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Inclusion, empathie et guérison
Bien avant le retrait de l’Afghanistan et avant la pandémie, le besoin de soutien en santé mentale des anciens combattants était déjà criant.
Avec l’ajout de ces pressions additionnelles à une poudrière déjà prête à sauter, il est évident que le besoin n’a fait que croître. Plus précisément, devant le rapatriement d’une mission qui durait depuis 13 ans, plusieurs se sont demandé à quoi leurs efforts avaient servi.
La vétérane Sherry Lachine puise un sentiment d’utilité et de valeur dans l’aide qu’elle prodigue à ses pairs et à leurs proches pour explorer leurs émotions et apprendre des stratégies très différentes de celles qu’ils appliquaient sur le champ de bataille.
Mme Lachine est maître formatrice du programme de Premiers soins en santé mentale (PSSM) pour la communauté des vétérans de la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC). Elle est également propriétaire de l’entreprise Broadmind, qui se spécialise dans les stratégies de santé mentale.
Bien que les vétérans forment une de ses principales clientèles, le soutien et les formations offerts à leurs amis et à leur famille sont également cruciaux.
« Si on élargit la perspective pour inclure l’entourage de chacun des anciens combattants, le nombre de personnes touchées par le bien-être mental des vétérans s’élève à des millions », souligne-t-elle.
La formation de PSSM pour la communauté des vétérans est conçue pour que ses participants puissent compatir aux expériences vécues par leurs pairs et former un réseau de soutien en ouvrant leurs oreilles et leurs cœurs aux autres. Depuis le lancement du programme, en 2016, grâce à un partenariat entre la CSMC et Anciens Combattants Canada, plus de 3 700 personnes ont suivi les cours en ligne et en personne.
Ce n’est pas pour moi
Chaque fois qu’elle parle du cours, Mme Lachine contredit la croyance selon laquelle la formation de PSSM n’a d’utilité que pour les personnes ayant pris les armes. « Les premiers soins en santé mentale s’adressent à tout le monde. En fait, la formation enseigne des compétences relationnelles, parentales et humaines. Des compétences dont nous avons tous besoin dans notre vie quotidienne. »
« Ce n’est pas pour moi », ce sont les mots que la mère de Mme Lachine a prononcés lorsqu’elle l’a invitée à assister à l’une des séances. « Ma mère a participé à la formation sous le couvert de le faire pour les autres, et non pour elle-même. Mais elle a rapidement compris que c’était faux, puis elle s’est mise à promouvoir ardemment le programme, presque au point d’imprimer des chandails pour le faire connaître. »
Bien que le programme soit offert en plusieurs versions adaptées à des populations précises comme les vétérans, il s’adresse aussi à toute personne souhaitant renforcer les compétences humaines énumérées par Mme Lachine.
Un espace sûr
L’humanité commune est au cœur des séances de formation PSSM réussies, affirme-t-elle. En se rappelant un cours particulièrement émouvant où un vétéran avait confié avoir honte du comportement qu’il avait eu face à ses proches par le passé, Mme Lachine raconte avoir instantanément perçu une étincelle de reconnaissance dans les yeux des autres participants.
« Quand j’ai vu le sentiment de guérison et de validation que ce vétéran a éprouvé lorsque ses pairs ont reconnu son cheminement et raconté leurs propres histoires, j’ai vécu un moment d’illumination », raconte-t-elle.
L’expérience du cours de PSSM pour la communauté des vétérans est particulièrement précieuse parce qu’elle se déroule dans un espace exempt de jugement. Souvent, les participants y rencontrent d’autres personnes ayant traversé les mêmes épreuves ou accompagné quelqu’un qui l’a fait. C’est particulièrement vrai pour les conjoints et conjointes de militaires.
Lors d’une formation donnée à Ottawa, Mme Lachine a diffusé une vidéo présentant un membre des forces armées posté au Rwanda et décrivant les difficultés qu’il a vécues lorsqu’il est rentré à la maison. Tout le monde avait la larme à l’œil en découvrant ce récit auquel tous les conjoints et conjointes s’identifiaient.
« On pouvait presque palper le soulagement des participants pendant qu’ils se laissaient gagner par le sentiment de validation, se rappelle-t-elle. L’union fait la force. Elle aide à briser l’isolement qui accompagne souvent ces difficultés. »
Un besoin de soutien continu
Dans les semaines qui ont suivi le retrait de l’Afghanistan, la communauté des vétérans a souffert.
« Il était tentant de verser dans la futilité. Les nerfs étaient à vif. Plus que jamais, au cours des derniers mois, l’accès à un espace où il est possible d’avoir du chagrin, d’exprimer sa frustration et de trouver un sens collectivement a été la planche de salut de plusieurs », soutient Mme Lachine.
En réaction à ces événements, elle a d’ailleurs modifié sa façon de faire afin de procurer aux participants l’espace dont ils ont besoin pour démêler une palette d’émotions que la plupart d’entre nous peuvent à peine imaginer.
Depuis un siècle, notre compréhension des cicatrices invisibles causées par la guerre s’est approfondie. Le diagnostic brutal de « traumatisme dû aux bombardements » à la suite de la Première Guerre mondiale a évolué vers une notion plus nuancée du spectre de blessures de stress opérationnel.
« Et avec cette connaissance, affirme Mme Lachine, vient la responsabilité de traiter ces blessures avec tous les outils qui sont à notre disposition. »
Alors que pour la plupart des gens, le jour du Souvenir représente une occasion de manifester de la gratitude pour les membres des forces armées canadiennes, il peut également susciter un trop-plein d’émotions.
Si vous connaissez un vétéran ou un membre de sa famille qui pourrait bénéficier d’une formation de PSSM, veuillez suivre ce lien pour en apprendre davantage. Anciens Combattants Canada offre des ressources additionnelles sur la santé mentale.
Eric Gronke
Diplômé de la Sprott School of Business de l’Université Carleton, Eric possède une vaste expérience du marketing et des communications dans le monde du sport et du divertissement. Eric est le cofondateur de mssn, une marque dédiée à la collecte de fonds et à la sensibilisation à la santé mentale au bénéfice des jeunes dans la région d’Ottawa.
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Revue de If I Knew Then de Jann Arden
En parcourant seulement quelques pages du nouveau livre de Jann Arden, If I Knew Then : Finding Wisdom in Failure and Power in Aging (Si je l’avais su : Trouver la sagesse dans l’échec et la force dans le vieillissement), je suis persuadée qu’elle avait emprunté une petite partie de ma propre expérience du deuil et l’avait mise en page et déposée à ma place.
Dans la page de couverture, Mme Arden décrit sa tentative de débrancher la ligne téléphonique de son père décédé. Moi aussi, j’avais lutté contre un géant des télécommunications après la mort de mon père, et nos expériences étaient identiques. Mme Arden et moi avions toutes deux rencontré des agents de service récalcitrants qui ne voulaient pas nous aider, après avoir échoué à produire des numéros de compte impossibles à trouver, tout en étant soumis à l’indignité de la même musique d’attente impitoyable.
« Insensible », le chant de guerre de Mme Arden, aurait été un choix plus approprié, bien qu’ironique.
Même la douleur de la perte et l’enfer de la paperasserie qui s’en suit ne peuvent entacher la toile de fond d’humour macabre de Mme Arden. En tant qu’admiratrice passionnée, je m’attendais peut-être à un livre plus sérieux et plus angoissant. Mais naturellement, même les humoristes primés peuvent être de mauvaise humeur en dehors des projecteurs. Alors pourquoi une chanteuse au cœur brisé ne peut-elle pas être drôle?
J’ai lu « If I Knew Then » de bout en bout la veille de mon 42e anniversaire. Le moment était parfait! Je me sentais un peu mélancolique, et ce petit volume s’est avéré être le parfait antidote.
Deuxième réflexion sobre
Mme Arden, qui prononcera le mot d’ouverture du Congrès Questions de substance (virtuel) en novembre, organisé conjointement par le Centre canadien sur les dépendances et l’usage de substances et la Commission de la santé mentale du Canada, n’hésite pas à parler de la façon détournée dont elle s’est imposée.
Elle affiche sa sobriété comme un talisman.
C’est à travers ce regard lucide qu’elle est prête à raconter son parcours, y compris ses écueils. Son livre est un tremplin sur le pouvoir de l’échec à nous enseigner nos leçons les plus précieuses et une célébration de la perspicacité et de la force d’âme qui s’approfondissent au fur et à mesure qu’elles se développent.
Dans notre culture d’urgence, où la jeunesse est reine et où la course folle fait rêver à la place d’honneur, la prose pleine de délicatesse de Mme Arden constitue un rappel. Ralentissez. Le. Rythme.
En tant que femme qui a appris de la dure manière ce que signifie la santé, l’amitié et le travail, Mme Arden ne prend aucune de ces bénédictions pour acquise.
Elle écrit dans un langage à la fois intime et informel. Il ne s’agit pas d’une prescription d’autosoins, mais plutôt d’un genre d’invitation « sans pression ». On a l’impression que l’écriture de ce livre a été aussi cathartique pour Mme Arden que sa lecture le sera pour ses lecteurs.
Trouver le succès en acceptant l’échec
Nous avons souvent des idées sur ce à quoi ressemble le succès. Mme Arden épluche sa propre ascension vers la célébrité avec poigne et humour, tout en nous assurant que même les lauréats des prix Juno peuvent se regarder dans le miroir et critiquer ce qui se cache derrière.
Le plus intéressant pour moi est la perspective que Mme Arden offre à la prochaine génération.
« Jann, dirais-je à mon jeune moi, tu vas être très dure avec toi-même et tu vas avoir honte et être embarrassée. Tu vas remettre en question ta santé mentale, ta valeur et ta sexualité, et presque toutes les décisions que tu vas prendre seront difficiles… Tu vas passer des années à avoir désespérément la gueule de bois, et tu vas échouer de manière épique, mais tu vas y arriver — tu vas même prospérer. J’aimerais pouvoir t’épargner les moments difficiles, Jann, mais alors tu ne serais pas moi, et être moi, c’est super génial. »
À propos de sa dépendance à l’alcool, Mme Arden écrit : « Pour moi, le vieux dicton selon lequel il faut toucher le fond était vrai. » C’est en revendiquant son respect de soi et en devenant une personne de parole qu’elle a fini par faire taire les doutes qui l’avaient poussée à boire au tout début.
Comme pour beaucoup de personnes ayant le don de création, l’autre médicament de Mme Arden était la musique. Et ce mémoire constitue autant une lettre d’amour au pouvoir du chant et de l’écriture de chansons qu’à sa sobriété.
Lorsque je dis que ce livre était un choix parfait à la veille de mon 42e anniversaire, je fais référence à la préoccupation de la société pour les attributs de la jeunesse, surtout lorsqu’ils sont considérés comme synonymes de beauté et d’estime de soi. Mme Arden refuse d’adhérer à un récit dans lequel les femmes régressent avec l’âge, devenant presque invisibles dans une société qui, comme elle le dit, « semblait avoir peu de temps pour les femmes de plus de trente-cinq ans, les femmes qui avaient perdu leur attrait et leur utilité ».
Pas seulement au niveau de la peau
Au contraire, elle a découvert qu’avec l’âge vient la maturité nécessaire pour manier le type de pouvoir et de sagesse qui naît des déceptions, des échecs et des pertes, le type de pouvoir et de sagesse qui remodèle sans cesse une personne pour en faire un être humain plus empathique, plus attentif et plus sensible.
Au début de sa carrière, Mme Arden a envoyé des dizaines de bandes de démonstration à une époque où le grunge régnait en maître et où une femme auteure-compositrice et interprète mettant son âme à nu, guitare acoustique à la main, aurait facilement pu se noyer. Ou pire encore, elle aurait pu se voir exclue.
Le succès de Mme Arden ne lui est pas tombé dessus du jour au lendemain. Comme d’autres, elle s’est fait dire « non » d’innombrables fois. Mais, elle a aussi compris, au plus profond d’elle, qu’il ne lui fallait qu’un seul « oui ».
Sa grande entrée sur scène n’est ni un coup du sort ni un coup de chance. Il est vrai que le choix du moment a été déterminant lorsqu’un producteur ayant récemment eu le cœur brisé a détecté le potentiel plein d’âme de Mme Arden, mais c’est la persistance inébranlable et le refus de plier sous le poids du rejet qui ont assuré son succès futur.
« Le destin n’est qu’un autre mot pour désigner la détermination », écrit-elle.
Comprendre l’échec comme un enseignant et l’âge comme l’expression ultime de sa sagesse sont au cœur du livre de Mme Arden. Elle refuse de se prosterner devant l’autel de la jeunesse et embrasse plutôt les vertus de l’« âge mûr ».
« Atteindre l’âge mûr, conclut-elle, vous donne le sens, la stabilité et le pouvoir d’être qui vous êtes. »
Renversant l’image de la vieille femme effrayante et ratatinée, Mme Arden invite les lecteurs à contempler la valeur d’une beauté qui n’est pas superficielle.
Quel cadeau d’anniversaire parfait!
Suzanne Westover
Une écrivaine d’Ottawa, ancienne rédactrice de discours et gestionnaire des communications à la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC). Casanière, toujours le nez dans un livre, elle prépare un excellent pain au citron (certains diraient qu’elle fait des merveilles en un seul mets) et aime regarder des films avec son époux et sa fille de 11 ans. Le temps que Suzanne a passé à la CSMC a renforcé son intérêt envers la santé mentale, et elle continue d’apprendre toute sa vie sur le sujet.
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PSSM m’a enseigné des compétences de vie dont j’avais besoin, mais sans le savoir
Les premiers pas
Dès ma première journée à la Commission de la santé mentale du Canada, tout le monde me faisait l’éloge de la formation sur les Premiers soins en santé mentale (PSSM). Que ce soit à la faveur d’une expérience personnelle ou d’un témoignage d’un ancien participant, il me semblait que chacun connaissait quelqu’un qui avait profité de ce cours.
Ma curiosité était grande lorsque mon tour est venu d’y prendre part. Mais je demeurais sceptique. Comme j’ai rarement le temps d’assister à des séminaires ou à des séances de perfectionnement professionnel, j’avais certaines réserves quant à ce que j’allais retirer de cette expérience. J’ai vite compris que mes doutes étaient infondés.
À l’instar des formations de premiers soins physiques, qui procurent aux apprenants les outils nécessaires pour porter secours à une personne vivant une crise jusqu’à ce qu’une aide professionnelle soit disponible, les PSSM enseignent aux participants à soutenir une personne vivant une crise de santé mentale. Fervent amateur de hockey, je connais l’importance de doter les arénas de défibrillateurs et d’apprendre à les utiliser. Mais les interventions en santé mentale m’étaient inconnues.
Jeter les bases
Le premier des trois modules, offert en apprentissage autodirigé, était accessible sur un portail en ligne. Le premier soir, j’ai ouvert une séance virtuelle et j’ai commencé à parcourir le contenu du cours afin d’acquérir les connaissances de base dont j’aurais besoin pour participer au deuxième module, qui serait donné le lendemain.
Très vite, je me suis rendu compte que j’avais surestimé mes connaissances sur les problèmes de santé mentale, même dans des domaines aussi simples que le langage à employer.
Je ne m’étais jamais arrêté pour réfléchir à la stigmatisation dont étaient empreints les termes que j’utilisais pour décrire le bien-être mental. La formulation « cette personne souffre de dépression », par exemple, me semblait inoffensive. Je n’avais pas compris qu’en les désignant de cette façon, je stigmatisais les personnes vivant avec une maladie mentale. Mais j’ai appris que dans la plupart des cas, un langage centré sur la personne est beaucoup plus respectueux. Au lieu de « cette personne est schizophrène », il est préférable de dire « cette personne vit avec la schizophrénie ». La distinction est fondamentale, car personne ne souhaite être défini par sa maladie.
Prenez une personne ayant des antécédents de consommation de substances. Si on désigne cette personne comme une « ex-toxicomane », nous la réduisons à sa maladie. Il est non seulement moins stigmatisant de dire qu’elle est en rétablissement, mais cela reconnaît également sa dignité.
La première partie du cours m’a permis de découvrir quelques changements simples que je peux apporter (et encourager ma famille et mes amis à apporter eux aussi), qui pourraient mener à une grande transformation des mentalités. Comme pour le hockey, cette transition exige un effort d’équipe, mais maintenant que je connais mon rôle, je suis en mesure de jouer avec confiance et détermination.
Toutefois, l’apprentissage d’un nouveau langage n’était qu’un échauffement.
Une séance en classe
Compte tenu de mes lectures éclairantes lors du volet autodirigé du cours, j’étais préparé à faire une foule de nouveaux apprentissages lors de la séance en classe.
Dès les présentations, j’ai constaté la diversité du petit groupe. Des participants venus d’un océan à l’autre, étudiants aux cycles supérieurs ou employés de sociétés Fortune 500, de tous les horizons, réunis dans un but commun : soutenir la santé mentale des personnes qui nous entourent (ou du moins, être préparé à le faire).
J’ai eu ma première révélation en visionnant un scénario montrant une personne ayant un problème de santé mentale. Nous étions invités à indiquer la réaction que nous aurions dans cette situation. Les propos de l’animateur au sujet de ce scénario ont changé ma façon de voir les choses.
Imaginez un simple spectateur assistant à une partie de hockey. Sa vision est totalement différente du regard affûté d’un entraîneur chevronné. Dans notre cas, notre « entraîneur animateur » a mis en lumière des nuances et des détails qui m’avaient complètement échappé, comme à plusieurs de mes collègues.
Lorsque la personne en détresse dans le scénario gémissait « à quoi bon essayer de continuer? », avec mon oreille de profane, je n’ai entendu qu’une exclamation spontanée. Mais pour un secouriste qualifié en santé mentale, il s’agissait d’un appel à l’aide.
J’étais sidéré.
J’ai commencé à penser à toutes les fois où j’avais entendu cette question sans jamais y prêter attention. Se pouvait-il que j’aie raté quelque chose? Ce genre de phrases (qui peuvent signaler le désespoir) apparaît rarement dans les conversations anodines. Nous avons appris à relever ces messages et à déterminer s’ils sont inoffensifs ou s’il y a matière à s’inquiéter.
J’ai toujours cru que les appels à l’aide de personnes vivant une crise de santé mentale prendraient la forme d’un cri. J’ai découvert qu’au contraire, ils peuvent être chuchotés.
Manifestement, un des moyens les plus efficaces d’aider quelqu’un dans cette situation est d’ouvrir les yeux, d’écouter attentivement et de faire preuve d’empathie.
Des discussions en toute confiance
Après une généreuse pause (et trois pointes de pizza maison), je suis retourné à mon pupitre pour le troisième et dernier module de PSSM.
Alors que les scénarios précédents nous avaient enseigné les signes à repérer et les questions à poser, ceux-ci visaient à nous insuffler la confiance nécessaire pour entamer les conversations difficiles qui s’ensuivent.
Nous avions reçu tout l’équipement requis pour nous rendre à la patinoire; le moment était venu de passer à l’action.
Le rôle d’un secouriste en santé mentale n’est pas de prodiguer des conseils professionnels aux personnes en crise. Il consiste plutôt à faire le lien avec l’aide appropriée. C’est là où la formation prend toute son importance. Comment s’y prend-on pour calmer et réconforter quelqu’un? Parfois, c’est en engageant une de ces conversations qui naissent avant qu’une personne soit prête à demander une aide professionnelle.
La première étape consiste à reconnaître si la personne traverse vraiment une crise et, le cas échéant, à déterminer les gestes à poser. Alors que tous les apprenants étaient en mesure de reconnaître les situations de crise, les solutions que nous avons proposées différaient considérablement de celles de notre encadreur.
Cette fois, la différence n’était pas attribuable à un manque de connaissances. C’est plutôt la confiance qui était en cause.
Je considère que je suis une personne confiante. En fait, tous les participants à la séance me paraissaient confiants à leur manière. Pourtant, aucun d’entre nous n’était préparé à se montrer aussi affirmé dans une situation de crise. L’ultime leçon que nous avons apprise ce jour-là est la distinction entre les situations où il faut faire preuve d’empathie et celles où il faut passer aux actes. Je peux maintenant affirmer sans réserve que je serais beaucoup plus susceptible d’agir de façon appropriée face à une crise, grâce à la confiance nouvellement gagnée et qui est ancrée dans les connaissances.
Veiller à sa propre santé mentale
Si j’ai pu avoir des réserves quant au cours, elles sont chose du passé. Aujourd’hui, je reconnais sa valeur aussi clairement que l’importance de munir les arénas de défibrillateurs.
Cela dit, je ne pourrais conclure sans mentionner un autre grand thème du cours : comment prendre soin de soi-même quand on aide une personne vivant un problème ou une crise de santé mentale. Un des éléments clés des PSSM est l’importance de garder l’œil sur son propre bien-être, de se fixer des limites saines et de veiller à ne pas fléchir sous le fardeau de l’autre personne.
Comme lorsqu’on s’entraîne à un sport, on ne peut pas fournir un effort maximal tous les jours sans prévoir de périodes de repos.
Devenir secouriste en santé mentale ne fera pas de vous un professionnel de la santé mentale, mais cela vous transmettra les connaissances et la confiance nécessaires pour aider une personne dans le besoin, écouter avec un esprit ouvert et intervenir avec empathie. Si cette perspective vous interpelle, vous trouverez de plus amples renseignements, notamment les dates et les heures des formations, ici.
Comme moi, vous découvrirez qu’il n’y a que des avantages à rejoindre cette équipe.
Eric Gronke
Diplômé de la Sprott School of Business de l’Université Carleton, Eric possède une vaste expérience du marketing et des communications dans le monde du sport et du divertissement. Eric est le cofondateur de mssn, une marque dédiée à la collecte de fonds et à la sensibilisation à la santé mentale au bénéfice des jeunes dans la région d’Ottawa.
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La nouvelle trousse de mise en œuvre offre des ressources utiles pour les soins de santé mentale et d’usage de substances
Pour comprendre ce qu’est le rétablissement, il faut d’abord reconnaître que chaque personne a droit à une vie satisfaisante, valorisante et nourrie par l’espoir, et ce, même si elle est aux prises avec une maladie mentale, des problèmes de santé mentale ou des problèmes de consommation de substances. Ce droit fondamental s’accompagne d’un puissant virage dans la voie menant au bien-être qui est ancrée dans l’espoir, la dignité, l’autodétermination et la responsabilité. En termes plus concrets, la pratique axée sur le rétablissement englobe une gamme de services et de mesures de soutien conçus pour répondre aux besoins de chaque personne et pour lui permettre d’atteindre ses buts.
Les praticiens, les fournisseurs de services et les décideurs politiques du Canada (et de partout dans le monde) sont de plus en plus nombreux à reconnaître le principe axé sur le rétablissement comme étant essentiel pour améliorer les systèmes et les résultats de santé mentale. Plus important encore, ce principe est appuyé par les personnes ayant un savoir expérientiel et leurs familles, dont les valeurs et les points de vue sont d’une importance cruciale pour obtenir des résultats favorables.
Le temps est venu
Afin de faire progresser encore davantage l’utilisation de l’approche axée sur le rétablissement dans les soins de santé mentale et de traitement des dépendances, la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC) vient tout juste de publier le document Pratiques axées sur le rétablissement : Trousse de mise en œuvre. Cette nouvelle trousse s’appuie sur le Guide de référence pour des pratiques axées sur le rétablissement (le Guide) de la CSMC et offre un large éventail de ressources visant à expliquer à tous les intervenants du système des services de santé la manière d’appliquer les approches axées sur le rétablissement, peu importe leur rôle, leur profession, leur discipline, leur ancienneté ou leur degré de contact avec les utilisateurs des services.
La trousse explique aussi en détail la manière dont la mise en œuvre d’une approche axée sur le rétablissement pourrait fonctionner dans différents contextes, du grand hôpital de santé mentale au petit réseau de soutien communautaire, en passant par les services de santé mentale communautaires fournis par des organismes à but non lucratif de taille moyenne. Elle inclut des idées quant aux manières d’utiliser le Guide, des exemples de progression articulée en quatre phases ainsi que plusieurs outils, ressources et modèles pour soutenir ces efforts.
Les personnes ayant un savoir expérientiel considérées comme des partenaires égaux
L’importance de ces valeurs et points de vue est illustrée dans la section Comment passer à l’action. S’appuyant sur les principes de la science de la mise en œuvre, une méthode permettant de transformer les pratiques exemplaires en actions, la trousse met l’accent sur l’importance de la « coproduction » : faire intervenir des personnes ayant un savoir expérientiel en tant que partenaires égaux pour cerner des occasions d’améliorer les services de soins de santé et créer des solutions pour y arriver. La coproduction s’aligne sur les principes axés sur le rétablissement, notamment en adoptant une approche fondée sur les forces et en valorisant la participation de chacun.
Exemples concrets
Un total de huit exemples concrets traduisent ces idées de manière plus palpable grâce à des reportages qui mettent en lumière les nombreuses manières dont les principes axés sur le rétablissement peuvent être adoptés et appliqués. L’un de ces organismes place depuis très longtemps la coproduction au centre de ses activités.
L’organisme CHANNAL (Consumer’s Health Awareness Network Newfoundland and Labrador) est exploité par et pour des personnes ayant un savoir expérientiel passé ou présent depuis ses débuts, en 1989. En tant que réseau à but non lucratif offrant du soutien, de l’éducation et des conseils stratégiques, son principal objectif est de favoriser le rétablissement et l’autodétermination en fournissant un espace sécuritaire où les personnes peuvent se soutenir entre elles et apprendre les unes des autres.
Selon la superviseure de l’éducation au public de l’organisme, Monica Fletcher, « la section sur le monde réel de la Trousse transpose le concept vaste et quelque peu idéaliste du rétablissement dans le domaine du possible et le rend compréhensible et réalisable ».
Bien qu’elle soit impressionnée par la manière dont la trousse définit toutes les étapes nécessaires, elle demeure réaliste quant à ce que cela implique. « Ne vous y trompez pas », explique-t-elle, « il faudra du temps et l’engagement de tous, à tous les échelons, pour organiser, évaluer et achever la mise en œuvre. Néanmoins, cela permettra finalement d’améliorer la vie de toutes les personnes concernées. Et ces efforts en valent la peine. »
Mme Fletcher est bien placée pour parler d’une telle persévérance. En parlant du processus visant à permettre au personnel de CHANNAL d’acquérir les compétences et à lui fournir les ressources nécessaires pour adopter une pratique axée sur le rétablissement, elle a insisté sur le fait que « la formation et le soutien sont au cœur de tout ce que nous faisons. Toutes les décisions prises par l’équipe de direction tiennent compte de la rétroaction de nos pairs aidants de première ligne. Nous comptons sur eux pour nous guider. Si quelque chose ne fonctionne pas, que ce soit pour les personnes que nous aidons ou pour notre personnel, nous apportons des changements. Nous permettons à chaque membre du personnel d’assumer la responsabilité de son propre bien-être. Bien que cela puisse sembler différent pour chaque personne, cette façon de faire fonctionne bien. Ça va et ça vient constamment. »
Pour Troy, un utilisateur des services de CHANNAL qui vit avec la schizophrénie, tout ce qu’on fait est lié à son rétablissement, et non à sa maladie. « J’ai consulté des conseillers, des ergothérapeutes, des médecins de famille », dit-il. « Il n’y a qu’à CHANNAL que je ne me sens pas comme une victime. »
La croissance du rétablissement
Dans le cas de CHANNAL, l’engagement envers les personnes ayant un savoir expérientiel passé ou actuel et envers le rétablissement a donné lieu à des changements à Terre-Neuve-et-Labrador. En 2017, le ministre de la Santé et des Services communautaires a mis sur pied un nouveau conseil provincial sur le rétablissement en santé mentale et en traitement des dépendances (Provincial Recovery Council for Mental Health and Addictions) au sein duquel le directeur général de CHANNAL occupe un poste de direction. Maintenant, non seulement l’organisme conseille directement le ministre, mais ses services ont aussi connu une croissance exponentielle (ayant atteint jusqu’à 1 000 % entre 2015 et 2020).
« Il a fallu dix ans d’efforts concertés à CHANNAL pour en arriver là », dit Mme Fletcher. « Quand j’ai commencé à travailler ici il y a six ans, il y avait seulement trois pairs aidants de première ligne. Aujourd’hui, notre personnel compte 33 membres de partout à Terre-Neuve-et-Labrador que nous formons et soutenons. Plusieurs de nos pairs aidants travaillent main dans la main avec des équipes cliniques tout en mettant à profit leur formation et leur savoir expérientiel pour soutenir les personnes d’une manière professionnelle axée sur le rétablissement. »
Les organisations qui veulent entreprendre ou poursuivre le processus de mise en œuvre peuvent télécharger la nouvelle trousse en visitant la page Le rétablissement du site Web de la CSMC.
Suzanne Westover
Une écrivaine d’Ottawa, ancienne rédactrice de discours et gestionnaire des communications à la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC). Casanière, toujours le nez dans un livre, elle prépare un excellent pain au citron (certains diraient qu’elle fait des merveilles en un seul mets) et aime regarder des films avec son époux et sa fille de 11 ans. Le temps que Suzanne a passé à la CSMC a renforcé son intérêt envers la santé mentale, et elle continue d’apprendre toute sa vie sur le sujet.
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Le programme de prévention du suicide et de promotion de la vie Enraciner l’espoir pourra fleurir dans onze nouvelles communautés
Les défis engendrés par la pandémie sont à la une de tous les bulletins de nouvelles. Ils inondent le fil de nouvelles de nos réseaux sociaux et dominent nos conversations (le port du masque et la distanciation sociale sont encore en vigueur) lorsque nous croisons nos voisins au dépanneur ou à la station-service.
Mais la COVID-19 n’est pas la seule crise de santé publique à laquelle nos communautés sont confrontées. Chaque année, au Canada, le suicide emporte 4 000 personnes. Les conséquences de chacune de ces tragédies affectent une centaine de personnes : membres de la famille, amis, collègues. Le suicide entraîne une forme de dévastation bien particulière. Les personnes qui ont survécu au suicide d’un proche rejoignent un club dont personne ne souhaite faire partie.
Exactement comme nous courons tous le risque d’attraper la COVID-19, dans des circonstances défavorables, nous pouvons tous nous retrouver à avoir des pensées suicidaires. Un récent sondage Léger commandité par la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC) et le Centre canadien sur les dépendances et l’usage de substances a révélé que bien que 7 % des personnes sondées avaient eu des pensées suicidaires pendant la pandémie, ce pourcentage grimpe à 16 % chez les personnes qui étaient déjà aux prises avec des problèmes de santé mentale, et à 25 % pour les personnes ayant des antécédents de problèmes de consommation de substances.
Pour le président-directeur général de la CSMC, Michel Rodrigue, les répercussions du suicide d’un ami ne sont jamais bien loin sous la surface. « Je m’investis à fond dans la réussite de nos efforts de prévention du suicide, car nous savons que lorsque les habitants d’une région s’unissent et mettent leurs ressources, leur créativité et leur détermination en commun, nous pouvons incorporer la prévention au tissu social de nos communautés », dit-il. « Aujourd’hui plus que jamais, c’est notre responsabilité collective de veiller les uns sur les autres. »
Enraciné dans les données les plus probantes
Les efforts auxquels M. Rodrigue fait référence impliquent les cinq domaines d’intervention du modèle de prévention du suicide et de promotion de la vie de la CSMC, Enraciner l’espoir. En plus d’avoir conçu le modèle, la CSMC invite les communautés participantes à partager leurs connaissances et leurs idées et évalue les données fournies par ces communautés pour déterminer ce qui fonctionne le mieux. Lors du lancement du modèle à Ottawa en septembre 2018, sept communautés disposaient du financement nécessaire pour participer au projet.
Aujourd’hui, après avoir reçu des demandes de partout au pays, nous avons sélectionné 11 communautés supplémentaires pour faire partie de la deuxième cohorte d’Enraciner l’espoir. Connues également sous le nom de communauté des Premiers adeptes, ces communautés sont situées dans diverses régions, de la ville minière de Flin Flon, à cheval sur la frontière entre le Manitoba et la Saskatchewan, à la municipalité d’Halton dans le sud de l’Ontario.
« De très nombreuses communautés ont manifesté leur intérêt à joindre les rangs des Premiers adeptes du projet Enraciner l’espoir », a dit Ed Mantler, vice-président, Programmes et priorités à la CSMC. « Le fait que ces communautés aient trouvé le moyen de rendre cela possible montre non seulement que les besoins sont grands, mais aussi qu’elles ont la volonté d’investir le temps, l’argent et l’énergie émotionnelle nécessaires pour susciter le changement. »
Pour Angela Fetch Muzyka, agente de développement communautaire pour la ville de Stony Plain, en Alberta, ce projet est doublement intéressant. « Participer à Enraciner l’espoir représente une occasion en or de renforcer les efforts déployés dans notre propre communauté. Mais c’est aussi intéressant de savoir que nos réussites et nos échecs guideront d’autres communautés dans leur approche de la prévention du suicide.
La pandémie nous a appris que grâce à des efforts concertés, nous pouvons nous regrouper et nous protéger les uns les autres face aux dangers — même si cela implique parfois que nous prenions nos distances — et cela nous rappelle que c’est passablement la même chose en ce qui concerne la prévention du suicide.
Enraciner l’espoir permet aux communautés d’avoir accès à des mines de connaissances et d’approches fondées sur les données les plus probantes, mais ce n’est pas une formule universelle. Chaque communauté se concentre sur les populations les plus à risque dans sa région respective.
Par exemple, Pontiac, au Québec, ciblera l’ensemble de sa population en mettant un accent particulier sur les hommes. Les populations ciblées au Nouveau-Brunswick, qui seront les premières à appliquer le modèle d’Enraciner l’espoir toute la province, comprendront les jeunes, les aînés, les vétérans, les Autochtones et les personnes vivant sous le seuil de la pauvreté. Au Yukon, premier territoire à se joindre au programme, ce seront les populations des zones rurales et éloignées et les étudiants de l’Université du Yukon qui seront ciblés.
« On peut rapidement constater les avantages qu’il y a à regrouper les renseignements recueillis auprès des diverses communautés », dit Nitika Rewari, directrice intérimaire, Prévention et promotion. « Tout à coup, nous avons accès à des approches qui fonctionnent pour des personnes de divers âges, origines et situations ».
Faire croître l’éducation
Enraciner l’espoir repose sur l’idée de cibler les forces spécifiques et les caractéristiques uniques de chaque région.
« Le président de notre conseil d’administration, Chuck Bruce, l’a comparé à la construction de modèles réduits d’avions », se rappelle M. Rodrigue. « Le modèle arrive neutre et incolore dans une boîte, et ce sont les mains qui le construisent qui lui donnent vie. »
Compte tenu des facteurs complexes qui entrent en jeu, Enraciner l’espoir ne prétend pas pouvoir résoudre un problème aussi complexe que le suicide en une nuit. Toutefois, il est possible de tirer profit de ce que nous faisons afin de mieux servir les personnes aux prises avec des pensées suicidaires.
Par exemple, de nombreuses personnes décédées par suicide avaient visité leur médecin de famille au cours des six mois précédant leur décès. « Former les médecins, les professionnels de la santé et d’autres leaders communautaires pour qu’ils soient en mesure de reconnaître les signes et d’avoir cette difficile conversation est important pour tisser des filets de sécurité plus efficaces », affirme M. Mantler. « Il est tout aussi important de rejoindre les jeunes qui ont perdu un ami ou un proche par suicide. »
« Certaines de nos communautés nous ont dit qu’elles faisaient face à certaines hésitations quant à la bonne manière d’aborder le sujet du suicide avec les enfants », explique Julie McKercher, gestionnaire de programme au sein de l’équipe Prévention et promotion de la CSMC. « Nous avons donc décidé de créer une ressource visant à guider ces conversations d’une importance cruciale. À titre d’organisation rassembleuse ayant facilement accès à l’expertise, la CSMC peut répondre à ces besoins. »
Et bien que l’éducation soit un aspect fondamental de l’approche d’Enraciner l’espoir, la « restriction de l’accès aux méthodes » l’est tout autant. « Nous devons nous pencher sur les moyens que les gens prennent pour s’enlever la vie et essayer de créer des barrières ou de restreindre l’accès à ces méthodes », indique Mme Rewari. « De nombreuses tentatives de suicide ont lieu pendant une crise à court terme. En installant des barricades aux abords des gares ferroviaires, en limitant l’accès aux ponts élevés ou en encourageant les gens à se débarrasser de leurs médicaments sur ordonnance non utilisés de manière sécuritaire, on pourrait faire diminuer le nombre de suicides. »
L’espoir au temps de la COVID-19
« Tout comme nous avons géré la pandémie de COVID-19 en ayant recours à une campagne de sensibilisation axée sur la distanciation sociale, le port du masque et l’isolement en présence de symptômes », explique M. Rodrigue, « nous pouvons nous appuyer sur les mêmes principes pour créer une campagne de sensibilisation du public à la prévention du suicide. »
La pandémie a évidemment engendré d’innombrables défis, mais elle a également mis en lumière la rapidité avec laquelle nous pouvons canaliser les interventions communautaires pour assurer la sécurité de nos résidents. Pendant que ces connaissances sont encore fraîches dans nos esprits, nous avons l’occasion de les appliquer avec la même détermination et la même rigueur pour promouvoir des mesures qui permettent de sauver des vies, comme celles mises de l’avant dans le cadre d’Enraciner l’espoir.
Comme le dit Breanne Mellen, coordonnatrice du programme de prévention du suicide de la communauté des Premiers adeptes de Medicine Hat, en Alberta, « Si nous travaillons ensemble et respectons les connaissances, l’expérience et les capacités de chacun d’entre nous, nous pouvons faire de grandes choses, et nous le ferons. »
Suzanne Westover
Une écrivaine d’Ottawa, ancienne rédactrice de discours et gestionnaire des communications à la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC). Casanière, toujours le nez dans un livre, elle prépare un excellent pain au citron (certains diraient qu’elle fait des merveilles en un seul mets) et aime regarder des films avec son époux et sa fille de 11 ans. Le temps que Suzanne a passé à la CSMC a renforcé son intérêt envers la santé mentale, et elle continue d’apprendre toute sa vie sur le sujet.
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Les sommets LA TÊTE HAUTE de la Commission de la santé mentale du Canada passent au virtuel
Lorsque le monde s’était arrêté en grande partie en mars 2020, la gestionnaire du programme LA TÊTE HAUTE, Fiona Haynes, était complètement démoralisée.
Les sommets LA TÊTE HAUTE sont des rassemblements interactifs qui donnent aux jeunes personnes l’occasion de s’informer sur la santé mentale et d’acquérir les outils nécessaires pour devenir des champions et des ambassadeurs de la lutte contre la stigmatisation dans leur école et dans leur communauté.
Selon Mme Haynes, « les personnes d’entre nous qui sont engagées dans le programme ont pu constater concrètement l’effet positif que nous avions, mais aussi l’ampleur du besoin — à quel point les jeunes bénéficiaient d’un espace sécuritaire pour écouter, apprendre et poser des questions. Mais surtout, nous avons également été
encouragés de constater l’immense sentiment de valorisation qu’ils ont ressenti lorsqu’on leur a demandé de proposer des solutions ». Depuis qu’elle a rejoint
le programme en 2016, Mme Haynes a assisté à sa croissance grâce au bouche-à-oreille, passant d’un seul sommet national à un programme ayant atteint des centaines de milliers d’étudiants.
Trouver un plan B
« Lorsque la pandémie a frappé, j’étais dans mon salon, terriblement inquiète à propos de la manière dont nous allions procéder pour joindre ces jeunes, pour nous assurer qu’ils sachent que nous ne les avions pas oubliés, pour leur lancer cette bouée de sauvetage et leur dire que nous étions encore là pour eux », dit-elle. « Mais j’ai vite découvert que je n’étais pas la seule à m’inquiéter. Toute l’équipe pensait que nous avions besoin d’un plan B ».
En fait, le plan B s’est mis en place tellement rapidement que Mme Haynes l’appelle désormais fièrement un « second plan A ». Elle a toujours su que l’atteinte des
communautés isolées et à accès aérien signifierait une réorganisation des rassemblements traditionnels. Toutefois, elle ne croyait pas que les nouveaux sommets virtuels, inspirés par le concept existant de LA TÊTE HAUTE avec des mesures de distanciation physique, dépasseraient nettement ses attentes.
« Nous avons trouvé l’ingrédient secret », dit Mme Haynes, qui a mentionné que les rapports d’évaluation des projets pilotes avaient indiqué un effet égal en ce qui a trait à tous les comportements positifs que les sommets en personne tentaient de promouvoir, allant de la recherche d’aide à la réduction de la stigmatisation.
Les sommets traditionnels de LA TÊTE HAUTE fonctionnaient en rassemblant des étudiants de différentes écoles secondaires au cours d’une journée complète. Après avoir entendu d’inspirantes histoires de rétablissement, les étudiants participaient à des activités qui incitaient à la réflexion et prenaient conscience de l’influence positive qu’ils pouvaient avoir pour changer les attitudes et les comportements entourant la santé mentale. Les étudiants apportaient ensuite leurs nouvelles connaissances dans
leur propre école pour contribuer à la rendre plus sécuritaire sur le plan de la santé mentale, avec le soutien d’un mentor (professeur ou conseiller scolaire).
Bien que la formule virtuelle adopte un parcours similaire, les étudiants se joignent à jusqu’à cinq autres groupes tout en demeurant dans leur salle de classe. Dirigés par des animateurs ayant suivi une formation spécifique en communication virtuelle, les événements sont divisés en modules de 75 minutes (pour tenir compte de la fatigue causée par Zoom) qui correspondent au slogan à trois parties du sommet : (1) « Prenez courage », face à la santé mentale, au bien-être mental et à la recherche
d’aide appropriée (2) « Tendez la main », pour comprendre la stigmatisation et la remettre en question et (3) « Dites-le », pour savoir comment passer à l’action de façon significative.
L’apprentissage par connexion
La façon dont les sommets sont présentés a une incidence directe sur ce que les participants retiennent de leur expérience. Comme l’a dit un étudiant, « J’ai appris à quel point la santé mentale est négligée, l’importance de tendre la main, d’être attentif et conscient, et de réaliser à quel point les personnes ayant une maladie mentale sont fortes et capables. »
Ce genre d’observation sincère, ajoute Mme Haynes, est probablement le résultat d’un « apprentissage fondé sur le contact », qui se produit lorsqu’un conférencier de LA TÊTE HAUTE (souvent un jeune adulte) partage son expérience sur la manière dont il a géré une maladie mentale ou dont il s’en est rétabli.
« Finalement, l’autre n’est pas aussi autre qu’il semblait être », explique Mme Haynes. « Les étudiants voient leurs peurs, leurs insécurités et leurs vulnérabilités reflétées par une jeune personne qui a réussi, qui communique bien et qui est un modèle positif, ensuite, de manière instantanée, se disent : je peux avoir de l’anxiété, je peux me sentir déprimé, je peux me sentir seul et je peux aussi être une personne valorisée qui peut tendre la main pour obtenir l’aide que je mérite. »
Une telle perspective, jumelée à la connaissance des ressources disponibles, donne également aux étudiants la confiance nécessaire pour offrir un soutien approprié et encourager leurs pairs à demander de l’aide. Les jeunes ont un rôle important à jouer, étant donné que les amis sont souvent la première ligne de défense lorsque survient un problème.
Élan d’enthousiasme
Jusqu’à présent, les trois projets pilotes de LA TÊTE HAUTE et le lancement officiel du sommet en version virtuelle ont tous généré des résultats positifs.
« Nous avons une formule éprouvée et testée pour les sommets en personne, et le fait de voir cette formule bien se transformer en version virtuelle est un signe encourageant », indique Laura Mullaly, gestionnaire par intérim, Mobilisation des connaissances, de l’équipe de la promotion de la santé mentale. « Nous disposons d’évaluations rigoureuses qui nous démontrent que « Oui, cette formule fonctionne comme elle le devrait », et le fait de constater ces évaluations reproduites pour les
sommets virtuels signifie que nous pouvons poursuivre notre travail important, peu importe les mesures liées à la COVID-19. »
Un commentaire d’un étudiant en 10e année lors du dernier sommet virtuel en dit long : « Je suis désormais mieux outillé. Je sais comment aller chercher de l’aide et je sais comment aider les autres. »
Suzanne Westover
Une écrivaine d’Ottawa, ancienne rédactrice de discours et gestionnaire des communications à la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC). Casanière, toujours le nez dans un livre, elle prépare un excellent pain au citron (certains diraient qu’elle fait des merveilles en un seul mets) et aime regarder des films avec son époux et sa fille de 11 ans. Le temps que Suzanne a passé à la CSMC a renforcé son intérêt envers la santé mentale, et elle continue d’apprendre toute sa vie sur le sujet.
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Un nouveau document d’information souligne la situation critique des parents en pleine pandémie
Il existe une « société secrète » à la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC), tout comme c’est le cas dans tous les lieux de travail du pays. Ses membres se reconnaissent entre eux grâce à divers signes et signaux — certains sont subtils, d’autres le sont moins.
Répondez-vous à vos appels dans le silence bienfaisant d’une voiture, dans le placard de la chambre à coucher ou dans le calme relatif de la salle de chauffage? Êtes-vous la personne qui, lors des réunions de travail, éteint sa caméra pour pouvoir remplir un bol de craquelins en forme de poisson ou donner son avis sur un dessin indiscernable représentant un chat (ou un corbeau) ? Vous entendez-vous dire : « Je vais t’aider à trouver tes chaussures, ton lapin ou ton minuscule bloc de Lego dès que j’aurai fini de rédiger ce rapport, de programmer cette réunion ou de rédiger cet article » ?
Si vous répondez par l’affirmative à l’une de ces questions, il y a de fortes chances que vous fassiez partie du club!
Les parents de jeunes enfants ont payé le plus lourd tribut en termes de stress lié à la COVID-19 — les mères en particulier. Prenons l’exemple d’une nouvelle étude de la CSMC (en partenariat avec la Société canadienne de pédiatrie), qui a révélé que les taux de dépression pendant la pandémie chez les mères de nourrissons et d’enfants (âgés de 18 mois à 8 ans) sont passés de 9 % à 42 %.
Un besoin croissant
Même avant la COVID-19, des signes indiquant la nécessité de repenser les services et les mesures de soutien offerts étaient déjà évidents, en particulier en ce qui concerne les familles confrontées à des facteurs de stress supplémentaires tels que l’insécurité financière, le faible filet de soutien social ou la discrimination raciale. Avant la pandémie, moins de 20 % seulement des familles avaient accès au meilleur moyen de combler les disparités au cours des premières années de la vie : des centres d’éducation de la petite enfance abordables et agréés.
Depuis le début de la pandémie, les familles ont dû faire face à une série supplémentaire de complications imprévues, allant de l’isolement social et des interruptions des services de garde et de scolarité des enfants aux soucis financiers et à la perte d’emploi. Il n’était donc pas surprenant de constater une augmentation des conflits familiaux, y compris des divorces.
Samantha Bennett, une maman qui travaille au service des affaires publiques de la CSMC, connaît bien cette réalité. « Au début de la pandémie, j’ai perdu ma mère, mon mari a perdu son emploi et mes enfants ont vu leur routine bouleversée », a-t-elle expliqué. « Je n’ai aucun doute que les expériences négatives auxquelles les parents sont confrontés ont des répercussions sur le bien-être des enfants. »
Les observations anecdotiques de Bennett sont corroborées par 40 % des parents en Ontario qui signalent des changements comportementaux et émotionnels chez leurs enfants et par 61 % des parents au Canada qui sont préoccupés par la gestion des comportements, de l’anxiété, des émotions et du stress de leurs enfants.
À la recherche de nouvelles solutions
Dans le but de résoudre ces problèmes concrets, notre document d’information conjoint formule des recommandations spécifiques à l’attention des décideurs.
« Nous avons besoin de services ciblés en matière de santé mentale pour les parents de jeunes enfants », a déclaré Brandon Hey, analyste principal des politiques et de la recherche à la CSMC. « Et nous avons besoin d’interventions pour réduire le stress auquel font face les parents et répondre aux besoins des aidants. »
À cet égard, le portail Espace mieux-être Canada (2020-2024) est un excellent point de départ pour les parents. Même bien avant de créer un compte, vous avez déjà accès à des informations de base sur la gestion de l’anxiété chez les adultes et les enfants. En créant un compte, vous avez accès à un éventail encore plus large de ressources, notamment des cours sur la gestion des comportements fondés sur des données probantes, des suivis individuels (ou en groupe) et des programmes autogérés qui vous permettent de suivre votre état d’esprit.
La prise de parole est le point de départ pour obtenir du soutien
Mme Bennett, qui a eu une maladie mentale avant la pandémie, a senti son anxiété monter en flèche. « L’autre jour, j’ai reçu une alerte sur mon moniteur d’activités physiques. Il affichait que mon rythme cardiaque était très élevé, mais précisait tout de même que je n’étais pas en train d’exercer d’activités physiques. Les problèmes de santé mentale sont parfois pour certaines personnes aussi évidents qu’un signal d’alarme sur leur montre, mais ils sont plutôt insidieux pour d’autres. »
« C’est pour cette raison que nous devons prendre des mesures pour relever les défis à court terme tout en réfléchissant à la manière de créer des politiques qui améliorent les résultats à long terme, dans des secteurs comme l’éducation préscolaire, les services de garde d’enfants, les compléments de revenu et la protection contre la discrimination », a affirmé M. Hey.
« La pandémie a accentué les lacunes et les inégalités qui existaient déjà dans les services », a-t-il ajouté. « Les délais d’attente sont trop longs, les praticiens qualifiés sont trop peu nombreux et les mesures de reddition de comptes sont trop faibles. »
« La lutte à laquelle les parents sont confrontés est tout à fait réelle », a affirmé Mme Bennett. « Un parent ne donne pas le meilleur de lui-même sous la contrainte, et nous savons que lorsque le stress s’accumule, nous courons le risque d’adopter un comportement loin d’être parfait ou des stratégies d’adaptation moins idéales, ce qui peut avoir de graves conséquences pour nos enfants. Mais, il n’y a aucune honte à dire : Écoutez, j’ai besoin d’aide, je ne vais pas bien. »
« Et lorsque des personnes nous tendent la main, nous devons nous assurer que la bonne personne est là pour répondre à l’appel », a ajouté M. Hey.
Suzanne Westover
Une écrivaine d’Ottawa, ancienne rédactrice de discours et gestionnaire des communications à la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC). Casanière, toujours le nez dans un livre, elle prépare un excellent pain au citron (certains diraient qu’elle fait des merveilles en un seul mets) et aime regarder des films avec son époux et sa fille de 11 ans. Le temps que Suzanne a passé à la CSMC a renforcé son intérêt envers la santé mentale, et elle continue d’apprendre toute sa vie sur le sujet.
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Le nouveau cours virtuel « Premiers soins en santé mentale » apprend aux adultes à soutenir les jeunes dans leur vie.
Bien avant la pandémie, la nécessité de soutenir la santé mentale des jeunes était évidente. Comme 50 % des problèmes associés à la santé mentale apparaissent avant l’âge de 14 ans, les années formatrices de nos jeunes sont parmi les plus vulnérables. Aujourd’hui, cette vulnérabilité n’a fait que croître étant donné que nos jeunes doivent également faire face aux impacts de la COVID-19.
Il peut être difficile pour les adultes de savoir comment se comporter avec les jeunes dans leur vie, et encore moins comment les aborder au sujet de leur bien-être mental. Pour les aider à lancer ces importantes conversations, la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC) a mis à jour sa formation PSSM – Soutenir les jeunes et l’a adaptée à un format virtuel. De plus, les adultes pourraient être surpris d’apprendre qu’« entretenir une relation » ne fait pas partie du programme d’études.
« Lorsque vous parlez à un jeune de ses expériences, il ne s’agit pas de vous », explique Denise Waligora, spécialiste de la formation et de la prestation à la CSMC. « Lorsque vous arrivez à l’âge adulte, vous aurez surmonté des épreuves et aurez appris des stratégies d’adaptation au fil du temps. Il n’en est pas nécessairement de même pour les jeunes. Vous devez être en mesure d’écouter sans minimiser leurs expériences ou les comparer aux vôtres. »
Ce type d’écoute sans jugement n’est que l’une des stratégies que les participants peuvent s’attendre à acquérir dans le cadre de la nouvelle formation virtuelle « Premiers soins en santé mentale ». Au cours de ce cours très interactif de 10 heures, ils apprendront également à reconnaître les signes de détérioration du bien-être mental, à engager des conversations autour de ces observations, à apporter leur aide en cas de crise de santé mentale ou d’usage de substances, à rechercher une aide extérieure et à prendre soin de leur propre bien-être à titre de « secouristes ».
Mettre l’accent sur l’individu
Plutôt que de proposer une approche étape par étape pour soutenir tous les jeunes, les animateurs du cours soulignent l’importance de l’individualité. « Chaque personne est caractérisée par un ensemble de comportements, d’humeurs et d’attitudes de base », a déclaré Mme Waligora. Par exemple, si la détérioration de la santé mentale d’un jeune peut se manifester par de mauvaises notes ou par des conflits avec ses amis, ces choses pourraient représenter la norme pour quelqu’un d’autre.
Le facteur le plus important à surveiller est le changement, dit-elle. « Dès que nous constatons un changement dans l’un de ces domaines, nous devons nous demander quelle est l’ampleur de l’écart par rapport à la ligne de base de cette personne et depuis combien de temps ce changement perdure. »
De même, les stratégies conversationnelles efficaces et les types de soutien peuvent également varier en fonction de l’individu. Certains jeunes sont impatients de partager leurs sentiments si on leur en donne l’occasion. Certains d’autres, cependant, peuvent se sentir gênés et avoir besoin de plus de temps. Afin de favoriser une ambiance décontractée, les participants au cours apprennent à aborder les jeunes de manière plus informelle par le truchement d’une activité, plutôt que de les confronter directement.
« Qu’il vous faille une ou cinq tentatives pour y arriver, vous démontrez à ce jeune que quelqu’un se soucie de lui. »
Une approche mise à jour
Les mises à jour de la formation PSSM – Soutenir les jeunes sont basées sur le cours original offert en présentiel, mais en plus de son adaptation au format virtuel, le contenu a également été retouché.
L’un des principaux ajouts, selon Mme Waligora, est une section consacrée aux groupes marginalisés, notamment les jeunes racialisés, autochtones et 2SLGBTQ+. « Un jeune de la communauté 2SLGBTQ+, par exemple, pourrait avoir une expérience très différente de celle de ses camarades au secondaire. Nous devons connaître et reconnaître ces différences afin d’offrir notre soutien le plus efficacement possible. »
Un autre aspect d’un tel soutien (qui représente un autre ajout au contenu du cours) est la prise en charge par les participants au cours de leur propre bien-être. Les participants sont largement formés à soutenir les jeunes qui les entourent, mais également à reconnaître que le fait de s’occuper des autres peut nuire à leur propre bien-être.
Enfin, le cours mis à jour a évolué pour inclure une approche plus holistique en regard du bien-être. Plutôt que de se concentrer sur les étiquettes, la formation suit un modèle axé sur le rétablissement, mettant l’accent sur la résilience et le bien-être général dans tous les domaines de la vie.
Notre responsabilité collective
Bien que le cours ait été conçu pour les adultes qui interagissent avec les jeunes, comme le souligne Mme Waligora, le groupe des participants est composé de bien d’autres personnes en plus des parents.
« Nous côtoyons presque tous des jeunes dans notre vie, que ce soient des proches, des voisins, des élèves ou des employés. Si vous êtes assez proche pour remarquer un changement chez une personne, vous êtes donc assez proche d’elle pour lui offrir un soutien. »
À la fin de l’année dernière, le gouvernement de la Saskatchewan a agi dans ce sens en s’engageant à verser 400 000 dollars pour offrir la formation de PSSM dans les écoles primaires et secondaires de la province.
« Notre objectif est de faire en sorte qu’au moins un membre du personnel de chaque école reçoive une formation de Premiers soins en santé mentale d’ici décembre 2021 », a déclaré le ministre de l’Éducation de la Saskatchewan, Dustin Duncan. « Nous sommes ravis de soutenir les écoles en veillant à ce que les élèves aient accès à des ressources en matière de santé mentale, et j’encourage tous les conseils scolaires au niveau provincial à y participer pour contribuer à éliminer la stigmatisation entourant la santé mentale. »
Pour Mme Waligora, l’essentiel est simple : « Nous avons la responsabilité de protéger nos jeunes. Chaque jeune mérite un refuge sûr vers lequel il peut se tourner. En tant qu’adultes, nous pouvons être ce refuge. »
Amber St. Louis
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La CSMC souligne le départ à la retraite de Phil Upshall
Peu de temps après avoir été nommée présidente-directrice générale de la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC) il y a plus de 10 ans, Louise Bradley a commencé à s’entourer d’une équipe de direction capable de guider l’organisation en faisant preuve de la sagesse de l’expérience vécue.
Selon elle, une grande partie de ce plan a pris la forme d’un « conseiller unique en son genre, irrépressible, intelligent, aux opinions très arrêtées, au cœur d’or et capable d’auto-dérision » du nom de Phil Upshall, qui, a-t-elle ajouté, était « quelqu’un qui s’assurait que la voix de l’expérience vécue soit à l’avant-plan ».
Lorsqu’ils se sont rencontrés pour la première fois, Phil faisait partie d’un cercle de leaders visionnaires du domaine de la santé mentale « qui étaient bien en avance sur leur temps », dit-elle. « Ils comprenaient bien les coûts économiques et humains de la maladie mentale bien avant que les campagnes de sensibilisation soient à la mode. »

Phil Upshall
Mais si Phil faisait preuve d’une grande ténacité et entretenait de vastes relations, c’est sa propre expérience vécue, accompagnée d’une volonté de partager librement son histoire pour améliorer le sort des autres, qui intriguait le plus Louise.
Placer l’expérience vécue au cœur de la prise de décisions
Michel Rodrigue, qui a succédé à Louise Bradley à la tête de la CSMC en mars, est d’accord. « Nous pouvons remercier Phil non seulement d’avoir intégré une appréciation de l’expérience vécue au sein de la direction, mais aussi d’avoir fait de l’expérience vécue un élément central de l’organisation. »
« Phil m’en voudra de n’avoir suivi qu’un tiers de ses conseils, affirme Louise en riant. Mais en étant à la table de direction, Phil a fait bien plus que de nous demander des comptes. Il remettait en question notre façon de penser, et lorsque notre approche divergeait de la sienne, il nous demandait de le regarder dans les yeux et de lui fournir un argument solidement étayé. »
Pour Ed Mantler, vice-président des programmes et des priorités de la CSMC, Phil a permis à l’équipe de réfléchir objectivement. « Son expérience m’a rappelé que chaque élément de notre travail a des répercussions sur le monde réel. Phil m’a incité à devenir un défenseur encore plus grand de notre travail sur le rétablissement, et il m’a ouvert les yeux quant à l’importance de mettre en lumière le soutien par les pairs. »
Plus grand que nature
« Phil ne s’est jamais excusé de sa franchise », a indiqué Louise, dont les souvenirs de Phil sont empreints d’une profonde affection et d’un grand respect.
« J’étais contente de savoir que nos décisions étaient approuvées par quelqu’un dont les intentions s’harmonisaient avec les nôtres, mais dont les opinons étaient honnêtement les siennes, a indiqué Ed. Phil est un animal politique, mais il est de cette race rare capable de se faire entendre au-dessus du vacarme de la politique partisane. »
« Dans le domaine de la santé mentale en général, Phil était plus grand que nature, a ajouté Michel. Il a joué un rôle déterminant dans de nombreux progrès importants, de la création de l’Alliance canadienne pour la maladie mentale et la santé mentale à la promotion de la création de la CSMC. Mais grâce à mes interactions personnelles avec Phil, je continue d’être ouvert à entendre des vérités difficiles, d’être sensible à la force qu’il faut avoir pour être vulnérable. »
Michel n’a pas l’intention de s’éloigner de ces apprentissages. « Notre Groupe du couloir, notre Conseil des jeunes et nos nombreux membres du personnel qui incarnent la grâce et le rétablissement ont tous des histoires qui nous remettent les pieds bien sur terre, des expériences qui nous rendent humbles et une sagesse qui nous guide. Phil nous a appris à écouter ces étoiles du Nord, et cela ne changera jamais. »
Un héritage discret
Même si le rôle de Phil dans le succès de la CSMC était en grande partie en arrière-scène, c’est exactement pour cette raison que Louise estime qu’il a eu le plus grand impact.
« Phil n’a jamais demandé de reconnaissance, et il ne s’est jamais soucié que ses contributions soient criées sur tous les toits, a-t-elle déclaré. Tout ce qu’il voulait, c’était que nous fassions les choses correctement. Son mandat en tant que conseiller officiel de la CSMC touche peut-être à sa fin, mais son amitié ne faiblira jamais. »
À l’aube de la retraite de Phil, l’organisation est fière de célébrer son héritage discret, qui n’est qu’une infime partie de l’empreinte indélébile qu’il laisse sur le vaste paysage de la santé mentale au Canada.
Suzanne Westover
Une écrivaine d’Ottawa, ancienne rédactrice de discours et gestionnaire des communications à la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC). Casanière, toujours le nez dans un livre, elle prépare un excellent pain au citron (certains diraient qu’elle fait des merveilles en un seul mets) et aime regarder des films avec son époux et sa fille de 11 ans. Le temps que Suzanne a passé à la CSMC a renforcé son intérêt envers la santé mentale, et elle continue d’apprendre toute sa vie sur le sujet.