il. « Depuis très longtemps, de nombreux secteurs traditionnels résistent à l’idée de faciliter ou d’offrir des arrangements pour le travail à domicile. Pourtant, nous voyons que les gens sont plus productifs, car le travail à domicile leur offre davantage de temps et de flexibilité. Bien sûr, je ne veux pas minimiser la réalité de devoir composer avec la double obligation pour ceux qui ont des enfants. Mais de manière générale, je pense que cette pandémie pourrait révolutionner notre façon de travailler et nos lieux de travail. »

M. Davies est depuis longtemps un défenseur des bienfaits pour la santé mentale de la semaine de quatre jours, et il est convaincu que les politiques progressives n’ont pas du tout les effets que beaucoup redoutent.

« Notre travail ne devrait pas être mesuré par le nombre d’heures où nous sommes rivés à notre bureau. Il devrait être mesuré par les résultats obtenus. Plus vous êtes inspirés par votre travail, plus vite vous serez en mesure de le terminer, et plus il sera bien fait. »

Par exemple, M. Davies souligne la réponse rapide et novatrice en vue de mettre en place des services virtuels en santé mentale, alors que l’inspiration et la productivité ont convergé pour permettre la réalisation de progrès à une vitesse fulgurante. 

« Nous percevons une volonté, dans l’ensemble des administrations, de travailler d’arrache-pied pour trouver des solutions. Nous voyons des accomplissements prendre forme en quelques semaines plutôt qu’en mois ou en années comme nous en avions l’habitude. »

Dans l’ensemble, M. Davies est extrêmement optimiste. Il reconnaît toutefois qu’il est très préoccupé par la réouverture de l’économie, et il explique que nous en avons encore beaucoup à apprendre sur la COVID-19.

« Mais si la COVID-19 a su mettre au jour nos faiblesses – notre manque de respect pour les travailleurs essentiels, notre mosaïque de services en santé mentale, notre attitude archaïque à l’égard du travail – elle nous a aussi offert une formidable opportunité. »

Comme il l’explique si bien, on ne peut pas résoudre un problème si on refuse de le voir.

« Voyons maintenant ce que nous pouvons faire en gardant les yeux grand ouverts. »

Comprendre l’anxiété de déconfinement avec le Dr Keith Dobson

La pandémie de coronavirus a suscité en nous de nombreuses causes d’anxiété. Depuis des mois, le pays est en situation de quasi-fermeture, la distanciation physique obligatoire nous sépare les uns des autres, et le monde tel que nous le connaissions a brusquement basculé. Maintenant, alors que le pays s’apprête à reprendre ses activités, de nouvelles préoccupations émergent et l’anxiété de déconfinement s’installe pour plusieurs d’entre nous.

« Je crois que l’on observera deux principaux types de réactions », a indiqué le Dr Keith Dobson, professeur en psychologie clinique à l’Université de Calgary. « Le premier sera l’anxiété persistante et le stress continu causés par la COVID-19. Il s’agit notamment de renégocier les normes sociales afin d’assurer une distance sûre, de décider du moment où il sera sécuritaire d’envoyer les enfants à l’école, et de faire face aux craintes de nouvelles vagues ou d’autres éventuelles éclosions. »

Bien que les préoccupations concernant la sécurité et la santé physique soient nombreuses et puissent provoquer de fortes réactions de stress, il existe également une multitude d’autres facteurs pouvant constituer des facteurs de stress sur le plan individuel. « Le deuxième grand enjeu, » affirme le Dr Dobson, « est de faire face à la réalité des pertes personnelles et économiques engendrées par la pandémie. » Pour certaines personnes, cela signifie qu’elles devront tenter leur chance sur le marché du travail, alors qu’elles n’étaient pas prêtes à cet exercice. Pour d’autres, l’anxiété peut provenir de la perte de certains avantages liés à la quarantaine, comme le travail à distance et les nombreux temps libres.

Mais une chose est sûre : le déconfinement du pays ne signifie pas la même chose pour tout le monde. Au moment où nous observons de plus en plus de levées des restrictions, il sera important de comprendre que ce qui est vécu positivement par une personne pourrait provoquer des tensions chez quelqu’un d’autre.

Selon le Dr Dobson, un bon exemple de cette disparité est reflété dans les réactions diverses de chacun face à une plus grande liberté sociale. « Pour de nombreuses personnes, une interaction sociale accrue contribuera à atténuer l’anxiété suscitée par la période de réajustement. Mais pour les gens qui craignent les situations sociales d’entrée de jeu, comme ceux souffrant d’un trouble d’anxiété sociale ou ressentant une inquiétude exacerbée d’être contaminés par les autres, toute interaction sociale supplémentaire aura pour effet d’augmenter leur anxiété. »

 Les employeurs, en particulier ceux qui envisagent un retour au bureau, doivent s’attendre impérativement à un grand nombre de réactions différentes face au déconfinement progressif. Pour Louise Bradley, présidente-directrice générale de la Commission de la santé mentale du Canada, cette question d’équilibre représente l’une des principales préoccupations. « La chose la plus importante que nous puissions faire pour notre personnel est de lui prêter une oreille attentive », a-t-elle déclaré. « Nous avons mené des sondages ainsi que des entretiens individuels auprès du personnel pour tenter de déterminer ce qui fonctionne bien pour chaque personne; quels aspects nécessitent davantage de mesures d’adaptation; et quel niveau d’intérêt perçoit-on de la part des employés pour revenir travailler au bureau. »

Madame Bradley s’empresse de souligner que, pour de nombreuses organisations fondées sur le savoir, le travail à distance s’avère efficace, bien qu’imparfait. « En clair, c’est à l’usage que l’on peut juger de la qualité d’une chose. Nous avons démontré une remarquable capacité à nous adapter et à faire preuve de souplesse, en plus d’être aussi productifs qu’avant. Mais nous ne pouvons pas supposer que ce qui fonctionne pour une personne fonctionne également pour une autre. La communication doit être délibérée et judicieuse en ce moment — à lui seul, un franc dialogue pourra aider à réduire le stress et à clarifier les attentes. »

Il y a aussi des choses que nous pouvons faire sur le plan individuel pour réduire l’anxiété de déconfinement, a expliqué le Dr Dobson. « Le seul meilleur traitement fondé sur des données probantes pour lutter contre l’anxiété est l’exposition, qui consiste à affronter lentement la chose ou la situation qui vous effraie. L’exposition progressive vous permet de réajuster votre évaluation du risque associé à la peur, réduisant ainsi doucement l’anxiété au fil du temps. »

Bien que nous ne voulions pas nous exposer au virus lui-même, le fait d’affronter lentement et de manière sécuritaire les aspects inconfortables du déconfinement, notamment les interactions sociales ou le fait de passer du temps en public, peut aider à diminuer l’anxiété globale en regard d’un monde déconfiné.

Un autre élément important permettant de neutraliser l’anxiété de déconfinement est de continuer de suivre les recommandations des autorités sanitaires. Comme le mentionne le Dr Dobson, « Nous devrons aussi réapprendre à courir certains risques mesurés. Il est important que les gens cessent d’utiliser la COVID-19 pour justifier leur évitement de situations que les autorités sanitaires jugent comme présentant de faibles risques. » Soyez rassurés que du moment où vous respectez les directives en matière de santé publique, vous suivez alors les meilleurs conseils disponibles pour réintégrer le monde en toute sécurité.

Pour préserver notre santé mentale pendant cette transition, nous devons également nous rappeler de modérer nos attentes. Les choses seront différentes pendant quelque temps – et il n’y a aucun moyen d’éviter cela. Pour ne pas vivre trop de déception ou nous sentir dépassés, il est bien de planifier, quand c’est possible. Il faut aborder la question des limites lors de rencontres sociales avec les proches, se renseigner sur les mesures de sécurité sanitaire en place au travail et en public, et s’attendre à ressentir un certain inconfort.

L’anxiété n’a rien de nouveau pour certains d’entre nous, mais cette transition est nouvelle pour nous tous.

Inconnu

Louise Bradley, en discussion avec la ministre de la Santé Patty Hajdu

Le 20 mai, j’ai eu une discussion virtuelle franche et variée avec la ministre de la Santé du Canada, Patty Hajdu. Depuis le début de la pandémie de COVID-19, Mme Hajdu est devenue une figure familière partout au Canada, elle qui contribue fidèlement aux points de presse quotidiens visant à tenir la population informée des interventions de santé publique orchestrées par le gouvernement fédéral.

C’est donc presque à propos qu’un test d’alarme d’incendie ait été déclenché dans son immeuble au moment même où notre entretien commençait. S’excusant avec son humour pince-sans-rire, la ministre admet que le télétravail n’est finalement pas l’idylle que tout le monde imaginait.

Au son de la sirène qui retentit périodiquement, je me rappelle que depuis le 15 janvier, elle répond sans répit à une urgence nationale. J’avais envie de savoir comment elle traversait cette période, non seulement en sa qualité de politicienne, mais aussi comme individu.

Je commence par lui demander comment elle va. Sa réponse franche reflète une réalité à laquelle nous sommes nombreux à pouvoir nous identifier. « Honnêtement, ça varie de jour en jour. Et je crois qu’il est essentiel de normaliser les sentiments de peur, de frustration, de colère et d’anxiété. Ces sentiments ne se limitent d’ailleurs pas à la pandémie. Nous sommes susceptibles de les ressentir à peu près n’importe quand. Mais en ce moment, ils sont évidemment exacerbés. »

En effet, Mme Hajdu a non seulement travaillé auprès de populations vulnérables comme directrice d’un refuge de Thunder Bay, mais elle a aussi emprunté la route solitaire de la monoparentalité et sait que, lorsque vos propres ressources sont sur le point de s’épuiser, la moitié de la bataille pour accéder aux soins est juste de s’y rendre.

« J’avais l’habitude d’aller chercher mes enfants à l’école et d’interrompre mon propre travail pour recevoir le counseling dont notre famille avait besoin, explique-t-elle. Les soins virtuels permettent de franchir tellement d’obstacles. Ils sont aussi une excellente solution pour les personnes qui craignent pour leur confidentialité. Ayant vécu dans une collectivité rurale, je sais aussi combien il peut être difficile d’obtenir de l’aide professionnelle si ce n’est d’une personne croisée à l’aréna ou à l’école. »

« Nous faisons tous les efforts pour faire connaître ces soins aux gens, poursuit la ministre Hajdu. Lorsque j’entends parler de communautés qui unissent leurs moyens de financement afin de recueillir de l’argent pour obtenir des psychothérapies, j’aimerais que nous puissions en faire davantage pour informer les gens que nous avons mis tout un coffre d’outils à leur disposition. »

Mais la ministre ne tarde pas à signaler que les ressources additionnelles ne sont pas une panacée. « À mes yeux, la pandémie a révélé, en substance, ce que ceux d’entre nous qui se démènent dans le dédale de la santé mentale savent depuis très très longtemps. Si vous n’avez pas le confort de base d’un logement où vivre, si vous n’avez pas un emploi qui vous procure un sentiment de valorisation, si vous n’avez pas de liens au sein de votre communauté, tous ces outils ne feront pas disparaître vos problèmes. »

Fervente défenseure des plus vulnérables, Mme Hajdu s’est montrée visiblement affligée lorsque j’ai mentionné que le counseling pourrait être utile pour les personnes dont les besoins élémentaires ne sont pas comblés.

Avertissement de contenu : abus sexuel

« Je vais prendre le risque de vous dire quelque chose, répond-elle de la voix claire de celle qui a vu la dure réalité de l’itinérance. C’est presque contraire à l’éthique d’offrir du counseling à une femme qui a été violée dans un refuge où elle n’a pas d’autre choix que de rester. Il faut la sortir de cet environnement pour l’amener en lieu sûr. C’est seulement là qu’on pourra commencer à soigner son traumatisme. »

L’authenticité de Mme Hajdu est palpable, même par l’entremise de Zoom. Et je ne suis pas la seule à la ressentir. Lorsque je lui demande ce qui lui donne de l’espoir durant cette période difficile, elle n’hésite pas.

« Vous savez, je vis des jours difficiles, moi aussi. Des jours où je m’ennuie de mon mari et de mes enfants. Des jours où, comme tout le monde, j’ai un intense besoin de contacts humains, raconte-t-elle, expliquant que les exigences liées à son travail avaient bouleversé sa routine et qu’elle devait demeurer dans la capitale nationale pendant des semaines à la fois, alors que sa famille est établie à Thunder Bay. Jusqu’à ce que je reçoive un courriel de quelqu’un qui me remercie pour mon bon travail. » À ce moment, ses yeux s’illuminent, et je ne crois pas que ce soit causé par le reflet de l’écran.

« Lorsqu’une personne tend la main de cette façon, en dépit des épreuves qu’elle traverse, pour m’offrir des mots d’encouragement, je me rappelle que même si elle est peut-être moins spontanée ces temps-ci, la bonté est la vertu qui nous permettra de passer à travers cette crise. Nous nous sentons peut-être un peu éreintés et désespérés, mais cette connexion, l’esprit de communauté qui nous unit au Canada, ce sera notre salut. »

En parlant de communauté, Mme Hajdu mentionne un organisme de sa ville natale qui a converti son programme de jardinage pour jeunes à risque en un programme de préparation de dîners pour les enfants n’ayant plus accès aux repas fournis à l’école.

« Ils ne savaient pas s’ils recevraient du financement pour ce projet. Ils ont juste mobilisé des bénévoles et mis l’épaule à la roue pour combler un besoin. C’est inspirant. »

D’aucuns pourraient affirmer que Mme Hajdu a fait la même chose. « Je n’étais aucunement préparée à cela, reconnaît-elle. Nous apprenons au fur et à mesure. Mais je crois que nous réalisons des apprentissages très importants. Nous apprenons à innover plus rapidement. Nous apprenons à mieux collaborer avec d’autres administrations et sans partisanerie. Et nous apprenons que nous sommes peut-être tous beaucoup plus forts que nous le pensions. »

Je conclus en demandant à la ministre de décrire son expérience à la tête de ce qui est sans doute le portefeuille le plus important et le plus complexe du gouvernement…  en trois mots.

Elle marque une pause. Mais comme toujours, elle relève le défi. « Aujourd’hui, je dirais intensité, inspiration et optimisme. L’intensité est évidente, je crois. L’inspiration est ce qui nous rassemble. Et l’optimisme parce que je suis convaincue que nous sommes assez résilients pour émerger de cette crise non seulement transformés, mais meilleurs. »

L’alarme d’incendie continue de résonner lorsque nous mettons fin à notre conversation, un rappel que le travail de la ministre est loin d’être achevé.

Si vous êtes en état de détresse, communiquez avec le centre de crise ou le centre d’aide aux victimes d’agression sexuelle le plus près de chez vous. En cas d’urgence, appelez le 9-1-1 ou rendez-vous à votre service d’urgence local.

Auteur:

Renforcez vos capacités d’autocompassion pendant la crise de la COVID-19

La COVID-19 a mis notre monde sens dessus dessous comme un enfant qui agite une boule à neige, et il est difficile de garder nos repères alors que nous avons été catapultés hors de notre zone de confort en pleine tempête et sans savoir quand ceci prendra fin.

Nous abordons chaque journée dans un brouillard d’incertitude, et l’anxiété menace de détruire tous les plans que nous mettons au point pour tenter de nous acclimater à cette « nouvelle vie normale » imprévisible. Mon conseil immédiat pour chacun d’entre nous est de renoncer à nos anciennes attentes, de laisser derrière nous nos anciennes façons de penser et de faire, et de vivre le moment présent dans un esprit de compassion et de pardon.

L’une des leçons les plus difficiles que j’ai apprises, après plusieurs décennies d’essais et d’erreurs, c’est que nous devons d’abord faire preuve d’empathie envers nous-mêmes avant de pouvoir nous tourner vers les autres pour la partager. 

Cela paraît si simple à dire, mais le faire n’est pas si facile.

Je siège au conseil d’administration du refuge The Gathering Place, à St. John’s, T.-N.-L. Je suis régulièrement en contact avec ses dirigeants, et j’ai le cœur brisé en pensant aux défis auxquels ils doivent faire face. Ils s’occupent des plus vulnérables. Les sœurs au grand cœur et le personnel exceptionnellement dévoué qui assurent le bon fonctionnement de l’organisation ont peine à garder leurs portes ouvertes et à répondre aux besoins de personnes qui éprouvent des difficultés à se nourrir et à se loger, et dont plusieurs vivent avec de graves maladies mentales ou des dépendances.

De temps à autre, après une longue journée de travail et un important manque de contacts humains, je suis envahie par un sentiment de tristesse; je me retrouve submergée par un manque profond de la vie normale dont nous avons toutes et tous tant soif. Et puis une pensée finit par s’imposer à moi : Qui suis-je pour me plaindre tandis que tant de gens n’arrivent même pas à combler leurs besoins humains les plus primaires?

Mais il y a un problème avec cette façon de penser. Il n’est pas très avisé de nier ce que nous avons perdu et les défis auxquels nous faisons face simplement parce que quelqu’un d’autre vit une situation pire que la nôtre. Évidemment, il est utile de mettre les choses en perspective. Mais refuser de reconnaître nos propres blessures n’est pas altruiste.

C’est tout le contraire.

Avec ce que nous vivons présentement, hiérarchiser nos souffrances est bien la dernière chose à faire. Nous devons nous approprier notre tristesse et nous donner du temps et de l’espace pour ressentir les nombreuses pertes, grandes ou petites, que nous subissons chaque jour. Le fait que quelqu’un souffre plus que nous n’est pas d’un grand réconfort. Ironiquement, discréditer nos propres sentiments peut en fait endurcir nos cœurs face à la souffrance des autres.

Si vous vous sentez irritable, si vous n’arrivez pas à dormir ou à vous concentrer ou si vous ressentez une fatigue accablante, c’est que votre corps vous envoie un signal. Le deuil peut prendre des formes diverses. Et ne vous y méprenez pas, nous vivons tous une forme de deuil présentement, que nous le disions clairement ou non. 

Il est facile de se laisser aller à un dialogue intérieur négatif lorsque nous sommes brusques avec un proche, laissons la lessive s’accumuler ou n’arrivons pas à atteindre les normes post-COVID que nous nous étions fixées. Nous devons réaliser, accepter et composer avec le fait que l’énergie que nous voudrions utiliser pour faire les choses comme avant est monopolisée par nos cerveaux qui tentent de saisir une nouvelle réalité qui change à la vitesse de l’éclair. Si l’école à la maison est un échec, si souper revient à manger un simple sac de croustilles et si s’habiller rime avec porter son survêtement préféré, ainsi soit-il. Si la barre est plus haute chez vous… eh bien tant mieux pour vous, mais évitez de vous en vanter.

Nous devons nous rappeler qu’un deuil est un deuil, qu’une perte est une perte, et que la tristesse n’est rien d’autre que la tristesse. Notre empathie s’arrête là où nous nous la refusons à nous-mêmes.

Si vous souhaitez développer une nouvelle compétence pendant la pandémie de COVID-19, la meilleure que je puisse vous suggérer est l’autocompassion. Tirez profit de ce traumatisme mondial et servez-vous-en comme d’un outil pour émousser la lame de votre autocritique et pour faire taire la petite voix intérieure qui vous répète sans cesse que vous n’en faites pas assez. Voyez vos échecs perçus comme des tremplins vers le type de croissance personnelle qui ne se fait pas simplement en recommençant à pratiquer un passe-temps, mais qui s’atteint plutôt grâce à la difficile pratique de l’amour de soi : s’aimer non pas malgré ses imperfections, mais à cause de celles-ci.

Hier soir, je me suis donné le droit de pleurer toutes les personnes et toutes les choses qui me manquent. Je me suis assise avec ma tristesse et avec ma colère, et j’ai mis un nom sur toutes ces pertes que j’ai subies. Cela peut souvent ouvrir une porte sur nos blessures et nos traumatismes passés, et nous pouvons avoir l’impression que le monde entier pèse sur nos épaules. Mais ce que je trouve intéressant, et qui en dit long sur la résilience de l’esprit humain, a été confirmé par des chercheurs : souvent, si nous nous autorisons à ressentir pleinement les émotions qui nous habitent pendant 90 secondes, c’est suffisant pour rétablir notre équilibre.

Se sentir désolé pour soi-même est mal vu, à tort. Allez-y. Autorisez-vous à être désolés pour vous-mêmes. Cela pourrait bien être la chose la plus productive que vous aurez faite aujourd’hui.

Ce matin, à mon réveil, je me sentais rafraîchie, revigorée et prête à aider les autres.

En cette époque particulièrement troublée, faire preuve de bonté envers nous-mêmes et panser nos propres blessures avec tendresse est la meilleure façon d’ouvrir nos cœurs et nos esprits aux autres et de les aider à combler leurs besoins.

Auteur:

Comprendre les conséquences psychologiques liées à une perte d’emploi pendant la pandémie de COVID-19

La COVID-19 a dévasté un grand nombre d’emplois au Canada et à l’étranger. À ce jour au pays, près de six millions de personnes ont présenté une demande de prestation d’urgence gouvernementale pour soulager leur fardeau financier. C’est presque l’équivalent de l’ensemble de la population de la région du Grand Toronto.

Mais le soutien financier ne suffit pas à combler le vide qu’engendre le fait de se retrouver sans emploi.

Il suffit de demander à Elizabeth Fulton, une photographe professionnelle qui a bâti à elle seule une entreprise florissante au cours de la dernière décennie. « J’ai choisi ce métier en partie parce qu’il me permet d’atteindre un meilleur équilibre entre prendre soin de mes enfants et poursuivre une carrière. Et j’ai tenu bon grâce aux relations que j’ai établies avec mes clients. Ils sont devenus, à bien des égards, comme ma famille élargie », a-t-elle déclaré.

« Je rencontre leurs bébés seulement quelques jours après leur naissance; et j’ai le privilège de les voir grandir. Donc, lorsque mon entreprise s’est brusquement arrêtée de fonctionner, ce n’est pas seulement mon revenu que j’ai perdu. J’ai aussi perdu toute forme de structure dans ma journée et j’ai également perdu le contact constant avec mes clients. D’une certaine manière, j’estime que c’est un peu comme si ma propre identité s’était envolée », a-t-elle expliqué. « Je ne dirais pas que j’ai tout perdu. Mais je me sens plutôt ébranlée en ce moment. »

Il n’est donc pas surprenant que la perte d’un emploi soit souvent associée à la dépression, à l’anxiété et même à des pensées suicidaires. Cependant, en nous attaquant aux conséquences psychologiques associées au chômage, nous pouvons contribuer à atténuer les répercussions sur la santé mentale et transformer les difficultés en occasion de développer une certaine résilience.

Bill Howatt, chef des recherches sur la productivité du personnel au Conference Board du Canada, dit que la COVID-19 a ajouté des strates supplémentaires de complications à une perte d’emploi. « Pour les personnes qui œuvrent dans le secteur hôtelier et qui n’ont plus d’emploi, la solution pour retrouver du travail n’est pas la même qu’elle était auparavant. Elles ne peuvent plus simplement mettre à jour leur curriculum vitæ et se rendre au restaurant le plus proche pour avoir la chance d’exercer à nouveau leur métier. Quant aux professionnels comme les dentistes et les chiropraticiens, ils subissent un niveau de stress aggravé par des comptes à payer, comme le loyer et les salaires des employés, alors qu’aucun revenu n’entre dans les coffres. Tout cela peut faire en sorte que l’on se sente rapidement désespéré. »

Après une perte majeure, il est naturel de ressentir du chagrin. Perdre un emploi n’est pas tellement différent que de traverser d’autres sortes de deuils. Pour beaucoup de gens, leur travail leur procure un sentiment d’avoir un objectif à atteindre, et le fait de perdre cela peut avoir une incidence profonde sur leur bien-être mental.En plus de fournir une raison d’être, le travail d’une personne est souvent étroitement lié à son identité. L’une des premières questions que nous posons en apprenant à connaître quelqu’un est : « Que faites‑vous dans la vie? » Lorsque la réponse à cette question disparaît du jour au lendemain, un sentiment d’inutilité peut même s’installer.« Je dis aux gens que la chose la plus importante à faire, dès le moment où ils se retrouvent dans cette situation, est de planifier leur journée du mieux qu’ils le peuvent. Levez-vous, habillez-vous, adoptez une routine et essayez de la suivre quotidiennement », a déclaré M. Howatt, qui note que le fait de réaliser que l’on contrôle encore certaines choses peut s’avérer un bon moyen de se sentir plus autonome et utile.

Madame Fulton est d’accord avec cette idée. « La routine est essentielle pour moi. Je mange des aliments sains, je fais de l’exercice chaque jour et j’essaie de trouver des moyens créatifs de dialoguer avec mes clients. »

Pour M. Howatt, la routine que Mme Fulton s’est construite inconsciemment est en quelque sorte un entrainement – qu’il enseigne d’ailleurs de façon formelle – pour garder une « bonne forme mentale ». « Il est très important de prendre soin de votre santé physique, mais la planification pour la période post-COVID est aussi essentielle. Si les gens peuvent regarder cette situation et se dire : « Comment puis-je en ressortir plus fort, en étant mieux préparé à travailler, et en bénéficiant de meilleures relations? », cela leur donnerait un sentiment d’espoir et d’utilité. »

Il conseille également aux gens de mettre en pratique le recadrage ou la reformulation cognitive. « Demandez-vous ce que le pire des scénarios pourrait être. Imaginez-le et laissez-le film se dérouler au complet dans votre tête. N’ayez pas peur d’imaginer le pire. Posez-vous ensuite la question : quel est le plus beau scénario qui puisse m’arriver? Parfois, notre cerveau est coincé dans une boucle de pensées négatives, et nous devons le déjouer et lui montrer comment remettre les choses en contexte. »

Si vous souhaitez soutenir une personne qui a récemment perdu son emploi, mais vous ignorez comment procéder, la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC) propose un Guide sur l’écoute active qui peut vous aider à participer à des dialogues avec plus d’assurance. Parfois, la peur de dire la mauvaise chose nous empêche de dire quoi que ce soit. Mais il est important de se rappeler que la personne qui vient de perdre son emploi peut se sentir mal à l’aise ou incertaine quant à la façon de demander de l’aide. Contactez-la et dites-lui que vous êtes disponible pour l’écouter, puis rappelez-lui que l’on n’estime pas sa valeur en se basant sur sa situation professionnelle.

Si vous avez récemment perdu votre emploi, la CSMC dispose d’outils qui peuvent vous aider à évaluer votre santé mentale et à commencer l’élaboration d’un plan d’action visant à l’améliorer. Le programme L’esprit au travail a créé le Guide de prise en charge de sa santé mentale pour bâtir sa résilience. Vous pouvez utiliser ce Guide pour évaluer où vous vous situez sur un continuum de santé mentale et intégrer les autosoins à vos stratégies d’adaptation.

Pour des ressources supplémentaires, le gouvernement fédéral a lancé Espace mieux-être Canada, un portail conçu pour mettre en contact les gens au pays qui sont en mesure d’offrir un soutien en matière de santé mentale et de consommation de substances.

Il est également important de se rappeler que, même si la perte d’un emploi peut faire en sorte que vous vous sentiez isolé, vous n’êtes pas seul. Communiquez avec vos proches, qu’il s’agisse d’anciens collègues aux prises avec le même problème, ou d’amis et de membres de la famille en qui vous avez confiance et sur lesquels vous pouvez compter. Verbaliser vos pensées et vos émotions peut également vous aider à les accepter et à vous sentir plus en contrôle de la situation.

« J’essaie d’être gentille avec moi-même en ce moment », a déclaré Mme Fulton. « Aussi, j’essaie de réfléchir à une chose à faire, chaque jour, qui est liée à mon travail. Que ce soit pour contacter un client et lui dire bonjour ou pour publier un message sur les réseaux sociaux et offrir des conseils gratuits sur la façon de prendre de meilleures photos à la maison, je dois trouver des moyens de rester connectée et de me sentir utile. »

M. Howatt confirme qu’elle est sur la bonne voie. « Il est certain qu’il s’agit d’une grande épreuve mentale à traverser, mais le fait de réussir à avancer de quelques pas chaque jour peut nous apporter de belles récompenses au sortir de cette situation. Et ne vous inquiétez pas, nous y arriverons. »

Comment deux députés servent leurs électeurs en cette ère de COVID‑19

S’il y a un emploi qui mise sur la puissance des liens interpersonnels, c’est bien celui de député. Il suffit de poser la question à Matt Jeneroux, un défenseur de longue date de la cause de la santé mentale et député de Edmonton Riverbend.

Au cours d’une entrevue téléphonique réalisée à partir de chez lui, il explique que comme tous ses concitoyens albertains et canadiens, il apprend à naviguer dans ce nouveau contexte. Dans son cas, il essaie de trouver la meilleure façon d’aider ses électeurs.

« Si vous m’aviez dit il y a un mois que je ferais de la publicité pour les entreprises locales, je ne vous aurais pas cru », dit-il en riant. M. Jeneroux travaille aussi à distance alors qu’il s’occupe avec sa conjointe du petit dernier de la famille.  « Notre bébé a deux mois, et je fais de mon mieux pour travailler de la maison. J’utilise les médias sociaux comme jamais auparavant… Et d’une certaine façon, j’ai l’impression que durant cette période d’incertitude collective, nous nous découvrons des dénominateurs communs comme jamais avant. »

En fait, M. Jeneroux reconnaît que la COVID-19 a vu naître de belles collaborations. « Je travaille avec mon homologue (Don Davies, critique du NPD en matière de santé) pratiquement tous les jours. Nous avons tous le même objectif : nous voulons que nos travailleurs de la santé aient accès à l’équipement de protection dont ils ont besoin, nous voulons aider les gens qui ont perdu leur emploi et nous voulons nous assurer que les personnes les plus vulnérables ne soient pas oubliées. »

Durant la phase de distanciation physique actuelle, M. Jeneroux admet qu’une grande partie de la partisanerie qui était présente avant la COVID‑19 a été remplacée par du partenariat. « Lors des réunions de comités virtuelles, vous voyez vos collègues à leur domicile, vous êtes invités dans leur espace personnel », explique-t-il. « Voir leurs photographies, leurs livres et leurs souvenirs permet de réaliser que nous sommes tous humains. »

Mais même en concédant qu’il y a certains bons côtés à la crise, comme l’arbre humoristique qu’il voit lors de sa promenade matinale, conçu pour faire sourire les passants, il passe beaucoup de temps à s’inquiéter de la façon dont les électeurs de sa circonscription s’en tirent.

« Pour être honnête, j’en ai perdu le sommeil. Je m’inquiète de ceux qui ont perdu leur emploi, qui ont perdu tous leurs mécanismes d’adaptation et qui sont aux prises avec la colère. Je m’inquiète de ceux qui, comme mon grand-père de 95 ans, ne savent pas comment utiliser la technologie pour rester en contact avec les autres ou pour se tenir au courant des dernières informations. Je m’inquiète des nouvelles mamans, évidemment, comme ma femme qui a accouché au début de février. »

M. Jeneroux n’est pas le seul député à s’être fait propulser dans une nouvelle réalité. Lloyd Longfield, qui représente Guelph, compare la situation à la construction d’un avion pendant qu’il est en vol. 

« Cette crise comporte tellement de couches », explique-t-il la voix clairement tendue par les appels incessants passés pendant qu’il travaille à la maison. « Au début, il s’agissait seulement de savoir comment s’adapter, comment s’assurer que tout le monde avait de la nourriture sur sa table, comment veiller à offrir du soutien financier à ceux qui en avaient besoin. Maintenant, je joue un rôle de coordination – je travaille avec les entreprises locales pour maintenir la chaîne d’approvisionnement, et je collabore avec celles qui sont passées à la production de matériel de protection. »

M. Longfield admet que l’adaptation à la nouvelle technologie, tout en faisant du travail politique, amène son lot d’enjeux. « Zoom, FaceTime – tout cela, c’était nouveau et c’était un peu intimidant au début. Mais je réalise qu’avec ces technologies, nous devons être davantage présents. Vous ne pouvez pas consulter vos courriels pendant un appel vidéo. Et c’est peut-être quelque chose que nous retiendrons une fois cette crise passée : nous porterons plus attention à la façon dont nous communiquons. »

Il mentionne aussi qu’il devrait suivre son propre conseil en lien avec la protection de la santé mentale. « J’implore les gens de réduire leur consommation de nouvelles. Je pense que c’est très important. J’encourage aussi les gens à se concentrer seulement sur ce qu’ils peuvent contrôler. S’inquiéter de ce que font les autres pays est aussi futile que de s’inquiéter de ce que font nos voisins. Cela ne signifie pas qu’il ne faut pas être de bons citoyens du monde, mais pour y arriver il faut commencer dans notre propre cour. »

Alors que M. Longfield est toujours confronté à une longue liste d’inquiétudes, notamment en ce qui a trait à la manière de relancer de façon responsable l’économie tout en répondant aux besoins des travailleurs de la santé, il est rassuré par la façon dont les Canadiens s’entraident.

« Des entreprises qui mettent au point des solutions canadiennes, à la collaboration entre les provinces et jusqu’au portail de soutien en matière de santé mentale Espace mieux-être Canada créé par notre gouvernement, je suis très fier de notre réponse à cette crise en tant que pays. Nous nous efforçons de rendre notre société plus autonome et empreinte d’humanité. Chaque Canadien devrait considérer cela comme un accomplissement dont nous pouvons être fiers. »

M. Longfield conclut l’appel en disant qu’il doit ménager sa voix pour un événement Facebook qui a lieu au cours de la soirée.

« Je veux m’assurer d’être à l’aise avec la technologie, et je veux être prêt à donner mon maximum quand je ferai face à un public difficile. »

M. Longfield ne faisait pas référence au parlement virtuel. Ce soir-là, il devait lire une histoire aux enfants de son quartier à l’heure du coucher. « Nous apprenons tous à être plus présents les uns pour les autres. Et quand mes petits-enfants penseront à cela, j’espère que c’est ce dont ils se souviendront. Que les adultes dans leur vie étaient présents et là pour eux. C’est ce qui compte vraiment. »

Réflexion sur le leadership en pleine pandémie mondiale

Je reçois beaucoup de questions sur la façon de diriger une organisation en cette période trouble sans perdre de vue la santé mentale des employés.

En tant qu’organisation dont le bien-être mental est au cœur du mandat, nous nous efforçons de toujours protéger la santé psychologique de notre personnel avec la même vigueur que nous le faisons pour sa sécurité physique. 

Mais seuls les insensés se vanteraient en ce moment.

L’heure n’est pas à l’autocongratulation, mais à la réflexion. Et je serai honnête. J’ai eu beaucoup de temps pour réfléchir, car, moi aussi, je pratique la distanciation physique, et je vis seule. 

Normalement, mon horaire chargé est tel que j’accueille la solitude. Lors de mes rares vacances, je recherche la douce quiétude du sommet des montagnes et des rives des bassins nichés au creux de canyons.

Il est étonnant de constater à quelle vitesse ces sentiments s’évanouissent quand la date et l’heure de notre prochain engagement social est…  On n’en sait rien.

Ces derniers jours, j’ai réfléchi longuement et sérieusement à ce qu’être un leader signifie en ce moment. Très franchement, c’est terrifiant. 

J’ai eu du mal à l’admettre. 

Mon travail consiste à stabiliser le navire dans les mers agitées et, pour cela, je dois notamment me montrer confiante.

Mais la confiance, dans le contexte actuel, est de l’anxiété déguisée en bravoure.

La leçon de sagesse la plus chèrement acquise au cours des dernières années est que la vulnérabilité est notre plus grande force. 

Pendant des années, j’ai passé sous silence mon expérience personnelle par rapport aux problèmes de santé mentale. J’avais honte. Pourtant, la honte entrave notre croissance émotionnelle et mine notre potentiel. Quand nous la chassons, nous créons de l’espace pour les sentiments plus utiles, les sentiments qui peuvent nous guider vers la vérité de notre valeur et qui nous permettent de tisser des liens significatifs avec les autres.

Mon conseil aux leaders en ce moment serait donc le suivant : n’ayez pas honte si vous avez peur. Notre économie est sérieusement malmenée, et notre manière même de vivre est bouleversée. Pourtant, la première chose à faire pour diriger avec authenticité et honnêteté est de dire à nos employés que nous aussi, nous avons peur.

Si la honte nous muselle, l’expression de nos inquiétudes partagées fait place à la compassion. C’est fou ce qui peut arriver quand on se demande ce qui nous inquiète le plus.

Nommer notre peur nous donne un problème à résoudre.

Personnellement, j’ai peur de perdre le contact avec mes équipes. Je suis inquiète pour les employés qui doivent jongler avec de jeunes enfants et un travail à temps plein. Je crains que nos meilleurs employés ne s’épuisent à force de s’adapter au contexte en constante évolution.

Taire ces craintes ne les fait pas disparaître. Cela signifie simplement qu’elles ne seront abordées qu’au moment où frappera la crise déclenchée par le fait de les avoir ignorées.

Je demande donc à mes propres leaders ce qui les inquiète et les effraie, puis je leur fais part de mes propres craintes. Ce dialogue est la première étape vers l’élaboration d’un plan qui anticipe les difficultés avant qu’elles ne surviennent.

Être un leader, ce n’est pas être parfait. Ce n’est pas non plus avoir toutes les réponses.

C’est avoir peur et être prêt à diriger malgré tout.  

Auteur:

L’importance de renforcer nos liens pendant la pandémie du coronavirus

Presque du jour au lendemain, les termes « éloignement physique » sont apparus dans le lexique des Canadiens. Désormais, nous savons tous que nous devons nous éloigner des autres pour ralentir la propagation de la COVID-19. Mais l’éloignement physique ne veut pas nécessairement dire que nous devons réduire nos contacts sociaux. Si nous sommes davantage conscients de nos pensées et de nos actions, les mesures de santé publique qui nous séparent auront le pouvoir de nous rapprocher.

Aujourd’hui, nous avons plus de temps que jamais de nous concentrer sur nos relations. Plusieurs travaillent à la maison, font moins d’heures, et d’autres ne travaillent pas du tout. C’est une dure réalité que personne n’a vue venir, mais en passant moins de temps à travailler et à se déplacer, nous avons plus de temps pour texter un ami, appeler un membre de notre famille, ou même jaser avec un voisin, à bonne distance, bien sûr.

La fermeture des lieux de rassemblement et des événements publics signifie aussi moins de distractions. N’échangez pas de textos uniquement dans les moments de calme volés entre des priorités concurrentes : la conversation peut être la priorité. Les parents qui passent habituellement leurs soirées à transporter les enfants d’une activité à l’autre peuvent profiter de cette pause pour se rapprocher en tant que famille ou rattraper le temps perdu ensemble. 

Nous avons également davantage de points communs avec un cercle plus large de personnes. Personne n’est à l’abri des impacts de la pandémie du coronavirus, qu’ils soient économiques, mentaux, physiques ou tout autre. Alors que certaines situations sont plus graves que d’autres, nous faisons tous face à beaucoup d’inconnus. Nous aurons presque tous une réponse à la question « Que crains-tu le plus? »

Confier nos craintes à quelqu’un peut approfondir nos relations tout en nous aidant à gérer et à réduire notre anxiété. Alors que bon nombre d’entre nous sont dépassés par la situation, et qu’un tourbillon d’inquiétudes se disputent la première place dans notre tête, nos amitiés peuvent faire contrepoids à la réaction de notre corps au stress, renforçant au bout du compte notre capacité de surmonter l’incertitude. Puisque le stress chronique peut affaiblir le système immunitaire et nous rendre plus vulnérables à la COVID-19, prioriser notre mieux-être mental est une façon de protéger notre santé physique.

Des relations positives peuvent aussi être une distraction appréciée des manchettes inquiétantes. Apprenez à mieux connaître un collègue, communiquez avec un proche de qui vous n’avez pas eu de nouvelles depuis longtemps, ou repensez aux bons moments en compagnie de vieux amis. Lorsque la période d’auto-isolement sera terminée, les liens que nous avons bâtis demeureront alors que nous nous rajustons à la vie de tous les jours. 

Aujourd’hui nous rappelle sobrement que la vie est fragile. Mais nous avons également la chance de faire le point sur nos priorités et de valoriser les relations qui comptent vraiment. Le renforcement de nos liens sociaux nous aidera à traverser la tempête et nous en ressortirons encore plus liés après la crise.

Inconnu

Double tâche : comment la COVID-19 affecte les proches aidants des personnes vivant avec une maladie mentale

Le mardi 7 avril marque la Journée nationale des proches aidants, créé pour rendre hommage aux millions de personnes au Canada qui fournissent des soins non rémunérés à des êtres chers qui sont aux prises avec des handicaps, des maladies ou d’autres besoins spéciaux. Cette année, au beau milieu de la pandémie de coronavirus, cette journée revêt une importance supplémentaire, car ces proches aidants font face à des difficultés sans précédent.

Pour beaucoup de proches de personnes vivant avec des maladies mentales et des problèmes associés à la santé mentale, les difficultés qu’entraîne la COVID-19 s’ajoutent à une charge déjà lourde. Comme la directrice générale de AMI-Québec, Mme Ella Amir l’explique, « Le fardeau des proches aidants s’alourdit en ce moment. Ils doivent composer avec les mêmes préoccupations que les non-aidants naturels, en plus de cette responsabilité supplémentaire. Cela peut faire beaucoup à gérer en même temps. » L’organisation sans but lucratif de Mme Amir aide les familles à faire face aux répercussions de la maladie mentale par le biais de groupes offrant du soutien, des formations, une orientation et des conseils juridiques.

Cependant, la directive voulant qu’une distanciation physique soit appliquée constitue un réel défi, car cela complique la tâche des proches aidants de fournir des soins et d’assurer la sécurité de leurs proches. Des exemples de soutien pratique, comme faire la lessive, cuisiner ou aider dans les aspects financiers sont rendus presque impossibles à cause de la distanciation. Compter principalement sur le téléphone pour offrir un soutien psychologique représente également un défi. Par exemple, si le proche aidant est âgé ou s’il souffre de conditions physiques sous-jacentes, sa vulnérabilité accrue dans le contexte pourrait l’obliger à devoir éliminer tout contact physique, afin de mieux protéger sa propre santé. 

Même si les proches aidants vivent sous le même toit que le membre de leur famille, les défis demeurent néanmoins grands. Comme c’est le cas pour plusieurs problèmes de santé mentale, un stress élevé peut entraîner une escalade des symptômes, laissant les proches aidants à eux‑mêmes pour gérer leur propre anxiété, en plus de la condition précaire d’un être cher. Puisque le système de soins de santé est de plus en plus sollicité, ils en sont à se demander si des services d’urgence seraient disponibles pour s’occuper du membre de leur famille s’il venait à se trouver en situation de crise.

Les mesures de distanciation sociale ont également mené à la fermeture temporaire de nombreux services de santé mentale externes. Alors que les soins aux patients hospitalisés ont toujours cours, la réduction des heures de visite créée un obstacle pour les proches aidants qui tentent de visiter leurs êtres chers dans les hôpitaux psychiatriques ou d’autres programmes pour patients hospitalisés. 

Heureusement, certains programmes de soutien destinés aux personnes aux prises avec une maladie mentale (et à leurs proches aidants) ont fait un virage virtuel pour continuer d’offrir leurs services. AMI-Québec, par exemple, a transféré tous ses programmes, notamment les groupes de soutien, les ateliers et le counseling individuel, vers des plateformes téléphoniques ou de vidéoconférences, lesquelles permettent aux familles de continuer de recevoir les soins dont elles ont besoin. Pour obtenir un soutien virtuel en santé mentale dans votre région, communiquez avec votre division locale de l’Association canadienne pour la santé mentale.

Pour Mme Amir, il est prioritaire de s’assurer que les groupes de soutien aux familles et les autres programmes se poursuivent sans interruption. « Personne ne comprend mieux le fardeau d’un proche aidant qu’un autre proche aidant. Le soutien qu’ils peuvent s’offrir réciproquement en ce moment est inestimable. »  

En plus de se soutenir mutuellement et d’aider leurs proches, il est essentiel que les proches aidants prennent du temps pour eux-mêmes. Selon Cynthia Clark, présidente du réseau Ontario Family Caregivers’ Advisory Network, « Les proches aidants doivent se rappeler que prendre soin de soi n’est pas un luxe. Il s’agit d’un élément qui est fondamental pour être en mesure de soutenir efficacement une autre personne. »

Pour plus de renseignements pour des aidants pendant la COVID-19, consultez la liste organisée par la Commission de la santé mentale du Canada.

Bien que la pandémie de coronavirus nous affecte tous, nous pourrions également prendre du temps pour réfléchir aux défis auxquels sont confrontés les proches aidants. Ils ont plus que jamais besoin de notre compréhension et de notre compassion. S’il y a un proche aidant dans votre entourage, le plus beau geste que vous puissiez poser est de communiquer avec lui, affirme Mme Amir. « Les proches aidants sont déjà un groupe isolé, dans le meilleur des cas. Le simple fait de leur tendre la main et de leur passer un coup de fil peut faire toute la différence du monde. »