Si vous êtes en état de détresse, veuillez appeler ou texter le 988 n’importe quand. En cas d’urgence, appelez le 9-1-1 ou rendez-vous à votre service d’urgence local.

Une ligne téléphonique nationale de prévention du suicide, dont le lancement est prévu en novembre 2023, permettra d’offrir du soutien à toutes et à tous 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. 

Vous êtes une mère monoparentale résidant au centre-ville d’Ottawa, qui a dû arrêter le travail en raison de la COVID-19 et vous vous sentez en détresse de ne pas pouvoir honorer votre loyer et les frais alimentaires de votre famille. Vous êtes un adolescent autochtone dans le nord de l’Alberta et vous essayez de vous échapper d’une relation violente. Vous êtes un homme d’âge moyen qui vit au Nouveau-Brunswick et vous n’avez parlé à personne de l’ampleur de la dépression que vous traversez, et vous sentez que vous ne pouvez plus vous battre contre les pulsions suicidaires qui vous assaillent. Vous êtes un réfugié dans une petite ville ontarienne, et vous ne parlez pas l’anglais et les images refoulées des scènes de guerre traumatisantes vous tourmentent. Vous êtes un membre du personnel infirmier à Vancouver, dont le moral est au plus bas à cause des cris des antivaccins à votre encontre alors que vous rendez au travail; et déjà, votre santé mentale et vous-même ne tenez plus qu’à un petit bout de fil en raison de la pénurie de main-d’œuvre.

Qui appelez-vous?

Si vous avez de la chance, vous aurez l’oreille compatissante d’un conseiller d’une ligne d’urgence bien formé au sein de votre communauté. La personne vous écoutera lui raconter votre histoire, cernera votre niveau de risque suicidaire, s’efforcera de réduire votre stress, et vous mettra en contact avec les ressources dont vous avez besoin pour passer au travers de cette période difficile de votre vie et emprunter la voie de solutions durables et de meilleurs moments.

Cependant, vu l’état d’esprit dans lequel vous êtes, il est possible que vous ne sachiez pas quelle direction prendre. Il se peut que vous ressentiez de la honte ou ayez du mal à reconnaître que vous avez besoin d’aide; ou pire, il se peut que vous ayez des pensées suicidaires. Il se pourrait que vous vous sentiez tellement mal que vous ne pouvez chercher un numéro de téléphone au format 1-800-… Peut-être que vous n’avez pas facilement accès à Internet et que vous ignorez quelles mesures de soutien sont disponibles immédiatement.

Mais qu’en serait-il si nous disposions d’un numéro de téléphone d’urgence national à trois chiffres pour la prévention du suicide que tout le monde connaîtrait aussi bien que le 911?

Cette idée fait l’objet d’une exploration et d’une planification sérieuses depuis plusieurs années au Canada, et reçoit un soutien spontané parmi les experts en prévention du suicide, les professionnels de la santé mentale, et les politiciens de tous les paliers de gouvernement. Des pays comme les Pays-Bas et les États-Unis ont mis en place un numéro à trois chiffres, et c’est au tour du Canada de mettre en service un numéro d’urgence de prévention du suicide, le 9-8-8, qui sera disponible partout au pays d’ici la fin de 2023.

Selon Statistique Canada, environ 11 personnes par jour, soit 4000 personnes par an, s’ôtent la vie dans ce pays. Certes, les causes et les circonstances varient, mais chaque décès par suicide est une tragédie qui, pour une multitude de raisons singulières et complexes, n’a pas été évitée.

À mesure que la pandémie faisait rage, les centres d’aide et d’écoute de partout au Canada rapportaient des nombres plus élevés de personnes qui appelaient pour demander de l’aide. Ces demandes d’aide portaient sur les dépendances, les pertes d’emploi, les effets de l’inflation sur le coût de la vie et l’insécurité alimentaire. Pour toutes les personnes qui travaillent dans le domaine de la prévention, maintenant plus que jamais, il sied d’avoir un numéro national d’urgence de prévention du suicide.

« Le concept est largement accepté, » affirme Sean Krausert, directeur général de l’Association canadienne pour la prévention du suicide (ACPS). Basé à Canmore, en Alberta, Sean était l’un des nombreux experts du domaine de la prévention du suicide au Canada (et à l’étranger) à être consulté par les auteurs de Considérations entourant la mise en œuvre d’une ligne de prévention du suicide à trois chiffres au Canada, un document d’orientation de la CSMC de 2021 qui a examiné la littérature et les renseignements pertinents sur le sujet.

« Ce sont plus les questions logistiques de la mise en place qui vont mettre du temps, » a-t-il affirmé. « Il faut un haut degré de sensibilisation du public et un financement solide pour mettre en place un service à l’échelle nationale. »

Compte tenu de l’immensité du territoire canadien et de la grande diversité de la population du pays, mettre en place et faire fonctionner une ligne téléphonique à trois chiffres pour la prévention du suicide représente une tâche complexe. Non seulement un tel service doit être mis en place sur la base de principes d’équité et d’inclusion culturelle, mais il doit aussi disposer d’une infrastructure technologique conséquente.

Par exemple, pour que le 9-8-8 soit opérationnel d’un océan à l’autre, il faut qu’un numéro à 10 chiffres soit en place dans les endroits où la norme est encore un numéro à 7 chiffres, comme à Terre-Neuve-et-Labrador, au nord de l’Ontario et à Yellowknife. Le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) affirme qu’un délai allant jusqu’en novembre 2023 pourra être nécessaire pour passer à un numéro à 10 chiffres dans ces localités. Lorsque le système du 9-8-8 sera prêt et fonctionnel, tous les appels et les textes placés au 9-8-8 seront dirigés vers un service d’urgence de santé mentale et de prévention du suicide, et ce, sans frais.

Par ailleurs, l’accès à des conseillers bien formés doit aussi être assuré 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 dans chaque région du pays afin de répondre aux besoins variés et de s’assurer que les gens reçoivent l’aide dont ils ont besoin, qu’ils résident dans un centre urbain ou dans une région éloignée, qu’ils soient jeunes ou vieux, qu’ils parlent anglais, français ou une autre langue, ou soient confrontés à des dépendances, à de la violence ou à une maladie mentale. Cela signifie qu’il y a un seul numéro que toute personne en situation de crise suicidaire peut appeler, peu importe le milieu dont il est issu, ou ses circonstances.

« Comme beaucoup de gens, j’ai toujours pensé que peu importe ce à quoi j’étais confronté dans ma vie, je devrais y faire face seul, » a laissé entendre Érick Légaré, dans une vidéo de 2019 réalisée par I’Association québécoise de prévention du suicide. Érick, qui a maintenant 50 ans, a tenté de mettre fin à ses jours à l’âge de 45 ans et est reconnaissant pour l’aide qu’il a reçue lorsqu’il traversait cette période difficile. Aujourd’hui, il a un message urgent pour toutes les personnes qui ont des pensées suicidaires : « Si vous avez besoin d’aide, sachez qu’elle est disponible. Il vous faut juste laisser passer les choses et les accepter. Parlez à quelqu’un. »

De toute évidence, une ligne téléphonique nationale de prévention du suicide représente un apport considérable aux mesures de soutien déjà en place à l’échelle locale et régionale au Canada. « Quel que soit le service qu’elle va offrir, il est essentiel d’offrir des mesures de soutien de santé mentale immédiates 24 heures sur 24 aux personnes en détresse qui appellent à cette ligne, a affirmé Andrea Poncia du Réseau communautaire de prévention du suicide d’Ottawa, qui a également souligné que, pour qu’une ligne téléphonique nationale soit efficace, “le financement doit être élargi et maintenu à long terme.”

Leslie Scott, gestionnaire de médias et communications auprès des Centres d’aide et d’écoute d’Ottawa et de ses régions environnantes, soutient qu’une ligne téléphonique nationale d’urgence à trois chiffres est une bonne idée, qui pourrait permettre de relâcher la pression sur les centres locaux d’aide et d’écoute à but non lucratif.

« La COVID-19 a été intense, » a affirmé Leslie, avec plus d’appels placés auprès des services d’aide et d’écoute que jamais auparavant. Pour réussir, un service national aura besoin d’une « vaste campagne de marketing » pour s’assurer que les gens connaissent son existence et comprennent ce qu’il offre. Comme Andrea, Leslie pense que le financement est capital pour former les personnes qui répondront au téléphone, afin qu’elles soient compétentes à utiliser les pratiques exemplaires pour aider une personne qui traverse une crise suicidaire. Les conseillers téléphoniques dans les centres d’aide et d’écoute au Canada reçoivent maintenant la Formation appliquée en techniques d’intervention face au suicide (FATIFS), qui leur permet d’offrir « les premiers soins de prévention du suicide » à toute personne qui en a besoin. Les conseillers auprès des lignes d’écoute nationale auront également besoin de cette formation, en plus d’avoir une solide connaissance des services qui sont disponibles pour toutes les personnes qui appellent, peu importe où elles se trouvent. Cela leur permettra de faire un tri et d’orienter les gens vers le soutien approprié, aussi bien dans le court que le long terme. Un adolescent autochtone en Alberta aura besoin de quelque chose de différent qu’un homme d’âge moyen qui vit au Nouveau-Brunswick, qu’un ainé agriculteur dans une zone rurale de l’Ontario, ou qu’un nouveau réfugié de guerre aux prises avec un TSPT dont la première langue n’est pas l’anglais.

« Il faut des gens qui savent faire preuve d’une écoute active, » a affirmé Leslie. « Vous devez être en mesure d’évaluer l’état d’esprit des gens, d’aller dans les détails avec eux. Vous devez réussir à pénétrer jusqu’au cœur de leur histoire. »

La mise en place d’une ligne d’écoute d’urgence nationale pour la prévention du suicide pourrait aussi servir un autre objectif majeur : celui de réduire le sentiment de stigmatisation que peuvent ressentir les gens concernant le fait de demander de l’aide ou d’admettre qu’ils sont confrontés à un problème de santé mentale. Leslie fait remarquer qu’il est possible que les personnes qui font le premier pas en vue d’obtenir de l’aide intériorisent le langage et les points de vue stigmatisants.

« Malheureusement, certaines personnes pensent encore que si elles appellent pour obtenir de l’aide, elles seront prises et internées dans un asile psychiatrique. Mais évidemment, ce ne sera pas le cas, » a laissé entendre Leslie. Savoir qu’il existe un numéro de téléphone que n’importe qui peut utiliser, à tout moment, devrait contribuer à la sensibilisation selon laquelle tout être humain traverse des moments de combat, une aide est disponible et vous n’êtes pas seul.

Karen Letofsky, une éminente experte de la prévention du suicide au Canada, récipiendaire de l’Ordre du Canada en 2007 en reconnaissance de ses années de service dans le domaine, a affirmé que l’idée d’une ligne téléphonique nationale de prévention du suicide est quelque chose pour laquelle les leaders du secteur des centres d’aide et d’écoute ont plaidé depuis plusieurs années, à commencer par la formation des partenariats en vue de pousser l’idée à devenir une réalité en 2015. « Nous savions qu’il nous fallait un plan raisonnable, et de l’argent pour un projet pilote. Une fois que nous avions cela, nous pouvions commencer à nous organiser. Renforcer les capacités était un objectif ambitieux. Si vous élargissez l’accès à un service comme celui-ci, cela signifie qu’il vous faut des ressources suffisantes et du personnel adéquat pour garantir la réussite. »

C’était « un travail colossal d’offrir l’accès universel à un numéro national de prévention du suicide, » a-t-elle ajouté, « mais c’est absolument un but qui en vaut la peine et qui permettra de normaliser la demande d’aide. » Bien que les nombreux détails entourant le financement, l’infrastructure technologique, la connexion des services, et la formation partout dans le pays sont toujours en discussion, Karen est optimiste que les organisations partenaires trouveront le meilleur modèle pour le Canada.

Ci-dessous les organisations travaillant avec la CSMC et L’ACPS : l’Association canadienne pour la santé mentale, le Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH), l’Agence de la santé publique du Canada, Anciens Combattants Canada, et Jeunesse, J’écoute. Ensemble, elles ont aussi consulté des organisations comme 113 Prévention du suicide aux Pays-Bas et la Substance Abuse and Mental Health Services Administration aux États-Unis, qui dispose d’un modèle hybride permettant aux gens de choisir soit de texter ou de téléphoner au numéro à trois chiffres.

Plus que tout, a affirmé Karen, la clé pour offrir un service de qualité consistera à s’assurer que les personnes qui répondent aux appels téléphoniques soient des « répondants bien formés à écouter. »

C’est précisément ce lien de personne à personne établi entre un être humain compatissant et un autre être humain en détresse qui est capital. « Ne nous égarons pas dans les nombres, les statistiques et les algorithmes. Chaque personne est unique. Nous ne voulons pas perdre l’histoire personnelle. »

La CSMC offre des webinaires, des trousses d’outils, des modules de formation, et un éventail d’autres ressources sur sa page Prévention du suicide.

Unknown

D’une maison pleine à un nid vide

L’une des principales ironies du rôle des parents en tant qu’éducateurs est que votre travail consiste à vous rendre insignifiant. Les bébés naissent, les enfants sont élevés et grandissent, puis un jour — finalement — la plupart sont suffisamment indépendants pour quitter le foyer familial.

Auparavant, c’était une trajectoire typique au Canada. Aujourd’hui, la transition n’est pas toujours aussi linéaire. Les défis économiques tels que le coût élevé du logement et la précarité de l’emploi, ainsi que les changements sociodémographiques comme le besoin de poursuivre des études postsecondaires plus poussées, font que les fameux enfants « boomerang » partent et reviennent, parfois à plusieurs reprises.

Pour les parents qui restent derrière, que ce soit de façon temporaire ou définitive, ce passage à la phase suivante de la vie peut être difficile à gérer. Pourtant, en tant que parent, c’est aussi l’occasion de renouveler ses relations avec soi-même, son partenaire, ses amis et sa famille — incluant avec les enfants qui sont en train de faire leur saut dans la vie adulte.

Ma femme et moi sommes à l’aube de ce changement : nos filles jumelles entreront à l’université cet automne. Pour nous préparer à ce double départ, Lisa et moi passons beaucoup de temps à discuter avec des amis, des voisins et des collègues dont les enfants ont déjà quitté la maison ou sont sur le point de le faire.

Une amie nous a dit que le départ de ses enfants avait changé sa vie plus profondément qu’à leur naissance. Un autre, dont le beau-père a emménagé chez lui après que ses filles soient allées à l’université, a évoqué le vent de changement qui souffle dans son foyer, notamment le fait de s’occuper de parents âgés, avec l’incidence que ceci a également sur la configuration de sa maisonnée. Ma propre mère m’avait prévenu que notre maison pourrait ressembler à une gare ferroviaire pendant un certain temps : vous ne saurez pas qui vient ou part, ni combien de temps la personne restera.

Prochain arrêt
Bien que l’éventail des réactions et des circonstances varie grandement, dans l’ensemble, ce que les gens nous ont dit reflète les résultats des recherches et les conseils des professionnels de la santé mentale. Pour Barbara Mitchell, professeure de gérontologie et de sociologie à l’Université Simon Fraser, le « stéréotype du syndrome du nid vide a été largement démystifié en tant que mythe culturel ». Elle adopte un point de vue objectif sur ce phénomène et sur d’autres changements majeurs dans la vie. Il s’agit d’aborder la phase du nid vide comme l’un des nombreux carrefours du cours linéaire normal de l’existence, tout en restant attentif et prêt à faire face à tout ce qui pourrait suivre.

Vélo de montagne dans Charlevoix, au Québec

Vélo de montagne dans Charlevoix, au Québec : L’auteur, avec Daisy, Lisa Gregoire et Maggie. Passer d’une maison pleine à un nid vide est l’occasion de renouveler les relations avec soi-même, son partenaire, ses amis et sa famille — surtout avec les enfants qui font le saut dans la vie adulte.

« La plupart des parents trouvent que c’est une expérience positive », affirme Mme Mitchell. « Ils ont fait leur travail et sont maintenant libérés des responsabilités quotidiennes. Ils ont construit les bases pour leurs enfants — et des ailes — afin qu’ils puissent devenir des adultes autonomes. »

Malgré cette tendance générale, si elles sont ancrées dans un rôle traditionnel de femme au foyer, certaines femmes, tout comme bien sûr certains hommes, ressentent un fort sentiment de perte lorsque les enfants partent. Bien que cette tristesse et cette désorientation (communément désignées « syndrome du nid vide ») soient souvent de courte durée, Mme Mitchell souligne qu’environ 20 % des parents y sont confrontés et que, dans les cas extrêmes, cela peut nécessiter une intervention.

Mme Mitchell, qui mène des recherches sur les transitions familiales depuis le temps où elle était étudiante de cycle supérieur au milieu des années 1980, et qui est peut-être la seule spécialiste au Canada à posséder cette expertise, note que le nid vide est un phénomène relativement récent en Amérique du Nord. Historiquement, au moins un enfant restait régulièrement auprès des parents vieillissants, surtout dans les régions rurales. Mais avec l’urbanisation de la population, l’augmentation de l’espérance de vie et l’essor de la classe moyenne aisée après la Seconde Guerre mondiale, les mères et les pères se sont retrouvés de plus en plus seuls durant leurs vieux jours.

Bien sûr, les parents issus de ce qu’elle décrit comme des « groupes culturels collectivistes » ont souvent des expériences totalement différentes, comme le fait de rester au sein d’un foyer multigénérationnel ou de considérer le départ d’un enfant pour ses études ou son mariage comme un signe de réussite. « Le contexte de l’environnement familial est important », déclare Mme Mitchell. « Il existe de nombreuses complexités potentielles ».

Parmi ces complexités, il y a les facteurs de stress aggravants comme les problèmes de santé ou la retraite, qui peuvent exacerber les émotions négatives.

Au Canada, la santé mentale et le bien-être sont en fait influencés par de nombreux facteurs, notamment l’expérience de vie, le milieu de travail et l’environnement familial, ainsi que les conditions sociales et économiques qui ont un impact fondamental sur notre bien-être.

Loriann Quinlan, psychologue à Edmonton, qui se spécialise dans le traitement des adultes aux prises avec de l’anxiété et ayant aidé des clients vivant avec le syndrome du nid vide et confrontés à d’autres transitions de la vie, sait que chaque personne et chaque famille vit ce changement différemment. Et comme ce changement peut s’accompagner de toute une gamme d’émotions, allant de la tristesse et du chagrin à l’excitation et à la joie, elle conseille à ses clients d’aborder le processus sans jugement, d’accepter le malaise et de prendre soin d’eux-mêmes.

Prendre le temps de mieux se connaître, de mieux connaître son partenaire et les autres membres de son entourage peut être une bonne démarche, dit-elle, car, en tant que parents, nous investissons énormément de temps et d’énergie dans nos relations avec nos enfants. Il n’est donc pas étonnant que nous soyons désorientés et nous sentions vides lorsque nous n’arrivons plus à définir clairement une partie aussi importante de notre identité — construite pendant tant d’années.

En tant que parents, nous investissons énormément de temps et d’énergie dans nos relations avec nos enfants. Il n’est donc pas étonnant que nous soyons désorientés et nous sentions vides lorsque nous n’arrivons plus à définir clairement une partie aussi importante de notre identité — construite pendant tant d’années.

Un virage vers le mieux
Ce changement est aussi l’occasion d’apprécier l’avis des jeunes adultes qui partent et qui prennent leur indépendance.

« C’est une occasion extraordinaire pour les parents et les enfants de se voir mutuellement à travers un nouveau prisme », dit Mme Quinlan, « et de changer la dynamique et, espérons-le, de se connecter à un niveau plus profond. »

Pour y parvenir, elle recommande de garder les lignes de communication ouvertes. Parler de ses pensées et de ses craintes nous aide à comprendre d’où viennent les autres. Ne pas fuir les conversations sur le bien-être nous aide également à savoir quand il est temps de demander de l’aide. Il peut s’agir d’une simple discussion avec un ami ou d’un contact avec une ressource plus formelle en matière de santé mentale.

Tandis que l’internet facilite l’accès, l’évolution rapide des technologies de communication et d’autres phénomènes récents, tels que la pandémie et le resserrement du marché du logement, influencent également la façon dont les parents gèrent le départ de leurs enfants, note Mme Mitchell, qui souhaite effectuer davantage de recherches sur l’impact de « ces facteurs qui se chevauchent ». D’un côté, les jeunes adultes entrent dans un monde de plus en plus incertain ; de l’autre, vous pouvez passer un appel vidéo avec eux, où qu’ils soient. Du moins en théorie.

Mon amie Eleanor Fast, qui accompagnera son fils à l’université lorsque mes filles partiront l’automne prochain, avoue avoir « traqué » son fils aîné en ligne pendant qu’il était à l’université aux États-Unis ces deux dernières années. Il ne répond pas toujours à ses textos, et il peut être difficile de planifier des appels vidéo, alors elle vérifie son compte Instagram — « pour avoir une preuve de vie » — et voir s’il a affiché des itinéraires de course récents sur l’application Strava.

« Le monde est peut-être plus difficile maintenant qu’il ne l’était lorsque j’ai quitté la maison à l’âge de 18 ans », déclare Mme Fast, « mais les enfants ont toujours besoin de sortir. Ils ont été isolés ces deux dernières années à cause de la pandémie et ont manqué beaucoup de choses. »

La pandémie était la plus grande inquiétude de Mme Fast lorsque son fils a quitté la maison — elle craignait qu’il se sente seul à suivre des cours en ligne alors qu’il était confiné dans un dortoir — mais il s’est avéré que tout allait bien. Et bien qu’elle et son mari étaient vraiment heureux d’avoir une maison pleine, ils ont trouvé très agréable de pouvoir se concentrer sur un seul enfant. Ils prévoient déjà des activités qu’ils pourront faire en couple, comme de longues randonnées à vélo.

« J’aime mes enfants et j’aime être avec eux », dit Mme Fast, « mais je veux qu’ils aient leur propre vie, et faire des plans pour l’avenir aide à contrecarrer la tristesse qu’occasionne leur départ ».

Cela résume l’état d’esprit dans lequel Lisa et moi nous trouvons lorsque nous réfléchissons au passé et préparons notre prochain chapitre. Dans deux mois, l’une de nos filles déménagera dans un endroit qui se trouve à une distance de plusieurs provinces, et même si l’autre ira à l’université dans la ville où nous vivons, et qu’elle a récemment décidé de rester à la maison la première année au lieu d’aller en résidence universitaire, nous sommes conscients du fait qu’il s’agit simplement d’un nouveau rythme à expérimenter.

Nos enfants ne sont plus des enfants. Ils — et nous aussi — sommes à la fois excités et nerveux face au parcours qui nous attend. Et comme très souvent au cours des 18 dernières années, nous pouvons apprendre beaucoup d’eux.

Auteur: est l’auteur de Born to Walk : The Transformative Power of a Pedestrian Act et publie des articles dans The Walrus et The Globe and Mail.
Photo principale : Des enfants sur un vélo tandem Légende : Maggie Rubinstein avec sa sœur Daisy Rubinstein sur le vélo tandem de leurs parents, un cadeau de mariage il y a 20 ans.

Combler les lacunes dans les systèmes de soins de santé mentale

Fabiola Phillipe

Fabiola Phillipe

Fabiola Phillipe, une mère, une sœur et une amie, était gentille, compatissante, généreuse et humble. Elle était également aux prises avec des problèmes de santé mentale consécutifs à des expériences de solitude et d’isolement social pendant sa jeunesse. En proie à la dépression, elle a commencé à consommer des substances en guise de réconfort et de substitut au soutien et à la compréhension dont elle avait besoin.

Avant son décès en 2017, Fabiola avait été aux prises avec la dépendance aux substances durant près de deux décennies. Certes, toutes ces années étaient parsemées de périodes de hauts et de bas, mais l’aide semblait toujours hors de sa portée.

Pendant plusieurs années, elle s’est adressée à différentes institutions. Mais, elle a eu des difficultés à accéder aux services ou a été refusée parce que ses besoins étaient considérés comme dépassant le cadre des soins. En raison de ces expériences, Fabiola a commencé à refuser catégoriquement tout traitement, malgré l’insistance des membres de sa famille, qui se sentaient mal équipés et impuissants à la soutenir tout en essayant de s’orienter eux-mêmes dans des systèmes de soins de santé complexes.

Considérant les lacunes qu’elles ont constatées dans le système, la sœur de Fabiola, Marie Philippe-Remy, et sa fille, Lydia Philippe, ont lancé la Fondation Fabiola pour la sensibilisation et le soutien en toxicomanie et santé mentale (FAMHAS) en 2018 pour promouvoir la sensibilisation et réclamer des changements dans les soins de santé mentale pour les communautés africaines, caraïbéennes et noires (ACN).

Les morceaux manquants

Marie Philippe-Remy

La sœur de Fabiola, Marie Philippe-Remy

Selon un article du département de psychiatrie de l’Université Columbia, la communauté noire adulte est moins disposée à demander de l’aide, même si le risque pour ses membres de vivre avec de graves problèmes de santé mentale est de 20 % plus élevé que pour les autres communautés. Les jeunes adultes noirs (âgés de 18 à 25 ans) ont également été décrits comme présentant « des taux plus élevés de problèmes de santé mentale et des taux plus faibles d’utilisation des services de santé mentale par rapport aux jeunes adultes blancs et aux adultes noirs plus âgés ». Les raisons pour lesquelles ces taux d’accès aux services sont plus faibles dans les communautés ACN sont nombreuses. Toutefois, une étude de Santé publique Ottawa en 2020 a mis en évidence trois raisons communes : le coût, les temps d’attente et la difficulté à trouver des fournisseurs ayant les compétences culturelles appropriées et une identité et une expérience communes. En rendant l’accès aux soins plus difficile, ces obstacles exacerbent leurs problèmes de santé mentale.

En apportant son soutien à Fabiola, Marie a commencé à en apprendre de plus en plus sur les systèmes de soins de santé mentale. Pourtant, en tant que sa principale championne, elle se sentait souvent épuisée lorsqu’elle ne parvenait pas à trouver les soins dont sa sœur avait besoin. Elle était également régulièrement frustrée de se sentir elle-même incapable de comprendre comment Fabiola se sentait piégée par sa dépression et sa dépendance aux substances. « Comment pouvez-vous ne pas vouloir aller mieux? » se rappelle-t-elle s’être demandé à un moment donné. Les proches aidants qui doivent faire face à des problèmes de santé mentale lorsqu’ils soutiennent un proche en crise expriment souvent de tels sentiments. Toutefois, la question de Marie permettrait de définir l’objectif de la FAMHAS : aborder les obstacles à l’accès aux soins et combattre la stigmatisation tout en offrant des soins complexes, nuancés et axés sur la communauté aux personnes ACN qui sont aux prises avec des problèmes de santé mentale.

Accès et compréhension

Fabiola Phillipe

Fabiola Phillipe

Dès le lancement de la fondation FAMHAS, il n’en a pas fallu longtemps à Marie et Lydia pour se rendre compte que les communautés ACN avaient peu de connaissances formelles sur la santé mentale. Même après une recherche approfondie, il était impossible d’ignorer cette lacune flagrante. Elles se sont donc demandé où étaient les recherches, les informations et les organisations axées sur la santé mentale dans ces communautés. Sans réponse en vue, elles ont décidé d’utiliser leur propre savoir expérientiel et de faire appel à leur réseau.

« La meilleure façon d’apprendre à connaître la communauté et d’atteindre ses membres était de s’adresser directement à eux », a déclaré Marie. Elle a expliqué que le fait d’entrer en contact avec des personnes ayant vécu des situations similaires était essentiel pour créer des liens, sensibiliser et promouvoir la compréhension. Les questions de santé mentale se manifestent au travers de nombreux visages et de nombreuses histoires, mais si l’on ne rencontre pas ces personnes et que l’on n’entend pas leurs histoires, comment pourrait-on dépasser quelque chose comme la stigmatisation?

 Des thèmes clés avaient émergé de quelques conversations seulement. Ainsi, il était de plus en plus évident que le travail de la fondation était devenu urgent. Par exemple, Marie et Lydia ont constaté que les personnes qu’elles ont rencontrées voulaient briser ce qu’elles considéraient comme un tabou. Le simple fait d’avoir une conversation ouverte sur la santé mentale et de reconnaître qu’elle constitue une priorité a permis aux personnes des communautés ANC de s’exprimer plus librement. Sans avoir à s’expliquer ou à se défendre, des gens s’étaient engagés rapidement dans des conversations significatives, ce qui a eu un effet domino. Lorsque la FAMHAS a présenté son premier atelier L’expérience des hommes noirs, seulement deux participants s’y étaient présentés. Mais, au fur et à mesure que la nouvelle s’est répandue, le nombre des participants est passé à 15, puis à 20. L’atelier Vraie conversation : jeunes noirs a connu le même parcours.

 « Il y a tant de personnes qui souffrent en silence, et le simple fait de savoir qu’il existe de l’aide peut changer la vie d’une personne », a déclaré Marie, en soulignant la nécessité d’offrir du soutien aux personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale et tout autre problème. Elle milite ainsi, par l’intermédiaire de la FAMHAS, pour la création de systèmes de soutien qui s’étendent dans tous les réseaux et les communautés, et ce, conformément au contexte culturel. Elle reconnaît toutefois la complexité et la pluralité de ces communautés ACN qui comprennent de nombreuses religions, cultures, langues et ethnies au-delà de leur expérience historique commune en tant que Noirs.

Ainsi, plus d’efforts doivent être faits pour traiter les personnes de ces communautés qui ont des problèmes de santé mentale. Une étude récente de la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC) a révélé que lorsqu’une personne en quête de soins estime qu’un professionnel de la santé peut comprendre son expérience, cela renforce la confiance. Qu’il s’agisse des effets profondément enracinés du racisme envers les Noirs, des traumatismes intergénérationnels ou des préjugés culturels, le fait d’avoir des choses en commun facilite la création d’un lien de confiance entre les patients et les fournisseurs de soins. Malheureusement, peu de psychothérapeutes issus des communautés ACN sont disponibles au Canada aujourd’hui.

Étant donné que la représentation, la compétence culturelle et les questions d’accessibilité financière constituent d’importants enjeux, tout comme les longues listes d’attente, Marie considère qu’appuyer le travail en santé mentale en tant que parcours professionnel viable pour les membres des communautés ACN est une étape importante pour relever ce défi. En attendant, d’autres mesures sont en train d’être prises et figurent dans le projet Arguments en faveur de la diversité de la CSMC, une compilation des pratiques prometteuses qui fonctionnent dans les communautés du pays.

À ce jour, la fondation FAMHAS à elle seule a pu offrir 1 629 heures de counseling gratuitement, dans sept provinces et territoires et en neuf langues, à 701 personnes en quête de soins grâce à un réseau de professionnels de la santé mentale qui ont consacré leur temps personnel au succès de sa mission. Une vingtaine de professionnels provenant des communautés ACN ont pu recevoir plus de 400 personnes en quête de soins en trois mois, le temps d’attente étant de deux semaines au maximum seulement.

Marie a l’intention d’agrandir le répertoire de la fondation afin de permettre à davantage de personnes d’accéder à ces services. Les consultations gratuites sont suspendues jusqu’à ce que la FAMHAS relance ses événements de collecte de fonds. Un gala est prévu pour mai 2023, ce qui aidera la fondation à générer des fonds, tout en rassemblant les communautés et les organisations ACN pour célébrer les œuvres artistiques et les contributions de la communauté à la sensibilisation à la santé mentale.

La fondation est déterminée à continuer à cultiver l’esprit communautaire, en particulier le sentiment d’identité, d’appartenance et les liens qui engendrent un sens de sûreté, de sécurité et de bonheur, en d’autres termes, toutes les choses qui font que nous nous sentons tous soutenus et moins seuls.

Auteure:

Échanges avec les travailleurs essentiels, de première ligne et de la vente au détail de leurs expériences de la pandémie.

Pour les employés, les deux dernières années ont été un véritable tourbillon. Après avoir semé un sentiment de désarroi, la COVID-19 a forcé tout le monde à se débrouiller face à l’inconnu et à s’adapter à de nouveaux environnements de travail.

Megan Di Lucca

Megan Di Lucca

Au fil des mois, nous sommes passés des jours de congé à se prélasser sur le canapé et à déguster des bières dans nos allées tout en respectant la distanciation physique avec les voisins à la léthargie, à la solitude et à la frustration à mesure que les cycles de confinement faisaient peser tout le poids de leur rouleau compresseur sur nous. Les vagues, les unes après les autres, continuaient à s’écraser sur nous, mais nous nous en sommes sortis, même si nous nous sentions emprisonnés dans nos maisons jour après jour.

En tout cas, c’était le cas pour au moins certains d’entre nous.

Cette expérience de la COVID-19 ne constitue pas un fait universel. Se prélasser sur le canapé et se vautrer dans l’allée est une option si l’on a un abri. Mais, la réalité montre que de nombreuses personnes n’ont pas le temps libre ou l’espace nécessaire pour jouir de ces privilèges. Les plaintes relatives à la « fatigue du Zoom » peuvent sembler insignifiantes si vous êtes un travailleur de première ligne effectuant un travail essentiel et que vous n’avez jamais eu la possibilité de travailler à domicile.

Pourtant, ceci représente le cas de la grande majorité des employés canadiens qui maintiennent le fonctionnement de notre société, qu’ils travaillent dans les secteurs de la vente au détail, de la fabrication ou de la construction ou à titre de personnel médical, de travailleurs sociaux ou de chauffeurs-livreurs.

Citons, entre autres, l’exemple de Megan Di Lucca, caissière chez Save-On-Foods à Victoria. En repensant à ces premiers jours frénétiques de 2020, elle se souvient du comportement inhabituel de certains clients, notamment la façon dont ils évacuaient leur stress en s’en prenant les uns aux autres ou aux membres du personnel.

« Comme tout le monde achetait autant que possible du papier toilette, des conserves et des produits aléatoires (comme de la levure), tout ce que je pouvais faire était de saluer leurs choix inhabituels avec un sourire et de faire de mon mieux pour aider à soulager leur stress en les écoutant. Le fait de prêter une oreille attentive aux clients les a non seulement aidés, mais cela m’a également permis de réaliser qu’il était important de ne pas laisser les affaires personnelles des autres m’affecter. »

Di Lucca était pourtant suffisamment expérimentée pour pouvoir se frayer un chemin dans de telles situations difficiles. Toutefois, cela n’est pas toujours le cas pour les nouveaux sur le marché du travail. Comme l’a souligné Shane Bennett, directeur de la chaîne de cinémas d’Ottawa, « de nombreuses personnes occupant des postes de première ligne et de vente au détail sont jeunes et inexpérimentées ou essaient de concilier des problèmes personnels tout en travaillant dans des environnements en constante évolution. » Au-delà de ces défis, la plupart de ces postes sont en moyenne moins bien rémunérés que les autres emplois et sont classés dans la catégorie des emplois contractuels ou ponctuels qui offrent peu ou pas d’avantages sociaux ou de congés. En raison de l’impossibilité de tels employés de travailler à domicile lorsqu’ils sont malades ou qu’ils craignent d’être exposés au virus, leur choix est aussi dur que simple : aller travailler ou sacrifier une journée de salaire.

Facteurs aggravants
En discutant avec des amis et des collègues qui occupent des fonctions essentielles, il apparaît clairement qu’ils essaient de composer avec les changements intervenus dans leur vie pendant la pandémie. Nombre d’entre eux sont aux prises avec des problèmes personnels, aggravés par des facteurs stressants tels que la menace de contracter une maladie, les difficultés financières, l’insécurité de l’emploi et la détérioration de la santé mentale.

Shane Bennett

Shane Bennett

Les travailleurs de première ligne ont non seulement dû faire face à des congédiements et à l’incertitude de leur emploi, mais ils sont également plus exposés au virus. Beaucoup rentrent chez eux auprès de membres de leur famille qui sont immunodéficients après avoir dû travailler avec un équipement de protection individuelle inadéquat.

En plus de gérer leur propre stress, ces travailleurs ont également été contraints de faire face au stress d’innombrables autres personnes chaque jour. Ce phénomène n’est peut-être pas nouveau pour les personnes qui travaillent déjà au service à la clientèle, mais la situation s’est certainement aggravée pendant la pandémie. En outre, ces travailleurs ont été chargés de faire respecter des mandats de santé publique en constante évolution. Ces mesures de sécurité sont nouvelles pour tout le monde, y compris pour eux-mêmes. Lorsque leurs employeurs s’attendent à ce qu’ils surveillent les actions visant à assurer la sécurité des clients et la leur, les travailleurs de première ligne subissent le poids de la frustration des clients qui refusent d’obtempérer. Étant confrontés à tant d’autres facteurs stressants dans leur vie, ils endossent une énorme responsabilité qui a fait croitre les niveaux d’abus, de harcèlement, des menaces et de la violence auxquels ils font face. Selon M. Bennett, ses cinémas ont été contraints d’appeler la police à plusieurs reprises pour les aider à faire face à de tels incidents.

En raison de l’impossibilité des employés de travailler à domicile lorsqu’ils sont malades ou qu’ils craignent d’être exposés au virus, leur choix est aussi dur que simple : aller travailler ou sacrifier une journée de salaire.

Voies d’accès au soutien
Les travailleurs de première ligne effectuent des tâches qui sont généralement sous-évaluées et qui exigent beaucoup d’énergie physique et émotionnelle. Citons l’exemple de « Sabrina », technicienne vétérinaire dans un hôpital pour animaux situé à l’est du Canada, et qui travaillait dans le domaine des soins d’urgence et des soins intensifs ainsi que dans celui de la chirurgie spécialisée. L’hôpital était le seul établissement ouvert 24 heures sur 24 dans sa région. Il acceptait également des cas provenant de régions éloignées (notamment le Nunavut et Terre-Neuve-et-Labrador), ce qui le rend essentiel pour les habitants et les clients de cette vaste région.

Au début de la pandémie, le lieu de travail de Sabrina offrait un espace de dialogue et soutenait les employés qui devaient s’occuper de leurs enfants, qui étaient eux-mêmes malades ou qui éprouvaient des réserves à l’idée de transmettre le virus à des membres de leur famille qui sont immunodéficients. Mais, après quelques mois, cette approche d’ouverture semblait avoir changé. Malgré tout, elle a fait ses quarts de travail habituels et est souvent restée plus longtemps pour s’assurer que le travail était fait correctement. Elle passait de 10 à 12 heures debout tout en remplaçant d’autres personnes qui avaient quitté la clinique. Comme la demande ne cessait d’augmenter, Sabrina travaillait des heures supplémentaires pendant de nombreuses fins de semaine. Et elle a fini par s’épuiser. Animée d’un sentiment de désillusion, elle a décidé de partir.

Comme c’est le cas pour beaucoup de soignants qui traversent une situation pareille, sa décision a été difficile à prendre. Elle se sentait coupable de ce qui pourrait arriver à la qualité des soins à la clinique si elle partait, ce qui ne lui laissait pas beaucoup de temps pour s’occuper de sa propre santé. Lorsqu’elle s’est lancée sur la voie de la résolution de ces problèmes, elle a baissé les bras, découragée par l’ampleur de la tâche. « Vous devez entreprendre beaucoup de démarches pour obtenir l’aide dont vous avez besoin, ce qui peut vous décourager de le faire. Lorsque vous êtes épuisé physiquement et mentalement, la dernière chose que vous souhaitez faire c’est de chercher comment faire pour vous aider vous-même », a-t-elle expliqué.

"sabrina

“Sabrina”

Parfois, cet aspect bureaucratique devient un obstacle. C’est particulièrement vrai pour les travailleurs de première ligne occupant des postes à court terme ou contractuels, qui doivent endurer de longs délais d’attente et terminer leurs périodes probatoires avant d’accéder aux soins. Devoir changer d’emploi et négocier de nouveaux contrats peut également donner l’impression qu’il y a trop d’obstacles à franchir, surtout lorsque vous devez également faire face à des difficultés financières et à d’autres facteurs stressants.

Parallèlement, ces expériences lancent le débat sur les changements à opérer dans les milieux de travail pour soutenir les travailleurs de première ligne et les travailleurs essentiels, au-delà de toute platitude. Par exemple, les employeurs aident les membres de leur personnel à mettre en place un système d’écoute empathique dans leurs interactions. Autrement, tout comme l’a fait M. Bennett pour ses cinémas, ils peuvent investir dans L’esprit au travail, une formation fondée sur des données probantes de la Commission de la santé mentale du Canada qui aide les participants à surmonter la stigmatisation liée à la maladie mentale. « L’esprit au travail a pour but de donner aux gestionnaires les outils nécessaires pour observer les changements qui peuvent se manifester chez leurs employés et les situer sur la position de ces derniers sur le continuum de santé mentale », a-t-il déclaré. « Il nous offre un modèle pour encadrer les conversations difficiles et apprendre à être attentifs à la santé mentale des membres de nos équipes. » Une fois que les gestionnaires auront acquis les compétences et les outils dont ils ont besoin, son entreprise a l’intention de déployer la formation L’esprit au travail à l’ensemble de ses employés. « J’espère que cela permettra de discuter plus facilement de la santé mentale en milieu de travail, a-t-il ajouté, et que cela permettra à nos travailleurs de se sentir mieux soutenus. »

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Ce n’est pas pour rien qu’on les appelle des aliments réconfortants : le sucre, le sel et les glucides nous procurent rapidement un regain de saveur et de familiarité. Plaider en faveur d’aliments réconfortants nourrissants pour l’esprit et le corps.

Nous avons toutes et tous entendu cet adage « Dis-moi ce que tu manges et je te dirai qui tu es ». L’adage vise à nous pousser à faire des choix plus sains, mais il ne reflète pas tous les liens qui existent entre l’alimentation et la santé, notamment les rapports entre le régime alimentaire et des maladies chroniques comme le diabète, l’hypertension artérielle, l’obésité et l’accident vasculaire cérébral. De même, il ne fait aucunement cas des recherches de ces 50 dernières années qui montrent à quel point nos choix nutritionnels influencent notre cerveau et notre santé mentale; ceci est tellement frappant que nous devrions probablement ajouter à l’adage l’expression « Une bonne alimentation pour un esprit sain ».

Dre Bonnie J. Kaplan

Dre Bonnie J. Kaplan

Les recherches sur les liens entre la nutrition et la santé mentale ont commencé en 1972, lorsque Bonnie Kaplan, alors étudiante de deuxième cycle en psychologie expérimentale, a commencé à étudier les répercussions physiologiques et psychologiques de la malnutrition pendant la grossesse et les premières années de vie. Lorsqu’elle a publié « Malnutrition and Mental Deficiency » dans le Psychological Bulletin cette même année, ses résultats ont eu une onde de choc. Elle a été submergée par des demandes de réimpressions de son rapport sur ses recherches révolutionnaires, qui est devenu le précurseur dans le domaine de la psychologie nutritionnelle. Le principal enseignement de l’article résonne : « Nous ne pouvons pas contrôler nos gènes, mais nous pouvons contrôler ce que nous mangeons, de sorte à mieux nourrir nos cerveaux et notre santé mentale, » a écrit Bonnie J. Kaplan, Ph. D, psychologue en recherche maintenant à la retraite.

Tout récemment, elle a écrit The Better Brain : Overcome Anxiety, Combat Depression, and Reduce ADHD and Stress with Nutrition conjointement avec Julia Rucklidge, Ph. D. Le livre a une approche qui accorde la priorité à la nutrition en matière de santé mentale, et ce, en lien avec la résilience, et l’accent est mis sur le tryptophane, un acide aminé essentiel contenu dans les nutriments que nous consommons, et les liens qu’il entretient avec la sérotonine, « l’hormone du bien-être » qui peut affecter notre humeur. Un court article comme celui-ci ne pourrait jamais expliquer entièrement le processus des enzymes, les cofacteurs, et les réactions chimiques qui y sont impliquées; mais un effet fondamental décrit par Kaplan dans ses cours a conduit ses étudiants à réaliser à quel moment ils peuvent voir ces relations et avoir l’inspiration pour améliore leur alimentation.

Les suggestions pour une alimentation saine contenues dans le livre sont maintenant bien connues — aliments entiers (et non hautement transformés), moins de glucides, moins de sel et de graisses saturées, et une préférence pour la cuisine à la manière méditerranéenne — et proviennent de l’essai « SMILE » (2017). Dans cette étude, des participants vivant avec une dépression grave ont été placés de façon aléatoire dans deux groupes, l’un recevant un soutien social et l’autre des conseils nutritionnels qui recommandaient l’adoption d’un régime alimentaire méditerranéen composé de fruits, de légumes, de légumineuses, de fruits de mer, d’huile d’olive, et de graines. Bien que les symptômes se soient améliorés dans les deux groupes après 12 semaines, les personnes qui faisaient partie du groupe à qui on a recommandé l’adoption d’un régime alimentaire méditerranéen enregistraient une plus grande amélioration, avec 32 % des participants qui présentaient des symptômes de dépressions en état de rémission (contre 8 % pour le groupe ayant reçu un soutien social).

Vous semblez être « en colère »
J’ai demandé à Kaplan : Pouvez-vous me donner une idée de comment s’est produit? Eh bien, explique-t-elle, « Nous ne pouvons pas ingérer de la sérotonine par la nourriture, n’est-ce pas? » Comme un grand étudiant, j’ai noté le point clé : « Il n’existe pas d’aliments qui contiennent l’hormone du bien-être, par conséquent nous devons consommer des aliments qui permettent à notre organisme de fabriquer lui-même la sérotonine e les autres nutriments indispensables ».

Tout d’un coup, j’ai senti un petit creux. Et j’ai eu envie de manger des croustilles – hum, tout ce sel qui procure de la satisfaction, le croquant bourré d’énergie. Sauf que je venais tout juste aussi d’apprendre que nous avons besoin au moins de 30 différents micronutriments pour soutenir adéquatement le métabolisme de notre cerveau, qui fonctionne chaque minute de chaque jour. De tels aliments hautement transformés peuvent remplir notre ventre, mais ils affament aussi notre cerveau, car ils sont dépourvus de vitamines et de minéraux. Pour le cerveau, c’est l’équivalent d’être en colère, lorsque tu attends trop longtemps avant de manger. Kaplan appelle cet état « la fin cachée du cerveau », qui se produit lorsque nous manquons constamment des nutriments essentiels, de sorte que le cerveau ne dispose pas de ce dont il a besoin pour fonctionner de façon optimale et soutenir notre santé mentale. Pourquoi cette faim est-elle « cachée »? Parce que les effets qui en découlent ne sont pas toujours directement ressentis.

Ces derniers jours, remplir les garde-manger avec de tels aliments est devenu un défi difficile pour un grand nombre de personnes à cause des hausses des prix consécutives à l’inflation.

Il n’existe pas de réponses faciles
Il s’avère que notre cerveau est en fait l’organe le plus gourmand de notre organisme : bien qu’il ne représente que tout juste 2 % de notre poids corporel, il absorbe au moins 20 % de tous les nutriments que nous consommons, affirme Kaplan. Nourrir ce monstre revient à nourrir le cerveau avec des micronutriments. Le récent guide alimentaire canadien en bref nous montre ce à quoi cela pourrait ressembler : remplir la moitié de notre assiette avec une variété de fruits et de légumes, et chacune des 2 portions restantes avec des protéines et des grains entiers. 

Si seulement c’était aussi simple.

Ces derniers jours, remplir les garde-manger avec de tels aliments est devenu un défi difficile pour un grand nombre de personnes à cause des hausses des prix consécutives à l’inflation. D’après la revue Food in Canada, les prix de l’épicerie ont bondi de plus de 7 % au cours de la dernière année, soit l’augmentation la plus rapide en 13 ans. Le Rapport annuel sur les prix alimentaires au Canada prévoit que les hausses les plus significatives pour 2022 porteront sur la catégorie d’aliments sains, incluant les produits laitiers et les légumes. Cela signifie qu’en moyenne, une famille de quatre personnes déboursera environ 15 000 $ pour se nourrir cette année, soit presque 1000 $ de plus qu’en 2021. Un accès limité aux aliments frais constitue également un problème, en particulier pour ceux qui vivent dans les déserts alimentaires, et qui doivent débourser encore plus, avec les temps et les déplacements supplémentaires qu’une telle situation implique.

Nous pouvons être tentés, vu les résultats de Kaplan, à dresser facilement des parallèles entre un changement de régime alimentaire et l’humeur; cependant, la dépression est un état complexe pour ceux qui en font l’expérience. Nous devrions également garder à l’esprit que les changements à notre alimentation uniquement ne remplacent en aucun cas une consultation chez notre médecin ou thérapeute et la prise des médicaments qui nous ont été prescrits. Néanmoins, à mesure que la psychologie nutritionnelle progresse, il est utile de voir que les recommandations qu’elle fait sont prises en considération dans le cadre d’une thérapie intégrative ou alternative contre les défis de santé mentale, une réalité que vit une personne sur cinq au Canada.  

Les opinions et les points de vue exprimés dans le présent article ne représentent pas nécessairement ceux de la Commission de la santé mentale du Canada.

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Voir le givre sur les arbres : La recherche souligne l’existence d’un lien entre nutrition et bien-être mental

Nous célébrons le mois de la Fierté! Ces événements festifs, semaines et mois des vétérans, jours du T-shirt et autres événements de reconnaissances publiques, apportent de la visibilité et un sentiment de collectivité. Permettons aux couleurs de briller au gré du calendrier.

Nous nous sommes dirigés vers l’artère principale avec notre famille élargie pour passer du bon temps après des mois de séparation en raison de l’ordonnance d’isolement liée à la pandémie. Nous avons passé un moment agréable loin des écrans entourés d’autres personnes. Nous nous sommes délectés des paysages que nous offrait une petite ville de l’Ontario un beau dimanche. Ce jour-là, tout était parfait. Il faisait un temps magnifique. Il y avait des boutiques de crèmes glacées, des magasins d’antiquités, des personnes qui pique-niquaient. La circulation était marquée par des haltes pour laisser passer les piétons qui zigzaguaient d’un magasin à l’autre. À l’entrée de la rue, il y avait un passage pour piétons en arc-en-ciel, servant d’un point de mire aux piétons qui pénètrent dans cette artère très achalandée, et une visibilité d’un autre genre. Les passages pour piétons de la Fierté sont conçus pour promouvoir l’inclusion des communautés 2SLGBTQ+ et accroître la sensibilisation à ces communautés. Ils sont représentés de différentes façons, allant de rangées de six couleurs à des motifs à chevrons soulignant les identités croisées.

Comme beaucoup d’infrastructures municipales, ce projet particulier nécessitait une mise à jour après quelques années d’usure. La peinture écaillée m’a semblé être un symbole bien pratique en réfléchissant au mois de la Fierté et aux nombreux jours et mois symboliques qui rassemblent les gens autour d’une question et d’une idée, et qui disparaissent parfois dès que la page du calendrier est tournée.

Le bien-être des personnes ayant diverses identités de genre peut être grandement affecté par les caractéristiques, les normes, les pratiques et les cadres de nos milieux institutionnels. Cela transparaît dans les choses que nous voyons et les actions que nous entreprenons.

En ce jour
« Je suis Noire toute l’année », rétorque une amie à l’approche du mois de février déplorant la litanie des sollicitations d’interventions très visibles qui lui parviennent dans les semaines précédant le Mois de l’histoire des Noirs, alors que les offres de travail rémunéré et stable dans son domaine ne se concrétisent jamais. Lorsque vous vivez l’écart entre une visibilité passagère et l’incapacité réelle de subvenir à vos besoins, les mois de reconnaissance peuvent parfois ressembler à de la poudre aux yeux. Je suppose que cela fait partie du risque de mettre beaucoup d’énergie à promouvoir un mois en particulier ou le jour du T-shirt. Mais, cela peut aussi nous amener à nous demander quelle est la contribution apportée. S’agit-il d’un effort superficiel? Un petit pas vers un changement systémique? Je ne suis pas encore prête à déclarer que ces événements sont inutiles bien que leur effet d’instantanéité puisse masquer la complexité du vécu expérientiel passé et présent des communautés reconnues.

« GLAAD réécrit le scénario pour l’acceptation des LGBTQ » est le slogan de GLAAD, l’organisation américaine de défense des médias. Sa trousse des ressources du mois de la Fierté, destinée aux journalistes, donne un grand élan à cette mission en soulignant certains des pièges et des suppositions véhiculés par les séquences et les images de la couverture des événements de la Fierté. « Aucune image unique ne doit être présentée comme étant représentative de la communauté LGBT ou de l’éventail des événements qui se déroulent lors des événements de la Fierté », recommande-t-elle, tout en soulignant que « les participants colorés et non conventionnels jouent un rôle important lors des événements et des festivités de la Fierté ». GLAAD encourage les journalistes à « éviter la tendance à ignorer la diversité qui existe lors des événements de la Fierté », car le fait de s’appuyer sur « des images et des séquences scandaleuses ou exagérées marginalise les sujets en les sortant de leur contexte pour les dépeindre comme anormaux, perpétuant ainsi des idées fausses. »

Ces recommandations me rappellent les images des défilés des drag queens des reportages passés et m’amènent à réaliser que de telles images peuvent devenir des raccourcis visuels pour des mouvements progressistes dynamiques et complexes. De tels mouvements peuvent aussi rapidement être coupés de leurs origines dans le changement social. Des manifestations récentes visant à contrer le « lavage de l’arc-en-ciel », pour soutenir des intérêts anti-2SLGBTQ+ tout en prétendant publiquement soutenir les communautés 2SLGBTQ+, sont apparues parallèlement à des appels à prolonger les initiatives de la Fierté au-delà d’un mois, en particulier dans les communautés éloignées.

La représentation est importante
Le bien-être des personnes ayant diverses identités de genre peut être grandement affecté par les caractéristiques, les normes, les pratiques et les cadres de nos milieux institutionnels. Cela transparaît dans les choses que nous voyons et les actions que nous entreprenons. Le Vecteur, le magazine en ligne de la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC), soutient qu’il faut éviter de simplifier à l’extrême et qu’il faut mettre l’accent sur le rétablissement et l’optimisme. Nous voulons offrir de l’espoir, mais pas de faux espoirs, et pas des récits étriqués. En d’autres termes, nous pensons qu’il est important de reconnaître les complexités dans toute expérience donnée, une perspective illustrée par la recherche récente sur la COVID-19. Un nouveau sondage réalisé par la firme Léger pour le compte de la CSMC et du Centre canadien sur les dépendances et l’usage de substances a montré que les membres des communautés 2SLGBTQ+ ont été confrontés à des taux plus élevés de stigmatisation, de discrimination et de harcèlement pendant la pandémie, mais qu’ils sont à la fois plus résilients, optimistes, accueillants et inclusifs.

Les autres conclusions du sondage indiquent une complexité similaire. Environ un quart des répondants 2SLGBTQ+ ont déclaré jouir d’une excellente ou d’une très bonne santé mentale pendant la pandémie, mais les taux étaient nettement inférieurs pour les jeunes 2SLGBTQ+, les personnes issues de ménages à faible revenu et celles des communautés africaines, caraïbéennes, Noires ainsi que les communautés asiatiques de l’Est, du Sud-Est et du Sud. Cette tendance a été constatée en lien avec les contraintes de la COVID-19. Bien que la moitié seulement des répondants 2SLGBTQ+ aient déclaré être en mesure de faire face au stress lié à la pandémie, les jeunes 2SLGBTQ+ et les répondants africains, caraïbéens et Noirs sont moins nombreux à pouvoir le faire.

À un niveau individuel, nous avons également l’occasion, pendant le mois de la Fierté, de réfléchir à son évolution et à sa signification pour les communautés autochtones. De plus, nous pourrions nous demander la raison pour laquelle une chose aussi simple en apparence que les passages pour piétons fait l’objet de profanation et de vandalisme, réduisant ainsi la visibilité de ce signe discret de soutien. Dans le contexte de la pandémie, les événements de la Fierté peuvent représenter l’occasion de créer des réseaux pour soutenir les jeunes 2SLGBTQ+ et les communautés racialisées, qui sont plus que d’autres aux prises avec des crises imbriquées, tout en étant un allié le long de l’année.

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Lorsque les adultes âgés emménagent dans les foyers de soins, il devient crucial de nouer de nouvelles relations. Trouver des moyens de surmonter la solitude et l’isolement grâce à la musique.

Il est de plus en plus évident que de forts liens interpersonnels sont indispensables à notre santé mentale et physique. Et ces liens pourraient prendre de l’importance avec l’âge, en particulier chez les personnes âgées vivant dans des maisons de retraite et des foyers de soins de longue durée. Selon la Dre Kristine Theurer, chercheuse depuis plus de vingt ans dans le domaine des soins de longue durée, « Nous aspirons tous à nouer des liens avec les autres, et pour de nombreuses personnes, le fait d’emménager dans une résidence signifie qu’elles voient moins souvent leurs amis et leur famille. Il est donc primordial pour elles de tisser de nouveaux liens. »

Les effets néfastes de l’isolement social et de la solitude sur la santé mentale et physique sont bien connus. Plusieurs études ont révélé que l’isolement augmente le risque de maladies cardiovasculaires, d’obésité, d’anxiété et de dépression et que la solitude peut mener à la dépression, à l’alcoolisme et aux pensées suicidaires.

Pendant la pandémie, les mesures de santé publique telles que le port du masque, la distanciation physique et les restrictions imposées à la taille des rassemblements ont aggravé l’isolement social et la solitude. Dans les maisons de retraite et les foyers de soins de longue durée, les visites en personne des membres de la famille et des bénévoles ont été interdites pendant de longs mois, et les résidents n’ont interagi qu’avec le personnel contraint à porter des masques, des visières et des blouses de protection.

Si ces conditions ont poussé l’isolement à son paroxysme pour ces résidents, l’inquiétude croissante du public a au moins pu attirer davantage l’attention sur la question et permettre à la Dre Theurer de sensibiliser le public à la nécessité de favoriser les liens entre les êtres humains. Un article paru en 2015 dans le Journal of Aging Studies, dont elle était la principale autrice, démontrait déjà toute la valeur de l’encadrement et du soutien par les pairs. L’article intitulé « The Need for a Social Revolution in Residential Care » plaide en faveur d’une refonte complète de la programmation des résidences pour retraités et des foyers de soins de longue durée en y intégrant des activités qui renforcent le sentiment d’appartenance à la collectivité, encouragent les relations de réciprocité et multiplient les interactions sociales entre les résidents. L’objectif de cette approche était de transformer le modèle de soins aux résidents en un modèle d’engagement envers ces derniers — un état qui répondrait aux besoins de base, mais qui permettrait également aux personnes de s’épanouir et de se sentir valorisées.

« De nombreux foyers se concentrent sur des activités de groupe peu exigeantes, comme les jeux et l’artisanat, sans réaliser que les bienfaits primordiaux sont en réalité issus d’interactions significatives entre pairs, » a déclaré Dre Theurer. « La priorité doit être donnée à la consolidation de ces liens significatifs. »

En 2011, après avoir fondé les programmes du groupe Java, elle a commencé à tirer avantage du pouvoir que procurent l’encadrement et le soutien par les pairs par le biais d’interactions significatives. Depuis, l’efficacité des trois programmes de l’organisme fondés sur la recherche – lesquels s’incarnent sous la forme d’un club de musique, de soins à la mémoire et d’encadrement – a fait ses preuves grâce à une série d’études. Aujourd’hui, des centaines de résidences pour retraités et de foyers de soins de longue durée répartis dans toute l’Amérique du Nord les ont mis en œuvre. Le plus populaire est le Java Music Club, une activité de soutien par les pairs qui mise sur les rencontres et l’altruisme.

Laura Forsyth, gestionnaire régionale de l’enrichissement personnel à Chartwell, une entreprise qui gère plus de 200 résidences dans quatre provinces, a pu constater de visu son efficacité : « Pour nos résidents, Java Music est magique, » a-t-elle déclaré. « Grâce à ce programme, je vois souvent des résidents qui ne se connaissent pas se rapprocher et se lier d’amitié. » Après sa mise en œuvre en 2014, « Java Music a connu un tel succès qu’il a même influencé la culture d’entreprise de Chartwell. Nous privilégions désormais les liens interpersonnels enrichissants dans presque tout ce que nous faisons. »

Si prévenir l’isolement social et la solitude peut sembler facile, il n’en est rien — surtout pour les adultes plus âgés qui ont du mal à s’adapter à la vie en maison de retraite ou en foyer de soins de longue durée. La plupart des résidences et des foyers n’offrent pas de programmes qui favorisent le développement de relations significatives.

« Nous avons encore beaucoup à apprendre sur la santé mentale et le bien-être des personnes vivant dans des centres de soins de longue durée, ainsi que sur la façon d’optimiser leur qualité de vie, » a déclaré Danielle Sinden, directrice du Centre d’excellence en soins tenant compte de la vulnérabilité. Faisant partie de Perley Health, qui dessert une communauté de plus de 600 aînés vivant dans des appartements facilitant la vie autonome et les soins prolongés, le centre mène des recherches pratiques nécessaires à l’amélioration des soins et assure la diffusion des constations.

Plusieurs de ses projets de recherche portent sur la santé mentale et le bien-être des adultes plus âgés. L’un d’entre eux consiste à jumeler des résidents atteints de la maladie d’Alzheimer avec des étudiants universitaires et à suivre les résultats obtenus au fil de plusieurs visites. Un autre projet encourage les liens sociaux, la santé émotionnelle et le sens de la vie au moyen d’un groupe de soutien par les pairs en ligne. Le Centre évalue également les effets de Java Music sur un groupe de résidents en soins de longue durée.

« Je crois que le fait d’être un bénéficiaire passif de soins engendre la solitude et la dépression, » a affirmé Dre Theurer. « Or, aider les autres est une source de joie et de sens. En ce sens, des programmes de groupe bien conçus offriraient aux gens la possibilité d’aider leurs pairs. Et cela nous fait du bien. »

Les aidants naturels qui s’inquiètent du bien-être mental de leurs proches peuvent trouver d’autres stratégies pour favoriser la création de liens dans la fiche d’information Prendre soin des adultes plus âgés pendant la pandémie de COVID-19 réalisée par la Commission de la santé mentale du Canada, ainsi que dans les travaux de recherche en cours portant sur d’autres aspects des soins prodigués aux aînés.

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Photo: Dan Abramovici - Un groupe à la résidence du Village d’Erin Meadows à Mississauga. Le Java Music Club réunit les gens autour de récits et de chansons.

Le silence ne rime aucunement avec force lorsqu’il s’agit de la santé mentale des hommes

Par Michel Rodrigue

Michel Rodrigue, à gauche, dégustant une boisson gazeuse (un plaisir rare !) avant le match de hockey - les Canadiens de Montréal, bien sûr.

Michel Rodrigue, à gauche, dégustant une boisson gazeuse (un plaisir rare !) avant le match de hockey – les Canadiens de Montréal, bien sûr.

Bien avant de savoir ce qu’était la santé mentale, je savais que les hommes n’en parlaient pas. Certains sujets étaient tout simplement balayés sous la table, à commencer par les sentiments personnels profonds. Parler de ces sujets était contre nature, malvenu et embarrassant, pour ne pas dire une émasculation.

Ce n’est que plus tard, quand j’ai découvert le concept de la stigmatisation, que j’ai compris la vérité. Quand les hommes restent silencieux, ça fait mal à tout le monde.

Des quelque 4 000 décès par suicide estimés au Canada chaque année, 75 % sont des hommes. Pour les hommes âgés de 15 à 39 ans, le suicide est la deuxième plus grande cause de décès (après les décès accidentels). Il est évident que nous en avons long à dire sur ce sujet.

La stigmatisation engendre le silence
Mon père a travaillé dans le domaine de la construction pendant la plus grande partie de sa vie. Dans son équipe exclusivement masculine, si quelqu’un se blessait en travaillant, les premiers soins lui étaient aussitôt administrés. Personne n’hésitait ou n’avait peur de ne pas faire ou dire la bonne chose. Personne ne remettait en question la masculinité de cette personne ou ne jugeait sa personnalité. Chacun était conscient de la réalité : ça aurait pu arriver à n’importe lequel d’entre eux.

De la même manière, personne n’est à l’abri de la maladie mentale. Pourtant, si quelqu’un avait fait une crise de panique sur les lieux de travail, j’ai l’impression que les réactions auraient été entièrement différentes. C’est ce que fait la stigmatisation.

Mais une autre caractéristique de la maladie mentale la distingue : elle est invisible. Nous pouvons voir quelqu’un boiter à cause d’une blessure à la jambe, tout comme nous pouvons lire la température d’une personne qui fait de la fièvre. Les problèmes de santé mentale, quant à eux, passent souvent inaperçus.

J’ai appris cette leçon à la dure quand l’un de mes amis proches est décédé par suicide.

D’un point de vue extérieur, Sylvain avait tout pour être heureux : une épouse aimante, deux magnifiques filles, une famille bienveillante, des amis proches et une entreprise florissante. C’est du moins ce que nous croyions.

Ce n’est qu’après son suicide, en mai 2005, que nous avons appris qu’il faisait semblant d’aller travailler depuis plusieurs mois.

J’essaie d’imaginer à quel point cette période a dû être difficile pour lui, à quel point il a dû se sentir honteux et gêné de garder jalousement ce lourd secret. Je repense au rôle joué par la stigmatisation dans son décès. Et cela me rappelle que nous avons beaucoup de pain sur la planche dans ce domaine, particulièrement nous, les hommes.

Michel avec ses parents Lionel et Lucille.

Michel avec ses parents Lionel et Lucille.

Transposer les idées en action
Au cours de mes sept années à la Commission de la santé mentale du Canada, j’en ai énormément appris sur la santé mentale des hommes. J’ai découvert les preuves de plus en plus convaincantes de l’existence d’une dépression distincte affectant les hommes et caractérisée par des symptômes externalisés comme l’irritabilité, la colère et l’usage de substances.

J’ai appris qu’en plus de l’isolement, l’usage de substances et la dépression, qui comptent parmi les facteurs de risque les plus importants du comportement suicidaire chez les hommes, d’autres facteurs font en sorte que certains sous-groupes présentent un risque encore plus élevé. Par exemple, les taux de tentative de suicide chez les membres des Premières Nations, Inuits et Métis qui s’identifient comme des hommes faisant partie d’une minorité sexuelle ou d’une minorité de genre (notamment les hommes gais ou bisexuels, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et les hommes trans) sont jusqu’à 10 fois plus élevés que chez les hommes de ce groupe qui ne sont pas autochtones.

Mais je crois que la chose la plus importante que j’ai apprise, c’est qu’en tant qu’hommes, nous devons apprendre à arrêter d’avoir peur de nous montrer vulnérables.

Parler ouvertement de notre santé mentale est l’un des meilleurs moyens de la protéger, peu importe à quel point ça nous paraît contre nature.

Dans les cas les moins pires, le silence entraîne l’isolement, même en présence de personnes qui seraient ravies d’offrir leur soutien. Dans les pires cas, ce silence peut coûter une vie. Il est temps que les hommes acceptent de se mettre dans des situations inconfortables, laissent de côté les idéaux masculins et déballent tout sur la table.

 Michel Rodrigue est président et directeur général de la Commission de la santé mentale du Canada.

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Faire preuve de soutien sans avoir toutes les réponses

Cuba Gooding Jr. dans le rôle de Rod Tidwell et Tom Cruise dans celui de Jerry Maguire lors du film de 1996, qui a donné lieu à d’innombrables mèmes « aide-moi à t’aider ».

Une célèbre réplique du film Jerry Maguire est : « Aide-moi à t’aider ». Elle est tirée de la scène où le personnage joué par Tom Cruise, l’entraîneur du joueur de football Rod Tidwell, joué par Cuba Gooding Jr, réplique à celui-ci, car il s’entête et refuse les conseils. Il s’agit d’un échange habituel que vous avez peut-être en votre for intérieur. C’est mon cas. Si je vois quelqu’un qui souffre, je suis fortement tenté d’intervenir et de « régler » ce que je crois être le « problème ». En dépit de cette tentation, j’ai appris que soutenir n’est pas synonyme de réparer. Ce n’est pas mon rôle ni le vôtre de « réparer » les autres.

Commençons par le moment où vous croyez avoir perçu un « problème » de santé mentale, par exemple chez un être cher, un collègue ou un ami. Peut-être avez-vous remarqué des signes ou des symptômes indiquant un déclin de son bien-être mental, ou alors la personne vous a confié spontanément qu’elle était aux prises avec un trouble de santé mentale. À ce moment-là, il pourrait être tentant de penser : « Ce qui a fonctionné pour moi fonctionnera aussi pour elle ». Si cela se produit, il est naturel de vouloir essayer de réparer les choses en prodiguant des conseils pour que tout aille mieux. Vous aurez peut-être même envie de lui offrir une panoplie d’outils permettant de trouver des solutions.

Mais il y a de bonnes raisons de ne pas agir ainsi.

Chaque fois que j’entends le mot devrait, je tiens compte de sa provenance et des intentions qu’il recèle. Qui est en droit de dicter ma conduite? Qui sont ces gens pour décider de ce qui me convient le mieux?

DEVRAIT, POURRAIT, VOUDRAIT
Tout d’abord, il est préférable de ne pas présumer que l’on sait ce que cette personne ressent et ce qu’elle devrait faire. Je dis souvent : « Aujourd’hui, ne laissez personne vous imposer sa façon de penser, et ne vous imposez rien à vous-même ». Donc, laissons de côté nos idées préconçues quant à ce que la personne devrait faire.

Chaque fois que j’entends le mot devrait, je tiens compte de sa provenance et des intentions qu’il recèle. Qui est en droit de dicter ma conduite? Qui sont ces gens pour décider de ce qui me convient le mieux?

En tentant de régler les problèmes en dictant aux autres ce qu’ils « devraient » faire, on occulte les autres éventualités. Et si la personne avait déjà essayé ce qui a fonctionné pour vous sans grand succès? Et si c’était la première fois que quelqu’un était témoin de sa souffrance? Et si elle vous disait que « tout va bien » puis s’en va? Et si votre choix du moment ne reflète pas le leur (hormis les situations de danger imminent pour eux-mêmes ou pour autrui)?

Une approche plus aidante consiste à se centrer sur la façon dont leur comportement a un retentissement sur la vie qu’ils souhaitent mener. Il est préférable d’établir une relation et un climat de confiance, ou de les encourager à consulter un professionnel (ou autre), plutôt que de les ajouter à votre liste de choses à faire. Ces personnes ne sont pas votre projet. Et il n’est pas nécessaire de les assaillir de questions du genre « As-tu fait ce que je t’ai dit de faire? ».

SENSATION DE GUEULE DE BOIS
Une autre conséquence possible lorsque l’on essaie d’imposer nos solutions est que la personne nous évite la prochaine fois qu’elle nous rencontre. Lorsque cela se produit, nous avons tendance à nous blâmer : « Ai-je dit quelque chose de mal? » « Ai-je dépassé les bornes? »

Yvette Murray

Yvette Murray

Je vous invite à ne pas endosser ces idées, car il se pourrait en fait que la personne éprouve de la honte, du déni ou de la peur. Lorsque les gens révèlent quelque chose de personnel et dévoilent leur souffrance émotionnelle, ils se sentent souvent vulnérables.

C’est ce que j’appelle souvent le malaise de la vulnérabilité. Ils viennent de partager quelque chose qui laisse un trou émotionnel béant – comme une blessure à vif, terriblement douloureuse. Dans ce genre de situation, il se peut qu’ils entretiennent des dialogues intérieurs comme « il doit penser que je suis bizarre ou que je manque de force » ou « il ne m’aime probablement plus ».

En plus des symptômes qu’ils ressentent, le fait d’avoir une santé mentale qui décline affecte l’estime et la confiance en soi. Des sentiments négatifs consistant à se dire « Je ne suis pas à la hauteur » ou « Il doit y avoir un truc qui cloche chez moi » risquent de se manifester.

En tant que psychothérapeute, ma formation m’a amené à faire mon propre cheminement intérieur en plus du travail de groupe. L’un de mes plus grands moments de guérison et de prise de conscience durant cette période fut lorsque j’ai su déceler la douleur chez un collègue ou un mentor. À ce moment‑là, je me suis dit : « Comme moi, vous ressentez cela aussi? »

Une telle expérience procure de l’espoir, de l’optimisme et un certain réconfort par le fait de savoir que l’on n’est pas seul à souffrir ainsi. Cela permet de se concentrer sur l’amélioration de notre bien-être sans le fardeau superflu de ce que ma bonne amie et mentore Janine Driver appelle « les pensées toxiques » – autrement dit, le dialogue intérieur et l’autostigmatisation qui risquent de compromettre tout processus de guérison.

ME CONNAÎTRE, TE CONNAÎTRE
La meilleure approche pour soutenir véritablement quelqu’un est de lui signifier « Aide-moi à t’aider ». Mais comment s’y prendre? La première étape consiste à le lui demander! Par exemple : « Comment puis-je te soutenir de la meilleure façon possible? » « Que penses-tu qui peut arriver si tu faisais ceci ou cela? » « Comment puis-je t’appuyer aujourd’hui? » « Que représente la notion d’aide pour toi? »

Vous pouvez également évoquer ce qui a déjà fonctionné pour eux. Nous avons tous traversé des épreuves. Pour les surmonter, il y a de fortes chances que nous ayons eu recours à des réseaux de soutien, à la force intérieure, à la persévérance, au courage et à la persistance. Il peut donc être utile de rappeler à la personne les épreuves qu’elle a réussi à surpasser auparavant. En effet, lorsque l’on se sent mieux, on a vite tendance à oublier tout cela.

Avez-vous déjà eu une vilaine grippe et pensé : « Je ne sais pas comment je vais pouvoir passer à travers la prochaine heure, et encore moins me lever et aller au boulot demain »? Puis, quelques semaines plus tard, un collègue vous rappelle : « Tu te souviens que tu étais en congé maladie cette semaine-là? ». « Ah, j’avais oublié, parce que je suis en pleine forme maintenant. » En remémorant à l’autre ce qui l’a aidé dans le passé, dites-vous que cela pourrait bien être la chose qui l’aide le plus dans le présent.

Un appui efficace peut aussi passer par le fait de s’asseoir à côté de quelqu’un – sans dire un mot, en étant simplement là et en offrant un cadre sécurisant où il peut simplement être lui-même. Lorsque je ne me sens pas bien, le fait que quelqu’un tente de me faire sourire ou de changer mon humeur peut en fait s’avérer nuisible.

Bien sûr, il est essentiel de faire preuve d’empathie, comme l’indique la chercheuse américaine Brené Brown; cependant, on doit veiller à ne pas lancer des phrases du type « au moins ». Ainsi, lorsqu’une personne vous annonce qu’elle va divorcer, n’allez pas répondre « Bien au moins, tu as de la chance d’avoir été mariée ». Certains pourraient trouver ce commentaire amusant, mais il n’est pas pour autant utile. Une réponse plus empathique serait plutôt « Merci d’avoir partagé cela avec moi. Aide-moi à mieux comprendre ce que tu vis ».

Les aspects clés du soutien aux autres consistent à écouter et communiquer sans porter de jugement. Ces comportements se manifesteront beaucoup plus facilement si l’on se rappelle que ce n’est pas à nous d’imposer notre système de croyances aux autres, notamment la façon dont la vie « devrait » être vécue ou la manière dont les gens « devraient » agir. Il s’agit de leur vie, pas de la nôtre. En vous liant à l’autre de manière authentique, en discutant à cœur ouvert, et en l’écoutant sincèrement, vous lui apporterez un soutien précieux.

Et pour ceux qui ont du mal à recevoir du soutien, permettez-moi de vous murmurer à l’oreille : « Dis-toi que t’aider m’aide aussi! »

Yvette Murray est formatrice en santé mentale et psychothérapeute.

Auteur:
Cuba Gooding Jr. dans le rôle de Rod Tidwell et Tom Cruise dans celui de Jerry Maguire lors du film de 1996, qui a donné lieu à d’innombrables mèmes « aide-moi à t’aider ».

Photo: ©TriStar Pictures/avec la permission de Everett Collection