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La nouvelle Norme nationale pour les étudiants vise à favoriser le bien-être mental dans les établissements postsecondaires

Fréquenter un collège ou une université peut s’avérer une période passionnante qui permet de croître, d’explorer et de devenir autonome, mais cela peut aussi comporter beaucoup de stress et de pression. Bien avant la pandémie, les résultats de l’étude intitulée « 2019 National College Health Assessment » avaient démontré que plus de la moitié des étudiants canadiens du postsecondaire se sentaient tellement déprimés qu’ils avaient de la difficulté à fonctionner et que près de 70 % d’entre eux vivaient une extrême anxiété.

Afin d’aider les établissements postsecondaires à favoriser l’obtention de résultats positifs en matière de santé mentale à l’intérieur et à l’extérieur du campus, la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC), en collaboration avec le Groupe CSA, a rédigé la Norme nationale du Canada sur la Santé mentale et le bien-être pour les étudiants du postsecondaire.

Cette nouvelle norme, première du genre dans le monde, s’avère un ensemble de lignes directrices élaborées en consultation avec diverses parties prenantes, dont des étudiants, des administrateurs, des fournisseurs de services et des personnes qui ont une expérience concrète de la maladie mentale. La Norme pour les étudiants a pour but de fournir un cadre cohérent et fondé sur des données probantes que les établissements d’enseignement peuvent utiliser pour améliorer les stratégies existantes qui visent à améliorer la santé mentale ou en élaborer de nouvelles.

« Même s’il est trop tôt pour comprendre tous les effets que la COVID-19 aura sur la santé mentale des étudiants, nous savons que la pandémie rend les choses un peu plus complexes », a déclaré Sandra Koppert, directrice, Promotion de la santé mentale. « La mise en œuvre de cette nouvelle norme offre aux établissements postsecondaires la chance de renforcer leur engagement à l’égard du bien-être mental des étudiants, que ce soit maintenant ou après la pandémie. »

Afin d’aider les établissements d’enseignement à se lancer, la CSMC a sorti une trousse de démarrage de la nouvelle norme qui comprend une variété des ressources, les prochaines étapes et les principaux éléments à prendre en considération pour mieux s’aligner au cadre.

« Étant donné la diversité de ces établissements, il ne peut y avoir une solution universelle, » a expliqué Louise Bradley, présidente-directrice générale de la CSMC, tout en soulignant que « ce cadre n’est pas si différent de celui de la Norme nationale sur la santé et la sécurité psychologiques en milieu de travail, laquelle devait fonctionner autant pour les petits commerçants que pour les institutions bancaires. Dans le cas des collèges et des universités, ce sont leur taille, leur situation géographique et leurs domaines de spécialisation, sans oublier leur vision et leurs valeurs, qui détermineront comment adapter leurs actions afin d’appliquer la norme. » 

Mme Koppert est d’accord pour dire que cette approche personnalisée est ce qui distingue la nouvelle norme. « Beaucoup d’écoles disposent déjà de très bonnes initiatives en matière d’amélioration de la santé mentale, mais les besoins des étudiants changent à l’instar des situations qu’ils vivent. Cette norme propose un cadre qui aide les établissements d’enseignement à adapter et à étendre leurs programmes afin de veiller à ce qu’ils soient aussi efficaces que possible. »

« Prenons l’exemple de la réalité de la COVID », a ajouté Mme Bradley. « Avec les cours maintenant offerts en ligne, les formateurs sont peut-être devenus le principal point de contact pour de nombreux étudiants. Il est donc plus important que jamais de leur fournir des outils qui peuvent les aider à reconnaître les signes de détresse mentale et à soutenir efficacement leurs étudiants. Pour cela, certains établissements peuvent choisir une formation en santé mentale pour le corps enseignant, laquelle s’harmonise directement avec les recommandations fondées sur des données probantes que l’on trouve dans cette norme. »

Pour Ed Mantler, vice-président, Programme et priorités, CSMC, « la Norme aide les établissements à constater que beaucoup d’aspects de leurs politiques peuvent être examinés du point de vue de la santé mentale. Des politiques d’hébergement aux efforts visant la diversité et l’inclusion, en passant par les subventions et les bourses, tout a une incidence sur la santé mentale et doit être perçu comme tel. »

Des recherches démontrent que les étudiants qui obtiennent le soutien en santé mentale dont ils ont besoin sont plus susceptibles de réussir leurs cours et d’obtenir leur diplôme.

Mais, comme le souligne Mme Bradley, les bienfaits qu’apporte le soutien de la santé mentale des étudiants vont bien au-delà de la simple courbe d’erreurs.

« Comprendre la santé et le bien-être mental, savoir quand et comment obtenir de l’aide, ainsi que comment en finir avec la stigmatisation sont des leçons qui permettront aux étudiants de bien se préparer pour le reste de leur vie. Pour moi, cela ne peut que mener à la réussite. »

Donovan Taplin illustre bien la puissance du savoir expérientiel

Au printemps dernier, au plus fort de la pandémie, Donovan Taplin a appris que la Commission de la santé mentale du Canada cherchait un nouvel administrateur pour son conseil.

« Ça tombait à pic », dit Donovan Taplin. « J’avais accompli l’essentiel de mon travail à titre de vice-président du comité technique responsable de l’élaboration de la Norme sur la santé mentale et le bien-être des étudiants du postsecondaire, mais je sentais que ma contribution dans ce domaine ne faisait que commencer. »

Louise Bradley, présidente-directrice générale de la CSMC, ne pourrait être plus d’accord. « J’ai entendu Donovan faire une présentation pour la première fois lors de la conférence provinciale sur la santé mentale des jeunes de Terre-Neuve-et-Labrador, en 2015, et je m’en souviens très bien encore aujourd’hui. »

Mais lorsque Donovan se rappelle de cette première rencontre avec Louise Bradley, ce n’est pas la vue qu’il avait depuis le podium qui s’impose à son souvenir. « À cette époque, je n’avais parlé de mes problèmes de santé mentale qu’à un seul ami proche, et j’étais sur le point de monter sur scène et de partager ces difficultés avec des centaines d’inconnus. J’étais terrifié. Puis, une femme assise à côté de moi a pris ma main dans la sienne (elle voyait bien que je tremblais comme une feuille) et m’a chuchoté « Vous n’êtes pas obligé de faire ça. Si vous n’êtes pas prêt, je vais leur faire enlever cette présentation et ils trouveront un plan B. Je resterai juste ici, avec vous. »

Mme Bradley sourit à l’évocation de ce souvenir. « À mon avis, cela nous rappelle qu’alors qu’être gentil ne nous coûte pas un sou, le résultat de notre gentillesse peut être précieux; et c’est certainement le cas de la prise de parole de Donovan. »

Celui-ci affirme que ce que lui a dit Mme Bradley lui a donné la force de monter sur scène ce jour-là et que depuis ce jour, cela lui a fourni plusieurs occasions de partager un peu de la sagesse qu’il a acquise grâce à son expérience personnelle.

« J’ai grandi dans une communauté insulaire rurale à Terre-Neuve-et-Labrador (T.-N.-L.). Je n’avais aucun soutien clinique ou social, je n’avais même pas les mots pour dire à quel point je me sentais affaibli et dépassé lorsqu’il était question de ma santé mentale. Je savais aussi que j’étais queer, et que le fait de ressentir de l’insécurité et de ne pas me sentir accepté contribuait au mal-être qui m’habitait à cette époque. J’ai fini par me rendre à St. John’s en bateau pour aller à ma première séance de thérapie, même si je craignais qu’être queer soit une raison suffisante pour qu’ils refusent de me traiter. Je me trompais, heureusement, et c’est à ce moment-là que j’ai commencé à me rétablir. » 

Donovan marque une pause ici pour mettre l’accent sur le fait que la discrimination à laquelle sont confrontés les membres de la communauté 2sLGBTQ+ n’est pas du tout chose du passé.

« Après mon baccalauréat, il y a à peine quelques années, mon partenaire et moi avons déménagé à Toronto, une ville qui représentait tout ce qui me faisait tant envie : l’inclusivité, les valeurs progressistes, la richesse de la diversité. Et pourtant, la première expérience que j’ai vécue à Toronto a été de me faire refuser la location d’un logement, de manière explicite, simplement parce que j’étais dans un couple de même sexe.

Donovan est resté à Toronto depuis, et après avoir poursuivi des études supérieures, il travaille maintenant au Health and Wellness Centre de l’Université de Toronto; il ressent toutefois de temps à autre le poids du changement de rôles.

« D’un côté, j’étais l’une des voix étudiantes les plus fortes au sein du comité mis sur pied pour transformer le soutien offert aux étudiants postsecondaires dans les collèges et les universités. De l’autre, mon travail actuel auprès d’administrateurs me permet de réaliser l’ampleur des défis institutionnels que cela implique. Il faudra du temps pour les démystifier avant de pouvoir donner vie à la vision d’une communauté axée sur le bien-être qui est à la base de la Norme pour les étudiants du postsecondaire. »

Il explique que la Norme pour les étudiants du postsecondaire joue le rôle d’un pont, un moyen de réunir les étudiants et les administrateurs à la même table pour qu’ils créent ensemble des communautés d’enseignement supérieur au sein desquelles les étudiants ne sont pas laissés à eux-mêmes dans les dédales d’un système complexe.

Les efforts mis dans l’élaboration de la Norme nationale du Canada sur la santé mentale et le bien-être pour les étudiants du postsecondaire ont récemment été reconnus par le biais d’un Prix du jeune professionnel de Groupe CSA, qui a été décerné à Donovan Taplin pour son leadership compatissant et dévoué.

Donovan a commencé à développer les compétences en gouvernance nécessaires pour codiriger le comité technique sur la Norme pour les étudiants du postsecondaire à l’âge de 19 ans, lors de son élection comme conseiller municipal de Wabana, à Bell Island, T.-N.-L. À ce titre, il a contribué à donner vie à la toute première reconnaissance de la Semaine de sensibilisation aux maladies mentales et du Mois de la Fierté dans cette communauté. Depuis, la capacité de Donovan à apporter des changements positifs lui a notamment permis de siéger au Premier’s Youth Advisory Committee (T.-N.-L.) et du Conseil jeunesse du premier ministre.

Cette volonté d’améliorer la situation de tout un chacun est ce qui a convaincu Donovan de se joindre au conseil d’administration de la CSMC. « Je vois cette organisation comme une lanterne, en quelque sorte, qui attire l’attention des personnes, des organisations et des gouvernements sur les façons d’améliorer les politiques et l’accès aux services et, ultimement, d’atteindre la parité en matière de financement. »

Et Mme Bradley d’appuyer : « Nous pouvons seulement briller aussi fort que les cœurs et les esprits qui nourrissent notre travail. Je suis tout à fait certaine que Donovan va nous mettre au défi et nous maintenir à flot. D’une certaine manière, j’ai vu Donovan grandir; j’ai assurément été témoin de ses années les plus formatrices. Il y a une chose dont je suis persuadée : l’avenir de la défense de la santé mentale est entre de bonnes mains. »

L’étudiant en médecine, soutien aux pairs et champion de la santé mentale Armaghan Alam relève un nouveau défi

Armaghan Alam (que l’on appelle Army) est honnête lorsqu’il raconte d’où vient sa passion pour la santé mentale. À 14 ans, il s’est retrouvé séparé de sa famille par un océan pour aller étudier dans un pensionnat en Ontario.

« Je suis né au Pakistan, mais nous avons déménagé de nombreuses fois », se rappelle Army, qui étudie actuellement la médecine à l’Université de la Colombie-Britannique. « Ma famille vivait alors en Arabie saoudite, mais j’ai choisi de poursuivre mes études ici. » Être aussi loin de sa famille faisait qu’Army se sentait isolé et à la dérive. Le soutien de ses pairs a été une véritable bouée de sauvetage pour lui.

« J’ai rapidement appris la valeur que peut prendre une oreille attentive et, à l’inverse, le fait de tendre la main aux autres », dit-il. Cette conviction l’a suivi à l’Université McGill, où il a contribué à améliorer les initiatives de soutien par les pairs; il est vite devenu un chef de file au sein  de son campus. 

Aujourd’hui, alors qu’il étudie à l’UBC, il se retrouve au sein d’une culture où il est plus difficile de convaincre les gens à ce sujet. « C’est vraiment ironique, parce que si des personnes ont besoin de décompresser avec des gens qui saisissent bien la profondeur des expériences qu’elles vivent, ce sont bien les étudiants en médecine. »

Or, le « curriculum caché » qui place le sacrifice de soi en haut des objectifs du programme les rend peu enclins à s’ouvrir aux autres.

« Je crois que les fournisseurs de soins de santé devraient ériger un mur entre eux et leurs patients pour pouvoir les soigner », dit-il. « Nous devons être capables de compartimenter ce que nous vivons pour bien faire notre travail. Mais lorsqu’il est question de gérer nos émotions, ce mur peut finir par causer notre perte. »

Tous s’entendent pour dire que depuis quelques années, le voile se lève tranquillement sur ce type de stigmatisation parmi les travailleurs de la santé.  Mais Army se demande si les minces incisions faites dans le voile de cette culture de stoïcisme fermement ancrée dans les mentalités ne seront pas recouvertes par le tissu cicatriciel laissé par la pandémie de COVID-19.

« Alors que nous commencions tout juste à parler du fait que les fournisseurs de soins de santé doivent prendre soin d’eux-mêmes, une pandémie mondiale nous est tombée dessus et, tout à coup, on s’est mis à célébrer leur dévouement dans le monde entier. Nous traitons les travailleurs de la santé comme les héros qu’ils ont toujours été, mais quand pourront-ils enlever leurs capes proverbiales et se reposer un peu? Qui prend soin d’eux? » 

Army compare la pandémie à une maladie chronique qui doit être gérée plutôt que comme un symptôme aigu que l’on peut soulager rapidement, et peu importe vers où il se tourne, il voit partout ses impacts sur la santé mentale.

« Pour s’occuper de la santé mentale des gens, il faut mettre en place de bonnes politiques sociales, une économie saine et un système de justice qui fonctionne », dit-il. « Cela signifie qu’il faut lutter contre le racisme, les traumatismes intergénérationnels et les obstacles culturels aux soins. » À titre de membre de la communauté immigrante, le point de vue d’Army jette un éclairage particulier sur les difficultés auxquelles sont confrontés les groupes ethnoculturels, au sein desquels la maladie mentale demeure grandement stigmatisée.

Army est un lecteur avide qui a toujours aimé apprendre, et le domaine de la santé mentale lui offre de nombreuses voies vers des études fascinantes. Et lorsqu’il pense à sa future carrière, Army est persuadé que peu importe la spécialisation qu’il choisira de poursuivre, sa passion ne sera jamais loin.

« Que je décide de me spécialiser en psychiatrie ou en chirurgie, le fait est que chaque patient est beaucoup plus que la simple somme de ses diagnostics.  Certaines des conversations les plus profondes et révélatrices dont j’ai été témoin se sont produites juste avant qu’un patient parte pour une chirurgie. Regarder sa propre mortalité en face est l’une des expériences les plus puissantes qu’une personne puisse vivre. D’être là, avec eux, à ce moment précis, ça rejoint beaucoup ce qui m’a fait tomber amoureux du soutien par les pairs. »

Histoire de boucler la boucle de ses compétences et de son expérience, Army est heureux de mettre son esprit curieux au service du comité de direction de la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC), où il est impatient d’apprendre auprès d’experts en économie, en justice et en affaires gouvernementales.

« À plusieurs reprises, j’ai eu le privilège de parler avec le Dr David Goldbloom (l’ancien président du conseil de la CSMC), une personne pour qui j’avais une grande admiration pendant mes années de formation. Obtenir une place à une table qu’il a déjà présidée…  c’est pour moi un honneur inestimable. »

Soyez parmi les premières collectivités à adopter l’initiative Enraciner l’espoir

Lorsque la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC) a lancé son projet de prévention du suicide Enraciner l’espoir dans huit collectivités du Canada, il s’agissait d’un ambitieux concept visant à renforcer l’expertise de collectivités pour la mise en œuvre d’interventions adaptées à leur contexte tout en élargissant le nombre de pratiques exemplaires fondées sur des données probantes et des outils pouvant être déployés  à l’échelle nationale.

Mais puisque la phase de démonstration du projet devait s’échelonner sur une période de cinq ans, d’autres ont commencé à demander comment leur collectivités pouvait y prendre part sans devoir attendre si longtemps. Désireuse de faire connaître le modèle le plus possible, l’équipe de prévention et de promotion de la CSMC a répondu à l’appel en mettant au point une initiative à l’intention des premières collectivités qui adopteront Enraciner l’espoir.

Tout comme pour le projet de démonstration, les stratégies et les activités mises au point par les premières collectivités ayant adopté Enraciner l’espoir seront fondées sur les cinq piliers du projet : soutien spécialisé, formation et réseaux, campagnes de sensibilisation du public, accès sécuritaire aux méthodes  et recherche.

« Ce programme émane d’un besoin au niveau des collectivités », a expliqué Nitika Rewari, gestionnaire, programmes de prévention et de promotion de la CSMC. « Lorsqu’elles établiront leur propre plan d’action, les ces collectivités seront les premières à bénéficier des leçons tirées du projet de démonstration jusqu’à ce jour, et ce, avec l’aide de la commission. »

La plupart des conseils seront prodigués par le biais d’une communauté de pratique composée de représentants des premières collectivités à adopter le projet ainsi que de membres du programme de la CSMC.

Les réunions de la communauté de pratique permettront à ces collectivités d’accéder à des outils et à des ressources déjà élaborées dans le projet de démonstration. Cela leur permettra aussi de poser des questions, de laisser savoir ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas et de puiser dans l’expérience vécue par le groupe. Il s’agit là d’un modèle qui a fait ses preuves parmi les huit collectivités d’Enraciner l’espoir, lesquelles continuent de s’appuyer sur leurs réunions de la communauté de pratique pour obtenir des conseils, partager leurs connaissances et établir des contacts.

« La diversité des collectivités  représentées dans la communauté de pratique nous a permis d’apprendre beaucoup pour le travail que nous faisons à Iqaluit », a déclaré Opal Mcinnis, détentrice d’un doctorat, gestionnaire territoriale, Division de la santé mentale et de la toxicomanie, gouvernement du Nunavut. « En tant que milieu qui vient tout juste d’entreprendre sa planification, la communauté de pratique a suscité de l’enthousiasme à l’égard de ce que nous pouvons espérer réaliser. » 

Denika Ward, coordonnatrice en prévention du suicide au sein dans la Péninsule de Burin, est d’accord pour dire que la communauté de pratique est précieuse. « Cela a permis de réseauter avec des personnes provenant des communautés diverses qui participent au projet Enraciner l’espoir dans l’ensemble du Canada, en plus de contribuer aux effets positifs et durables des efforts de prévention du suicide auprès des résidents de la Péninsule de Burin. »

Roots of Hope IconMême si les huit collectivités impliquées dans le  projet de démonstration et les premières collectivités  à adopter l’initiative opèrent séparément, toutes les observations découlant de ces démarches contribueront à établir un modèle d’Enraciner l’espoir qui pourra être utilisé à la grandeur du pays. Comme des communautés s’unissent pour trouver les stratégies les plus efficaces pour elles, cela permettra par le fait même de jeter les bases d’un modèle canadien de prévention du suicide issu de nos collectivités.

Selon Ryan Walsh, gestionnaire, programme de prévention et de promotion à la commission de la santé mentale c’est cette combinaison d’incitatifs à court et à long terme qui distingue l’initiative des premières collectivités  à adopter le projet. « Peu de collectivités peuvent dire qu’elles ont contribué directement à prévenir le suicide à l’échelle nationale. Les premières à adopter le projet disposent d’une occasion unique de démontrer leur engagement à l’égard de la prévention du suicide, de tirer profit des leçons apprises et d’être à l’avant-garde du modèle canadien. »

Comme M. Walsh n’hésite pas à le dire, la possibilité de faire partie des premières collectivités à adopter le projet ne se limite pas aux grandes régions urbaines, loin de là. « Le projet tire en partie sa force de la diversité des collectivités participantes. Ce qui fonctionne dans une région pourrait s’avérer irréalisable dans une autre. Plus nous pouvons apprendre de ces différences, plus le modèle sera utile pour réduire l’incidence de suicide dans l’ensemble du pays. »

Vous aimeriez que votre communauté soit parmi les premières à adopter Enraciner l’espoir? Envoyez un courriel à Nitika Rewari pour obtenir plus d’information à nrewari@mentalhealthcommission.ca.

Inconnu

Les efforts d’un regroupement pour accroître l’accès à la psychothérapie

« Parité », « temps d’attente réduits », « moins d’obstacles », « les bons services, au bon moment »

Ce sont quelques-uns des mots et phrases clés employés par les membres du Réseau de mise en œuvre d’une politique de psychothérapie (RMPP) pour décrire ce que l’amélioration de l’accès à la psychothérapie signifie pour eux. Lors de leur première réunion en février dernier, ils ne se doutaient évidemment pas qu’une pandémie allait intensifier encore davantage l’urgence de leur travail.

Le RMPP est composé de dirigeants, de personnes ayant un vécu expérientiel, d’associations canadiennes de fournisseurs de soins de santé, de cliniciens, de chercheurs et d’autres experts. Il a pour objectif de soumettre des recommandations au gouvernement fédéral en vue d’accroître l’accès à la psychothérapie dans le système de soins de santé du Canada.

À titre de secrétaire du Réseau, la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC) agit comme facilitatrice impartiale de ses activités. Karen Cohen, chef de la direction de la Société canadienne de psychologie (SCP), co-préside le Réseau aux côtés de la CSMC.

« Des psychothérapies gratuites sont offertes dans les hôpitaux et les centres de soins de santé mentale, mais les listes d’attente sont longues, et bien des gens ne peuvent se permettre les services offerts dans les cabinets privés, indique Louise Bradley, présidente et directrice générale de la CSMC. « Pourtant, ces traitements sont essentiels pour la santé de la population. »

Le Réseau est un lieu de partage d’information, explique Kam Tello, gestionnaire du programme Accès à des services de santé mentale de qualité de la CSMC. « Nous devons examiner les initiatives offertes dans chaque territoire de compétence, évaluer ce qui fonctionne et repérer les lacunes selon différents points de vue. Il s’agit d’un travail collaboratif. »

Le RMPP s’affaire actuellement à rédiger une déclaration sur la nécessité d’élargir l’accès à la psychothérapie. Dans sa préparation du processus et des recommandations pour y parvenir, il se penchera sur les modèles de financement, l’assurance qualité, la mise en œuvre et les paramètres de mesure des soins axés sur les résultats.

Ce travail revêt une importance accrue compte tenu des craintes, des incertitudes, des pertes d’emploi et de l’instabilité économique provoquées par la COVID-19. Pour Mme Cohen, il est devenu encore plus urgent de combler les lacunes en matière d’accès aux services de psychothérapie puisque les personnes, les familles et les communautés sont aux prises avec les répercussions de la pandémie sur leur santé physique et mentale. 

Heureusement, les secteurs public et privé de la santé du Canada ont redoublé d’efforts pour offrir des services et du soutien en santé mentale. Notons par exemple l’initiative d’intervention d’urgence de la SCP pour les travailleurs de la santé et les travailleurs sociaux aux premières lignes, l’ajout de séances de counseling et de psychothérapie aux avantages sociaux des employés du gouvernement et le portail de ressources et de counseling gratuits Espace mieux-être Canada du gouvernement fédéral.

Or, même si ces améliorations marquent un pas dans la bonne direction, bon nombre d’entre elles relèvent malheureusement de programmes particuliers et pourraient être temporaires. Des investissements durables dans les services de santé mentale doivent être réalisés pour améliorer le bien-être de la population et traiter les maladies à long terme.

« C’est pourquoi le RMPP est axé sur les solutions à long terme », explique Mme Tello. « Avec la COVID-19 qui nous guette, en plus des nombreux programmes et services qui ont été créés en réponse à la pandémie, la population canadienne continue d’avoir besoin d’importants traitements de santé mentale fondés sur des données probantes, et ce possiblement plus que jamais. »

Pour élaborer des recommandations qui correspondent à la réalité canadienne, le RMPP prend exemple sur d’autres pays. Le Royaume-Uni et l’Australie sont dotés de programmes d’accès élargi, financés par des modèles de subventions et d’assurance-maladie, qui font office d’études de cas déterminantes pour la création de solutions canadiennes. (Visitez la page Améliorer l’accès de la CSMC pour examiner ces exemples de plus près.)

Même si le RMPP a encore beaucoup à faire, ses membres sont encouragés par le changement de ton dans la discussion sur la santé mentale.

« De plus en plus, on semble reconnaître que la santé mentale fait partie de la santé et qu’elle devrait être traitée de façon égale à la santé physique », poursuit Mme Tello. Les employeurs manifestent davantage d’intérêt, la couverture médiatique est accrue et on parle davantage de l’accès et de l’importance de celui-ci. »

Mme Bradley abonde dans le même sens. « L’accès à de meilleurs soins de santé mentale pourrait être un facteur déterminant dans la lutte contre une pandémie de maladie mentale qui ferait écho à la pandémie de COVID-19 de laquelle nous commençons à émerger. S’il y a un point positif aux difficultés que nous affrontons actuellement, c’est peut-être la reconnaissance que la santé physique ne représente que la moitié de l’équation. Il n’y a pas de santé sans santé mentale. »

À mesure que la discussion sur la parité entre santé physique et santé mentale prend de l’ampleur, le RMPP s’efforce de poser des gestes concrets en ce sens. Par ses recommandations judicieuses, le Réseau aspire à positionner le Canada comme chef de file mondial en matière d’accès élargi à la psychothérapie.

Pour Maureen Abbott, gestionnaire du programme Accès à des services de santé mentale de qualité de la CSMC, la composition du Réseau lui-même rend un tel résultat plus probable. « Les membres apportent des expériences personnelles et professionnelles pertinentes en lien avec l’accès à la psychothérapie. Mais l’une des grandes forces du groupe est qu’il respecte et estime importante la diversité des opinions et des points de vue lorsqu’il recherche des consensus pour la prise de décisions. »

Mise à jour, le 2 février 2022 : vous pouvez maintenant lire le rapport du RMPP, Le temps est venu : Considérations relatives à un programme national de psychothérapie.

Inconnu

Une nouvelle trousse d’outils pour promouvoir la sécurité psychologique en milieu de travail pendant la pandémie de COVID-19

La COVID-19 oblige les employeurs de tous les secteurs à revoir leurs façons de faire. Au Canada, le récent assouplissement des restrictions a permis à de nombreuses entreprises de reprendre leurs activités et de recommencer à accueillir leurs employés en milieu de travail. Mais travailler pendant une pandémie n’a rien d’habituel et les changements apportés par les employeurs peuvent avoir un impact radical sur la santé mentale et physique de leurs employés.

« Créer un milieu de travail sain n’implique pas seulement de protéger la santé physique des gens », dit Liz Horvath, gestionnaire, Santé mentale en milieu de travail à la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC). « Il faut également assurer leur sécurité psychologique. Nous devrons composer avec les répercussions de la pandémie pendant un certain temps, mais les employeurs ont un important rôle à jouer pour prendre des mesures proactives afin d’avoir une longueur d’avance sur l’augmentation de la prévalence des maladies mentales prévue ».

Mental Health Integaration Guidelines Slide 1 FRAfin d’aider les employeurs à assumer ces nouvelles responsabilités, l’équipe de Changer les mentalités de la CSMC a créé la Trousse d’outils pour l’intégration de la santé mentale aux activités pendant la pandémie de COVID-19. Cette trousse d’outils regroupe des lignes directrices, des fiches-conseils, des vidéos, des guides de discussion et d’autres ressources pour aider les employeurs et les travailleurs à incorporer la santé mentale dans tous les aspects de leurs milieux de travail.

Une des ressources de la trousse d’outils qui sera publiée prochainement comprendra un ensemble de lignes directrices ayant pour but d’aider les employeurs à aborder les principaux facteurs liés au milieu de travail qui peuvent affecter la santé mentale des membres du personnel pendant une pandémie. Ces facteurs sont fondés sur la Norme nationale du Canada sur la santé et la sécurité psychologiques en milieu de travail, un cadre élaboré par la CSMC et le Groupe CSA pour aider à promouvoir la santé mentale et à prévenir les préjudices psychologiques au travail.

« Ces lignes directrices n’ont pas seulement pour but de réagir à la pandémie de manière ponctuelle », explique Mme Horvath. « Nous voulons encourager les employeurs à intégrer la santé mentale de façon proactive à leurs activités afin de traverser la pandémie actuelle et d’être mieux outillés pour faire face à d’éventuelles nouvelles crises. Bien que le Canada s’en sorte relativement bien pendant la pandémie actuelle, nous devons nous préparer à affronter les nouvelles vagues qui pourraient surgir ». 

Les lignes directrices encouragent les personnes en position d’autorité à ne pas oublier que les travailleurs peuvent faire face à diverses difficultés personnelles à l’extérieur du travail en temps de pandémie. « Lorsque nous parlons de rendement, nous devons parler de santé mentale », dit Mme Horvath.

« Le stress, c’est cumulatif », ajoute-t-elle. « Les difficultés auxquelles nous faisons face à l’extérieur du travail continuent de nous affecter lorsque nous sommes au travail, et vice-versa. En intégrant la santé mentale des travailleurs à leurs activités, les dirigeants peuvent réduire leur stress global. S’ils gèrent bien l’énergie, les gens peuvent bien travailler et bien vivre ».

Afin de soutenir les travailleurs pendant la pandémie, les lignes directrices encouragent les gestionnaires 

  • à utiliser l’écoute empathique
  • à comprendre l’impact psychologique des changements apportés au milieu de travail physique et à en tenir compte
  • à fournir à leurs travailleurs un espace sécuritaire pour partager ouvertement leurs besoins et leurs préoccupations
  • à se préparer à mettre en place des mesures d’adaptation pour les travailleurs qui ont besoin d’un soutien supplémentaire.

Le guide aborde aussi la question de la stigmatisation puisque bien souvent, les travailleurs n’osent pas parler de leurs préoccupations relatives à la santé mentale, soit parce qu’ils ont peur que leurs pairs les jugent, soit à cause de l’autostigmatisation. Les milieux de travail qui offrent de la formation au personnel et qui encouragent les discussions franches à propos de la santé mentale peuvent réduire la stigmatisation en milieu de travail et faire en sorte que les employés qui ont besoin d’aide la demandent plus tôt. Les employeurs doivent également gérer l’augmentation des blâmes et des paroles blessantes entre employés en s’assurant que ceux-ci reçoivent une protection psychologique contre la discrimination et le harcèlement associés à la stigmatisation sociale et à la xénophobie. 

La bonne nouvelle, selon ce que démontre la recherche, est que le fait de gérer les urgences et les désastres de manière adéquate peut avoir des répercussions positives sur la santé mentale des employés, notamment un meilleur moral, une plus grande résilience et une augmentation de la compassion.

« La pandémie rassemble les gens d’une manière inédite », remarque Mme Horvath. « Nous pouvons recréer cet esprit de connexion aux autres et de soutien en milieu de travail, pourvu que nous soyons déterminés à fournir les efforts nécessaires ».

Unknown

Virage virtuel pour fournir du soutien aux travailleurs essentiels et aux étudiants du postsecondaire

À la mi-mars, alors que le monde était mis sur pause, l’équipe de Changer les mentalités de la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC) savait qu’elle devait se retrousser les manches.

« Nos formations en personne s’étaient arrêtées littéralement du jour au lendemain », de dire Mike Pietrus, directeur du programme, lequel s’occupe du volet formation de la CSMC. « Mais nous étions conscients que les travailleurs essentiels devaient avoir accès à nos formations sur la santé mentale et la résilience. »

Et c’est exactement ce que l’équipe s’est efforcée de faire.

« S’adaptant à une pandémie mondiale et au télétravail, tout en prenant soin de leurs familles, les membres de l’équipe ont complètement remanié le programme de formation pour qu’il soit offert par des moyens virtuels, et ce, tout à fait gratuitement, aux gens qui travaillaient sur la ligne de front pendant cette crise », explique monsieur Pietrus.

Louise Bradley, présidente-directrice générale de la CSMC, est encore émerveillée de cet exploit. « Il s’agit-là d’une réalisation pour le moins héroïque », a-t-elle déclaré, tout en faisant remarquer que plus de 400 cours ont été offerts gratuitement à plus de 4 000 travailleurs essentiels.

Les spécialistes de la formation de la CSMC ont pris les éléments les plus pertinents des formations Premiers soins en santé mentale et l’Esprit au travail, en ont fait des versions interactives et comprimées d’une durée de deux heures, pour apprendre aux gens comment s’occuper de leur santé mentale et de celle des autres. Un autre cours d’une durée d’une heure a été créé dans le but précis d’aider les gestionnaires à prendre soin de leurs équipes.

Pietrus a fait remarquer que cette expérience a exigé de l’équipe qu’elle fasse ses devoirs et qu’elle apprenne les meilleures pratiques en matière de formation virtuelle. « Mais grâce à cette incroyable réaction, nous sommes maintenant fin prêts à offrir nos formations les plus appréciées en version virtuelle », a-t-il mentionné, faisant ainsi référence à la série de formations qui comprend Premiers soins en santé mentale et l’Esprit au travail, de même que leurs variantes.

« Nous allons commencer par l’Esprit curieux, postsecondaire », a-t-il précisé, qui fournit de la formation sur la santé mentale et la résilience à l’intention des étudiants des collèges et des universités. « Nous nous sommes dit qu’il était naturel de commencer par eux. Ils sont non seulement plus à l’aise avec les interactions virtuelles, mais ils devront bientôt s’adapter à un milieu scolaire extrêmement différent et auront alors besoin d’aide pour relever toute une série de nouveaux défis. »

À compter du mois d’août, les établissements d’enseignement postsecondaire seront en mesure d’offrir cette formation qui a elle aussi subi une importante transformation. 

« Nous avons beaucoup appris lorsque nous avons préparé nos formations gratuites pendant la crise », a déclaré Rebecca Richardson, spécialiste de la formation pour les programmes Premiers soins en santé mentale et Changer les mentalités. « On ne peut pas simplement prendre une formation habituellement offerte en personne et l’offrir telle quelle en ligne. Ça ne fonctionne pas. Nous avons vraiment dû faire nos recherches et bûcher afin de nous assurer de réellement établir un contact avec les participants. »

our ce faire, il a fallu étendre le cours pour en faire quatre modules de 45 minutes ou un cours d’une durée de trois heures. De petits groupes auront l’occasion de trouver des solutions à des situations difficiles, d’obtenir l’avis des autres participants grâce à des sondages et des jeux-questionnaires en ligne et de veiller à ce que toute personne chez qui la formation déclenche une réaction soit mise en contact avec du soutien en santé mentale. 

« Nous devions trouver un moyen d’organiser toutes ces étapes », a déclaré M. Pietrus. Cela a donné lieu à la création d’un nouveau rôle dans la classe virtuelle afin de fournir du soutien à l’animateur. « Nous engageons des producteurs pour gérer les aspects techniques de la transmission du cours pour que le formateur puisse se consacrer strictement à enseigner la matière. »

Les résultats de la mise à l’essai qui a eu lieu à l’Université Bishop et l’Université Laurentienne parlent d’eux-mêmes.

« Plus de 82 pour cent des participants avaient la conviction qu’ils pourraient mettre en pratique les connaissances et les compétences acquises dans leur quotidien », a dit Mme Richardson. « Après avoir observé les deux mises à l’essai, j’étais encouragée et inspirée par l’énergie et la passion des étudiants, ainsi que par leur volonté de discuter de sujets difficiles, même dans un cadre virtuel. »

Chloe Kendall, une étudiante de l’Université Bishop, a dit que « le cours est extrêmement instructif. Il m’a aidée à comprendre ma propre santé mentale et à prendre conscience de la façon dont les autres peuvent se sentir. Les connaissances que j’ai acquises en deux jours me serviront toute ma vie. »

Mme Richardson est convaincue que cette volonté de montrer sa vulnérabilité et de chercher à obtenir de l’aide sera essentielle si l’on veut favoriser le bien-être mental des étudiants lorsqu’ils retourneront en classe cet automne.

« Plusieurs chercheront des moyens de composer avec le stress généré par l’apprentissage à distance et l’isolement social, ainsi que des façons de discuter et de donner un sens à ce qu’ils ont vécu au cours des derniers mois. Le fait d’adapter le cours l’Esprit curieux à un cadre virtuel juste à temps pour le semestre de l’automne permettra aux établissements postsecondaires d’aider les étudiants à relever ces défis. »

Visitez la page l’Esprit curieux postsecondaire virtuel pour voir où ces cours sont offerts.

La députée de Fredericton fait part de ses réflexions sur un premier mandat semblable à nul autre

Il n’est pas facile de suivre Jenica Atwin qui en est à son premier mandat comme représentante du Parti vert du Canada à la Chambre des communes et députée de Frederiction. Elle s’intéresse à des sujets variés, s’inspire de riches exemples et s’exprime rapidement, un peu comme si elle voulait s’assurer que rien d’important ne lui échappe.

« Je fais partie d’un groupe d’action pour les personnes âgées », a-t-elle expliqué de chez elle, au cours d’un entretien téléphonique tenu à la fin du mois de mai. « J’entends parler de personnes âgées qui téléphonent à l’Agence du revenu du Canada ou Service Canada dans le seul but d’entrer en contact avec une voix humaine. C’est bouleversant. »

L’empathie de Mme Atwin est palpable. Elle-même jeune mère de deux enfants, elle s’est retrouvée en isolement dès les premiers jours suivant son accouchement et elle est parfaitement consciente que la COVID-19 fait ressortir des disparités dont le Parti vert parle haut et fort depuis longtemps.

« En ce moment, il se peut que des gens vivent des jours sombres », dit-elle. « Comme les inégalités raciales sont mises en évidence, que le virus frappe plus durement les personnes défavorisées sur le plan social et le plan économique et qu’il n’y a pas assez de soins de santé mentale, on peut facilement comprendre que des gens soient découragés et déprimés. »

Mais Mme Atwin croit que la solution réside dans la force de la communauté. « La résilience ne tient pas tant dans la force que l’on peut finir par trouver en soi à force de creuser, mais plutôt dans le soutien que l’on peut trouver ailleurs, dans ce que l’on peut retirer de son réseau et ce que l’on peut faire pour aider les autres. »

Elle a grandi dans un foyer où la culture de son beau-père, celle des Premières Nations, reposait sur ces valeurs et c’est en connaissance de cause qu’elle parle de ce sens de la communauté. « Je vis près de la Première Nation d’Oromocto, où mon époux siège au conseil de bande, et c’est de leur façon de réagir à la situation que j’ai tiré mes espoirs ou mon inspiration pendant cette période. »

Mme Atwin décrit comment les cercles de couturières ont mis leurs talents à profit en fabricant des masques, comment les paniers ont été remplis de produits de première nécessité et livrés aux personnes vulnérables ou âgées. Elle explique aussi, avec un profond respect, comment la chef d’Oromocto, Shelley Sabattis, a su mener l’action efficace et empreinte de compassion de sa communauté.

« Le leadership féminin est à l’honneur ces temps-ci », de dire Mme Atwin. « Voyez ce que font Jacinda Ardern, en Nouvelle-Zélande, et Angela Merkel, en Allemagne. Elles nous montrent que les femmes dirigent de manière un peu différente, que leur sensibilité leur permet de s’élever en ces temps vraiment difficiles. » 

Il existe de nombreux exemples de leadership féminin chez nous, y compris parmi les plus hauts responsables provinciaux de la santé publique, dont Theresa Tam qui est la médecin la plus haut placée du Canada.

Mme Atwin est également contente de la réponse du Canada. « Écoutez, je trouve que nous avons fait un excellent travail. Nous avons uni nos efforts. Au-delà des bannières politiques, nous voyons davantage les points que nous avons en commun plutôt que les idéologies qui nous opposent. Cela ne veut pas dire que nous sommes parfaits et mon travail, en tant que membre de l’opposition, consiste à m’assurer que nous montrons ce qu’il faut améliorer. Mais, dans l’ensemble, je pense que nous devrions vraiment être fiers, comme Canadiens, du leadership dont nous sommes témoins de tous les côtés. »

Mme Atwin ajoute que la santé physique et mentale de la famille, des amis, des collègues et des membres de la communauté fait partie des priorités ces jours-ci. « J’aimerais qu’une position ministérielle axée sur notre bien-être collectif voie le jour », dit-elle. « On voit qu’une prise de conscience se développe autour de l’idée que si les gens sont bien émotionnellement, spirituellement, physiquement et mentalement, ils seront plus aptes à remplir leurs rôles, qu’il s’agisse des responsabilités familiales ou des réalisations professionnelles. »

Lorsqu’on lui a demandé comment elle fait pour demeurer si calme et sereine avec un horaire si chargé, elle s’est mise à rire. « Ce n’est pas facile. Cela vient de choses très simples. Prendre cinq minutes le matin pour boire tranquillement une tasse de thé, faire brûler de la sauge et prendre quelques profondes respirations pour bien commencer la journée. Il n’y a pas de recette miracle. Je prends simplement un moment pour me recentrer et j’essaie ensuite de poursuivre mon travail. »

Soutenir la santé mentale des travailleurs de la santé pendant la pandémie de COVID-19

« Les travailleurs de la santé ont toujours été des héros à mes yeux », dit Louise Bradley, présidente-directrice générale de la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC), qui est elle-même infirmière autorisée et ancienne administratrice d’hôpital. « Mais lorsqu’une crise d’une ampleur aussi phénoménale que celle de la COVID-19 éclate, nous en demandons encore davantage à une main-d’œuvre déjà débordée. »

Ed Mantler, vice-président des Programmes et priorités à la CSMC, est du même avis. « Avant la pandémie, 40 pour cent des médecins et des infirmiers et infirmières étaient déjà à des niveaux avancés d’épuisement professionnel. Nous travaillions donc déjà très fort pour créer une suite de modules de formation et de ressources pour soutenir le bien-être mental de cette main-d’œuvre essentielle. »

Maintenant, ces outils sont plus pertinents et importants que jamais.

« Nous savons que les répercussions psychologiques d’une pandémie peuvent engendrer des conséquences sérieuses pour les travailleurs de la santé », affirme Mme Bradley, qui cite une étude qui estime que 29 à 35 % de ces travailleurs ont vécu un haut niveau de détresse pendant l’éclosion de SRAS qui a eu lieu dans un hôpital de Toronto. Une étude similaire menée auprès du personnel médical à Taiwan a montré que 93,5 % d’entre eux considéraient l’épidémie de SRAS comme une expérience traumatisante.

Heureusement, les travailleurs de la santé n’ont pas à porter ce fardeau sur leurs seules épaules. Un éventail de ressources en santé mentale sont désormais disponibles pour stimuler leur résilience et pour accroître leur bien-être.

Le Centre de Toxicomanie et de santé mentale, par exemple, offre un carrefour de ressources spécialement destiné aux travailleurs de la santé pendant la pandémie de COVID-19 qui fournit des conseils et des vidéos utiles, ainsi que des liens vers des ressources de soutien externes.

La CSMC élabore depuis plusieurs années diverses ressources en santé mentale destinées aux travailleurs de la santé, incluant une série de webinaires publiée récemment qui porte sur les autosoins pour les travailleurs et qui fournit des conseils aux dirigeants de la santé durant la COVID-19.

« Il est important d’être conscients que le domaine des soins de santé est un domaine exigeant, et que plusieurs des problèmes de santé mentale auxquels font actuellement face les travailleurs de la santé ne disparaîtront pas avec la fin de la pandémie », dit Mme Bradley. Elle presse les organismes de soins de santé d’utiliser des mesures éducatives proactives destinées aux travailleurs, comme des affiches comme celle-ci pour rappeler aux travailleurs de quelle manière ils peuvent contrôler leur anxiété et leur consommation de substances.

Pour M. Mantler, « bien que les ressources offertes aux fournisseurs individuels soient importantes, l’amélioration du bien-être mental passe également par la transformation d’une culture au sein de laquelle le stoïcisme est la norme depuis beaucoup trop longtemps ».

Souvent, pour améliorer quelque chose, il faut d’abord l’évaluer. Prendre soin des travailleurs de la santé — Outils d’évaluation est une ressource utile pour le faire. Elle explore une gamme de facteurs psychosociaux pour aider les organismes de soins de santé à déterminer les secteurs vulnérables et à prendre les mesures nécessaires pour améliorer la santé et la sécurité psychologiques.

Pour implanter une culture de bien-être mental, il faut aussi une bonne dose d’engagement. Un bon moyen de comprendre ce qu’une organisation fait de bien et ce qu’elle peut améliorer est la Norme nationale du Canada sur la santé et la sécurité psychologiques en milieu de travail (la Norme), un cadre qui fournit des lignes directrices exhaustives pour promouvoir la bonne santé mentale en milieu de travail. 

« Il y a plusieurs années, j’ai été embauchée pour diriger un grand hôpital universitaire », se souvient Mme Bradley. « Au départ, j’avais l’impression que je ne possédais pas les compétences requises pour mener cette mission à bien. Mais j’ai vite compris que je n’étais pas là pour dire aux experts médicaux comment faire leur travail. On m’avait plutôt embauchée pour transformer la culture organisationnelle au sein de laquelle ils travaillaient. »

Afin d’aider à orienter la mise en œuvre de la Norme dans un contexte de soins de santé, la CSMC a participé à l’élaboration de la Trousse d’outils Prendre soin des travailleurs de la santé, qui comprend des témoignages d’organismes de soins de santé qui ont adopté la Norme et près de 40 outils pratiques pour aider les organisations à la mettre en place.

Pour plus d’outils et de ressources sur les soins de santé de la CSMC, veuillez consulter notre liste complète.

Pour Louise Bradley, les efforts pour soutenir les travailleurs de la santé ont commencé bien avant la pandémie de COVID-19, et ils se poursuivront longtemps après la fin de celle-ci. « Lorsque les masques tomberont et que le monde ouvrira à nouveau, les travailleurs de la santé continueront à être des héros, et ils mériteront toujours autant d’avoir tout notre soutien. »

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