Si vous êtes en état de détresse, veuillez appeler ou texter le 988 n’importe quand. En cas d’urgence, appelez le 9-1-1 ou rendez-vous à votre service d’urgence local.

Semaine National de prévention de suicide (QC)

Depuis 30 ans maintenant, l’Association québécoise de prévention du suicide (AQPS) consacre la première semaine de février à encourager les conversations sur la prévention du suicide.

Pourtant, pendant que vous lisez ceci en prenant votre café matinal, aujourd’hui, trois Québécois décèderont par suicide et 11 autres seront hospitalisés.

Ce sont nos amis, nos proches, nos collègues, nos voisins.

Beaucoup de choses ont changé depuis 30 ans, et grâce aux efforts de pionniers comme l’AQPS, à mesure que notre compréhension s’améliore, nous avons dissipé  de nombreux mythes.

Nous savons maintenant, par exemple, que le simple fait de demander à une personne si elle a des pensées suicidaires ne « l’incitera pas à se suicider ».

Mais il nous reste toutefois encore beaucoup de travail à abattre, notamment au chapitre de la sensibilisation.

De nombreuses études  ont démontré que presque toutes les personnes qui décèdent par suicide avaient rencontré leur médecin de famille au cours des six mois précédents.

Or, quelles sont donc les questions que les prestataires de soins primaires ne posent pas et pourquoi? Et comment pouvons-nous mieux les outiller pour répondre aux besoins de santé mentale de leurs patients?

Au-delà de la sensibilisation des professionnels de la santé, nous savons aujourd’hui qu’il est essentiel de sensibiliser le grand public — un rôle qui incombe aux gouvernements et a la société civile, mais également aux médias.

Or, quoique nous ne pensons plus qu’il soit constructif d’exiger que les médias gardent le silence sur les cas de suicide, nous reconnaissons qu’il est crucial d’aborder le sujet de façon responsable.

Entre éviter une couverture sensationnaliste et faire preuve de retenue quant à la révélation des méthodes utilisées, il existe des moyens d’encadrer un dialogue public sur le suicide qui a terme vont permettre de sauver des vies.

Aujourd’hui nous savons, avant tout, que, si le suicide résulte d’une convergence complexe de facteurs sociaux et biologiques, nous pouvons ensemble travailler  à forger une société où la prévention est une priorité commune.

La Commission de la santé mentale du Canada (CSMC) a depuis longtemps fait de la prévention du suicide un élément important de son travail, et est toujours reconnaissante des occasions qu’elle a de collaborer avec ses partenaires du Québec et d’apprendre de leur expériences.

Grâce à l’expansion d’Enraciner l’espoir, un projet communautaire de prévention du suicide, la CSMC touche environ 1,8 million de personnes dans huit communautés a l’échelle du Canada et confirme que les solutions doivent tenir compte du contexte local et être axées sur la communauté.

Le Dr Brian Mishara, chercheur principal d’Enraciner l’espoir, expert de renommée internationale sur le suicide, professeur à l’Université du Québec à Montréal et cofondateur de l’AQPS, l’a très bien dit lors du lancement du programme en septembre 2019.

Décrivant les efforts des psychiatres et des psychologues qui se sont rendus au Rwanda dans la foulée du génocide, il a expliqué que leurs interventions avaient fait plus de mal que de bien. En fait, leur approche globale face au traumatisme, de l’isolement des patients, à leur traitement dans des salles de consultation, en passant par le fait de leur faire revivre leurs expériences, était aux antipodes de ce qui était adapté d’un point de vue culturel. Pour se sentir en sécurité, les patients avaient besoin d’être dehors au soleil, entourés de leur famille, se rappelant des moments heureux.

Pour ainsi dire, même si les stratégies de prévention du suicide diffèrent peut-être selon la communauté, nous partageons avec nos partenaires du Québec et de partout au Canada la ferme résolution de réduire les ravages du suicide et un plan pour mettre à contribution les forces qu’ils connaissent le mieux.

Dans 30 ans, j’espère que les cas de suicides seront parmi les événements les plus rares parce que nous aurons réussi à encourager des conversations ouvertes et attentionnées, et à mettre en place des mesures de soutien et des ressources pour sauver des vies.

Aujourd’hui, au Canada, 11 personnes décèderont par suicide. Demain, ensemble, nous pouvons faire en sorte que cela ne soit plus le cas.

Cet article a paru à l’origine dans Le Droit du 11 février 2020.

Auteur:

Exploration des services de soutien spécialisés pour les travailleurs de première ligne

En ce mois de mars, nous célébrons le Mois national du travail social et soulignons la contribution des travailleurs sociaux. Chacune de leurs journées est unique, qu’il s’agisse d’orienter une personne ayant des antécédents de consommation de substances vers un logement supervisé, d’aider une survivante de violence sexospécifique à trouver des solutions accessibles pour la garde de ses enfants ou d’élaborer des politiques de santé mentale pour les étudiants de niveau postsecondaire. Mais chaque journée exige d’eux un altruisme que peu de professions nécessitent.

Évidemment, l’altruisme comporte son propre lot d’écueils. Les travailleurs sociaux sont confrontés à des situations de pauvreté infantile, d’agression sexuelle, sont témoins des inégalités structurelles de notre monde. De telles expériences les exposent à des traumatismes indirects continus et entraînent souvent de l’usure de compassion. Partout, comme le fait remarquer Polly Leonard, gestionnaire de programme à la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC) et travailleuse sociale autorisée, « un certain stoïcisme peut apparaître chez les travailleurs sociaux, qui ont l’impression que leur détresse est dérisoire en comparaison avec celle de leurs clients. »

Par exemple, vers qui les travailleurs sociaux peuvent-ils se tourner pour obtenir du soutien lorsque leurs amis et collègues jouent aussi le rôle des thérapeutes qu’ils sont encouragés à consulter ? « Si vous décidez de demander une aide extérieure, vous devez chercher plus loin que votre cercle immédiat pour éviter de vous adresser à un ami ou un collègue œuvrant aussi comme thérapeute personnel », affirme Mme Leonard.

Louise Bradley, présidente et directrice générale de la CSMC, abonde dans le même sens. « Les travailleurs sociaux sont les héros cachés des professions de soins de santé. Pendant que les pompiers et les policiers font la une pour leurs démonstrations de courage, les travailleurs sociaux doivent puiser profondément en eux-mêmes pour trouver de la compassion tous les jours. Non seulement ils se portent à la défense de personnes sous-desservies et vulnérables, mais ils sont aussi régulièrement exposés à des traumatismes indirects pouvant causer des blessures de stress opérationnel qu’on associe souvent à d’autres premiers intervenants. »

Mme Leonard résume parfaitement la situation : « Après avoir discuté entre nous des cas dont nous nous occupons, on dirait que tous les autres sujets sont futiles. »

C’est l’une des raisons pour lesquelles l’Association canadienne des travailleuses et travailleurs sociaux encourage les travailleurs sociaux autorisés à bien comprendre les répercussions de leur travail sur leur bien-être.

Peu de gens seront surpris d’entendre que les travailleurs de la santé et d’autres premiers intervenants font face à des difficultés semblables à celles des travailleurs sociaux.

Le stress chronique et l’épuisement sont communs dans le domaine de la santé ; en effet, de nombreux travailleurs déclarent souffrir de troubles liés au stress, comme la dépression, l’anxiété et les troubles liés à la consommation de substances. Les outils Prendre soin des travailleurs de la santé de la CSMC peuvent aider les organisations de santé à cerner les secteurs préoccupants et à améliorer la santé et la sécurité psychologiques de leurs employés.

Les ambulanciers paramédicaux, les pompiers et les policiers, qui souffrent de TSPT à un taux deux fois plus élevé que la population générale, sont également plus à risque de souffrir de dépression, de consommer des substances et d’avoir des pensées suicidaires.

Pour les paramédicaux, qui affichent les taux de maladie mentale les plus élevés au pays, le Groupe CSA a élaboré la Norme pour les paramédicaux, dont les normes spécifiques au milieu de travail peuvent aider à faire la lumière sur la stigmatisation, à déterminer les risques d’ordre psychologique et à promouvoir le bien-être mental.

Pour les travailleurs actifs dans d’autres services d’intervention en cas d’urgence, la formation L’esprit au travail Premiers intervenants (EATPI) est conçue pour promouvoir le bien-être mental, renforcer la résilience et réduire la stigmatisation entourant la maladie mentale. Basé sur le modèle du continuum en santé mentale, le cours EATPI enseigne aux premiers intervenants à reconnaître les blessures psychologiques chez leurs pairs et chez eux-mêmes. Un complément destiné aux familles est également offert pour faciliter l’amorce d’un dialogue constructif et éclairé au sein des familles.

Heureusement, grâce à des outils soigneusement élaborés, ces travailleurs de première ligne ont accès à des ressources en santé mentale aussi uniques que les situations auxquelles ils sont confrontés, qu’ils soient à la une du journal ou dans les faits divers.

Auteur:

Améliorer l’accès aux services de psychothérapie et encourager les femmes à embrasser des carrières scientifiques

Quand la Dre Patricia Lingley Pottie était sur le point d’obtenir son diplôme d’études secondaires, sur la rive sud de la Nouvelle-Écosse, au début des années quatre-vingt, elle a passé un nouveau test d’aptitude informatique qu’elle qualifie d’« ancêtre primitif de l’intelligence artificielle d’aujourd’hui, bien qu’avant-gardiste à cette époque ».

« Les résultats de l’évaluation indiquaient trois options de plan de carrière qui me convenaient », dit-elle, fraîchement débarquée de l’avion en provenance des Territoires du Nord-Ouest. L’Institut des familles solides (IFS), dont elle est présidente, chef de la direction et cofondatrice, vient tout juste de recevoir des fonds du gouvernement des T. N.-O. et de Bell cause pour la cause afin d’élargir son offre de services.

L’IFS redéfinit les soins de santé mentale de qualité. Il propose des solutions rentables aux obstacles souvent associés à l’accès aux soins de santé mentale et qui entraînent d’excellents résultats. Les formateurs de l’IFS sont hautement qualifiés pour offrir aux familles des programmes éprouvés et fondés sur les compétences, dans le confort de leur foyer (par téléphone et Internet).

« Je ne saurais trop insister sur l’importance d’une telle flexibilité », a déclaré Patricia. « De nombreuses familles qui font appel à nous s’approchent du seuil de pauvreté, alors s’absenter du travail n’est pas une option. L’approche adoptée par l’IFS permet aux clients de ne pas manquer le travail. De plus, poursuit-elle, son irrépressible passion remontant à la surface, notre approche axée sur le client est offerte sans liste d’attente et sans fardeau financier ! »

À la lumière des premiers résultats du test d’aptitude, Patricia n’aurait jamais imaginé la tournure que prendrait sa carrière. « À ce moment-là, dit-elle, mes trois meilleurs choix de carrière étaient : femme au foyer, coiffeuse et infirmière. » Se questionnant à voix haute sur le rôle du sexe et du genre dans cette boule de cristal informatisée, Patricia souligne qu’« il y a tant d’autres portes ouvertes aux femmes aujourd’hui, et nous en voyons de plus en plus dans le domaine scientifique. »

Son début de carrière comme infirmière à l’hôpital SickKids de Toronto, en grande partie dans l’unité de néphrologie, a atteint un tournant décisif lorsque l’une de ses plus jeunes patientes, une petite fille nommée Judy, est décédée d’une maladie génétique rare après avoir subi 28 chirurgies douloureuses et trois greffes.

« Au cours des trois années où j’ai pris soin de Judy, je l’ai regardée endurer plus que la plupart des gens dans toute une vie. C’est elle qui m’a incitée à vouloir guérir les gens, plutôt qu’à prendre soin d’eux » a expliqué Patricia. « En tant qu’infirmière, je pouvais soulager la souffrance, ce qui est essentiel. Mais en tant qu’étudiante qui avait toujours adoré la chimie, les mathématiques et les sciences, une grande partie de moi voulait faire de la recherche, où je sentais qu’il y avait une possibilité d’en apprendre davantage sur la façon de prévenir et de guérir les maladies. »

Trois décennies plus tard — au cours desquelles elle a atteint de nombreux objectifs impressionnants que son test d’aptitude n’aurait jamais laissé présager —, Patricia est une chercheuse de renommée mondiale au Centre de santé IWK, à Halifax, et professeure adjointe en psychiatrie à l’Université Dalhousie. En collaboration avec le co-chercheur et Dr Patrick McGrath (cofondateur et président du conseil d’administration de l’IFS), Patricia est en bonne voie de transformer complètement le modèle de prestation des services de santé mentale.

« L’innovation est importante, et c’est la raison pour laquelle je suis si fière de la façon dont nous avons conçu la technologie pour offrir un enseignement à distance de haute qualité et de la formation en compétences comportementales pour une fraction du coût des programmes traditionnels. »

Patricia parle d’IRIS, une plate-forme logicielle novatrice si sophistiquée et intégrée au fonctionnement de l’IFS qu’« elle » est considérée comme un membre à part entière de l’équipe. « IRIS peut répondre à toutes nos questions, car nous l’avons entièrement créée pour être l’outil le plus réactif, convivial et utile que nous pouvions imaginer. »

Nous avons fait tellement de chemin depuis les débuts de l’intelligence artificielle que nous comprendrions si vous croyiez qu’IRIS était un être humain qui pense et éprouve des sentiments. Bien que l’enthousiasme de Patricia soit à son apogée quand elle décrit les capacités d’IRIS, elle souligne que l’exploitation d’une telle plate-forme n’est pas une mince affaire pour un organisme sans but lucratif.

Ayant attiré les programmeurs avec la promesse d’« un travail qui changera la face du monde », elle espère que sa petite équipe de scientifiques informatiques concevra bientôt une application qui sera la clé de voûte du modèle de soins par paliers de l’IFS.

« Si je gagnais à la loterie demain, nous créerions une application que les gens pourraient utiliser en ligne et hors ligne, non seulement les habitants des collectivités rurales et éloignées du Canada, mais aussi le personnel militaire outre-mer », s’est réjouie Patricia (son plus grand défi est d’expliquer aux bailleurs de fonds potentiels à quel point IRIS est coûteuse à maintenir et à faire progresser). « J’utiliserais aussi ces fonds pour assurer un accès équitable à nos programmes pour tous les Canadiens ! »

Le succès de l’IFS est dû en grande partie au caractère indomptable de Patricia. Quand on lui demande ce qui la stimule, elle s’exclame : « Les données ! Les informations que nous déterrons valent plus que de l’or ! Avec les données, nous pouvons rendre compte des résultats à nos clients et bailleurs de fonds, et nous savons quels changements sont nécessaires pour répondre aux besoins de nos clients ! »

La générosité qui anime Patricia teinte ses moindres gestes. Sa seule frustration est d’être incapable d’aider toutes les familles qui frappent à sa porte.

Mais là où elle peut provoquer des changements, elle le fait. Patricia offre du mentorat à presque tous les leaders potentiels qui passent à l’IFS. Elle croit au pouvoir d’investir dans la prochaine génération d’innovateurs et conseille aux jeunes qui cherchent leur voie :

« Trouvez un mentor dont les croyances, la vision et les aspirations correspondent aux vôtres, puis demandez-lui de vous rencontrer. Vous serez étonné de voir combien accepteront. Rien n’arrête les jeunes d’aujourd’hui. Ils ne se limitent pas aux piètres résultats d’un test d’aptitude. »

Et il s’avère que Patricia non plus.

En souvenir d’Aimee LeBlanc

Aimee LeBlanc aimait l’hiver. Elle a passé sa lune de miel au Yukon, à la fin de l’été, gelant à l’arrière d’une camionnette à toit rigide recouverte d’une tente. Aimee et son époux, Dan, étaient un couple dévoué, qui tirait le maximum des aventures de la vie, petites et grandes.

Aimee était aussi unique et complexe que les flocons de neige qu’elle accueillait avec joie chaque année. Il faut une personne très spéciale pour faire face à un diagnostic de cancer avec grâce et courage, mais c’est exactement ce qu’elle était. Alors que la maladie a régressé et progressé durant plus d’une décennie, Aimee n’a jamais laissé son ombre obscurcir son esprit ou empiéter sur le travail qu’elle se sentait appelée à faire.

Le début de sa carrière en travail social a forgé sa conviction que le genre de changement significatif nécessaire pour sortir les gens de la pauvreté et leur offrir de meilleures possibilités devait commencer avec les décideurs politiques. Cela l’a menée à passer près de dix ans à apprendre, auprès du gouvernement ontarien, les tenants et les aboutissants des politiques sur la santé mentale, établissant ainsi des bases solides pour son travail dans les domaines du logement et de l’itinérance.

Armée de ces vastes connaissances, consolidées par son expérience pratique antérieure, elle n’avait aucun intérêt pour le travail administratif. Elle voulait repousser les limites. Elle croyait dans le devoir de la société d’améliorer le sort des personnes vulnérables — une conviction qui allait de pair avec son leadership tranquille et son ardente détermination.

Aimee n’a jamais permis à sa santé déclinante de déteindre sur sa joie de vivre. Elle a vécu chaque jour sous le charme des merveilles de la nature, et Dan et elle tiraient de la joie du banal comme du miraculeux. L’attitude volontaire et la dignité innée d’Aimee sont des qualités qui ont inspiré ses collègues à se retrousser les manches en hommage à son indéfectible optimisme.

Son esprit indomptable et sa joie de vivre teintaient sa vision du monde. Chaque communauté visitée par Aimee, que ce soit à Terre-Neuve ou au Nunavut, était une occasion d’explorer — à pied, dans ses bottes de marche usées par le temps, ou à bord de son fidèle canot, tendrement surnommé « Herkimer ». 

Recrutée par Dre Paula Goering pour agir à titre de conseillère principale en politiques à la CSMC, Aimee a marqué les politiques sur le logement et l’itinérance au Canada par ses contributions à At Home/Chez Soi. Dans un discours prononcé à la fin du projet, la présidente-directrice générale de la CSMC, Louise Bradley, a souligné ses importantes contributions.

« Du leadership tranquille, Aimee en a à revendre », a déclaré Louise Bradley. « Son travail passe toujours en premier. Jamais elle ne cherche à s’attribuer le mérite de quoi que ce soit ou à être sous les feux de la rampe. Ce qu’elle veut, par-dessus tout, c’est de voir des progrès. Donner aux personnes aux prises avec une maladie mentale grave l’accès à un lieu sécuritaire pour vivre et les soutenir à mesure qu’elles progressent dans leur rétablissement. »

Le travail d’Aimee dans la foulée du projet Chez Soi l’a amenée à canaliser sa compassion et son expertise dans l’élaboration du Guide de référence pour des pratiques axées sur le rétablissement. Cet engagement à l’égard du rétablissement, Aimee l’a respecté jusqu’à ses derniers jours. Alors qu’elle attendait un traitement d’urgence, elle s’inquiétait d’une jeune femme qui traversait une crise psychologique et était soumise à des mesures de contention par le personnel hospitalier.

On retrouve aussi la sensibilité et le pragmatisme qui caractérisaient Aimee dans la première version du projet national de prévention du suicide de la CSMC, qui a donné lieu à Enraciner l’espoir.

À la CSMC, tous s’entendent pour dire que la capacité emblématique d’Aimee de toujours interagir avec grâce et respect avec tous et en toutes circonstances lui a fait gagner l’affection de ses collègues et a inspiré le genre de collaboration créative qui donne lieu aux solutions les plus constructives aux plus grands défis politiques.

Vers la fin de son voyage, au début de novembre 2019, Aimee a indiqué, avec sa modestie habituelle, que « d’avoir le privilège de jouer un petit rôle dans le vaste travail de la CSMC » lui était d’un grand réconfort.

Tout comme la neige fond au printemps, ne laissant derrière qu’un souvenir de son scintillement merveilleux, Aimee, dans son dernier message avant son départ, le 14 décembre, a demandé à ses amis et collègues de considérer leur incidence sur le monde et de ne laisser derrière que des souvenirs et leurs efforts à faire de notre monde un monde meilleur.

Aimee nous manquera beaucoup, mais ses collègues honoreront sa mémoire tous les jours en accomplissant le travail qui lui était si cher.

Comment prendre des décisions durables

Dans une récente entrevue avec le Dr Keith Dobson, psychologue et ancien président de l’Association canadienne des thérapies cognitives et comportementales, la CSMC lui a demandé pourquoi nous échouons presque toujours à respecter nos résolutions du Nouvel An et de quelle manière nous pouvons apporter des changements significatifs à nos habitudes de vie. Si nous n’en sommes qu’à la début février et que vos meilleurs plans ont déjà échoué, ne vous découragez pas. Nous avons des trucs et des astuces pour vous aider à revenir sur le droit chemin et apporter des changements significatifs à votre vie.

CSMC Est-il vrai que la majorité des résolutions du Nouvel An se terminent par un échec?

Dr Dobson : J’ai entendu dire qu’environ 10 % seulement des résolutions du Nouvel An engendrent des résultats ne serait-ce que partiellement positifs. Cela signifie que 90 % d’entre nous manquent leur coup!

CSMC Nous sommes donc loin d’être seuls si nos résolutions de faire plus d’exercice ou de s’adonner à la méditation prennent le bord. Mais existe-t-il des moyens d’apporter des changements durables à notre vie?

Dr Dobson : Il existe bien certains principes fondamentaux pour changer son comportement, ce qui n’est jamais facile à faire. La première chose à faire, c’est de vous assurer que le changement que vous souhaitez apporter cadre avec vos valeurs et vos principes. Par exemple, si vous n’avez jamais été quelqu’un d’ordonné, cet objectif n’est probablement pas prioritaire pour vous. Si vous prenez la résolution de devenir plus ordonné parce qu’une autre personne dit qu’il s’agit d’un objectif louable, vous avez peu de chances d’y parvenir puisque cette motivation ne vient pas de vous.

CSMC Nous devons nous fixer un but qui est important pour nous. Case cochée! Que devons-nous faire d’autre pour parvenir à modifier notre comportement?

Dr Dobson : Il faut être réaliste quant au temps et aux ressources nécessaires pour induire ce changement. Si vous décidez de prendre une heure par jour pour méditer, cela peut signifier que vous devez mettre d’autres tâches de côté. Cette résolution peut aussi impliquer de devoir trouver quelqu’un pour s’occuper des enfants pendant qu’on médite ou de modifier notre horaire. Par conséquent, si vous voulez atteindre votre objectif, vous devez y réfléchir et vous assurer que votre but est réaliste. Vous avez aussi plus de chances de réussir si vous commencez par des séances de deux ou de cinq minutes, trois fois par semaine, et que vous augmentez graduellement la durée des séances jusqu’à une heure (ou la durée qui vous convient).

CSMC Quels autres pièges devons-nous éviter pour réussir à modifier notre comportement? 

Dr Dobson : Trop souvent, les gens prennent des résolutions à propos de choses sur lesquelles ils n’ont pas le contrôle. J’entends souvent, par exemple, « Je veux mieux communiquer dans ma relation amoureuse ». Le problème, c’est que la communication, c’est quelque chose qui se fait dans les deux sens. Donc à moins que la personne avec qui vous souhaitez communiquer soit aussi résolue à y parvenir que vous, vous êtes pratiquement sûr d’échouer.

CSMC Vous nous avez parlé des choses à ne pas faire. Mais qu’en est-il de ce qu’il faut faire? Comment pouvons-nous briser le cycle des résolutions inutiles et faire de 2020 une année de réel changement?

Dr Dobson : L’une des approches que je préfère est tirée de la formation L’Esprit au travail de la CSMC. Elle est axée sur les objectifs « SMART » — c’est-à-dire des objectifs spécifiques, mesurables, atteignables, réalistes et temporels. Une autre excellente approche véhiculée par la CSMC, en particulier pour les personnes qui vivent de l’anxiété ou qui ont vécu des traumatismes, est celle de S’aider soi-même. Dans les deux cas, le principe de base consiste à éviter de se fixer des objectifs trop vastes, comme « Je veux tenir un journal pour venir à bout de mes pensées négatives ». Il vaut mieux diviser un objectif en plusieurs petites étapes : « Je veux consacrer cinq ou dix minutes par jour à l’écriture », par exemple, ou alors, « Je veux écrire cent ou deux cents mots par jour ». Pensez à ce que vous aurez accompli au bout d’une année si vous réussissez à atteindre ces plus petits objectifs. Ça prend vite des proportions impressionnantes!

CSMC Pourquoi avoir de plus petits objectifs est-il plus efficace que d’en avoir un seul plus important?

Dr Dobson : En se fixant des objectifs plus faciles à atteindre, on peut célébrer chacune des étapes franchies pour parvenir à notre objectif ultime. On peut donc se féliciter soi-même plus souvent et demeurer motivé. Si votre objectif est d’apprendre à jouer d’un instrument, vous n’y parviendrez pas en un jour. Malcolm Gladwell l’expliquait à merveille dans son livre Outliers : « Ça prend 10 000 heures pour devenir un expert de quoi que ce soit que l’on entreprend ». Il vaut donc mieux commencer doucement et avancer en fonction de nos progrès.

CSMC À quoi devrions-nous faire attention lorsque nous souhaitons modifier notre comportement?

Dr Dobson : Je répète souvent aux gens qu’une résolution, ce n’est pas la même chose qu’un souhait. Même si vous désirez quelque chose de toutes vos forces, si vous n’êtes pas déterminé à faire ce qu’il faut pour l’obtenir, ça n’arrivera pas comme par magie.

CSMC Merci, Dr Dobson. Pouvez-vous nous faire un bref récapitulatif?

Dr Dobson : Prenez des résolutions qui correspondent à ce qui est le plus important pour vous. Assurez-vous que ce sont des choses sur lesquelles vous avez le contrôle, et que vous disposez du temps et des ressources nécessaires pour y arriver. Fixez-vous des objectifs plus réalistes et accordez-leur le temps nécessaire. Vous devez être déterminé à y parvenir, pas seulement le désirer.

CSMC Si cette entrevue vous incite à vous fixer des objectifs réalistes, envoyez-nous un tweet et dites-nous comment vous comptez y parvenir! #2020smallsteps

En parler ne suffit plus…ouvrons la voie vers les services de santé mentale

Dans la foulée d’une autre Journée Bell Cause pour la cause réussie, il est important d’alimenter la discussion. Le 29 janvier, les messages textes et les gazouillis ont permis de recueillir la somme incroyable de 7 719 371 25 $ pour soutenir la santé mentale, renforçant ainsi une conviction de longue date de la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC), à savoir que les Canadiens ont la santé mentale à cœur.

Or, les résultats récemment publiés d’une enquête révèlent une autre réalité — un profond mécontentement par rapport au statu quo. Les temps d’attente peuvent atteindre un an, voire davantage, dans certaines provinces. Et il n’est pas exagéré de dire que, non traitées, certaines maladies mentales peuvent s’avérer fatales. Chaque année, au Canada, 4 000 vies sont perdues en raison du suicide.

En partenariat avec Nanos Research, la CSMC a voulu savoir ce que les gens de partout au pays pensent de la santé mentale. Comme plus de la moitié des répondants ont indiqué qu’eux-mêmes ou une de leurs connaissances ont déjà connu des retards dans l’accès aux services, il n’est pas surprenant que neuf répondants sur dix souhaitent un meilleur financement des services et un accès accru à ceux-ci.

Les cinq milliards de dollars — une somme sans précédent — investis par le gouvernement fédéral dans les soins de santé mentale sont encourageants, tout comme l’est le tout récent discours du Trône qui a reconnu la santé mentale comme un enjeu de politique sociale urgent. Mais la CSMC estime qu’il est tout aussi crucial de soutenir l’innovation dans la prestation des services de santé mentale. 

L’une de ces innovations est le Modèle de soins par paliers 2.0, élaboré par le Dr Peter Cornish à l’Université Memorial, que la CSMC a mis en œuvre auprès du gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador. En bonifiant le soutien traditionnel au moyen de technologies de cybersanté mentale et de consultations sans rendez-vous uniques, le Modèle de soins par paliers 2.0 a permis de réduire le temps d’attente de 68 % dans 15 cliniques aux quatre coins de la province.

L’enquête révèle aussi que huit Canadiens sur dix désirent une augmentation du financement pour les programmes de prévention du suicide. En réponse à cet appel, la CSMC a mis sur pied le projet communautaire de prévention du suicide Enraciner l’espoir, qui a été adopté par huit collectivités d’un bout à l’autre du pays — rejoignant 1,8 million de personnes au total. Fondé sur des pratiques exemplaires internationales et tirant parti des atouts de chaque collectivité, ce projet a pour but de réduire le nombre de suicides et d’atténuer leurs répercussions.

En mettant l’accent sur la collaboration, l’innovation et des investissements intelligents, une réforme importante en santé mentale — sur laquelle comptent les Canadiens — est possible.

D’ici dix ans, nous espérons que les résultats d’enquête indiqueront que les investissements dans l’innovation auront entraîné une diminution des temps d’attente et du nombre de personnes accusant des retards dans l’obtention des services dont elles ont besoin et qu’elles méritent.

Inconnu

Prévoir du temps pour la santé mentale au cours de l’année à venir

Le début d’une nouvelle année est synonyme de changement. Mais comme ce ne sont pas les résolutions qui manquent, la pression exercée par les nouvelles habitudes et les nouveaux objectifs ambitieux peut prendre le pas sur notre santé mentale.

Si vous vous sentez déjà épuisé – peut-être parce que vous prenez activement soin d’un proche –, il est d’autant plus important de vous réserver un peu de temps pour vous-même.

Cette année, la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC) aimerait vous encourager à repenser vos résolutions et à canaliser votre énergie de manière à accorder la priorité à votre propre santé mentale. Vous pourriez être surpris de l’effet d’entraînement que peut avoir l’établissement du bien-être mental comme objectif numéro un. 

Prévoir du temps pour prendre soin de soi

Prendre soin de soi est primordial pour notre santé mentale globale et notre bien-être, et l’investissement d’un peu de temps et d’énergie peut rapporter gros. La nouvelle année est une excellente occasion pour prendre l’habitude de s’occuper de soi, ou pour ajouter quelques nouvelles pratiques à une vieille routine.

Voici quelques idées simples pour prendre soin de soi :

  • Nettoyer ou désencombrer un espace où se réfugier dans la maison quand on se sent dépassé;
  • Inclure la musique dans sa vie de tous les jours pour stimuler sa motivation ou aider à se détendre;
  • S’exercer à gérer son stress et à être de bonne humeur;
  • Faire du bénévolat – cela apporte des bienfaits éprouvés pour la santé mentale.

Pour découvrir d’autres façons de prendre soin de vous, suivez la CSMC sur Instagram; des conseils à cet effet y sont publiés tous les dimanches.

Prévoir du temps pour parler de santé mentale

La campagne annuelle Bell cause pour la cause nous rappelle que l’ouverture à parler de santé mentale contribue à éliminer les obstacles qui réduisent beaucoup d’entre nous au silence. Prévoyez du temps pour discuter de santé mentale avec vos amis et collègues, et montrez-leur que vous êtes là pour les écouter sans les juger. Pour ce faire, vous pouvez suivre des chefs de file en santé mentale sur les médias sociaux ou publier du contenu réfléchi. Prêter une oreille aimable et attentive à quelqu’un peut changer sa vie, surtout si cette personne partage son expérience pour la première fois. 

Faire preuve d’écoute pourrait aussi vous inspirer à partager votre propre histoire. 

Que vous confiiez votre expérience relative à un problème ou une maladie mentale à une ou à plusieurs personnes, vous devez le faire avec soin. Pour des conseils sur la façon de partager votre histoire en toute sécurité et décider si 2020 est le bon moment pour le faire, consultez ce récent article du Vecteur.

Prévoir du temps pour en apprendre davantage

Songez à approfondir vos connaissances sur la santé mentale en vous joignant aux près de 500 000 Canadiens qui ont suivi le cours Premiers soins en santé mentale (PSSM). PSSM propose des outils pratiques pour soutenir les gens qui font face à un problème de santé mentale ou qui traversent une crise. Tout comme les premiers soins traditionnels, la formation PSSM permet d’acquérir la confiance nécessaire pour aider en cas d’urgence et d’accroître votre connaissance des problèmes de santé mentale courants.

La page Ressources de la CSMC propose un éventail d’autres cours, de webinaires et d’outils pour vous aider à enrichir vos connaissances en santé mentale.

Prévoir du temps pour les ressources de soutien spécialisées

La CSMC reconnaît que les aidants ont besoin de ressources spécialisées pour les aider dans leur situation particulière. Si vous êtes un aidant (ou en connaissez un), surveillez notre site Web. Un nouveau recueil de ressources à l’intention des aidants y sera publié dans les semaines à venir.

D’ici là, les Directives relatives aux aidants peuvent inciter les décideurs de votre collectivité à améliorer l’expérience de tous les intervenants dans le cercle des soins. 

Prévoir du temps pour la santé mentale n’a pas besoin d’être compliqué. Avec un peu d’effort et d’intention positive, cela pourrait s’avérer le changement le plus efficace que vous aurez apporté cette année.

Auteur:

La présidente-directrice générale de la CSMC s’attend à une collaboration et une incidence plus importantes au cours de la prochaine année

Louise Bradley adresse les étudiants diplômés de la cérémonie de la collation des grades de l’automne 2019 suite à la réception d’un doctorat honorifique de l’Université Mount Saint Vincent, à Halifax.

Nous sommes en 2020 depuis une semaine seulement, mais j’ai le plaisir de vous annoncer que l’année s’annonce palpitante pour la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC) et nos nombreux partenaires dans l’ensemble du secteur.

Cette année sera celle où nous tirerons parti de l’immense succès de la première Norme sur la santé et la sécurité psychologiques en milieu de travail en lançant sa suite naturelle : la Norme pour les étudiants du postsecondaire.

En collaboration avec Bell Canada, la Fondation de la famille Rossy, RBC et, bien sûr, grâce aux conseils et à l’expertise du Groupe CSA (organisation canadienne de normes digne de confiance), nous offrirons à tous les campus postsecondaires du pays une base de référence pour mesurer les progrès accomplis, ainsi qu’un cadre pour améliorer les services de santé mentale offerts aux étudiants. Je crois sincèrement que cette approche modulaire à l’égard de la promotion et de la prévention est la meilleure façon d’intégrer le bien-être psychologique dans la société canadienne.

Le travail réalisé par les organisations est extrêmement important, et le développement de l’expertise dans nos collectivités au moyen de formation comme Premiers soins en santé mentale (PSSM) l’est tout autant.

Plus tôt cette année, quand on m’a demandé pourquoi les gens devraient suivre une telle formation, j’ai réalisé que, tant que la réponse à cette question ne sera pas aussi évidente qu’elle l’est pour les formations en premiers soins en santé physique, nous avons encore beaucoup de sensibilisation à faire.

J’ai donc répondu ceci : « Si quelqu’un s’étouffait au restaurant, aimeriez-vous savoir comment l’aider? Et si quelqu’un avait une crise de panique dans un ascenseur bloqué ou un wagon de métro en panne, aimeriez-vous savoir comment lui venir en aide jusqu’à l’arrivée des secours? »

Naturellement, la réponse fut un « oui » retentissant. Et cela ne m’a guère surprise, étant donné que cette année marquera un jalon important pour PSSM, soit un demi-million de personnes au Canada qui auront suivi la formation. Cet événement marquant sera souligné par une icône canadienne très spéciale, qui a offert d’être le 500 000e participant. Restez à l’affût!

Comme la CSMC a approfondi ses relations avec les provinces et les territoires en 2019 – avec des projets comme Enraciner l’espoir et la réussite de notre projet de démonstration de cybersanté mentale à Terre-Neuve-et-Labrador –, nous examinons maintenant la meilleure façon de tirer parti de ces partenariats. 

En fait, ce regain d’intérêt pour la collaboration nous a incités à nous engager dans un processus de planification stratégique afin de mieux déterminer notre place parmi de nombreux champions en santé mentale importants au Canada.

Nous croyons qu’en écoutant nos intervenants et nos employés, et qu’en évaluant nos réussites et nos échecs, nous pouvons, en tant qu’organisation, nous rajuster afin que notre travail ait une plus grande incidence et nous assurer que nous continuons de soutenir ceux qui ne seraient pas pris en compte autrement. 

Enfin, comme nous nous efforçons de donner l’exemple, c’est avec beaucoup de fierté et d’humilité que je vous annonce qu’après près de cinq années de travail avec nos partenaires autochtones, et grâce aux conseils et aux avis de généreux mentors autochtones, 2020 marquera l’officialisation par la CSMC d’une Déclaration sur la réconciliation. Plus que des mots, la Déclaration orientera nos efforts de collaboration avec les organisations autochtones cherchant à conclure un partenariat avec nous.

Compte tenu de la portée de ces nombreuses priorités, certains aspects de notre travail atteindront probablement leur fin naturelle. Par exemple, nous confierons l’administration des sommets LA TÊTE HAUTE (une initiative de lutte contre la stigmatisation chez les jeunes) à l’Association canadienne pour la santé mentale (ACSM). Les 300 bureaux et 5 000 employés de l’ACSM continueront de soutenir la croissance de l’initiative au niveau local.

Comme je l’ai dit lors de la conférence La santé mentale pour tous, en septembre, il est grand temps que les acteurs du secteur de la santé mentale s’unissent sous le signe de la collaboration. Après tout, « le travail accompli » compte beaucoup plus que « celui qui l’accomplit ».

Que 2020 soit l’année où l’ensemble de mesures disparates s’additionnent pour former un tout : un pays merveilleux assurant un meilleur accès aux services, redoublant d’efforts pour prévenir le suicide et offrant davantage de formation et de ressources, ainsi qu’un meilleur sentiment d’humilité culturelle.

Bonne année!
Louise Bradley

Auteur:

La compréhension nouvelle de l’histoire des autochtones inspire le personnel de la CSMC

Il y avait de l’électricité dans l’air tandis que vingt membres du personnel de la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC) s’assoyaient en cercle dans une petite pièce sans fenêtre. Certains d’entre eux avaient déjà eu l’occasion de travailler avec les communautés autochtones, alors que d’autres n’avaient qu’une vague idée de ce que cela impliquait. Toutefois, chacun d’entre eux savait que l’Exercice des couvertures de KAIROS pouvait être émotionnellement difficile.

Heureusement, l’aînée Reta Gordon et l’animatrice Julie Vachon ont rapidement dissipé la gêne ambiante. 

« Nous ne sommes pas ici pour blâmer ou jeter la honte sur qui que ce soit », a affirmé Mme Vachon. « Nous sommes ici pour mettre fin au déni et pour faire éclater la vérité ».

L’exercice des couvertures est tout aussi viscéral que visuel. Des couvertures sont étalées sur le sol de manière à former une carte de l’Amérique du Nord. Les participants enlèvent leurs chaussures avant de prendre place sur les couvertures, dont chacune représente le territoire d’environ 20 millions d’autochtones qui ont vécu sur ces terres bien avant l’arrivée des Européens. Au fur et à mesure que les terres sont conquises, que les épidémies font rage, que les politiques gouvernementales axées sur l’assimilation gagnent du terrain, les participants sont forcés de quitter leur couverture et de retourner s’asseoir à leur place, jusqu’à ce qu’il ne reste que l’ombre d’une civilisation autrefois florissante et diversifiée sur le plan de la langue, de la culture et des traditions.

On pouvait presque entendre et sentir battre le pouls de l’histoire qui a traversé les siècles. Cet exercice est d’une grande efficacité parce que les participants ne font pas qu’y assister, ils en sont à la fois les spectateurs et les narrateurs. Ils deviennent la réincarnation d’un passé traumatisant : les morts de la rébellion des Métis, les autochtones morts de faim, les enfants arrachés à leur famille pour être envoyés dans les pensionnats ou enlevés lors de la rafle des années 1960 et les femmes et les filles autochtones disparues ou assassinées. 

Le moment le plus intense de la journée a été celui où Mme Vachon a demandé aux participants d’observer une minute de silence à la mémoire de ceux qui ont subi ces épreuves. « Prenez un moment pour ressentir ce malaise », a-t-elle dit. « Ne cédez pas à l’habitude de vous déconnecter de ce qui vous rend mal à l’aise ». 

Cet inconfort a permis à un discours plus positif d’émerger : la contemplation de ceux qui ont survécu à des épreuves inimaginables — qui ont subi des traumatismes intergénérationnels et qui ont fait l’expérience du racisme cautionné par l’État — et qui en sont ressortis habités d’une force, d’une résilience et d’une compassion exemplaires après s’être réapproprié leur culture et leurs origines envers et contre tous.

« Je réalise que j’ai à peine commencé à effleurer la surface de ce que les autres ont vécu », a dit Julia Armstrong, gestionnaire de programmes dans l’équipe de prévention et de promotion de la CSMC; comme bien d’autres participants, elle a exprimé sa frustration d’en connaître si peu sur l’histoire des peuples autochtones. 

Elle considère ces nouveaux apprentissages comme une responsabilité. « J’ai la chance de travailler pour une organisation qui fait de la réconciliation une priorité afin que ses employés puissent grandir et apprendre en tant que personnes. J’ai envie de donner au suivant et de faire profiter ma famille, mes amis et mes collègues de la sagesse que j’ai pu acquérir ».

Et c’est exactement le genre de changements que les animateurs espèrent engendrer.

« Les gens demandent : que pouvons-nous faire? Ils nous disent : maintenant que nous en savons plus, comment pouvons-nous faire mieux? », dit Mme Gordon. « Voici ce que je leur réponds : », dit Mme Vachon, « Vous n’avez pas besoin de poser de grands gestes éloquents qui ne serviraient qu’à flatter votre égo. Sortez d’ici et posez de petits gestes simples. Parlez aux gens autour de vous. Si chacun d’entre vous sort d’ici et transmet cette nouvelle connaissance à une personne de plus, et que chacune de ces personnes fait la même chose, imaginez tout ce que nous pourrons accomplir. Nous pourrons dissiper les malentendus et les préjugés malsains pour éliminer toute forme de jugement et laisser toute la place à la compassion ».

« L’exercice des couvertures de KAIROS est un élément de la compétence culturelle que j’encourage tout un chacun à acquérir », a affirmé Mme Louise Bradley, présidente-directrice générale de la CSMC. « En tant qu’individus, nous avons la responsabilité d’approfondir notre compréhension de l’histoire et de progresser de manière significative sur la voie de la réconciliation. En tant qu’organisation, nous avons la chance de favoriser cette croissance chez nos employés. Je suis persuadée que cela se reflétera dans notre travail de nombreuses façons, petites et grandes ».

Si vous souhaitez participer à cette leçon d’histoire unique et immersive, vous pouvez en apprendre davantage ici.